En cours au Siège de l'ONU

DEV/2284

LES PAYS DU SUD APPELLENT A L'ANNULATION DE LA DETTE, ENTRE AUTRES MESURES, POUR STIMULER LE DEVELOPPEMENT

13/02/2001
Communiqué de presse
DEV/2284


Comité préparatoire de la réunion

internationale de haut niveau chargée

d'examiner la question du financement du

développement à l'échelon intergouvernemental

Deuxième session

4ème séance - après-midi


LES PAYS DU SUD APPELLENT A L'ANNULATION DE LA DETTE, ENTRE AUTRES MESURES,

POUR STIMULER LE DEVELOPPEMENT


Le Mexique et le Kenya s'offrent pour

accueillir la conférence sur le financement du développement


Le Comité préparatoire de la Réunion de haut niveau chargée d’examiner la question du financement du développement a consacré ses travaux cet après-midi à un débat dans lequel sont intervenus les représentants du Nigéria, du Canada, du Népal et de la Norvège.  La Réunion internationale de haut niveau est prévue pour le premier semestre 2001 et, à ce jour, le Mexique et le Kenya se sont portés candidats à l'accueillir.  Les intervenants ont examiné les différents modes de financement du développement, en particulier la place qu'occupent les ressources financières nationales et internationales dans le financement du développement ainsi que le système commercial international et les arrangements systémiques.


Les délégations ont reconnu la priorité à accorder à la mobilisation des ressources nationales pour le financement du développement ainsi que la place qu'occupent les conditions préalables à un accroissement des taux d’investissement et des taux d’épargne.  Elles ont cité l’existence d’un cadre macroéconomique sain, qui doit être accompagné d’un environnement extérieur favorable à l’expansion des économies. Les débouchés et gains commerciaux, qui sont à l’origine de l’investissement et de l’épargne, ne peuvent être assurés dans un système commercial international dans lequel subsistent des barrières tarifaires et non tarifaires.  Des appels ont été lancés pour une amélioration de ce système qui passe par une participation accrue des pays en développement au processus de prise de décisions commerciales.


Les gains commerciaux dépendant aussi de la stabilité des prix à l’exportation et des taux de change, les délégations ont souligné la nécessité de renverser la tendance à la détérioration des termes de l’échange et aux fluctuations monétaires, lesquelles sont accentuées par une augmentation des flux de capitaux privés à court terme hautement spéculatifs dont la volatilité compromet le maintien des équilibres financiers et économiques.  Dans ce cadre, la réforme de l’architecture financière internationale a été réclamée tout comme celle des institutions de Bretton Woods – Banque mondiale et Fonds monétaire


international (FMI), qui de l'avis de quelques délégations, n’ont pas toujours été à la hauteur des espoirs fondés en elles.  Des délégations ont souligné que dans l’état actuel des choses, les ressources nationales des pays en développement ne pourront couvrir tous les besoins en développement.  Elles ont mentionné, à ce titre, les 2 500 milliards de dollars de dettes et le service de la dette auquel les pays en développement consacrent un tiers de leur budget annuel.  Si elles se sont félicitées de l’Initiative HIPC/PPTE, les délégations ont toutefois indiqué qu'une telle mesure ne concerne que 20 pays et une fraction des 220 milliards de la dette globale.  A leur avis, la solution réside dans l’annulation pure et simple de la dette des pays très pauvres.


L'importance des ressources financières internationales a été soulignée et, à ce titre, le rôle de l’aide publique au développement (APD) a été confirmé de même que celui de l’investissement étranger direct (IED).  Si les délégations ont appelé leur partenaire de développement à honorer leur engagement de 0,7% de leur PNB à l’APD, elles les ont également appelés à prendre des mesures plus vigoureuses pour assurer une répartition plus équitable de l’IED.  Et les Nations Unies, de l'avis de quelques délégations, pourraient jouer un important rôle dans ce cadre, puisque l’Organisation est la seule à jouir d'une autorité morale et légitime qui requiert l'assentiment d'un grand nombre d'Etats.


La réunion de haut niveau poursuivra ses travaux demain mercredi 14 février à 10 heures.


Contributions au processus préparatoire de fond et préparatifs de la Réunion internationale de haut niveau chargée d'examiner la question du financement du développement à l'échelon intergouvernemental


Déclarations


M. AUSTIN PETER OSIO (Nigéria) a souligné le lien entre toutes les sources de financement du développement en expliquant, par exemple, que l’existence d’un système financier instable, à l’échelle internationale, peut avoir des effets néfastes sur la capacité d’un pays de mobiliser des ressources nationales, qui constituent comme chacun le sait, la première source de financement du développement.  En conséquence, la bonne gestion des ressources nationales par une participation accrue des citoyens au processus de prise de décision ne peut que bénéficier de la participation des représentants de ces mêmes citoyens aux institutions internationales chargées des questions systémiques dans les domaines financier, monétaire ou commercial.  C’est la raison pour laquelle, les pays en développement n’ont cessé de demander une participation équitable aux processus de prise de décisions des institutions de Bretton Woods.  La bonne gouvernance et la démocratie pourraient ainsi partir du niveau international pour influencer le niveau local, et ce, dans l’intérêt de ceux qui ont des besoins en développement.


Evoquant la question de la dette, le représentant a déclaré qu’une situation dans laquelle les pays en développement sont contraints de consacrer plus d’un tiers de leur budget annuel au paiement du service de la dette ne laisse guère de chance aux ressources nationales de financer le développement.  Il a jugé que l’annulation de la dette est la seule solution possible.  S’agissant du commerce, le représentant a jugé urgent de régler la question de la chute des prix des produits de base, en particulier ceux provenant des pays africains.  Il a conclu sur la question de l’APD en appelant les partenaires de développement à honorer leur engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à ce type d’aide.  Il a constaté que la chute de l’APD s’accompagne d’un accroissement de l’IED et d’autres flux de capitaux privés qui restent mal répartis entre les pays en développement.  L’Afrique, a-t-il dit, a besoin de l’IED, un investissement qui ajoute de la valeur au développement et génère des revenus et de l’épargne, et qui, en conséquence, permet la mobilisation des ressources nationales.


M. JIM CROWE (Canada) a déclaré que trois éléments essentiels doivent être pris en compte pour assurer le financement du développement.  Premièrement, il faut rester concentré sur l'objectif fondamental du développement qui, pour le Canada, est la réduction de la pauvreté.  En second lieu il doit y avoir une étroite collaboration entre toutes les organisations internationales pertinentes et, en particulier, le FMI, la Banque mondiale, l'OMC et les Nations Unies.  Le Canada pense aussi que les banques régionales de développement doivent pleinement participer au processus de financement du développement et doivent être présentes à la Réunion internationale.  Troisièmement une collaboration étroite doit être instaurée au niveau national entre les différents ministères concernés, qu'ils soient à vocation domestique ou internationale, tant dans les pays développés que dans ceux en développement.  Pour être un succès, le processus du financement du développement doit aller plus loin que la simple compilation ou le reflet des résultats des grandes conférences des années 90.  Nous devons aller plus loin en essayant d'identifier les domaines où les responsabilités politiques et programmes des différentes entités se chevaucheront afin de trouver des moyens par lesquels des synergies plus efficaces puissent être générées en vue de contribuer à la mobilisation des ressources du développement.  Des convergences de vue et des domaines de progrès potentiels existent.  On peut mentionner l'intégration des questions commerciales dans les plans de développement nationaux et de réduction de la pauvreté: la promotion de l'appropriation de leur propre processus de développement par les pays, la coopération accrue entre les donateurs bilatéraux et multilatéraux, la réponse opportune aux problèmes d'endettement des pays pauvres très endettés et les actions additionnelles visant à renforcer l'architecture internationale afin de faire face aux crises financières.  Le Canada pense que les relations entre les organisations internationales, leurs politiques et leurs programmes, doivent être partie intégrale des travaux de la Réunion internationale et devraient être pris en compte dans son résultat final.


M. DURGA BHATTARAI (Népal) a estimé que nous vivons aujourd’hui à une époque de paradoxe où l’on voit des progrès remarquables côtoyer une pauvreté abjecte.  Malgré la libéralisation commerciale, les obstacles tarifaires subsistent, le fossé numérique s’élargit et l’inégalité entre les pays persiste.  Les conférences internationales se sont pourtant bien efforcées de promouvoir une approche de solidarité et de présenter la mondialisation comme une opportunité de développement.  La vérité est que l’APD n’a cessé de baisser et que la dette des pays en développement n’a cessé de s'accroître.  En conséquence, la Réunion internationale de haut niveau doit être orientée vers l’action et non vers des promesses vaines.  Elle doit s’attaquer aux questions de l’IED dans les pays en développement, de l’allègement de la dette et de l’instauration d’un système commercial, financier et monétaire stable et équitable.  Le représentant a plaidé pour l’aide extérieure qui, selon lui, permet de générer des ressources nationales.  Il faut briser le cercle vicieux en faisant de sorte que l’aide étrangère complète véritablement les ressources nationales.


M. TROND FOLKE LINDBERG, Directeur général adjoint du Ministère des affaires étrangères de la Norvège, a déclaré que la Réunion internationale de haut niveau sur le financement du développement doit s'achever par la création de mécanismes de suivi qui préservent et développent plus avant les relations de travail établies entre la Banque mondiale, le FMI, l'OMC et les Nations Unies.  Les mécanismes devront respecter cependant les mandats spécifiques et les responsabilités de chacune de ces organisations.  Comme l'a déclaré la Suède, au nom de l'Union européenne, l'impact des investissements sur le développement doit être discuté avec le secteur privé, et nous devons ensemble poursuivre la mise en œuvre de politiques d'inclusion visant à améliorer la qualité de la coopération intergouvernementale au sein des Nations Unies. 


Il est désormais reconnu que des cadres nationaux sains et transparents sont indispensables aux activités de développement.  Des efforts concertés comme ceux qui ont abouti à la mise en place du Cadre intégré des Nations Unies pour le développement (UNDAF) et du Cadre de développement de la Banque mondiale doivent être encouragés, car ces mesures sont des outils importants dont peuvent se servir les autorités et populations nationales pour s'assurer l'appropriation du processus de développement.  L'évènement de haut niveau devrait renforcer le consensus émergent sur le fait que le facteur décisif derrière le développement durable est l'obtention de résultats tangibles en terme de mise en œuvre des politiques.  Le dernier point sur lequel la Norvège insiste, est qu'il est


inacceptable que la naissance d'un consensus sur les objectifs internationaux du développement se soit accompagnée d'une chute spectaculaire de l'APD.  Notre pays appelle les pays développés à respecter l'engagement qu'ils avaient pris de verser 0,7% de leur PND à l'APD, et nous leur demandons aussi de consentir des annulations de dette aux pays en difficulté dans le cadre de l'initiative PPTE.  Concernant l'accès aux marchés, la Banque mondiale a clairement démontré dans ses dernières publications l'impact désastreux des restrictions actuelles à l'entrée des produits des pays en développement sur les marchés des pays riches.  Une nouvelle fois, ces derniers traînent les pieds face aux efforts que déploient les pays en développement.


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