DES MEMBRES DU CONSEIL SE FÉLICITENT DE L’AMÉLIORATION DE LA SITUATION EN SIERRA LEONE
Communiqué de presse CS/2159 |
Conseil de sécurité
4340ème séance – matin
DES MEMBRES DU CONSEIL SE FÉLICITENT DE L’AMÉLIORATION
DE LA SITUATION EN SIERRA LEONE
Ils s’inquiètent de l’évolution du financement du processus de paix
Le Conseil de sécurité s’est penché ce matin sur la situation en Sierra Leone, conformément au dixième rapport du Secrétaire général et a entendu la présentation faite par M. Oluyemi Adéniji, le Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone. Le Conseil a été informé du processus de retour à la paix dans le territoire depuis la signature, au mois de mai dernier à Abuja au Nigéria, de l’Accord de paix.
Tout en se félicitant des importants progrès accomplis sur le terrain ces derniers mois, M. Adéniji a fait remarquer que le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR), qui a servi de principal instrument de retour à la paix à la MINUSIL, était mis en danger par le manque de ressources. En fait, a dit le Représentant spécial du Secrétaire général, la conférence des donateurs en faveur de la Sierra Leone qui s’est tenue les 11 et 12 juin derniers à Paris n’ayant reçu aucun engagement de financement du DDR, ce programme est tout simplement menacé de paralysie. Si le DDR, dont la poursuite des activités a besoin avant le mois d'août, de 30 millions de dollars, et qui a permis d’instaurer un dialogue entre le gouvernement de la Sierra Leone et les mouvements rebelles RUF et CDF, sous le parrainage de la MINUSIL, était interrompu, la situation pourrait rapidement se dégrader et la troisième phase de mise en œuvre de MINUSIL, qui prévoit qu’elle se déploie dans les zones diamantifères sous contrôle du RUF, serait remise en question. Se félicitant que le DDR ait permis de désarmer 6342, dont 2004 du RUF, M. Adéniji a cependant déclaré que seuls des efforts de réconciliation soutenus permettront une paix durable dans le pays. Le Représentant spécial du Secrétaire général a informé le Conseil du projet de création d’une "Commission de vérité et de réconciliation", dont la MINUSIL et le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) assureraient le parrainage.
Le Conseil, dans son ensemble, s'est félicité que le RUF semble respecter les engagements pris dans le cadre de l’Accord d’Abuja, et ses membres ont souhaité que ce mouvement devienne un parti politique légal et soit assuré, comme tous les Sierra-léonais, de participer aux élections que le gouvernement compte organiser au cours de la période qui va d’octobre 2001 à mai 2002. Mais, pour certaines délégations, dont celle des Etats-Unis, qui ont soutenu la création de la Commission de vérité et de réconciliation, la communauté internationale doit veiller à ce que le processus de paix en Sierra Leone soit renforcé par le fonctionnement du Tribunal spécial sur les crimes de guerre dont la création avait été approuvée par le Conseil. Les Etats-Unis ne sont pas de l’avis de ceux qui pensent que les activités du Tribunal spécial auraient des conséquences négatives sur la paix et la réconciliation. Concernant le financement de ce Tribunal,
a dit le représentant des Etats-Unis, notre pays est prêt à contribuer à un fonds spécial, comme il l’a fait savoir au Secrétaire général, mais quant au financement du programme DDR, nous estimons que le Conseil n'en ait pas la charge, la responsabilité en incombant au groupe des donateurs. Intervenant sur la question des ressources, le représentant de l’Irlande a estimé que la création du Tribunal spécial ne devait pas se faire avant que les fonds nécessaires à son fonctionnement continu ne soient réunis.
Membre du Conseil de sécurité et pays assurant la présidence de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), le Mali a apporté son soutien au processus de paix en cours en Sierra Leone et à la création de la Commission de vérité et de réconciliation. Concernant la création du Tribunal spécial, le représentant du Mali a fait remarquer que la communauté internationale devait veiller à ce qu'il n'y ait pas de place pour une justice partiale dont les conséquences pourraient porter préjudice à la réconciliation. Inquiet de la poursuite des combats au Libéria, qui menace la stabilité de la région, le représentant a rappelé que l'ECOMOG, organe militaire et de sécurité de la CEDEAO, avait proposé le déploiement de troupes aux frontières du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée. Annonçant son soutien à ce plan de déploiement, la Suède, au nom de l'Union européenne, a estimé que les crises politique et humanitaire de la région ne pouvaient être résolues qu'à travers un dialogue direct entre les gouvernements des pays membres de l'Union du fleuve Mano.
Concernant les élections prévues en Sierra Leone, les membres du Conseil ont souhaité qu'elles soient ouvertes et transparentes et se tiennent sur tout le territoire. La participation de toutes les parties au conflit à ces élections devant se faire sur une base équitable, la Fédération de Russie et Singapour ont fait part de leurs inquiétudes face aux informations selon lesquelles des ex-combattants du RUF, qui se sont engagés dans le programme de désarmement et de mobilisation et ont déposé leurs armes, auraient ensuite subi des mauvais traitements de la part des forces gouvernementales. Il ne faut pas perdre de vue que le conflit en Sierra Leone a ses origines dans les accusations de mauvaise gestion et de mauvaise gouvernance qui avaient été portées contre les anciens gouvernements de ce pays, ont rappelé les délégations en appelant la Sierra Leone à mieux gérer ses ressources, au bénéfice de toutes ses populations, une fois la paix rétablie.
Les représentants des pays suivants ont également pris la parole au cours de ce débat: Royaume-Uni, Norvège, Maurice, Chine, Tunisie, Ukraine, Colombie, France, Jamaïque, Sierra Leone, Pakistan, Nigéria, et Bangladesh.
Pour l'examen de cette question le Conseil était saisi d'un rapport du Secrétaire général publié sous la cote S/2001/627.
LA SITUATION EN SIERRA LEONE
Dixième rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (S/2001/627)
Le Secrétaire général constate une évolution constructive ces deux derniers mois, donnant quelques raisons d’espérer que la Sierra Leone est maintenant engagée dans une voie qui pourrait déboucher sur une paix attendue de longue date. L’un des événements majeurs à cet égard a été la rencontre, le 2 mai à Abuja, entre le Comité mixte - constitué de la CEDEAO, du Gouvernement sierra-léonais et des Nations Unies - et le Front uni révolutionnaire (RUF) pour examiner la mise en oeuvre de l’Accord de cessez-le-feu d’Abuja, signé le 10 novembre 2000. Concluant au respect, pour l’essentiel, de l’Accord, les participants ont pris un certain nombre d’engagements positifs, le Gouvernement sierra-léonais se disant prêt à examiner certaines des préoccupations politiques du RUF, et le RUF annonçant qu’il n’exigerait plus que le programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) s’étende à l’armée sierra-léonaise. Tous deux y décidant aussi de se réunir le 15 mai à Freetown pour arrêter un calendrier et les modalités de la mise en oeuvre du programme de DDR.
Toutefois le rapport note que de nombreuses difficultés demeurent, et des efforts considérables doivent être accomplis pour préserver l’élan acquis jusqu’à présent. En particulier, l’ONU doit rester vigilante et continuer de s’efforcer d’assurer la sécurité dans l’ensemble du pays. La MINUSIL continuera son déploiement avancé, en particulier dans les régions diamantifères de l’est du pays. Au 21 juin, 12 718 personnels étaient déployés sur les 17 500 autorisés. Elle continuera aussi à organiser de robustes patrouilles dans toutes les zones concernées, notamment jusqu’aux frontière avec la Guinée et le Libéria. La situation sur le plan de sécurité dans la sous-région demeure difficile. Le Secrétaire général appelle à nouveau tous les dirigeants des pays de l’Union du fleuve Mano à commencer sans délai un dialogue politique qui aurait pour objectif premier de rétablir la sécurité et la stabilité de leur région. Cela permettrait également aux centaines de milliers de personnes déplacées et réfugiées de rentrer dans leurs foyers et de retrouver des conditions de vie normale.
Le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (DDR) demeure d’importance cruciale pour tous les aspects du processus de paix en Sierra Leone, notamment la création des conditions propices à la tenue d’une consultation électorale régulière et libre dans tout le pays. Le Secrétaire général fait toutefois état d’un risque grave que le programme ne s’essouffle rapidement faute d’un financement suffisant. Il appelle donc la communauté internationale à contribuer d’urgence et généreusement au fonds d’affectation spécial géré par la Banque mondiale. Il avertit que si le financement volontaire n’est pas suffisant, il sera nécessaire d’envisager un mécanisme différent de financement. Parmi les tâches les plus urgentes à accomplir, le Secrétaire général cite la création d’installations adéquates pour le désarmement, la démobilisation et la réinsertion, la mise au point d’un calendrier réaliste et l’aménagement rapide de possibilités de réinsertion des ex-combattants dans leurs collectivités locales.
Il précise que la réinsertion sociale des militaires de rang élevé et moyen du RUF pourrait exiger des solutions flexibles comme des programmes éducatifs adaptés à leurs besoins, en Sierra Leone ou à l’étranger. Dans le cadre du rétablissement d’une situation normale à l’échelle du pays, les efforts faits par les Nations Unies et par le Gouvernement sierra-léonais pour créer une commission “vérité et réconciliation” devraient être accélérés. Le Secrétaire général se félicite aussi des progrès réalisés en vue de la création du Tribunal spécial (pour l’heure 34 des 57 millions de dollars nécessaires ont été réunis).
Le déploiement de la MINUSIL et la progression du programme DDR devraient rouvrir de larges parties du territoire et il est important que le Gouvernement sierra-léonais saisisse l’occasion et étende l’emprise de l’administration de l’Etat et les services publics de façon efficace et transparente. Toutefois, la principale difficulté, pour les prochains mois, sera de rétablir l’autorité de l’Etat et la primauté du droit dans les zones de production de diamants. Le Secrétaire général estime que la MINUSIL, en particulier sa composante de police civile, pourrait jouer un rôle plus efficace en assurant une formation à l’intention de la police sierra-léonaise. Dans ce contexte, il a l’intention de porter dès que possible les effectifs autorisés de la police civile à 60 conseillers et de déterminer s’il est nécessaire de renforcer le rôle de l’ONU dans ce domaine.
Si l’Accord d’Abuja continue d’être appliqué au rythme actuel, il est probable que le dialogue entre le Gouvernement sierra-léonais et le RUF s’orientera de plus en plus sur les questions politiques. Le Gouvernement a déjà fourni une aide au RUF pour l’aider à se transformer en parti politique afin qu’il puisse participer aux prochaines élections. De son côté, le RUF doit accélérer son processus de transition en procédant à un désarmement complet, en participant activement aux mécanismes nationaux et locaux de réconciliation et en prenant des mesures urgentes pour remplir toutes les formalités administratives nécessaires à sa transformation en parti politique. Le Secrétaire général estime qu’une assistance internationale à tous les partis déclarés en Sierra Leone serait peut-être nécessaire pour créer un climat propice à des élections libres et honnêtes.
Le Gouvernement de la Sierra Leone a demandé à l’ONU de lui fournir une aide pour le processus électoral qu’il envisage de tenir pour l’instant en décembre 2001 et le Secrétaire général examine donc le mode de déploiement que devra adopter la MINUSIL ainsi que les effectifs militaires qui pourraient s’avérer nécessaires. Il faudrait notamment envisager d’augmenter provisoirement les effectifs militaires de la Mission et il fera des recommandations détaillées à cet égard dans son prochain rapport.
Déclarations
M. OLUYEMI ADENIJI, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL), a déclaré que le processus de paix en Sierra Leone a connu des changements positifs depuis le dernier rapport du Secrétaire général sur la question. L’Accord d’Abuja a permis de renforcer le processus de paix en cours dans le pays, bien que certaines de ses dispositions restent encore à mettre en œuvre dans le délai de 30 jours qui avait été convenu. La MINUSIL a pu garder un nombre de troupes satisfaisant, malgré le départ de deux contingents. La réunion d’Abuja II, tenue au mois de mai, a permis aux parties de débattre du programme de démobilisation, de désarmement et de réintégration (DDR).
Les opérations de retrait des forces du RUF, qui devaient commencer le 18 mai, seront suivies d’une occupation, par l’armée sierra-léonaise de la localité de Kambia. Cette opération était un test du respect par le RUF du programme DDR. L’opération s’étant passée sans heurt, nous pouvons dire que le RUF semble tenir ses engagements. Le déploiement de l’armée dans le district de Kambia a permis de protéger la frontière guinéenne des incursions du RUF. J’ai personnellement pris la responsabilité de m’opposer au premier plan de déploiement proposé pour l’armée sierra-léonaise, au vu de la mauvaise qualité des informations que nous avions sur le nombre de combattants et les types d’armements dont bénéficiait le RUF dans la région. L’opération DDR a permis de confirmer nos craintes.
Le succès de l’opération de Kambia a précipité le retour en Sierre Leone de civils sierra-léonais, qui étaient réfugiés sur le territoire guinéen. Nous pouvons donc dire que le programme DDR est devenu victime de son propre succès. Ainsi, dans la localité de Kono, les installations d’accueil des réfugiés ne sont pas encore prêtes, mais déjà, certains combattants veulent déposer leurs armes et intégrer le programme de DDR. A ce jour, nous avons désarmé plusieurs milliers de combattants qui ont remis leurs armes. Les routes ont pu être réouvertes dans certaines zones autrefois réputées dangereuses, et des signes positifs montrent que la paix commence à faire son chemin dans les esprits. La libération d’enfants soldats et de jeunes filles autrefois détenues, dont le nombre s’élève à 1215, nous montre que la question des enfants soldats et des « filles de confort » peut aussi être résolue dans un délai raisonnable. Sur le plan politique, on observe que le RUF a cessé de contester la légitimité et l’autorité du gouvernement de la Sierra Leone. Mais celui-ci a besoin de moyens substantiels pour intégrer les éléments du RUF dans l’armée et dans les structures publiques. Nous pensons notamment aux plus qualifiés de ces éléments, qui sont des meneurs potentiels. Mais le fonds destiné aux activités DDR est en voie d’épuisement, et à moins que nous recevions les 30 millions de dollars nécessaires à la poursuite des activités, le programme pourrait être en danger. La réintégration des combattants doit être assurée au risque de voir l’esprit positif qui s’est développé parmi les groupes armés se détériorer. Le Conseil doit tout faire pour trouver des sources de financement fiables en faveur de la Sierra Leone. Le montant nécessaire est modeste, par rapport aux dépenses qui sont d’habitude engagées pour des opérations de maintien de la paix. Compte tenu des progrès accomplis, il sera difficile, comme l’ont indiqué les Présidents Konaré et Obasanjo, de ne pas se concentrer davantage sur les aspects politiques du processus de réconciliation que le RUF va certainement évoquer dans les mois à venir. Des élections sont prévues, selon le Gouvernement, en 2002. Mais le flou règne encore sur le système électoral à adopter, et sur les liens entre le DDR et le processus électoral. La CEDEAO veut aider à planifier des discussions à ce sujet, et nous sommes prêts à y participer. Le président de la Sierra Leone joue un rôle important dans le processus de réconciliation que soutient la MINUSIL. La constitution d’une commission «vérité et réconciliation» est envisagée. La MINUSIL et le HCR ont été les éléments moteurs de la constitution de cette commission que tous les Sierra-léonais veulent, en priorité, voir naître et fonctionner. En ce qui concerne nos forces militaires, dont je remercie le commandant présent dans cette salle, nous attendons que le Conseil nous fournisse des troupes de renfort, de façon que nous ayons une présence permanente dans la région de Kono, où sont actuellement stationnés deux bataillons du Bangladesh.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a fait remarquer que le rapport du Secrétaire général intervient à un moment critique de l'exécution du mandat de la MINUSIL et de la mise en oeuvre du processus de paix. Le Royaume-Uni est encouragé par les faits récents et y voit une occasion unique de parvenir à une paix durable. Il est fondamental toutefois de conserver cet élan, ainsi que le souligne le rapport du Secrétaire général. La création d'institutions stables de l'Etat et une armée régulière obéissant à l'autorité publique devraient à cet égard être des priorités. Le représentant a fait part de ses préoccupations quant aux problèmes de financement du programme de DDR. Il a rappelé que son pays a déjà consacré 15 millions de Livres au programme de DDR. "Il est temps que la charge soit répartie plus équitablement", a-t-il prévenu, avant de se féliciter de l'intérêt que l'Union européenne attache désormais à la région puisqu'elle y a envoyé récemment une mission d'information.
Le programme de DDR ne doit pas anticiper le programme visant à rétablir l'autorité du gouvernement sur tout le territoire, a également mis en garde
M. Greenstock. Il faut, ce faisant, consentir à un effort plus large pour assurer une véritable réinsertion à la vie civile pour les anciens combattants. Or, il y a encore de graves lacunes et le programme de réinsertion n'est à la disposition que d'une toute petite minorité d’anciens combattants. Il est aussi fondamental que ce soit l'ensemble du peuple sierra-léonais qui bénéficie équitablement de l'exploitation des mines de diamants. Des élections libres et honnêtes joueront aussi un rôle important dans la réconciliation nationale et le retour à une vie normale. Le Royaume-Uni soutient la proposition selon laquelle la MINUSIL devrait se concentrer sur cet événement en créant une petite unité spécifique. La Commission "vérité et réconciliation" et le Tribunal spécial doivent être mis sur pied le plus rapidement possible. "Ces deux institutions sont d'égale importance et un retard dans l'établissement de l'une ne devrait pas empêcher la création de l'autre".
M. PETER OLE KOLBY (Norvège) a noté les faits positifs enregistrés en Sierra Leone, notamment le désarmement de plusieurs milliers d'anciens combattants. Le processus DDR mérite une attention particulière. L'accord en vue de construire de nouveaux camps de démobilisation et des unités mobiles devrait faciliter davantage le processus. Toutefois, des défis importants restent à relever, en particulier la réinsertion des anciens combattants et des réfugiés et personnes déplacées. Pour cela, la collaboration devra se faire encore plus étroite entre le Gouvernement de la Sierra Leone, la MINUSIL et les autres institutions des Nations Unies présentes sur place. M. Kolby a estimé que dans le cadre de ces efforts, une attention particulière devait être accordée aux anciens enfants soldats. Pour que la stabilité du pays soit rétablie durablement, il a jugé indispensable que des activités rémunératrices soient disponibles. En outre, le pouvoir civil doit continuer de s'étendre dans tout le pays. Il faut pouvoir donner un sentiment de sécurité véritable aux populations. A cet effet, la Norvège est disposée à fournir du personnel supplémentaire à l'élément de police civile de la Mission.
En réponse à l'insuffisance de fonds qui risque de frapper le programme de DDR, le représentant a annoncé que son pays était prêt à verser 500 000 dollars de plus. Il a insisté toutefois pour que d'autres bailleurs de fonds prennent aussi des engagements fermes de financement. Le retour des réfugiés et des personnes déplacées doit s'accompagner de la protection et de la sécurité nécessaires pour le Gouvernement sierra-léonais qui doit aussi pouvoir fournir des services de base dans les zones anciennement contrôlées par le RUF. Autant de facteurs qui augmentent le coût du processus de paix, a-t-il fait remarquer. Le représentant a estimé que l'amélioration de la situation des droits de l'homme est nécessaire. S'adressant au Chef de la MINUSIL, il a demandé à savoir pourquoi le nombre d'armes remises était faible par rapport au nombre de combattants démobilisés. Pour ce qui est de l'aspect réinsertion du programme DDR, il a demandé quel est le niveau réel de criminalité parmi les anciens combattants, évoqué dans le rapport du Secrétaire général, et si ce phénomène est en aggravation. Il a souhaité avoir des exemples concrets concernant le désarmement et la réinsertion des enfants soldats. Des programmes d'informations sont-ils mis en place à destination des anciens combattants afin de leur faire connaître quelles sont les possibilités d'emploi qui s'offrent à eux? s'est-il également interrogé.
M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) a observé que la communauté internationale doit intensifier ses efforts pour que la situation en Sierra Leone ne se dégrade pas après les progrès que l’on a vu s’opérer sur le terrain. L’engagement du RUF envers le processus de paix doit être encouragé et soutenu. Il est indispensable que la communauté internationale montre au CDF et au RUF, les deux mouvements rebelles, que leur respect de l’Accord d’Abuja est apprécié. Le programme DDR doit recevoir les moyens dont il a besoin. Maurice apprécie que le gouvernement de la Sierra Leone reconnaisse la nécessité de faire participer le RUF au processus politique et démocratique du pays. Nous l’encourageons à continuer dans cette voie et sommes d’avis que la réinsertion est le seul moyen du retour d’une paix durable en Sierra Leone. Nous sommes cependant inquiets qu’aucune annonce de contributions n’ait été faite lors de la réunion des pays contributeurs pour la Sierra Leone qui s’est tenue à Paris les 11 et 12 juin. Il est inquiétant de voir le processus DDR mis en péril du fait du simple manque de ressources, dont le montant n’est pas exorbitant. Maurice souhaite que la MINUSIL puisse s’engager dans sa 3ème phase de déploiement qui suppose une occupation des zones diamantifères du pays. Maurice demande que des campagnes de sensibilisation de la population au processus politique qui s’annonce soient organisées. Le gouvernement de Sierra Leone a besoin plus que jamais de nouvelles ressources pour assurer un retour sans heurt des réfugiés, et nous sommes inquiets de l’état de la situation humanitaire actuelle, marquée par le dénuement. Maurice rend hommage à la CEDEAO et à son Président actuel, M. Alpha Oumar Konaré, du Mali, qui a tout fait pour que les mécanismes régionaux, dont ceux de l’Union du fleuve Mano, contribuent au retour de la paix.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a jugé le rapport du Secrétaire général à la fois complet et encourageant. Les progrès qui y sont mentionnés ne peuvent qu'encourager la communauté internationale à poursuivre ses efforts de paix en Sierra Leone. Pour préserver l'élan de paix, la stabilisation du pays en matière de sécurité est fondamentale. Dans ce contexte, les forces de défense civile doivent être empêchées de commettre des actes de provocation qui constituent un prétexte au RUF pour rompre l'Accord de cessez-le-feu, a précisé le représentant, qui souligne que les préoccupations politiques du RUF devaient être prises en considération.
La Chine reconnaît l'importance du programme de DDR. Elle fait toutefois observer que les aspects réinsertion du programme sont beaucoup plus complexes que ceux de désarmement et démobilisation. Il faut des compétences particulières et la Commission tripartite responsable du programme devrait déployer de nouveaux efforts. La Chine est préoccupée par la situation financière du programme de DDR et appelle la communauté des donateurs à fournir des ressources. Le représentant a indiqué que la stabilité et la sécurité du pays dépendent en grande partie de la poursuite du déploiement de la Mission. La création de la Commission "vérité et réconciliation" et l'établissement du Tribunal spécial sont aussi des éléments qui pourront contribuer à la paix. En outre, il ne faut pas oublier l'importance de rétablir l'autorité publique sur l'ensemble du territoire. Abordant la situation sécuritaire de l'ensemble de la région, le représentant a souligné combien la situation était précaire et tendue et il a appelé les représentants de l'Union du fleuve Mano à coopérer, avec l'aide de la CEDEAO pour réduire les tensions.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) s'est dit soulagé par les progrès sensibles dans la mise en oeuvre du processus de paix comme l’indique le rapport du Secrétaire général. Il fait remarquer cependant qu'il était encore trop tôt pour considérer cette évolution irréversible. Il a averti que les difficultés, qui sont essentiellement d'ordre financier, risquent d'ébranler le processus dans son entièreté, surtout lorsque ces difficultés affectent des activités aussi vitales que celles du DDR, ainsi que la réinsertion des personnes déplacées et des réfugiées, du rétablissement de l'autorité de l'Etat, de l'organisation des élections et du développement économique à long terme du pays. La Tunisie exhorte donc la communauté internationale à continuer à apporter tout l'appui politique financier et politique nécessaire, car les investissements considérables consentis en faveur de la paix ces dix dernières années n'auraient aucun sens s'ils n’étaient pas consolidés au moment le plus critique du processus.
Le représentant a estimé que le volet politique devait être maintenu comme l'une des priorités majeures dans la recherche d'une solution définitive au conflit. Il a appelé le Gouvernement sierra-léonais et les dirigeants du RUF à continuer à travailler résolument et de bonne foi dans ce sens. Les préoccupations du RUF au sujet de sa sécurité et de son avenir politique et au sujet de la Commission "vérité et réconciliation" et du Tribunal spécial devraient en outre être prises en considération. L'objectif doit être de concilier l'impératif de la primauté du droit et les exigences politiques pour prévenir tout risque de réversion du processus de paix. M. Mejdoub a insisté sur le fait que la situation en Sierra Leone ne sera durablement résolue qu'une fois la sécurité dans toute la région rétablie. Il a appelé les dirigeants de l'Union du fleuve Mano à entamer le plus tôt possible un dialogue politique en vue de parvenir à une solution commune et concertée à la situation inquiétante sur le plan de la sécurité dans leur région. Dans ce contexte, la délégation tunisienne attend avec intérêt le prochain rapport du Secrétaire général qui comprendra des recommandations relatives à l'augmentation des effectifs militaires de la Mission afin de lui permettre d'exécuter les prochaines phases critiques de son concept d'opérations, puisqu'il s'agira du déploiement de la Mission dans les zones diamantifères et dans l'ensemble du pays pour contribuer à la tenue des élections.
M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine) a déclaré que l’occasion est unique pour la communauté internationale, en ce moment, de soutenir le processus de paix en Sierra Leone, au vu des progrès accomplis ces derniers temps. Des défis continuent cependant d’exister, et la communauté internationale doit les relever. Ces défis portent surtout sur le renforcement de la sécurité dans les territoires autrefois disputés. La poursuite du programme DDR est à cet égard nécessaire, et M. Adéniji, Représentant spécial du Secrétaire général, a clairement dit que le Conseil et les donateurs devaient rapidement réagir en vue de permettre au DDR de suivre son cours sans interruption. L’autorité de l’Etat reste à rétablir sur tout le territoire du pays, et seule la tenue d’élections, justes et régulières, sur tout le territoire permettra de donner au Gouvernement les moyens politiques dont il a besoin. La situation humanitaire demeure préoccupante en Sierra Leone et dans la région du fleuve Mano. Des efforts sont indispensables en vue de ramener la stabilité régionale. La MINUSIL joue un rôle important, non seulement en Sierra Leone, mais aussi dans toute la sous-région, et l’Ukraine est fière de faire partie des pays fournisseurs de contingents.
M. RICHARD RYAN (Irlande) a accueilli favorablement les efforts déployés par le gouvernement de la Sierra Leone pour faciliter la transformation du RUF en parti politique. Il s’est en revanche inquiété des attaques qui auraient été perpétrées par la Force de Défense Civile (CDF), en dépit de la sécurisation de grandes parties du territoire par la MINUSIL. Ceci est d’autant plus inquiétant que le RUF aurait samedi dernier menacé d’arrêter de coopérer si les allégations concernant les attaques du CDF ne font pas l’objet d’une enquête. Il est crucial que le CDF et le RUF soient conscients de leurs obligations pour faciliter la tâche de la MINUSIL et qu’ils désarment conformément à l’accord conclu le 15 mai à Freetown, a indiqué M. Ryan. A cet égard, le Conseil doit adresser un message ferme au RUF et au CDF afin qu’ils respectent les accords conclus à Abuja le 2 mai et à Freetown le 15 mai. L’Irlande s’est par ailleurs félicitée de la mise en oeuvre réussie des programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion dans les districts de Kambia et de Port Loko et a insisté sur la nécessité de réinsérer les anciens combattants en leur proposant des activités génératrices de revenus. Le représentant a souhaité qu’une coopération étroite soit instaurée entre les gouvernements de la Sierra Leone et la Guinée, condition nécessaire à la stabilité de la zone frontalière. Il a indiqué que le rétablissement de l’autorité de l’Etat et de règles de bonne gouvernance, l’organisation des services de base et la tenue d’élections libres et justes devaient être à l’ordre du jour, et que le pardon individuel et la réconciliation constituaient les bases de la reconstruction nationale.
M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a déclaré qu'il y avait maintenant de véritables raisons d'être encouragé par la situation en Sierra Leone. Il est notamment satisfaisant de constater que le pays dispose désormais d'un plan stratégique de redressement. La MINUSIL a, elle aussi, et malgré les perspectives peu réjouissantes qui étaient les siennes il y a un an, enregistré d'importants progrès. Alors que la Mission atteindra son plafond de personnel autorisé, il est important qu'elle puisse continuer ses activités. Abordant la question du Tribunal spécial, dont son pays était l'un des instigateurs, il a regretté que l'initiative se soit avérée aussi coûteuse qu'inutile pour l'instant. Toutefois, la nouvelle orientation et l'appel aux bailleurs de fonds proposés par le Secrétaire général ont l'appui des Etats-Unis. M. Cunningham a prévenu que "la justice commence par le jugement d'une personne en particulier actuellement emprisonnée et dont nous connaissons tous le nom, à savoir Foday Sankoh". Les erreurs du Tribunal pour le Rwanda doivent cependant être évitées, a mis en garde le représentant. La Commission "vérité et réconciliation" doit aussi être instaurée en parallèle, même si, de l'avis des Etats-Unis, le Tribunal spécial est l'élément le plus important. "Y renoncer sous prétexte que cela conduirait plus rapidement à la paix ne serait que reproduire les erreurs coûteuses du passé".
S'agissant du programme DDR, il a fait remarquer que ce programme n’était pas de la responsabilité du Conseil de sécurité et qu’il se demandait si les contributions qui sont demandées étaient bien le meilleur moyen de lui assurer une base financière solide.
Mme CHRISTINE LEE (Singapour) a estimé que la Sierra Leone devait, avec le retour au calme, totalement reprendre le contrôle de l’exploitation de ses ressources, notamment diamantifères. La mauvaise gestion de ces ressources avait été dans le passé l’une des raisons des conflits, et Singapour tient à relever ce fait. Ma délégation pense que la coopération du RUF dépend de la qualité des liens et des contacts que ce mouvement aura avec la MINUSUL, le gouvernement, et le CDF. Il a été dit que certains anciens combattants avaient été maltraités après leur adhésion au programme de démobilisation, une fois qu’ils avaient remis leurs armes. Ce fait doit être vérifié et dénoncé. La paix en Sierra Leone tient à la réconciliation entre les parties et à la mise à l’écart de tous ceux qui tentent de saboter le processus de paix, de quelque bord qu’ils soient. Nous soutenons les négociations régionales au niveau de l’Union du fleuve Mano et de la CEDEAO. Nous attendons avec intérêt le retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leurs régions d’origine. Singapour apprécie le travail positif accompli par M. Adéniji.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) s'est réjoui du rôle efficace joué par les missions de l'ONU en Sierra Leone en matière de réconciliation nationale par le dialogue politique, d'exercice de l'autorité par l'Etat dans tout le territoire, de programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration des combattants, de mise à disposition des ressources naturelles au profit des habitants et d'adoption des mesures efficaces contre l'impunité. Le représentant a apporté son soutien au Secrétaire général qui a l’intention de réexaminer le rôle de la police civile et de mettre en place une assistance électorale. Il a indiqué que la présence de la MINUSIL dans les zones précédemment occupées par le Front uni révolutionnaire (FUR) reflétait l'engagement pris par les Nations Unies de rétablir la paix dans la région et correspondait à la volonté des autorités de Freetown de rétablir l'autorité de l'État dans la région. M. Valdivieso a exhorté les membres du FUR à poursuivre le dialogue au sein du Comité mixte et à faciliter la transformation de leur mouvement en parti politique. Il a demandé aux membres du FUR de faire en sorte que la mise en place de la Commission "vérité et réconciliation" soit accélérée. Il s'est interrogé sur la question de savoir s'il est du ressort du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) de financer cette mission. Le représentant a considéré que les instances des Nations Unies devaient signifier au FUR le respect nécessaire du droit humanitaire international, quotidiennement violé. Il a fait remarquer qu'il était indispensable d'accroître les ressources financières internationales afin d'assurer une bonne récupération socioéconomique des biens du pays.
M. SEKOU KASSE (Mali) a insisté sur les difficultés qui jalonnent encore le processus de paix en Sierra Leone et en particulier le risque de dérapage du programme de DDR, faute d’un financement suffisant. C’est pourquoi nous ne cessons de plaider pour que les Nations Unies envisagent d’assurer le financement de ce vaste programme dont la réussite sera déterminante pour une paix définitive dans le pays. Les Sierra-leonais doivent faire preuve de tolérance, de volonté et doivent oublier s’ils veulent amorcer l’incontournable processus de réconciliation nationale, a-t-il considéré. A cet effet, la création d’une Commission de vérité et de réconciliation ainsi que celle du Tribunal spécial peuvent y contribuer. Toutefois nous attirons l’attention sur le danger d’une justice partiale sur le processus de paix en cours.
Ma délégation est confortée dans sa conviction qu’il n’y a pas de solution militaire à la crise en Sierra Leone, a poursuivi M. Kassé. A cet égard, nous saluons les facilités que le Gouvernement a accordées au RUF en vue de sa transformation en parti politique afin qu’il puisse participer aux prochaines échéances électorales dans le pays. Ces élections, nous ne cessons de le répéter, doivent bénéficier de l’assistance internationale pour qu’elles soient libres et honnêtes. Il a exprimé une nouvelle fois sa conviction que la résolution de la crise en Sierra Leone contribuerait pour beaucoup à la fin des incursions armées aux frontières des trois pays de l’Union du fleuve Mano. Ma délégation est fortement préoccupée par la poursuite des combats au Libéria ainsi que ses conséquences sur les populations civiles.
M. ANDREY GRANOVSKY (Fédération de Russie) s'est dit satisfait de l'avance du processus de paix en Sierra Leone : le cessez-le-feu est respecté et les parties concernées coopèrent avec la Mission des Nations Unies. "Cela confirme le bien-fondé de la stratégie double adoptée par la communauté internationale". Le respect du calendrier de DDR est, aux yeux de la Fédération de Russie, fondamental pour la poursuite des progrès. L'arrivée de nouveaux contingents de la MINUSIL devrait y contribuer grandement. Le représentant s'est réjoui des élections générales qui sont envisagées. "Celles-ci doivent se tenir avec la pleine participation du RUF à la condition toutefois qu'il pose définitivement toutes les armes". La Fédération de Russie estime en outre judicieux de mettre l'accent sur la réconciliation, plutôt que sur la justice, même si celle-ci devra à terme être rendue. Elle attache une importance particulière à la Commission "vérité et réconciliation" qui devrait aider le peuple de la Sierra Leone à surmonter plus rapidement les blessures de plusieurs années de guerre.
M. JEAN-LUC FLORENT (France) a déclaré que la France se réjouit de l’évolution constructive en Sierra Leone comme l’indique le rapport du Secrétaire général. Le Gouvernement de la Sierra Leone doit reprendre le contrôle du territoire de manière progressive, au fur et à mesure que la MINUSIL se déploie dans les territoires occupés par le RUF. Le RUF doit, quant à lui, devenir un parti politique reconnu, et la CEDEAO doit être soutenue dans ses efforts de médiation en Sierra Leone, où le retour des réfugiés doit être encouragé. Le programme DDR est crucial, et la France est inquiète du sort des réfugiés sierra-leonais en Guinée. Le HCR devrait avoir les moyens d’aider à leur retour rapide dans leur pays.
M. CURTIS WARD (Jamaïque) a attiré l'attention sur le fait que la Commission "vérité et réconciliation" et le Tribunal spécial sont deux voies parallèles et indispensables au rétablissement de la paix durable dans le pays. La Jamaïque insiste sur l'importance du programme de DDR qui doit être suffisamment financé. A cet égard, le représentant a demandé à la communauté des donateurs de contribuer de manière urgente à ce programme. La réinsertion des anciens combattants est aussi fondamentale pour le succès du processus de paix. Il faut donc leur trouver des activités rémunératrices afin qu'ils ne soient pas tentés de reprendre les armes ou de se livrer à des activités criminelles, ainsi que l'a mentionné le Chef de la Mission. S'agissant du rapatriement des réfugiés et personnes déplacées, il est nécessaire que le Gouvernement de la Sierra Leone coopère pleinement et qu'il puisse assurer des services de base dans les zones où ces personnes seront rapatriées. "Indéniablement, cela exigera aussi des ressources supplémentaires", a prévenu le représentant.
M. IBRAHIM KAMARA (Sierra Leone) a estimé que le rapport du Secrétaire général était juste et équilibré. La relance du programme DDR en mai 2001 a été couronnée de succès, a estimé le représentant, en faisant mention du nombre d’armes récupérées et de personnes démobilisées, dont des enfants soldats. Le manque de ressources financières cause cependant des difficultés à la mise en œuvre du DDR, et notamment, de son volet «réintégration», qui est le plus coûteux. Il est important de sensibiliser les membres du RUF et du CDF sur le fait que l’appui à la réintégration n’est pas une mesure de longue durée. Nous avons besoin de la communauté internationale pour appuyer ce message. L’ONU ne doit pas abandonner le gouvernement de la Sierra Leone. Nous remercions les pays qui fournissent des contingents à la MINUSIL dont le nombre de personnels dépasse aujourd’hui les 13.000 personnes. Mais nous sommes convaincus cependant que la MINUSIL aura besoin d’être à son plus haut niveau de personnels militaires, soit 17 500 soldats, quand il faudra la faire passer à la phase III de son déploiement.
M. HANS DAHLGREN, Secrétaire d'Etat aux affaires étrangères de la Suède, s'exprimant au nom de l'Union européenne, a fait état de la récente visite qu'une mission de l'Union européenne a effectuée en Sierra Leone et dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest. Il a expliqué que la troïka européenne a constaté le respect d'ensemble du cessez-le-feu et le début de dialogue entre le RUF et le Gouvernement de la Sierra Leone. "Le RUF est même déjà temporairement enregistré comme parti politique, ce qui est un progrès réel". Il semble donc que le projet de tenir des élections nationales du Président Kabbah soit sur la bonne voie. Il est notamment important que les anciens rebelles soient pleinement associés à cette consultation populaire, tout en ne perdant pas de vue la nécessité de rendre justice pour les atrocités commises. L'Union européenne est prête à fournir une aide pour la réalisation de ce processus pacifique et positif. En outre, les membres de l'Union examinent activement toutes les possibilités d'augmenter leur contribution au programme de DDR. M. Dahlgren a rappelé que la visite en Sierra Leone s'inscrivait dans le cadre d'une mission dans la région du fleuve Mano. C'est pourquoi, la mission s'est rendue au Mali, qui assume la présidence de la CEDEAO, pour exprimer le soutien de l'Union aux efforts du Président Konaré pour trouver une solution politique à la crise entre la Guinée et le Libéria, même s'il demeure des différences significatives à résoudre, le Président de la Guinée ayant réaffirmé qu'il n'accepterait pas de dialogue direct avec le Président Taylor du Libéria tant que son pays était toujours victime de violentes provocations. L'Union pourrait aussi appuyer le projet de déploiement d'une force de la CEDEAO à la frontière entre la Guinée et le Libéria pour éviter une confrontation militaire directe entre ces deux pays. Le Secrétaire d'Etat a indiqué que là aussi le Président de la Guinée objectait à ce que cette force soit déployée sur son territoire, alors que le Gouvernement de la Sierra Leone s'est, quant à lui, montré sceptique, compte tenu de la taille très limitée de la force envisagée.
M. Dahlgren a aussi réitéré le soutien de l'Union européenne aux nouvelles sanctions imposées par le Conseil de sécurité au Libéria en début d'année. Il est en effet fondamental que le Libéria cesse son appui militaire et financier aux groupes rebelles en Sierra Leone mais également dans d'autres pays de la région. Il a ajouté que l'impact politique et psychologique de ces sanctions se faisait déjà sentir avec force dans le pays. La mission de l'Union européenne a aussi pu constater combien la situation humanitaire dans la région du fleuve Mano demeure extrêmement inquiétante. La situation dans le nord du Libéria est particulièrement peu claire et le très grand nombre de personnes déplacées
reportées dans cette région demeure à confirmer puisqu'aucun observateur étranger n'est admis dans cette zone. L'Union européenne entend avoir un dialogue franc et ouvert avec le Gouvernement du Libéria sur ce point. De manière générale, la peur est grande parmi les pays du fleuve Mano que l'instabilité entre le Libéria, la Guinée et la Sierra Leone ne s'étende à d'autres pays. L'Union européenne estime que la crise humanitaire dans cette région ne peut pas être résolue sans un dialogue direct entre les gouvernements concernés. "C'est pourquoi l'initiative de dialogue du Président Kabbah représente un premier pas qui doit être soutenu".
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a informé les Membres du Conseil que 910 soldats de maintien de la paix pakistanais étaient d’ores et déjà en poste en Sierra Leone, première tranche d’un contingent de 4 300 Pakistanais qui participera à la MINUSIL. La présence du Pakistan en Sierra Leone est une manifestation éclatante de l’engagement inconditionnel de mon pays en faveur de la paix et de la prospérité en Afrique, a fait remarquer le représentant. Il a salué les récentes évolutions positives, y compris le déploiement de la MINUSIL, le lancement du programme de désarmement, démobilisation et réintégration et les initiatives audacieuses du gouvernement du Président Ahmed Tejan Kabbah en faveur de la paix et de la réconciliation. Ne nous reposons cependant pas sur nos lauriers, a déclaré le représentant; pas plus tard que l’année dernière, une situation prometteuse a dégénéré en chaos. Afin que cela ne se reproduise pas, le Secrétariat et le Conseil de sécurité doivent s’assurer de ne pas répéter les mêmes erreurs. Il importe également que la communauté internationale s’implique afin de normaliser la situation de la Sierra Leone, a ajouté M. Ahmad. Cela inclut le retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières, le rétablissement de l’autorité de l’Etat et la reconstruction d’une société meurtrie par la guerre. Cela implique également qu’il faudrait que les trois pays de l’Union du fleuve Mano, la Sierra Leone, la Guinée et le Libéria coopèrent et apportent une réponse collective à leurs problèmes.
M. ARTHUR C.I. MBANEFO (Nigeria) a fait observer que, si l’on considérait qu’il y a à peine un an, en particulier après la capture de 500 soldats de la MINUSIL, la situation en Sierra Leone, paraissait sans espoir, les progrès réalisés en Sierra Leone étaient particulièrement bienvenus. Le déploiement des soldats de la MINUSIL à Lunsar, Makeni, Magburaka ainsi que l’extension des patrouilles à Koidu, un grand centre de production de diamants, et à des zones comme celles de Kailahun, Buedu et Kabala, constituent une évolution positive qui est très certainement le résultat de l’amélioration du leadership et du professionnalisme de la MINUSIL.
Ma délégation souhaite toutefois faire observer que les structures d’accueil proposées par les différents centres de désarmement, de démobilisation et de réintégration s’étant avéré inadaptées, cela avait abouti à une situation de surpopulation et à des ruptures dans l’approvisionnement en eau, a-t-il indiqué. Si on ne leur offrait pas des conditions de réintégration adéquates, les anciens combattants pourraient basculer dans le banditisme ou retourner dans la brousse. C’est pourquoi nous insistons pour qu’on leur fournisse à court terme la nourriture, le matériel, l’argent et la formation qui leur permettra de réintégrer la vie civile. Sur le long terme, l’emploi et toute autre source de revenu dépendra de la relance de l’économie. La Conférence des donateurs de la Banque mondiale, qui s’est tenue à Paris du 11 au 12 juin 2001 dans le but de mobiliser un soutien financier pour le programme de DDR en Sierra Leone via le Fonds de contribution géré par la Banque mondiale, est un pas dans la bonne direction.
Nous lançons un appel aux pays donateurs pour qu’ils saisissent l’opportunité, que constitue le cessez-le-feu en Sierra Leone, pour mettre en oeuvre ce programme. Nous voudrions aussi attirer l’attention sur le besoin urgent d’assistance humanitaire dans les camps de réfugiés. Les élections prévues pour décembre sont une étape décisive dans le processus de paix, a fait valoir le représentant. Nous demandons au RUF, de façon pressante, de se constituer en parti politique et de participer à ces élections. Nous lançons également un appel aux Nations Unies pour qu’elles fournissent le soutien nécessaire pour garantir des élections libres et équitables. Nous insistons pour que le processus de création de la Commission de vérité et de réconciliation soit accéléré. Seulement 34 millions de dollars d’engagements de contributions sur les 57 millions de dollars annoncés pour le Tribunal spécial ont été versés. Nous lançons un appel aux donateurs pour qu’ils versent les contributions nécessaires à sa création.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a dit qu'il est clair que les choses vont dans le bon sens en Sierra Leone. L'Accord d'Abuja est mis en oeuvre, le RUF respecte ses engagements, en particulier ceux concernant le désarmement, la démobilisation et la réinsertion, même si la livraison d’armes et d’équipements saisis à la MINUSIL demeure encore un point à régler. Le Bangladesh se félicite de voir que la Mission continue de déployer ses activités, ce qui facilite le processus de paix. M. Chowdhury a fait valoir que la Mission avait été en mesure d'assurer une présence dans la région diamantifère de Koifu bien plus tôt que prévu. Se réjouissant que 800 enfants soldats aient déjà été libérés, il a exhorté les groupes armés et, notamment, le RUF à libérer tous les autres enfants.
Malgré ces développements positifs, la situation continue d'être précaire, notamment dans la sous-région, a fait remarquer le représentant qui a insisté sur le fait qu'il n'y a pas d'autre solution pour les dirigeants du fleuve Mano que d’engager le dialogue. La gravité de la situation humanitaire est la seconde principale source de préoccupation. Le représentant s'est inquiété des informations faisant état de violations des droits de l'homme des personnes déplacées et des réfugiés. Le troisième point noir est le manque de ressources qui risque de compromettre la mise en oeuvre complète du programme DDR et n'a toujours pas permis l'établissement du Tribunal spécial. Pour que la paix en Sierra Leone soit durable, la communauté internationale doit garantir une aide durable, a averti M. Chowdhury. Il a reconnu avec le Secrétaire général qu'il pourrait être possible de renforcer davantage la MINUSIL, notamment au vu des élections à venir. Toutefois, le Gouvernement de la Sierra Leone doit, de son côté, honorer son engagement en tirant notamment profit du déploiement avancé de la Mission pour accroître son autorité et les services de base sur le territoire, en particulier dans les zones autrefois dominées par les groupes armés. Dans ce contexte, le Bangladesh estime que les zones diamantifères doivent recevoir une attention particulière.
Répondant aux remarques des membres du Conseil en fin de séance, M. Oluyemi Adéniji a dit que le soutien du Conseil était indispensable au fonctionnement de la MINUSIL. Concernant le nombre d’armes collectées par la MINUSIL dans le cadre du DDR, par rapport au nombre de combattants qui se rendent, la différence vient du fait que beaucoup de ces combattants n’avaient pas d’armes individuelles. Les types d’armes retirées vont de l’arme individuelle à la mitrailleuse lourde et aux équipements de lutte antiaérienne et antichar. Concernant les questions relatives à la possibilité de voir certains ex-combattants devenir des bandits urbains ou de
grand chemin, il est sûr que si rien n’est prévu pour qu’ils aient un emploi ou une source de revenus légaux, ces individus longtemps habitués à la vie dans de conditions de guerre auront tendance à réadopter des attitudes de violence. Le cas des enfants est particulièrement dramatique, car ils ont non seulement besoin d’être réintégrés à la vie civile, mais aussi de recevoir un soutien psychologique. Quelques ONG existent pour s’occuper d’eux, mais elles n’ont pas de moyens suffisants. Concernant le fonctionnement du DDR, nous veillons à ce que des informations soient fournies aux combattants sur les différentes options et opportunités qui s’offrent à eux pour mener une vie normale dans leur communauté d’origine. Quant à la proposition que nous avons faite de permettre au HCR de collecter des fonds au profit du DDR, nous avons simplement estimé que le HCR, de par l’expérience qu’il a en la matière, pouvait être un outil efficace de collecte de financements.
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