En cours au Siège de l'ONU

CS/2148

LES DELEGATIONS APPUIENT L’IDEE D’UNE PHASE DE TRANSITION AVANT LE DEPLOIEMENT TOTAL DE LA MONUC

13/06/2001
Communiqué de presse
CS/2148


Conseil de sécurité

4327e séance – matin & après-midi


LES DELEGATIONS APPUIENT L’IDEE D’UNE PHASE DE TRANSITION

AVANT LE DEPLOIEMENT TOTAL DE LA MONUC


La RDC demande une redéfinition du mandat de la Mission

qui doit avoir un « caractère coercitif sans équivoque »


Après l'analyse, le 30 mai, du rapport de la mission qu'il a dépêchée dans la région des Grands Lacs, du 15 au 26 mai, sous la conduite du Représentant permanent de la France, M. Jean-David Lévitte, le Conseil de sécurité a procédé, ce matin, à l'examen du huitième rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC), créée le 30 novembre 1999 par la résolution 1279, après la signature de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka, le 10 juillet 1999.  La RDC fait, depuis août 1998, face au conflit qui oppose, d'un coté, les forces gouvernementales soutenues par le Zimbabwe, la Namibie et l'Angola, et de l'autre, le Front de libération du Congo (FLC) et le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) soutenu l'un par l'Ouganda et l'autre par le Rwanda. 


Selon des organismes de l'ONU et des ONG, le conflit a provoqué directement ou indirectement la mort de 2,5 millions de personnes, le déplacement de quelque

2 millions d'autres et la fuite de 400 000 personnes dans les pays voisins.  Présentant le rapport de M. Kofi Annan, le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Marie Guéhenno a relaté l’évolution de la situation depuis de 15 avril dernier.  Parmi les raisons qui, à son avis, incitent à un « optimisme mesuré », il a cité le maintien du cessez-le-feu, les rencontres récentes entre différents chefs d’état de la région, la collaboration du gouvernement de la RDC avec la MONUC, le lancement du dialogue intercongolais et le respect des grandes lignes du plan de désengagement d’Harare.  Il a insisté sur l’importance économique et symbolique de la réouverture de la navigation sur le fleuve Congo.  M. Guéhenno a conclu sa présentation en faisant valoir qu’« endosser le rapport du Secrétaire général enverrait aux parties un signal convaincant de la volonté des Nations Unies de les aider à restaurer la paix, la sécurité et les bases de la prospérité dans la région. »  Faute de disposer d’une base d’informations suffisantes sur les plans de retrait de toutes les troupes étrangères et le désarmement de tous les groupes armés, le Secrétaire général recommande de ne pas lancer la phase III – déploiement total de la MONUC - mais d’autoriser une étape de transition pour permettre à la Mission notamment de continuer à surveiller la présence des forces dans les nouvelles positions défensives ainsi que tout nouveau retrait des contingents étrangers.  Cette phase de transition, souligne le Secrétaire général, entraînera, si les parties continuent d’honorer leurs engagements, la vaste gamme d’activités prévue


(à suivre – 1a)

pour la troisième phase qui exigeront probablement une augmentation importante des effectifs de la Mission.  Il estime donc prudent de planifier pour le moyen terme et de commencer dès maintenant à doter la Mission des ressources dont elle aura besoin.  Il recommande donc au Conseil de sécurité de proroger son mandat pour une période de douze mois soit jusqu’au 15 juin 2002.


Commentant ce rapport, le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la RDC, M. Léonard She Okitundu, a sollicité une redéfinition du mandat de la MONUC « de façon à lui faire revêtir un caractère coercitif sans équivoque ».  Pour mettre fin aux allégations de certaines parties, il a invité la MONUC à intensifier son déploiement dans la partie Est du pays sous occupation, ce qui, selon lui, justifie encore l’urgence de la requalification du mandat et de l’accroissement de ses effectifs.  Le Ministre a invité le Conseil à peser de tout son poids pour que la décision de « co-localiser » la Commission militaire mixte et la MONUC à Kinshasa soit effective. 


Les autres délégations ont dans l’ensemble appuyé les propositions du Secrétaire général et lié le lancement de la phase III aux progrès réalisés dans le désengagement; la démilitarisation de la ville de Kisangani; l'élaboration des plans de retrait et le désarmement, la démobilisation, la réinsertion, le rapatriement ou la réinstallation (DDRRR) des groupes armés, en particulier ceux qui se livrent à des incursions dans leur pays d’origine à partir de la RDC; et le lancement du dialogue intercongolais.  Répondant à ces préoccupations, le Ministre congolais des affaires étrangères a imputé les retards dans le désengagement au refus "persistant" d’une des parties de se conformer au Plan de Kampala.  A cet égard, les membres du Conseil ont rappelé au FLC ses engagements en la matière, ayant entendu le Ministre congolais leur demander d’envisager de prendre les mesures prévues dans la résolution 1341 (2001).  Répondant à la demande du Ministre de fixer une date butoir pour la démilitarisation de Kisangani, les membres du Conseil ont jugé inacceptable qu’un an après l’adoption de la résolution pertinente, le RCD n’ait toujours pas répondu aux attentes du Conseil ; le représentant du Royaume-Uni rappelant que l’appui de la communauté internationale à l’éventuelle participation des « factions armées » au pouvoir dépendra de leur engagement en faveur du processus de paix.


S’agissant des plans de retrait, le Ministre congolais des affaires étrangères a fixé au 22 juin prochain à la réunion de la Commission militaire mixte la finalisation de ces plans ainsi que des plans de DDRRR des groupes armés.  « Mon pays ne saurait servir de base arrière à la déstabilisation des pays voisins », a affirmé le Ministre.  Le représentant du Burundi a demandé au Conseil d’assurer une présence de dissuasion aux frontières du Burundi avec la RDC et la Tanzanie et exhortant le Conseil à persuader, en particulier, la Tanzanie à cesser son appui aux groupes armés.  Pour sa part, le représentant du Rwanda a rendu compte des combats intenses qui se déroulent actuellement aux frontières entre « ceux qui ont trouvé un refuge bienveillant en RDC et les forces rwandaises ».  Il a prôné une action commune avec la RDC sur cette question.  De son côté, le représentant de l’Ouganda a réitéré l’attachement de son pays à l’Accord de Lusaka, qui, selon lui, a l’avantage de couvrir les dimensions internes et externes du conflit.  A ce propos, le Ministre congolais des affaires étrangères a confirmé le bon déroulement des préparatifs du dialogue intercongolais dont les travaux préparatoires doivent commencer le 16 juillet 2001.  Sur le plan externe, il a fait part des contacts directs que son pays a initiés au plus haut niveau avec les dirigeants des « pays agresseurs  pour se donner la possibilité d’adopter des modalités pratiques pour répondre aux préoccupations sécuritaires »


(à suivre – 1b)


Au chapitre humanitaire, le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés a avancé cinq recommandations consistant à cesser le recrutement d’enfants soldats ; à établir des mécanismes de contrôle ; à organiser des campagnes de sensibilisation ; à effectuer des visites conjointes de la MONUC, de l’UNICEF et des autorités militaires dans les camps et baraquements ; et à établir des structures de DDR pour les anciens enfants soldats.  De son côté, le représentant de la Suède, au nom de l’Union européenne et des pays associés a annoncé la décision de l’Union européenne de fournir 35 millions d’euros pour l’assistance humanitaire et 120 millions d’euros pour financer la lutte contre la pauvreté et la promotion des droits de l’homme. 


Outre les délégations et personnalités citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Ukraine, Jamaïque, Chine, Royaume-Uni, Fédération de Russie, Maurice, Singapour, Etats-Unis, Irlande, Tunisie, Norvège, Mali, Colombie, Suède, Namibie, Egypte, Japon, Burundi, Rwanda, Ouganda et Bangladesh.


Huitième rapport du Secrétaire général sur la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (S/2001/572)


Dans son rapport, le Secrétaire général retrace l’évolution de la situation politique depuis le 17 avril dernier, date de la parution de son précédent rapport.  Il a dit partager l’essentiel des conclusions de la mission du Conseil de sécurité qui s’est rendue dans la région des Grands lacs entre le 15 et le 26 mai et notamment ses appréhensions en ce qui concerne la précarité de la situation au Burundi.  Il juge encourageante la poursuite du cessez-le-feu même si des informations font état de mouvements de groupes armés vers l’Est et leurs incursions au Rwanda, au Burundi et en République-Unie de Tanzanie, ce qui est interprété par certaines analyses, comme une façon d’échapper au programme de désarmement en cours de planification. Il se dit également encouragé par la poursuite de la coopération avec la Mission de l’ONU en République démocratique du Congo (MONUC) et demande aux mouvements rebelles d’offrir le même niveau de coopération, notant à cet égard le peu d’empressement du Front de libération de Congo (FLC) à retirer ses forces dans la province de l’Equateur.  La MONUC continuera de surveiller les opérations de désengagement du FLC jusqu’à leur achèvement, indique-t-il.  Le gouvernement assume également une responsabilité particulière en matière de coopération dans ce domaine et doit continuer à assurer la discipline nécessaire parmi ses forces armées.  Il se félicite également de ce que Sir Ketumile Masire, facilitateur neutre du dialogue intercongolais, ait annoncé la tenue d’une réunion préparatoire au dialogue intercongolais ainsi que de la réouverture du fleuve Congo qui revêt, souligne-t-il, une importance plus que symbolique.


Les plans établis par la Commission militaire mixte et le Comité politique en consultation avec la MONUC en vue d’un retrait complet de toutes les forces étrangères et du désarmement, de la démobilisation, de la réinsertion des groupes armés ne constituant pas une base d’informations suffisantes, le Secrétaire général indique ne pas être en mesure de faire de recommandation à ce sujet au Conseil de sécurité et ne pas demander, à ce stade, d’augmentation des effectifs militaires autorisés.  Il recommande en revanche au Conseil d’autoriser une étape de transition vers la troisième phase de la MONUC pour lui permettre notamment de continuer à surveiller la présence des forces dans les nouvelles positions défensives ainsi que tout nouveau retrait des contingents étrangers.  Elle appuiera aussi activement l’ouverture du réseau de transports fluviaux, notamment grâce au déploiement de l’unité fluviale uruguayenne et d’une deuxième unité fluviale de 200 personnes déployées par la suite.  Cette phase de transition, souligne le Secrétaire général, entraînera, si les parties continuent d’honorer leurs engagements, la vaste gamme d’activités prévue pour la troisième phase qui exigeront probablement une augmentation importante des effectifs de la force.  Il estime donc prudent de planifier pour le moyen terme et de commencer dès maintenant à doter la Mission des ressources dont elle aura besoin.  Il recommande donc au Conseil de sécurité de proroger son mandat pour une période de douze mois soit jusqu’au 15 juin 2002.


Déclarations


M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, présentant le rapport du Secrétaire général, a expliqué que sa recommandation concernant la prolongation de douze mois du mandat de la MONUC avait pour objectif de mettre en exergue le soutien du Conseil de sécurité à la Mission et aux efforts visant à mettre fin aux conflits dans la région des Grands Lacs.  La recommandation vise en outre à faciliter le recrutement d’un personnel civil très compétent, a-t-il précisé.  La seconde phase du déploiement de la MONUC, qui porte sur le contrôle du retrait des forces de la ligne d’affrontement, est sur le point de s’achever avec le retrait des unités du FLC de Befale et Bolombo mais, faute d’informations suffisantes fournies par les parties, le Secrétaire général n’est pas en mesure de présenter un plan détaillé pour la phase III de la MONUC.  S’il ne demande pas à ce stade d’aller au-delà de l’effectif autorisé de 5 537 hommes, il est cependant envisagé de continuer à renforcer le contingent militaire, par exemple, par la création de quatre bases d’hélicoptères à Manono, Ilebo, Boende et Basankusu.  Il sera également nécessaire de renforcer les contingents existant dans certaines zones, notamment à Kisangani.  La MONUC est tout à fait consciente de l’importance politique, militaire et symbolique de Kisangani pour la RDC ainsi que de la fragilité potentielle de la situation économique et de la sécurité dans cette région, a souligné M. Guehenno.  La MONUC n’a pas d’objection à ce que le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) demeure de fait l’autorité civile à Kisangani.  Dès lors, il est essentiel pour la stabilité de la ville que la police locale ait la capacité adéquate pour maintenir le calme après le départ du RCD.  La MONUC est prête à se renforcer militairement pour assurer sa propre sécurité mais n’a pas l’intention d’assumer la sécurité à Kisangani.


Concernant les populations civiles, le Secrétaire général adjoint a mis en avant les risques accrus qu’elles encouraient avec le retrait des armées étrangères et rebelles.  Même si le Secrétaire général a indiqué clairement que la sécurité des populations est de la responsabilité des parties, le déploiement d’observateurs des droits de l’homme de la MONUC ainsi que d’effectifs de sa police civile a pour but d’atténuer cette menace.  Il a insisté sur l’importance de la réouverture du système fluvial du Congo et a indiqué qu’une péniche transportant des véhicules et du carburant et des containers d’eau escortée d’embarcations rapides uruguayennes avec 14 militaires à bord avait quitté Kinshasa pour Mbanbaka où elle était attendue le 16 juin.  Une autre péniche, transportant du carburant pour la MONUC, se trouve aujourd’hui entre Mbandaka et Kisangani.  M. Guehenno a réfuté les allégations d’un membre du RCD disant que cette réouverture servirait seulement au Président Kabila et faciliterait l’infiltration et a indiqué que le commandant de la Force, le général Diallo, traitait de cette question aujourd’hui, de façon urgente, avec le RCD.


M. Guehenno a conclu que, si les parties continuaient à manifester leur soutien aux plans qu’ils avaient eux-même élaborés, la MONUC est sur le point d’entrer dans une phase particulièrement intense de ses activités qui demandera le soutien du Conseil.  Endosser le rapport du Secrétaire général enverrait aux parties un signal convaincant de la volonté des Nations Unies de les aider à restaurer la paix, la sécurité et les bases de la prospérité dans la région.


M. OLARA OTUNNU, Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, a souligné qu’il vient de terminer une mission en RDC dont l’objectif était d’évaluer l’impact des conflits sur les enfants.  Partout où il s’est rendu, a-t-il dit, il a tenu des discussions avec les autorités politiques et militaires, avec les ONG et d’autres membres de la société civile. Il a aussi entendu divers groupes d’enfants touchés par la guerre et les membres de leur famille.  La guerre, a dit M. Otunnu, a causé beaucoup de dommages dans un pays où 50% d’une population de 49 millions de personnes est constituée d’enfants de moins de 16 ans.  La grande majorité des deux millions de personnes déplacées sont des enfants et des femmes et ces enfants souffrent de maux divers, de malnutrition et de maladies qu’on aurait pu éviter.  Depuis août 1998, 2,5 millions de Congolais sont morts, en particulier dans la partie est de la RDC.


Aujourd’hui en RDC, a poursuivi M. Otunnu, la plupart des familles survivent avec moins de 1 dollar par jour.  Au cours des 10 années, la mortalité infantile a doublé et plus de la moitié des enfants ne sont pas scolarisés.  Le travail des enfants dans les mines et dans les rues à des fins de prostitution a également augmenté.  M. Otunnu a insisté sur le sort des petites filles qui deviennent des concubines forcées des soldats des différents pays impliqués.  Ces enfants, a dit le Représentant spécial, ont besoin d’une attention urgente.  Il a donc avancé une proposition visant à élaborer un plan d’action en faveur des enfants congolais.  Leur protection et leur réhabilitation, a-t-il insisté, doivent devenir une priorité nationale et politique qui devrait être inscrite dans le dialogue intercongolais.


Soulignant l’impact positif de la MONUC sur les populations et les activités humanitaires, le Représentant spécial a plaidé pour l’élargissement rôle de la MONUC dans ce domaine.  Le processus de paix dans la RDC doit aller de pair avec des efforts visant à faciliter l’accès des populations à l’assistance humanitaire, en particulier les femmes et les enfants, a-t-il souligné.  Si la responsabilité première en la matière incombe aux dirigeants congolais, il est néanmoins nécessaire de lancer un appel à la communauté internationale pour qu'elle prête l'assistance requise aux enfants congolais, en particulier par la création d’écoles et de centres de santé, a souligné le Représentant spécial.


Ces mesures sont nécessaires pour rompre le cycle d’exploitation et de désespoir, a insisté le Représentant spécial, mais aussi pour mettre en place un moyen de protection et de prévention.  Le recrutement massif d’enfants soldats, par la plupart des parties au conflit, est devenu une sorte de fléau qui compromet l’avenir de la RDC.  Le Représentant spécial a avancé cinq recommandations qui, a-t-il dit, ont été acceptées par les dirigeants militaires et politiques.  Il s’agit de la cessation complète du recrutement, de la mise en place d’un mécanisme de contrôle, du lancement d’une campagne de sensibilisation, des visites conjointes de la MONUC, de l’UNICEF  et des autorités militaires dans les camps et les baraquements, et de la mise en place de mesures de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats.  A cet égard, le Représentant spécial a insisté sur la nécessité de coopérer étroitement avec la société civile. 


M. LEONARD SHE OKITUNDU, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République démocratique du Congo, a déclaré que le processus de désengagement avait connu du retard en raison du refus persistant d’une des parties signataires à l’Accord de Lusaka de se conformer au Plan de Kampala.  Cette partie n’avait opéré aucun désengagement en dépit des dispositions du Plan de Kampala qui prévoit un retrait de 165 km par rapport à ses positions actuelles, a-t-il indiqué.  Faute d’opérer ce désengagement dans un délai relativement court qui serait déterminé par le Conseil, les mesures prévues par le paragraphe 28 de la résolution 1341 (2001) devront être appliquées, a jugé le Ministre qui a lancé un appel pour que la question de la démilitarisation de la ville de Kisangani soit résolue de manière prioritaire.  Cette ville, a-t-il rappelé, a vécu des affrontements d’une rare violence entre les forces armées régulières de l’Ouganda et du Rwanda qui ont causé un profond traumatisme à la population.  Il a demandé au Conseil de fixer, dans la résolution qu’il s’apprête à adopter, une date pour la démilitarisation effective et complète de Kisangani.  Il appartient au Conseil d’envisager des mesures innovatrices pour encourager le respect de la résolution 13O4 (2000), a-t-il fait valoir.  Les Nations Unies doivent pouvoir renforcer les troupes marocaines et y accroître leur personnel civil et associé.  Autant Kisangani aura été le symbole du martyre et de la souffrance du peuple congolais, autant nous sommes convaincus que cette ville est appelée à devenir le symbole politique et physique du renouveau et du retour à la dignité de tout un peuple.  Le ministre a assuré le Conseil de la volonté de son gouvernement de ne ménager aucun effort pour finaliser, lors de la réunion de la Commission militaire mixte, le 22 juin prochain, les plans de retrait et de désarmement, de démobilisation, de réinsertion, de rapatriement ou de réinstallation (DDR).  Il a indiqué que son gouvernement avait pris l’initiative de contacts directs au plus haut niveau avec les dirigeants des « pays agresseurs » pour se donner la possibilité de formuler ses préoccupations sécuritaires et les modalités pratiques pour y répondre.  Il a affirmé qu’en ce qui concerne son gouvernement, le RDC ne saurait servir de base arrière à la déstabilisation des pays voisins.  Une paix durable dans la région des Grands Lacs passe par la promotion de la démocratie, des droits de l’homme, de la concorde nationale et de la réconciliation, a-t-il fait valoir.  Ignorer cette dimension renforcerait les tenants de la politique d’épuration ethnique.  Ceux-ci doivent être traduits devant un tribunal international, a déclaré le ministre, qui a par ailleurs réaffirmé l’engagement de son gouvernement au dialogue intercongolais.


M. Okitundu a attiré l’attention sur la situation humanitaire désastreuse du Congo, citant des informations émanant d’ONG et d’organismes de l’ONU faisant état de 2,1 millions de personnes déplacées, de près de 400 000 Congolais réfugiés dans les pays voisins, de 16 millions de personnes touchés par la guerre et de la multiplication du nombre de personnes vulnérables : enfants de la rue, veuves, orphelins, enrôlement forcé des enfants.  La récente dévaluation, décidée par mon gouvernement sur recommandation de la Banque mondiale et du FMI, a eu des effets dévastateurs sur le quotidien de mon peuple, a-t-il souligné.  Le pillage systématique des ressources naturelles du pays se poursuit à un rythme effréné et en toute impunité.  La RDC a besoin que la communauté internationale s’engage à l’aider notamment par la reprise conséquente de la coopération structurelle multilatérale ou bilatérale ou encore par l’accès aux différents mécanismes d’allègement de la dette.  Les processus de désengagement et de retrait doivent également accélérés pour autoriser une opération humanitaire internationale d’envergure.


Le ministre a indiqué que son gouvernement avait pris acte du plafond de 5537 observateurs recommandé par le Secrétaire général mais qu’il n’en sollicitait pas moins vivement que soit redéfini le mandat de la MONUC de façon à lui faire revêtir un caractère coercitif sans équivoque.  Il a invité le Conseil à peser de tout son poids pour que la décision de « co-localiser » la CMM et la MONUC à Kinshasa soit effective.  Enfin, a-t-il conclu, pour mettre fin aux allégations de certaines parties, le gouvernement de la RDC invite la MONUC à intensifier son déploiement dans la partie Est du pays sous occupation, ce qui justifie encore l’urgence de la requalification du mandat et l’accroissement de ses effectifs.


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), Chef de la Mission du Conseil en RDC, a indiqué que la Mission a permis d’enregistrer un certain nombre de progrès “limités mais bien réels”.  Le cessez-le-feu, a-t-il expliqué, est globalement respecté, le désengagement avance et plusieurs Etats ont commencé à retirer leurs troupes comme l’Ouganda, le Zimbabwe et bientôt la Namibie.  Le dialogue intercongolais, a poursuivi le représentant, progresse avec notamment la tournée du Facilitateur en vue de désigner les représentants au dialogue dont la réunion préparatoire commencera le 16 juillet.  Enfin, la réouverture du trafic fluvial est un signe encourageant.  Le représentant a tracé les grandes lignes de la résolution qui sera adoptée dans un proche avenir.  Ainsi, dans ce contexte, le Conseil partage l’optimisme prudent du Secrétaire général en reconnaissant que le processus de paix n’a pas encore atteint le point de retour.  Il faut que la phase de désengagement soit menée à son terme, a dit le représentant en appelant les parties au conflit à respecter les plans signés.  Il a particulièrement rappelé au Front de libération du Congo (FLC) son engagement de se désengager à compter du 1er juin.  Cette promesse doit être traduite en actes concrets, a souligné le représentant.


La démilitarisation de Kisangani constitue une autre priorité, a poursuivi le représentant en jugeant qu’il n’est acceptable que le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) ne se soit toujours pas retiré, un an après la résolution pertinente.  Le FLC et le RCD doivent coopérer pleinement avec la MONUC et les obstacles que ces deux mouvements opposent à la MONUC sont incompatibles avec la poursuite du processus de paix, a insisté le représentant avant de s‘inquiéter que des groupes armés non signataires de l’Accord de paix aient pris l’initiative d’affrontements qui peuvent mettre en péril le processus de paix.  Toutes les parties à l’Accord et notamment le Gouvernement de la RDC doivent veiller à ce que cesse tout soutien aux groupes armés, a dit le représentant en soulignant que cette question doit faire partie à un processus agréé par tous de désarmement, de démobilisation, de réinsertion et de réinstallation (DDR).


Les violations des droits de l’homme sont un autre motif de grave préoccupation pour le Conseil, a encore dit le représentant en souhaitant que toutes les parties au conflit fassent davantage notamment dans l’Est du pays.  Les enfants restent les principales victimes du conflit et les recommandations du Représentant spécial doivent être appliquées en priorité par tous, a ajouté le représentant avant de s’attarder sur la question du pillage des ressources naturelles de la RDC.  Le Conseil, a-t-il dit a pris bonne note des initiatives de l’Ouganda mais là encore le Conseil attend des résultats concrets.  Le Groupe d’experts, a-t-il prévenu, doit remettre une évaluation complémentaire de la situation et le Conseil est résolu à prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à ce pillage qui est devenu un des moteurs du conflit.


Le Conseil, a-t-il conclu, est déterminé à aider les parties dans leurs efforts si elles respectent leurs engagements.  Pour soutenir la dynamique de paix, il convient de préparer la phase III qui doit aider les parties à appliquer les plans de retrait et de DDR.  La communauté doit être prête à aider tous les Etats de la région à mettre en oeuvre les initiatives pour assurer la stabilité de la région.  Le représentant a proposé qu’en septembre et en octobre soit organisée une réunion des ministres du Comité politique.


M. VALERY KUCHINSKY (Ukraine) a indiqué que son pays avait pris note des progrès récents tout en constatant que le caractère irréversible du processus de paix en RDC n’était pas encore assuré, cette situation étant étroitement liée à celle de pays voisins.  Il a lancé un appel à toutes les parties pour qu’elles abandonnent toute « ambition futile » et s’engagent dans l’application concrète de l’Accord de Lusaka.


Il a fait observer qu’il n’était pas encore possible d’identifier un niveau de coopération satisfaisant entre la MONUC et les dirigeants du FLC et du RCD-Goma et il a lancé un appel à la coopération de ces parties.  Il a exprimé le soutien de sa délégation à la recommandation du Secrétaire général concernant la prolongation de douze mois du mandat de la MONUC et a indiqué que son pays jugeait nécessaire la création d’une Commission pour le bassin du fleuve Congo, ce qui contribuerait à la revitalisation du commerce sur cette voie d’eau, a-t-il fait valoir.  Il a exprimé le soutien de l’Ukraine à la résolution étudiée par le Conseil qui signale, de son point de vue, aux parties qu’il existe une opportunité de régler le conflit et de stabiliser la situation dans la région.


M. CURTIS A. WARD (Jamaïque) a souhaité que le Conseil se concentre sur les efforts visant l'avenir, et qu'il fasse comprendre aux parties leurs obligations et souhaité la mise en oeuvre de l’Accord de Lusaka.  Il s’est dit préoccupé par le nombre de questions en suspens, notamment le dialogue intercongolais et les préoccupations sécuritaires de tous les pays de la région.  Le représentant a demandé la cessation de toutes les activités hostiles et des fausses accusations que s'échangent les parties.  Il a souligné la nécessité de mettre un terme à tout appui et souhaité que des mesures soient prises pour assurer la protection de la population civile. 


Les responsables des violations des droits de l’homme seront punis, a insisté le représentant en attirant particulièrement l’attention sur la question des enfants soldats.  Il a appelé le FLC et le RCD à agir conformément à l’Accord de paix et aux résolutions du Conseil de sécurité.  Le RCD doit comprendre, a dit le représentant, que la coopération avec la MONUC est une partie intégrante du processus de paix.  La patience du Conseil n’est pas illimitée, a prévenu le représentant en concluant sur le sort des enfants.  Pour lui, le dialogue intercongolais, le DDR et le retrait des forces étrangères ne suffiront pas s’ils ne sont appuyés par une aide au développement durable.  Il ne peut y avoir de pause entre le maintien de la paix et la consolidation de la paix, a souligné le représentant en demandant à la communauté internationale, en particulier aux institutions de Bretton Woods, de s’engager totalement dans le processus de paix.  


M. WANG YINGFAN (Chine) a exprimé le soutien de son pays à la recommandation du Secrétaire général sur la phase suivante du déploiement de la MONUC.  Il a noté les progrès réalisés dans les domaines du désengagement, du cessez-le-feu et de la reprise du dialogue.  Il n’en a pas moins estimé qu’il restait beaucoup à faire et que la situation dans la région restait difficile et bien en deçà des attentes de la communauté internationale.  Nous attendons encore que le RCD-Goma procède à la démilitarisation de Kisangani, a-t-il déclaré. 


Se référant à la résolution qu’examine actuellement le Conseil de sécurité, il a fait observer qu’elle contenait des éléments explicites sur les responsabilités des parties.  Il a rappelé qu’il avait été récemment demandé par de nombreux pays d’accorder une plus grande attention à l’Afrique, que l’attention portée par le Conseil à la RDC et à la région était l’expression de cette attention portée au continent mais qu’en dernier ressort, le sort des pays de la région est entre les mains de leurs peuples.  Il leur a demandé de se saisir du processus en cours pour faire aboutir la paix.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a souligné que la responsabilité première de la paix incombe aux parties et aux dirigeants de ces pays eux-mêmes.  Le Conseil jouera certes un rôle déterminant mais un rôle auxiliaire.  Beaucoup reste à faire et le Conseil a pris prenant note des progrès et insiste sur le fait que la MONUC et son efficacité dépendent des actes des parties elles-mêmes.  Il a souligné que le FLC et le RCD ne semblent pas avoir compris qu’en tant que factions armées qu'elles ne peuvent prétendre prendre part au pouvoir en RDC sans l’appui de la communauté internationale qui elle-même est tributaire de leur engagement en faveur de l’Accord de Lusaka.  Le représentant a insisté sur le processus de DDR qui, selon lui, doit continuer et inclure les groupes armés qui se déplacent encore à l’intérieur de la RDC. 


A cet égard, il a appelé le Conseil à garder à l’esprit les liens du processus de DDR et le conflit du Burundi.  Il a souligné le lien entre le dialogue intercongolais et le processus de paix ainsi que celui entre le processus politique et la réhabilitation économique.  Le représentant s’est attardé sur la situation humanitaire en se disant disposé à envisager un renforcement du rôle de la MONUC en la matière et ce, en fonction des progrès faits par les parties.  Il a aussi appuyé les recommandations du Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés.


M. HENNADY M. GATILOV (Fédération de Russie) a indiqué que sa délégation partageait l’optimisme prudent manifesté dans le rapport du Secrétaire général et qu’elle approuvait la proposition visant à prolonger de douze mois le mandat de la MONUC, tout en maintenant le niveau approuvé des effectifs.  Une étape importante doit être la séparation des belligérants et la démilitarisation de Kisangani, a-t-il déclaré.  Il est important d’accélérer les efforts au plan politique, notamment ceux de la CMM et d’encourager les contacts entre la RDC et ses voisins.  C’est là que se situe la clé des objectifs en matière de désarmement, démobilisation, réinsertion, rapatriement ou réinstallation de tous les groupes armés, a-t-il affirmé.  Il a estimé qu’il était important d’empêcher l’infiltration de groupes armés et s’est dit à cet égard préoccupé par les informations indiquant la participation d’éléments du FLC aux événements de la République centrafricaine. 


Le représentant a salué la proposition du Secrétaire général de renforcer la composante civile de la MONUC.  Un rôle utile devrait être joué par la police civile qui apparaît pour la première fois dans les activités de la MONUC, a-t-il fait observer.


M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) a estimé que la situation en RDC a connu des changements positifs très importants au cours des derniers mois.  Il s’est dit confiant que l’engagement pris, le mois dernier, par le FLC lors de la réunion de la Commission militaire mixte et du Comité politique sera honoré sans plus tarder.  Il a appelé le RCD à respecter pleinement la résolution du Conseil qui demande la démilitarisation de Kisangani.  Le représentant a dit attendre avec impatience le retrait complet de toutes les forces étrangères en se félicitant des projets conçus à cet égard par les parties dans le cadre du Comité politique et de la Commission militaire mixte.  Il s’est aussi félicité de la proposition du Secrétaire général tendant à garder la MONUC dans une phase de transition jusqu’à la phase III. 


Le représentant a dit souhaiter, à cet égard, que le retard ne soit attribuable au manquement par les parties à l’égard de leurs engagements.  Pendant cette transition, a-t-il souhaité, le déploiement de la MONUC devrait atteindre le plafond autorisé des effectifs.  Maintenant que le dialogue intercongolais est sur le point d’être lancé, les factions armées, a dit le représentant, doivent se préparer à se joindre au dialogue pour aider à préparer le cadre constitutionnel du régime démocratique en RDC.  Ils ne doivent pas laisser passer cette occasion nouvelle de servir leur pays.  Ces factions doivent également coopérer avec la MONUC et comprendre que toute action obstructionniste de leur part ne pourrait être jugée acceptable par le Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble.  Le représentant a terminé en soulignant l’importance des processus de DDR et de reconstruction économique.  Il a, à cet égard, jugé important que ce processus soit appuyé pour un large appui des institutions financières internationales et de la communauté des donateurs.  Il a espéré que le retrait des troupes étrangères mettra fin à l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a estimé qu’à ce stade, un pessimisme prudent était aussi légitime qu’un optimisme mesuré.  Concernant la sécurité des populations civiles, il a exprimé l’accord de sa délégation avec le rapport du Secrétaire général sur le fait que la MONUC ne peut prendra en charge cette responsabilité.  Cependant, a-t-il fait observer, l’expérience tragique du Rwanda et de Srebrenica nous rappelle qu’il n’est pas moralement acceptable pour les Nations Unies de rester inactive face aux violations massives des droits de l’homme.  Par sa présence même, la MONUC suscite une attente dans ce domaine.  Bien qu’elle n’ait ni le mandat ni les ressources pour protéger les populations civiles, elle peut assurer des fonctions de surveillance et alerter le Conseil en cas de menaces sérieuses à la sécurité des populations.


Au regard des chiffres fournis par le rapport du Secrétaire général concernant les aspects humanitaires, il a fait valoir que des ressources supplémentaires étaient nécessaires de toute urgence.  Enfin, se référant au problème posé par la situation du Burundi, il a suggéré que le Conseil étudie le rôle que pourrait remplir la MONUC dans la zone frontière avec ce pays. 


M. CAMERON R. HUME (Etats-Unis) a souligné le lien entre le recrutement d’enfants soldats et la poursuite du processus de la paix en jugeant que l’utilisation cynique des enfants pour participer à des guerres d’adultes devra soulever la condamnation de tous.  Venant au fonctionnement de la MONUC, il a souligné que tout dépendra de la manière dont les parties honorent leurs engagements.  La paix a besoin d’une légitimité démocratique qui ne peut venir que du dialogue intercongolais et de la coopération de tous les acteurs concernés.  Il faut, a insisté le représentant, appuyer le dialogue intercongolais qui seul peut mener à la reconstitution de l’Etat congolais.  Pour le représentant, la paix dépend de la cessation des activités des forces négatives.  Rien ne peut être plus déstabilisant que les incursions faites par ces groupes stationnés en RDC dans leur pays d’origine.  La seule réponse est le processus de DDR.  Le projet de résolution actuellement négocié présente des mesures en ce sens et la paix dépend du retrait de toutes les forces étrangères.  Les parties qui n’ont pas fait l’engagement de retirer leurs forces doivent le faire maintenant, a –t-il souligné tout en insistant sur la nécessité de mettre fin à l’impunité pour les violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international.  Il faut en la matière rappeler aux partenaires du processus de paix leurs obligations, a ajouté le représentant en demandant la démilitarisation de Kisangani et la réouverture du trafic sur le fleuve Congo. 


M. DAVID COONEY (Irlande) s’est félicité des progrès réalisés en matière de démilitarisation des enfants soldats même si, a-t-il fait observer, il reste encore beaucoup à faire.  Depuis la fin de la Mission du Conseil de sécurité, des événements positifs se sont produits tout comme d’autres qui sont décevants.  Il a demandé aux parties de résister à la tentation de tirer avantage du cessez-le-feu. 


Il s’est dit préoccupé par les manifestations de non-coopération qui ont été rapportées et a regretté que les parties n’aient pas fourni les informations nécessaires, indiquant que sa délégation était d’accord avec le Secrétaire général pour dire qu’il n’y avait pas de base suffisante de ce fait pour passer à la phase III du déploiement de la MONUC.  Il s’est félicité de la mise en place d’une composante civile.  Il s’est également dit d’accord avec le fait que les parties doivent assumer la responsabilité première de la sécurité de la population civile mais a dit partager l’opinion du représentant quant aux espoirs suscités par la présence de la MONUC et la nécessité de ne pas les décevoir. 


Il a indiqué que le succès du dialogue intercongolais était essentiel pour la paix et la sécurité de la région et qu’il fallait que la RDC retrouve « la clé du coffre-fort perdue », celle des richesses naturelles du pays.


M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) s’est félicité des nombreuses activités diplomatiques entreprises dans la région ainsi que des rencontres au sommet qui ont eu lieu et qui sont envisagées.  Il a encouragé toute initiative de dialogue bilatéral et multilatéral entre les Etats de la sous-région.  Le dialogue contribue au règlement des multiples problèmes qui persistent encore et permet d’accélérer la mise en oeuvre de l’Accord de Lusaka.  Il a souhaité que le Conseil réitère son message et rappelle aux parties les engagements qu’elles ont pris.  Pour le représentant, le redressement économique de la RDC est l’un des éléments importants devant accompagner le retour à la paix.  Il a noté avec satisfaction la


volonté des donateurs et des institutions de Bretton Woos de soutenir les efforts du Gouvernement congolais dans cette étape cruciale.  La réouverture des réseaux fluvial et routier ainsi que la réalisation des petits projets locaux auraient pour effet de montrer à la population les dividendes de la paix, a dit le représentant. 


Tout en prorogeant le mandat de la MONUC, a-t-il conclu, le Conseil doit maintenir sa vigilance en procédant à une évaluation régulière de l’évolution de la situation et du respect par les parties de leurs engagements.  Les préparatifs de la prochaine étape doivent ainsi s’accompagner d’une volonté politique renouvelée de la part des parties.  Le Conseil, a rappelé le représentant, a oeuvré depuis l’année dernière en partenariat avec le Comité politique de l’Accord de Lusaka.  Ce partenariat gagnerait à être développé au cours de l’étape à venir qui sera sans doute décisive.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a souligné la cohérence des évaluations faites par le Secrétaire général dans son rapport avec celles de la Mission du Conseil de sécurité.  La prolongation du mandat de la MONUC doit être effectuée, dans la mesure du possible, en conformité avec les recommandations pertinentes du rapport Brahimi, a-t-il déclaré.  La Norvège est favorable à une prolongation de douze mois de ce mandat qui montrera l’engagement de la communauté internationale dans la recherche du rétablissement de la paix et de la sécurité dans la région et de l’allègement des souffrances de ses populations.  Elle est également favorable au renforcement de la MONUC en personnel civil mais aurait préféré avoir disposé d’un plan détaillé sur son utilisation.


Il a indiqué partager la préoccupation du Secrétaire général concernant les informations sur les mouvements de groupes armés à l’Est du pays et leurs récentes incursions au Rwanda, au Burundi et en Tanzanie.  Il a déclaré partager l’opinion du Secrétaire général sur la nécessité de régler la situation au Burundi pour parvenir à une paix durable en RDC.  La communauté internationale doit continuer sans relâche son action à l’égard de la situation humanitaire et de celle de l’enrôlement des enfants soldats, a-t-il dit.


M. SEKOU KASSE (Mali) a encouragé la poursuite des rencontres bilatérales au Sommet dans le but de parvenir à des accords fondés notamment sur l’intérêt commun et le respect mutuel de l’intégrité territoriale, de la souveraineté nationale et de la sécurité des Etats de la région.  Il s’est également dit préoccupé par la réticence et par le manque d’empressement manifestés par le RCD et le FLC en ce qui concerne respectivement la démilitarisation de Kisangani et le désengagement dans la province de l’Equateur. Il a souscrit à l’idée d’une étape de transition vers la troisième phase du déploiement de la MONUC.  Il a appuyé, dans ce cadre, l’idée d’une rencontre dans le cadre du partenariat entre le Comité politique de l’Accord de Lusaka et le Conseil de sécurité au mois de septembre.  Concernant la situation économique et humanitaire, le représentant a réitéré l’appel lancé à la Banque mondiale et au FMI en se félicitant de l’ouverture du fleuve Congo à la navigation tout en appuyant la mise en place de la Commission du bassin du Congo et l’ouverture d’un corridor humanitaire. 


M. ANDRES FRANCO (Colombie) a indiqué que sa délégation partageait le point de vue du Secrétaire général lorsqu’il estime ne pas avoir les informations nécessaires pour définir une stratégie large pour la nouvelle phase de déploiement de la MONUC.  Malgré les retards constatés dans le désengagement des troupes étrangères et la démobilisation complète des groupes armés, il a engagé le Conseil à garder confiance dans le processus en raison des signes positifs observés et à poursuivre ses efforts en faveur de la paix.  Il s’est dit préoccupé par la situation humanitaire et a indiqué que sa délégation soutenait les propositions faites par le Représentant spécial du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés ainsi que la prolongation du mandat de mission dans les termes proposés par le Secrétaire général.


M. PER NORSTROM (Suède), au nom de l’Union européenne et des pays associés, s’est félicité de l’amélioration de la situation en RDC telle que décrite dans le rapport du Secrétaire général.  L’Union européenne, a-t-il dit, reste attachée à l’Accord de Lusaka qui est la seule base consensuelle de la paix en RDC.  Le retrait des troupes, le dialogue national et le DDRRR sont des données importantes, a ajouté le représentant avant de noter que la poursuite des progrès dépend des partis au conflit elles-mêmes, le rôle des Nations Unies et de la communauté internationale restant tributaire des initiatives des parties.  Le représentant a invité ces dernières à respecter leurs obligations de manière inconditionnelle.  Revenant sur le rôle des Nations Unies, il a souscrit à l’idée de proroger le mandat de la MONUC et à déployer dans les limites prévues du personnel supplémentaire pour les fonctions envisagées pendant la période transitoire. 


S’attardant sur les retards causés par le FLC et le RCD, le représentant a appelé toutes les parties à respecter leur engagement.  Il a aussi plaidé pour le respect du droit humanitaire international.  A cet égard, il a souhaité que le processus DDRRR se fasse sur une base volontaire.  La RDC et le Zimbabwe doivent cesser tout soutien aux groupes armés et il revient au Rwanda de les réintégrer.  Le représentant a cependant reconnu la nécessité de différencier les diverses catégories des membres de ces groupes armés et de traiter de la question des groupes d’origine rwandaise.  La démobilisation des enfants soldats doit être la principale priorité, a encore dit le représentant avant de s’attarder sur la situation humanitaire et d’annoncer la décision de l’Union européenne de fournir 35 millions d’euros pour l’assistance humanitaire et 120 millions d’euros pour financer la lutte contre la pauvreté et la promotion des droits de l’homme.  L’Union européenne, a-t-il dit, est disposée à contribuer davantage à l’amélioration de la situation humanitaire de la RDC et à sa reconstruction économique.


M. GERHARD THERON (Namibie) s’est félicité des progrès réalisés dans le dialogue intercongolais et a mis en avant le travail réalisé par le médiateur neutre, M. Ketumile Masire.  Se référant à la situation humanitaire précaire et aux violations des droits de l’homme, il a demandé que des mesures soient prises immédiatement pour mettre fin à cette tragédie.  Il a demandé également au Conseil de faire en sorte que la démilitarisation de Kisangani soit menée à bien en conformité avec la résolution 1304.  Les raisons avancées pour expliquer la persistance de l’occupation de Kisangani sont infondées dans la mesure où les troupes de la MONUC sont parfaitement capables de faire respecter la sécurité dans la ville, a-t-il déclaré. 


Le représentant a insisté sur l’importance de la renaissance économique du Congo et s’est prononcé en faveur d’une aide de la communauté internationale à cet égard.  La réouverture du fleuve Congo est une étape importante, a-t-il fait observer, et nous déplorons les menaces récentes du RCD à l’égard de l’unité uruguayenne d’inspection du fleuve.  Il a insisté sur l’importance de la co-


localisation de la CMM et de la MONUC à Kinshasa qui permettra, a-t-il estimé, une meilleure coordination militaire au cours des étapes suivantes des opérations.  Il a indiqué que la Namibie restait engagé dans le processus de paix de Lusaka et soutenait la prolongation de douze mois du mandat de la MONUC.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a observé que le processus de paix en RDC a connu plusieurs étapes qui ont permis de maintenir l’élan acquis à l’heure actuelle en faveur de la mise en oeuvre de l’Accord de Lusaka et du règlement global du conflit.  L’ONU devra intensifier ses efforts de soutien aux parties et mettre en place un environnement favorable au retrait des troupes, à la cessation des activités des groupes armés, au rétablissement de l’intégrité territoriale de la RDC et au règlement des problèmes de sécurité.  Le représentant a plaidé pour une troisième phase élargie de la Mission afin que la période transitoire ne se prolonge pas indûment.  Il s’est dit conscient de la nécessité, avant la phase III, de collecter des informations sur le nombre des forces et des groupes armés. 


L’ONU doit se tenir prête à relever les risques auxquels elle peut être confrontée.  L’opération en RDC sera marquée par un certain nombre de risques qu’il est impossible d’éviter, a insisté le représentant en souhaitant que cela ne serve pas de prétexte pour retarder le lancement de la phase III.  Il a réaffirmé les responsabilités qui incombent aux parties elles-mêmes en les encourageant à intensifier leurs contacts diplomatiques au niveau le plus élevé.  Il a souligné la nécessité de renforcer l’appui international à la reconstruction de l’économie et à la réhabilitation sociale de la RDC.  La communauté internationale doit se montrer déterminée à assurer une paix durable en RDC, a conclu le représentant en disant espérer que la situation récente en République centrafricaine renforcera la conviction des Nations Unies que la situation dans la région des Grands Lacs continue d’être fragile et que toute hâte à mettre un terme à l’implication des Nations Unies dans la région ou tout échec à régler les problèmes sous-jacents au conflit ne fera qu’aggraver la menace à la paix et à la sécurité de cette région qui a déjà tant souffert.


M. KIYOKATA AKASAKA (Japon) a indiqué que son pays suivait de près ce qui se passait en RDC, reconnaissant que la stabilité et la prospérité mondiale ne prévaudront pas au XXIe siècle si les problèmes de l’Afrique ne sont pas résolus.  Mon gouvernement considère depuis longtemps que la paix en RDC ne peut être rétablie sans que soient résolus les problèmes de sécurité et les problèmes économiques qui se posent dans les pays voisins du Burundi, du Rwanda et de l’Ouganda, a-t-il déclaré.  Il accueille favorablement la recommandation du Secrétaire général demandant au Conseil de sécurité d’autoriser une phase de transition préalable au lancement de la Phase III du déploiement de la MONUC.  Le Japon considère également que le renforcement de la composante civile de la MONUC est nécessaire si le Conseil doit rester engagé dans le processus de paix dans la région.  Il juge très encourageante l’annonce de la réunion préparatoire du dialogue intercongolais. 


Le représentant a indiqué que son gouvernement était prêt à envisager d’accroître son assistance humanitaire et financière au Gouvernement de la RDC si la situation se stabilisait.


M. MARC NTETURUYE (Burundi) a souligné que les perspectives heureuses pour la paix en RDC sont paradoxalement et délibérément à la base de l’évolution malheureuse de la situation sécuritaire au Burundi.  Les pays de la région qui ont parrainé l’Accord d’Arusha doivent travailler ensemble pour la fin de la guerre au Burundi, a-t-il dit.  La paix sera régionale ou ne sera pas a encore dit le représentant avant de souligner que chaque jour, qui passe, laisse croire à un double jeu de quelques pays de la région.  Cela est troublant lorsqu’on sait que les Accords de Lusaka et d’Arusha ont été signés sous le parapluie moral des représentants de tous les pays intéressés d’une même région. 


Aussi longtemps, a prévenu le représentant, que les FDD et FNL ne sont pas désarmés et rapatriés au Burundi, ils seront considérés comme forces négatives car ils constituent un danger régional.  Le Conseil doit trouver une formule pour assurer une présence de dissuasion aux frontières du Burundi avec la RDC et la Tanzanie.  Des pressions doivent être exercées par les pays qui ont une influence sur les groupes armés burundais, en l’occurrence la Tanzanie, afin qu’ils arrêtent les violences et se joignent au processus de paix.  Les conditions posées par ces groupes armés sont déjà couvertes par l’Accord d’Arusha sous le chapitre politique, a dit le représentant en exhortant le Conseil à prévoir des mesures coercitives au cas où la rébellion tournait définitivement le dos à la solution négociée.  Il a insisté pour que le Conseil continue ses consultations avec la RDC et la Tanzanie “avant qu’il ne soit trop tard”.


M. ANASTASE GASANA (Rwanda) a fait observer que la pire des erreurs commises par le Président Mobutu était d’avoir soutenu le génocide du Rwanda.  Au moment où nous parlons, des combats intenses se déroulent aux frontières avec le Congo qui opposent ceux qui ont trouvé un refuge bienveillant en RDC aux forces rwandaises, a-t-il indiqué.  Ce n’est un secret pour personne que les Interhamwe et les FAR ont constitué le fer de lance des forces de Mobutu.  La situation actuelle est l’héritage laissé par les mauvais gouvernements qu’ont eu le Rwanda et la RDC.  Deux provinces frontalières sont aujourd’hui qualifiées de zones dangereuses et personne ne peut s’y rendre.  Le Conseil a la responsabilité d’aider le Rwanda et la RDC à désarmer ces groupes, a-t-il fait valoir.


Le rapport du Secrétaire général met à nouveau en exergue l’exploitation des ressources de la RDC, a poursuivi le représentant.  Nous voulons redire que le Rwanda ne s’est rendu au Congo que pour assurer sa sécurité et non pour exploiter les ressources de son voisin.  Il a demandé au Conseil d’attendre que les experts apportent des preuves tangibles avant de procéder à de telles affirmations.


Le représentant a rappelé que le Rwanda avait pris l’initiative de se retirer de Pweto dans le souci de manifester son intention d’appliquer intégralement les accords de paix.  Nous avons eu l’occasion, a-t-il indiqué, d’exposer à la Mission du Conseil de sécurité quelle était la philosophie génocidaire des milices Interhamwe et des ex-FAR, philosophie et méthodes qu’elles ont exportées chez nos paisibles voisins du Congo.  Le Conseil de sécurité n’a pas pu apporter une réponse mais a promis de continuer à y réfléchir.  Pourquoi ne pas envisager une action commune avec la RDC sur cette question ?


Le représentant a redit la volonté son gouvernement de poursuivre sa collaboration avec le Conseil, le MONUC et toute institution engagée dans l’application des accords de paix. 


M. FRED BEYENDEZA (Ouganda) a mis l’accent sur le caractère constructif de la déclaration faite par le Ministre des affaires étrangères de la RDC.  Il a affirmé que son pays continue à procéder au retrait de ces troupes et à renforcer sa coopération avec la MONUC en ce qui concerne la DDRRR.  Il a, dans ce cadre, rappelé que l’Ouganda est le seul pays, à l’exception de l’Angola, à avoir fourni des informations sur le nombre, les dispositions et les armements de ses forces en RDC.  Commentant le nombre des effectifs proposé en RDC, le représentant l’a jugé trop réduit compte tenu de la taille du pays.  Il a proposé que ce processus reste ouvert pour pouvoir prendre les mesures requises lorsque les troupes se seront retirées.  Il a conclu en réaffirmant l’attachement de son pays à l’Accord de Lusaka qui, selon lui, traite de deux questions fondamentales pour la paix dans la région, à savoir, la dimension interne avec le dialogue intercongolais et la dimension externe avec la prise en compte des préoccupations sécuritaires des pays voisins de la RDC.


M. ANWARUL KARIM CHOWDURY (Bangladesh) a indiqué avoir été frappé par la remarque de M. Olara Otunnu sur « le Congo auquel on avait volé son futur » et par le caractère alarmant de son rapport.  La question des enfants de la RDC doit être traitée de façon absolument prioritaire, a-t-il déclaré, et nous devons accorder la plus grande attention aux propositions de M. Otunnu, notamment en ce qui concerne la dimension sous-régionale du problème.


Nous attachons une importance particulière au dialogue intercongolais,

a-t-il poursuivi, insistant sur le fait que le pragmatisme et un esprit constructif devaient y prévaloir.  Il est aussi symboliquement important qu’il se déroule sur le territoire congolais.  La Mission du Conseil de sécurité a insisté sur la nécessité de mettre en place une aide économique plus large pour accompagner le processus de paix.  Il est temps que les institutions et agences de l’ONU mobilisent cette aide économique, a-t-il déclaré.


Nous espérons que les fonds et programmes des Nations Unies, les institutions de Bretton Woods et la communauté internationale sont en train de travailler sérieusement à la planification de l’assistance humanitaire sur laquelle le Bangladesh avait attiré l’attention du Conseil il y a deux mois.  Nous ne pouvons pas abandonner le peuple de la RDC alors qu’il met tout en jeu pour rétablir la paix, a conclu le représentant.


*   ***   *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.