LE COMITE PREPARATOIRE DE LA CONFERENCE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT FAIT UNE PREMIERE LECTURE DU PROJET DE TEXTE FINAL
Communiqué de presse DEV/2291 |
Comité préparatoire de la Conférence
internationale sur le financement
du développement
Reprise de la 3e session
2e séance – après-midi
LE COMITE PREPARATOIRE DE LA CONFERENCE SUR LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT
FAIT UNE PREMIERE LECTURE DU PROJET DE TEXTE FINAL
La crédibilité des Nations Unies dans le développement dépend des résultats auxquels aboutira la Conférence internationale sur le financement du développement qui doit se tenir à Monterrey au Mexique du 18 au 22 mars 2002. C’est ce qu’a estimé le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales,
M. Nitin Desai dans la déclaration liminaire qu’il a faite, cet après-midi, devant le Comité préparatoire de la Conférence qui poursuivait, cet après-midi, les travaux de sa troisième session devant s’achever le 19 octobre prochain. M. Desai a donné trois raisons pour lesquelles la Conférence doit absolument avoir une issue heureuse. Il a d’abord indiqué qu’au lendemain des évènements du 11 septembre, l’on attend des Nations Unies qu’elles se montrent capables de prendre des mesures décisives sur les questions de financement que sont le blanchiment de l’argent, la corruption ou la coopération fiscale nécessaires à la lutte contre le terrorisme. En deuxième lieu, il a invoqué le ralentissement de la croissance économique mondiale pour montrer l’importance pour l’ONU de décider d’une action concertée pour encourager la croissance dans les pays en développement, en ces temps difficiles. Enfin, M. Desai a estimé que le prix de Nobel de la paix que viennent de recevoir l’ONU et son Secrétaire général doit être vu comme un gage d’avenir prometteur. Les espoirs placés en l’ONU sous la forme de cette récompense doivent être traduits dans la réalité grâce à une coopération renforcée de tous les Membres de l’ONU, a-t-il dit.
Le projet de conclusions et de décisions que devra adopter la Conférence internationale a été précisément présenté, cet après-midi, par le Facilitateur des négociations, M. Mauricio Escanero. Il a, en effet, expliqué, que dans sa forme actuelle, le document est composé de trois chapitres dont le premier porte sur la manière de réaliser une mondialisation ouverte et équitable. Il est souligné, dans ce chapitre, la nécessité de coopérer pour faire en sorte que cette mondialisation appuie la justice sociale et la croissance économique pour tous les habitants du monde. Le deuxième chapitre, a-t-il dit, est consacré aux axes d’action pour affronter les défis du financement du développement avec comme point de départ le fait que les efforts nationaux doivent être appuyés par un environnement économique international favorable. Ce chapitre concerne plus précisément les six points que sont la mobilisation des ressources financières nationales, la mobilisation des ressources internationales privées, le commerce international, l’aide publique au développement, l’allègement de la dette, et la prise en compte des questions systémiques. Enfin, le troisième chapitre intitulé “Rester engagés” reconnaît que la Conférence internationale n’est pas une fin en soi mais le premier pas d’un processus.
Le Facilitateur s’est fort bien acquitté de sa tâche puisqu’il offre aujourd’hui un bon texte qui n’est certes encore qu’une première ébauche, a estimé le représentant de l’Iran, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, au cours du débat qui a suivi. Il a dit l’intention de son Groupe de présenter des idées spécifiques et des propositions, y compris sur la nécessité d’ajouter de nouveaux concepts et de nouveaux thèmes. S’il l’a également qualifié de « bon point de départ », le représentant de la Belgique, qui s’exprimait au nom de l’Union européenne et des pays associés, a néanmoins dénoncé d’emblée le caractère « déséquilibré et incomplet” du document. Il a notamment regretté le manque d’accent sur le caractère novateur du processus du financement du développement venant de l’implication d’une large variété d’acteurs, l’insistance sur les questions systémiques au détriment de la question de l’élimination de la pauvreté et de celle de la responsabilité mutuelle entre les pays développés et les pays en développement ainsi qu’une certaine faiblesse pour ce qui est des questions de la bonne gouvernance nationale, du respect des droits de l’homme, de la prévention des conflits pourtant « notions essentielles au climat favorable aux investissements, à l’APD, à la libéralisation du commerce et au traitement durable de la dette »
Outre les orateurs et les deux délégations mentionnées, ont pris la parole pour faire connaître leur point de vue, cet après-midi, les délégations du Chili, au nom du Groupe de Rio, de Nauru, au nom des petits Etats insulaires en développement et du Forum du Pacifique, du Japon, de la Fédération de Russie, de la Norvège et de la République de Corée. L’Observateur de la Suisse ainsi que les représentants de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) ont également pris la parole. Dans le cadre des déclarations liminaires, la Présidente de la Chambre internationale du commerce et celle du Comité d’organisation mexicain du Forum des ONG à la Conférence internationale se sont exprimées.
En plus du projet de texte dit « Projet de conclusions et de décisions établi par le Facilitateur », le Comité préparatoire était également saisi du rapport du Groupe de haut niveau sur le financement du développement dit « Rapport Zedillo »* et des notes techniques préparées par le Coordonnateur exécutif du Secrétariat de coordination de la concertation sur le financement du développement.
Le Comité préparatoire se réunira demain mardi 16 octobre à 10 heures pour poursuivre son débat et entendre une déclaration de la Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Mme Mary Robinson.
* A/55/1000
Déclarations liminaires
M. NITIN DESAI, Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, a estimé que nous sommes à une étape cruciale qui consiste à réfléchir à la manière dont la Conférence internationale sur le financement du développement peut constituer un bond en avant dans tous les domaines de la coopération internationale, y compris dans leurs aspects financiers. Jusqu’ici, a-t-il aussi estimé, le processus préparatoire s’est révélé plus constructif que ce à quoi s’attendaient les critiques. Nul doute, a-t-il ajouté, qu’il est encore possible de prendre au dépourvu les critiques les plus acerbes. C’est dans ce sens que le Secrétariat travaille en collaboration avec la Banque mondiale, la CNUCED, le PNUD et bien d’autres organisations notamment les représentants du secteur privé.
Il est important, a insisté M. Desai, que l’issue heureuse de ce processus soit assurée. Rappelant les évènements du 11 septembre, il a, en effet, souligné qu’une grande partie dudit processus est liée aux questions du financement illicite comme le blanchiment de l’argent, la corruption ou la coopération fiscale. Il est donc, a-t-il dit, de la plus haute importance de montrer qu’un processus engagé sous les auspices de l’ONU est en mesure de produire des résultats constructifs pour une question d’actualité comme le terrorisme.
Invoquant l’état de la conjoncture économique comme deuxième raison pour assurer une conférence réussie, M. Desai a rappelé que la semaine dernière, son Département a publié un rapport sur les projetions après les évènements du
11 septembre. L’on y constate, a-t-il indiqué, une intensification du ralentissement économique qui exige que la Conférence sur le financement du développement soit un facteur galvanisant et encourage réellement la croissance dans les pays en développement. Dans un tel contexte, la capacité de décider d’une action de coopération véritable sera déterminante.
La troisième raison, a dit M. Desai, vient du fait que l’ONU et son Secrétaire général viennent de recevoir le prix Nobel de la paix. Il faut donc montrer que ce prix est un gage prometteur d’avenir. Il doit conduire l’ONU à répondre au mieux aux espoirs et aux attentes de la planète compte tenu de ce qui a déjà été accompli. Les lauréats des Nations Unies doivent coopérer pour que les grands espoirs que traduit cette récompense se concrétisent. Or, la conférence internationale est au coeur même des efforts des Nations Unies en matière de développement.
Mme MARIA LICANUOS-CATANI, Secrétaire générale de la Chambre de commerce internationale, a dit que la Chambre se félicitait que le Comité préparatoire ait pensé à faire participer le secteur privé à ses travaux et à la préparation de la Conférence internationale sur le financement du développement. Le monde des affaires s’intéresse beaucoup à la question et la Chambre a examiné comment elle participerait à la Conférence. Nous soumettrons au Comité, cette semaine ou en janvier, les documents que nous avons élaborés. La Chambre organise des réunions au niveau régional pour avoir le point de vue des entreprises sur la Conférence, et nous avons pris contact avec la Chambre de commerce du Mexique pour étudier les facilités qui pourraient être offertes aux entreprises privées à Monterrey. Nous comptons participer à quatre tables rondes ayant trait à des sujets comme les investissements, le système financier international, la réflexion et la planification du développement. Le monde des affaires sera aussi heureux de participer à toutes les autres tables rondes qui auront lieu à Monterrey.
Mme FRINE LOPEZ, Comité d’organisation mexicain du Forum des ONG à la Conférence sur le financement du développement, a indiqué que le Forum des ONG se tiendra du 14 au 17 mars 2002 dans la ville de Monterrey pour faire connaître les propositions de la société civile, d’en encourager la participation, d’en examiner les critiques et enfin diffuser l’information sur la Conférence. Ce Forum comprend quatre groupes thématiques concernant les ressources nationales et l’ajustement structurel; les ressources internationales et le commerce; l’aide publique au développement et la dette, et les questions systémiques. Mme Lopez a souhaité mettre en place un Comité d’appui international pour le Forum des ONG en espérant continuer de coopérer avec les Gouvernements, les organisations internationales, les autres ONG et le Secrétariat de la Conférence pour mettre en place un Forum avec la participation de tous, ouvert et couronné de succès.
Contributions au processus préparatoire de fond et préparatifs de la Conférence internationale sur le financement du développement
M. OSCAR DE ROJAS, Coordonnateur exécutif du Comité préparatoire, a fait une présentation des notes techniques soumises au Comité et dont les grandes lignes sont énoncées dans le document(A/AC.257/27). Ces notes techniques récapitulent les thèmes et les suggestions relatifs à la Conférence qui ont été faits au Comité. Le Bureau a été chargé d’en faire une sélection, et le 15 septembre dernier, nous sommes parvenus à une sélection finale de six thèmes. Ces notes ont été élaborées en trois mois, par des représentants de différentes institutions de l’Organisation des Nations Unies, a dit M. De Rojas. Ceux qui ont collaboré à la rédaction du rapport présenté en janvier par le Secrétaire général ont travaillé à la finalisation de ce document. Les notes sont des documents de l’Organisation des Nations Unies, mais nous avons pu avoir la collaboration d’entités non onusiennes. Nous espérons que les différentes délégations pourront avoir ces documents dans toutes les langues de l’Organisation le plus rapidement possible.
Résultats escomptés de la Conférence internationale sur le financement du développement
M. MAURICIO ESCANERO (Mexique), Facilitateur des négociations et Rédacteur du projet de conclusions et de décisions (A/AC.257/25), a indiqué que le projet de texte a pris en compte toutes les contributions fournies, telles que les consultations régionales, les avis du monde des affaires, le rapport du Secrétaire général sur les efforts de coopération entre l’ONU et les autres institutions, le Rapport du Groupe de haut niveau sur le financement du développement dit “Rapport Zedillo”, les notes techniques établies par le Secrétariat sur certains thèmes inscrits à l’ordre du jour et enfin, les contributions faites au début de cette année, dans le cadre du Dialogue intergouvernemental qui s’est tenu de février à mai. Il s’agit, a-t-il expliqué, d’un document en trois chapitres.
Le premier, qui porte sur la manière de réaliser une mondialisation ouverte et équitable, souligne la nécessité de coopérer pour faire en sorte que cette mondialisation appuie la justice sociale et la croissance économique pour tous les habitants du monde. L’action est donc mise sur l’importance de la suite à donner aux objectifs de la Déclaration du Millénaire. Le deuxième chapitre, a-t-il poursuivi, est consacrée aux axes d’action pour affronter les défis du financement du développement. Le point de départ, a-t-il expliqué, est le fait que ce sont
les pays eux-mêmes qui ont la responsabilité de leur développement économique et social mais que la création d’un environnement économique favorable est déterminante. Dans une économie de plus en plus mondialisée, a-t-il ajouté, il faut une approche d’ensemble cohérente de la part des institutions.
Le chapitre examine en détail les six points agréés, à savoir la mobilisation des ressources financières nationales, la mobilisation des ressources internationales privées, le commerce international, l’aide publique au développement, l’allègement de la dette, et la prise en compte des questions systémiques pour les résoudre. Enfin, le troisième chapitre intitulé “Rester engagés” reconnaît que la Conférence internationale n’est pas une fin en soi mais le premier pas d’un processus qui exige un effort durable et la mobilisation de tous pour assurer le suivi et l’application des engagements et des décisions qui seront prises à Monterrey. Le processus exige aussi que l’on continue sans cesse la quête du financement du développement. Le projet de texte, a-t-il conclu, est un texte de négociations et il appartient à tous de l’améliorer. A cette session il s’agira plus d’un débat conceptuel mais il faudra déjà tout mettre en oeuvre pour d’emblée retirer l’inutile et inclure l’indispensable.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan), Coprésident du Comité préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement, a déclaré que cette question ne doit pas devenir un sujet d’affrontement entre pays du Nord et pays du Sud. Les parties prenantes, comme le FMI, la Banque mondiale, le secteur privé et ses entreprises, doivent s’unir aux gouvernements et à la société civile pour arriver à réaliser le développement. Certains éléments nous donnent de plus en plus des signes d’urgence pour la résolution de la question du développement: les manifestations contre la mondialisation, qui se font de plus en plus violentes ; le ralentissement de la mondialisation, accentué par un troisième facteur qui est la menace montante d’un terrorisme global, né sans doute de certaines retombées nocives de la mondialisation. A ce sujet, il est urgent de créer des zones de consensus et de véritable dialogue. Le document que nous a présenté M. Escanero est un document digne d’intérêt, qui est le résultat de travaux qui ont été menés par divers acteurs du développement, dont le Secrétariat de l’Organisation des Nations Unies. L’objet de notre travail ici doit d’abord être l’examen du document de conclusions et de déclarations finales que nous a présenté le Facilitateur. Nous avons déjà examiné tous les autres documents soumis au Comité et qui, en fait, ne nous apportent pas grand chose de nouveau. Abordons donc le document de M. Escanero sur le plan conceptuel, a proposé M. Shamshad Ahmad, et donnons au Facilitateur la chance de nous soumettre son deuxième projet de document dans trois semaines., ce qui laisserait aux gouvernements le temps de faire des observations et d’avancer des suggestions.
M. BAGHER ASADI (Iran) a rappelé, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, que le Comité préparatoire avait demandé, lors de sa précédente session, à son Facilitateur, M. Mauricio Escanero, de préparer un document de travail sur les conclusions de la Conférence internationale sur le financement du développement. Ce document, a dit M. Asadi, devait tenir compte des idées soumises par les gouvernements, des débats du Comité lui-même, et des autres apports effectués dans le cadre des thèmes du programme de fond de la Conférence. Nous avions aussi décidé d’examiner au cours de la présente session, un projet de conclusions et décisions finales de la Conférence préparé par le Facilitateur. Le Groupe des 77 et la Chine pense que M. Mauricio Escanero s’est fort bien acquitté de sa tâche,
et qu’il donne aujourd’hui à notre réunion intergouvernementale un bon texte, que nous considérons cependant comme une première ébauche. Après avoir soigneusement examiné ce document, nous pensons que c’est une bonne base de départ pour nos discussions, déclarations et négociations.
Nous pensons aussi cependant que ce premier texte peut être amélioré à travers des délibérations au niveau intergouvernemental au cours des travaux de ce Comité préparatoire. Le Groupe des 77 et la Chine présentera à cet égard des idées spécifiques et des propositions, y compris sur la nécessité d’ajouter de nouveaux concepts et de nouveaux thèmes dans certains paragraphes. En même temps, notre Groupe entend participer à l’amélioration de paragraphes existants et à l’élimination de certains concepts et thèmes qui en ce moment sont inclus dans le document. Nos discussions de cette semaine devront aider le Facilitateur à préparer la seconde version du document pour la soumettre, à la mi-novembre, à l’examen du Comité pour qu’il en débatte lors de ses réunions intersessionnelles prévues en décembre. Après cet examen intersessionnel, nous pensons que nous serons alors en mesure d’avoir une troisième version du document qu’examinera la dernière session du Comité préparatoire prévue en janvier 2002. Un accord sur le texte présenté en janvier nous permettra alors de nous diriger vers un consensus intergouvernemental sur la question du financement du développement.
M. JEAN DE RUYT (Belgique), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a commenté le document présenté par le Facilitateur en le qualifiant “ de déséquilibré et d’incomplet” sur le fond. Il a par exemple jugé que le caractère novateur du processus du financement du développement n’est pas suffisamment reflété notamment en ce qui concerne l’implication de tous les partenaires. Il a souhaité que le texte qui sortira des négociations soit moins concentré sur les questions systémiques et accorde plus d’importance au défi mondial qu’est l’élimination de la pauvreté et aux responsabilités mutuelles entre les pays développés et les pays en développement. Il a surtout jugé important que le nouveau texte insiste sur l’importance de la bonne gouvernance nationale, du respect des droits de l’homme, de la prévention des conflits qui sont des notions essentielles au climat favorable aux investissements, à l’APD, à la libéralisation du commerce et au traitement durable de la dette.
Sur le fond, a-t-il dit, le message essentiel que l’Union européenne souhaite formuler est la réduction de la pauvreté et la réalisation des objectifs de développement fixés au Millénaire et lors des grandes conférences de l’ONU. Il a ainsi souhaité que le nouveau texte souligne la nécessité de mettre en place un environnement favorable à la mobilisation des ressources nationales et à la venue des investissements directs privés; l’Union étant prête à coopérer à cet environnement favorable par des programmes de renforcement des capacités dans tous les domaines pertinents du processus du financement du développement.
Le texte, a insisté le représentant, devra rappeler la responsabilité première de chaque Etat quant à son développement et insister sur un concept élargi du partenariat impliquant la coresponsabilité et sur la participation accrue de la société civile et du secteur privé. Concernant le commerce international, le représentant a préféré ne pas s’attarder sur le sujet avant la réunion ministérielle de l’OMC qui doit se tenir au Qatar le mois prochain. Il a appuyé les suggestions du Facilitateur visant à améliorer l’efficacité de l’APD et donc aussi le renforcement du partenariat entre pays en développement et bailleurs de fonds, fondé sur des obligations réciproques.
Pour lui, les notes stratégique de réduction de la pauvreté devraient devenir l’instrument par excellence d’appropriation et de coordination de l’aide internationale. Il a aussi réitéré l’intention des pays membres de l’Union de réaliser l’objectif 0,7% du PNB. Le représentant a aussi souhaité une réflexion plus avant sur le concept de Biens publics mondiaux avant d’en venir à la question de la dette et d’arguer de la nécessité d’exploiter les possibilités de l’Initiative PPTE renforcée avant de passer à une nouvelle phase. Il a d’emblée écarté l’idée d’un droit automatique des pays HIPC en cas de facteurs inattendus. En ce qui concerne l’architecture financière internationale, il a voulu que le message principal soit celui d’une meilleure cohérence, coordination et coopération entre bailleurs de fonds et partenaires des pays en développement, et plus particulièrement entre les institutions financières internationales. Il a exclu toute décision, « ici », sur la réforme de l’architecture financière internationale.
Enfin, le représentant a dit son opposition à l’établissement de nouvelles structures institutionnelles notamment pour ce qui est du suivi de la Conférence. Il a aussi rejeté l’idée d’un processus automatique de révision du processus du financement du développement en 2005 dans un nouveau cadre intergouvernemental. Il s’est, en revanche, dit prêt à concevoir un suivi qui s’inscrirait dans le cadre des travaux ordinaires du Conseil économique et social.
M. GABRIEL VALDES (Chili) a déclaré, au nom des pays membres du Groupe de Rio, que le Groupe estimait que le document présenté par M. Escanero était une bonne base de travail. Le Groupe de Rio tient à répéter que le système de l’ONU et la Charte qui le sous-tend sont le seul cadre légitime de décision internationale et de régulation des mécanismes de la mondialisation. Nous espérons que tous les pays, les institutions internationales, le secteur privé et la société civile prendront part à la Conférence de Monterrey, conscients qu’il est indispensable de bâtir une nouvelle alliance mondiale pour le développement. Le Groupe de Rio soutient les propositions allant dans le sens d’une normalisation plus juste et plus équitable du système de commerce international. Nous sommes aussi en faveur de la réforme de l’architecture financière internationale pour éviter le genre de crises que le monde a connues il y a quelques années. Le Groupe de Rio soutient les propositions allant dans le sens d’une nouvelle soumission par le Facilitateur, de versions améliorées du document qu’il soumet aujourd’hui. Les pays du Groupe de Rio et les autres pays en développement sont conscients que la responsabilité de leur développement leur incombe. Nous prenons nous-mêmes les mesures qui s’imposent en vue d’améliorer le cadre macroéconomique de nos économies et demandons que sur des questions comme celle de la corruption, les mesures prises au niveau national soient appuyées par des règlements internationaux, ce phénomène n’étant pas limité aux pays du Sud. Sur la question de la mobilisation des ressources, notre Groupe demande qu’une attention sérieuse soit accordée au cadre international d’échanges commerciaux, notamment sur les plans agricole et textile. Nous demandons l’élimination des subventions agricoles, des règles “antidumping”, qui ne sont qu’un protectionnisme déguisé, et des velléités qui se font jour de vouloir imposer des “principes de précautions” environnementaux sur les produits alimentaires ou sur les conditions d’emploi de la main d’oeuvre.
M. MATS KARLSSON, Vice-Président de la Banque mondiale chargé des relations extérieures et des Nations Unies, a appelé les membres du Comité préparatoire à saisir cette nouvelle occasion pour surprendre tout le monde dans la résolution des problèmes clés du financement du développement. Le Comité, a-t-il dit, doit trouver un dénominateur commun sans pour autant sacrifier l’ambition de faire quelque chose d’utile. Il a appelé à la vision et au sens du réalisme pour ouvrir la voie à un document sur la base duquel les différents acteurs pourront faire des progrès concrets. Les ressources du financement du développement ne sont pas nécessairement liées à l’assistance extérieure, a reconnu le représentant de la Banque mondiale en jugeant néanmoins que la communauté internationale peut faire beaucoup en renforçant l’accès aux marchés et en augmentant les flux d’APD mais aussi en jouant son rôle dans l’investissement privé et la coopération internationale en matière de biens publics mondiaux. Il a conclu en attirant l’attention sur l’impact qu’auront les évènements du 11 septembre sur l’économie de nombre de pays en développement.
M. REINHARD MUNZBERG, Fonds monétaire international (FMI), a déclaré que sa délégation acceptait le document du Facilitateur comme base de discussions. Le FMI espère qu’un terrain d’entente sera trouvé sur les questions qui font encore l’objet de discussions. Comme l’a dit le Secrétaire général, il faudrait assurer un suivi aux résultats de la Conférence de Monterrey pour trouver les moyens de concrétiser les objectifs agréés lors du Sommet du millénaire. L’augmentation de l’APD et son usage, la question de l’appropriation des programmes de développement
par les pays concernés, et l’examen de la notion de “bien public” sont des thèmes qui devront faire l’objet de discussions approfondies. Le FMI participera aux travaux de la Conférence de manière assidue et pense que les mécanismes de concertation financière existants devraient être utilisés au maximum.
M. VINCI N. CLODUMAR (Nauru), au nom des petits Etats insulaires en développement et du Forum du Pacifique, a estimé que le projet de texte est un bon point de départ qui devrait aider à faire valoir les préoccupations des pays en développement, en particulier les économies vulnérables et fragilisées comme celles des PAM et des petis Etats insulaires en développement. Il a souhaité que le document soit concis et qu’il porte sur des questions fondamentales liées au financement du développement. Il a appelé à un équilibre entre les questions structurelles et les questions de fonds pour fixer des objectifs à l’intention de tous les partenaires du développement. Le processus du financement du développement, a-t-il poursuivi, doit être l’un des principes permettant de surmonter les obstacles auxquels sont confrontés tous les pays en développement.
Parlant en particulier des pays de son Groupe, le représentant a mis l’accent sur les restrictions qu’ils connaissent en matière de ressources. Il a donc souhaité que le document final mette au point des méthodes pour mesurer les capacités institutionnelles des pays en développement. Il a aussi voulu que la mobilisation des ressources financières internationales soit vue comme un complément aux ressources nationales. Le document final doit donc comprendre des mesures de compensation pour encourager les investisseurs étrangers à s’engager dans des pays difficiles. Il a aussi plaidé pour la suppression des obstacles artificiels à l’accès au crédit. Venant au commerce, il a souhaité l’instauration d’un système véritablement favorable au libre échange en plaidant pour un accès préférentiel aux marchés et l’assistance technique dans la diversification de la
production. Il a évoqué la question de l’APD pour dénoncer les coûts de transactions et les conditions contraignantes liées au déboursement. Concluant sur la question de la dette, il a souhaité que le financement de l’Initiative PPTE ne se fasse pas au détriment de l’APD.
M. YUKIO TAKASU, Directeur général pour la coopération multilatérale au Ministère des affaires étrangères du Japon, a déclaré que la Conférence sur le financement du développement ne devrait pas devenir un jeu d’accusations entre pays du Nord et du Sud. Nous devrions aussi arrêter d’essayer de nous fixer des buts qui ne sont pas réalistes. Le Gouvernement du Japon pense que les pays en développement devraient s’attacher en premier lieu à promouvoir la sécurité humaine, et se lancer dans un développement qui soit à la portée de leurs moyens financiers à long terme. La question à laquelle nous devons trouver une réponse est: qui est en premier responsable du développement et à qui ce développement doit-il profiter?
Le document qui nous été soumis par le Facilitateur semble de prime abord prendre en considération la question que nous posons. Mais la suite de ce document semble insinuer que ce sont les apports en provenance des pays riches qui ont fait défaut aux efforts de développement. Nous aimerions que le texte mette un peu plus l’accent sur la notion “d’appropriation”, qui est la composante essentielle du développement. Nous pensons que les éléments qui ont été mentionnés et qui ont trait à la bonne gouvernance, à l’Etat de droit, à la lutte contre la corruption et à la mise en oeuvre de bonnes politiques macroéconomiques sont à prendre en compte. Nous pensons aussi que les dépenses militaires des pays en développement devraient être réduites, en vue de consacrer plus de ressources au développement économique. Concernant les ressources, le Japon aimerait que les pays du Sud fassent plus d’efforts de mobilisation de leur épargne intérieure, et qu’ils tirent plus de ressources du commerce international. Quant à l’APD, nous pensons que l’importance que lui donne le document du Facilitateur est exagérée. Il faudrait mettre plus d’accent sur le renforcement des ressources humaines. Quant à l’idée de créer un organe mondial de supervision économique à l’intérieur de l’Organisation des Nations Unies, nous pensons qu’il existe déjà suffisamment de fora onusiens capables de traiter de la question. Enfin, notre délégation souhaite que soit respectée l’indépendance des mandats des institutions de Bretton Woods.
M. NIKOLAI TCHOULKOV (Fédération de Russie) a souligné l’importance pour son pays de questions telles que la création d’un environnement national et international favorable à la croissance économique, l’accès aux marchés et le financement du commerce, l’efficacité des règles des secteurs financiers et bancaires, la stabilité, la promotion de l’investissement dans les secteurs productifs et le renforcement des politiques fiscales. Il a aussi souhaité que la Conférence accorde une attention particulière à l’interaction entre les systèmes financier et commercial internationaux et leur coopération avec le système des Nations Unies. Il a jugé essentiel que l’élaboration de mécanismes d’interaction entre les institutions de Bretton Woods, l’OMC et l’ONU dans le domaine du développement soit un des résultats les plus importants de la Conférence. Il a souhaité qu’en la matière, les choses se fassent dans le cadre des institutions existantes et non par un remplacement des structures actuelles. Il faut rester pragmatique et réaliste, a dit le représentant et se concentrer sur les domaines les plus susceptibles d’enregistrer des progrès. Il a donc appelé à la prudence
quant à l’inclusion d’idées ou de concepts nouveaux qui n’ont pas été suffisamment élaborés, qui n’ont pas encore prouvé leur utilité et qui n’ont pas encore été reconnus internationalement. Il a cité en exemple l’idée d’imposer des taxes sur les transactions financières ou sur les émissions de dioxyde de carbone.
M. JAN ERIK LEIKVANG (Norvège) a estimé que des résultats encourageants avaient déjà été atteints dans le domaine du financement du développement. La Norvège se félicite de la participation des ONG, des banques régionales et du secteur privé à ce processus. Ce processus, a poursuivi le représentant, a permis de lancer un dialogue sur la problématique du développement et a donné naissance, au niveau international et intergouvernemental, à des idées nouvelles. La Norvège trouve intéressantes les propositions avancées dans le rapport Zedillo, ainsi que celles venant de la Banque mondiale et du FMI. Quant au document présenté par le Facilitateur, la Norvège aimerait que sa taille soit réduite. Un document court est toujours plus attractif qu’une longue publication. D’autre part, nous aimerions que les grandes lignes agréées pour la lutte contre la pauvreté soient inclues dans le texte. Il faudrait que la Déclaration du millénaire soit la ligne directrice du document, et que le rôle de chaque entité et organisation y soit respecté. La Norvège estime aussi que l’on ne doit pas concevoir un remède unique pour redresser les différentes situations auxquelles font face les différents groupes de pays en développement. Nous espérons que les débats du Comité préparatoire seront ouverts et constructifs.
M. CHUNG SOON SUN (République de Corée) a jugé important de trouver une approche équilibrée entre le Nord et le Sud et de reconnaître que chaque pays à une responsabilité première en ce qui concerne son développement. Dans ce cadre, il a insisté sur les principes de bonne gouvernance et l’appui à apporter aux organisations internationales s’occupant de développement. Venant au projet de texte, il l’a trouvé utile tout en insistant néanmoins pour que le texte final comporte des cibles et des perspectives réalistes qui reflètent les vues des donateurs et des pays récipiendaires. Il a jugé impératif, par ailleurs, d’examiner avec le plus grand soin les questions du développement des ressources humaines et de l’appui international. Il a aussi souhaité que le document reconnaisse le processus de réforme entrepris dans les organisations internationales de financement, de développement et de commerce et souhaité que le document y apporte sa contribution. Il a enfin appelé à la prudence quant à l’introduction d’idées nouvelles comme l’imposition d’une taxe sur les émissions CO2 sans un consensus préalable avant d’estimer que les stratégies détaillées relatives au financement du développement doivent s’inscrire dans un calendrier réaliste tout comme les mesures de suivi.
M. JENÖ C.A. STAEHELIN, Observateur de la Suisse, a estimé que le document du Facilitateur donnait tant d’importance à la mondialisation qu’il donnait l’impression de faire de la Conférence de Monterrey une conférence sur la mondialisation. Ce document présente un tel déséquilibre entre les mesures à prendre au niveau mondial et celles à prendre au niveau national qu’il serait grave de sous-évaluer les mesures qu’il faut prendre pour améliorer la mobilisation des ressources nationales et la gouvernance à ce niveau. La délégation de la Suisse est surprise qu’une mesure comme l’élargissement de l’assiette fiscale ne soit pas mentionnée dans le texte. Nous estimons que ce
document manque de précision technique. Le fait de faire appel au “crédit pour tous” sans qu’une référence soit faite à l’épargne est un peu irréaliste. Notre délégation espérait aussi que ce document contribuerait à l’approfondissement du partenariat entre l’Organisation des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et l’OMC. Mais les apports de ces dernières institutions n’apparaissent pas assez, ce qui nous parait assez dommageable à ce stade. Nous espérons que nos travaux permettront au Facilitateur de nous présenter rapidement un nouveau projet de document final.
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