En cours au Siège de l'ONU

CS/2169

DES MEMBRES DU CONSEIL SE FELICITENT DE L’INSCRIPTION DE PARTIS POLITIQUES SERBES DU KOSOVO AUX PROCHAINES ELECTIONS

26/07/2001
Communiqué de presse
CS/2169


Conseil de sécurité

4350ème séance – matin


DES MEMBRES DU CONSEIL SE FELICITENT DE L’INSCRIPTION DE PARTIS POLITIQUES SERBES DU KOSOVO AUX PROCHAINES ELECTIONS


Ils invitent Belgrade à encourager une large participation des Serbes


Le Conseil de sécurité a entendu ce matin le Secrétaire général adjoint

M. Jean-Marie Guéhenno qui lui a fait une présentation concernant les dispositions et autres mesures en cours en vue des élections générales de novembre 2001 et de la transition vers une autonomie provisoire dont la mise en oeuvre du cadre constitutionnel.  Le Conseil a été informé des efforts déployés pour impliquer les communautés minoritaires et des initiatives prises dans le domaine de l’état de droit et le maintien de l’ordre ainsi que des mesures de rétablissement de la confiance entre les différentes communautés du Kosovo.  M. Guéhenno a indiqué que quatre partis serbes du Kosovo ont décidé de s’inscrire aux élections.  Etant donné l’influence du Gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie (RFY), il a indiqué en outre que la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) s’emploie à obtenir des autorités de Belgrade qu’elles envoient un signal sans équivoque en faveur d’une participation massive de la communauté serbe aux élections comme moyen de lutter contre l’extrémisme et les tensions interethniques.  A cet égard, les membres du Conseil se sont félicités du resserrement des liens entre la MINUK et les autorités de Belgrade comme en témoigne notamment l’ouverture du Bureau de la Mission dans cette ville.


La RFY ayant posé comme conditions préalables le retour des réfugiés et la solution à la question des personnes disparues, les membres du Conseil se sont félicités du Mémorandum d’accords signé entre la MINUK et les autorités de Belgrade qui devrait faciliter les tests d’ADN.  La question du retour des réfugiés a été liée aux conditions de sécurité.  Ainsi, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien a assuré le Conseil que la lutte contre les crimes à motivation ethnique continue d’être la priorité de la Mission.  Il a fait état des dernières mesures consistant notamment à ouvrir des stations de police dans les enclaves serbes du Kosovo et de l’Initiative de sécurité commune entre la MINUK et la KFOR pour examiner la manière dont cette dernière peut contribuer davantage au maintien de l’ordre. 


Le Conseil a lancé un appel pressant aux dirigeants albanais du Kosovo pour qu’en coopération avec la MINUK, ils favorisent les progrès en la matière.  Il a également lancé un appel afin de mettre un terme aux actes terroristes.  Aux membres de la communauté albanaise comme à celle de la communauté serbe, les membres du Conseil ont tenu à dire clairement que le seul avenir possible pour le Kosovo est celui d’un Kosovo multiethnique fondé sur le respect de la démocratie


et des droits de l’homme.  Devant l’appel des membres du Conseil à une participation massive des Serbes aux élections, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a, par exemple, déclaré qu’au bout du compte, il s’agira de savoir si les Serbes du Kosovo voudront influencer le processus d’administration de l’intérieur.  “La perspective des élections ouvrent cette possibilité tout comme celle d’un Kosovo multiethnique où la participation aux affaires administratives est à la fois le résultat et l’instrument du processus de réconciliation”.


Les membres du Conseil ont également évoqué les conséquences de la situation en ex-République yougoslave de Macédoine sur le Kosovo qui, à ce jour, abrite quelque 62 218 réfugiés.  A cet égard, ils ont été informés des mesures prises pour réduire l’influence des membres des groupes ethniques albanais qui opèrent du Kosovo.  Ils ont enfin entendu le représentant de la RFY qui a réitéré les conditions posées par son pays à la participation des Serbes du Kosovo aux élections et demandé “la disparition des vestiges anachroniques du passé qui faciliterait les progrès vers la démocratie”, à savoir la levée de l’embargo sur les armes imposé par la résolution 1160 (1998) du Conseil et l’élimination des zones de sécurité terrestres et aériennes établies par l’Accord militaro-technique du 9 juin 1999.


Outre les intervenants déjà cités, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Fédération de Russie, Colombie, France, Etats-Unis, Irlande, Royaume-Uni, Bangladesh, Jamaïque, Maurice, Ukraine, Singapour, Mali et Chine ainsi que le représentant de la Belgique, au nom de l’Union européenne.


RÉSOLUTIONS 1160 (1998), 1999 (1998), 1203 (1998), 1239 (1999) ET 1244 (1999) DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Déclarations


M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a d’abord évoqué la question des élections générales pour indiquer qu’en plus des autres partis politiques, quatre partis serbes du Kosovo ont présenté leur demande de certification.  M. Guéhenno a estimé qu’il s’agit là d’une évolution encourageante dans le sens où il est impératif que les Serbes du Kosovo s’inscrivent non seulement sur les listes électorales mais qu’ils présentent aussi leurs partis aux élections.  Il a aussi indiqué que la composante «création des institutions» de la Mission d’administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) a créé un Groupe de travail pour informer la communauté serbe du Kosovo du système électoral et de la représentation ethnique à la future Assemblée.  Ces réunions, a-t-il dit, ont confirmé le fait que cette communauté attend les instructions des autorités de la République fédérale de Yougoslavie.  Jusqu’ici, a ajouté M. Guéhenno, les signes sont encourageants mais la Mission continue à appeler Belgrade, à adresser un message sans équivoque aux partis serbes du Kosovo pour qu’ils s’inscrivent aux élections.  En la matière, a-t-il expliqué, le manque d’harmonie entre ces partis continue de compliquer les choses.  Ainsi, le nouveau Coordonnateur du Gouvernement serbe pour le Kosovo a entrepris de travailler sur un accord entre les différents partis.  En plus, des initiatives prises en ce qui concerne l’inscription des partis, les préparatifs se poursuivent pour l’enregistrement des électeurs qui se déroulera du 30 juillet au 9 septembre 2001.


Passant à la mise en œuvre du cadre constitutionnel sur le gouvernement autonome, M. Guéhenno a indiqué que la Mission se concentre sur la création d’institutions dont les détails n’ont pas été précisés dans le cadre constitutionnel.  Les préparatifs sur la transition vers un gouvernement autonome provisoire mettent l’accent sur la «kosovarisation» des instances administratives supérieures et sur le renforcement des capacités en matière d’administration, du budget et des finances.  Abordant la question relative à l’implication des communautés, le Secrétaire général adjoint a affirmé que la Mission demeure activement engagée dans les domaines les plus importants des mesures d’établissement de la confiance vis-à-vis de la communauté serbe du Kosovo, à savoir les retours et les progrès dans le traitement du dossier des personnes disparues qui sont les deux conditions préalables à l’acceptation des élections par la République fédérale de Yougoslavie.  Ainsi, le Représentant spécial du Secrétaire général a présidé, le 29 juin dernier à Pristina, une réunion de donateurs sur la manière d’assurer la sécurité des personnes qui reviennent.  Le Groupe de contact sur les détenus et les personnes disparues et les représentants de la République fédérale de Yougoslavie se rencontrent à présent sur une base régulière.  En ce qui concerne les détenus albanais du Kosovo qui se trouvent dans les prises serbes, la Mission jouit maintenant d’un accès total aux dossiers et à d’autres informations pertinentes du Département de la justice.


Pour améliorer l’intégration des communautés dans les institutions municipales, la composante «administration civile» de la Mission, a créé un Groupe de travail pour assurer la mise en œuvre d’une politique de discrimination positive.  Le nombre de membres des communautés continue à augmenter comme l’atteste la nomination récente d’un Serbe du Kosovo à la Vice-Présidence de l’Assemblée municipale de Gnjlane, a ajouté M. Guéhenno avant d’évoquer la question des relations avec Belgrade et d’indiquer qu’une des difficultés vient du nombre accru d’activités directes au Kosovo des autorités de Belgrade.  Il s’agit notamment des tentatives du Comité fédéral pour le Kosovo de mettre en place ses propres institutions fiscales, d’entreprendre l’immatriculation des entreprises commerciales, d’ouvrir des bureaux régionaux sans le consentement de la Mission ou encore d’organiser des convois humanitaires. 


Partant, la Mission a dû publié des «Directives pour les visites des officiels du Gouvernement et des représentants politiques de la République fédérale de Yougoslavie».  Pour ce qui est de la sécurité et du respect de la loi, M. Guéhenno a indiqué que les relations avec la KFOR ont continué à s’améliorer comme l’atteste la création d’une Initiative de sécurité commune visant à examiner la manière dont la KFOR peut contribuer à l’ordre.  Au cours du mois dernier, plusieurs arrestations ont eu lieu en vertu de diverses lois dont celle relative à la possession d’armes.  Le travail se poursuit dans d’autres domaines comme ceux d’une loi relative à la criminalité organisée, la création d’un bureau chargé des crimes graves, un programme de protection des témoins, un système relatif aux informateurs de la police et des plans pour installer une «hotline» pour les crimes.  Le Département de la justice s’apprête aussi à déployer cinq nouveaux juges et procureurs internationaux pour porter leur nombre à 22.  La lutte contre les crimes à motivation ethnique demeure un défi pour la Mission, a poursuivi

M. Guéhenno en citant diverses mesures, notamment celle consistant à ouvrir des stations de police dans les enclaves serbes.


Après avoir évoqué la situation économique, M. Guéhenno s’est attardé sur la situation dans l’ex-République du Représentant spécial du Secrétaire général de suspendre cinq hauts fonctionnaires du Corps de protection du Kosovo qui manifestement étaient des sympathisants des rebelles albanais.  Au 16 juillet, le HCR estimait à 62 218 le nombre yougoslave de Macédoine.  Il a ainsi cité la nouvelle loi sur l’interdiction des passages illégaux à la frontière qui a permis d’arrêter 300 personnes et la décision de réfugiés au Kosovo et à 12 000 le nombre de retours.  Le 24 juillet, le Gouvernement de l’ex-République yougoslave de Macédoine a décidé de fermer sa frontière avec le Kosovo au niveau de Blace.  Ainsi, la Mission s’emploie à convaincre les autorités de l’ex-République yougoslave de Macédoine des restrictions graves qui découlent de ce type de décisions.


M. GENNADY GATILOV (Fédération de Russie) a noté les efforts déployés par le Représentant spécial et de la MINUK en vue de favoriser l'instauration de conditions de vie normales dans la région.  Ce n'est que grâce à une interaction très complète avec Belgrade que la MINUK pourra s'acquitter de son mandat. 

Le représentant a insisté sur la nécessité de la signature, avec Belgrade, de l’accord sur le statut de la MINUK et de la KFOR.  En ce qui concerne les élections, pour garantir leur caractère démocratique, elles devront être préparées avec la participation de Belgrade.  La préparation des élections devra


s'attacher à créer des conditions de sécurité satisfaisantes et à assurer la participation de toutes les communautés sans exception.  M. Gatilov s'est dit gravement préoccupé par l’inactivité entourant la question et par le refus d’écouter l’appel à l’aide lancé par les familles des disparus non-albanais,  estimant que cette attitude confirme la thèse d'un "humanisme unilatéral" en faveur des Albanais de la province du Kosovo.  Le représentant a appelé à assurer la mise en oeuvre pleine et complète de la résolution 1244, et ce avant tout en ce qui concerne la sécurité des minorités. 


M. Gatilov s'est également inquiété de la question du désarmement qui continue de poser un problème car il semble qu'il circule des armes très modernes dans la région.  Il a estimé que les mesures récemment prises pour lutter contre la possession illégale d'armes, ainsi que celles relatives au franchissement des frontières administratives du Kosovo et  pour lutter contre les activités terroristes permettront des progrès dans ce domaine.  Les instances internationales sur place doivent faire en sorte que l'extrémisme albanais ne s'étende pas au-delà des frontières de la province.  La direction de la MINUK en collaboration  avec la KFOR doit prendre des mesures supplémentaires pour le désarmement et la démobilisation des combattants de l'ancienne Armée de libération du Kosovo.  L'embargo sur les fournitures d'armes doit être mis en oeuvre strictement.  Les personnes soupçonnées de menacer la présence internationale au Kosovo, tel que le membre du SRK qui a récemment été appréhendé, doivent être arrêtées et il est inadmissible qu'elles fassent partie des interlocuteurs de la KFOR.  M. Gatilov a ensuite déclaré que toute tentative d'albaniser Mitrovica serait lourde de conséquences.  Il a préconisé un renforcement de la confiance entre les communautés serbe et albanaise qui est à la base d'une stabilisation.  Le représentant a également rappelé l'initiative de la Fédération de Russie pour la convocation d'un Sommet des Balkans en soulignant qu'il ne peut être question d'un remaniement des frontières en Europe et dans la région. 


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que les nouvelles mesures décidées il y a un mois en vue d'améliorer la situation en matière de sécurité semblent prometteuses mais qu'il est encore trop tôt pour en évaluer les résultats.  La question du retour des réfugiés est grave car, en particulier en raison de leur grand nombre, elle est susceptible de déstabiliser le Kosovo.  La participation de toutes les communautés et minorités aux prochaines élections est primordiale.  Le représentant a déclaré que le nouveau statut accordé au Commissaire pour le Kosovo désigné par le Gouvernement de Belgrade indique que nous continuerons d'avancer sur la bonne voie dans des domaines importants.  Il a également rappelé la nécessité d'aborder la question des détenus et des personnes disparues.


M. YVES DOUTRIAUX (France) a estimé que le devoir de toutes les parties au Kosovo est maintenant d’assurer le succès des élections qui dépend de la participation de l’ensemble des habitants du Kosovo.  Le soutien de Belgrade ainsi que l’inscription de quatre partis serbes sont des développements positifs, a dit le représentant avant d’ajouter que la poursuite du dialogue entre Belgrade et la Mission des Nations Unies, le retour des réfugiés, le règlement de la question des personnes disparues permettront de convaincre les Serbes du Kosovo qu’une participation aux élections servirait leurs intérêts.  Le représentant a posé une question au Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix visant à connaître son sentiment sur la déclaration récente du Comité yougoslave pour le Kosovo selon laquelle les conditions pour une participation de la communauté serbe aux élections sont inexistantes.  Le représentant a poursuivi en jugeant important de garantir l’environnement propice à la confrontation pacifique des opinions et à la libre expression des choix démocratiques.  Partant les mesures prises dans le domaine du maintien de l’ordre sont utiles et il convient d’assurer leur mise en oeuvre, a ajouté le représentant avant de souhaiter la poursuite  de l’action relative à la lutte contre la criminalité et l’extrémisme.  En ce qui concerne Mitrovica, le représentant a estimé que la situation ne pourra s’améliorer que par la mise en oeuvre de la stratégie globale qui associe toutes les communautés et tous les acteurs concernés dont la MINUK.  Il sera alors possible d’agir sur les causes du problème et non seulement sur ses manifestations.  Venant à l’ex-République yougoslave de Macédoine, le représentant a rappelé sa condamnation de la violence en appelant les parties au respect du cessez-le-feu souscrit le 5 juillet.  Les parties doivent faire part de la plus grande responsabilité pour assurer le succès du dialogue en cours, a-t-il insisté en arguant qu’il n’y a pas d’alternative à une solution pacifique. Il a souhaité encore que la KFOR et la MINUK fassent davantage pour sécuriser la frontière avec le Kosovo afin d’empêcher que les trafics illicites ne viennent nourrir le conflit dans l’ex-République yougoslave de Macédoine.


M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a déclaré que la mise en oeuvre de la résolution 1244 reste l'objectif le plus important en ce qui concerne le Kosovo.  La réduction de la violence est également un point important.  Son Gouvernement se félicite de l'arrestation des suspects d'un attentat à la bombe.  Rappelant que le Conseil a entériné le cadre juridique des élections et la participation serbe à ces élections, M. Cunningham a souligné que toutes les communautés devront y participer.  Dans un Kosovo multiethnique, les Etats-Unis souhaitent que la sécurité de toutes les minorités soit garantie.  La situation dans l'ex-République yougoslave de Macédoine préoccupe beaucoup les Etats-Unis.  L'utilisation par les extrémistes du cessez-le-feu pour consolider leurs positions est extrêmement répréhensible.  Les Etats-Unis demandent instamment au Gouvernement de l'ex-République yougoslave Macédoine et aux autres parties concernées de continuer à négocier pour parvenir à un accord qui préservera l'ensemble du territoire de la Macédoine. 


M. RICHARD RYAN (Irlande) a estimé que toutes les communautés du Kosovo doivent accepter que le seul avenir possible est celui d’une société multiethnique fondée sur le respect des règles démocratiques et des droits de l’homme.  Il s’est dit satisfait de l’appui de Belgrade à l’enregistrement des partis serbes, tout en estimant qu’il reste encore beaucoup à faire et encourageant les Serbes du Kosovo à s’inscrire plus massivement.  Il est important que les partis encouragent un climat favorable à la participation des communautés serbes, a insisté le représentant en appelant, en conséquence, à la cessation de toutes les activités terroristes et invitant les dirigeants albanais â se distancer de ces actes.  Des efforts sont nécessaires en matière de sécurité, en particulier en ce qui concerne la possession d’armes, a dit le représentant en se félicitant des mesures prises en la matière.  Il s’est aussi félicité de l’ouverture du Bureau de la Mission à Belgrade.  Il a espéré un resserrement des liens pour régler la question des réfugiés et des personnes déplacées.  Il est clair que le manque de progrès sur les personnes disparues est une source de mécontentement, a-t-il encore dit en se réjouissant de la signature d’un mémorandum d’accord sur l’utilisation des tests d’ADN.  En conclusion, le représentant a jugé important que les responsables de crimes contre l’humanité n’échappent pas à la justice.  Il a donc appelé les personnes concernées à coopérer avec le Tribunal international maintenant que l’ancien Président yougoslave est arrêté.  Enfin, sur l’ex-République yougoslave de Macédoine, il a appelé toutes les parties à négocier de bonne foi.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) s'est félicité des progrès accomplis dans les préparatifs des élections au Kosovo.  Pour ce qui est de l'ordre public, il a jugé positive l'instauration du pilier "police et justice".  Il a également appelé à prendre les mesures supplémentaires qui s'imposent dans la lutte contre la violence, notamment pour combler les lacunes de la législation dans ce domaine.  Il a estimé que les actions menées par certains extrémistes albanais discréditent les représentants légitimes de la communauté albanaise.  La participation aux élections des partis minoritaires et des membres des communautés minoritaires doit être encouragée.  Le représentant a exprimé sa préoccupation face à la situation en ex-République yougoslave de Macédoine, que le Conseil devra suivre de très près. 


M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a appelé le Conseil à poursuivre et à renforcer ses efforts en ce qui concerne le Kosovo. Il est important, a-t-il dit, de souligner la nécessité d’assurer le suivi de la Mission que le Conseil a effectuée sur le terrain.  Le représentant a ainsi insisté sur l’appui qu’il faut donner à la Mission, au processus politique dont la mise en oeuvre du Cadre constitutionnel, aux élections et au retour des réfugiés et des personnes déplacées.  A cet égard, il a souhaité que la KFOR fournisse des informations détaillées sur les armes saisies afin de permettre au Comité des sanctions de renforcer ses efforts.  Le représentant a aussi mis l’accent sur la question des prisonniers et des personnes disparues avant de venir à la situation de Mitrovica.  En la matière, il a souligné le rôle de la reconstruction économique comme facteur de stabilisation.  Il est important, a-t-il encore dit, d’assurer le respect des communautés minoritaires qui doivent, à leur tour, se rendre compte qu’il n’y a pas d’autres choix qu’un Kosovo multiethnique.  La Mission doit renforcer son dialogue avec Belgrade dont l’influence sur la communauté serbe du Kosovo est un élément clé de la mise en oeuvre de la résolution 1244 du Conseil.  Tous les Kosovars doivent accepter le cadre de cette résolution et apprendre à vivre ensemble dans un Kosovo multiethnique et pacifique.  Partant, la tenue des élections réussies est un défi important que doit à tout prix relever la Mission, a insisté le représentant avant de venir au rôle de la société civile pour appuyer la réconciliation.  Il a souhaité en la matière un ferme appui de la communauté internationale.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a préconisé des relations de travail solides entre la MINUK et les autorités de Belgrade.  Elle a également suggéré une meilleure protection des communautés minoritaires et une amélioration de leur participation à la vie politique.  Mme Durrant a demandé que l'identification des corps trouvés dans des charniers et des fosses communes soit menée à bien.  Les efforts de réconciliation doivent coïncider avec la création d'une base économique viable au Kosovo.  Elle a critiqué les mesures d'épuration ethnique déguisée, notamment dans les contrats de vente immobilière ou foncière.  Quant à l'ordre public, Mme Durrant s'est félicitée des mesures prises par la MINUK pour le préserver.  Elle s'est dite extrêmement préoccupée par la découverte de caches d'armes  et a souhaité que la KFOR fournisse régulièrement des informations détaillées sur ces saisies. 


M. JADISH KOONJUL (Maurice) a relevé les défis auxquels est confrontée la MINUK au titre desquels il a d’abord cité la participation de la communauté serbe aux élections.  Le représentant a donc appelé cette dernière à coopérer avec la Mission et à participer aux structures municipales conjointes avant de lancer un appel à la communauté albanaise pour qu’elle respecte les droits des minorités.  Venant à Mitrovica, le représentant s’est félicité de la promulgation de lois relatives à la lutte contre la criminalité, à la détention d’armes et au terrorisme.  Il s’est aussi félicité des relations entre Belgrade et la Mission en saluant la coopération entre la KFOR, la police de la Mission et la police yougoslave qui permettra de régler les questions du retour des réfugiés et des personnes déplacées.  Evoquant aussi la question des personnes disparues, il a assuré la communauté serbe de la détermination de la communauté internationale à faire la lumière sur la question et appelé les Albanais du Kosovo à coopérer. Le représentant a aussi évoqué la question des personnes de souche albanaise détenues dans les prisons yougoslaves en se félicitant, une nouvelle fois, de la coopération de Belgrade.


M. MARKIYAN KULYK (Ukraine) a déclaré que  le retour des réfugiés passe par la mise en place de conditions de sécurité et par un dialogue entre les différentes communautés et les autorités.  Il a salué les efforts de la MINUK visant à promouvoir un système judiciaire efficace et à lutter contre le trafic d'armes.  Le représentant a ensuite évoqué l'afflux de réfugiés provenant de l'ex-République yougoslave de Macédoine (ERYM) qui constitue une menace grave contre la sécurité au Kosovo et dans la région.  Le représentant a déclaré qu'il ne peut y avoir de solution militaire à la crise actuelle que traverse l'ex-République yougoslave de Macédoine.  Il a appelé les acteurs de cette crise à la régler par des moyens pacifiques. 


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a jugé important que la communauté internationale intensifie ses efforts pour créer un Kosovo multiethnique sûr.  Le succès des élections, a-t-il estimé, dépendra des mesures prises en matière de sécurité, en particulier en ce qui concerne les communautés non albanaises.  La volonté des dirigeants albanais d’assumer leur responsabilité avant les élections présagera de leur attitude après les élections, a-t-il dit.  Pour ce qui est de la communauté serbe, il s’est félicité de l’attitude du Président yougoslave à l’égard de la participation de cette communauté aux élections.  Dans ce cadre, la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées doit être une tâche prioritaire.  Les dirigeants du Kosovo doivent encore une fois manifester leur volonté de créer un Kosovo multiethnique, a insisté le représentant.  Il est possible, a-t-il poursuivi, d’améliorer les efforts internationaux pour déterminer le sort des personnes disparues au Kosovo.  Là encore les dirigeants du Kosovo doivent coopérer davantage.  Venant à l’ex-République yougoslave de Macédoine, M. Kolby a appelé à une volonté accrue d’accepter les compromis.  La coopération entre l’Union européenne et l’OTAN est positive en ce qu’il est important que la communauté internationale s’exprime d’une seule voix, a-t-il conclu.


Mme CHRISTINE LEE (Singapour) a déclaré que les élections prévues pour le

17 novembre se rapprochent et que les acteurs impliqués dans  ce processus doivent donc faire tout le nécessaire pour instaurer les conditions indispensables à leur déroulement harmonieux, notamment un environnement sûr,   par la lutte contre le terrorisme, la criminalité organisée et la possession illégale d'armes.  La violence contre les minorités ethniques doit cesser.  La direction  et la communauté politique kosovar doivent réussir à surmonter la profonde haine qui existe entre les communautés.  La majorité du Kosovo doit viser l'instauration d'un Kosovo multiethnique.  La représentante a également souligné l'importance d'un développement économique durable dans la région.  Il est également essentiel que la MINUK entretienne un dialogue régulier avec Belgrade.  L'établissement de structures et d'un gouvernement autonome provisoire ne sont que des jalons sur la voie d'un retour à la normale.  D'ici là, il est indispensable d'appliquer intégralement la résolution 1244.  La fin de la présence des Nations Unies doit se faire progressivement et de façon structurée afin de ne pas mettre à mal les progrès réalisés. 


M. MAMOUNOU TOURÉ (Mali) a invité toutes les populations du Kosovo à participer massivement aux élections qui sont le cadre désigné pour lutter contre l’extrémisme.  Il s’est donc félicité de l’enregistrement des quatre partis serbes et a encouragé la MINUK à prendre toutes les mesures requises pour accélérer le retour des réfugiés.  Il s’est aussi dit préoccupé par la persistance de la violence ethnique et politique ainsi que par la criminalité qui constituent le plus grand obstacle au retour des réfugiés et des personnes déplacées.  Saluant les mesures mises en oeuvre par la Mission, le représentant a appuyé particulièrement celles  relatives à la surveillance des frontières administratives du Kosovo, en particulier celle avec l’ex-République yougoslave de Macédoine.  Sur le plan économique, le représentant s’est dit préoccupé par le taux élevé de chômage et l’état peu viable de l’économie.  Il a appelé la communauté internationale à débloquer les fonds nécessaires pour le relèvement économique du Kosovo.


M. WANG YINGFAN (Chine) a souligné l'importance de la participation de tous les groupes ethniques aux élections qui doivent prochainement se tenir au Kosovo.  Le désarmement des groupes armés illégaux joue également un rôle important dans ce processus.  Le représentant a fait observer que la situation au Kosovo et en ex-République yougoslave de Macédoine est liée.  Dans ce contexte, il a estimé que l'évolution de la situation politique et humanitaire le long de leurs frontières communes doit être surveillée de près, ainsi que les transferts d'armes. 


M. VLADISLAV MLADENOVIC (République fédérale de Yougoslavie) a déclaré que, depuis le dernier examen de la situation au Kosovo et Metohija, province autonome de la République yougoslave de Serbie, les questions prioritaires sont devenues les élections dans la province, le retour des personnes déplacées et la recherche des personnes enlevées et disparues.  Il faut créer un environnement entièrement sûr pour permettre le retour dans leur foyer des Serbes et autres personnes non de souches albanaises, plutôt que de les laisser vivre dans des résidences provisoires.  Bien sûr, une telle démarche prend du temps mais elle peut être réalisée progressivement.  Le Sud de la Serbie offre la preuve éloquente que les personnes déplacées peuvent retrouver leur foyer lorsque les conditions appropriées sont mises en place.  M. Mladenovic a déclaré que, depuis l'entrée des forces yougoslaves dans la totalité de la zone de sécurité terrestre, le 31 mai 2001, plus de la moitié des 12000 Albanais déplacés sont retournés dans cette zone.  Néanmoins, plus de 250 000 personnes déplacées du Kosovo et Metohija vivent dans d'autres parties de la Serbie et de la Yougoslavie dans son ensemble.  Au cours de la seule année 2000, 25000 personnes non-albanaises ont quitté la Province.  Le programme de retour du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés prévoit le retour de 2000 personnes en 2001 mais, dans le contexte actuel, même ce chiffre modeste semble irréaliste. 


Le Gouvernement de la République fédérale de Yougoslavie accorde la plus grande importance à la résolution de la très importante et douloureuse question du sort des personnes enlevées et disparues.  Cette question ne pourra être résolue qu'avec le plein engagement de la communauté internationale et de facteurs albanais.  La République fédérale Yougoslave est disposée à appuyer la participation des Serbes aux élections si les conditions nécessaires sont réunies.  Ces conditions comprennent des garanties de sécurité pour tous les résidents du Kosovo et Metohija, la création des conditions d'un retour sûr de toutes les personnes déplacées, la recherche des personnes enlevées et disparues et la préparation des élections en coopération avec les autorités de la République fédérale de Yougoslavie. 


M. Mladenovic a regretté que la MINUK ait appliqué, lors de la dernière visite de représentants du Gouvernement yougoslave et de représentants de partis politiques au Kosovo, des formalités relevant des relations entre Etats souverains.  Il est clair que ces formalités étaient déplacées dans le cadre de la visite d'individus du reste de la République fédérale de Yougoslavie au Kosovo et Metohija, une partie de la République de Serbie qui est l'un des constituants de la République fédérale de Yougoslavie.  Le représentant s'est élevé contre une situation jugée absurde qui oblige les autorités démocratiques yougoslaves à remplir des conditions qui n'existaient pas, même au temps du régime de Slobodan Milosevic.  Appelant à faire disparaître les vestiges du passé, M. Mladenovic a ensuite suggéré la levée de l'embargo sur les armes imposé par le Conseil de sécurité par la résolution 1160 (1998) ainsi que des zones de sécurité terrestres et aériennes établies en 1999. 


M. JEAN DE RUYT (Belgique), au nom de l'Union européenne et des pays associés, a souligné les résultats concrets et positifs auxquels le travail accompli par les hommes et les femmes de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) et par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Hans Haekkerup, pour la mise en oeuvre de la résolution 1244, a abouti.  L'Union européenne (UE) a accueilli avec satisfaction la promulgation du Cadre constitutionnel pour un gouvernement autonome provisoire et l'annonce de la date des élections législatives.  Le représentant a souligné qu'il est essentiel que toutes les communautés participent aux élections ainsi qu'aux institutions transitoires du Kosovo qui en seront issues.  Il s'est félicité de l'appui de la République fédérale de Yougoslavie à l'enregistrement des électeurs serbes du Kosovo. 


Le représentant a ensuite évoqué les problèmes qui persistent au Kosovo, notamment dans le domaine de la sécurité, des disparus et du retour des réfugiés et des personnes déplacées.  Notant ensuite que la tension s'est quelque peu atténuée au Kosovo ce dernier mois, il a ajouté qu'il ne faut pas sous-estimer le risque d'une dégradation de la situation.  Les mesures prises récemment dans le domaine de la sécurité ainsi que la consolidation du premier pilier "police et justice" devraient ouvrir la voie à une amélioration de l'ordre public.  L'Union européenne soutient l'adoption et l'application de mesures fermes contre les extrémistes et les organisations criminelles.  Le représentant a souligné la situation préoccupante du Nord du Kosovo, et notamment de Mitrovica. 


Il a appuyé les efforts de la MINUK et de la KFOR visant à assurer la sécurité et à restaurer la confiance dans cette zone.  Le transfert de M. Milosevic au Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie, siégeant à La Haye, a constitué pour l'Union européenne un développement important.  Le représentant a également attiré l'attention du Conseil sur la situation en ancienne République yougoslave de Macédoine qui, malgré le cessez-le-feu, demeure préoccupante.  Nous restons convaincus que le dialogue politique est l'unique voie vers un règlement durable de la situation, a-t-il déclaré. 


Répondant à la question du représentant de la France, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé la décision des quatre partis serbes de s’inscrire aux élections.  Il a estimé que cela témoigne de l’espoir des Serbes, qu’à travers les élections, une véritable participation aux affaires du Kosovo pourra s’engager.  Il est vrai que les progrès seront lents par rapport aux attentes, a reconnu le Secrétaire général adjoint en soulignant la démarche agréée qui est celle d’une approche graduelle et progressive.  En la matière, des progrès devront être faits sur la question des personnes disparues mais aussi sur des questions pratiques comme le retour des réfugiés et des personnes déplacées.  Des discussions ont lieu sur le rythme de ces retours qui doit tenir compte des conditions de sécurité en ce sens que rien ne serait plus dommageable aux retours qu’une situation précaire en matière de sécurité.  Il faut aborder cette question avec pragmatisme et voir la manière de s’adapter aux conditions spécifiques du Kosovo actuel, a dit le Secrétaire général adjoint avant de revenir sur la question de la sécurité et de souligner que des progrès sont réalisés grâce à un dispositif de plus en plus efficace.  Au bout du compte, a-t-il conclu, la question de fond est de savoir si les Serbes voudront influencer le processus d’administration du Kosovo de l’intérieur.  La perspective des élections ouvre cette possibilité tout comme celle d’un Kosovo multiethnique où la participation aux affaires administratives est à la fois le résultat et l’instrument du processus de réconciliation qui, a reconnu M. Guéhenno, prendra du temps. 


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