En cours au Siège de l'ONU

DEV/2283

UNE GESTION MACROECONOMIQUE SAINE CONJUGUEE A UN FLUX DE CAPITAUX EXTERNES SOUTENU POURRAIT, ENTRE AUTRES, FAVORISER LE DEVELOPPEMENT

13/02/2001
Communiqué de presse
DEV/2283


Comité préparatoire de la réunion

internationale de haut niveau chargée

d'examiner la question du financement du

développement à l'échelon intergouvernemental

Deuxième session

3ème séance - matin


UNE GESTION MACROECONOMIQUE SAINE CONJUGUEE A UN FLUX DE CAPITAUX EXTERNES SOUTENU POURRAIT, ENTRE AUTRES, FAVORISER LE DEVELOPPEMENT


Les Etats-Unis mettent en garde contre

une ingérence dans les affaires du FMI et de la Banque mondiale


Le Comité préparatoire de la Réunion internationale de haut niveau chargée d'examiner la question du financement du développement à l'échelon intergouvernemental a entendu ce matin des délégations évoquer les questions de financement du développement, de la mobilisation des ressources nationales et financières internationales, de l'aide publique au développement (APD), du commerce, de la dette et des questions systémiques.  A ce sujet, le représentant des Etats-Unis a observé que si la Réunion sur le financement du développement est un évènement nécessaire, comme l'ont souligné l'ensemble des délégations, son pays estime cependant que cette rencontre devra se dérouler dans un cadre consensuel et respectueux des mandats et prérogatives des différentes parties prenantes.  Il s'est félicité de la coopération des Nations Unies, sous l'égide desquelles se tiendra la Réunion, et de celle des institutions de Bretton Woods et de l'Organisation mondiale du commerce.  Toutefois, les Etats-Unis s'opposeront à toute tentative d'interférence de l'ONU dans la gouvernance et dans les mécanismes de prise de décision de ces institutions, a insisté le représentant, qui a observé que les discussions pour le financement du développement ne devront pas aboutir à une ingérence dans les affaires des institutions de Bretton Woods.  Pour leur part, les délégations de la Malaisie et du Cambodge ont souligné l'inefficacité des politiques préconisées par le FMI  lors de la crise financière qui a frappé les pays d'Asie en 1997.


La Malaisie, a dit le représentant de ce pays, insiste pour que le FMI renforce ses capacités de diagnostic financier et évite d'imposer la même recette à des pays dont les problèmes n'ont rien en commun.  La mondialisation ne peut être imposée à tous à tout prix, a dit le représentant qui a déclaré que les pays d'Asie devaient poursuivre la mise en œuvre de conditions aboutissant à la création d'un Fonds monétaire asiatique qui seul pourrait rapidement et efficacement répondre à tout danger de crise dans la région.   


Intervenant sur les questions commerciales, le représentant du Bangladesh a dénoncé le refus de certains pays développés de mettre pleinement en œuvre les accords passés dans le cadre du Cycle des négociations d'Uruguay.  A ce sujet, a-t-il fait remarquer, il est inacceptable que les crêtes tarifaires imposés à certains produits importants pour les pays en développement en ce qui concerne leur accès aux marchés des pays riches atteignent aujourd'hui parfois 350% de leur valeur.  Les pays développés devraient accorder un accès sans quota et sans tarifs douaniers exorbitants aux produits des pays défavorisés.  Le représentant des Etats-Unis a fait remarquer que son pays, qui est l'un des marchés les plus importants pour les produits et services des pays en développement avait acheté au cours de l'année 2000 près de 600 milliards de dollars de produits en provenance des pays du Sud.


Reconnaissant l'importance des bénéfices engendrés par les échanges commerciaux dans le financement du développement des pays en développement, et notamment les moins avancés d'entre eux, le représentant a rappelé que les Etats-Unis avaient adopté au cours de l'année écoulée des mesures favorables à l'accès de produits en provenance des pays du Sud à leur marché.  Des mesures ont été prises qui sont favorables aux pays africains et à ceux des Caraïbes, il s'agit de l"African Growth Opportunity Act" et de l'Initiative de promotion du Bassin des Caraïbes.


A l'exception des pays déjà cités, les délégations des pays suivants ont pris la parole: Bhoutan; Fédération de Russie; Maroc, République populaire démocratique lao, Viet Nam, Danemark, ex-République yougoslave de Macédoine, Afrique du Sud, Cuba, Egypte, Ghana et Indonésie.  Les représentants du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) sont intervenus.


Le Comité préparatoire poursuivra ses travaux cet après-midi à 15 heures.  Il tiendra un dialogue interactif sur la mobilisation des ressources financières internes.

Contributions au processus préparatoire de fond et préparatifs de la Réunion internationale de haut niveau chargée d'examiner la question du financement du développement à l'échelon intergouvernemental


Déclarations


M. BRUCE JENKS, Directeur du Bureau des ressources et des partenariats stratégiques du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a déclaré que si la mondialisation est un fait économique incontournable, la Déclaration du millénaire est aussi, pour sa part, un fait politique marquant.  Les dirigeants du monde s'y sont engagés à atteindre certains objectifs pour la réalisation desquels le financement pour le développement représente un outil majeur.  Une importante recommandation est celle qui a trait au lancement d'une campagne quinquennale pour atteindre les objectifs du millénaire.  Le PNUD est disposé à collaborer avec tous ses partenaires pour soutenir cette campagne.  Le rapport du PNUD de l'année 1990, avait défini le développement humain comme un processus visant à donner aux gens le maximum de choix pour leur plein épanouissement.  La mondialisation a accru la capacité des Etats à agir et à avoir des interactions à leur niveau national et avec leur environnement régional.  Mais dans un environnement où ils sont aussi plus exposés, les Etats n'ont plus droit aux erreurs stratégiques, et il est vital qu'ils prennent surtout des mesures favorables à leurs entreprises locales.  Le PNUD soutient les recommandations du rapport du Secrétaire général qui visent à renouveler et renforcer la coopération technique internationale et les investissements dans le développement des ressources humaines.  Nous pensons que la mondialisation doit être une force positive pour les populations de la planète.  Les chefs d'Etat ont reconnu que nous avons la responsabilité collective d'améliorer les conditions de vie de tous les peuples et de donner à chaque individu les moyens de jouir de sa dignité, et de l'égalité et de l'équité à un niveau mondial.  Le PNUD espère que la Réunion sur le financement du développement permettra de trouver les moyens de tenir cette promesse.


M. FREDERICK WEIBGEN, Représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a indiqué que le Sommet mondial de l’alimentation aura lieu en novembre, cinq années après le premier Sommet.  Ce Sommet a pour objectif de renforcer la lutte contre la famine, étant donné que le nombre de personnes concernées n’est tombé qu’à 8 millions par an au lieu des 20 millions nécessaires pour réaliser l’objectif fixé en 1996 de réduire de moitié la famine d’ici à l’an 2015.  Le Sommet de cette année examinera les moyens pratiques de surmonter les obstacles liés au financement et les problèmes relatifs à l’établissement des priorités.  C’est dans ce contexte que la FAO suit avec attention les travaux du Comité préparatoire.  Elle attend de lui qu’il approfondisse la réflexion sur les moyens de mieux financer le développement du secteur agricole afin de réaliser l’objectif fixé en 1996.


M. OM PRADHAN (Bhoutan)a souligné que la capacité d’un pays à mobiliser des ressources nationales suppose qu’il soit doté d’une réelle capacité de production ou de services générateurs de revenus.  Or, dans la plupart des pays en développement, il n’existe pas de base économique suffisante pour générer des ressources nationales.  Ces pays ont donc besoin de ressources externes et, à l’échelle internationale, d’un régime commercial leur permettant d'établir une base économique susceptible d'engendrer des ressources nationales.  Quand bien même ces ressources seraient disponibles, elles resteraient insuffisantes au vu des défis qu’ils doivent relever.  Il faudrait en conséquence souligner l’importance du financement extérieur surtout en ce qui concerne les pays à revenus faibles.  Il est également important d’établir clairement les circonstances dans lesquelles l’aide publique au développement (APD) est préférable aux prêts commerciaux et privés ou à l’investissement étranger direct (IED), a estimé le représentant.  L’IED a un rôle à jouer dans le développement mais seulement pour des projets commerciaux particuliers qui peuvent tirer parti des avantages et de la situation d’un pays.  Si nous ne voyons pas la différence, nous risquons d’être confrontés à une lourde dette comme la situation de certains pays le montre.  En conséquence, la pertinence des ressources nationales, des flux de l'IED et du recours aux prêts commerciaux par opposition à l’APD doit être confrontée aux réalités d’un pays, a expliqué le représentant.


M. YURIY ISAKOV (Fédération de Russie) a estimé que l'évolution de l'économie internationale justifie pleinement l'organisation de la Réunion internationale sur le financement du développement.  La Fédération de Russie est heureuse de la participation de la société civile et des Commissions économiques régionales à la préparation de la Réunion.  Le processus préparatoire a eu l'avantage de confirmer l'établissement de normes communes de travail et nous nous félicitons de la participation des institutions de Bretton Woods.  La Fédération de Russie est satisfaite que l'Organisation mondiale du commerce prenne part à la Réunion.  L'accès aux marchés, le renforcement du secteur financier, l'IED et la rationalisation des politiques économiques pour les rendre plus sensibles aux pays en développement et en transition sont notre premier souci.  Nous espérons que la participation de la société civile, du secteur privé et des Etats et institutions internationale permettra de trouver des réponses à tous les problèmes qui se posent.  Nous considérons le rapport du Secrétaire général comme une bonne base de travail pour nos travaux, mais regrettons sa publication tardive.


M. AHMED AMAZIANE (Maroc) a souligné que la session du Comité préparatoire se tient au lendemain de la Déclaration du millénaire des chefs d'Etat et de gouvernement qui se sont fixés comme objectif principal la réduction de moitié de la pauvreté d’ici à l’an 2015.  La Réunion internationale devra se faire à un niveau de représentation élevé avec la participation de représentants des ministères des finances et du commerce extérieur.  Il s’est félicité de l’offre du Mexique et de la déclaration d’intérêt du représentant du Kenya en arguant qu’avec des consultations, un accord pourra émerger pour un lieu.  Le représentant a estimé que trois principes doivent guider la conduite des travaux et des réflexions du Comité préparatoire.  Il a cité l’autonomie de l’action nationale, en particulier pour les pays en développement.  Ceci est d’autant plus important dans les situations de crises où les pays en développement devraient pouvoir prendre des mesures pour protéger leurs économies des chocs externes importants.  Le représentant a cité le développement des règles internationales, en particulier en matière de commerce international.  Il a cité la nécessité d’instaurer la solidarité entre les pays du Nord et les pays du Sud et en général, entre les nantis et les pauvres.


Dans un contexte de mondialisation et d’interdépendance, a-t-il dit, les efforts nationaux peuvent donner des résultats insuffisants s’ils ne sont pas appuyés par un environnement économique international propice.  Il a plaidé pour que la communauté internationale encourage les flux des capitaux dans les pays en développement et qu’elle trouve un moyen de résoudre leur volatilité et leur concentration dans quelques pays.  Il faut également trouver un consensus sur les mesures incitatives pour encourager l’IED.


S’agissant de l’APD, le représentant a souligné la coïncidence fâcheuse du déclin de cette aide depuis 1992, soit depuis la première grande conférence des Nations Unies.  L’APD représente aujourd'hui 0,2% du PNB des pays de l’OCDE, ce qui représente un manque à gagner de 49 milliards de dollars pour les pays en développement.  S'agissant de la question de la dette, il s’est félicité de l’Initiative HIPC/PPTE tout en se disant convaincu que les pays à revenus intermédiaires, particulièrement ceux de la tranche inférieure dont le PNB par habitant est de 1000 à 1500 dollars, devraient bénéficier de l’allègement de la dette pour consacrer davantage de ressources au développement social.


Concernant le commerce international, le représentant a évoqué les statistiques de la CNUCED selon lesquelles les barrières commerciales représentent un manque à gagner de près 100 à 500 milliards de dollars pour les pays en développement.  Le représentant a plaidé pour une libéralisation des marchés en ce qui concerne les produits et services pour lesquels les pays en développement ont un avantage comparatif.  Il a plaidé en faveur d'institutions internationales représentatives dans lesquelles les pays en développement peuvent faire valoir leurs intérêts et leurs préoccupations.  Ces pays, a-t-il dit, ne sauraient être les spectateurs d’un système qui influe sur leur sort.  En créant ce type d’institutions, nous serons plus à même de stabiliser le système monétaire international, a estimé le représentant en souhaitant qu’il soit mis fin à la marginalisation de l’ONU en ce qui concerne le développement économique et social en la dotant de ressources suffisantes pour qu’elle puisse jouer son rôle dans la mise en œuvre des engagements internationaux pris dans les années 90.


M. ALOUNKEO KITTIKHOUN (République populaire démocratique lao) a observé que les pays sans littoral accordent la plus grande importance à la Réunion sur le financement du développement et en attendent des retombées.  En raison de leur handicap géographique, nos pays souffrent des déséquilibres dans les échanges internationaux.  Nous consacrons 18% de nos recettes d'exportation au transport et à l'assurance alors que les autres pays en développement u consacrent 8%.  Les problèmes et les besoins propres aux pays sans littoral devraient donc être traités avec davantage d'attention pour favoriser leur intégration à l'économie mondiale.  Nous présenterons à cet égard des recommandations au Comité.  Concernant l'aide publique au développement (APD), nous estimons qu'elle doit être accompagnée d'une assistance technique efficace pour lui donner des chances d'être employée là où il le faut.  Concernant le commerce, de multiples facteurs, dont les coûts de transport, l'absence d'infrastructures routières et d'entreposage, l'éloignement des Etats sans littoral des grands marchés mondiaux sont de lourds handicaps.  Nous demandons que nos pays reçoivent un traitement préférentiel pour pallier les facteurs qui enlèvent de leur compétitivité à nos produits.


M. LE HOIA TRUNG (Viet Nam) a associé sa délégation aux déclarations de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (ANASE) et du Groupe des 77 et de la Chine.  Comme l'ont dit les chefs d'Etat et de gouvernement lors du Sommet du millénaire, la tâche essentielle est celle de maîtriser les forces de la mondialisation et en répartir au mieux les bénéfices et avantages.  Les solutions que nous chercherons doivent s'appuyer sur les expériences du passé.   Dans la conception de sa stratégie économique nationale, le Viet Nam considère les ressources nationales comme décisives et les ressources extérieures comme complémentaires mais importantes.  Nous reconnaissons le bien-fondé de certaines exigences et notamment la responsabilité qui est la nôtre de créer un


environnement favorable par de bonnes politiques, des institutions fonctionnelles et des mesures justes soutenant la mobilisation des ressources domestiques et extérieures.  Le Viet Nam veut développer une économie multisectorielle en tant que membre de la zone de libre-échange de l'ANASE et de l'APEC pour en tirer parti, et nous sommes en négociation pour devenir membre de l'OMC.


Bien qu'il soit important de discuter des ressources domestiques, des mesures ayant trait aux programmes et aux voies et moyens de réformer les stratégies internationales pour les adapter aux réalités de chaque nation et aux besoins du développement humain sont indispensables.  Il faut que la communauté internationale aborde la Réunion internationale sous l'angle de l'amélioration du cadre international pour le rendre plus favorable au développement. Le rapport du Secrétaire général montre clairement les distorsions dans les pays industrialisés et dans le système du commerce multilatéral, qui ne sont pas favorables aux pays en développement.


M. HASMY AGAM (Malaisie) a plaidé pour la réforme de l’architecture financière internationale afin de la rendre capable d’assurer la stabilité et l’efficacité des marchés.  Le fait que les fonds spéculatifs puissent dominer, voire manipuler les marchés, en particulier dans les économies faibles, est une préoccupation grave qui mérite toute l’attention requise.  La réticence de certains groupes d’admettre le rôle dévastateur des fonds spéculatifs pendant la crise qui a secoué l’Asie peut témoigner de la confiance dans le système du marché, a reconnu le représentant qui a jugé difficile de comprendre pourquoi ces fonds devraient être surprotégés.  La question, a-t-il dit, n’est pas d’abolir les institutions qui gèrent ces fonds mais de garantir qu’elles opèrent conformément aux règles établies comme celles qui existent dans les autres institutions financières.  Ces institutions qui se livrent à la spéculation doivent également jouer un rôle dans la stabilisation des marchés financiers, a souhaité le représentant.


Les mesures visant à stabiliser le système financier international doivent inclure une réforme substantielle des institutions financières internationales, a poursuivi le représentant.  Sans remettre en question la légitimité des institutions de Bretton Woods, il a défendu l’idée de renforcer leur transparence et leur responsabilité.  Les crises financières qui ont secoué l’Asie, a-t-il estimé, ont mis en lumière les dangers et les conséquences des politiques du FMI.  Il a réitéré son appel en faveur du renforcement des capacités diagnostiques du FMI qui fera abandonner son attitude “paternaliste” et ses politiques “à taille unique”.  La nouvelle architecture financière internationale doit pouvoir gérer la mondialisation pour assurer l’efficacité des marchés des capitaux mais à partir de règles équitables applicables à la fois aux détenteurs de capitaux et aux pays récipiendaires, a insisté le représentant.


En Asie, a-t-il rappelé, des efforts sont en cours pour promouvoir des mécanismes régionaux susceptibles de répondre aux situations de crises.  Une des approches consiste à établir un mécanisme financier régional pour compléter le rôle du FMI et défendre toute devise régionale soumise à des attaques.  A cet égard, le représentant a défendu l’idée d’un Fonds monétaire asiatique en affirmant que les pays de la région continueront de travailler pour faire de ce Fonds une réalité.  Sur l’importance des ressources nationales pour le développement, le représentant a souligné l’importance d’un environnement externe capable d’appuyer les efforts visant, par exemple, à faire face à une chute brutale des prix à l’exportation, aux fluctuations soudaines des taux de change ou à l’instabilité du système financier international.  Une gestion macroéconomique saine, au niveau national, doit être appuyée par une transparence dans les activités des opérateurs financiers, à l’échelle internationale, comme les gestionnaires des fonds de pension ou les banques d’investissements, a conclu le représentant.


MME ELLEN MARGRETHE LOJ, Secrétaire d'Etat au Ministère des affaires étrangères du Danemark, s'est félicitée de la création du Panel de personnalités de haut niveau sur le financement du développement.  Elle a rappelé que la Charte donnait à l'ONU le mandat d'œuvrer en faveur du bien commun sur le plan économique et social.  La mondialisation a changé la nature des défis qui se posent au développement et elle menace de marginalisation les pays les plus pauvres et les plus défavorisés.   La Réunion internationale est une occasion unique de regarder de près toutes les opportunités de financement qui peuvent s'offrir en faveur du développement.  Le Danemark est d'avis que les pays développés doivent réaffirmer leur volonté politique de consacrer une APD accrue au développement.  Cette APD est indispensable pour la réduction de la pauvreté, le renforcement des capacités humaines et la création d'un cadre de développement favorable au secteur privé.  La deuxième remarque de notre pays a trait à l'impact de l'IED, qui est indispensable aux pays du Sud pour leur donner les chances d'un développement durable, a dit Mme Loj.  Sa mobilisation exige que les pays en développement élaborent des cadres régulatoires transparents.  Enfin, nous estimons que le commerce est le troisième domaine dont nous devrons discuter.  L'accès de leurs produits dans les marchés du Nord est indispensable aux pays du Sud.  Et sur ce problème, la question des secteurs des textiles et de l'agriculture, où les pays en développement ont des avantages comparatifs certains, doit être discutée.  Il est nécessaire que l'ONU joue pleinement son rôle dans le processus qui s'engage, et où les institutions de Bretton Woods et l'OMC doivent aussi assumer leurs responsabilités.


M. LAMBE ARNAUDOV, Vice-Ministre de l’économie de l’ex-République yougoslave de Macédoine, a souligné que pour les pays de la région, le processus de développement signifie la finalisation de la transition et l’intégration à l’espace économique de l’Union européenne.  Cela signifie aussi une plus grande croissance de tous les segments de l’économie, la libéralisation du commerce extérieur, davantage d’investissements directs et le règlement de la question de la dette.  Le processus est de nature très complexe parce qu’il exige une volonté politique réelle et la détermination de tous les partenaires du développement, a dit le représentant en estimant que les efforts de la communauté internationale doivent aboutir à une mobilisation des ressources humaines, matérielles financières aux fins du développement.  L’ex-République yougoslave de Macédoine a, au cours des dix dernières années, entrepris des réformes substantielles pour faciliter son entrée dans la modernité et l’économie de marché, a insisté le représentant.


Le représentant a indiqué que son pays négocie actuellement son entrée à l’OMC, en soulignant une nouvelle fois, que le principal objectif économique est d’attirer les investissements étrangers par l’instauration d’une stabilité macroéconomique, l’amélioration de la transparence dans les institutions publiques et l’adhésion aux normes commerciales reconnues internationalement.  Si elle reconnaît l’importance qu’il y a à mobiliser les ressources nationales, l’ex-République yougoslave de Macédoine a besoin de ressources externes.  A cet égard, le pays met tout en œuvre pour se conformer aux normes et aux exigences de la Banque mondiale et du FMI et les accords signés avec ces deux institutions conjugués à la détermination du pays à accélérer les réformes, favorisent l’environnement requis pour les investissements étrangers.  D’ailleurs, a souligné le représentant, selon les chiffres des mêmes institutions, l’ex-République yougoslave de Macédoine a atteint un taux de croissance du PNB de 5 à 6% par an, venant ainsi en tête des 26 pays à économie en transition.


MME JEANETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a déclaré que le monde développé a le devoir de travailler avec les pays africains en matière de développement pour lequel luttent les peuples du continent.  Il est anormal, a-t-elle poursuivi, que la croissance économique qu'ont connue ces dernières années les pays développés, n'ait eu aucun impact positif sur les pays d'Afrique et d'autres pays en développement qui ont pourtant pris des mesures courageuses de libéralisation, de privatisation de leurs entreprises publiques et d'ouverture de leurs marchés pour se mettre au diapason des recommandations et objectifs internationaux.  Tant que les mesures qui  touchent la majorité des pays du monde seront prises sans leur consultation et leur participation, aucun progrès ne pourra désormais s'accomplir en matière commerciale et économique internationale.  Au nombre des questions dont discutera la Réunion internationale, le problème de la dette des pays en développement doit être traité dans sa globalité et réglé une fois pour toutes, et l'Afrique du Sud est satisfaite que la Banque mondiale et le FMI participent aux travaux du Comité préparatoire.  Nous sommes pour que le financement du développement se déroule dans le cadre et le respect  des engagements de la Déclaration du millénaire.


M. BRUNO RODRIGUEZ PARILLA (Cuba) a regretté, dans le rapport du Secrétaire général, l’absence de suggestions concrètes concernant les moyens avec lesquels les pays en développement peuvent financer leur développement.  Les politiques macroéconomiques sont importantes pour le développement mais il ne faut pas perdre de vue que les pays en développement connaissent toujours des problèmes structurels.  Le représentant a jugé utile qu’une analyse soit faite sur le caractère hétérogène des pays en développement et que des solutions viables et concrètes soient trouvées pour chacun des cas.  Le représentant a jugé que la libéralisation commerciale n’est pas encore réalisée puisque que les pays développés se montrent de plus en plus protectionnistes et qu’ils renoncent progressivement à octroyer des traitements spéciaux et différenciés.  Le représentant a plaidé pour un système commercial équitable et prévisible susceptible de contribuer à la croissance des pays en développement et pour un climat international qui favorise l’élimination de la pauvreté.  S’agissant de la question de la dette, il a estimé que l’Initiative HIPC/PPTE ne peut être considérée comme la solution puisqu’elle montre de plus en plus  son caractère non viable.  La seule solution réside dans l’annulation de la dette pour les pays pauvres très endettés et dans l'adoption de mesures pour régler de façon définitive la dette des pays à revenus intermédiaires dont la dette se chiffre à 80% de celle des pays très endettés.  Après avoir stigmatisé la chute constante de l’APD malgré les engagements pris et fréquemment renouvelés, le représentant s’est attarder sur les questions systémiques pour appeler à une réforme réelle du système monétaire et financier international, en particulier des institutions de Bretton Woods.  Se félicitant de la “nouvelle souplesse” de ces institutions, le représentant a néanmoins fait observer que jusqu’ici les choses n’ont pas dépassé le stade des paroles, des idées et des discours.


M. REDA BEBARS (Egypte) a observé que la Déclaration du millénaire a tracé la voie à suivre pour une bonne discussion du financement du développement.  Les objectifs à atteindre sont notamment l'élimination de la pauvreté, la réforme de l'architecture financière internationale, la résolution du problème de la dette et la prise de mesures économiques et commerciales favorables aux PMA.  La Réunion sur le financement du développement peut aider à réaliser ces objectifs.  Le rapport du Secrétaire général montre les bénéfices qui peuvent être tirés d'une amélioration de la coopération économique internationale.  Nous devons faire face aux questions actuelles en adoptant une méthode qui permette à toutes les parties prenantes au processus de s'exprimer et de participer à la mise en œuvre des décisions qui seront prises à l'issue de la Réunion.  Nous ne pensons pas que les mandats des institutions financières multilatérales internationales soient mis en cause par le processus que nous avons engagé.  L'Egypte pense que le développement et la mise en œuvre de pratiques protectionnistes sont des violations flagrantes des engagements internationaux.  Comment peut-on parler de bonne gouvernance et de démocratisation et de  droits de l'homme alors que sont violés les droits des peuples des pays en développement en matière socioéconomique?


M. NANA EFFAH-APENTENG (Ghana) a regretté que le rapport du Secrétaire général ne projette pas une vision de développement dans laquelle les  gouvernements, les nations, la société civile et le secteur privé ont un rôle à assumer.  Si le rapport fait du développement un cas moral, il faut pourtant souligner avec fermeté que le financement du développement ne concerne pas seulement les pays en développement car si la mondialisation ne fonctionne pas pour tous, elle finira par ne fonctionner pour personne.  Le financement du développement n’est pas une question de financement mais une question de développement, le type de développement qui améliore la qualité de vies dont le financement découle d’une situation favorable.


Il ne fait aucun doute que les pays en développement doivent mettre en place des politiques macroéconomiques pour stabiliser leurs économies, améliorer leurs activités économiques et prévenir la fuite des capitaux.  Mais en discutant de la mobilisation des ressources nationales, il faut accorder l’attention requise aux obstacles présents et identifier, de manière réaliste, les éléments qui dépassent la capacité des pays en développement et les leur fournir.  En cela le rapport du Secrétaire général est pertinent, en particulier lorsqu’il évoque l’impact d’une libéralisation incontrôlée de l’industrie nationale.  La question est de savoir comment attirer les investissements et les flux de capitaux privés, a dit le représentant en se félicitant des initiatives prises jusqu’ici dont celle de l’Union européenne de financer à hauteur de 2,2 milliards d’euros une Facilité d’investissements dans le cadre des Accords de Cotonou.


Stigmatisant le déclin de l’APD, le représentant a appelé les partenaires de développement à honorer leurs engagements en se montrant plus souples et en adoptant, par exemple, une approche consistant à financer les budgets plutôt que les projets.  Le représentant a plaidé pour une assistance dans la diversification de la production et pour un appui aux processus d’intégration régionale.  Le représentant a soulevé les questions de l’accès des produits du Sud aux marchés du Nord et de la dette extérieure.


M. ANRAWUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a dit que son pays pense que la communauté internationale devra chercher les voies et moyens de développer et de faciliter le flux des investissements privés en direction des pays en développement.  Pour les pays en développement, ces investissements devront en priorité être dirigés vers la construction d'infrastructures physiques.  Nous soutenons la proposition du Secrétaire général qui encourage le développement de courants d'investissements privés de pays en développement à pays en développement.  Le Bangladesh croit à la création de structures et de règles transparentes pour attirer les capitaux à long terme.  A cet effet, notre gouvernement a créé un Conseil national des investissements et a promulgué un certain nombre de lois pour faciliter le processus régulatoire.  Nous savons tous que les accords conclus dans le cadre du Cycle d'Uruguay n'ont jamais été complètement mis en œuvre, et aujourd'hui le niveau des tarifs douaniers appliqués aux exportations des pays en développement est de 12% dans les pays riches, alors que des crêtes tarifaires imposées à certains produits importants pour nos pays atteignent même parfois 350%.  Par conséquent, concernant la question commerciale, nous partageons la proposition du Secrétaire général de libéraliser totalement les échanges.  Ceci veut dire que les pays développés devront permettre l'accès sans douane et sans quota aux produits des pays en développement qui ne touchent pas le secteur militaire.  Le Bangladesh s'oppose d'autre part à toute mesure prétendant lier des considérations environnementales ou de normes de travail au commerce. Concernant les questions systémiques, nous soutenons les efforts déployés par les institutions de Bretton Woods pour réformer leur fonctionnement interne, mais nous sommes d'avis que ces efforts devraient se faire avec à l'esprit les impératifs de la mondialisation.


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a estimé que la Réunion internationale est une occasion unique d’adopter une nouvelle approche de la mondialisation.  Pour le représentant, il faut rechercher un consensus autour d’un certain nombre d’objectifs et susciter la volonté politique nécessaire pour en faire des objectifs réalisables.  Les acteurs de la mondialisation sont nombreux et ceux représentant la société civile et le secteur privé doivent avoir leur rôle à jouer.  Dans ce cadre, il convient de renforcer la participation des pays en développement dans le processus de prises de décisions économiques, financières et monétaires.  Les temps imposent l’inclusion, a dit le représentant avant d’appuyer l’ordre du jour proposé pour la Réunion de haut niveau.


La mondialisation et la libéralisation du commerce et des finances, a-t-il regretté, ont fini par éclipser l’approche solidaire en matière de développement prônée lors de la Conférence de Rio.  Aujourd’hui, les engagements pris dans les années 90 n’ont jamais été réalisés et les grandes espérances suscitées à l’époque se sont évaporées.  De ce fait, la nécessité de mobiliser des ressources nationales et internationales aux fins du développement représente un défi fondamental.  Bien que les ressources internes soient d'une importance cruciale, elles ne suffisent pas pour financer le développement d’où le caractère essentiel du financement extérieur, a insisté le représentant en arguant que le grand défi est de remettre en route le financement du développement sur une base prévisible.  Il faut recentrer l’APD pour le rendre plus efficace en matière de développement.  A ce titre, les pays développés doivent honorer leur engagement relatif à l’objectif de 0,7% et les pays donateurs celui relatif à 0,2 de l’APD pour les PMA.  Dans le cadre, le représentant a souligné la nécessité de trouver une solution à la dette. 


Le représentant a argué que les stratégies actuelles n’ont pas pu résoudre la question.  Il s'est toutefois félicité de l’Initiative HIPC/PPTE et celle en faveur des PMA.  Il a préconisé une annulation de la dette officielle des pays pauvres très endettés et l’adoption de mesures efficaces pour régler les problèmes d’endettement des pays à faibles et à moyens revenus.  Il a voulu la mise en place d’un système commercial équitable et fondé sur les intérêts de tous.  Il a mis en garde les pays développés contre les partis pris en matière d’exportation et les a invités à réduire les barrières tarifaires et non tarifaires.  Les accords conclus dans le cadre du Cycle de l’Uruguay doivent être pleinement appliqués et l’OMC doit accorder davantage d'attention à la libéralisation du commerce des produits et services pour lesquels les pays en développement ont un avantage comparatif, a dit le représentant en soulignant l’importance qu’il y a à ce que la Réunion de haut niveau aboutisse à l’adoption d’une déclaration politique, d’un plan d’action global et d’un mécanisme de suivi efficace.


M. JOHN DAVIDSON (Etats-Unis) a observé que son pays représente un des plus grands marchés puisqu'il reçoit des produits et des services des pays en développement.  En 1999, les Etats-Unis ont acheté pour plus de 500 milliards de dollars de biens et services provenant de pays en développement et les prévisions ont fixé ce chiffre à quelque 600 milliards de dollars en l'an 2000.  Les Etats-Unis viennent aussi de prendre des mesures favorables aux PMA d'Afrique, notamment grâce à l'adoption de «l'African Growth and Opportunity ACT -(AGOA)» et aux Caraïbes grâce à l'Initiative de promotion du Bassin des Caraïbes.  L'AGOA fournira des avantages aux pays africains, en particulier dans le domaine des textiles.  Notre pays, a dit M. Davidson, soutient l'assistance technique au commerce international et le renforcement des capacités et nous travaillons sur de nombreux programmes d'assistance technique bilatéraux et multilatéraux comme celui de l'«International Trade Center».  Nous croyons que le processus préparatoire à la Réunion internationale sur le financement du développement doit viser à créer un consensus sur tous les points évoqués de manière pertinente dans le rapport du Secrétaire général.  Un Consensus existe déjà sur un certain nombre de points touchant, entre autres, la création d'infrastructures de transport, les télécommunications, l'éducation, la création de régimes libéraux d'investissements et de commerce et la priorité donnée au privé ainsi que l'accès amélioré au crédit en faveur des petites et moyennes entreprises et des femmes et des minorités.


Nous pensons que la mobilisation des ressources nationales est une priorité et que pour y arriver nous devrons examiner les voies et moyens permettant la création d'institutions opérationnelles et transparentes, de l'état de droit, et de la mise en place de cadres régulatoires transparents et prévisibles.  De même, il serait utile de parler de politiques qui soient favorables à la croissance et aux pauvres lesquelles doivent inclure le commerce et le financement du développement.  Enfin, nous sommes prêts à parler d'une assistance internationale en vue de compléter les efforts déployés au niveau des pays, y compris du meilleur usage de l'APD.  Si nous sommes d'accord que l'ONU a bénéficié de la coopération des institutions de Bretton Woods et de l'OMC dans la préparation de la session du Comité préparatoire de la Réunion, nous sommes cependant d'avis que ces dernières doivent conserver leur plein mandat dans la suite du processus.  Les Etats-Unis s'inquiètent que le financement du développement soit utilisé comme un prétexte par les Nations Unies pour s'ingérer dans la gouvernance et les mécanismes de prise de décision de la Banque mondiale, du FMI et de l'OMC.  Toute tentative de ce genre saperait la crédibilité de ces institutions et les efforts mêmes de l'ONU dans le domaine du développement.  Et les Etats-Unis s'y opposeraient.


M. OUCH BORITH (Cambodge) a souligné que la mobilisation des ressources nationales doit être appuyée par un environnement externe favorable.  En la matière, les efforts peuvent être gravement compromis par la baisse des prix à l’exportation, les fluctuations des taux de change ou l’instabilité du système financier international.  L’instauration d’une politique macroéconomique saine et d’une bonne gouvernance doit être accompagnée par une certaine dose de transparence dans les activités des opérateurs des marchés financiers mondiaux comme les fonds de pensions ou les banques d’investissements.  La mobilisation des ressources nationales ne signifie pas uniquement l’augmentation du taux d’épargne.  Les ressources nationales et les taux d’épargne ne peuvent augmenter que si la stabilité et le développement sont assurés.  Cette évidence, le Cambodge en a tenu compte lorsqu’il a mis en place sa “stratégie triangulaire”. 


Le représentant a expliqué que la première phase de cette stratégie consiste à consolider la paix, à renforcer la stabilité et à maintenir la sécurité.  La deuxième phase vise à accélérer l’intégration dans l’économie régionale et internationale, à normaliser les relations avec les institutions financières internationales et à consolider les partenariats avec la communauté internationale des donateurs et la société civile.  La troisième phase est de mettre le pays sur la voie du développement et des réformes par la démobilisation militaire et policière, les réformes fiscales, administratives et judiciaires, la lutte contre la corruption et l’instauration de la bonne gouvernance.  Venant aux questions de l’investissement étranger et des flux des capitaux privés, le représentant a commenté la recommandation du rapport du Secrétaire général concernant le code de bonne conduite pour les sociétés multinationales.  Il a estimé que la référence faite aux directives de l’OCDE est quelque peu “présomptueuse” et qu’elle écarte les préoccupations des pays en développement qui ne cessent de faire observer que l’OCDE est un club de 24 pays développés et que le Pacte mondial initié par les Nations Unies exige un accord préalable entre les pays développés et les pays en développement.


Abordant la question de l’APD, le représentant a dénoncé le fait qu’elle soit liée à des conditionnalités comme la démocratie et le respect des droits de l’homme.  Il a souhaité que la Réunion internationale de haut niveau examine la question tout comme elle doit examiner la question de la participation inadéquate des pays en développement dans les processus de réforme de l’architecture financière internationale et dans la gouvernance des institutions financières internationales.


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