En cours au Siège de l'ONU

DEV/2292

LES DELEGATIONS TERMINENT LA PREMIERE LECTURE DU PROJET DE TEXTE DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT

16/10/01
Communiqué de presse
DEV/2292


Comité préparatoire de la Conférence

internationale sur le financement

du développement

Reprise de la 3e session

3e séance – matin


LES DELEGATIONS TERMINENT LA PREMIERE LECTURE DU PROJET DE TEXTE DE LA CONFERENCE INTERNATIONALE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT


La Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme souligne le lien entre droits de l’homme, Etat de droit et développement socioéconomique.


Le financement du développement est le meilleur investissement que l’on puisse faire aujourd’hui pour assurer la sécurité et la dignité à tous les êtres humains, a déclaré la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Mary Robinson, devant le Comité préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement qui a poursuivi ses travaux, ce matin.  Lors du Sommet du Millénaire de septembre 2000, a rappelé Mme Robinson, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur foi en la Charte des Nations Unies et ont accepté qu’ “en plus de leurs responsabilités individuelles vis-à-vis de leurs propres sociétés, ils ont une responsabilité collective pour assurer la dignité humaine, l’égalité et l’équité au niveau mondial”.  Faisant le lien entre cet engagement et les termes de l’Article 28 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, Mme Robinson a aussi rappelé les dispositions du Programme d’action sur les pays les moins avancés (PMA) qui, selon elle, ont largement démontré le lien entre droits de l’homme, Etat de droit et développement socioéconomique. Elle a donc souhaité que le cadre des droits de l’homme soit reconnu et mentionné dans le document final de la Conférence de Monterrey.


Après cette déclaration et celle de la Conseillère spéciale pour les questions d’égalité entre les sexes et la promotion de la femme, Mme Angela King, les membres du Comité préparatoire ont repris leur première lecture du projet de conclusions et de décisions que la Conférence internationale, prévue du 18 au

22 mars 2002, aura à adopter à l’issue de ses travaux.  Ce projet de document établi par le Facilitateur contient trois chapitres dont le deuxième plus substantiel traite des questions de la mobilisation des ressources nationales, de la mobilisation des ressources internationales, du commerce international et de la coopération financière internationale avec notamment l’APD, la dette, la réforme de l’architecture financière internationale, la gouvernance mondiale ou encore le renforcement de l’ONU.


Ce document devant faire l’objet de négociations jusqu’au 19 octobre, des pays comme les Etats-Unis, l’Australie et le Canada ont appelé, ce matin, à un texte plus réaliste et plus concret en mettant en garde contre une tendance à discuter de questions qui ne sauraient recueillir l’accord de tous les Etats ou qui relèvent de la compétence d’autres fora comme les questions du système commercial international ou de l’architecture financière internationale.  En règle générale, ces Etats ont reproché au projet de texte du Facilitateur de mettre trop l’accent sur la coopération financière internationale et de ne pas suffisamment souligner la responsabilité de chaque Etat dans son développement et en particulier, dans la mise en place d’un environnement national favorable à la mobilisation des ressources nationales.  Insistant sur le caractère complémentaire de l’aide extérieure, ces pays ont souhaité un texte plus équilibré et susceptible de recueillir le consensus.


Dans ses remarques, le représentant des Etats-Unis a d’emblée rejeter le concept de “droit au développement” au nom de la responsabilité première de chaque Etat en la matière.  Dans ce cadre, il a  insisté sur les vertus du capitalisme en soulignant que, pour son pays, le financement du développement signifie “développement durable des économies sur le modèle capitaliste”.  “Nous abordons cette préparation de la Conférence sur le financement du développement en nous basant sur trois engagements: un engagement pour la paix, un autre pour l’Etat de droit et la liberté, et un engagement envers le capitalisme”, a dit en substance le représentant.


Ont également pris la parole au cours de ce débat, les représentants des pays suivants : Samoa, au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires en dévelopement, République démocratique populaire lao, au nom des pays en développement sans littoral, Zambie, Bangladesh, République dominicaine, Algérie, Bélarus, Pérou, Cuba, Nouvelle-Zélande, Népal, Brésil, Burundi et Iran, au nom du Groupe des 77 et de la Chine ainsi que les représentants de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDED) et du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).


Le Comité entendra cet après-midi à 15 heures la déclaration de l’ONG “Association mondiale des villes et des autorités locales” avant de commencer, en séance informelle, les négociations sur le projet de conclusions et de décisions de la Conférence internationale sur le financement du développement.


Déclarations liminaires


Mme MARY ROBINSON, Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, a déclaré qu’elle avait condamné les actes de terrorisme qui ont frappé les

Etats-Unis.  Après ces évènements, un nouvel esprit de solidarité et de coopération internationale est né, et nous espérons qu’il pourra se manifester dans le domaine de la coopération internationale pour le développement économique et dans la création d’un monde plus équilibré et plus équitable, a dit Mme Robinson.  Nous devons tout faire pour mettre à la disposition du développement les ressources dont il a besoin.  Le financement du développement  est le meilleur investissement que l’on puisse faire aujourd’hui pour assurer la sécurité et la dignité à tous les êtres humains.  La Conférence internationale sur le financement du développement devra répondre aux inquiétudes qui se font jour et qui ont été illustrées par les manifestations de Seattle et de Gênes.  Lors du Sommet du millénaire, les chefs d’Etat et de gouvernement ont réaffirmé leur foi en la Charte des Nations Unies et ont accepté que “en plus de leurs responsabilités individuelles vis-à-vis de leurs propres sociétés, ils ont une responsabilité collective pour assurer la dignité humaine, l’égalité et l’équité au niveau mondial”.  Cet engagement se fait l’écho des termes de l’Article 28 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948, qui proclame que chacun a droit au bénéfice d’un ordre international dans lequel les droits et les libertés contenues dans la Déclaration lui sont assurés.  Les sociétés devraient être modelées et gouvernées de manière à aider la réalisation des droits fondamentaux de chaque être humain, et la coopération internationale devrait soutenir cette approche.


Il y a un mois, lors des travaux de la Conférence de Durban contre le racisme et la discrimination, nous avons entendu des témoignages de personnes qui avaient été privées de leurs droits humains.  Leur histoire a été la claire démonstration que le respect des droits humains est une condition sine qua non de la sortie de la pauvreté et de la marginalisation.  Il faut assurer aux peuples une appropriation des stratégies de développement qu’on leur propose.  Les initiatives venant de la base, au niveau des pays et des régions, devraient être fortement soutenues, et nous pensons à cet égard à la Nouvelle initiative africaine, que nous appelons la communauté internationale à soutenir de tous ses moyens disponibles.  Concernant les dernières conférences de l’Organisation des Nations Unies, notamment sur le VIH/sida, et sur les pays les moins avancés (PMA), elles ont largement démontré le lien entre droits de l’homme, Etat de droit et développement socioéconomique.  Le Programme d’action adopté à Bruxelles sur les PMA stipule qu’“un environnement favorable s’appuyant sur la résolution pacifique des conflits et le respect des droits de la personne humaine agrées au niveau international, dont le droit au développement, fournit le meilleur cadre pour la mobilisation de ressources domestiques et internationales”.  Ce n’est donc pas étonnant que bien des questions qui figurent à l’ordre du jour de la Conférence de Monterrey aient des bases normatives et légales dans les instruments juridiques internationaux des droits de l’homme.   La Déclaration sur le droit au développement oblige les Etats à formuler des politiques nationales et d’assurer un accès équitable des populations à des ressources.  La Déclaration stipule aussi que les Etats doivent prendre des initiatives individuelles et collectives en vue de formuler des politiques de développement international qui facilitent la réalisation du droit au développement.  Je pense, a dit Mme Mary Robinson, que le cadre des droits de l’homme doit être reconnu et mentionné dans le document final de la Conférence de Monterrey.


Mme ANGELA KING, Conseillère spéciale pour les questions d’égalité entre les sexes et de la promotion de la femme, a insisté sur la nécessité d’inclure une perspective sexospécifique dans les questions de l’élimination de la pauvreté, des groupes sociaux vulnérables, de l’accès à l’emploi, du commerce, de la dette et du microcrédit, de l’épargne, de la sécurité sociale et de la fiscalité.  Elle a, par exemple, expliqué que dans le domaine des ressources financières nationales, en particulier dans celui de la microfinance, les taux d’intérêt imposés aux femmes ne surestiment pas seulement le coût du prêt mais sous-estiment surtout les bénéfices que peuvent enregistrer les entreprises dirigées par les femmes.  Elle a poursuivi en soulignant que l’établissement des budgets nationaux est un autre domaine des ressources financières nationales où une attention particulière doit être accordée à l’égalité entre les sexes. 


Les programmes formels visant à promouvoir l’épargne et le développement des entreprises ont tendance à négliger les femmes, a-t-elle dit avant d’aborder la question de la politique fiscale et d’indiquer que les systèmes d’imposition directe fournissant une grande partie des revenus publics ont davantage tendance à bénéficier aux pauvres, y compris aux femmes. Elle a expliqué que les structures d’imposition peuvent aussi affecter l’entrée des femmes sur le marché du travail et les conditions de leur participation.  Le commerce, a-t-elle poursuivi,  est un autre domaine où les différences d’impact entre hommes et femmes doivent être examinées.  Dans ce contexte, elle a souligné que la libéralisation du commerce, qui a conduit à une relocalisation des industries très demandeuses de main-d’oeuvre dans les pays en développement,  pose un risque pour les femmes dans le sens où les avantages de leur entrée massive sur le marché de travail sont atténués par des conditions d’emploi parfois proche d’une certaine exploitation. 


Mme King a conclu en attirant l’attention sur l’analyse que vient de produire l’équipe spéciale interinstitutions sur l’égalité entre les sexes et le financement du développement et en annonçant l’organisation, au mois de décembre, d’une Journée du dialogue sur l’égalité entre les sexes et le financement du développement à laquelle devraient participer 65 représentants d’Etats Membres, des Nations Unies, des ONG et de la société civile, du secteur privé et des institutions de recherche.


Résultats escomptés de la Conférence internationale sur le financement du développement (A/AC.257/25)


Débat général


M. TERRY MILLER (Etats-Unis) a déclaré qu’il n’y avait pas de “droit au développement”, cette notion n’étant qu’une illusion, mais que les peuples eux-mêmes sont responsables du choix de société et de système économique qu’ils font, et de l’ardeur qu’ils déploient ou non pour atteindre les objectifs de bien-être qu’ils se fixent.  Les Etats-Unis pensent que certaines conditions sont indispensables à la mise en oeuvre du développement.  La première est la paix, car la guerre est une négation du développement, au vu des montants qu’elle détourne d’un investissement qui pourrait être plus productif.  Ensuite, il y a la nécessité d’établir un Etat de droit et le respect de la vie humaine et des droits de l’homme pour assurer la sécurité des personnes, qui leur permet ensuite de devenir productives.  Troisièmement, a dit le représentant, il faut que les pays s’engagent dans le système capitaliste, qui a plusieurs formes et qui s’appuie sur le principe d’un mouvement libre entre capitaux et force de travail en réponse aux demandes des marchés.  Dans ce cadre, les Etats doivent laisser les ressources aux mains des individus.  Pour les Etats-Unis, parler de financement du développement, c’est parler du développement durable des économies sur le modèle capitaliste, qui est le seul, sous diverses formes, qui marche.  Les Etats-Unis sont d’avis que les pays et les sociétés humaines peuvent adapter le capitalisme à leurs spécificités culturelles.  Il n’y a donc pas de modèle rigide imposé.


Nous abordons cette préparation de la Conférence sur le financement du développement en nous basant sur trois engagements: un engagement pour la paix, un autre pour l’Etat de droit et la liberté, et un engagement envers le capitalisme.  Les gouvernements qui feront ce choix auront une chance de réussite.  Ceux qui le refuseront n’en auront certainement pas.  Nous sommes tristes de constater que beaucoup de pays en développement ont jusqu’ici refusé de faire le bon choix.  Concernant les institutions internationales que sont le FMI, la Banque mondiale et l’OMC, nous estimons qu’elles ont chacune un rôle bien précis à jouer, et que leur mandat doit être respecté.  Chacune d’elles contribue à sa manière au développement.


M. TUILOMA NERONI SLADE (Samoa), au nom de l’Alliance des petits Etats insulaires en développement, a estimé que le processus du financement du développement est une occasion unique de remédier aux inégalités qui caractérisent le monde actuel.  Nous sommes à un stade critique de nos travaux, a-t-il dit avant de commenter le projet de texte établi par le Facilitateur.  Ce projet, a-t-il estimé, est une bonne plate-forme et un bon point de départ pour les négociations à venir.  Dans ce contexte, il a souhaité  une approche réaliste et une participation réelle de toutes les parties prenantes.  Il faudra équilibrer le rôle de ces parties prenantes pour veiller à ce que la croissance économique et les objectifs du développement soient réalisés.  Il a conclu en exprimant son intention de faire valoir pendant les négociations les préoccupations particulières des pays membres de l’Alliance.


Mme JACQUI DELACY (Australie) a déclaré que sa délégation ne considère pas le document présenté par le Facilitateur du Comité préparatoire comme une bonne base de discussions sur le document final de la Conférence de Monterrey.  Ce document, a dit la représentante, est décevant du fait qu’il essaie de mettre toute la responsabilité de la majorité des initiatives indispensables au lancement du développement sur les pays développés et les pays donateurs.  Le document ne relève pas suffisamment les responsabilités nationales des Etats, a estimé

Mme DeLacy.  Tout en reconnaissant l’importance de la mobilisation de ressources au niveau mondial, l’Australie demande que les pays mènent des politiques macroéconomiques plus propices à la mobilisation de ressources nationales.  Nous demandons aussi que plus d’accent soit mis sur la bonne gouvernance et la règle du droit.  Sur la question de l’aide publique au développement (APD), l’Australie reconnaît l’importance qu’elle a pour certains groupes de pays, notamment les moins avancés.  Nous soutenons par conséquent les recommandations allant dans le sens d’une hausse du niveau d’APD en vue d’atteindre les 0,7% du PNB des pays développés qui avaient été convenues au niveau international.  Quant à la dette, nous pensons que la question peut mieux être traitée dans le cadre des processus établis par la Banque mondiale et le FMI.


M. CROWE (Canada) a jugé important, à ce stade, d’identifier les moyens par lequel la Conférence sur le financement du développement peut apporter une contribution distincte et unique en matière de développement.  Il est donc tout aussi important, a-t-il dit, d’éviter de répéter des efforts déployés dans d’autres instances internationales et de préjuger des résultats des négociations en cours ou prévues dans d’autres fora.  Il faut aussi éviter, a poursuivi le représentant,  de négocier des textes sur lesquels il n’existe aucune chance de consensus.  Pourquoi, en effet,  s’est-il interrogé, poursuivre les débats sur les règles des échanges commerciaux alors que tous les gouvernements s’accordent pour en parler au sein de l’OMC et pour lancer un nouveau cycle de négociations dans  lequel les pays en développement pourront faire valoir leurs intérêts.  Il est tout aussi futile, a encore dit le représentant, de négocier sur la création de nouvelles institutions tant il est préférable de réfléchir d’abord à la manière d’utiliser plus efficacement les structures existantes. 


La Conférence est un forum unique en ce sens que, pour la première fois,  la Banque mondiale, le FMI et l’OMC ont dit leur intention de travailler avec l’ONU pour trouver les solutions voulues.  Il faut donc, de l’avis du représentant, réfléchir à la manière d’améliorer ce partenariat et la cohérence entre les  politiques.  L’ordre du jour de la Conférence est très large mais tous les aspects ne sont pas d’une importance égale pour le financement du développement, a ajouté le représentant en regrettant le manque d‘accent sur la mobilisation des ressources financières nationales et la responsabilité des gouvernements dans la création d’un environnement favorable.  Il a aussi jugé important que le document final de la Conférence reconnaisse la nécessité pour les pays en développement d’être propriétaire de leurs programmes de développement afin, a-t-il expliqué, d’assurer une utilisation efficace des ressources.  La Conférence peut, a-t-il conclu, renforcer le consensus sur les objectifs fixés dans la Déclaration du Millénaire et en la matière le rôle des ressources financières internationales doit être vu comme un catalyseur.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République démocratique populaire lao) a déclaré, au nom du Groupe des pays en développement enclavés sans littoral, que ces pays avaient un handicap de départ qui rend difficile leur développement.  Les pays sans littoral consacrent en moyenne 14% de leurs revenus commerciaux à des frais de transport et de transit, alors que les autres pays en développement consacrent à ce volet budgétaire en moyenne 8% des recettes tirées de leurs activités commerciales.  Notre Groupe est donc d’avis que les questions touchant les pays sans littoral fassent l’objet d’un examen particulier basé sur le principe d’un traitement préférentiel de leurs besoins en ressources de développement.  Les conditions auxquelles nous faisons face devraient amener la communauté internationale à réfléchir sur des mesures spécifiques en matière de facilités de transport et de transit en faveur des pays enclavés, a estimé le représentant.  Les pays enclavés, a-t-il aussi fait remarquer, attirent moins  d’investissements du fait des conditions particulières de leurs économies, et en matière touristique, ils attirent moins de personnes, du fait de leur accès difficile et leur manque de littoral.  L’APD constitue donc une source cruciale de capitaux d’investissements pour nos pays, et elle joue un rôle important dans la croissance économique et la lutte contre la pauvreté.  Pour mieux la rentabiliser, les pays enclavés ont besoin qu’on leur fournisse plus d’assistance technique, pour leur permettre de mieux participer à l’économie mondiale, dont les mécanismes changent rapidement.


Mme. MUSUNGA (Zambie) s’est félicitée de la reconnaissance, dans le projet de texte, du fait que les politiques nationales peuvent être appuyées par un climat international favorable.  Dans ce contexte, elle a rappelé les appels à la facilitation de l’accès aux marchés pour les produits des pays en développement et à la suppression des politiques des subventions et des barrières tarifaires et non tarifaires.  Elle a donc dit attendre avec intérêt un accord sur les mesures proposées quant à  l’amélioration des financements compensatoires du FMI pour mettre en place des mécanismes de gestion des risques en cas de chute des prix de produits de base et de catastrophes naturelles.  Venant à la question de la dette, la représentante a souhaité que le document final appelle à une plus grande souplesse dans les conditions posées à l’utilisation des ressources dans le cadre de l’Initiative PPTE.


Elle a aussi souhaité que le document insiste sur le rôle déterminant de l’APD, compte tenu des réalités dans les pays en développement et a dénoncé la tendance des donateurs à durcir les conditions de déboursement des ressources et à renier les engagements pris.  Elle a stigmatisé ces mêmes donateurs dans le contexte de l’intégration régionale en les accusant de compromettre cette intégration par les traitements de faveur qu’ils accordent à un pays de la même région.  Enfin, elle a voulu que le document final reconnaisse la prévention des conflits comme moyen d’assurer un financement au développement ainsi que l’importance du Programme d’action de Bruxelles sur les PMA.


M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh) a estimé, au nom du Groupe des pays les moins avancés (PMA), que le document de travail présenté par M. Mauricio Escanero, Facilitateur du Comité, était une bonne base de travail.  Le Bangladesh et les PMA considèrent l’élimination de la pauvreté comme le principal thème des travaux du Comité.  Seul un influx massif de capitaux dans les économies des pays les plus affectés par ce phénomène permettra de le faire reculer, a dit le représentant.  Comme les autres pays moins avancés le Bangladesh s’inquiète de la lenteur de la mise en oeuvre des engagements pris à ce jour au niveau international en matière de soutien au développement, et nous pensons que le document final de la Conférence de Monterrey devrait mettre l’accent sur la réalisation des engagements pris dans les domaines de l’APD, de la résolution du problème de la dette, du transfert des investissements étrangers directs (IED), de l’accès aux marchés, et du renforcement des capacités.  La mise en oeuvre de ces objectifs devrait être soutenue par un mécanisme de suivi efficace.  Nous pensons d’autre part que la Déclaration de Bruxelles et le Plan d’action en faveur des PMA qui la suit doivent être incorporés aux documents de Monterrey et repris dans le document final.


M. TEJERA (République dominicaine) a d’abord regretté la longueur du projet de texte en demandant que les idées soient plus réalistes, plus concises et plus directes.  Il a souhaité un document politique qui pourrait être complété par un Programme d’action.  Le document, a-t-il dit,  doit aussi offrir davantage d’idées novatrices et surtout reconnaître que le ralentissement économique a radicalement modifié le panorama du développement économique, du financement du développement et de l’aide financière extérieure.  Le représentant a néanmoins félicité le Facilitateur pour avoir reconnu la responsabilité de chaque pays dans le développement et, dans ce cadre, l’importance de la stabilité politique, de la démocratie, de l’Etat de droit et d’une gestion macroéconomique saine.  Venant à la question du commerce, il a souhaité que le document souligne davantage la nécessité de supprimer les politiques de subventions et les mesures anti-dumping. 


Poursuivant, il a souligné que les idées nouvelles telles que l’imposition d’une taxe sur les carburants ou les transactions financières méritent davantage d’études tout comme l’idée de doubler l’objectif fixé en matière d’APD.  Dans le même ordre d’idées, il a souhaité une étude plus avant sur le rôle fondamental que peuvent jouer les institutions financières internationales en matière de développement. Sur la question de la dette, il a jugé important que le document contienne des recommandations sur la reformulation des programmes de restructuration de la dette extérieure.  Le document, a-t-il conclu, devrait aussi faire ressortir le rôle essentiel du secteur privé et de la société civile en matière de développement. 


M. NOUREDDINE BARDAD-DAÏDJ (Algérie) a déclaré que le développement n’est plus perçu comme une simple aspiration au bien-être et à l’accomplissement individuel.  L’évolution de ces dernières années, a dit le représentant, a permis de révéler la problématique du développement dans ses véritables dimensions économiques, certes, mais aussi politiques, sociales, culturelles, qui sont des dimensions aussi fondamentales que complexes.  Les pays en développement ont été parmi les premiers à prendre leurs responsabilités en relation avec la nécessité de création de conditions favorables à une croissance aussi rapide que soutenue.  Les efforts qu’ils ont consentis dans le cadre des programmes d’ajustement structurel et en faveur d’une meilleure insertion dans l’économie mondiale, l’ont été, le plus souvent, au prix de lourdes conséquences sur le plan socioéconomique.  Il ne serait que justice, a estimé le représentant, que dans la déclaration finale, nous reconnaissions de tels efforts, accomplis le plus souvent, dans l’adversité la plus complète.  Une de ces manifestations d’auto-prise en charge est sans conteste la Nouvelle initiative africaine, adoptée par le dernier Sommet de l’OUA tenu en juillet 2001 à Lusaka, et dont la philosophie générale repose fondamentalement sur la conviction ferme et commune des dirigeants africains de la nécessité d’éradiquer, d’une manière urgente, la pauvreté du continent, et de placer leurs pays sur la voie d’une croissance et d’un développement durables au 21ème siècle.


De tels efforts, aussi méritoires soient-ils, sont cependant loin de permettre, à eux seuls, de pouvoir faire face aux défis qu’impose la finalité du financement du développement.  Dans une majeure partie des cas, les ressources dégagées n’ont servi au mieux qu’à faire face aux engagements contractés dans le cadre des politiques d’endettement.  Cette situation à laquelle se sont ajoutés la chute des flux d’APD et la dégradation continue des termes de l’échange, a inversé la tendance souhaitée, en faisant apparaître le dangereux précédent des transferts négatifs de ressources.


Comme l’a souligné le représentant de l’Iran au nom du Groupe des 77, le document du Facilitateur n’est pas parfait, mais il n’en constitue pas moins une bonne base de départ pour cette réunion. Il pose de vraies questions sur un vrai problème, et il est surtout le reflet d’une convergence de vues autour de l’impératif de développement.  C’est cette convergence de vues qu’il faut mettre à profit, sans arrière-pensées, ni faux-fuyants, pour envisager un ensemble de mesures qui soient nouvelles et imaginatives.  Elles doivent tendre à garantir des conditions transparentes, stables et prévisibles pour les flux de capitaux sans frontières, en particulier les IED.  La participation des institutions multilatérales, du secteur privé, et de la société civile en général dans un tel processus est à encourager, notamment en ce qu’elle a la capacité de mobilisation des ressources indispensables au développement.


M. MAZHUKHOU (Bélarus) a estimé que  les nouvelles idées non reconnues internationalement et proposées dans le projet de texte pourraient faire l’objet de discussions au cours des tables rondes ministérielles, qui seront organisées à Monterrey, et ce afin d’ouvrir de nouvelles pistes de coopération.  S’il a reconnu qu’en matière de développement, la responsabilité fondamentale incombe aux gouvernements nationaux et au secteur privé, il a souligné que la responsabilité internationale, selon lui, doit être partagée entre les Etats et les institutions financières internationales.  A cet égard, il a souhaité que le document final reconnaisse la faiblesse particulière des pays comme les PMA, les petits Etats insulaires en développement ou encore les pays en développement sans littoral. 


M. MARCO BALAREZO (Pérou) a souscrit à la déclaration du Groupe des 77 et la Chine et à celle du Groupe de Rio.  Le document que soumet le Facilitateur bénéficie d’un appui certain et notre délégation s’associe aux délégations qui estiment que c’est une bonne base de discussions et de négociations, a dit le représentant.  C’est un document perfectible dans lequel le Pérou espère trouver en fin de travaux des éléments tirés du rapport du Secrétaire général.  Nous devons étudier ce texte sous l’angle de l’équilibre entre les différents axes du financement du développement, en tenant compte des six grands thèmes énoncés auparavant.  Le Pérou estime aussi qu’il faut voir les recommandations faites au plan national à la lumière de celles qui sont préconisées au niveau mondial. Le secteur privé international a beaucoup à faire dans le financement du développement, et nous aimerions voir ce secteur prendre beaucoup plus d’initiatives visant à aider les secteurs privés nationaux à se développer. Il faudrait aller beaucoup plus loin que de simplement trouver un plus petit dénominateur commun.  L’accent doit être mis davantage sur les caractéristiques et les spécificités des Etats et des peuples.


M. REQUEIJO (Cuba) a estimé que jamais auparavant la question du financement du développement n’a eu autant d’importance qu’en ce moment où le monde doit faire face à une nouvelle réalité que lui impose l’économie mondialisée, libéralisée et polarisée par la mauvaise répartition des bénéfices.  Il faut donc définir, sous l’angle du financement, une stratégie qui appuie le développement durable, a dit le représentant en insistant sur le rôle primordial du système des Nations Unies en la matière qui seul peut prendre des décisions tout en veillant à ce que le système économique international corresponde aux priorités du développement.  Le représentant a poursuivi en exprimant l’intention de son pays de contribuer au processus préparatoire à partir de la “bonne base de négociations” qu’est le document du Facilitateur. 


Les modèles imposés n’ont pas réussi à régler les problèmes de l’humanité ni les raisons pour lesquelles cette Conférence est convoquée, a rappelé le représentant en dénonçant ceux qui parlent du droit au développement tout en voulant en priver les pays en développement à coups de chantages de tous types contraires à l’esprit de liberté dont ils se veulent pourtant les chantres.  On prétend, a poursuivi le représentant, nous montrer la voie, mais le temps presse.  Il faut arrêter la rhétorique car il serait injustifiable d’aller à Monterrey sans des mesures importantes pour les pays. Nous reconnaissons, a encore dit le représentant, la responsabilité de chaque pays dans son développement.  Mais, a-t-il ajouté, il ne faut pas perdre de vue que beaucoup de pays sont encore incapables, financièrement, matériellement et humainement, de relever les défis du


développement.  Il s’agit donc d’une responsabilité de tous, a estimé le représentant en soulignant l’importance de l’APD, du règlement du problème de la dette et de la bonne gouvernance mondiale.  Il faut trouver des mesures précises correspondant à ce que les peuples du monde attendent de nous, a conclu le représentant.


Mme REBEKAH RILEY (Nouvelle-Zélande) a déclaré que le processus dans lequel est engagé le Comité préparatoire est une occasion unique d’examiner de manière globale les questions de développement et d’adopter une approche novatrice envers la question du financement du développement.  La Nouvelle-Zélande estime que le document du Facilitateur est une bonne base de dialogue pour promouvoir le débat sur le financement du développement.  Dans ce processus, notre pays a centré son action et sa réflexion sur quatre domaines que nous estimons essentiels.  Il s’agit de l’encouragement qu’il faut apporter à un meilleur usage de l’APD en vue d’améliorer l’efficacité et l’harmonie de la mobilisation de ses ressources et de leur utilisation; ensuite nous lançons un appel à plus de coopération internationale entre les multiples agences et organismes de développement et de financement du développement, ceci pour améliorer l’efficacité de leur action et la manière dont elle est conduite.  Le troisième thème sur lequel nous mettons l’accent est celui de l’amélioration de la capacité de participation des pays en développement au commerce international.  Enfin, nous soutenons les politiques qui aideraient les petits Etats insulaires en développement et les acteurs économiques nationaux, et celles qui soutiendraient une réforme des institutions financières internationales par leurs principaux actionnaires.  Ce genre de réforme serait préférable à toute tentative imposée de l’extérieur.


M. NICOL, Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a rappelé que l’objectif de mettre en place un processus de mondialisation plus participatif et plus équitable a été le thème du Conseil des ministres de l’OCDE, l’année dernière.  L’OCDE, a-t-il dit, participe à un grand nombre de débat sur les questions qui seront examinées à Monterrey et entend continuer à le faire par la suite.  Il a signalé, à cet égard, les efforts de l’OCDE pour renforcer la dimension “développement” dans ses activités et favoriser la cohérence dans les domaines qui ont un impact sur les pays en développement.  Il a fait part des efforts déployés par l’OCDE pour renforcer le dialogue avec les Etats non membres et a indiqué que son organisation avait l’intention d’explorer tous les moyens d’améliorer l’implication de l’OCDE au processus du financement du développement.


M. KOIRALA (Népal) a estimé que les ressources sont un facteur limitatif des efforts de développement des pays du Sud.  Bien que ces pays aient ouvert leurs économies au cours des années 80 et 90, des phénomènes de marginalisation sont apparus, et ont accentué la pauvreté.  Des mesures de soutien, en vue de créer des filets de sécurité sociaux avaient été promises, mais n’ont jamais vu le jour.  Le projet de document qui nous est soumis met justement le doigt sur certains principes qui devraient être acceptés pour assurer l’équité à tous les peuples dans la mondialisation.  Le Népal estime que les discours que l’on développe sur la cohérence manquent de pertinence et de sincérité.  Comment le maintien de barrières tarifaires et de lourdes subventions à l’agriculture peuvent-ils être respectueux des règles de l’OMC, dont on dit qu’elles sont universelles et doivent être appliquées par tous?  Le projet de texte final, tel qu’il nous est présenté, n’est pas acceptable par les pays les plus défavorisés.  Il tente trop de se baser sur des dogmes qui, pour nous, sont irréalistes.  On parle dans ce texte d’“appropriation”.  Mais comment peut-il y avoir “appropriation” d’une politique par un pays si au départ la politique elle-même a été conçue par quelqu’un d’autre, qui y a inclus des normes et des conditionnalités qui ne visent qu’à maintenir des intérêts établis?  “L’appropriation ne serait alors que maintien du statu quo.  Le Népal pense qu’il est temps que l’on arrête de nourrir les peuples de simple rhétorique.


M. ZEPHIRIN DIABRE, Administrateur adjoint du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a jugé qu’en matière de financement du développement, il est plus que jamais urgent de réaffirmer le besoin de la solidarité mondiale pour réaliser les objectifs de la Déclaration du Millénaire, en particulier à la lumière des évènements tragiques du 11 septembre.  Il faut s’assurer des progrès dans le domaine complexe et essentiel du financement pour le développement en y impliquant tous les acteurs intéressés.  Il faut aussi souligner la complémentarité entre les ressources nationales et les ressources internationales.  Il faut, par ailleurs, appuyer les activités opérationnelles de développement entreprises par le système des Nations Unies et enfin, mettre l’accent sur les questions les plus urgentes que sont l’allégement de la dette, la libéralisation réelle du commerce, la mobilisation des ressources nationales, et la fourniture des biens publics mondiaux.  M. Diabré a conclu en faisant part des efforts du PNUD pour porter assistance aux Etats Membres dans la préparation de la Conférence internationale.


M. RODRIGUES (Brésil) a regretté que les déclarations entendues jusqu’à maintenant ne soient pas allées dans le sens de la négociation des propositions avancées par le Facilitateur.  Le Brésil s’étonne de la différence qui existe entre les paroles et les actes.  Les pays développés qui aiment tant se vanter d’être les prophètes de la libre concurrence sont aussi curieusement ceux qui refusent le libre marché dans des domaines cruciaux comme celui de l’agriculture.  Le Brésil aimerait que des discussions concrètes s’ouvrent sur ce genre de questions.


M. NZOHABONAYO (Burundi) a estimé qu’il s’agit aujourd’hui d’un moment important pour la concrétisation des engagements pris au cours du Sommet du Millénaire.  Il a salué le travail effectué par le Facilitateur dont le document constitue “une très bonne base pour les négociations”.  Il a ensuite demandé la recherche de solutions pour des questions importantes telles que l’APD et la dette.  En effet, en ce qui concerne l’APD, il a plaidé pour son augmentation substantielle et pour une utilisation plus efficace.  Toujours en la matière, il a insisté sur le fait que même par la mise en place d’un environnement favorable au niveau national, les pays en développement ne seront pas en mesure d’assurer le niveau de croissance requis pendant 20 ans pour réaliser les objectifs fixés en matière de lutte contre la pauvreté.  Il a jugé nécessaire le doublement de l’objectif agréé en matière d’APD pendant au moins 10 ans.  S’agissant de la dette, il a dénoncé “les conditionnalités irréalistes” de l’Initiative PPTE et plaidé pour l’annulation pure et simple de la dette des pays lourdement endettés.  Il a, par ailleurs, jugé important que la Conférence internationale définisse de nouvelles sources de financement pour le développement.  Parlant en particulier de l’Afrique, il a estimé que le moment est venu pour la communauté internationale de donner un appui à la mise en oeuvre de la nouvelle Initiative africaine.  Le représentant a terminé sur les efforts entrepris par son pays dans le contexte du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté qui a été élaboré  avec la Banque mondiale et le FMI, et en parfaite association avec tous les acteurs burundais du développement socioéconomique.  


M. BAGHER ASADI (Iran) a déclaré au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que la réussite des débats et des travaux du Comité préparatoire dépendrait de l’esprit d’ouverture des délégations.  Nous pensons que le Comité doit simplement bâtir sur ce qui existe déjà.  Le texte du Facilitateur est la base sur laquelle nous devons travailler, de manière à en avoir une version améliorée que nous pourrons examiner lors des travaux intersessions du Comité au mois de décembre.


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