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LE CONSEIL SE FELICITE DE L'INSTAURATION D'UN GOUVERNEMENT DE TRANSITION AU BURUNDI ET DEMANDE A LA REBELLION ARMEE D'ENTAMER DES NEGOCIATIONS EN VUE D'UN CESSEZ-LE-FEU

08/11/01
Communiqué de presse
CS2210


Conseil de sécurité                                         CS/2210

4406e et 4408e séances – après-midi                          8 novembre 2001


LE CONSEIL SE FELICITE DE L'INSTAURATION D'UN GOUVERNEMENT DE TRANSITION AU BURUNDI ET DEMANDE A LA REBELLION ARMEE D'ENTAMER DES NEGOCIATIONS EN VUE D'UN CESSEZ-LE-FEU


A la suite de consultations avec les pays membres de l'Initiative régionale pour la paix au Burundi, le Conseil de sécurité a rendu publique, par la voix de sa Présidente, Mme Patricia Durrant (Jamaïque), une déclaration présidentielle dans laquelle les membres du Conseil se félicitent de la mise en place le 1er novembre 2001 d'un Gouvernement de transition "largement représentatif et ouvert à tous".  Prévu pour trente-six mois, ce Gouvernement sera dirigé pendant dix-huit mois par l'actuel Président Pierre Buyoya, représentant du G-10 (alliance de partis tutsis) avec un vice-Président issu du G-7 (alliance de partis hutus).  Pendant les dix-huit mois suivants, ce dernier deviendra Président avec un Vice-Président du G-10.


Dans la déclaration, les membres du Conseil se félicitent de la poursuite de l'Initiative régionale et saluent, dans ce cadre, le déploiement des premiers éléments de la présence multinationale de sécurité chargée d'assurer la protection des dirigeants politiques qui retournent dans le pays.  A ce propos, au cours de la brève séance publique que le Conseil a tenue avant les consultations, le Président de l'Initiative régionale et Ministre des affaires étrangères de l'Ouganda, M. James Wapakabulo, a rappelé que si dix-neuf partis politiques burundais ont signé l'Accord de paix et de réconciliation d'Arusha le 28 août 2000, deux groupes armés, les Forces pour la défense de la démocratie (FDD) et les Forces nationales pour la libération (FNL) n'ont toujours pas souscrit à l'accord et rejettent à ce jour le cessez-le-feu.


D'ailleurs, dans leur déclaration, les membres du Conseil condamnent les attaques de civils commises récemment par ces deux groupes armés et déclarent que la mise en place d'un Gouvernement représentatif fait de la rébellion armée un moyen inacceptable d'expression politique.  Ils leur demandent en priorité d'entamer des négociations afin de parvenir à un cessez-le-feu définitif.  Chargés des négociations entre le Gouvernement de transition et l'opposition armée, le Président du Gabon et la vice-Présidente de l'Afrique du Sud ont, par la voix du Président de l'Initiative régionale, requis le soutien du Conseil de sécurité.  Au nom des pays de la région, M. James Wapakabulo a d'ailleurs averti le Conseil de leur intention de prendre toutes les mesures nécessaires si le CNDD et les FNL persistent dans leur intransigeance.


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La séance no. 4407 était privée.

Sur le plan humanitaire et économique, les membres du Conseil, à l'instar du Représentant spécial du Secrétaire général dans la région des Grands Lacs et Président de la Commission de suivi de l'application de l'Accord de paix d'Arusha, M. Berhanu Dinka, ont demandé à la communauté internationale d'accroître son assistance, notamment en honorant les engagements pris à la Conférence des donateurs tenue en 2000 à Paris.


Soulignant l'engagement de la communauté internationale au Burundi, la Présidente du Conseil, Mme Patricia Durrant, en a voulu pour preuve la réunion du Conseil avec les pays membres de l'Initiative régionale.


LA SITUATION AU BURUNDI


Déclarations


M BERHANU DINKA, Représentant spécial du Secrétaire général pour la région des Grands Lacs, a rappelé les événements qui ont précédé la prise de fonction du Gouvernement de transition le 1er novembre : l’Assemblée nationale a adopté une constitution provisoire et les dirigeants politiques sont rentrés d’exil.  Le Représentant spécial a déclaré que la prise de fonction du Gouvernement de transition constituait une étape importante dans le processus d’Arusha.  Tous ceux qui ont appuyé le processus sont plein d’espoirs qu’elle marquera le début d’une nouvelle époque, a-t-il souligné, tout en indiquant qu’il revenait maintenant aux dirigeants politiques burundais d’assurer son succès.  Les priorités du Gouvernement transitoire, comme l’a annoncé le Président Pierre Buyoya, sont la négociation du cessez-le-feu, l’élection de conseils dans les communes, le retour des réfugiés et la réforme des forces armées.  Le Représentant a également déclaré que le Président Buyoya avait affiché sa volonté de contacter le Conseil de sécurité pour mettre en place une commission internationale d’enquête sur les crimes contre l’humanité et qu’il créera une Commission vérité et réconciliation.  Le représentant a rappelé que Nelson Mandela, jusqu’alors facilitateur du processus, passait le relais au Comité de suivi et d’application auquel il participera.  Il y a lieu de faire preuve d’un optimisme prudent, a déclaré le Représentant spécial, même s’il reste des tâches redoutables à accomplir.  Il a indiqué qu’ainsi les deux groupes armés avaient augmenté leurs pressions depuis la prise de fonctions du nouveau gouvernement.  Ils doivent toutefois réaliser que le moment est venu de déposer leurs armes et de se joindre à leurs compatriotes dans la recherche d’une paix durable au Burundi, de se réconcilier et de s’orienter vers la reconstruction et le développement, a observé le Représentant spécial. 


La force régionale déployée au Burundi est une force palliative, a indiqué le Représentant, en attendant son remplacement par la force panburundaise.  Il est urgent que la communauté internationale donne les moyens nécessaires à cette force, a-t-il insisté.  Cela exige des ressources importantes.  L’autre défi urgent est la reconstruction du pays, a-t-il poursuivi.  La population du Burundi devrait comprendre que ce qui s’est passé la semaine dernière est plus qu’un partage du pouvoir, mais pour cela il faut changer sa vie.  A cet égard, le Représentant spécial a suggéré que la communauté internationale augmente l’assistance humanitaire au Burundi.


Le Représentant spécial a fait plusieurs propositions pour que la communauté internationale continue à appuyer le processus de paix.  Il a suggéré que le Conseil de sécurité invite les groupes armés à engager des négociations et signer un cessez-le-feu, qu’il exprime son appui à la force régionale en place et qu’il demande aux parties burundaises de la soutenir. Sur le plan financier, il a proposé que le Conseil exhorte les donateurs à fournir des ressources financières suffisantes pour que la force régionale puisse s’acquitter de son mandat, qu’il coopère avec le nouveau Gouvernement et enfin qu’il demande aux pays donateurs de débloquer les ressources promises à la conférence de Paris en 2000.


M. JAMES F. WAPAKABULO, Vice-Premier Ministre, Ministres des affaires étrangères de l’Ouganda et Président de l’Initiative régionale de paix au Burundi, a appelé à la prudence en soulignant la tâche énorme qui consiste à consolider les acquis et à garantir des progrès supplémentaires par un appui au Gouvernement de transition pendant cette phase « délicate » de mise en œuvre de l’Accord de paix d’Arusha.  Dans ce cadre, il a indiqué que la priorité doit porter sur la participation de l’opposition armée au Gouvernement, à savoir le CNDD-FDD et les FNL.  Les négociations entre le Gouvernement de transition et l’opposition doivent se poursuivre, a souligné le Ministre en appelant le Conseil de sécurité à user de toute son influence sur ces groupes.  Nous sommes prêts, a-t-il insisté, à travailler avec vous mais aussi à prendre toutes les mesures nécessaires si ces deux groupes armés campent sur leur position.


Parmi les autres défis, le Ministre a cité la formation de la nouvelle armée nationale et la constitution du parlement et des autres institutions de la transition.  A cet égard, il a souligné que le Gouvernement de transition et la Commission de suivi de la mise en œuvre de l’Accord d’Arusha continueront à avoir besoin d’appui et d’encouragement.  Pour la première fois, a-t-il poursuivi, les perspectives de cessez-le-feu au Burundi nous rapprochent de la possibilité de transformer les forces négatives en République démocratique du Congo en forces positives au Burundi et de réduire ainsi l’ampleur de la tâche de la MONUC III en matière de désarmement. 


Parlant de la force de maintien de la paix que le Conseil devrait déployer au Burundi conformément à l’Accord d’Arusha, le Ministre a estimé qu’une force régionale pourrait être, en attendant, formée et déployée, qui fera respecter les dispositions contenues dans l’Accord.  Il a appelé le Conseil à appuyer le second cycle de l’Initiative régionale menée par le Président du Gabon et la Vice-Présidente de l’Afrique du Sud visant à l’établissement d’un cessez-le-feu.  Il a appelé le Conseil à envoyer un message fort sur sa disposition à déployer une force de maintien de la paix adéquate aussitôt que le cessez-le-feu sera respecté.  Enfin, il a appelé les Nations Unies et la communauté internationale à mobiliser les ressources nécessaires pour l’assistance humanitaire et la reconstruction économique en appui au processus de paix.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré que la prise de fonction du Gouvernement de transition était un jalon positif vers la paix au Burundi.  Elle a ajouté que la réunion du Conseil de sécurité avec les pays de l’Initiative de paix régionale était un événement et qu’elle témoignait de la volonté du Conseil de sécurité de maintenir un partenariat avec cette dernière.  La première priorité est désormais la fin des hostilités, a-t-elle souligné, en appelant les groupes armés à prendre part aux négociations.  Elle a précisé que toutes les parties devaient coopérer pour que le pays reprenne une vie normale.  Un échec se traduirait par une crise dans la région des grands lacs pour une décennie, a-t-elle rappelé.  Elle a attiré l’attention du Conseil sur la situation économique du pays, en indiquant que des efforts devaient être faits en ce sens maintenant que le Gouvernement est en place.


Déclaration du Président sur le Burundi


Le Conseil de sécurité se félicite de la mise en place du gouvernement de transition au Burundi le 1er novembre 2001 et demande à tous les Burundais d’oeuvrer de concert pour assurer le succès de ce gouvernement largement représentatif et ouvert à tous dans l’exercice de ses fonctions conformément aux accords qui ont permis sa constitution.


Le Conseil se félicite de la poursuite de l’Initiative régionale et, à cet égard, se félicite aussi du déploiement des premiers éléments de la présence multinationale de sécurité chargée d’assurer la protection des dirigeants politiques qui retournent dans le pays. Il demande à toutes les parties burundaises d’appuyer cette initiative et exprime sa gratitude au Gouvernement sud-africain pour la contribution qu’il apporte à la cause de la paix au Burundi.


Le Conseil exprime ses profonds remerciements à l’ancien Président Nelson Mandela pour avoir facilité avec dévouement le Processus d’Arusha, et il réitère l’espoir que la région et la communauté internationale pourront continuer de faire fond sur son autorité morale. Il se félicite des efforts faits par le Secrétaire général et son Représentant spécial pour les Grands Lacs, par l’intermédiaire de la Commission de suivi de l’application.


Le Conseil condamne les attaques de civils commises récemment par le FDD et les FNL, et est profondément préoccupé par la fréquence accrue de ces attaques. Il déclare une fois encore que la mise en place d’un gouvernement représentatif, conformément à un processus de paix sanctionné sur le plan international, fait de la rébellion armée un moyen inacceptable d’expression politique.


Le Conseil demande à nouveau que les hostilités soient immédiatement suspendues et que les groupes armés entament des négociations afin de parvenir à un cessez-le-feu définitif, ce qui constitue la priorité. À cet égard, il se félicite du rôle joué par le Président Bongo du Gabon et le Vice-Président Zuma d’Afrique du Sud et exprime tout son soutien aux efforts qu’ils entreprennent.


Le Conseil se déclare préoccupé par la situation humanitaire et des droits de l’homme au Burundi et demande une fois encore aux parties responsables de respecter pleinement les conventions internationales applicables.


Le Conseil demande à la communauté internationale d’accroître son aide humanitaire et d’aider au relèvement économique et au développement du Burundi, notamment en honorant les engagements pris à la conférence des donateurs tenue à Paris.


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