LE COMITE PREPARATOIRE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LES ENFANTS OUVRE LES TRAVAUX DE SA DEUXIEME SESSION DE FOND
Communiqué de presse DH/283 |
Comité préparatoire de la session
extraordinaire de l'Assemblée générale
consacrée aux enfants
Deuxième session de fond
1re séance - matin
LE COMITE PREPARATOIRE DE LA SESSION EXTRAORDINAIRE SUR LES ENFANTS OUVRE LES TRAVAUX DE SA DEUXIEME SESSION DE FOND
Le Comité préparatoire de la Session extraordinaire de l’Assemblée générale qui en septembre prochain, sera consacrée aux enfants a tenu, ce matin, sous la présidence de Mme Patricia Durrant (Jamaïque) la première réunion de sa deuxième session de fond. Etaient présents, non seulement les délégations des Etats Membres, dont plusieurs membres représentant personnellement le chef d'Etat ou le Premier Ministre, mais aussi celles de la société civile et des organisations non gouvernementales.
Dans leurs allocutions d’ouverture, M. Harri Holkeri (Finlande), Président de la 55ème session de l’Assemblée générale, et Mme Carol Bellamy, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), ont rappelé la nécessité pour la communauté internationale de trouver des solutions aux problèmes auxquels fait face l’enfance dans le monde. Au nombre de ces problèmes, ils ont entre autre évoqué la situation des nombreux enfants privés de soins de santé, de nutrition adéquate, d’éducation et de tout espoir de mener une vie saine et digne. Mme Bellamy a souhaité que la version spéciale marquera le début d'une ère où tous les droits de tous les enfants seront respectées. Illustrant la situation dramatique de l’enfance dans de nombreuses régions du monde en conflits,
Mme Patricia Durrant a cité les deux millions d’enfants innocents victimes malheureuses des conflits armés au cours des années 90. Vingt millions d’enfants, a-t-elle rappelé, vivent aujourd’hui en situation de réfugiés. Seul le strict respect et la mise en œuvre des termes de la Convention sur les droits de l’enfant permettront de sortir de cette situation, a estimé Mme Carol Bellamy qui a exprimé l’espoir que les Etats Membres soient représentés au plus haut niveau lors de la session extraordinaire prévue au mois de septembre 2001.
Le Comité préparatoire a, d'autre part, adopté son ordre du jour et organisé ses travaux. A ce sujet, la Présidente du Comité a rappelé qu’il avait été décidé précédemment que les ONG non accréditées auprès du Conseil économique et social ou de l’UNICEF, mais qui ont des relations de collaboration avec le Fonds, seraient invitées à prendre part aux réunions du Comité préparatoire. Le Comité a brièvement passé en revue les modalités d’organisation du processus préparatoire et de la session extraordinaire. A ce sujet, Mme Patricia Durrant a relevé que deux groupes de discussions se tiendront sur les thèmes du développement de l’adolescence, et sur celui de la situation des petites filles. Une première
ébauche du document final de la session extraordinaire devrait aussi être examinée par les délégations au cours de cette session. Avant de donner la parole aux délégations des Etats Membres, le Comité préparatoire a entendu un exposé sur l’examen de fin de décennie de la mise en œuvre du Plan d’action et de la Déclaration du Sommet mondial sur l’enfance, exposé présenté par M. Kul Gautam, Directeur exécutif adjoint de l’UNICEF.
Prenant la parole le représentant de la Suède, a évoqué, au nom de l’Union européenne, les différentes initiatives régionales prises, telle celle du Président de la France qui a organisé une première réunion des ministres chargés des questions de l’enfance, le 20 novembre dernier, et qui devait permettre à chaque pays de bénéficier des expériences positives des autres. Le représentant de l'Iran, au nom du groupe des 77 et de la Chine, a souligné l'importance de la question des ressources
Les représentants des Etats dont la liste suit ont aussi pris la parole : Iran (au nom du groupe des 77 et de la Chine); Bangladesh, Maroc; Italie; France; Panama; Allemagne et Pakistan.
Le Comité préparatoire poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.
Déclarations
La présidente du Comité préparatoire, MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a rappelé que plus de 10 millions d’enfants de moins de 5 ans meurent chaque année de maladies qui sont prévisibles. Un tiers de tous les enfants du monde ne peuvent pas accomplir cinq années d’études primaires. 110 millions d’enfants ayant l'âge d'entrer dans l'éducation primaire, dont la majorité sont des filles, ne vont pas à l’école. L’impact des conflits sur les enfants continue d’être dévastateur, et plus de 2 millions d’entre eux sont morts au cours des années 90. Trois fois ce nombre ont été handicapés ou sérieusement blessés au cours de ces conflits, et 300.000 enfants ont été recrutés de force par les forces en présence On estime que 20 millions d’enfants vivent en situation de réfugiés. La session extraordinaire de l’Assemblée générale doit trouver les voies et moyens de changer ces données. Nous sommes heureux que les Etats Membres aient désigné des représentants de plus haut niveau à ces travaux préparatoires, et nous espérons que les travaux que nous accomplirons au cours de la semaine qui commence encourageront les chefs d’Etat et de gouvernement à participer à la session extraordinaire en septembre.
Le Bureau du Comité préparatoire apprécie les manifestations préparatoires tenues au niveau des Etats et des régions. Ceci devrait permettre aux vues des différents pays d’être reflétées. La participation des ONG est elle aussi importante, et nous attendons leur contribution substantielle, et notamment celle des ONG des pays en développement. La session bénéficiera aussi de la participation des fonds et programmes de l’ONU qui ont soumis leurs rapports respectifs concernant la mise en œuvre de la Déclaration et du Plan d’action mondial de 1990, comme cela leur avait été demandé par l’Assemblée. Mme Durrant a demandé aux représentants de garder à l'esprit, durant ces travaux, d'un enfant qui leur est proche et, à partir de là, de travailler à définir des objectifs et des stratégies, en vue de créer un monde dans lequel tous les enfants vivront une vie digne, sûre et satisfaisante. Nous vous encourageons à faire un lien entre la session extraordinaire sur les enfants, et celles sur le VIH/sida et les établissements humains, de même qu’avec les conférences de l’ONU sur les pays les moins avancés, le trafic illicite des armes légères, et le racisme et la discrimination, a-t-elle ajouté. Des liens thématiques entre ces différentes rencontres et notre session extraordinaire nous permettront de mieux coordonner nos actions en faveur de l’enfance.
Le Président de l'Assemblée générale, M. HARRI HOLKERI a rappelé que lors du Sommet du millénaire, en septembre dernier, des valeurs universelles ont été réaffirmées, telles que la liberté, l’égalité, la non-violence et la responsabilité partagée. Ces valeurs comprennent le respect des enfants, a-t-il ajouté. Selon la Déclaration du millénaire, les enfants ont le droit de vivre dans la dignité, libérés de la faim, de la pauvreté, de la violence, de l’oppression et de l’injustice. Ils ont aussi le droit à une éducation primaire et en application de la Déclaration du millénaire, nous avons le devoir de prendre en charge d'autres de leurs besoins. En qualité de Président de l’Assemblée générale, M. Holkeri a rappelé qu’il était chargé de suivre la mise en œuvre de cette Déclaration et que la session extraordinaire était l’un des outils pour cela. Il a fait part de son intérêt personnel pour cette session, se souvenant du Sommet mondial consacré aux enfants en 1990, auquel il représentait la Finlande. Il s’est réjoui de la large ratification de la Convention relative aux droits de l’enfant, soulignant le rôle important que doit jouer la société civile pour faire avancer ces droits.
M. Holkeri a cependant déploré les problèmes importants qui demeurent, tels que la pauvreté ou la pandémie de sida. Il a déclaré partager certes l’optimisme de ceux qui sont rassemblés ici aujourd’hui et être heureux de constater que le document présenté en projet à cette réunion identifie trois principaux buts à atteindre pour les enfants: un bon départ dans la vie, une bonne éducation de base pour tous les enfants et la possibilité pour eux de participer à la vie de leur communauté. Il y a plus d’espoir aujourd’hui qu’il y a dix ans car on connaît mieux les problèmes, comme les obstacles auxquels se heurtent les filles pour aller à l’école. M. Holkeri s’est réjoui de la participation des enfants et des jeunes à la future session spéciale, et s'est déclaré encouragé de constater que plusieurs représentants personnels de chefs d’Etat étaient présents aujourd'hui. Il a conclu en indiquant à quel point il croyait en la capacité et la volonté de tous pour créer des conditions de vie meilleures pour les enfants.
MME CAROL BELLAMY, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a déclaré qu’au courant des huit mois qui restent avant la tenue de la session extraordinaire de l’Assemblée générale consacrée aux enfants, il fallait en achever les travaux préparatoires, dont fait partie la soumission des rapports nationaux et l'examen d'un projet de document final qui marquera le début d’une nouvelle ère dans le développement humain, une ère au cours de laquelle le monde entier dira “oui” à tous les droits de tous les enfants. Tout enfant doit avoir la garantie d’un départ sain dans la vie; toute petite fille et tout garçon doivent recevoir une éducation, et tout adolescent doit avoir l’opportunité de devenir un citoyen engagé et consciencieux. Il faut relever, a dit Mme Bellamy, que tous les résultats positifs atteints en faveur des enfants n’ont été possibles que grâce aux partenariats. Ces partenariats ont fini, au cours des années, par refléter la société entière, des gouvernements aux organisations multilatérales, en passant par les ONG, les groupes religieux et les milieux d’affaires, les mouvements populaires, les milieux universitaires, les médias, les groupes autochtones, les familles et les enfants eux-mêmes. La Convention relative aux droits de l’enfant, dont l’esprit doit inspirer nos travaux, est le fruit de ces partenariats. Elle souligne que tout enfant, même s'il est pauvre ou marginalisé, a des droits humains fondamentaux: droit à la nutrition, à la santé, à l’égalité des sexes, à l’eau potable, à la liberté, et à la protection contre les sévices et l’exploitation. Les enfants ont d’autre part droit, par-dessus tout, à une nationalité et à un nom.
Partout dans le monde, a fait remarquer Mme Bellamy, des travaux préparatoires à la session extraordinaire ont été menés. En Afrique, le dernier Sommet de l’Organisation de l’unité africaine tenu au Togo a discuté des stratégies pour venir en aide aux orphelins, aux enfants vulnérables, à ceux infectés par le virus VIH, et à ceux victimes de trafics en tous genres. En Asie, une réunion ministérielle se tiendra en mai à Beijing pour débattre des progrès accomplis en faveur de l’enfance, et en Asie du Sud-Est une consultation de haut niveau devrait au même moment passer en revue les efforts déployés en vue d’atteindre les objectifs définis par le Sommet mondial sur l’enfance. Des manifestations de même nature sont prévues en Europe, à Berlin, en mai, et se sont tenues en Amérique latine en octobre dernier. Un forum régional de jeunes a eu lieu en Jordanie en octobre, couvrant le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord. L’engagement international en faveur des enfants se manifeste par la désignation de nombreux Représentants personnels de chefs d’Etat et de gouvernement chargés de cette cause. Nous sommes aussi heureux de voir l’engagement d’ONG et autres organisations caritatives ou humanitaires en faveur de campagnes de vaccination,
ou encore de l’éducation des filles, a ajouté Mme Bellamy. L’UNICEF reste convaincu qu’un meilleur avenir est possible pour les enfants. Ensemble, a dit Mme Bellamy, nous avons les connaissances et les ressources pouvant nous permettre d’assurer le bien-être de toutes les sociétés en orientant les investissements nationaux en faveur des enfants.
M. BAGHER ASADI (Iran, au nom du groupe des 77 et de la Chine) a apprécié que la session extraordinaire se réunisse alors que la communauté internationale a déjà tiré profit des enseignements reçus au cours des dix dernières années. Depuis le Sommet mondial pour les enfants, le monde a connu des changements imprévus, a-t-il fait remarquer. Il y a eu des progrès notables et il en résulte une amélioration générale de la situation des enfants dans le monde. Cependant, cette amélioration se répartit de façon inégale selon les pays. Il a souligné que les enfants sont les personnes les plus vulnérables et a estimé qu’il fallait avant tout s’inspirer de la Convention relative aux droits de l’enfant. La première tâche qui nous incombe est de faire une appréciation franche des expériences passées pour déterminer les formes des stratégies à suivre. A son avis, tous les acteurs doivent être impliqués et la mobilisation des ressources est une question importante. Il a enfin précisé que les membres du Groupe des 77 et de la Chine continuent à participer aux efforts de la communauté internationale en ce domaine et espèrent que des meilleurs moyens seront trouvés pour protéger les enfants.
M. THOMAS HAMMARBERG, Représentant personnel du Premier Ministre de la Suède, au nom de l’Union européenne et des pays associés, a remercié l’UNICEF pour sa présentation des premiers résultats après la mise en œuvre de mesures visant les objectifs du Sommet sur les enfants. Les améliorations notables qu’on a pu constater démontrent qu’un engagement fort peut mener à des progrès importants. Le Comité sur les droits de l’enfant a été notamment un bon instrument pour évaluer les avancées, identifier les obstacles et recommander les actions à entreprendre. Après le Sommet mondial sur les enfants et les moyens qu’il a donnés en développant des indicateurs et un contrôle systématique, nous n’avons plus d’excuses et devons être très actifs dans notre approche envers les enfants et leurs droits, a affirmé M. Hammarberg. Les objectifs du Sommet ne peuvent être pleinement atteints que si la Convention relative aux droits de l’enfant est universellement appliquée. Sa large ratification est encourageante, mais nous devons continuer nos efforts. Le représentant a rappelé que la France, lors de sa présidence européenne, avait organisé une première réunion de ministres chargés des enfants, le 20 novembre dernier, afin de permettre à chaque pays de bénéficier des meilleures pratiques des autres.
Dans notre région, a indiqué M. Hammarberg, les questions prioritaires sont les suivantes: le meilleur intérêt de l’enfant, la participation des enfants dans les décisions qui sont prises à leur égard, la discrimination, la possibilité d’atteindre les enfants inaccessibles, la violence, le rôle du père et le contrôle des droits des enfants. Il a exprimé son impatience de pouvoir traiter ces questions à la conférence régionale pour l’Europe et la Communauté des Etats indépendants qui aura lieu à Berlin du 16 au 18 mai 2001. Il a aussi dit quelle était sa préoccupation de voir qu’il y a des pays où peu de progrès ont été
réalisés et a souhaité que la cause en soit déterminée. Il a indiqué que les pays de l’Union européenne ont placé la protection des enfants dans les conflits armés en priorité et qu’ils sont très engagés dans le traitement des problèmes relatifs au commerce illicite des petites armes et armes légères. Le représentant a enfin rappelé la contribution importante de l’Union européenne qui fournit la moitié du budget de l’UNICEF.
M. Hammarberg s’est réjoui de la mobilisation des pays africains dans la lutte contre le sida, rappelant les réunions qui ont eu lieu à la fin de l’année dernière à Harare (Zimbabwe) et Addis-Abeba (Ethiopie). Il a noté que l’impact du VIH/sida sur les enfants est beaucoup plus grave que ce qui avait été précédemment reconnu. Il a donc invité les pays à un engagement ferme, à un niveau politique élevé, et à une mobilisation de toutes les couches de la société. Il a dit attendre beaucoup également de la session spéciale de l’Assemblée générale qui aura lieu en juin cette année sur la question du VIH/sida.
M. ANWARUL CHOWDHURY, Bangladesh, a indiqué que son pays est un des vingt premiers à avoir ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant, qui ont permis de la faire entrer en vigueur. Le Bangladesh a aussi ratifié en septembre dernier les deux Protocoles facultatifs. Le gouvernement bangladais a mis en œuvre un premier plan national d’action pour les enfants (1990-1995) et un second de 1997 à 2002, dont la stratégie est de mettre en application des programmes en coordination avec les ONG et le secteur privé. Le représentant a également indiqué que son pays a soumis au Secrétariat des Nations Unies son rapport sur le suivi du Sommet mondial de 1990. Celui-ci mentionne notamment la lutte contre le travail des enfants, pour lequel des mesures ont été prises, et la protection des enfants, particulièrement des filles, contre la violence. M. Chowdhury a souligné que des efforts doivent toujours être faits pour éliminer la souffrance des enfants qui sont affectés par les conflits armés. Enfin, il a affirmé que le Bangladesh accorde une importance particulière à la Décennie internationale pour la culture de paix et de non-violence pour les enfants du monde.
Le Prince MOULAY RACHID, Représentant personnel du Roi du Maroc, a déclaré que, conscient de l’importance de la question de la promotion des droits des enfants, le Roi MOHAMMED VI a mis en place une Commission nationale afin de permettre à toutes les potentialités marocaines actives dans le domaine de l’enfance d’agir à l’unisson, d’étudier le bilan des efforts déployés durant la décennie écoulée et de relever les défis à venir. Feu sa Majesté le Roi Hassan II, a rappelé le Prince Moulay Rachid, avait signé, le 3 février 1992, la Déclaration universelle des droits de l’enfance, et avait mis en place, en 1995, l’Observatoire national des droits de l’enfant, dont il avait confié la présidence à la Princesse Lalla Mériem, ce qui a permis au Maroc de franchir des pas importants dans la promotion des droits et la garantie de la dignité de l’enfant, en parfaite harmonie avec les préceptes de l’Islam et les engagements internationaux du Maroc. Le dernier rapport de l’UNICEF montre les importants progrès enregistrés par le Maroc sur l’atteinte des objectifs du Sommet mondial. Le taux de mortalité infantile a accusé une réduction notable, passant de 69 à 37 pour 1000 entre 1987 et 1997, tandis que celui de la mortalité infanto-juvénile passait de 92 à 46 pour 1000 au cours de la même période. Quant au taux de scolarisation, il a atteint 80% durant la période 1992-2000, alors qu’il n’était que de 56% en 1990-91.
Le Royaume du Maroc, a déclaré le Prince Moulay Rachid, s’engage à contribuer à la réussite de la session extraordinaire sur les enfants, à travers notamment l’organisation de rencontres préparatoires relatives à la société civile arabe, à l’exploitation de l’enfant, au colloque sur la justice juvénile, et surtout, à travers l’organisation de la Réunion arabo-africaine prévue du 22 au 25 mai 2001 à Marrakech. Si le cadre juridique de la protection des droits des enfants a nettement progressé, il reste cependant à combler le large fossé qui existe entre les droits juridiques des enfants et la jouissance de ces mêmes droits. Le Royaume du Maroc réaffirme sa ferme détermination à relever tous les défis, surmonter les contraintes et respecter sa responsabilité à l’égard de l’enfant, en conformité avec la Convention sur les droits de l’enfant et les autres instruments juridiques. La mise en œuvre des droits de l’enfant dépasse les capacités du monde en développement. Le défi considérable que doit relever la communauté internationale au cours de la prochaine décennie doit amener à reconstruire “un monde digne de l’enfant”. Il convient dans ce contexte de rappeler que la Déclaration mondiale en faveur de l’enfant de 1990 recommande le transfert d’un volume approprié de ressources supplémentaires aux pays en développement, ainsi qu’une amélioration des termes de l’échange, une plus grande libéralisation du commerce et l’adoption de mesures en faveur de l’allègement de la dette, mesures qui gardent aujourd’hui toute leur pertinence, a conclu le Prince Moulay Rachid.
MME LIVIA TURC, Ministre pour la solidarité sociale de l'Italie, a fait siennes les déclarations du représentant de l’Union européenne. Elle a rappelé que l'Italie avait discuté son premier rapport devant le Comité pour les droits de l'enfant en 1995. Les informations formulées à cette occasion sont devenues la base de l'initiative politique et institutionnelle de ces dernières années. Le premier rapport sur la condition de l’enfance en Italie met en lumière toute une série de questions sur lesquelles il est urgent d’intervenir, a-t-elle noté. Il s’agit notamment de la pauvreté des enfants dans les régions les plus défavorisées du pays, la carence de services et l'inégalité des chances de croissance. Elle a rappelé que deux plans d’action ont été pris en Italie, le premier en 1997, entraînant entre autres un investissement de plusieurs milliards de lires en faveur de l’enfance. Elle a insisté sur le caractère prioritaire ainsi donné par le gouvernement italien aux problèmes des nouvelles générations. Des lois ont donc été promulguées, sur les congés parentaux et la lutte contre l’exploitation sexuelle par exemple. Enfin, la représentante a réaffirmé son engagement de coopération avec l’UNICEF et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, rappelant aussi le grave problème des enfants impliqués dans les conflits armés.
MME MARIE-THERESE HERMANGE, Représentante personnel du Président de la France, membre du parlement européen, s’est félicitée des progrès accomplis jusqu’à présent et a déclaré souscrire à la déclaration du représentant de l’Union européenne. Elle a rappelé que la France avait été l'un des premiers pays à avoir ratifié la Convention relative aux droits de l’enfant et que de nombreux progrès ont été réalisés dans le pays. Par exemple, le système de santé français a été salué par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS), comme l'un des plus performants. En l'an 2000, 69% des enfants en France ont achevé un cycle secondaire d'étude. Cependant, a-t-elle noté, certains résultats doivent encore être atteints. La précarité économique est à l'origine de la violence ou de l’errance de certains enfants. De même, l’abandon scolaire laisse de nombreux enfants sortir du système scolaire sans aucune formation. Il y a aussi la prise en charge du handicap de l’enfant qui doit être améliorée. En France, en outre, la représentante a précisé que le suicide reste la seconde cause du décès des enfants. De plus, selon elle, face à la rupture des liens familiaux, il faudrait une meilleure coordination entre les différents services de protection de l’enfance. La représentante a indiqué qu'après la transmission du rapport français à l'UNICEF, en décembre dernier, elle a reçu la mission de rédiger un document comprenant un ensemble de propositions d’actions spécifiques à mener en faveur des enfants pour la nouvelle décennie, avec un comité de pilotage qu’elle préside. Elle a espéré que ces initiatives françaises répondent au souhait de l’UNICEF.
M. HARMADIO ARIAS CERJCAK, Vice-Ministre des relations extérieures du Panama et Secrétaire de la Xème Conférence ibéro-américaine, a déclaré que des échanges régionaux ont eu lieu entre les états d’Amérique latine et des Caraïbes qui leur permettront de mieux participer à la session extraordinaire. La rencontre régionale qui a eu lieu lors du Xème Sommet ibéro-américain, auquel participaient aussi l’Espagne et le Portugal, a permis de voir les faiblesses des modèles de développement de l’espace Amérique latine et Caraïbes. Les débats ont été l'occasion de lever le voile particulièrement sur les insuffisances en matière de développement social et humain. Les niveaux de pauvreté restent trop élevés dans nos pays, a dit le représentant, et les inégalités par régions, groupes ethniques, sexes et groupes d’âge y sont encore trop nombreuses. Les dépenses sociales sont encore largement insuffisantes, si nous voulons atteindre le type de croissance auquel nous aspirons. Le Panama estime que les investissements sociaux d’aujourd’hui sont les garants de la société de demain. Nous devons viser une meilleure répartition des ressources et améliorer leur gestion pour assurer à l’enfance et aux jeunes un meilleur avenir. C’est ce qu’ont reconnu les chefs d’Etat et de gouvernement lors du Sommet ibéro-américain. Nous suggérons donc que soit créé un mécanisme d’évaluation annuelle de la mise en œuvre et de l’application des recommandations des rencontres multilatérales ayant un caractère social et économique. Les pays de l’ensemble ibéro-américain ont aussi décidé de mettre en place, à leur niveau, un processus de suivi pour évaluer tous les efforts internationaux en la matière.
M. HANNS SCHUMACHER (Allemagne) a déclaré s’associer aux remarques du représentant de l’Union européenne et a considéré qu’on était sur la bonne voie en ce qui concerne le projet de document final, même s’il faut encore affiner certains points. Il a rappelé les insuffisances qui subsistent s’agissant de la situation des enfants dans le monde, surtout les déséquilibres régionaux qui doivent être traités sérieusement. Avec la Bosnie-Herzégovine, l’Allemagne organise une conférence préparatoire régionale à Berlin du 16 au 18 mai, a expliqué le représentant. Il a souligné des questions qui lui paraissent pertinentes et a parlé des problèmes nouveaux qui sont apparus. Il a ainsi relevé que la technologie de la communication présente des aspects préoccupants, non seulement la pornographie sur Internet, mais aussi le temps passé devant les ordinateurs qui est bien souvent perdu pour l’éducation. M. Schumacher a aussi proposé d’encourager les mécanismes multilatéraux d’application des droits des enfants. Il a enfin souhaité que certaines ONG puissent participer à la conférence de Berlin, malgré les restrictions en ce qui concerne la place limitée, ainsi que les enfants eux-mêmes.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan), a déclaré que l’UNICEF est aujourd’hui une des entités de l’ONU travaillant à l’obtention de résultats concrets et convaincants sur le terrain, a dit le représentant. Le Pakistan soutient pleinement les efforts pour assurer le respect des droits de l’enfant. En dépit de certaines lacunes la situation des droits de l’enfant s’est améliorée ces dernières années à travers le monde. Le Pakistan a organisé au niveau national une conférence sur les droits de l’enfant qui s’est terminée par l’adoption d’une déclaration dite “Déclaration d’Islamabad”, et dont les termes et recommandations sont désormais inscrits dans la stratégie nationale de développement. Selon les termes de cette déclaration, le Pakistan consacre désormais plus de ressources à l’enfance. Notre pays a connu en 9 ans, 300% d’augmentation des investissements sociaux en faveur de l’enfance, a précisé le représentant. Nous sommes reconnaissants de l’appui que l’UNICEF nous apporte à ce sujet. Les crédits que notre pays consacre à la santé, à l’éducation et à la condition des filles et des femmes ont connu une hausse substantielle, et nous nous attachons désormais à mettre fin à l’exploitation des enfants et notamment à la résolution des questions liées au travail des enfants. Mais nos ressources sont faibles, et le poids de la dette, joint à des pratiques commerciales inéquitables, et à la situation de la sécurité dans notre région obèrent nos budgets et nos ressources.
Le Pakistan estime cependant, a dit le représentant, que la tenue de la session extraordinaire ne devrait pas avoir lieu sur des thèmes sélectifs. Si nous voulons éviter les échecs observés lors de certaines conférences d’évaluation quinquennale ou décennale de l’ONU, nous devons éviter les sujets conflictuels et notamment ceux qui touchent aux valeurs, à la culture et au rôle de la famille, ce dernier devant être pleinement respecté. Le Pakistan est prêt à se joindre à tout consensus qui respectera les intérêts de toutes les sociétés qui constituent la communauté internationale.
Informations de base
La session extraordinaire qui sera consacrée aux enfants doit avoir lieu à New York du 19 au 21 septembre 2001. Elle interviendra onze ans après le Sommet mondial pour les enfants, à l’occasion duquel 71 chefs d’État ou de gouvernement ont signé la Déclarationmondiale en faveur de la survie, de la protection et du développement de l’enfant et ont adopté un Plan d’action, endossé par la suite par 181 pays, dans lequel ils s’engagent à atteindre des objectifs concrets assortis de délais, visant principalement à améliorer les conditions de vie et les chances de survie des enfants.
Les principaux objectifs de la session extraordinaire de 2001 seront de deux ordres : examiner les progrès accomplis et les résultats obtenus en faveur des enfants dans la mise en œuvre de la Déclaration et du Plan d’action du Sommet mondial pour les enfants de 1990, et prendre de nouvelles initiatives en faveur des enfants pour la prochaine décennie. Ainsi sera adopté un texte final qui devra être novateur, concis et orienté vers l'action, comme cela a été précisé au cours de la première session de fond du Comité préparatoire.
L’avant-projet de conclusions intitulé «Un monde fait pour l’enfant» (A/AC.256/CRP.6) annonce l’ambition de la session extraordinaire, les défis à relever et les nouvelles perspectives. La section IV du document porte sur les « objectifs, cibles et atténuation de disparités » et dresse une liste qui comprend notamment les droits de l’enfant, la promotion de leur développement physique, psychique, social et cognitif, l’élaboration de politiques et de programmes visant à les protéger contre la violence, la réduction du taux d’infection par le VIH, l’abaissement du taux de mortalité infantile et maternelle, l’amélioration de la santé (notamment éradication de la poliomyélite et vaccination), de la nutrition, de l’hygiène et de la scolarisation des enfants. Les responsabilités des Etats sont ensuite exprimées : agir dans l’intérêt supérieur de l’enfant ; protéger les enfants contre la violence et l’exploitation ; privilégier des domaines d’intervention fondamentaux (développement de la petite enfance, éducation de base, développement et participation des adolescents). Cinq grandes stratégies sont finalement proposées aux Etats, ainsi qu’un suivi de la réalisation effective des droits et de la situation des enfants, pour pouvoir s’engager à réaliser d’immenses progrès en l’espace d’une seule génération.
Le Sommet mondial consacré aux enfants avait été précédé par l’adoption de la Convention relative aux droits de l’enfant, le 20 novembre 1989. Cet instrument est le traité relatif aux droits de l’homme le plus largement ratifié à ce jour (191 pays sur 193). Les besoins essentiels des enfants et leurs droits ont ainsi été placés au premier rang des priorités mondiales. Par la suite, au cours de la dernière décennie, l’Assemblée générale a procédé à un premier examen du suivi de la Déclaration et du Plan d’action du Sommet mondial, en 1996. En outre, le 25 mai 2000, deux Protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l’enfant ont été adoptés. L’un concerne la participation des enfants à des conflits armés, l’autre est relatif à la vente d’enfants, la prostitution des enfants et la pornographie impliquant des enfants.
En ce qui concerne la décennie à venir, une des priorités mondiales est le bien-être des enfants. A ce titre, l’Assemblée générale a proclamé la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde (2001-2010), ce qui offre à tous les pays l’occasion de mener campagne pour le respect de la vie et de la dignité de tous les être humains, sans discrimination.
Grâce aux engagements pris lors du Sommet mondial, les années 1990 ont été le témoin de progrès remarquables dans de nombreux domaines, en ce qui concerne par exemple l’élimination de la polio, et la lutte contre les carences en iode. Des millions d’enfants ont échappé à la mort, dont 3 millions chaque année grâce à la vaccination qui constitue un des principaux domaines où des progrès significatifs ont été accomplis depuis 1990. En ce qui concerne le taux de scolarisation, il n’a jamais été aussi élevé. En outre, d’importants traités ont été conclus pour protéger les enfants contre l’exploitation.
Malgré ces progrès, le Comité préparatoire a constaté, dans l’ensemble, que les résultats n’ont pas été à la hauteur des obligations nationales et des engagements internationaux qui avaient été souscrits. Il apparaît en effet que les effets écrasants de la dette extérieure, de la pauvreté, de l’insuffisance des infrastructures et de la médiocrité des services entraînent la mort chaque année de plus de 10 millions d’enfants de moins de 5 ans, le plus souvent à la suite de maladies évitables et de malnutrition. En particulier, la pandémie du VIH/sida annule les progrès réalisés depuis plusieurs décennies en faveur des enfants, surtout en Afrique subsaharienne, et gagne rapidement d’autres régions du monde. En outre, un enfant sur 10 souffre d’un handicap, ce qui lui empêche souvent l’accès aux services les plus élémentaires. Un enfant sur trois n’arrive pas à faire cinq années d’études et plus de 110 millions d’enfants en âge de fréquenter l’école primaire, des filles pour la plupart, ne sont pas scolarisés. Par ailleurs, les conflits continuent d’avoir des conséquences catastrophiques pour un très grand nombre d’enfants.
Pendant les années 90, plus de 2 millions d’enfants sont morts du fait des conflits armés et plus de 6 millions ont été gravement blessés ou souffrent d’une invalidité permanente. Lors de conflits armés récents, plus de 300 000 enfants ont été recrutés pour combattre. Autre problème fréquent : chaque année, au moins 40 millions d’enfants ne sont pas déclarés à leur naissance, au mépris de leur droit à un nom et à une nationalité. La vulnérabilité des enfants les expose en outre à la violence, à la maltraitance et à l’exploitation. Plus de 100 millions d’enfants travaillent dans des conditions dangereuses. Enfin, trop souvent, les sévices dont sont victimes les enfants sont le fait de ceux-là même qui sont chargés de prendre soin d’eux et de les protéger.
COMPOSITION DU BUREAU
Le Comité préparatoire de la session extraordinaire consacrée aux enfants est présidé par un bureau composé de cinq membres – un président, l’Ambassadeur Patricia Durrant (Jamaïque), et quatre vice-présidents, l’Ambassadeur Madina Ly Tall (Mali), l’Ambassadeur Anwarul K. Chowdhury (Bangladesh), l’Ambassadeur Hanns Schumacher (Allemagne), et Conseiller Lidija Topic (Bosnie-Herzégovine), rapporteur. L’UNICEF assure le secrétariat technique de ce Comité.
Documentation
L'ordre du jour de la session figure au document A/AC.256/7; le programme de travail provisoire, qui sera ajusté selon les circonstances, au document A/AC.256/CRP.7.
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