DH/313

L'EXPLOITATION SEXUELLE DES ENFANTS ET LEURS SOUFFRANCES DANS LES CONFLITS ARMES DENONCEES PAR LES DELEGATIONS

11/06/2001
Communiqué de presse
DH/313


Comité préparatoire de la session

extraordinaire de l’Assemblée générale

consacrée aux enfants

2ème séance – après-midi


L'EXPLOITATION SEXUELLE DES ENFANTS ET LEURS SOUFFRANCES DANS LES CONFLITS ARMES DENONCEES PAR LES DELEGATIONS


Le Japon annonce le versement de 300 000 dollars pour

l’organisation de la session extraordinaire consacrée aux enfants


Le Comité préparatoire de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants a poursuivi, cet après-midi, son débat général sur le rapport du Secrétaire général intitulé “Nous, les enfants”, entamé ce matin dans le cadre de sa troisième session de fond.


Prenant la parole au cours de l’examen des questions soulevées dans ce document, la représentante personnelle du Premier Ministre du Japon s’est félicitée des progrès qui avaient pu être réalisés en matière santé dans la région d’Asie-Pacifique qui, grâce à des mesures énergiques et au versement de ressources soutenues et substantielles par son pays, avait été déclarée débarrassée de la poliomyélite par l’Organisation mondiale de la santé et les autres agences opérationnelles des Nations Unies.  Mais, a relevé la représentante, l’Asie-Pacifique, comme les autres régions du monde, ont aujourd’hui à faire face à des phénomènes insidieux et pervers qui touchent directement le bien-être et la sécurité des enfants, et dont la propagation est favorisée par les technologies qui accompagnent le phénomène de la mondialisation.  A cet égard, la représentante a cité le développement de la pornographie mettant en scène des enfants sur l’Internet et les trafics d’enfants à des fins d’exploitation sexuelle.  Pour lutter contre ces crimes et abus, le Gouvernement japonais, a-t-elle annoncé, accueillera cette année dans la ville de Yokohama, en collaboration avec l’UNICEF et le Groupe des ONG pour la Convention sur les droits de l’enfant, le deuxième Congrès international contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales.  En vue d’assurer la réussite de la session extraordinaire de l’Assemblée consacrée aux enfants, le Japon va verser, a d'autre part, annoncé la représentante, la somme de 300 000 dollars pour en faciliter l’organisation matérielle.


Insistant sur la nécessité de prendre des mesures appropriées pour mettre fin aux violations dont sont victimes les enfants dans les zones de conflits armés, les représentants du Qatar, du Liban et de la Jordanie ont demandé que la situation des enfants des territoires palestiniens occupés fasse l’objet d’un débat spécifique du Comité préparatoire et de mesures particulières dans le document final à négocier.  La situation de ces enfants, et celle des enfants des pays arabes en général, dont ceux faisant l’objet d’embargos internationaux, n’a pas été suffisamment reconnue par le rapport du Secrétaire général, ont estimé ces


délégations.  De son côté, le représentant personnel du Président du Burundi a souhaité que les pays vivant des situations de conflits soient mieux compris et que la communauté internationale les aide à sortir des situations internes souvent difficiles dans lesquelles ils sont enfermés et qui portent préjudice à la protection de leurs enfants.  Intervenant sur cette question, la représentante du Gabon et Ministre de la santé et de la condition féminine de ce pays, a souhaité que la communauté internationale aide les pays qui accueillent des enfants réfugiés des pays traversant des crises internes à mieux les accueillir et à favoriser leur retour dans leurs pays d’origine après le règlement des conflits.


Le Comité préparatoire a aussi entendu les déclarations des personnalités et représentants des pays suivants : Maurice, Afrique du Sud, Bolivie, Hongrie, Ukraine et Roumanie.  Ont également pris part au débat général le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des organisations non gouvernementales suivantes : World vision international, Rotary international, Kiwanis international et Réseau indien pour l’allaitement maternel.


Demain, à 10 heures, le Comité préparatoire tiendra les deux tables rondes inscrites à son programme de travail et portant sur les “enfants et les conflits armés” et “l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales”. 


Suite du débat général


Mme LEELA DEVI DOOKUN-LUCHOOMUN (Maurice) a estimé que le rapport du Secrétaire général était un document de qualité très complet qui fournit une analyse exhaustive des réalisations et des obstacles encore à surmonter pour améliorer la condition des enfants dans le monde.  De son côté, Maurice a pris un certain nombre d’initiatives pour honorer ses engagements du Sommet mondial de 1990.  Un plan national pour les enfants a été mis en place en 1992.  Un programme de santé primaire et de vaccination dessert ainsi tous les enfants de l’île.  Toutefois, en dépit de ces efforts, il n’a pas encore été possible de constater un fléchissement significatif du taux de mortalité des enfants.  Une importante campagne de sensibilisation au VIH/sida a été mise en oeuvre depuis l’apparition du premier cas d’infection en 1987.  La lutte nationale contre le VIH/sida s’attaque plus particulièrement à la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant et, dans ce contexte, les personnes sont soignées à l’AZT.  Maurice a aussi accordé une grande importance à l’éducation des enfants qui, depuis 1992 est obligatoire et gratuite.  La scolarisation est ainsi de 100% pour les élèves du primaire.  Cependant, le taux d’abandon scolaire à la fin du cycle primaire est encore très important.  Lutter contre cet état de fait constitue la prochaine étape de l’action du Gouvernement, qui entend instaurer une scolarisation obligatoire de 11 années permettant de maintenir les enfants à l’école jusqu’à l’âge de 16 ans.  De manière générale, les lois ont été harmonisées dans le sens de la Convention sur les droits de l’enfant, a poursuivi la représentante.  En 1995, une loi protégeant les enfants contre toutes les formes de sévices ou d’exploitation a, par exemple, été adoptée.  Par ailleurs, la loi de protection contre la violence dans les foyers s’applique aussi aux enfants.  Les victimes reçoivent une aide et un encadrement psychologique.  Il reste néanmoins beaucoup à faire et même si Maurice est un pays en développement, il est parfaitement conscient de la nécessité de consentir des investissements importants en faveur des enfants qui représentent son avenir.


M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) déclaré que sa délégation soutient certains des constats faits par le Secrétaire général dans son rapport, notamment en ce qui concerne les progrès accomplis au niveau international, dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations du Sommet mondial pour les enfants de 1990.  Qatar est d’avis que les enfants du monde entier, quels que soient le pays et la région dont ils sont originaires, doivent bénéficier des mêmes droits.  La pauvreté est le principal obstacle qui se pose à la réalisation des objectifs arrêtés en 1990.  La dette empêche la plupart des pays en développement de consacrer aux enfants les ressources nécessaires à leur bien-être et à leur protection.  L’exploitation des enfants et la situation des enfants dans les zones en conflit sont des sujets que la communauté internationale doit prendre à coeur.  A cet égard, le Qatar lance un appel pour la protection des enfants arabes, et notamment des enfants palestiniens.  La souffrance des enfants dont les pays sont victimes d’embargos internationaux doit prendre fin, et comme l’a dit l’Emir du Qatar, les processus de sanctions économiques doivent tenir compte de la vie des innocents.  L’Islam condamne fermement l’exploitation commerciale, et encore plus sexuelle, d’êtres humains innocents comme les enfants. 


Nous demandons donc que des mesures spéciales soient prises pour lutter contre tous les phénomènes d’exploitation d’enfants et de femmes qui se propagent en ce moment à travers le monde.  La famille est importante dans la croissance et l’évolution des enfants, et nous tenons en particulier à ce que le rôle du père soit respecté.  Qatar est en faveur de l’égalité de traitement des garçons et des filles en ce qui concerne l’éducation jusqu’à l’âge de 18 ans, et nous sommes d’avis que les leaders moraux et spirituels ont un rôle important à jouer dans la formation des enfants.  Qatar a créé, sous l’égide de l’épouse de sa Majesté l’Emir, un Conseil national de l’enfance, qui a pour but l’amélioration de la vie des enfants qataris.  Il promeut la création de structures sociales favorables à la promotion d’une enfance saine dans un milieu harmonieux.


Mme THOKO MKHWANAZI-XALUVA, Représentante spéciale du Président de l’Afrique du Sud, a déclaré que l’Afrique du Sud a mis en marche un processus élargi en vue de créer un agenda national qui prenne plus sérieusement en considération les droits des enfants.  La délégation sud-africaine, qui se réjouissait que la tenue de la présente session du Comité préparatoire se déroule au moment même où le pays célèbre les festivités du mois de juin, dédiés aux enfants, a cependant été attristée par la mort de Nkosi Johnson, le jeune activiste de la cause de la lutte contre le VIH/sida et des droits des enfants atteints par cette maladie.  L’Afrique du Sud a aussi célébré cette année le 25ème anniversaire du soulèvement des enfants de Soweto, qui fut une étape majeure de la lutte contre l’apartheid.  Le Parlement sud-africain a été saisi d’un projet de loi sur la promotion du bien-être des enfants, qui soutient l’idée d’une campagne à laquelle participent plus d’un million d’enfants des écoles rurales, des services sociaux urbains d’hébergement, et des groupes bénéficiant de l’aide de l’assistance publique.  Cette campagne, qui a déjà formellement commencé, a permis aux enfants de débattre, sur tout le territoire national, des droits des enfants et de leurs responsabilités. 


Notre pays pense que le rapport du Secrétaire général “Nous les enfants” est une bonne base de direction pour les futures actions à prendre en faveur des enfants.  Ce rapport permet d’avoir une vue des réalisations effectuées au cours de la dernière décennie, et de comprendre les raisons de certains échecs et de certaines insuffisances.  Nous en tirons la conclusion que l’enfance doit être perçue comme un élément à part entière du processus de développement.  L’Afrique du Sud a connu des succès dans le domaine de la lutte contre l’héritage négatif de la société de l’apartheid, qui avait réservé un sort misérable à la majorité des enfants du pays.  Le mécanisme que nous avons créé en vue de promouvoir les droits des enfants vise à réduire les disparités qui existent entre enfants sud-africains.  On dit souvent que notre pays est une société à deux vitesses, où les conséquences du racisme institutionnalisé sont encore visibles dans la vie des gens et ont un profond impact sur les opportunités, encore limitées, dont peuvent bénéficier les enfants de la majorité.  Nous espérons que la communauté internationale ne perdra pas de vue les problèmes particuliers qui sont les nôtres, et que nous oeuvrerons ensemble pour parachever la tâche de justice sociale et humaine commencée au cours des années 90.  La Conférence contre le racisme et toutes les formes de discriminations, qui aura lieu dans quelques semaines à Durban, devrait être en mesure de proposer des solutions contre ces phénomènes qui affectent la vie de tant d’enfants et de peuples dans le monde.


Mme JARMILA MORAVEK DE CERRUTO, Vice-Ministre de la femme, de la famille et des questions intergénérations de la Bolivie, a expliqué que son pays a formulé toute une série de normes, de politiques, de programmes et de projets sociaux destinés à garantir les droits et la promotion de tous les groupes vulnérables de sa société, y compris les enfants et les adolescents.  Les politiques entreprises en faveur des enfants sont fondées sur la Convention sur les droits de l’enfant et un Code de la petite fille, du petit garçon et de l’adolescent est entré en vigueur en juin 2000.  Les droits de ce groupe de population y sont ainsi pleinement reconnus.  L’une des priorités de l’action des pouvoirs publics boliviens a été la question du travail des enfants, un fléau qui affecte la plupart des pays en développement.  En Bolivie, le nombre d’enfants obligés de travailler est estimé à 800 000, soit 32% de tous les enfants de 7 à 19 ans ou encore 21,3% de l’ensemble de la population active.  Face à cette réalité, le Gouvernement s’est penché plus particulièrement sur la situation des enfants de

7 à 14 ans, la protection des adolescents de plus de 14 ans qui travaillent et sur l’élimination des pires formes de travail.  Le Parlement procède actuellement à la ratification de la Convention 182 de l’OIT, qui fait obligation aux Etats membres d’adopter des mesures immédiates et efficaces pour éliminer les pires formes de travail.  A tous ces efforts vient s’ajouter le Plan d’élimination progressive du travail infantile que commence à mettre en oeuvre le Gouvernement.  Ce dernier s’attaque aussi à la culture de la violence et élabore en ce moment un Plan contre la maltraitance des enfants ayant pour objectif de réduire la forte proportion des mauvais traitements et de mettre en place des stratégies de détection, de prévention et de contrôle.  En outre, depuis avril 1997, un programme national à l’attention spécifique des enfants de moins de 6 ans est en place.  Il permet de fournir une éducation primaire, des soins de santé, de la nourriture et une protection à tous les enfants du pays.  Les adolescents n’ont pas été oubliés pour autant et des efforts en matière d’éducation sexuelle et de services de santé sont plus particulièrement consentis à leur endroit.  Tous ces efforts ont toutefois été compliqués par la politique d’élimination de l’économie de la drogue dans laquelle s’est engagé le pays.  Cet engagement a, en effet, entraîné une importante récession économique et a généré une crise sociale qui se traduit par une augmentation de la délinquance.  Cette situation complique sans aucun doute les efforts du Gouvernement en faveur des enfants, a fait remarquer en conclusion la Vice-Ministre. 


M. ANDRAS BODOR, Secrétaire d’Etat au Ministère de la jeunesse et des sports de la Hongrie a estimé que le rapport du Secrétaire général “Nous, les enfants”, présenté ce matin, met le Comité préparatoire en position de préparer pleinement et efficacement la session extraordinaire de l’Assemblée générale.  Il a mis l’accent sur l’importance et la nécessité de la participation des enfants au processus de prise de décision, et ce, tant au niveau local qu’au niveau national.  Même si durant la dernière décennie, les différentes formes de participation des enfants se sont améliorées, il faut encore les renforcer et en élaborer de nouvelles.  La plupart des processus participatifs reposent en effet sur la coopération avec les ONG, or le fait est qu’une majorité des enfants et des jeunes ne peut être jointe par le biais des ONG.  De nouveaux modèles participatifs, dans lesquels la communication est directe, doivent donc être établis.  C’est partant de ce constat que le Gouvernement de la Hongrie a appliqué une politique laissant aux jeunes la possibilité de participer à l’élaboration d’un projet de loi les concernant.  Un site Internet a, par exemple, été mis en place et les enfants et les jeunes pouvant en discuter directement.  Grâce à une telle approche, il est clair que l’on parvient à de meilleurs résultats, a affirmé le représentant. 

Le Gouvernement de la Hongrie reconnaît aussi la nécessité de promouvoir pleinement le rôle des parents et de la famille.  Il estime que l’un des meilleurs moyens d’y parvenir est notamment de disposer d’un système d’imposition qui prenne en compte le nombre des membres que compte la famille.  M. Bodor a ajouté que son pays est actuellement en train de ratifier les deux protocoles facultatifs à la Convention sur les droits de l’enfant.  Il est aussi résolu à appliquer pleinement les dispositions de la Convention 182 de l’OIT sur les pires formes de travail.  L’importance de ces instruments internationaux pour améliorer la condition des enfants ne peut pas être trop soulignée, a soutenu le représentant.


Mme MAKIKO ARIMA, Représentante personnelle du Premier Ministre du Japon, a déclaré que le Japon a pris un certain nombre de mesures, aussi bien au niveau national qu’international, pour faire face aux problèmes de l’enfance.  Le rapport du Secrétaire général montre clairement que la mondialisation et les progrès technologiques sur lesquels elle s’appuie ont aggravé les problèmes des enfants, a estimé la représentante.  L’exploitation sexuelle et la pornographie mettant en scène des enfants sont devenues monnaie courante à travers l’Internet.  Sur le plan multilatéral, le Japon a augmenté l’aide qu’il fournit à l’UNICEF et aux pays d’Asie-Pacifique, notamment en matière de santé.  Cette région, où notre pays a porté l’essentiel de ses actions, est aujourd’hui déclarée exempte de poliomyélite.  Au Cambodge, le Japon a apporté une contribution financière pour améliorer la qualité de la vie des femmes à travers le microcrédit, ce qui a abouti à une hausse du taux d’inscription de leurs enfants dans les écoles. Sur le plan national, notre Gouvernement a pris des mesures drastiques pour lutter contre la prostitution des enfants, la pornographie, les suicides et tous les abus.  Comme le dit le Secrétaire général dans son rapport, nous pensons qu’une volonté politique plus affirmée est nécessaire, si l’on veut faire face à la montée des problèmes auxquels est confrontée l’enfance au niveau mondial.  Le Japon fera tout ce qui est dans ses possibilités pour assurer la réussite de la session extraordinaire de l’Assemblée.  Comme nous l’avons déjà annoncé, nous accueillerons cette année le deuxième Congrès contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, à Yokohama.  Nous invitons tous les Etats Membres et les organismes de la société civile à y participer.  Enfin, nous sommes heureux d’annoncer que le Japon contribuera, à hauteur de 300 000 dollars, aux frais d’organisation de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants, prévue au mois de septembre prochain ici à New York.


M. MARIA PASECHNYK, Chef de département au Ministère de la justice de l’Ukraine, a dit que son pays était impressionné par la qualité du rapport présenté par le Secrétaire général.  Cependant, a-t-elle poursuivi, les enfants des pays en transition qui ont des problèmes spécifiques, n’auraient pas dû être intégrés dans les analyses concernant les pays en développement en général. 

Les pays en transition vivent des réalités qui sont très différentes de celles des autres pays en développement.  Les questions d’environnement et de santé des femmes et des mères y ont un caractère particulier du fait du passé industriel de ces pays.  Nous ne comprenons pas, dans le chapitre “santé des adolescents”, l’absence des enfants de notre région en ce qui concerne les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl.   Nous pensons que le cas de ces enfants et de leurs familles mérite une plus grande attention.  Les dangers écologiques ne doivent pas se résumer aux seules catastrophes naturelles, comme a choisi de le faire le Secrétaire général dans son rapport.  La lutte contre les violences,


l’exploitation des enfants et le VIH/sida est cruciale pour les enfants de l’Ukraine et de sa région.  La résolution de ces questions ne peut passer que par une coopération internationale renforcée.  Nous espérons que le rapport du Secrétaire général permettra d’élaborer un nouveau programme d’action de la communauté internationale qui prendra le relais du programme précédent, en tenant compte des changements de la scène internationale et de ceux intervenus dans les pays de l’ancien bloc de l’Est.


Mme VICTORIA POPESCU (Roumanie) s’est déclarée convaincue que l’évaluation nationale, régionale et internationale est essentielle à la bonne mise en oeuvre des recommandations du Sommet mondial de 1990.  Le Gouvernement roumain se félicite du rapport du Secrétaire général qui met bien en relief les progrès et les obstacles des dix dernières années et identifie de bonnes priorités pour l’avenir.  En Roumanie, la réalisation de tous les droits de l’enfant, inscrits dans la Constitution, adopte une approche réaliste.  Elle sait, par exemple, que le succès des actions dépend de manière fondamentale de la bonne coopération entre tous les acteurs et les institutions concernés.  Elle sait aussi que les objectifs fixés doivent être concrets.  Dans les faits, les autorités roumaines se sont efforcés de moderniser le cadre juridique sur les enfants.  Elles ont aussi fait porter leurs enfants sur la lutte contre la violence à l’égard des enfants et contre les abandons.  Conscientes des problèmes nouveaux qui ont surgi depuis l’ouverture du pays à l’économie de marché, les autorités ont aussi signé le Protocole facultatif contre le trafic et l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales.  C’est par des efforts communs que des solutions concrètes seront trouvées aux problèmes des jeunes et des enfants a, en conclusion, estimé la représentante.


Mme BAHIA HARIRI, Présidente de la Commission parlementaire sur l'éducation du Liban, a déclaré que les enfants du Liban demandent aujourd’hui à cette éminente assemblée internationale de restaurer leurs droits violés par la guerre et l’agression.  Ces enfants ont, en effet, été les témoins directs des pires crimes contre l’enfance qui aient jamais été commis.  Chaque jour pendant de longues années, ces enfants, pourtant si chers aux yeux du monde, ont été tués, leurs écoles minées ou bombardées.  Aujourd’hui, leur terre est occupée sans que le reste du monde ne tente quoique ce soit pour s’y opposer.  L’enjeu est donc, avant tout, de sauver les enfants de l’agression et de l’occupation qui menacent leur vie.  Ce n’est qu’après que l’on pourra se pencher sur leur avenir, a affirmé Mme Hariri.  Le Gouvernement libanais a foi en un monde de justice où les forts ne peuvent pas violer impunément les droits des plus faibles.  Pour cela, il est besoin de rétablir véritablement l’universalité, disparue avec l’avènement de la mondialisation.  C’est pourquoi, les enfants libanais attendent de la session extraordinaire de septembre qu’elle adopte une déclaration véritablement porteuse d’espoir pour tous ceux qui ont souffert de la guerre et des massacres.  Malgré toutes les destructions que le pays a subies, le Gouvernement libanais a consenti d’importants efforts et, aujourd’hui, une large part du budget est consacrée à l’éducation des enfants, à leur santé et au bien-être social.  La représentante a également indiqué que la traduction arabe du texte révisé du projet de déclaration finale ne correspondait pas pleinement au texte anglais et elle a demandé à ce qu’il soit modifié en conséquence.


Mme ANGELIQUE NGOMA, Ministre de la santé et de la condition féminine du Gabon, a déclaré que son pays avait, au début des années 90, lancé un plan d’action intitulé “Santé pour tous en l’an 2000” dont il a appliqué les recommandations sur tout le territoire national.  Le Gabon a ratifié la Convention sur les droits de l’enfant en 1994 et est partie à la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW), ceci en vue de promouvoir aussi les droits des femmes.  Concernant la pandémie du VIH/sida, le Gouvernement gabonais est engagé dans un vaste programme d’action national avec le soutien de l’ONUSIDA et l’UNICEF.  En ce qui concerne la santé des femmes et la santé maternelle, la ratification des textes du Comité pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDAW) a permis au Gouvernement gabonais de prendre des mesures favorables à une meilleure santé génésique.  Les femmes gabonaises ont accès à la contraception, et un ministère spécialisé a été créé au sein du gouvernement pour prendre en charge les questions de la famille.  La pandémie du VIH/sida est venue créer de nouveaux problèmes auxquels le Gabon s’efforce de faire face.  Ces problèmes sont à la fois d’ordre sanitaire et social, avec l’augmentation du nombre d’orphelins.  La pauvreté urbaine et la crise de la famille, qui sont provoquées par des conditions économiques défavorables, sont des phénomènes nouveaux auxquels il faut trouver des solutions.  La question des trafics d’enfants a été prise à bras le corps par le gouvernement, qui a mis en place des mesures juridiques pour lutter contre le phénomène.  Les conflits armés, qui perdurent dans les pays voisins du bassin du Congo, ont amené le Gabon à prendre des actions visant l’intégration des enfants de réfugiés dans les structures scolaires du pays.  Mais le Gabon ne peut, seul, faire face à l’afflux de réfugiés et demande donc à la communauté internationale de l’aider à résoudre la question du retour à long terme des populations réfugiées dans leurs pays d’origine au moment de l’aboutissement des processus de paix et de réconciliation.  Une rencontre des Premières Dames a permis au Gabon de discuter avec les pays frères africains de l’amélioration du sort des enfants du sous-continent en ce qui concerne une éducation de base de qualité, les soins de santé et l’intégration des enfants à la vie sociale.  La délégation gabonaise soutient la participation des enfants à la session extraordinaire de l’Assemblée générale qui leur est consacrée.


M. HANS TROEDSSON, Directeur de la santé des enfants et des adolescents à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), a estimé que la session extraordinaire devait axer ses travaux sur quelques objectifs précis permettant de réaliser pleinement les recommandations du Sommet mondial de 1990.  Il a rappelé que 23 des 27 recommandations faites lors de ce Sommet avaient porté sur la santé.  Si des progrès importants ont été enregistrés ces dix dernières années concernant la santé des enfants, beaucoup reste encore à faire.  Par exemple, plus de la moitié des 10 millions d’enfants qui meurent chaque année sont victimes de malnutrition et des cinq maladies transmissibles, à savoir la pneumonie, la diarrhée, la varicelle, la malaria et le VIH/sida.  Dans de nombreux pays, les maladies sont étroitement liées à la pauvreté.  Investir dans la santé participe donc du bon sens économique et s’avère vital pour la réduction de la pauvreté.  La forte mortalité des jeunes et des adolescents prive, en effet, les sociétés de leur avenir et de leur développement.  C’est pourquoi, la communauté internationale ne peut pas se permettre d’ignorer les besoins sanitaires des enfants et des adolescents.  Les adolescents ont, par exemple, le droit à l’information et aux services leur permettant de se transformer de manière saine en adulte. 


A l’heure où la communauté internationale s’apprête à fixer de nouveaux objectifs pour la décennie à venir, elle ne doit pas oublier que la planète compte plus d’1,2 milliard d’adolescents et que plus la mortalité infantile baissera, plus leur nombre croîtra rapidement.  L’OMS encourage donc fermement qu’une attention particulière soit accordée aux adolescents dans le document final qui sera adopté par la session extraordinaire.  Elle rappelle que le succès des efforts mondiaux dans la lutte contre le sida exige des investissements dans la santé et le développement des adolescents. 


Evoquant ensuite le rapport du Secrétaire général, “Nous, les enfants”,

M. Troedsson a mis l’accent sur les faibles progrès constatés dans la lutte contre la malnutrition, au cours de ces dix dernières années.  Il existe un besoin urgent d’améliorer la santé et les chances de survie des nouveau-nés, car au moins un tiers des décès des enfants de moins de 5 ans surviennent lors de la première semaine après la naissance.  Ces décès résultent, pour la plupart, de la mauvaise condition de santé et de nutrition de la mère, et de services de soin de santé maternelle et infantile dépassés ou inappropriés.  Réduire la mortalité infantile passe donc par des investissements importants dans les systèmes de santé. 


M. JOSEPH NDAYISABA, Conseiller principal du Président de la République du Burundi, a rappelé qu’après sa participation au Sommet mondial pour les enfants de 1990, le Burundi avait immédiatement ratifié la Convention sur les droits de l’enfant.  Notre pays, a dit le représentant, a mené en 1995 une enquête à mi-parcours de la mise en oeuvre du Plan d’action pour les droits de l’enfant, et une évaluation de la mise en application de la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.  Cet examen a permis de constater que la situation des enfants s’était aggravée au Burundi du fait des conflits internes, d’une longue sécheresse qui a mis à mal la production agricole, et des effets pervers de la pandémie du VIH/sida.  Le Gouvernement du Burundi a réagi en prenant des mesures d’urgence pour relancer la scolarisation des enfants dans toutes les zones du pays et les campagnes de vaccination.  Le Burundi lancera, cette semaine, sa campagne pour un “monde plus adapté à l’enfance”.  Mais dans tout pays en conflit et en crise économique comme le Burundi, il est clair que les enfants paient un lourd tribut à l’instabilité sociale et politique.  Le respect des droits des enfants est difficile dans un contexte où le droit à la vie lui-même est aléatoire, mais le Burundi n’épargnera aucun effort pour préserver son avenir à travers la survie de ses enfants. 


Mme TAMMAM AL-GHOUL (Jordanie) a remercié le Secrétaire général pour son rapport complet sur la situation des enfants, dix ans après l’adoption des recommandations du Sommet mondial de 1990.  A cette occasion, les gouvernants s’étaient entendus pour accorder une priorité absolue aux enfants et à leur bien-être.  Au niveau national, la Jordanie a honoré tous les engagements pris à New York et a adopté un certain nombre de mesures pour les concrétiser.  Un groupe de consultation de toutes les parties concernées a, par exemple, été mis sur pied en préparation de la participation jordanienne à la session extraordinaire.  Un des objectifs était de mettre en lumière les lacunes et les nouveaux défis auxquels doivent faire face les enfants dans le pays.  Il s’agissait aussi de mettre en application toutes les dispositions de la stratégie nationale pour les enfants.  S’il fait part de certains progrès dans la condition des enfants, le rapport du Secrétaire général montre bien que les résultats n’ont pas été à la hauteur des espérances.  L’une des raisons principales à cet état de fait est la persistance de la pauvreté et de la pauvreté extrême.  Les ressources n’ont pas suffisamment été mises à disposition des pays les moins privilégiés pour éliminer la pauvreté.  C’est pourquoi, la Jordanie insiste sur l’aide financière et technique que doit fournir la communauté des donateurs.  Il ne faut pas oublier que les pays en développement sont ceux qui ont la plus forte proportion d’enfants et d’adolescents.  Les technologies de l’information et de communication moderne sont, par exemple, l’un des moyens les plus aisés pour diffuser l’information et les connaissances sur les bonnes pratiques en matière de santé, notamment des enfants.  Forte de cette conviction, la Jordanie accorde d’ailleurs une grande importance à l’accès à ces techniques nouvelles de communication.  La représentante a également attiré l’attention sur les souffrances dont sont victimes les enfants dans les territoires occupés ou soumis à une agression ou à la guerre.  Elle a espéré que les objectifs de survie, de protection et de développement des enfants partout dans le monde feront l’objet d’un consensus.


M. KARL DORNING (World Vision International) a déclaré qu’au cours de la décennie écoulée, 70% des activités de son ONG avaient trait à diverses formes de lutte contre l’exploitation des enfants.  World Vision, qui est présente dans 90 pays, soutient les conclusions faites par le Secrétaire général dans son rapport “Nous les enfants”.  Que ce soit au Myanmar ou en Sierra Leone, les enfants font face aux mêmes problèmes, qui tiennent d’abord au fait que beaucoup d’entre eux ne bénéficient pas de la protection que peuvent apporter une société organisée et un Etat de droit à leurs enfants.  Dans les pays où les structures gouvernementales ne peuvent prendre soin du sort de leurs enfants, nous soutenons les propositions qui viseraient à donner à la communauté internationale le droit d’intervenir pour protéger des personnes innocentes en danger.  Nous demandons instamment aux Etats Membres d’intégrer l’obligation d’appliquer la Convention sur les droits de l’enfant au document final de la session extraordinaire consacrée aux enfants.


M. SYLVAN BARNET, représentant du Rotary International, a particulièrement évoqué les techniques de mobilisation sociale et du volontariat en faveur de l’amélioration de la condition des enfants.  C’est en agissant de concert que les différents acteurs concernés peuvent obtenir le plus de résultats.  L’un des objectifs principaux du Rotary Club International est la vaccination.  Il a établi un partenariat actif avec l’UNICEF et l’OMS, entre autres, et fait reposer son action sur des réseaux de volontaires locaux présents partout dans le monde et rassemblant plus d’1,2 million de membres.  La mobilisation à laquelle on a pu assister en faveur de l’élimination de la polio peut tout particulièrement faire office d’exemple à suivre.  Alliée aux institutions nationales et internationales compétentes, la force de mobilisation sur le terrain du Rotary a permis de vacciner des dizaines de millions d’enfants en une seule journée, comme par exemple en janvier dernier où 150 millions d’enfants ont été vaccinés en une journée en Inde.  Chaque jour, l’exemple du Rotary montre que la société civile a une capacité de mobilisation à grande échelle dont la communauté internationale ne peut se passer.


ANIGA ISLAM, Représentante de l’ONG “KIWANIS INTERNATIONAL” et étudiante à l’Ecole Susan B. Anthony de Queens à New York, a dit que KIWANIS compte

600 000 membres dans les écoles, les lycées et les universités.  Des adultes font aussi partie du réseau KIWANIS en Europe et dans le reste du monde.  Les membres du réseau sont engagés dans un nombre d’activités d’éducation à travers le monde pour aider les jeunes à développer un amour-propre qui leur permette de s’intégrer au monde et de mettre pleinement en valeur leurs dons.  KIWANIS participe aussi à des projets communautaires et organise des séminaires sur la tolérance entre personnes et jeunes de différentes cultures et nationalités.  Nous travaillons à mieux faire comprendre aux jeunes les questions liées au règlement des conflits, à l’égalité raciale et ethnique, et au respect mutuel entre jeunes et personnes des deux sexes.  Les actions de KIWANIS sont basées sur les principes de la sainteté et de l’inviolabilité de la vie humaine.  Le Club KIWANIS dont je fais partie, a dit Aniga Islam, comprend des enfants âgés de 12 à 14 ans et aide les services sociaux et les hôpitaux de la ville de New York et d’ailleurs à prendre soin des personnes âgées, des jeunes enfants malades et des personnes sans abri.  Nous avons aussi été primés pour notre action de mobilisation en faveur des victimes des inondations au Mozambique, et des enfants souffrant de maladies dues à une déficience en iode dans certains pays en développement.


Le Docteur JAGDISH C. SOBTI, du Réseau indien pour la promotion de l’allaitement, a indiqué que son association oeuvrait en faveur de l’allaitement maternel exclusif jusqu’à ce que le bébé ait six mois.  Il a aussi attiré l’attention sur le fait que, dans la plupart des pays, il n’y a pas d’allocations pour les femmes qui ont des enfants et il a plaidé en faveur du développement de ce type de prestation.  Le représentant a également insisté sur la nécessité de fournir des infrastructures de garderie adéquates pour les femmes qui ont des enfants et qui souhaitent travailler.  A ses yeux, la session extraordinaire doit mettre l’accent sur ces questions importantes.


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