En cours au Siège de l'ONU

CS/2170

LE RETRAIT DE L’ONU DU TIMOR ORIENTAL DOIT ETRE CONFORME AUX BESOINS REELS DU PAYS APRES SON ACCESSION A L’INDEPENDANCE, ESTIMENT DES DELEGATIONS AU CONSEIL

30/07/2001
Communiqué de presse
CS/2170


Conseil de sécurité

4351e séance – matin & après-midi


LE RETRAIT DE L’ONU DU TIMOR ORIENTAL DOIT ETRE CONFORME AUX BESOINS REELS DU PAYS APRES SON ACCESSION A L’INDEPENDANCE, ESTIMENT DES DELEGATIONS AU CONSEIL


A la veille de l’indépendance du Timor oriental, la communauté internationale doit se garder de donner l’impression d’un désengagement au risque de permettre une nouvelle explosion de la violence, ont prévenu plusieurs délégations lors de la réunion d’information que le Conseil de sécurité a tenue sur la situation au Timor oriental, ce matin.  Axant son intervention sur les besoins qu’aura le territoire après son accession à l’indépendance, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO),

M. Sergio Vieira de Mello, a fait part des progrès réalisés au cours des six derniers mois.  La campagne électorale de six semaines en vue d'élire une assemblée constituante de 88 membres, a mis en lice, depuis le 15 juillet dernier, 16 partis politiques dont 14 ont signé un Pacte d'unité nationale par lequel ils s'engagent au respect des résultats du scrutin, au pacifisme et au respect mutuel et à la défense d'une démocratie pluraliste.  Devant être élue le 30 août 2001, l'Assemblée constituante commencera, le 15 septembre, ses 90 jours de rédaction d'une constitution, prélude à la proclamation de l'indépendance et aux élections présidentielles.


D'ici à la proclamation de l'indépendance, le Chef de l'ATNUTO a fixé à son opération les quatre objectifs que sont la consolidation de la sécurité, la tenue d'élections pacifiques et la création d'institutions démocratiques ainsi que la mise en place d'une structure de gestion des finances publiques et de prise de décisions politiques et l'établissement d'un cadre durable et efficace de gestion des affaires publiques.  Les prérogatives en la matière devraient être partagées avec le nouveau cabinet de transition élargi - cabinet d'unité nationale - que le Chef de l'ATNUTO compte nommer dès le 15 septembre conformément au résultat du scrutin. 


La proclamation de l'indépendance signifiant la fin des activités de l'ATNUTO, le Représentant spécial du Secrétaire général a cité le rapport intérimaire du Secrétaire général qui donne les projections d’une diminution de l’opération de l’ONU consistant à réduire d'ici à octobre 2001, le personnel de l'ATNUTO d'environ 35% et à supprimer d'ici décembre 2001 - date d'expiration du mandat de la mission – environ 75% du personnel civil international de l'ATNUTO et jusqu'à 20% du personnel international travaillant dans l'administration de l'ATNUTO.


Pour ce qui de l'après-ATNUTO, le Représentant spécial du Secrétaire général a attiré l’attention du Conseil sur les travaux du Groupe de travail chargé de réfléchir à une présence internationale de l'ONU conformément à la résolution 1338


adoptée par le Conseil de sécurité le 31 janvier 2001.  Dans ce cadre, il a appuyé l'idée de maintenir sur le terrain une composante civile comprenant les éléments essentiels d'une opération "importante" de maintien de la paix qui serait appuyée par une petite équipe de spécialistes de différents domaines chargés de poursuivre le processus de timorisation des emplois et de transfert des compétences. 


Sur cette question, le Membre du Cabinet transitoire chargé des affaires étrangères, M. José Ramos-Horta a argué de la "fragilité de la paix dans un pays qui sort de 25 ans de tensions politiques et de l'appréhension des Est-Timorais quant à l’après-élections" pour défendre la thèse d'un retrait graduel de l'ONU.  Ces propos ont été appuyés par plusieurs délégations dont quelques-unes ont jugé prématuré l'établissement, avant les élections, d'un calendrier de retrait.  La stratégie de sortie ne doit pas être confondue avec une stratégie de retrait a, par exemple, argué Singapour qui a souligné qu'il s'agit d'un processus plus long qui doit être défini en collaboration avec les futures instances dirigeantes du Timor oriental.  En l'occurrence, le seul critère valable doit être celui des besoins des Est-Timorais, ont dit en écho d'autres délégations en rejetant d'emblée toute considération budgétaire ou autre.


Dans ce contexte, le maintien d’une composante civile et de forces militaires et policières financées au moyen de quotes-parts; la fourniture d'une aide coordonnée de la part des organismes du système des Nations Unies; l'intervention des institutions financières et de développement; et une coopération étroite avec les pays de la région sont apparues, aux yeux, des délégations comme les piliers de la stabilité d'un Timor oriental indépendant.  A ce propos, le Chef de l'ATNUTO a rappelé les termes du Mémorandum d’accord, signé l’année dernière avec l’Indonésie, concernant la coopération en matière juridique, judiciaire et des droits de l’homme en lançant un appel au Gouvernement de ce pays qu’il publie le décret portant création d’un tribunal spécial sur les droits de l’homme qui rendrait possible la traduction en justice des 23 suspects dénoncés par le Procureur de la République indonésien. 


Réitérant la détermination de son pays à respecter ses obligations internationales, le représentant a jugé inacceptable que, dans son rapport intérimaire, le Secrétaire général recommande le maintien d’une force internationale importante aux frontières avec le Timor occidental sous prétexte que l’Indonésie n’aurait rien fait pour démanteler les milices.  Il s’agit, a argué le représentant, d’un processus long et complexe qui commence d’ailleurs à avoir des résultas comme le montre la diminution drastique, au cours des six derniers mois, des affrontements entre les forces de l’ATNUTO et les milices.  Le représentant a rejeté les accusations de l’ATNUTO selon lesquelles son pays serait impliqué dans la formation des milices et dans la fourniture d’armes. 


Outre les orateurs cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Royaume-Uni, Bangladesh, Tunisie, Etats-Unis, Fédération de Russie, Jamaïque, France, Colombie, Mali, Norvège, Irlande, Ukraine, Maurice et Chine ainsi que les représentants du Portugal, de l’Australie, de la Belgique, au nom de l’Union européenne et des pays associés, du Japon, des Philippines, du Brésil, de la République de Corée, de la Nouvelle-Zélande, du Canada et de la Thaïlande.


LA SITUATION AU TIMOR ORIENTAL


Rapport intérimaire du Secrétaire général sur l'Administration transitoire des Nations Unies au Timor oriental (S/2001/719)


      Dans ce rapport, le Secrétaire général indique que la dissolution, le

15 juillet 2001, du Conseil national - due au fait qu'une proportion importante de ses membres brigue un siège à l'Assemblée constituante- et l'ouverture, le lendemain, d'une campagne électorale de six semaines ont inauguré une nouvelle phase d'activité politique organisée.  A ce jour, seize partis se sont inscrits auprès de la Commission électorale indépendante pour présenter des candidats à un siège d'une Assemblée constituante de 88 membres qui doit être élue le 30 août 2001.  Aujourd'hui, deux groupes politiques se sont tenus à l'écart du processus électoral, à savoir le Front populaire est-timorais (BRTT), partisan de l'autonomie et le Conseil populaire de défense de la République démocratique du Timor oriental (CPD-RDTL) qui continue de s'opposer au scrutin au motif que le Timor oriental est devenu indépendant en 1975 et possède déjà une constitution.  Ce parti refuse d'ailleurs de reconnaître la légitimité du mandat de l'Administration transitoire (ATNUTO).


Une fois élue, l'Assemblée constituante devrait ouvrir ses travaux le

15 septembre 2001 pour rédiger une constitution en 90 jours.  Elle exercera aussi des fonctions législatives essentielles, sous l'autorité de l'ATNUTO qui continuera de détenir en dernier ressort les pouvoirs exécutif et législatif jusqu'à l'indépendance.  A ce propos, indique le Secrétaire général, son Représentant spécial compte nommer le 15 septembre, un nouveau cabinet de transition élargi composé entièrement d'Est-Timorais.  La composition de ce cabinet d'unité nationale sera de manière générale représentative du résultat du scrutin.  Il compterait en principe plus de portefeuilles ministériels et préfigurerait davantage de ce fait l'organigramme d'un gouvernement du Timor oriental indépendant.  Le Secrétaire général poursuit son rapport par un chapitre sur les activités de l'ATNUTO dans lequel il fait état de l'évolution des choses en ce qui concerne les finances, l'économie, l'enseignement et les services sociaux, les affaires étrangères, la réconciliation et la justice, la police, et les droits de l'homme.


Dans le chapitre consacré aux réfugiés, le Secrétaire général explique que, selon les résultats préliminaires communiqués par l'Indonésie, 98% des réfugiés auraient choisi de rester en Indonésie.  Toutefois, note le Secrétaire général, la désinformation et l'intimidation dont les réfugiés font l'objet, leur incertitude quant à l'avenir politique du Timor oriental et le fait qu'ils n'ont pu savoir s'ils conserveraient au Timor oriental les avantages auxquels ils ont droit en Indonésie peuvent avoir contribué à leur décision de ne pas retourner au Timor oriental, à ce stade.  Le Secrétaire général signale aussi que, bien que l'Indonésie n'ait pas encore mis en oeuvre toutes les mesures que le Conseil lui a demandé de prendre, y compris le désarmement et le démantèlement des milices, le Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité a dépêché, le

14 juillet 2001, une mission interorganisations d'évaluation de la sécurité qui analyse actuellement ses constatations.


En ce qui concerne la sécurité, le Secrétaire général annonce que depuis décembre 2000, les affrontements directs entre des milices et l'élément militaire de l'ATNUTO ont généralement diminué.  Il note néanmoins que le commerce et les mouvements transfrontières illicites demeurent préoccupants.  La facilité d'accès aux armes des milices accroît la menace que font peser les activités criminelles sur les forces de sécurité et sur la population locale ainsi que le risque d'escalade des différends entre civils.  Certains dirigeants des milices, ajoute pourtant le Secrétaire général, ont poursuivi les efforts de réconciliation au cours des six derniers mois.  Toutefois, la légèreté des peines prononcées contre les six inculpés qui ont avoué avoir participé à l'assassinat de trois fonctionnaires du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) le 6 septembre 2000, les chefs d'inculpation dérisoires retenus à l'encontre d'un chef de milice bien connu et la peine de prison insignifiante à laquelle il a été condamné ont encouragé certains éléments extrémistes à planifier la reprise des actions offensives visant à déstabiliser le Timor oriental avant la tenue des élections et l'accession à l'indépendance.  Le Secrétaire général précise que, dans ce cadre, l'ATNUTO dispose actuellement d'une force de 7 953 hommes sur un effectif autorisé de 8 950 hommes.


Venant au chapitre consacré à la Mission appelée à succéder à l'ATNUTO, le Secrétaire général indique que le Groupe de travail chargé de planifier l'après-ATNUTO a commencé à réfléchir à une présence internationale.  Le Groupe s'efforce maintenant de déterminer des fonctions spécifiques et un calendrier.  Il est clair, souligne le Secrétaire général, que la taille de la mission sera sensiblement réduite.  Ainsi, la composante civile comprendrait les éléments essentiels d'une opération de maintien de la paix importante dirigée par un Représentant spécial du Secrétaire général.  Le représentant résident du PNUD/coordonnateur résident des Nations Unies pourrait être nommé Représentant spécial adjoint du Secrétaire général.  La mission devrait également comporter un bureau des affaires juridiques, un bureau chargé des relations publiques et un bureau chargé de l'administration.  La mission devrait aussi maintenir un bureau de liaison à Jakarta.  Une composante droits de l'homme efficace devrait constituer un élément essentiel de la mission et une composante assistance électorale sera sans doute nécessaire, affirme le Secrétaire général.  Il ajoute qu'il sera nécessaire de maintenir, au sein de la mission, une petite équipe de spécialistes de différents domaines qui poursuivront le processus de timorisation des emplois et de transfert des compétences.  On prévoit, dit-il, que ces services ne seront pas nécessaires pendant plus de deux ans.  Sous réserve des travaux de planification en cours, le Secrétaire général précise que le personnel de l'ATNUTO financé au moyen de quotes-parts sera réduit d'environ 35% d'ici à la fin octobre 2001.  D'ici à la fin du mandat en cours, il devrait être possible de supprimer 75% du personnel civil international de l'ATNUTO et jusqu'à 20% du personnel international civil qui travaille actuellement dans l'administration de l'ATNUTO.  


Poursuivant, le Secrétaire général estime que jusqu'à ce que les 3 000 policiers est-timorais soient complètement formés et puissent s'acquitter de tâches de police classiques, il sera nécessaire de maintenir un élément de police civile des Nations Unies.  Il ajoute que la Force des Nations Unies devra continuer à maintenir un climat de sécurité, grâce notamment à une forte présence dans les zones frontalières.  En annexe de son rapport, le Secrétaire général présente une table des principaux objectifs de l'ATNUTO et les projections des réalisations attendues à la fin de chaque trimestre.


Déclarations


M. SERGIO VIEIRA DE MELLO, Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur transitoire du Timor oriental, a cité les quatre objectifs principaux de l’ATNUTO à ce stade, à savoir consolider la sécurité et un environnement stable; orienter le Timor oriental par la création d’institutions démocratiques et d’élections pacifiques; mettre en place l’édifice de la gestion des finances publiques et de la prise de décision; et établir un cadre pour une gestion des affaires publiques durable et efficace.  Insistant sur l’organisation des élections, il a indiqué qu’au début de ce mois, 14 des 16 partis inscrits aux élections ont signé un Pacte d’unité nationale démontrant ainsi sans ambiguïté leur engagement à des élections pacifiques, non violentes et empreintes de maturité.  Sur la timorisation prochaine des instances dirigeantes du Timor oriental, le Représentant spécial s’est montré préoccupé au sujet de la viabilité à moyen terme d’un budget qui dépend déjà d’une aide de 20 millions de dollars par an pour assurer tout simplement des opérations de gouvernance de base. 


Abordant la question de la présence appelée à succéder à l’ATNUTO, le Représentant spécial a souligné que la présence militaire et celle de la police dépendront uniquement des conditions de sécurité.  La sécurité, a-t-il insisté, exige davantage qu’une force politique et qu’une force militaire.  Elle exige la primauté du droit et l’accès à la justice.  Le Représentant spécial a donc mis l’accent sur le manque de ressources matérielles et humaines qui caractérise encore ce secteur.  Il a, en outre, fait part des difficultés dans la mise en oeuvre du Mémorandum d’accord signé, l’année dernière, avec l’Indonésie concernant la coopération en matière juridique, judiciaire et des droits de l’homme.  Il a donc lancé un appel au Gouvernement indonésien pour qu’il publie, une nouvelle fois, le décret portant création d’un tribunal spécial sur les droits de l’homme qui rendrait possible la traduction en justice des 23 suspects dénoncés par le Procureur de la République indonésien.


Revenant à la présence des Nations Unies après l’indépendance, le Représentant spécial a souligné la nécessité, à l’instar du Secrétaire général dans son rapport, de maintenir du personnel consultatif et un petit nombre de gestionnaires auprès du Gouvernement du Timor oriental qui seraient financés, dans le cadre de la présence internationale, par les contributions ordinaires.  A ce propos, le Représentant spécial a encouragé l’ensemble du système des Nations Unies à travailler comme jamais auparavant pour fournir le plus d’assistance coordonnée possible.  Jusqu’ici, a-t-il précisé, les résultats ont été décevants.  Poursuivant, il a attiré l’attention du Conseil sur la signature, le 5 juillet dernier, entre l’Australie et le Cabinet est-timorais, d’un Accord-cadre sur la mer du Timor, élément important de la viabilité à long terme du Timor oriental.


Soulignant le paradoxe entre la « richesse » des Nations Unies et les modestes moyens qui resteront au Timor oriental, le Représentant spécial a jugé important de gérer dès à présent les déceptions et les désillusions pour éviter qu’elles ne deviennent destructives.  Il est alors passé à trois sujets de préoccupation à savoir la police, la justice et le personnel.  A ce propos, il a fait part d’un projet pilote lancé dans un district et consistant à déployer une « CivPol » comme unité nationale.  Il s’est dit convaincu que, dans certains cas, cette manière de procéder peut s’avérer plus efficace que l’ancienne méthode consistant à mélanger des contingents nationaux en petit nombre sur le terrain


d’opérations d’une mission.  Le Représentant spécial a également appuyé l’idée d’un code uniforme de justice à l’intention de missions comme l’ATNUTO et la MINUK.  Mais un code ne saurait suffire, a-t-il souligné en arguant que son application exige des ressources qui ont toujours fait défaut au Timor oriental.


Concluant, le Représentant spécial a souligné que beaucoup a été accompli dans cette phase finale de l’administration menée par l’ONU.  Les Est-Timorais, comme l’ONU, continueront d’apprendre de ce qui sera, sans aucun doute, la mission la plus complexe et la plus satisfaisante de l’histoire des opérations de maintien de la paix.  Le défi pour les Est-Timorais est évident tout comme il l’est pour les Nations Unies dans le sens où elles devront assumer leurs responsabilités en pleine harmonie avec de nouveaux organes qui devront jouir, pour la première fois de l’histoire du pays, d’une légitimité démocratique.


M. JOSE RAMOS-HORTA, membre du Cabinet de transition du Timor oriental et responsable des affaires étrangères, a déclaré que les Est-Timorais feraient tout pour collaborer avec la communauté internationale.  Pour preuve, ils ont accepté de dissoudre le Conseil national de la résistance, qui avait mobilisé les populations pour le référendum d’août 1999.  La dissolution de cet organe et la transition vers un système à partis multiples, se sont faites dans le calme, et les partis ont clairement pris l’engagement de mener leurs activités dans la paix.  Les violences se sont faites de plus en plus rares aux frontières avec le Timor occidental, ce qui démontre le professionnalisme des forces de maintien de la paix de l’ONU, a estimé M. Ramos-Horta.


Nous poursuivons les négociations avec les factions pro-autonomistes, qui existent encore dans notre pays, a poursuivi M. Ramos-Horta, qui a ajouté que

M. Xanana Gusmao, Chef du Cabinet de transition, s’est personnellement rendu dans certaines zones frontalières pour maintenir ces consultations.  Nous discutons aussi avec des pays d’Asie, entre autres, la Chine, et même l’Indonésie, car nous estimons que c’est ce dialogue qui permettra à un Timor oriental indépendant d’assurer son développement dans la paix.  Quant à l’Australie, nous avons mené avec elle des négociations sur l’exploitation du pétrole de la mer du Timor, et le dialogue que nous poursuivons avec la Banque mondiale nous permet d’envisager aussi un développement économique hors pétrole.  Avec la Malaisie, nous entretenons des liens fructueux, et Kuala Lumpur nous enverra bientôt un fonctionnaire de haut niveau pour développer cette coopération.


Les élections présidentielles auront quant à elles lieu directement après l’adoption de la nouvelle constitution.  Ce sont là des aspects positifs de l’évolution de la situation dans notre pays.  Mais d’un autre coté, la violence que nous avons connue dans le passé nous fait craindre de nouvelles explosions du même type, nous regardons avec espoir la venue d’un nouveau président en Indonésie.  Car pour le Timor oriental, les relations avec le Gouvernement de Jakarta sont cruciales.  Nous sommes conscients que l’ONU doit réduire sa présence au Timor.  Nous voulons certes être maîtres de notre destinée et ne demandons pas à la communauté internationale de nous soutenir indéfiniment.  Mais un départ précipité de l’ONU serait risqué car il mettrait en danger tous les acquis de notre pays depuis le début de l’intervention onusienne.  Nous demandons donc aux membres du Conseil  d’appuyer les vues du Secrétaire général et de veiller à ce que le retrait de l’administration de l’ONU se fasse de manière graduelle.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a souhaité que, dès à présent, commencent les discussions sur la structure de la présence qui sera appelée à succéder à l’ATNUTO.  Il a plaidé pour une stratégie de sortie qui fixe un objectif d’ensemble et non pas des délais arbitraires et artificiels.  Soulignant le potentiel de violence pendant et après les élections, il a appelé les Nations Unies à tirer les leçons du passé en soulignant que la planification d’une réduction des effectifs d’une mission avant la tenue des élections serait exactement le scénario auquel s’est opposé le Rapport Brahimi.  Le représentant a donc invité le Conseil à considérer cette période avec la plus grande vigilance plutôt que comme l’occasion de lancer une phase de retrait rapide.  Au cas où la période post-indépendance comporterait des risques, le coût d’une nouvelle intervention des Nations Unies sur le terrain serait bien plus élevé que celui du maintien d’une présence internationale jusqu’à ce que le Timor oriental soit prêt à s’assumer, a insisté le représentant. 


Dans ce cadre, il s’est dit convaincu qu’il serait peu pertinent de s’appuyer sur des contributions volontaires pour financer cette présence.  Ce type de contributions ne suffit jamais, a-t-il insisté en plaidant pour un financement par le biais de contributions ordinaires qui donnerait au Timor oriental les meilleures chances de viabilité.  La stratégie de sortie doit être élaborée avec les représentants élus du Timor oriental sur la base non pas des coûts ou des besoins qui découleraient d’une autre crise mais sur les besoins actuels du Timor oriental.  Une présence continue des Nations Unies sera nécessaire, en particulier dans des domaines comme la défense, la sûreté publique, la justice et la gouvernance, tous domaines qui nécessiteront l’appui de la communauté internationale après l’indépendance, a encore insisté le représentant. 


M. ALISTAIR HARRISON (Royaume-Uni) a déclaré que sa délégation se félicitait de l’accord signé entre les partis politiques timorais important pour la tenue pacifique d’élections dans le territoire.  Nous soutenons le point de vue du Secrétaire général, qui est favorable à un retour des réfugiés du Timor occidental au Timor oriental quand ils le souhaiteront. Le Royaume-Uni se félicite aussi de la création de la Commission vérité et réconciliation, dont nous finançons certains des travaux.  Nous sommes cependant inquiets du manque de stabilité politique en Indonésie qui n’a pas permis jusqu’à maintenant de punir les auteurs des meurtres de membres du personnel humanitaire à Atambua. Nous espérons que le nouveau gouvernement de Mme Megawati Sukarnoputri permettra de résoudre cette question. Il reste beaucoup à faire au Timor oriental, malgré les progrès accomplis jusqu’à ce jour.  Nous soutenons le point de vue de M. Ramos-Horta, favorable à un retrait gradué de l’ONU du Timor oriental, où la sécurité reste encore fragile.  Nous attendons donc le rapport et les recommandations que fera le Secrétaire général sur la nouvelle administration onusienne qui devrait succéder à l’ATNUTO.


M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) s'est félicité de l’évènement historique que représente pour le Timor oriental la tenue d'élections démocratiques dans exactement un mois.  Grâce à l'engagement et à l'esprit de coopération dont font preuve le peuple est-timorais et la communauté internationale, le Timor oriental a progressé vers une situation économique et sociale plus stable se traduisant notamment par une plus grande participation des femmes au processus de prise de décisions et par la participation d'individus qualifiés à la campagne électorale.  M. Chowdhury a suggéré l'établissement d'un calendrier dans d'autres domaines importants et où les améliorations se font attendre.  Le représentant a suggéré un renforcement des capacités et de l'assistance technique et le maintien de la présence des Nations Unies.  Il a également souligné l'importance de la coopération et du soutien de l'Indonésie pour un Timor oriental nouvellement indépendant, et a espéré que le nouveau Gouvernement indonésien aura pleinement conscience de cette attente.  Il a également estimé que l'adhésion du Timor oriental à l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) jouerait un rôle important dans le maintien de sa souveraineté et de son intégrité territoriale. 


M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a estimé que les nombreux défis auxquels sera confronté le futur gouvernement est-timorais rendent indispensable l’assistance de la communauté internationale.  La meilleure façon d’assurer un avenir serein au futur Etat indépendant consiste, a dit le représentant, à encourager des relations de bon voisinage avec les pays de la région.  Il s’est donc félicité notamment de l’Accord-cadre signé entre le Timor oriental et l’Australie et du rôle de l’Indonésie dans la résolution de la question des réfugiés.  Il a conclu en souscrivant aux propos de M. Ramos-Horta selon lequel tout retrait précipité de l’ATNUTO compromettrait les acquis enregistrés jusqu’ici.


M. CAMERON HUME (Etats-Unis) a déclaré que le Conseil de sécurité devait adresser un message clair pour que les élections à venir se tiennent dans la paix et la transparence.  L’ATNUTO doit créer un climat propice à la participation des Timorais en vue d’assurer la gouvernance de leur pays.  La création d’une assemblée constituante va dans ce sens, a estimé le représentant.  Les partis politiques ayant signé un pacte d’unité nationale pour garantir le calme dans le territoire, les populations devraient se sentir rassurées, a-t-il dit.  Une fois le pays indépendant, le Conseil pourra alors parler avec les représentants d’un Timor indépendant de la présence internationale au Timor oriental.  Les Etats-Unis espèrent que plus d’organes et d’institutions des Nations Unies pourront être présents dans le pays pour aider à sa construction et à son développement.  Nous sommes d’accord avec le Secrétaire général qu’il peut réduire certaines des composantes de la mission au Timor oriental.  Nous attendons les propositions qu’il fera sur la mission qui remplacera l’ATNUTO après l’indépendance.  Nous aimerions demander à M. de Mello de nous indiquer le nombre de personnes recrutées sur le plan international qui travaillent dans les composantes de l’ATNUTO et qui sont citées comme pouvant faire l’objet de réductions.  Quels sont les rapports qui existent aujourd’hui avec l’Indonésie sur les questions juridiques concernant les violations humanitaires et les destructions qui ont suivi le référendum

de 1999? 


M. ANDREY E. GRAVNOSKY (Fédération de Russie) a estimé que de la transformation du Timor oriental vers l’indépendance se déroule comme prévu en jugeant important que ce processus continue de se faire sans heurts.  Il a donc invité le Conseil à mettre au point ses actions avec soin en rappelant que l’opération au Timor oriental a ouvert une nouvelle phase dans l’histoire des opérations de maintien de la paix des Nations Unies et que son succès est essentiel pour le prestige des Nations Unies.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a souligné l’importance de la coopération dans le processus d’élaboration de la nouvelle constitution en jugeant également crucial de continuer de mettre l’accent sur les questions de développement économique et social.  Dans ce contexte, elle a salué la signature de l’Arrangement relatif à la mer du Timor auquel sont parvenus l’Australie et le Timor oriental.  L’aide des Nations Unies, a-t-elle ajouté, en particulier celle du PNUD et des institutions financières internationales, seront essentielles à la croissance économique du Timor oriental et à la création d’un environnement favorable aux investissements.  La représentante a poursuivi en félicitant le Gouvernement indonésien de sa coopération à l’enregistrement des réfugiés installés au Timor occidental.  Elle a encouragé le pays à mettre en œuvre toutes les mesures prévues dans la résolution pertinente du Conseil pour permettre le retour de tout le personnel humanitaire.  Dans ce contexte, elle a souligné l’importance de Mémorandum sur la coopération en matière juridique, judiciaire et des droits de l’homme signé entre l’Indonésie et l’ATNUTO.  Au Timor oriental, il reste beaucoup à faire, a conclu la représentante en déclarant attendre avec impatience le prochain rapport du Secrétaire général.  Il faudra, a-t-elle dit,  examiner avec soin l’impact que pourrait avoir la diminution des effectifs de l’ATNUTO en précisant que la stratégie de sortie doit dépendre des progrès faits sur le terrain.  Elle a enfin souscrit aux recommandations du Secrétaire général sur la structure de la présence internationale qui est appelée à remplacer l’ATNUTO.


M. YVES DOUTRIAUX (France) a déclaré que sa délégation se félicitait de l’élection prochaine des membres de l’Assemblée constituante du Timor oriental.  La communauté internationale, a estimé le représentant, verra son rôle au Timor oriental se transformer en profondeur.  Il s’agira beaucoup moins de se substituer aux autorités timoraises et beaucoup plus de les accompagner dans leur cheminement vers l’indépendance.  La France salue la création, le 20 juin 2001, d’une commission de vérité et de réconciliation dans le territoire, et pense qu’en vue d’assurer la stabilité du pays, il est essentiel de favoriser la reconnaissance rapide du pouvoir politique timorais et l’accession le plus tôt possible à l’indépendance du Timor oriental, une fois passées les élections présidentielles.  L’Indonésie a un rôle à jouer en ce qui concerne la sécurité et le désarmement des milices, a dit le représentant.  Nous appelons d’autre part le Gouvernement de l’Indonésie à mettre en oeuvre les procédures d’appel relatives au meurtre, en septembre 2000, des trois agents du Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) dans la localité d’Atambua, et à juger les violations des droits de l’homme au Timor oriental.  Quant à la violence liée aux trafics croissants dans la zone frontalière avec le Timor occidental, il faudra, pour s’attaquer aux origines du phénomène et maîtriser ces violences, mettre en place une stratégie de développement harmonieuse entre les deux Timor.  Nous attendons que le Secrétaire général nous donne des données chiffrées sur la réduction de l’ATNUTO et sur la mission qui lui succédera.


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a estimé que le Conseil de sécurité lance une période décisive pour l’avenir du Timor oriental.  Il a ainsi souligné que les élections à venir représentent une étape fondamentale dans l’édification d’un Etat indépendant et que la communauté internationale n’a d’autres choix que d’accompagner ce pays.  Le Conseil, le système des Nations Unies et les Est-Timorais font face ensemble au même défi, a dit le représentant en définissant ce défi comme celui consistant à établir un système de droits, d’institutions démocratiques, de la tolérance, de cohabitation de points de vue différents et de justice.  Le représentant a poursuivi en jugeant capital que le mandat et la taille de la présence internationale devant succéder à l’ATNUTO soient définis en fonction des conditions et des besoins particuliers du Timor oriental.  Tout autre critère comme le budget ou les besoins d’autres missions pourrait faire aboutir à des conclusions inopportunes.  Il faut décider de ce dont a besoin le Timor oriental pour définir la manière de satisfaire ces besoins, a insisté le représentant. 

Le Conseil de sécurité devra veiller à tenir compte de l’opinion des Est-Timorais dans la définition de tout autre mandat qu’il conviendra d’adopter après les élections.  Au titre de ces questions adressées au Représentant spécial,

M. Valdivieso a demandé des informations supplémentaires sur la coordination avec les autres organismes du système des Nations Unies.  Il a aussi demandé des précisions sur l’état d’avancement du processus lié au plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement.  Soulignant l’importance de la mission interorganisations d’évaluation de la sécurité qui s’est rendue au Timor occidental, le représentant a souhaité savoir à quel moment le rapport paraîtra, arguant qu’il s’agit là d’une question importante qu’il convient de régler avant l’accession du Timor oriental à l’indépendance.


M. MAMOUNOU TOURE (Mali) a observé que l'ATNUTO s'est engagée avec sérieux et détermination dans le processus de préparation des élections de l'assemblée constituante qui se tiendront le 30 août 2001.  La dissolution du Conseil national de la résistance timoraise et l'ouverture, le 15 juillet, de la campagne électorale en sont des signes tangibles.  Le représentant a estimé que la participation massive des Est-Timorais à ce premier scrutin pluraliste est le défi majeur que l'ATNUTO et, à travers elle, toute la communauté internationale se doivent de relever.  Le pacte d'unité nationale signé le 8 juillet 2001 par 14 des 16 partis qui se disputent le suffrage des électeurs est un acte politique fort.  La délégation malienne a suggéré que les partis politiques s'investissent davantage dans l'éducation, la sensibilisation et la formation de leurs militants.  Notant que, pour ce faire, ces partis ont besoin de moyens, le représentant a soutenu la décision de l'ATNUTO de solliciter l'appui des donateurs pour organiser un programme d'assistance en nature à tous les partis politiques et candidats indépendants enregistrés.  Il a ensuite déclaré que l'accession à l'indépendance du Timor oriental ne doit pas être synonyme de désengagement de la communauté internationale.  Au regard des sommes colossales qu'elle y a investi, a-t-il ajouté, tout devrait être mis en oeuvre pour accompagner les premiers pas de la jeune démocratie timoraise. 


M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a jugé essentiel pour le maintien de la paix et la mise en place des institutions essentielles que les Nations Unies restent au Timor oriental jusqu'à ce que ces institutions soient solidement installées.  La mission qui doit prendre la suite de l'ATNUTO devrait donc posséder une composante militaire et une composante civile.  La Norvège a estimé qu'au lieu de tenter de déterminer la date du retrait du personnel des Nations Unies, le Conseil de sécurité devrait plutôt se référer aux dispositions de la résolution 1272 pour établir des points de référence pouvant justifier ce retrait.


Le représentant a attaché une grande importance à l'instauration de poursuites contre les individus responsables de crimes graves en droit international.  Il a déploré l'impunité dont bénéficient les responsables civils et militaires indonésiens ainsi que le manque de respect de la part des autorités indonésiennes du Mémorandum d'accord signé par l'ATNUTO et l'Indonésie sur les questions juridiques, judiciaires et relatives aux droits de l'homme.  Le représentant a insisté sur le fait qu'engager des poursuites devant les tribunaux nationaux est une meilleure approche que la création d'un tribunal international.  Conscient du fait que le Timor oriental n'aura pas de système législatif opérationnel avant un certain temps, il a estimé que les volets relatifs à la


justice et aux droits de l'homme devraient occuper une place essentielle dans la mission qui succèdera à l'ATNUTO.  M. Strommen a ensuite souligné l’importance de continuer à appuyer les institutions humanitaires et de développement qui travaillent au Timor oriental. 


M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) s'est félicité de la création d'un Groupe de travail chargé de planifier l'après-ATNUTO.  Ce Groupe de travail devrait prendre en considération les constatations de la mission interorganisations d'évaluation de la sécurité et, à la lumière des recommandations qu'elle a formulées, suggérer un plan d'action approprié.  Le représentant a ensuite déclaré que l'évolution positive de la situation au Timor oriental n'aurait pas été possible sans la coopération active du Gouvernement indonésien.  Il a appelé les nouveaux dirigeants indonésiens à poursuivre leurs efforts en vue de mettre en oeuvre toutes les mesures recommandées par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1319. 


A ce stade, a poursuivi le représentant, il n'est pas possible d'envisager un retrait qui ne suive pas une stratégie préalablement définie.  La stratégie qui s'impose consiste à préparer les Est-Timorais à prendre en main leur destinée et leur nouvel Etat.  Un système législatif représentatif, un corps administratif efficace et un pouvoir judiciaire indépendant sont indispensables pour construire durablement une société démocratique et un contexte de stabilité.  Il est également important de lancer une vaste campagne en vue d'informer la population de ses droits et obligations civiques ainsi que de ses droits dans une société libre et démocratique. 


M. DAVID COONEY (Irlande) a estimé qu’il n’est pas exagéré de dire que la séance d’aujourd’hui a lieu à un moment historique pour le Timor oriental.  Il reste encore beaucoup à faire, a poursuivi le représentant en soulignant l’appui international dont aura encore besoin le Timor oriental après l’indépendance.  Il a fait part de sa conviction que la future présence internationale doit être à la mesure des besoins effectifs du pays.  Il a donc dit avoir pris note des propos de M. Ramos-Horta qui a mis l’accent sur la nécessité de tenir compte des progrès en cours avant toute décision sur un retrait de l’opération de l’ONU.  Le représentant a insisté sur la réussite du processus de timorisation, en appuyant aussi la recommandation du Secrétaire général selon laquelle la composante droits de l’homme doit constituer un élément important de la future présence internationale.  A ce propos, il s’est dit préoccupé par la situation à la frontière avec le Timor occidental qui connaît de mouvements transfrontières illégaux et par la stratégie d’attente que semblent avoir adopté les milices. 


Ces milices doivent être démantelées et la communauté internationale doit éviter de mettre en danger ses efforts par une réduction trop rapide des forces militaires, a insisté le représentant en souhaitant que l’évolution de la situation sur le terrain soit suivie, en particulier au cours de la période électorale.  Il faut attendre le rapport du Secrétaire général avant de prendre des décisions, a-t-il encore dit en considérant, par ailleurs, que la stabilité à long terme du Timor oriental peut être renforcée par des relations harmonieuses avec ses voisins.  Dans ce contexte, le représentant a appelé l’Indonésie à prendre rapidement des mesures telles que l’application du Mémorandum sur la coopération juridique, judiciaire et des droits de l’homme.  Il a aussi plaidé pour que les réfugiés, qui pour l’instant ont choisi de rester au Timor occidental, aient le loisir de rentrer au Timor oriental quand ils l’auront décidé.

M. MARKIYAN KULYK (Ukraine) a déclaré que le rapport du Secrétaire général permet de faire un bilan clair des progrès accomplis depuis le début de la période de transition au Timor oriental.  L’Ukraine estime indispensable que les élections prévues se déroulent dans le calme et la transparence.  Il est nécessaire que la transition à l’indépendance se fasse dans la paix.  Nous sommes préoccupés par le potentiel de violence qui continue d’exister avant la tenue des élections prévues le mois prochain, et aimerions que l’ATNUTO prenne des mesures spéciales, a dit le représentant.  Concernant l’économie, qui a besoin de relance, les Timorais devront renforcer le dialogue qu’ils entretiennent avec les institutions de Bretton Woods et gérer convenablement les revenus du pétrole qu’ils tireront de la mer du Timor.  La constitution d’une armée timoraise capable de garantir la sécurité des personnes et des biens après l’accession à l’indépendance sera également indispensable, et notre délégation soutient le maintien d’une présence internationale après l’indépendance du territoire.


M. WANG YINGFAN (Chine) a souscrit au contenu du rapport du Secrétaire général en se réjouissant des progrès réalisés dans le processus d’indépendance du Timor oriental.  Pour ce qui est de la stratégie de sortie, il a souhaité une démarche prudente et s’est dit convaincu que lorsque le Timor oriental aura accédé à l’indépendance, l’ONU devra maintenir une présence considérable.  La contribution des Nations Unies doit comprendre un appui financier adéquat, a dit le représentant en jugeant que toute réflexion en la matière doit être fondée sur les principes de l’efficacité et des besoins du Timor oriental.  Il a dit espérer que l’ATNUTO et les organismes pertinents des Nations Unies poursuivront leurs efforts et a appelé les institutions financières à offrir une assistance généreuse.  Outre l’assistance fournie jusqu’ici, a conclu le représentant, la Chine entend libérer des capitaux pour la mise en place d’un ministère des affaires étrangères et dépêcher dans le pays des équipes médicales.  


M. FRANCISCO SEIXAS DA COSTA (Portugal) a déclaré que l’ATNUTO devait continuer à recruter des gens compétents et réellement capables d’aider le Timor oriental dans sa transition.  Nous estimons que l’ONU doit demeurer au Timor dans ses différentes composantes civile, policière et militaire après l’indépendance, a dit le représentant.  Car même après cette indépendance, il sera de sa responsabilité de donner au territoire les moyens de devenir une société réellement stable et démocratique.  Les conséquences des problèmes que le Timor oriental a connus continueront d’exister après l’indépendance.  L’ONU a donc la responsabilité de poursuivre l’application des termes des résolutions adoptées par le Conseil après les évènements de 1999.  Le Portugal est inquiet de la présence continue des milices armées qui sont responsables des assassinats de personnels humanitaires à Atambua, et qui continuent de poser des menaces à la sécurité du Timor oriental et à celle des réfugiés.


Nous espérons que le nouveau Gouvernement indonésien prendra à coeur les soucis de la communauté internationale en ce qui concerne les violations des droits de l’homme et les menaces à la stabilité.  Il est indispensable que le Conseil n’envoie pas des signaux ambigus qui pourraient, avant la tenue des élections, faire croire que la vigilance internationale se relâche.  Nous ne demandons pas que la présence internationale se prolonge indéfiniment au Timor oriental, mais il faut que l’ONU se montre crédible et assure une transition harmonieuse à ce territoire.


Mme PENNY WENSLEY (Australie) a déclaré qu’une présence durable de l’ONU au Timor oriental devrait être assurée à travers une mission comprenant des composantes civile, militaire et de maintien de la paix agissant dans le cadre d’un mandat unique du Conseil de sécurité et financée par des contributions régulières du budget de l’ONU.  La mission qui succèdera à l’ATNUTO sera de taille plus réduite, a dit la représentante qui a estimé que le soutien international serait de moins en moins nécessaire au territoire, au fur et à mesure que les Timorais apprendraient à prendre eux-mêmes en charge le fonctionnement de leur pays.  Mais la communauté internationale a le devoir de traiter avec soin la situation du pays, qui demeure fragile et qui le restera sans doute au lendemain de l’indépendance.  Il y va de la crédibilité de l’ONU.  L’Australie, a dit

Mme Wensley, soutient les estimations avancées par le Secrétaire général concernant l’importance et la taille de la présence internationale qui devra être mise en place au Timor oriental après le départ de l’ATNUTO.  Nous sommes d’accord que le retrait de l’ATNUTO doit se faire de manière progressive en respectant les évolutions de la situation sur le terrain.  L’Australie est aussi d’avis qu’une assistance technique de haut niveau doit être fournie au territoire dans certains domaines pour gérer efficacement le processus de prise en main de leur pays par les Timorais.


L’Australie note les progrès réguliers accomplis par l’ATNUTO en ce qui concerne la formation de la police est-timoraise, et nous soutenons la réduction graduelle de l’assistance internationale en matière de police et de structures judiciaires.  L’Australie note également que le rapport dit que l’aide qui devra être fournie au territoire après l’indépendance sera limitée dans le temps et nous soutenons ce point de vue.  La question de la situation après-indépendance doit être dans nos esprits dès maintenant, et nous encourageons l’ATNUTO à commencer d’étudier les domaines de compétences qui pourraient être transférés à des Timorais, en essayant aussi de savoir quand ces transferts peuvent commencer à avoir lieu de manière progressive.  En ce qui concerne notamment la force de police et la composante maintien de la paix de l’ONU, nous pensons qu’au vu de la situation actuelle, la première peut faire l’objet d’un transfert aux Timorais à une échéance plus rapprochée que la seconde, qui doit être examinée en tenant compte de la réalité de la situation sur le terrain.  L’Australie compte sur le nouveau Gouvernement indonésien pour l’amélioration de la situation de sécurité, et nous demandons à l’Indonésie de respecter le cadre de justice créé par la communauté internationale après les violences du mois d’août 1999 et de faire juger tous les responsables de violations des droits de l’homme par un tribunal ad hoc, comme le recommande l’ONU.  S’agissant des questions économiques, l’Australie a signé avec le Timor oriental un Arrangement relatif à la mer du Timor, afin d’assurer au futur Etat timorais les moyens de financement de son développement.  Mais il faut aussi que la communauté internationale aide le pays sous ces aspects.  Quant à notre Gouvernement, a indiqué Mme Wensley, il veillera à donner au Timor oriental les moyens d’une coopération technique efficace.  L’Australie soutiendra les actions de l’ONU en vue de construire un nouveau pays indépendant, calme, prospère et démocratique.  Nous demandons au Conseil de sécurité d’assumer ses responsabilités envers le peuple timorais.


M. JEAN DE RUYT (Belgique), au nom de l'Union européenne et des Etats associés, a déclaré que les élections du 30 août prochain constituent un temps fort du processus de timorisation qui doit donner à la population du Timor oriental la maîtrise de son destin.  Le représentant a dit compter sur une large participation de la population.  Il a jugé nécessaire, à cet effet, que l'éducation civique ainsi que celle des électeurs se poursuivent.  Il a salué l'adhésion de la plupart des partis au Pacte d'unité nationale, dont les signataires s'engagent à respecter les principes de démocratie, de tolérance et de respect des minorités, ainsi que le verdict des urnes.  Ces principes devraient également, selon l'Union européenne, être inscrits dans la constitution, un document qui préfigurera la future nation est-timoraise. 


Poursuivant, le représentant a déclaré que la signature de l'Arrangement relatif à la mer du Timor par les ministres australiens et est-timorais constitue un grand pas dans la bonne direction.  Il a ensuite espéré que le nouveau Gouvernement indonésien continuera de mettre en oeuvre les dispositions de la résolution 1319 (2000).  Le représentant a émis toutefois des doutes quant aux résultats du récent enregistrement de réfugiés mené au Timor occidental, ajoutant que ceux qui choisiront de retourner au Timor oriental devront pouvoir le faire en toute sécurité.  M. de Ruyt a appelé les autorités indonésiennes à coopérer avec l'ATNUTO ainsi qu'avec les futures autorités du Timor oriental pour traduire en justice, notamment par la création d'un tribunal ad hoc en Indonésie, les responsables des crimes contre l'humanité et les droits de l'homme perpétrés au Timor oriental avant et après la consultation populaire de 1999.  Il a également espéré que le Gouvernement de Djakarta fera avancer la procédure d'appel dans l'affaire du meurtre de trois employés du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), perpétré l'année dernière à Atambua. 


En ce qui concerne le maintien d'une présence internationale substantielle au Timor oriental après l'indépendance, M. de Ruyt a admis qu'il est possible de la réduire dans son ensemble mais a ajouté que cette réduction devrait tenir compte des besoins réels sur le terrain et être opérée en étroite consultation avec la population timoraise.  Le représentant a ensuite appelé à la vigilance face à la menace potentielle que les milices du Timor occidental continuent de représenter pour le Timor oriental.  Il s'est également inquiété des problèmes d'ordre public auxquels est confrontée la société est-timoraise et a encouragé le développement d'un service de police est-timorais et la mise en place d'un système judiciaire fort. 


M. YOSHIYUKI MOTOMURA (Japon) a déclaré qu’il était nécessaire d’assurer au Timor oriental un processus électoral conduit de la manière la plus ordonnée possible.  Les Timorais ont encore en mémoire les violences qui ont suivi le référendum d’août 1999 et souhaitent que le processus politique à venir demeure pacifique.  A cet égard, le Japon accueille positivement la signature du Pacte d’unité nationale dans lequel 14 des 16 partis existants dans le pays se sont engagés à respecter les résultats des élections prévues le 30 août et à défendre le principe de la non-violence.  Le Japon a versé une contribution de 1,2 million de dollars au Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) pour l’élection des membres de l’Assemblée constituante, et notre pays a l’intention d’envoyer des observateurs au Timor oriental, a dit le représentant.  Concernant la présence de l’ONU, nous pensons qu’elle devrait continuer pendant une certaine période après l’indépendance, notamment en ce qui concerne la police civile et militaire, en vue d’assurer l’ordre public.  Un minimum de personnels civils de l’ONU sera aussi indispensable pour soutenir la reconstruction économique et celle des institutions de la nouvelle nation.


La situation au Timor oriental étant encore fragile, nous soutenons la recommandation du Secrétaire général de garder une approche souple permettant de s’adapter à l’évolution de la situation sur le terrain.  Le Japon demande instamment à l’Indonésie de faire des efforts en vue de parvenir à un règlement complet du problème des réfugiés au Timor occidental, sur la base d’un suivi approprié du processus d’enregistrement sur les listes d’état civil, qui a eu lieu au courant des derniers mois.  Nous nous félicitons, à cet égard, de l’envoi au Timor occidental d’une mission d’évaluation de la sécurité, et nous attendons son rapport. En ce qui concerne le développement des capacités économiques du pays, le Japon accorde une priorité au développement des ressources humaines et continuera dans ce contexte à soutenir les efforts que déploient les pays de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ANASE) pour venir en aide au Timor oriental.


M. ENRIQUE MANALO (Philippines) a estimé que les élections qui se dérouleront au Timor oriental le mois prochain témoigneront de l'efficacité avec laquelle les Nations Unies, sous la direction du Conseil de sécurité, ont accompli leur premier effort véritable de construire une nation.  Il a déclaré que les élections doivent être menées et être perçues comme un processus équitable, approprié, crédible et caractérisé par une participation du peuple timorais aussi large que possible.  M. Manalo a estimé qu'un désengagement en matière d'assistance dans les premiers temps qui suivent un conflit ou tout de suite après des élections n'est pas judicieux en ce qui concerne le Timor oriental.  Il faut qu'une présence internationale soit maintenue dans le domaine de l'assistance après l'indépendance.  Les modalités de cette présence devraient être formulées par le peuple est-timorais, en consultation avec les autres acteurs intéressés.  Le représentant a déclaré que l'ATNUTO devrait continuer d’adopter son approche réfléchie de la situation sécuritaire.  Il a précisé que, pour assurer une paix et une sécurité durables dans la zone, l'établissement d'institutions démocratiques sera indispensable.  Il a recommandé que la mission qui succèdera à l'ATNUTO comprenne une équipe de professionnels chargés du transfert des connaissances dans le domaine de l'administration publique et du service civil.  Pour que développement et progrès interviennent au Timor oriental, il faudra mettre en place une infrastructure économique solide, en particulier dans les zones rurales. 


M. LUIZ TUPY CALDAS DE MOURA (Brésil) a souscrit aux propos du Secrétaire général selon lesquels un Timor oriental indépendant aura besoin de l’appui international qui devra être fourni par le biais d’une mission mandatée par le Conseil de sécurité et financée par les quotes-parts des membres de l’ONU.  Le représentant a poursuivi en soulignant que les activités des milices autour des camps de réfugiés au Timor occidental et à la frontière avec le Timor oriental continuent de faire peser une menace grave sur la stabilité du Timor oriental.  Ce type d’incidents, a-t-il insisté, montre l’importance qu’il y a à maintenir une capacité de dissuasion crédible sous la forme d’une force solide de maintien de la paix.  La création d’un environnement sûr est une condition préalable à la reprise de l’assistance internationale aux réfugiés et pour leur permettre de décider librement de leur avenir.  Il faut un effort clair pour traduire en justice ceux qui se livrent à des incitations à la haine comme arme politique et instaurer ainsi l’anarchie et le chaos.  Le système de justice pénal doit être renforcé et des ressources additionnelles doivent être allouées à cette fin. 


Le représentant s’est également dit préoccupé par les difficultés que rencontre le Groupe sur les crimes graves dans la collecte des preuves.  Il a donc jugé important de surmonter les lacunes actuelles en ce qui concerne le nombre des médecins légistes, des enquêteurs et des interprètes.  Il a poursuivi en estimant que la solution durable à la situation au Timor oriental réside dans la création d’institutions démocratiques participatives et efficaces associées à la création d’opportunités économiques pour tous.  Il est nécessaire, a-t-il encore dit, de créer une base solide pour les élections futures.

Le représentant a souhaité savoir si les partis politiques qui n’ont pas signé le Pacte d’unité nationale font peser un risque sur les prochaines élections.  Quelles mesures sont prises pour prévenir une détérioration de la situation, a demandé le représentant avant de passer aux questions économiques pour s’interroger sur la manière de mettre en place des projets générateurs de revenus orientés vers l’exportation.  Cela, a-t-il estimé, ne saurait se faire sans des arrangements visant à faciliter l’accès des produits agricoles est-timorais aux marchés.


M. SUN JOUN-YOUNG (République de Corée) a déclaré que son pays se félicite de la manière dont se préparent les élections au Timor oriental. Nous enverrons des observateurs à ces élections et espérons qu’elles se dérouleront dans un environnement pacifique, a dit le représentant.  Nous lançons à cet égard un appel aux partis politiques pour qu’ils respectent le Pacte d’unité nationale qu’ils ont signé.  Il est essentiel que la réconciliation soit assurée entre les diverses factions de la population timoraise, quels que soient leurs points de vues politiques.  Nous sommes d’accord avec les propositions du Secrétaire général concernant la mission qui prendra la relève de l’ATNUTO, mais nous aimerions souligner que la réduction des forces de l’ONU doit se faire de façon progressive, en surveillant l’évolution de la situation, et nous espérons continuer à participer aux consultations concernant l’avenir du Timor oriental.


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) s’est déclaré préoccupé par les activités des milices et par la menace qu’elles font peser sur les efforts pour consolider la stabilité et la sécurité au Timor oriental.  Il est important, a estimé le représentant, que la communauté internationale se garde d’envoyer un signal qui pourrait conforter les milices dans l’idée qu’il suffit d’attendre l’accession à l’indépendance pour provoquer une résurgence de la violence.  Partant, tout ajustement de la présence des Nations Unies après les élections ou l’indépendance doit se fonder sur la situation sur le terrain, y compris une évaluation précise de la sécurité et des risques de violence.  Les ajustements doivent aussi tenir compte des points de vue des pays contributeurs de troupes.  Poursuivant, le représentant a appelé le nouveau Gouvernement indonésien à respecter son obligation de démanteler les milices au Timor occidental.


Revenant sur l’accession prochaine du Timor oriental à l’indépendance, le représentant a jugé qu’il est inopportun d’assimiler l’indépendance à la naissance d’une administration efficace.  En tant que pays contributeur de troupes, la Nouvelle-Zélande est disposée à maintenir une présence militaire substantielle au Timor oriental jusqu’en novembre 2002, a précisé le représentant avant de souligner que les Nations Unies doivent donner au Timor oriental les moyens d’assumer ses responsabilités.  Il faut faire comprendre aux Est-Timorais les implications d’un ajustement de la présence de l’ONU.  Pour un certain temps encore, a conclu le représentant, la présence continue des Nations Unies restera un élément essentiel de la consolidation des investissements que la communauté internationale a fait jusqu’ici en termes de vies, de ressources financières et autres.


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a déclaré que sa délégation estime inacceptable que le rapport du Secrétaire général justifie le besoin de maintenir “une robuste présence de l’ONU dans les zones frontalières entre les deux Timor” et au Timor oriental, à cause de la prétendue “inaction” du gouvernement indonésien contre des “milices”.  Rien n’est plus loin de la vérité, a dit le représentant.  Il y a en effet longtemps que les soit-disantes “milices” ont été démantelées.  Nous sommes aussi perplexes face aux allégations concernant les prétendues formation et opérations de milices.  Aucune preuve n’a jamais été fournie par l’ATNUTO concernant cette question, celle de la “disponibilité” des armes à feu, et celle de prétendus groupes “extrémistes”.  Mais les médisances envers l’Indonésie se poursuivent, et si l’ONU veut créer une politique d’endiguement contre l’Indonésie, au lieu d’un dialogue constructif, il est à craindre que la situation  empire comme cela a été le cas le 28 juillet, quand un soldat des forces indonésiennes a été abattu par des soldats onusiens.  Sur cette question, notre gouvernement élève de manière formelle une forte protestation contre l’ATNUTO.  Le soldat indonésien a en effet été tué alors qu’il se trouvait en territoire indonésien.


Notre gouvernement a récemment été étonné par des émissions radio de l’ATNUTO qui accusaient des ONG indonésiennes de recueillir des enfants timorais et de leur prodiguer une formation militaire en vue de les préparer, dans plusieurs années, à lancer des actions belliqueuses au Timor oriental.  Après enquête, notre gouvernement peut affirmer que ce sont là que pures vues de l’esprit.  L’Indonésie ne s’est jamais lancée dans des actions hostiles envers ses voisins, et nous ne nourrissons aucune rancoeur envers le peuple du Timor oriental.  Au contraire, nous comptons développer et renforcer des liens d’amitié et de coopération avec notre voisin.  Après tout, c’est en tant qu’Etat Membre de l’ONU, que l’Indonésie a permis que le peuple timorais choisisse son propre destin.  Concernant les auteurs des assassinats d’Atambua, l’Indonésie s’est engagée à ce que justice soit faite.  Il en est de même en ce qui concerne le meurtre d’un soldat néo-zélandais.  En ce qui concerne l’évolution de la situation au Timor oriental, notre gouvernement pense que la création d’une société civile forte et avertie est indispensable à la naissance d’une nation libre et indépendante.  A cet égard, le pays aura besoin que soit réduit le niveau de pauvreté, et ses populations devront recevoir les soins et l’éducation qui leur sont nécessaires.  La réconciliation doit aussi faire partie du processus en cours au Timor oriental.  Nous sommes ouverts à toute suggestion concernant la présence de l’ONU après l’indépendance, aussi longtemps que cela ne posera pas de problème aux légitimes aspirations du peuple est-timorais.  Notre pays n’acceptera cependant pas de présence internationale cachant des motifs suspicieux. 


M. PAUL HEINBECKER (Canada) a estimé que la communauté internationale n’est qu’au tout début du processus au Timor oriental et que les progrès accomplis risquent d’être réduits à néant si elle ne tient pas ses engagements immédiatement.  La situation sécuritaire restant préoccupante, le représentant a estimé que le transfert de l’ATNUTO à une autorité civile est-timoraise doit être gérée prudemment.  Appuyant l’idée de financer par des quotes-parts la présence internationale appelée à succéder à l’ATNUTO, le représentant a, par ailleurs, appelé l’Indonésie à mettre fin à la culture de l’impunité et à démanteler les milices.  Dans ce contexte, il a dit voir dans le maintien continu de la police civile et du développement d’un service de police nationale un élément essentiel du maintien de l’ordre au Timor oriental.  Il a néanmoins jugé élevé le nombre de policiers est-timorais prévus pour les unités de police spécialisée.  A qui ces 750 policiers devront faire rapport et quelles fonctions, à part la maîtrise des foules et le maintien de l’ordre public, sont prévues pour eux? a demandé le représentant avant de s’inquiéter aussi de la manière dont ils seront armés.  Quel entraînement les futurs policiers reçoivent-ils et pourquoi ne sont-ils pas formés dans des écoles de police?  La priorité donnée à une force paramilitaire semble s’éloigner de l’objectif d’une police fondée sur des principes démocratiques, a estimé le représentant.

M. ASDA JAYANAMA (Thaïlande) a déclaré que la Thaïlande partage les évaluations du rapport du Secrétaire général sur l’évolution de la situation au Timor oriental.  La Thaïlande a joué un rôle en matière de police civile et a participé à la MINUTO qui a précédé l’ATNUTO.  Nous considérons que cette mission a fait du bon travail en matière de consolidation de la paix.  L’ONU doit demeurer au Timor oriental après l’indépendance du pays, et nous souhaitons qu’elle prépare sa stratégie de sortie sur le modèle préconisé par le rapport Brahimi.  Il est indispensable que le Timor oriental soit un Etat fort et pacifique après son accession à la souveraineté.  Nous sommes cependant préoccupés par les conditions de sécurité après les élections, et nous nous inquiétons de la capacité de la force de défense du pays à assumer son rôle.


Répondant aux questions des délégations, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de l’ATNUTO a d’abord indiqué que la question du paiement des pensions aux Timorais qui étaient au service de l’administration indonésienne progresse.  Les discussions se poursuivent avec l’Indonésie et certains de ces anciens fonctionnaires resteront sans doute au Timor occidental jusqu’à ce que cette question soit réglée, a dit le Chef de l’ATNUTO avant de passer à la question des réfugiés.  Il a ainsi indiqué que les dirigeants est-timorais s’accordent pour dire que le nombre total de réfugiés est–timorais se situe entre 60 à 70 000.  L’Indonésie, qui a mené à bien l’enregistrement des réfugiés n’a pas encore fourni des chiffres définitifs, a ajouté le Chef de l’ATNUTO avant de dire que le fait qu’une minorité de réfugiés ait décidé de retourner au Timor oriental ne doit pas être perçu comme une décision définitive; tout portant à croire qu’un nombre plus élevé retournera au Timor oriental après la tenue pacifique des élections.  Le Chef de l’ATNUTO a fait part des travaux de la Commission interinstitutions que le Gouvernement indonésien a créé avant d’évoquer la réunion du Comité mixte des frontières qui a eu lieu récemment à Jakarta.  La question de l’enclave d’Oecussi y a été abordée ainsi que celle des  arrangements concernant la liberté de mouvement des populations de l’enclave. 


Pour ce qui est de l’entraide judiciaire, le Chef de l’ATNUTO a jugé important que le tribunal spécial pour les droits de l’homme soit enfin créé sans restrictions temporelles en matière de compétence comme le prévoit le premier décret.  Avec le changement du gouvernement en Indonésie, a-t-il dit, il faut attendre la nomination du nouveau ministre de la justice.  Poursuivant, il a assuré les délégations de son intention de présenter au Conseil un rapport sur la force internationale de police après l’indépendance.  Répondant, dans ce cadre, aux questions du Canada, il a indiqué que seul un petit nombre de policiers sera formé comme embryon d’une unité spéciale de police.  


Répondant à la France, il a fait part de son intention d’engager les institutions du système des Nations Unies à apporter leur concours à la période après-indépendance.  Quant aux institutions financières internationales, il a affirmé qu’elles ont apporté un soutien inestimable; le FMI ayant assuré de sa détermination à continuer à offrir un appui par le biais de son personnel spécialisé pour les finances et la création de la future banque centrale est-timoraise.  En octobre, a-t-il ajouté, l’ATNUTO compte présenter un tableau global des composantes civiles de soutien que seraient la composante multilatérale, la composante bilatérale et celle qui sera proposé pour un financement par les quotes-parts.


Répondant à la Colombie, il a souligné que le PNUD appuie l’idée que son Résident Coordonnateur soit éventuellement nommé Représentant spécial adjoint pour les questions de développement.  En ce qui concerne le Plan-cadre des Nations Unies pour le développement, le PNUD a indiqué que ce document ne pourra être négocié que lorsque le pays aura accédé à son indépendance.  Ce Plan devrait se fonder sur une stratégie de développement à moyen terme dont l’élaboration devrait commencer après l’indépendance.  Terminant sur le risque que feraient courir les partis politiques qui n’ont pas signé le Pacte d’unité nationale, le Chef de l’ATNUTO a dit ne pas croire à un tel risque.  L’ATNUTO, a-t-il précisé, n’hésitera pas à intervenir si cette menace se matérialise.  Il a ajouté qu’en plus du Pacte, l’ATNUTO dispose d’un Code pénal, d’un règlement sur les délits électoraux et d’une forte présence de police.  L’élément le plus important est le maintien d’un environnement de paix avant et après les élections, a souligné le Chef de l’ATNUTO.


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