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CS/2177

DEBAT SUR LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT : DE NOMBREUX INTERVENANTS PRESSENT LE CONSEIL DE SECURITE D’AGIR AVANT QUE LA SITUATION NE DEVIENNE INCONTROLABLE

21/08/2001
Communiqué de presse
CS/2177


Conseil de sécurité

4357e séance (reprise) – après-midi


DEBAT SUR LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT : DE NOMBREUX INTERVENANTS PRESSENT LE CONSEIL DE SECURITE D’AGIR AVANT QUE LA SITUATION NE DEVIENNE INCONTROLABLE


Le Conseil de sécurité a achevé cet après-midi son débat sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, qui en deux jours aura permis à près de 50 Etats de s’exprimer.  Le réunion entamée hier a été convoquée à la demande du Comité de suivi de la neuvième Conférence islamique et du Groupe islamique des Etats Membres de l’ONU.  Profondément alarmés par la détérioration de la situation sur tout le Territoire palestinien occupé, les intervenants ont à nouveau jugé urgent de mettre un terme au cycle de la violence avant que les choses n’échappent à tout contrôle et que l’ensemble de la région ne bascule dans le chaos.  Dans ce contexte, le représentant du Liban a lancé un appel à la reprise des négociations entre Israël et les Palestiniens, mais aussi avec les Syriens et les Libanais, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil et aux accords conclus antérieurement.


A l’image du représentant de l’Indonésie, plusieurs orateurs ont craint que les manifestations que prennent cette détérioration, comme par exemple la saisie de la Maison d’Orient, le pilonnage de maisons civiles ou les assassinats sommaires de Palestiniens, ne traduisent en fait que la volonté d’Israël de revenir sur les accords signés et les engagements pris avec les Palestiniens. 


Mais les appels à l’arrêt des violences n’ont pas seulement été destinés à Israël et à l’Autorité palestinienne.  Rappelant que par deux fois déjà, le Conseil de sécurité a échoué dans l’adoption d’un projet de résolution autorisant le déploiement d’observateurs dans le Territoire palestinien occupé, plusieurs orateurs, dont le représentant de la Namibie ont demandé combien de temps encore le Conseil allait demeurer paralysé.  Pour eux, le Conseil de sécurité doit assumer ses responsabilités et agir.  Ils ont donc appelé à l’adoption d’une résolution dans laquelle le Conseil devrait notamment exiger d’Israël qu’il cesse immédiatement l’occupation de la Maison d’Orient et des autres institutions palestiniennes et ne mène plus d’actions mettant en péril la sécurité du peuple palestinien.  Il a été longuement insisté sur la nécessité impérieuse d’appliquer les recommandations du rapport Mitchell qui propose des mesures visant à mettre fin à la violence, le rétablissement de la confiance et la reprise des négociations.  Pour de nombreux intervenants, il est essentiel que l’application de ces recommandations démarre en la présence d’observateurs internationaux. 


Outre l’engagement du Conseil de sécurité, l’Observateur de la Ligue des Etats arabes a aussi exhorté le Secrétaire général des Nations Unies à s'investir afin de permettre au processus de paix de sortir de l’impasse.


Reprenant la parole à la fin du débat, le représentant d’Israël a réitéré la disposition de son Gouvernement à reprendre le dialogue dès qu’auront cessé tous les actes de violence.  Rappelant qu’Israël privilégie l’approche bilatérale, il a espéré que la prochaine rencontre annoncée entre Shimon Peres et le Président Arafat suggère un nouveau départ, dans la lignée du tournant historique d’Oslo.  Sur ce point, l’observateur de la Palestine a, quant à lui, craint que les conditions imposées par le Premier Ministre israélien ne permettent pas à cette rencontre d'aboutir à des résultats concrets.


Cet après-midi, le Conseil a entendu les interventions des Etats Membres suivants : Indonésie, Turquie, Inde, Namibie, Chypre, Liban, Cuba et Mexique.  L’observateur de l’Organisation de la Conférence islamique (OCI) et celui de la Ligue des Etats arabes ont également participé au débat.  Le représentant d’Israël et l’observateur de la Palestine ont aussi repris la parole.


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE


Déclarations


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a estimé totalement justifiée la convocation de la présente réunion d’urgence du Conseil de sécurité étant donnée la grande instabilité de la situation dans le Territoire palestinien occupé.  «Voilà maintenant un certain temps que l’Indonésie observe avec préoccupation la situation se détériorer».  Les manifestations que prennent cette détérioration, comme par exemple la saisie de la Maison d’Orient ou les assassinats sommaires de Palestiniens, ne traduisent en fait que des pratiques agressives et illégitimes de la part d’Israël, puissance occupante, et ce en contravention patente du droit international et des conventions et résolutions internationales.  Ces pratiques traduisent aussi la volonté israélienne de revenir sur les accords signés et les engagements pris avec les Palestiniens, a estimé M. Widodo. 


Par deux fois déjà, le Conseil de sécurité a échoué dans l’adoption d’un projet de résolution autorisant le déploiement d’observateurs des Nations Unies dans le Territoire palestinien occupé afin d’en protéger la population des persécutions israéliennes.  Aujourd’hui, plusieurs mois plus tard et plusieurs victimes palestiniennes supplémentaires, une question demeure toujours en suspens: le Conseil assumera-t-il sa responsabilité et mettra-t-il un terme à la culture de la violence démontrée par la force d’occupation?  Il est impossible à la Puissance occupante de continuer d’un côté d’appeler à la paix et de l’autre de mener des actions qui sont contraires à sa lettre et son esprit.  Ces actions unilatérales sont en train de porter un coup fatal au processus de paix parce qu’elles  modifient les conditions sur le terrain et par là-même le statut politique de Jérusalem.  Compte tenu de la gravité de la situation, le Conseil de sécurité a le devoir d’agir.  Il doit notamment exiger d’Israël de cesser immédiatement l’occupation de la Maison d’Orient et des autres institutions palestiniennes et de ne plus mener d’actions mettant en péril la sécurité du peuple palestinien.  La seule manière de parvenir à une paix durable est de reprendre les négociations et d’appliquer pleinement les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité.  A cette fin, il est essentiel que l’application des recommandations du rapport Mitchell démarre en la présence d’une force d’observateurs internationaux.  Au cœur de ce conflit vieux de plus de 50 ans se trouve la question de l’occupation de la terre palestinienne et du droit du peuple palestinien à l’indépendance et à l’autodétermination.  Ceux qui cherchent à empêcher l’inévitable ne font que mettre en danger la sécurité et la paix de leur propre population, a averti le représentant.


M. ALTAY CENGIZER (Turquie) s’est dit inquiet par la montée de la tension au Moyen-Orient et par l’insuffisance des efforts en vue d’encourager les mesures réciproques nécessaires pour briser le cercle vicieux de la violence.  Si les deux parties continuent de camper sur leurs positions, on peut craindre que l’ensemble de la région n’ait à souffrir des conséquences.  Les actes de terrorisme ne peuvent en aucune manière être justifiés et la Turquie estime que ces actes ne servent nullement la cause juste du peuple palestinien.  Elle demande par conséquent à l’Autorité palestinienne de prendre davantage de mesures contre les personnes qui s’adonnent ou qui incitent à la violence.  Dans le même temps,


il va sans dire que la réponse apportée à de tels actes doit être mesurée et proportionnée.  Encourager les extrémismes quels qu’ils soient ne fait que servir les intérêts des adversaires de la paix, a affirmé le représentant.  D’un autre côté, la fermeture de la Maison d’Orient par Israël ne fera pas fléchir la position de la communauté internationale sur la question du territoire palestinien occupé.  C’est pourquoi, ces mesures doivent être levées rapidement afin que la Maison d’Orient puisse retrouver rapidement sa fonction qui s’est avérée si utile pour la paix et la coexistence. 


«Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre davantage de temps et de vies humaines», a prévenu le représentant.  Le seul moyen de réaliser la paix est que les parties reprennent les négociations politiques.  La solution est contenue dans les résolutions du Conseil de sécurité, y compris les résolutions 242 et 338, dans les Accords de Madrid et d’Oslo et dans le principe de la terre contre la paix.  Les recommandations contenues dans le rapport Mitchell montrent la voie du retour à la paix.  Elles doivent donc être appliquées rapidement, sans que soient posées des conditions irréalistes.  Compte tenu de tous ces éléments, la Turquie pense que le déploiement d’une force d’observation impartiale dans la région est plus nécessaire que jamais.  Elle espère que les parties pourront parvenir à un accord sur un tel déploiement qui ne leur serait que bénéfique.


M. KAMALESH SHARMA (Inde) a exprimé sa profonde préoccupation face à l'escalade de la violence à Jérusalem, dans la Bande de Gaza, en Cisjordanie et dans d'autres régions palestiniennes et israéliennes.  Il a ajouté que le cycle tragique de la violence qui a endeuillé la région a mis en péril les perspectives de paix et de stabilité et conduit à des pertes en vies humaines et matérielles innombrables.  Il a déclaré qu'il est urgent de mettre un terme au cycle de violence avant que la situation n’échappe à tout contrôle et mis en garde contre les conséquences de cette violence sur la poursuite du processus de paix.  Le représentant a poursuivi en soulignant la nécessité de restaurer la confiance entre les parties afin qu'elles reprennent les négociations en vue de parvenir à un accord sur un statut final.  Tout en regrettant les pertes en vies humaines des deux côtés, il a condamné la fermeture de la Maison d'Orient et des autres édifices de l'Autorité palestinienne à Jérusalem ainsi que la réaction excessive aux incidents violents qui a conduit à l'exacerbation de la conflagration.  Il a exhorté les parties à se conformer aux résolutions du Conseil et aux accords conclus et les a appelées à observer la plus grande retenue afin de relancer et de consolider le processus de paix. 


M. AHMAD HAJI HOSSEINI (Organisation de la Conférence islamique) a estimé qu’Israël s'est lancé récemment dans un dangereux précédent dans la ville d'Al Qods Al Charif quand il a décidé de la fermeture de la Maison d'Orient et des institutions palestiniennes chargées des services sociaux et humanitaires au bénéfice des Palestiniens de la ville.  Jérusalem-Est, a rappelé l'intervenant, est considéré dans les résolutions du Conseil de sécurité comme partie intégrante du territoire palestinien occupé auquel toutes les dispositions internationales régissant les affaires des territoires occupés doivent s'appliquer.  Cette action superflue constitue une évolution grave et une nouvelle provocation à l'encontre des Musulmans du monde entier qui sont profondément attachés à la ville et ont, par rapport à elle, des liens religieux et spirituels séculaires. 


L'Organisation de la Conférence islamique, a poursuivi l'intervenant, lance un appel urgent au Conseil de sécurité pour qu'il prenne les mesures nécessaires pour fournir une protection au peuple palestinien et contraindre Israël à mettre fin à une campagne militaire sanglante.  Le Conseil doit aussi faire en sorte qu'Israël restitue les institutions palestiniennes de Jérusalem-Est et lève les restrictions imposées à l'entrée à la Mosquée Al-Aqsa et aux autres lieux de culte musulmans et chrétiens. La protection que l'Organisation de la Conférence islamique prône doit pouvoir empêcher Israël de continuer ses pratiques illégales et inhumaines contre le peuple palestinien et tracer la voie de la relance du processus de paix qui est bloqué depuis des années en raison des tactiques des gouvernements qui se sont succédés à la tête d'Israël consistant à retarder la mise en oeuvre des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et du principe de la terre contre la paix.


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a regretté que le Conseil de sécurité demeure inerte face à la situation tragique qui prévaut dans le Territoire palestinien occupé et se détourne des responsabilités qui lui ont été confiées par la Charte.  Il a dénoncé le fait que la communauté internationale laisse le carnage se poursuivre et condamné l'usage excessif de la force par l'armée israélienne contre les civils palestiniens ainsi que les exécutions extrajudiciaires et l'asphyxie imposée à l'économie par le blocus.  Ces actes constituent des violations de la quatrième Convention de Genève de 1949.  Le représentant a lancé un appel urgent à la cessation de la violence et demandé à la puissance occupante israélienne de se conformer à ses engagements internationaux et d'assumer ses responsabilités.  Il a estimé normal que le peuple palestinien se soulève contre l'occupation et la domination dont il est victime et ce d'autant plus que le Conseil de sécurité ne manifeste aucune volonté de se saisir de cette question de manière urgente et énergique.  L'occupation doit cesser, a poursuivi le représentant, la paix au Moyen-Orient sera durable lorsque le droit à l'autodétermination et le droit à disposer d'un Etat indépendant seront reconnus au peuple palestinien.  Afin de mettre fin au cycle de violence et aux violations massives, par Israël, des engagements pris en vertu des accords conclus avec les Palestiniens, M. Andjaba a suggéré la création d'une force d'observateurs des Nations Unies qui serait chargée de protéger les civils palestiniens.  Il a exigé la mise en oeuvre rapide des recommandations contenues dans le rapport Mitchell et demandé aux parties de reprendre la voie des négociations, estimant que la partie israélienne devrait se soumettre aux dispositions des résolutions 242 et 338 et à celle des accords conclus dans le cadre du processus de paix. 


M. DEMETRIS HADJIARGYROU (Chypre) a estimé que la situation actuelle montre à quel point combien tout long délai dans l’atteinte d’une solution au problème palestinien peut avoir des conséquences explosives.  Toutes les parties concernées et la communauté internationale dans son ensemble devraient prendre avec le plus grand sérieux la réalité quotidienne de ce conflit qui continue de manière inacceptable à coûter de nombreuses vies humaines.  C’est pourquoi, la délégation chypriote demande une fois de plus instamment aux deux parties de faire preuve de la plus grande retenue, leur rappelant qu’il a déjà été démontré à plusieurs reprises que la violence ne fait qu’aggraver les choses.  Partant, elle condamne tous les actes de terrorisme, quels qu’ils soient, y compris les récents attentats à la bombe à Jérusalem et à Haïfa.  Le représentant a aussi insisté pour qu’Israël cesse ses pratiques punitives sur la population palestinienne et évite toute réponse disproportionnée.  Il s’est dit profondément troublé par les récentes décisions israéliennes de fermer la Maison d’Orient et d’autres institutions palestiniennes à Jérusalem qui, selon lui, ne font qu’appeler la violence et vaciller un peu plus le processus de paix.  Chypre en appelle donc à l’Etat d’Israël pour qu’il revienne sur sa décision et respecte tous ses engagements relatifs à l’inviolabilité de ces institutions.  Chypre condamne aussi sans équivoque la pratique des exécutions extrajudiciaires de ressortissants palestiniens, mais dans le même temps elle demande à l’Autorité palestinienne de déployer davantage d’efforts pour contrôler les explosions de violence. 


Le représentant a estimé que la leçon à tirer de l’escalade actuelle, c’est qu’à moins de reposer pleinement sur le droit international, la paix demeurera très instable.  La solution à la question devra être perçue comme juste et acceptée comme telle par les populations concernées, sinon le ressentiment et l’adversité seront certainement les plus forts.  C’est pourquoi, la délégation chypriote soutient fermement l’application immédiate et complète des recommandations du rapport Mitchell qui devraient permettre de créer les conditions nécessaires à la reprise du processus de paix.  Pour ce faire, Chypre estime avec l’Union européenne et d’autres membres de la communauté internationale qu’un mécanisme de surveillance de la mise en œuvre des recommandations doit être mis en place. 


M. SELIM TADMOURY (Liban) a déclaré que la cause palestinienne connaît, depuis plus de dix mois, une phase critique qui dépasse l'entendement.  Il a condamné l'occupation de la Maison d'Orient qui est une violation grave des accords qui sont à la base du processus de paix depuis les Accords de Madrid et d'Oslo mais sont aujourd'hui foulés du pied par Israël. 


Le représentant a estimé que la sécurité ne saurait être imposée par la force, d'autant plus qu'Israël fait cela au mépris du droit humanitaire international.  Il a rappelé que, ces dernières années, un espoir de paix était né, notamment à la suite des garanties apportées par l'ancien Premier ministre israélien, Yitzhak Rabin, avant d'ajouter qu'à chaque fois que les perspectives de paix sont proches, l'arrogance et l'usage de la force par Israël l’emportent et compromettent tout progrès.  Israël doit se conformer aux accords conclus avec les Palestiniens, a déclaré le représentant, avant de réaffirmer les droits de ce peuple à l'autodétermination et à disposer d'un Etat.  Il a invité le Conseil à rétablir le droit au Moyen-Orient et notamment à contraindre Israël à mettre fin à l'occupation de la Maison d'Orient ainsi qu’à se prononcer pour l'envoi d'une force de protection internationale.  Il a lancé un appel à la reprise des négociations entre Israël et les Palestiniens, mais aussi avec les Syriens et les Libanais, conformément aux résolutions pertinentes du Conseil et aux accords conclus antérieurement.  Il a demandé un retrait du Golan syrien et demandé une restitution des terres encore occupées par Israël au Liban, de même que le respect d'Israël du droit du peuple palestinien à disposer d'un Etat indépendant.


M. ALI A. ABBAS (Ligue des Etats arabes) a déclaré que l'exacerbation des souffrances endurées par le peuple palestinien face à la répression de la puissance occupante exige du Conseil qu'il fasse pression sur Israël afin que ce dernier mette un terme à cette terreur d'Etat et reprenne le processus de négociations.  Faute d'intervention de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, le représentant a émis la crainte que la situation n'atteigne un stade de non retour.  Il a demandé à Israël de se conformer aux dispositions de la quatrième Convention de Genève et suggéré l'envoi d'une force internationale de protection.  Il a aussi exigé qu’Israël mette fin à l’implantation de colonies de peuplement et estimé que le Conseil devrait réaffirmer le droit au retour du peuple palestinien ainsi que son droit à disposer d'un Etat.  Le représentant a exhorté le Secrétaire général des Nations Unies à s'investir dans le processus de paix pour le faire progresser.  Selon lui, le Conseil doit aussi exiger qu’Israël cesse de fragiliser l'Autorité palestinienne.  Le Conseil doit adopter une résolution exigeant que le Gouvernement israélien restitue la Maison d'Orient, les autres édifices appartenant à l'Autorité palestinienne et mette un terme à l'état de siège dont est victime le peuple palestinien.  Il a demandé à la communauté internationale d'aider financièrement le peuple palestinien et enfin d'inciter Israël à revenir à la table des négociations et à mettre en oeuvre les recommandations du rapport Mitchell.  S'adressant aux Etats-Unis, le représentant a fait observer qu'il fallait faire prendre conscience à Israël que sa politique d'agression et d'occupation ne conduirait jamais à la paix et exhorté la délégation américaine à ne pas bloquer les initiatives du Conseil en faveur d'une solution urgente à la crise au Moyen-Orient.


M. BRUNO RODRIGUEZ (Cuba) a rappelé que c’est le cinquième débat sur la question du Territoire palestinien occupé que le Conseil de sécurité tient depuis septembre dernier et la visite provocatrice d’Ariel Sharon à la Mosquée d’Haram Al Charif.  A chaque fois, il apparaît plus clairement que les raisons de l’escalade tiennent à la poursuite de l’occupation du territoire palestinien par Israël et au non respect des accords signés.  Tant que cette situation perdurera, le cycle de la violence se répètera inévitablement, a prévenu M. Rodriguez.  Malgré la condamnation massive de la communauté internationale, Israël continue d’appliquer une politique d’exécutions sommaires et de violation des normes fondamentales du droit international.  Cuba condamne les attentats suicides à la bombe qui visent d’innocents civils israéliens, mais Cuba condamne également l’exploitation qui est faite de ces actes afin de remettre en cause le droit à la légitime défense du peuple palestinien. 


Les débats successifs sur la question ont montré clairement combien la communauté internationale tient à ce que le Conseil de sécurité agisse et assume ses responsabilités conformément à la Charte des Nations Unies.  Malgré cela, le Conseil continue de ne prendre aucune action concrète, alors qu’en d’autres occasions il s’est montré capable d’agir avec une rapidité surprenante.  Alors que des enfants souffrent et meurent chaque jour, les Etats-Unis bloquent tous les efforts en vue d’envoyer une force internationale de protection des civils palestiniens.  En tout, depuis 1973, les Etats-Unis ont exercé par 23 fois leur droit de veto sur des projets de résolution concernant la question palestinienne.  Pendant ce temps, ce même pays envoie à Israël les tanks, les missiles et autres avions de combat qui sont utilisés sur la population palestinienne, a fait remarquer le représentant.  Ce faisant, à ses yeux, un membre permanent du Conseil s’est transformé en complice de l’escalade de la violence, des assassinats massifs et des violations systématiques des droits de l’homme.  Or, il n’est aucune justification au délai dans le déploiement d’une force de protection ou d’un autre mécanisme impartial pouvant protéger les Palestiniens innocents et surveiller la situation sur le terrain.  C’est pourquoi Cuba demande au Conseil d’agir rapidement en ce sens.


Mme ROBERTA LAJOUS (Mexique) a exprimé sa vive préoccupation face à l'escalade de la violence au Moyen-Orient et a déploré les pertes en vies humaines, essentiellement des civils innocents, avant de déclarer que la violence engendre davantage de violence.  La représentante a regretté que les perspectives de paix et de règlement d’un conflit - que connaissent les Nations Unies depuis leur création - nées avec les Accords de Madrid et d'Oslo soient aujourd'hui compromises.  Elle a rappelé que les conditions d'une paix durable passent nécessairement par la reconnaissance de l'appartenance commune à une même région et une reconnaissance mutuelle.  Elle a rappelé que le droit à l'indépendance du peuple palestinien avait été préalablement reconnu avant de lancer un appel à la reprise des négociations de paix sur la base des recommandations contenues dans le rapport Mitchell.  La représentante s'est prononcée en faveur de la mise en place d'un mécanisme d'observation international et a réitéré l'engagement de sa délégation en faveur de la poursuite du processus de paix. 


M. YEHUDA LANCRY (Israël) a souhaité faire une mise au point à l’issue de la discussion qu’il a qualifiée de manifestement inégale dans son contenu.  Il a déclaré que la reconnaissance mutuelle contractée entre Israéliens et Palestiniens lors des Accords d’Oslo demeure un fondement majeur quant à la faculté des deux peuples d’affirmer le principe de leur coexistence.  Il a ajouté que ce principe conserve aussi toute sa substance en dépit de la tragique dérive qu’incarne la crise actuelle.  C’est au service de cet objectif que le Plan Mitchell se pose comme un outil nécessaire et efficace pour un retour à la logique de paix.  Le rapport Mitchell, accepté par les deux parties, se prête à une application immédiate pour peu que sa voie d’accès, c’est-à-dire la fin de la violence et du terrorisme, soit dégagée, a poursuivi M. Lancry.  Israël est prêt à l’arrêt de la confrontation tous azimuts imposée depuis près d’un an par les Palestiniens sous couvert d’Intifada, dès que le terrorisme palestinien aura laissé le champ libre au dialogue, a-t-il réitéré.  Pour lui, plutôt que d’encombrer la situation par l’intrusion de dispositifs internationaux fabriqués de toutes pièces, c’est au leadership palestinien d’assumer sa responsabilité en prenant la décision qui s’impose : évacuer tout relent terroriste nocif et néfaste à la paix et à sa laborieuse réalisation.  C’est à ce principe cardinal qu’avait adhéré le Président Arafat en signant les Accords d’Oslo, c’est à cette règle intangible qu’il doit assujettir son dialogue de paix, a affirmé l’Ambassadeur Lancry.


Le représentant a ensuite noté que la quasi-totalité du Conseil de sécurité à lors de ces deux jours de débat opposé une fin de non recevoir au terrorisme palestinien.  Il a ajouté que les dérives et énormités que génère immanquablement ce type de débat ne sont certainement pas le meilleur service à rendre à la cause palestinienne.  Indiquant de nouveau qu’il considérait le projet de résolution qui a été circulé comme totalement impraticable, il a expliqué que ce texte libère la partie palestinienne de toute responsabilité concernant ses pratiques terroristes, dénature le Plan Mitchell de sa dimension bilatérale et l’assujettit à un apparat international superflu.  Il a réitéré que l’approche israélienne privilégie la négociation bilatérale et directe sur la mise en application du rapport Mitchell et il a invité ses partenaires palestiniens à renouer le dialogue sur cette base.  Seul un retour à la genèse et aux sources vivifiantes de l’extraordinaire tournant historique depuis Oslo pourra nous permettre de transcender nos frustrations en vue de la paix et de la coexistence que méritent nos deux peuples, a déclaré

M. Lancry, avant de préciser que la rencontre annoncée entre Shimon Peres, Ministre des affaires étrangères d’Israël, et le Président Yasser Arafat, pourrait suggérer ce nouveau départ.


M. NASSER AL-KIDWA (observateur permanent de la Palestine) a déclaré que, conformément à la coutume, le Représentant permanent d'Israël aux Nations Unies avait fait des déclarations négatives et contradictoires qui exigent une réaction de sa part.  Il a dénoncé les propos du représentant d'Israël qui soupçonnait, hier, la Maison d'Orient d'abriter des activités terroristes.  Il a évoqué les déclarations faites depuis hier, au sein du Conseil, qui ont appuyé l'idée selon laquelle le Conseil doit faire quelques chose de tangible et mettre notamment en application le rapport Mitchell, tandis que d'autres délégués se sont prononcés en faveur d'un mécanisme d'observation international.  Tout en regrettant à son tour les attentats perpétrés contre Israël, l'Observateur a tenu à rappeler que de nombreuses délégations avaient condamné encore davantage les exactions perpétrées par les forces israéliennes et exigé la fin de l'occupation de la Maison d'Orient et d'autres édifices publics palestiniens.  Il a dénoncé les blocages infligés au peuple palestinien qui font de leur vie un enfer et demandé à Israël s'il ne serait pas temps de tourner la page du passé et de changer de comportement.  Il a fait observer que le projet de résolution critiqué par Israël reprend essentiellement des éléments agréés en mars dernier par les membres du Conseil.  Il a rappelé qu'il s'agissait uniquement, dans ce projet de résolution, d'exhorter les parties à reprendre les négociations et à appliquer les recommandations du rapport Mitchell.  Il a souhaité que le Conseil fasse preuve de compréhension face à la frustration de toutes les délégations qui souhaitent que cette situation d'oppression et d'injustice cesse.  S'agissant de l'entrevue entre le Président Arafat et le Ministre israélien des affaires étrangères, Shimon Pérès, M. Al-Kidwa a craint que les conditions imposées par le Premier Ministre israélien ne permettent pas à cette rencontre d'aboutir à des résultats concrets.  Il a demandé à Israël de changer d'attitude et exhorté la communauté internationale à assumer ses responsabilités conformément à la Charte des Nations Unies.


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