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DEV/2287

LES MOYENS D’ACCROITRE LES CAPITAUX PRIVES DANS LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT SERONT EXAMINES

02/05/2001
Communiqué de presse
DEV/2287


Comité préparatoire de la Conférence

internationale sur le financement

du développement – après-midi


LES MOYENS D’ACCROITRE LES CAPITAUX PRIVES DANS LE FINANCEMENT DU DEVELOPPEMENT SERONT EXAMINES


Le Comité préparatoire de la Conférence internationale sur le financement du développement, qui se tiendra à Monterrey au Mexique du 18 au 22 mars 2002, a terminé, cet après-midi, son débat général qui a permis aux délégations d’expliciter leurs propositions visant à assurer à la Conférence un impact réel sur la capacité des pays concernés à mobiliser les ressources nécessaires au financement de leur développement.  Cette troisième session devant se terminer le 8 mai prochain, le Comité préparatoire a prévu de consacrer ses prochaines séances à des discussions officieuses sur les six thèmes autour desquels s’articuleront les travaux de la Conférence, à savoir la mobilisation des ressources financières intérieures; celle des ressources internationales telles que l’investissement étranger direct (IED) et les autres apports privés; le commerce; le renforcement de la coopération financière internationale et l’aide publique au développement (APD); la dette; et les questions systémiques.  Le Comité a pour mandat d’élaborer le document de référence que la Conférence internationale aura à adopter à l’issue de ses travaux.


Présentant, cet après-midi, ses propositions, le représentant des Etats-Unis est revenu sur le rôle important du secteur  privé dans le financement du développement et a demandé au Comité préparatoire d’officialiser ses relations avec les représentants de ce secteur en leur offrant une accréditation au même titre que les représentants de la société civile.  Pour la Fédération de Russie, l’implication du secteur privé doit aller au-delà de sa simple participation à la Conférence pour embrasser son apport dans la mise en oeuvre des engagements finaux qui seront pris à Monterrey.  Reconnaissant, à son tour, le rôle “clé de voûte” du secteur privé, le représentant du Pakistan a préconisé la constitution d’un groupe d’experts pour réfléchir aux moyens d’attirer l’investissement étranger direct (IED) ainsi que celle d’un groupe spécial pour maintenir le dialogue sur les politiques et les questions techniques liées à l’IED.  Pour sa part, le représentant de la République démocratique populaire lao a expliqué les conséquences de l’insuffisance du système des transports sur les économies des pays en développement sans littoral et a souhaité que la Conférence traite de problèmes de ces pays comme une catégorie spéciale au même titre que les petits Etats insulaires en développement ou les pays les moins avancés (PMA).


Outre les intervenants déjà mentionnés, les représentants des pays suivants ont pris part au débat général : Cuba, Barbade (au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM); Australie, Ouganda et Burundi.


La prochaine réunion publique du Comité préparatoire est prévue pour le mardi 8 mai à une heure qui sera annoncée dans le Journal.



Débat général


M. JOHN W. DAVISON (Etats-Unis) a évoqué la question de la participation des parties prenantes à la Conférence internationale pour sougligner l’importance qu’il y a à ce que les parties institutionnelles donnent tout leur soutien au processus actuel.  Il s’est attardé sur la question de la participation du secteur privé et a encouragé le Comité préparatoire à officialiser ses relations avec ce dernier.  Il a proposé, dans ce cadre, l’accréditation des entreprises privées au même titre que les ONG et s’est félicité des propositions visant à organiser des consultations avec les représentants du secteur privé.  A cet égard, il a opté pour que les délibérations aboutissent à des résultats novateurs et a dit son intention de travailler à l’élaboration de mesures concrètes orientées vers l’action.  Il a souligné l’attachement du Président Bush au rôle de l’Investissement étranger direct (IED) dans le financement du développement et à l’adoption de mesures pragmatiques à l’issue de la Conférence internationale.


Mme ILEIDIS VALIENTE (Cuba) a dit que la question du financement du développement était une urgence à laquelle la communauté internationale doit trouver une réponse rapide, face à la mondialisation.  Mais au lieu de grands discours officiels, Cuba pense que le monde a besoin d’actions efficaces qui doivent être lancées pour permettre à la majorité des pays en développement, handicapés par la mondialisation, de retrouver un certain équilibre socioéconomique.  La coopération internationale est nécessaire à la lutte contre la pauvreté croissante, et nous pensons qu’il est temps d’imposer un calendrier de réalisation de l’objectif des 0,7% de leur PNB que les pays riches doivent verser aux pays pauvres sous forme d’APD.  Les résultats obtenus en matière d’allègement de la dette sont nettement insuffisants, face aux besoins réels. Nous pensons que cette dette doit être purement et simplement annulée, et que les pays riches et leurs institutions et entreprises doivent assumer les responsabilités qui sont les leur dans la question de l’accumulation de la dette.  En matière commerciale, il est temps que les pays du Nord suppriment tous les systèmes de quotas qu’ils imposent aux exportations des pays pauvres.  Les institutions de Bretton Woods doivent jouer un rôle nouveau dans le financement du développement, processus au sein duquel les pays du Sud doivent être acteurs à part entière.


M. ALOUKEO KITTIKHOUN (République démocratique et populaire lao), au nom des pays en développement sans littoral, a évoqué la question des systèmes de transports en commun qui, comme il l’a expliqué, comprennent les ports, les voies ferrées, les routes, les voies d’eau navigables internes, le fret aérien et les communications.  Or, a expliqué le représentant, chacun de ses secteurs touche trois aspects, à savoir, le politique, l’institutionnel et l’opérationnel.  L’amélioration de ce système est donc une entreprise complexe qui exige la coopération des pays voisins et celle des pays donateurs.  Les pays sans littoral paient au prix fort les insuffisances du système actuel.  Ces pays consacrent 18% des recettes de leurs exportations au paiement des assurances et des transports contre 8% pour les autres pays en développement.  Les coûts élevés ne viennent pas seulement des tarifs appliqués mais surtout des distances à couvrir.  A ces coûts, il faut ajouter les questions procédurales, administratives, les retards et les coûts historiques. 


Il faut s’attaquer à tous ces problèmes, si l’on veut aider les pays sans littoral à sortir de leurs difficultés, a dit le représentant qui a souhaité que la Conférence internationale traite ces pays comme une catégorie particulière et qu’elle prenne des mesures visant à permettre à ces pays de baisser les prix de revient de leurs produits et de devenir ainsi compétitifs sur les marchés mondiaux.  Promettant des propositions “très concrètes” en la matière, le représentant a conclu que si les petits Etats insulaires en développement et les pays les moins avancés (PMA) font l’objet d’un traitement spécial. rien ne justifie que les problèmes particuliers des pays sans littoral ne soient pas pris en compte.


Mme JUNE CLARKE (Barbade) a déclaré, au nom des Etats de la Communauté de Caraïbes –CARICOM- que les gouvernements de ces pays souhaiteraient voir la Conférence internationale sur le financement du développement souligner la nécessité de créer un certain nombre de mécanismes financiers intermédiaires en faveur des petits pays en développement, qui ont besoin de structures spécifiques pouvant leur donner des chances de participer aux échanges commerciaux.  Pour y arriver, il faudra accorder davantage d’attention aux besoins spéciaux des micro-Etats dont la base d’exportation est étroite, et qui ont des coûts de production élevés et ne bénéficient pas d’économie d’échelle.  Les pays en développement, a estimé la représentante, ont besoin d’assistance financière pour les aider à faire les ajustements que leur impose l’intégration à un environnement de libre-échange.  Les Etats de la CARICOM, et tous les autres petits Etats insulaires en développement, ont besoin de transferts de compétence et de technologies, facteurs d’amélioration de la croissance.  La Conférence de Monterrey devra considérer la réduction des asymétries et des déficiences structurelles qui existent dans le secteur des transferts financiers et des marchés de capitaux.  Concernant la question des codes de régulation et des normes financières, il est important que leurs mécanismes et leur application soient clairement définis et établis de manière transparente et non discriminatoire, de manière à permettre à tous les pays d’y participer de façon équitable.  Il est indispensable, à cet égard, de mettre en place un processus participatoire qui tienne compte du point de vue des pays en développement. Tous les pays devraient avoir le droit d’y participer sur un pied d’égalité, et nous estimons que l’évaluation et la surveillance des normes internationales mutuellement agréées devront être conduites de façon simultanée d’un pays et d’un groupe de pays à l’autre.  Les Etats de la CARICOM sont d’avis que toute action qui a des conséquences sur les pays en développement devra être prise avec leur pleine participation après consultation.


M. CALLAN (Australie) a apporté le soutien de sa délégation à la proposition relative à l'élaboration d'un document final qui contiendra une brève déclaration politique résumant les engagements qui seront pris à Monterrey.  Nous souhaitons une Conférence qui propose de nouvelles initiatives en matière de financement du développement et nous estimons que deux critères doivent présider aux débats de ce Comité préparatoire: le coté pratique des thèmes choisis, et leur aspect novateur. Les organisations de Bretton Woods et l’OCDE pourraient apporter davantage aux travaux du Comité préparatoire, a estimé le représentant, qui a observé l’expérience et la capacité professionnelles dont, selon lui, font preuve ces institutions.


M. SHAMSHAD AHMAD(Pakistan) a dit que le secteur privé constitue la clé de voûte des efforts en matière de financement international du développement.  Saluant ce “paradigme nouveau”, le représentant a estimé que la réunion, d’hier du Conseil économique et social et des institutions de Bretton Woods a illustré l’importance que le monde attache à la question du financement du développement.  Saluant, “ce renouveau d’optimisme”, le représentant a rappelé les propositions que son Ministre des finances a avancées hier.  Le développement exige des efforts de tous pour surmonter la question de la pauvreté, résoudre le problème des flux des capitaux et dépasser les lacunes systémiques.  C’est une entreprise qui mérite notre attention  et il a jugé important que les relations des Etats avec les institutions de Bretton Woods soient équitables et non des relations de “clients” et “donateurs”. 


Le processus dans lequel nous nous lançons en parlant de la Conférence internationale, doit contribuer à créer un environnement économique capable de soutenir les politiques macroéconomiques et de favoriser des ressources financières nationales, source la plus importante de financement du développement.  Aux pays industrialisés, le représentant a demandé de favoriser la croissance mondiale et de réduire les variations des taux d’intérêt des courants de capitaux.  Il a aussi plaidé pour le renforcement des capacités et des structures nationales en soulignant l’importance, de l’assistance technique et d’un système efficace de gouvernance.  Il a plaidé en outre pour des moyens visant à faciliter le courant d’informations sur les possibilités d’investissement dans les pays en développement.  Dans ce contexte, il a préconisé la création d’un groupe d’experts internationaux chargé de réfléchir aux moyens d’attirer les investissements étrangers et celle d’un groupe ad hoc, composé de représentants de gouvernements, d’organisations internationales, du secteur privé, du monde du travail et de la société civile, et qui serait chargé d’entretenir un dialogue sur la politique et les questions techniques liées à l’investissement direct étranger.


M. ANATOLY STANISLAKOV (Fédération de Russie) a dit que la Réunion de haut niveau ECOSOC/Bretton Woods a mis l’accent sur l’importance de la question du financement du développement.  Il revient maintenant à ce Comité d’arrêter le cadre et les objectifs de la Conférence de Monterrey, a dit le représentant, qui a estimé qu’il faudra aller dans le sens des conclusions réalisées hier par les tables rondes de l’ECOSOC en ce qui concerne le rôle des institutions de Bretton Woods dans les préparatifs de la Conférence.  Le secteur privé doit, pour sa part, être tenu informé de ce que l’on attend de lui, et les interactions avec ce secteur doivent aller au-delà de sa seule participation à la Conférence.  Le secteur privé doit aussi être impliqué dans la mise en oeuvre des engagements finaux de la rencontre.  Mais pour que la Conférence de Monterrey soit efficace, il faudrait la consacrer seulement aux problèmes de développement et à son financement.  Aborder d’autres sujets ne pourrait que créer la diversion et la dissipation de nos efforts.  La Fédération de Russie souhaite que le document final de Monterrey définisse les lignes de l’engagement international en faveur du financement du développement au cours des 10 à 15 ans à venir.  On ne doit faire aucune fixation sur la forme de ce document, et l’esprit de la Déclaration du millénaire doit présider à sa rédaction.


M. EMMANUEL MUTEBILE (Ouganda) a estimé que la solution à la question du financement du développement viendra surtout de l’accroissement de ressources nationales et internationales mieux utilisées par les pays en développement qui devront être conjuguées à système financier ouvert qu’il faut réformer et réformé.  Les pays en développement comme les pays développés doivent entreprendre des réformes pour faire avancer l’ordre du jour du financement du développement et accorder toute l’attention requise à la question de la stabilité macroéconomique comme fondement de la mobilisation des ressources.  Parlant des PMA, le représentant a souligné que les flux financiers vers ces pays peuvent avoir un effet déstabilisateur dans le sens où très souvent il manque à ces dernières la structure bancaire nécessaire pour gérer ces capitaux.  Il a plaidé pour l’assistance technique et a évoqué la question de la dette.  A cet égard, il a souhaité que la Conférence internationale trouve des mécanismes efficaces pour faire face à ce problème pour ne plus “faire l’autruche” comme semble le révéler la mise en oeuvre de l’Initiative PPTE/HIPC.


M. BALTHAZAR HABONIMANA (Burundi) a dit que la Conférence sur le financement du développement devait servir d’outil de réalisation des engagements du Sommet du millénaire en matière économique.  Le Burundi est satisfait de la pertinence des thèmes retenus pour la Conférence et souhaite qu’au cours des travaux de ce Comité, des propositions soient faites en vue de mieux définir l’ordre du jour de Monterrey.  Il convient de garder à l’esprit l’engagement qui a été pris de réduire la pauvreté de moitié d’ici 2015.  Il importera, à cet égard, que soit mise en marche une profonde réforme des mécanismes actuels de la mondialisation.   La Conférence devra, comme le Sommet du millénaire, être organisée au plus haut niveau pour que l’évènement constitue un tournant majeur en vue de la création d’un ordre économique mondial plus juste et plus équitable. 


Une stratégie globale de réduction de la pauvreté devra être définie au niveau de chaque pays en tenant compte de ses réalités et ses spécifités.  Outre l’accès aux services de base comme l’eau, les soins médicaux et l’électricité, cette stratégie devra veiller à donner aux pays pauvres les moyens d’une véritable autonomie, en mettant à leur disposition les moyens de jeter les bases véritable d’une économie durable.  Si la bonne gouvernance et la stabilité politique sont essentielles, il faut reconnaître que les vicissitudes de l’histoire ont mis certains pays, comme le Burundi dans des situations d’instabilité chronique, qui sont dûes bien souvent à la pauvreté et ne trouveront de solution que grâce à  la promotion de meilleures conditions de vie pour leurs populations.


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