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CS/2144

LE CONSEIL REAFFIRME SON SOUTIEN A LA PAIX DANS LES GRANDS LACS ET APPELLE LES PARTIES AU CONFLIT A RESPECTER LES ACCORDS DE LUSAKA ET D'ARUSHA

30/05/2001
Communiqué de presse
CS/2144


Conseil de sécurité

4323ème séance – matin et après-midi


LE CONSEIL REAFFIRME SON SOUTIEN A LA PAIX DANS LES GRANDS LACS ET APPELLE LES PARTIES AU CONFLIT A RESPECTER LES ACCORDS DE LUSAKA ET D'ARUSHA


Le Conseil de sécurité a examiné de nouveau aujourd'hui la situation dans la région des Grands Lacs à la suite du rapport de la mission qu’il a envoyée dans la région, laquelle a été conduite du 15 au 26 mai par M. Jean-David Levitte (France).  La mission avait pour mandat de surveiller les progrès accomplis par les parties dans l'application des dispositions de la résolution 1304 (2001) adoptée le 22 février 2001 qui définissait une feuille de route pour l'application de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil.  Ces dispositions sont, entre autres, relatives au respect du cessez-le-feu et à la coopération des parties au conflit avec la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC); au désengagement des forces sur les positions convenues; à un plan et un calendrier précis qui conduiraient à l'achèvement du retrait total et ordonné de toutes les forces étrangères du territoire de la République démocratique du Congo (RDC); à un appui de la Mission au dialogue intercongolais; au lien entre l'exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC et la poursuite du conflit à la lumière des conclusions tirées par le Conseil du rapport du Groupe d'experts; et à l'examen de la corrélation entre les conflits du Burundi et de la RDC.


Le conseil a entendu M. Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, qui a déclaré qu'il existe une opportunité et des fondations propices à la paix dans les Grands Lacs qui sont basées sur trois exigences: le maintien du cessez-le-feu, le désengagement régulier des forces au conflit, et la libéralisation de la vie politique.  Il appartient, a-t-il estimé, aux dirigeants et aux peuples de la région d'ouvrir la voie à la paix et de créer une nouvelle culture de coexistence pacifique, et à tous les Etats Membres de l'ONU d'aider au maintien de la paix dans la région et à l'amélioration de la vie des populations congolaises. 


Le Conseil a entendu en outre M. Jean-David Levitte (France) qui a estimé que le moment était propice pour tracer les grandes lignes d'une solution au conflit de la RDC, dont le modèle pourrait s'inspirer de celui du cadre de règlement de crise adopté par les Nations Unies et la communauté internationale au Cambodge.  Insistant sur l'esprit d'impartialité et de neutralité qui a inspiré le déroulement de la mission dans les Grands Lacs, M. Levitte a estimé que le moment était venu pour les parties au conflit de respecter les engagements pris dans le cadre de l'Accord de paix de Lusaka et les directives préconisées par le Conseil dans ses résolutions sur la situation dans la région.  Il a demandé le retrait ordonné et complet de toutes les forces étrangères de la RDC et dans ce cadre, la démilitarisation immédiate de la ville de Kisangani, dont l'un des aéroports doit servir de point de retrait aux unités de l'armée ougandaise. 


(à suivre – 1a)


Estimant que le retour de la confiance doit s'accompagner de mesures économiques favorables à la paix intérieure de la RDC, M. Levitte a fait part du soutien de la mission et du Conseil aux démarches entreprises par M. Ketumile Masiré, ex-Président du Botswana et Facilitateur du dialogue intercongolais, qui a proposé qu'une réunion préparatoire au lancement de ce dialogue se tienne à la date du 16 juillet.  Au nom des membres de la mission, M. Levitte s'est élevé contre les violations des droits de l'homme et les massacres de populations civiles qui endeuillent la RDC et a demandé que le Conseil envisage des mesures fermes pour mettre fin à l'impunité des tortionnaires et pour favoriser la collecte et la circulation des informations ayant trait aux abus commis contre les droits humains. 


Concernant les questions économiques, les autres intervenants ont estimé que l'exploitation illicite des ressources naturelles et autres ressources de la RDC devait prendre fin et que le Conseil devait faire part à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international des risques sociaux préjudiciables à la paix que faisaient courir à la RDC les mesures macroéconomiques qui avaient été recommandées à son gouvernement, et notamment celle relative à la dévaluation de sa monnaie.  Le retour de la paix en RDC étant lié, sous de nombreux aspects, au règlement de la crise dont souffre le Burundi, la mission a estimé que seul le dialogue prôné par le Facilitateur du processus d'Arusha, M. Nelson Mandela, pouvait sortir le Burundi de son conflit interne.  M. Levitte a, à cet égard, demandé que le Conseil de sécurité envoie un message sans équivoque aux protagonistes de ce conflit en vue de soutenir la pleine mise en oeuvre de l'Accord d'Arusha.


Intervenant cet après-midi dans l'examen de la question, les représentants du Royaume-Uni et de la Jamaïque ont déploré le ton de polémique adopté par certaines délégations de pays parties au conflit et ont souhaité que l'accent soit mis sur la nécessité de mettre fin aux souffrances des populations de la RDC.  Les questions humanitaires étant une des premières urgences à résoudre, le représentant des Etats-Unis et Président du Conseil, M. James Cunningham, a annoncé que son pays participerait à hauteur de 70 millions de dollars aux opérations humanitaires destinées à soulager les souffrances des populations des zones ayant souffert du conflit.  Le Conseil soutiendra les initiatives de retour à la paix.  Mais la paix, a-t-il souligné, ne sera possible que si les parties signataires des accords de Lusaka respectent leurs engagements.


Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants ont pris la parole: Bangladesh, Tunisie, Ukraine, Fédération de Russie, Chine, Mali, Norvège, Colombie, Maurice, Irlande, Singapour, République démocratique du Congo, Rwanda, Afrique du Sud, Ouganda, et Burundi.  Pour l'examen de cette question, le Conseil de sécurité était saisi du rapport de sa mission dans la région des Grands Lacs paru sous la cote S/2001/521.


Mission du Conseil de sécurité dans la région des Grands Lacs, 15-26 mai 2001 (S/2001/521)


Le rapport détaille les activités de la mission et les entretiens qu'elle a eus avec les responsables de cette région.  Du 15 au 26 mai 2001, la mission s'est rendue à Johannesburg, Pretoria, Kinshasa, Luanda, Lusaka, Bujumbura, Dar es-Salaam, Kigali et Kampala.  La Mission était dirigée par le Représentant permanent de la France au Conseil, M. Jean-David Levitte.  La mission a rencontré, entre autres interlocuteurs, le Président de l'Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, le Président de la République démocratique du Congo, M. Joseph Kabila, le Président de l'Angola, M. José Eduardo dos Santos, le Président de la Namibie, M. Sam Nujoma, le Président du Zimbabwe, M. Robert Mugabe, le Président de la Zambie,

M. Frederick Chiluba, le Président du Burundi, M. Pierre Buyoya, le Président de la République-Unie de Tanzanie, M. Benjamin Mkapa, le Président du Rwanda, M. Paul Kagame, le Président de l'Ouganda, M. Yoweri Kaguta Museveni ainsi que le médiateur dans le conflit burundais, l'ancien Président Nelson Mandela, et le médiateur neutre du dialogue intercongolais, l'ancien Président Sir Ketumile Masire.  La mission s'est entretenue également avec le Comité politique à Lusaka et le chef du Front de libération du Congo (FLC), M. Jean-Pierre Bemba, et a eu des réunions officieuses avec des dirigeants du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) (Goma), du Front burundais pour la défense de la démocratie (FDD) et des Forces nationales pour la libération (FNL).


En ce qui concerne la situation en République démocratique du Congo, la mission a noté de nombreux éléments encourageants.  Elle estime dans ce rapport que, pour la première fois, depuis le début du conflit, les grandes lignes d'une solution semblent se dessiner et juge urgent de mettre à profit ce moment propice.  L'un des facteurs positifs a été l'attitude concernant le processus de paix et la MONUC dont a fait preuve le Président Joseph Kabila qui s'est montré manifestement attaché à l'application de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka et au rétablissement de la paix et de la démocratie en République démocratique du Congo.  Les autres parties à l'Accord ont renouvelé leurs engagements.  L'annonce par le Président Kabila, le jour de l'arrivée de la mission à Kinshasa, de la révocation du décret No 194, portant interdiction des partis politiques, a été une mesure importante en vue de redynamiser le climat politique et de faire renaître l'espoir.


Il reste néanmoins des obstacles considérables.  Il demeurera difficile de suivre dans la pratique la lettre et l'esprit de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka tant que les parties considéreront d'une manière subjective le calendrier du désengagement et du retrait des forces.  La mission du Conseil continue de se préoccuper du fait que M. Jean-Pierre Bemba, dirigeant du FLC, se montre jusqu'ici peu disposé à désengager ses forces, qui se trouvent à une centaine de kilomètres en avant des positions qu'elles devraient occuper conformément au plan de désengagement de Harare.


La mission souligne qu'il convient de mettre au point le plus rapidement possible les plans prometteurs que le Comité politique a élaborés en vue d'assurer le retrait total de toutes les forces étrangères du territoire de la République démocratique du Congo ainsi que le désarmement, la démobilisation, la réinsertion et le rapatriement ou la réinstallation des groupes armés.  À cet égard, la mission a réaffirmé les obligations qui incombaient aux diverses parties, telles que spécifiées dans les résolutions du Conseil de sécurité, y compris la résolution 1304 (2000), en particulier l'obligation faite à toutes les forces étrangères de se retirer de la République démocratique du Congo.  La mission recommande également que le Conseil de sécurité soit prêt à envisager, sur la base des recommandations spécifiques que le Secrétaire général doit présenter dans son prochain rapport, d'approuver une transition vers la phase III des activités de la MONUC.  Durant cette phase, la MONUC aiderait les parties à mettre en oeuvre leurs plans concernant le retrait échelonné de toutes les forces étrangères du territoire de la République démocratique du Congo ainsi que le désarmement, la démobilisation, la réinsertion et le rapatriement ou la réinstallation des groupes armés.  Elle recommande que le Conseil de sécurité demande au Comité politique de donner pour instructions à la Commission militaire mixte (CMM) de s'installer immédiatement dans les locaux de la MONUC à Kinshasa ou, sinon, d'indiquer quelle contribution nouvelle la CMM pourrait apporter au processus en restant là où elle se trouve.


La mission a quitté le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) et le Comité politique en étant convaincue de la nécessité impérative de démilitariser Kisangani sans plus attendre.  La présence continue des forces du RCD dans cette ville, dont le Conseil avait exigé la démilitarisation dans sa résolution 1304 (2000) du 16 juin 2000, constitue une violation de cette résolution.  La mission invite le Conseil de sécurité à envisager d'autres mesures pour encourager le respect de la résolution 1304 (2000), peut-être sur la recommandation du Secrétaire général.  Sous réserve des décisions susceptibles d'être prises à la suite du dialogue intercongolais, le Conseil de sécurité voudra peut-être envisager de prendre les mesures spécifiques d'appui qui pourraient être proposées dans le prochain rapport du Secrétaire général sur la MONUC.


La question du désarmement, de la démobilisation, de la réinsertion et du rapatriement ou de la réinstallation des groupes armés est l'élément clef pour mettre fin au conflit en République démocratique du Congo.  La mission du Conseil de sécurité a constaté que la paix ne saurait être rétablie en République démocratique du Congo tant que les forces étrangères ne seraient pas toutes parties, et que tous les aspects du processus de paix devaient être mis en oeuvre en parallèle.  Elle recommande que le Conseil de sécurité continue de demander instamment aux gouvernements dont les forces se trouvent en République démocratique du Congo de retirer celles-ci de manière échelonnée et réciproque et conformément aux engagements qu'ils ont pris dans l'Accord de Lusaka et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Les recommandations de la mission du Conseil portent également sur la réouverture du réseau fluvial, l'exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC et la cessation immédiate de l'utilisation d'enfants soldats et leur démobilisation immédiate.  Elle suggère également la tenue d'une conférence internationale sur la région des Grands Lacs. 


Concernant la situation au Burundi, la mission a été frappée par sa complexité et son irréductibilité, ainsi que par son potentiel très élevé de violence à grande échelle.  Elle a fait savoir à ses interlocuteurs burundais qu'il n'existe pas de solution militaire au conflit, que la paix ne peut être obtenue que par la négociation dans le cadre des accords d'Arusha et que toutes les parties doivent être prêtes à faire des compromis.  Le Conseil de sécurité voudra peut-être réitérer ce message et s'efforcer de le faire mieux entendre, peut-être sur la base de nouvelles recommandations du Secrétaire général.  La mission suggère que le Conseil envisage des propositions du Secrétaire général, en consultation avec M. Mandela, à l'effet de créer un mécanisme permanent de négociations faisant appel au Représentant du Secrétaire général à Bujumbura.  Ce


mécanisme, qui pourrait nécessiter du personnel et des ressources supplémentaires, pourrait traiter de questions telles que la réforme des forces armées et de l'appareil judiciaire, les droits de l'homme, les réfugiés et les personnes déplacées.


La mission était également composée de M. Wang Yingfan (Chine), M. Alfonso Valdivieso (Colombie), M. Cameron R. Hume (Etats-Unis), M. David Cooney (Irlande), M. Curtis A. Ward (Jamaïque), M. Moctar Ouane (Mali), M. Anun Priyay Neewoor (Maurice), M. Jeremy Greenstock (Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord), M. Kishore Mahbubani (Singapour), M. Othmar Jerandi (Tunisie) et M. Valery P. Kuchinsky (Ukraine).


Déclarations


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France), Chef de la Mission du Conseil dans la région des Grands lacs, a déclaré que les 12 ambassadeurs de la mission ont élaboré une série de recommandations et de conclusions qui seront mises à la disposition du Conseil.  Il s’agissait de la 2ème mission du Conseil en un an dans les Grands Lacs.  La mission a visité 8 pays et rencontré 12 chefs d’Etat et des représentants des différents groupes armés, de la société civile et des partis politiques congolais.  Le président Joseph Kabila est pour beaucoup dans la création du  sentiment d’urgence pour la paix qui règne en ce moment en RDC, a estimé M. Levitte.  Par rapport à la mission envoyée l’an dernier par le Conseil dans la région, les entretiens de cette année ont été beaucoup plus constructifs.  La sortie de la crise du Cambodge a été bâtie autour d’une solution et d’un cadre qui pourraient être répétés  en RDC.  Les Nations Unies ont un rôle important à jouer dans la région et la MONUC en est une illustration.  La relance de l’économie est importante et la réouverture du trafic fluvial pourrait être soutenue par la mise en place d’unités fluviales de l’ONU.  Le rôle de la mission a aussi été un rôle de contribution au dialogue, en vue d’aider les parties à respecter leurs engagements dans le cadre de l’Accord de Lusaka et à mener à bien les négociations en cours.  L’impartialité a été de règle, a dit M. Levitte, qui a estimé que l’esprit collectif et de coopération des membres de la mission du Conseil avait beaucoup contribué aux résultats obtenus.  Les premiers de ces résultats ont trait au volet militaire.  Le cessez-le-feu mis en place avec l’aide de l’ONU, tient depuis 4 mois.


Il a été décidé de mettre en place des équipes d’observateurs humanitaires et de passer à l’étape du retrait des forces étrangères.  Il est réconfortant que la nécessité de cet objectif ait été partagée par tous les ministres rencontrés par la mission.  Le président Mugabe a confirmé le retrait de forces zimbabwéennes de RDC, et le président Museveni a dit, pour sa part, qu’une partie de ses forces serait retirée, un certain nombre d’entre elles restant cependant positionnées dans certaines zones.   Concernant les forces “négatives”, des incursions ont été observées de la part des ex Far et des Interhamwe sur les territoires du Burundi et du Rwanda durant le séjour de la mission sur le terrain.  Des efforts sont cependant déployés pour désarmer certaines bandes de miliciens.  Concernant le dialogue intercongolais, le Président Masiré a dit que la date du 16 juillet avait été retenue pour le lancer.  Des émissaires seront envoyés dans les différentes provinces pour identifier les participants à ce dialogue.  Le président Kabila a, lors du séjour de la mission, abrogé le décret gouvernemental qui interdisait les activités politiques, ce qui est un signe encourageant.  Le message des partis politiques au Conseil est de voir ce dialogue se dérouler sur le sol congolais.  

Concernant la relance économique, la mission a pu identifier un nombre de petits projets à impacts immédiats, qui pourraient être lancés dans les zones où est installée la MONUC.  Le retour de la confiance doit s’accompagner de la relance des activités économiques. 


La mission a souligné que l’accent devait être mis au plan des droits de l’homme et du droit humanitaire.  Le secret étant souvent le meilleur allié des massacres, la mission tient à ce que l’information sur les violations circule.  L’impunité doit prendre fin en RDC.  Au plan militaire, le plus urgent est d’aider l’armée ougandaise à quitter la RDC.  Une des solutions urgentes est de permettre aux troupes de l’une des garnisons ougandaises d’utiliser l’un des aéroports de Kisangani.  Mais des éléments du RCD occupent encore la ville, qui aurait dû être démilitarisée, et  font obstacle à ce retrait.  Le Conseil doit donc prendre des mesures immédiates pour régler ce problème. En ce qui concerne le mandat de la MONUC, qui s’achève bientôt, le Conseil doit rapidement trouver les moyens de le proroger efficacement.  La mission n’est cependant pas en mesure de faire des propositions fermes de passage à la phase III de la MONUC.  La balle est dans le camp du Comité politique et de la Commission militaire pour faire une évaluation des futurs besoins de la MONUC en ressources militaires.  Le Conseil a le sentiment, avec M. Masiré, qu’il peut contribuer au choix de la ville qui pourrait accueillir le dialogue national en vue d’en faire une manifestation d’unité.


Concernant l’économie, le Conseil dira à la Banque mondiale et au FMI son sentiment sur les mesures de dévaluation de la monnaie prises à Kinshasa, qui sont une source de problèmes sociaux qui pourrait déstabiliser le processus de paix intérieure.  Le pillage des ressources de la RDC doit absolument cesser.  L’idée d’une conférence sur les Grands Lacs fait, en ce qui la concerne, son chemin et pourrait être discutée dans un avenir pas trop lointain.  Enfin, concernant le Burundi, la mission pense fermement que le conflit qui déchire ce pays ne peut avoir de solution militaire.  Seule la voix du dialogue que prône M. Nelson Mandela pourra ramener la paix.


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a dit que la mission du Conseil de sécurité dans la région des Grands Lacs aura contribué à consolider le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC) et démontré l'importance que les Nations Unies attachent à ce processus.  Il a ajouté que, en se rendant au Burundi, la mission a reconnu le lien existant entre les conflits en RDC et au Burundi avant de souhaiter que tous les efforts soient déployés pour assurer la mise en oeuvre des Accords de Lusaka et d'Arusha.  Le Secrétaire général s'est félicité de la réouverture de la voie fluviale entre Kinshasa et Kisangani afin de favoriser l'assistance humanitaire et des échanges commerciaux.  Il a précisé que la MONUC avait déjà déployé 490 observateurs militaires qui, avec l'appui de 1660 Casques bleus, s'assurent du désengagement des forces avant d'ajouter que près de 60% des forces étaient à présent déployées. 


Le Secrétaire général a déclaré que les plans de retrait des troupes étrangères de même que les plans de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement des groupes armés seront finalisés très prochainement.  Cette planification s'inscrit dans la phase III de la Mission des Nations Unies et fera l'objet de recommandations que le Secrétaire général présentera dans un rapport à la mi-juin.  M. Annan s'est félicité des progrès enregistrés dans le dialogue intercongolais, notamment la signature le 4 mai à Lusaka par les parties congolaises de la Déclaration de principe sur ce dialogue, l'annonce, le 17 mai, par le Président Kabila, de la levée de l'interdiction des activités des partis politiques et l'annonce par le Facilitateur pour le dialogue intercongolais, Sir Ketumile Masiré, de la tenue d'une réunion préparatoire le 16 juillet prochain. 


M. Annan a insisté sur la situation humanitaire en RDC, faisant observer que les derniers développements avaient favorisé un accès aux populations vulnérables, tout en estimant que des ressources supplémentaires étaient nécessaires pour mettre en oeuvre des projets d'assistance en faveur des populations.  Le Secrétaire général a regretté que l'appui international aux activités humanitaires en RDC demeure faible, seuls 20% des besoins de l'Appel consolidé pour 2001 ayant été couverts pour 139,4 millions de dollars, M. Annan demandant au Conseil de mobiliser en urgence les donateurs.  Concernant les droits de l'homme, M. Annan a estimé que ce volet de la MONUC devrait être opérationnel sans délai afin de résoudre les problèmes d'impunité et d'enquêter sur les violations massives des droits de l'homme qui sont rapportées.  S'agissant des enfants soldats, M. Annan a déclaré que son Représentant spécial pour les enfants dans les conflits armés,

M. Olara Otunnu, actuellement en visite en RDC, lui soumettrait prochainement des recommandations sur les moyens de résoudre cette question, toutes les parties en conflit en RDC ayant enrôlé des enfants. 


Le Secrétaire général a estimé que les fondations de la paix étaient désormais posées, grâce à des progrès manifestes dans trois domaines, le respect du cessez-le-feu, la mise en oeuvre du processus de désengagement des troupes et la libéralisation de la vie politique.  M. Annan a appelé les dirigeants de la région à contribuer à la création d'une nouvelle culture de paix et de coexistence.


M. ILEKA ATOKI (République démocratique du Congo) a estimé que la mission du Conseil de sécurité constitue à la fois un signal fort et l'expression de la volonté unanime et réelle du Conseil de faire avancer le processus de paix, mettre un terme aux pillages des richesses de la République démocratique du Congo (RDC) et d'aborder la question des violations massives des droits de l'homme et du droit international humanitaire qui se produisent sur le territoire de la RDC depuis le début de l'agression.  Il s'est félicité du partenariat, qui s'est créé depuis deux ans, entre le Conseil de sécurité et le Comité politique pour la mise en oeuvre de l'Accord de cessez-le-feu en RDC.  Il a souhaité que le processus de désengagement et de retrait soit accéléré pour mettre fin à la misère du peuple congolais.  Il a estimé que le Conseil de sécurité ne saurait se satisfaire de déclarations répétitives et tonitruantes d'éventuels mouvements de désengagement ou de retrait des troupes et que le Conseil devrait respecter ses propres résolutions et obliger les parties à s'y conformer.  Il a invité le Conseil à entamer sa réflexion sur la possibilité d’une augmentation conséquente des effectifs de la MONUC dès l'amorce de la troisième phase du déploiement. 


Le représentant a déclaré que son gouvernement avait pris acte de la proposition du Président Masiré, Facilitateur du dialogue intercongolais, de convoquer, le 16 juillet, la réunion préparatoire au dialogue.  Il a ajouté que le Gouvernement de la RDC fait part de sa disponibilité pour que la réunion préparatoire et le dialogue intercongolais, se tiennent sur le territoire de la RDC.  Le représentant a fait observer que la ville martyre de Kisangani n'a toujours pas été démilitarisée en violation flagrante des dispositions pertinentes de la résolution 1304 et a demandé au Conseil de prendre des mesures appropriées pour assurer la démilitarisation effective de Kisangani.  Il a estimé que le règlement de la crise au Burundi contribuera positivement au règlement de la guerre d'agression avant de souhaiter que la République démocratique du Congo cesse de subir les effets néfastes de la situation au Burundi.  Il a ajouté que la population congolaise a accueilli avec grand soulagement l'annonce de l'ouverture du fleuve Congo entre Kinshasa et Mbandaka.  Le représentant a invité la communauté internationale à aider son pays à sortir de la situation de crise à laquelle il est confronté notamment par l'accompagnement des initiatives visant le retour d'une paix durable, la reprise d'un partenariat ou d'une coopération tant bilatérale que multilatérale, en conformité avec les plans nationaux de développement qui seront formulés en vue du bien-être économique et social de la RDC.  Il a estimé que la paix est une condition sine qua non du développement et que le Conseil de sécurité et la communauté internationale sont invités à aborder la question congolaise dans l'optique d'une réponse post-conflit appropriée.


M. ANASTASE GASANA (Rwanda) a estimé que le désarmement et le désengagement des forces négatives, dont celles qui ont planifié et exécuté le génocide au Rwanda, notamment les Ex FAR et les Interhamwe, étaient indispensables.  Première victime en Afrique du crime de génocide, le Rwanda demande au Conseil  de sécurité de payer une attention particulière au rapport de la Commission  conduite par l’ancien Premier Ministre suédois, M. Carlsson, et à la mise en oeuvre de ses recommandations relatives à une assistance économique et financière en faveur du Rwanda post-génocide. Le Comité politique des Accords de paix de Lusaka, que préside le Rwanda, continuera de collaborer étroitement avec le Conseil de sécurité afin de voir la mise en application totale de l’Accord de paix.


Mme JEANNETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a indiqué que la visite du Conseil de sécurité dans la région des Grands Lacs avait une importance historique car elle a permis d’engager des consultations avec un grand nombre des parties intéressées.  Elle a également permis de remettre le conflit dans la région au centre de l’attention mondiale.  De l’avis de l’Afrique du Sud, les chances de parvenir à la paix et à la stabilité en République démocratique du Congo n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui.  Il reste à espérer que l’élan vers la paix puisse durer et qu’il permette de voir rapidement la fin du conflit.  Cet élan pourrait grandement profiter d’un déploiement rapide de la phase III de la MONUC.  L’engagement du Conseil de sécurité doit continuer d’être appuyé par les signataires de l’Accord de Lusaka, qui doivent notamment respecter le cessez-le-feu et honorer leurs obligations à l’égard des plans de désengagement de Kampala et d’Hararé.


Le dialogue intercongolais demeure la clef de l’établissement d’un processus démocratique aussi large de possible en République démocratique du Congo.  C’est pourquoi, l’Afrique du Sud se félicite de la récente décision du Gouvernement en place d’y autoriser la participation des parties politiques.  Pour que la paix puisse être durable, il faut que le processus s’accompagne d’une relance de l’activité économique dans le pays.  Pour cela, il est crucial de remettre sur pied les infrastructures de communications et de transport.  Il est important à cet égard que la communauté internationale appuie des projets de développement et de reconstruction à effet rapide.  C’est par cette double approche que l’on pourra faire en sorte que la population échange leurs armes contre la paix et consacre son énergie à la reconstruction du pays.  En définitive, c’est au peuple de la République démocratique du Congo de déterminer son avenir.  Ce faisant, la communauté internationale peut grandement contribuer à la restauration de la paix, de la stabilité et au développement du pays.  L’Afrique du Sud souhaite voir la population de la RDC enfin profiter des énormes ressources naturelles dont le pays est doté.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a estimé que la mise en place de la phase III de la MONUC est essentielle à la réalisation du processus de paix dans les Grands Lacs.  A cet égard, la Namibie soutient la recommandation de la mission relative à l’approbation de cette phase par le Conseil.  La délégation de la Namibie prend note des soucis de la mission relatifs au refus du MLC de Jean-Pierre Bemba de désengager ses forces, et demande à ce mouvement de respecter les engagements qu’il a pris.  Nous demandons au Conseil d’insister sur la démilitarisation, sans délai, de la ville de Kisangani, comme l’exige la résolution 1304 du Conseil.  La Namibie soutient aussi la recommandation de la mission de voir le Conseil prendre des mesures visant le respect des termes de cette résolution.  Concernant le dialogue intercongolais, la Namibie approuve la démarche de M. Masiré, Facilitateur de ce dialogue, de tenir une réunion préparatoire le 16 juillet prochain.  Nous insistons sur le fait que ce dialogue doit être le fait des Congolais, sans pression étrangère, a dit le représentant.  Concernant la situation économique de la RDC, la Namibie se réjouit de la réouverture du trafic sur le fleuve Congo et réaffirme ses objections face à l’exploitation illégale des ressources de la RDC.  Le Conseil devrait prendre des mesures de rétorsion contre les auteurs de ces pillages s’ils ne mettent pas fin à leurs pratiques dans les trois mois qui viennent.


M. FRED BEYENDEZA (Ouganda) a rendu compte des derniers mouvements de retrait des troupes ougandaises de la République démocratique du Congo (RDC), conformément à l’Accord de cessez-le–feu de Lusaka.  Il a indiqué que ce retrait se passe comme prévu; vendredi dernier, les Forces de défense du peuple ougandais (Ugandan People’s Defence Forces UPDF) se sont retirées de la ville de Isiro et la seconde phase de retrait intégral de l’UPDF a commencé le 29 mai de Gemana.  Il est prévu que l’UPDF se retire de huit autres villes de la RDC, Dongo, Busankusu, Gbadolite, Lisala, Bitembo, Beni, Kanyabayonga et Bafwasende.  Le représentant a réitéré sa demande de pouvoir utiliser l’aéroport international de Bangoka à Kisangani, faisant valoir que cet aéroport est nécessaire pour évacuer le 65ème bataillon ougandais. 


Abordant la question des ressources naturelles de la République démocratique du Congo, le représentant a indiqué que le Gouvernement ougandais a nommé une commission judiciaire d’enquête indépendante afin de vérifier les allégations figurant dans le rapport S/2001/357 du Conseil de sécurité, relatif à l’exploitation illégale des ressources naturelles en RDC.  Cette commission indépendante commencera ses travaux le 4 juin 2001 et rendra compte de ses conclusions au Conseil de sécurité.  Le représentant a en conclusion rappelé l’attachement de son pays à l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka et précisé que le retrait des troupes ougandaises de la RDC ne modifierait en rien cet engagement.


M. MARC NTETURUYE (Burundi) s'est félicité de la visite de la Mission du Conseil de sécurité au Burundi et a estimé que le rapport du Conseil touche les points essentiels du processus en cours au Burundi.  Il a mis en garde contre le risque d'une guerre totale au Burundi, regrettant les conséquences pour son pays de l'instabilité en RDC.  Le représentant s'est félicité des messages de fermeté délivrés par les membres du Conseil aux parties en conflit au Burundi et a regretté que les deux groupes rebelles placent le cessez-le-feu en dernier dans leurs priorités et que des pays de la région considèrent toujours qu'il n'existe pas d'infiltration aux frontières du Burundi depuis leurs territoires.  Il a déclaré que les groupes rebelles et ceux qui les soutiennent caressent l'espoir d'une solution militaire finale au Burundi et que certains pays limitrophes ne respectent pas les termes de l'accord d'Arusha.  Il a demandé au Conseil de prendre des mesures et des actions concrètes et apporté son soutien à la position du médiateur, M. Nelson Mandela, qui propose que des sanctions immédiates soient prises contre les groupes armés et ceux qui les soutiennent, sanctions prévues dans les Accords d'Arusha.  Il a proposé que la série des négociations dites Libreville III soit limitée dans le temps afin qu'une stratégie soit définie concernant les groupes armés.  Il a ajouté qu'attendre plus longtemps serait ruiner les chances de voir le bout du tunnel au Burundi.  Le représentant s'est réjoui de la proposition de création d'une commission conjointe entre la République-Unie de Tanzanie et le Burundi afin de faciliter le retour des réfugiés et a rappelé qu'un accord tripartite est intervenu il y a trois semaines entre les Gouvernements tanzanien et burundais et le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) afin d'assurer la préparation du rapatriement dans la sécurité des réfugiés et de préserver le caractère civil des camps de réfugiés.  Il a considéré que la gestion des réfugiés contribuera à sécuriser les frontières du Burundi.  Concernant le processus de paix, le représentant a estimé que l'intensification de la guerre depuis février dernier constitue une menace à la mise en oeuvre de l'Accord d'Arusha.  Il s'est félicité de la proposition consistant à étendre les compétences du bureau du Représentant spécial du Secrétaire général au Burundi.  Il a invité le Conseil de sécurité à passer à l'action pour prévenir une catastrophe au Burundi qui aurait des répercussions sur la région des Grands Lacs avant de renouveler l'engagement de son pays en faveur du processus de paix.


M. ANRAWUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que la mission du Conseil avait démontré son engagement en faveur de la recherche de la paix et de la sécurité internationales.  Nous rendons un hommage particulier à l’ambassadeur Jean-David Levitte pour son leadership et soutenons toutes les recommandations de la mission, a dit M. Chowdhury.  Nous insistons sur le retrait des forces étrangères de la RDC dans l’ordre et de manière échelonnée et demandons que la sécurité soit assurée aux populations après ce retrait.  Concernant le dialogue national, nous estimons qu’il doit être le garant de la paix intérieure de la RDC.  Les préoccupations de sécurité des voisins de la RDC doivent être prises en compte, et nous demandons la fin de l’exploitation illicite des ressources de ce pays, qui est liée à la poursuite de la guerre.  Le Bangladesh soutient la proposition de M. Levitte d’envoyer un message à la Banque mondiale et au FMI concernant les mesures économiques que ces institutions demandent à la RDC d’appliquer et qui peuvent remettre en question les espoirs de paix intérieure.  Concernant la situation au Burundi, le Conseil ne doit pas laisser s’effondrer le processus d’Arusha, et il doit envoyer un message ferme aux protagonistes à ce propos.


M. CURTIS A. WARD (Jamaïque) a exprimé son soutien à la déclaration de

M. Jean-David Levitte.  La Jamaïque tient à ce que les populations de la RDC vivent dans la paix et la sécurité après le retrait total des troupes étrangères de RDC.  Les progrès du processus de dialogue national seront la base de la réconciliation entre les parties congolaises et nous demandons, a dit le représentant, que l’impunité des criminels de guerre en RDC prenne fin.  Les intervenants qui ont pris la parole ce matin auraient dû prendre l’engagement selon lequel leurs pays et les parties au conflit qu’ils soutiennent, cesseront de recruter des enfants soldats.   Nous sommes déçus que certains des intervenants représentant des parties au conflit aient choisi ce matin d’adopter un ton polémique, alors que l’ensemble de la communauté internationale devrait aujourd’hui s’attacher à mettre fin aux souffrances du peuple congolais.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a souhaité que le Conseil agisse rapidement sur la base des recommandations contenues dans le rapport de l'Ambassadeur Jean-David Levitte.  Il a rappelé que toutes les parties signataires de l'Accord de Lusaka s'étaient engagées à respecter le processus de paix malgré quelques nuances.  Il a réaffirmé la nécessité de renforcer le processus de paix dans la région des Grands Lacs et déclaré que la communauté internationale ne continuerait à s'investir dans ce processus qu'en ayant la certitude de parvenir à des perspectives réelles de paix.  M. Greenstock a souhaité que le Conseil fasse pression sur les signataires qui tardent à faire avancer le processus souhaitant que le Conseil envoie un message sans faille à ceux qui violent la lettre et l'esprit de Lusaka.  Il a proposé que le Conseil prenne la démilitarisation de la ville de Kisangani comme symbole afin qu'elle sorte de l'ombre et a souhaité que le RCD-Goma aide la communauté à insuffler un tel processus.  Le représentant a rendu hommage au Représentant spécial du Secrétaire général pour la RDC, M. Kamel Morjane.  Concernant le Burundi, il a exprimé sa préoccupation et regretté qu'aucune des parties ne contribue réellement au processus de paix, ni le gouvernement, ni les 19 parties signataires, ni celles qui n'ont pas encore rejoint la table des négociations.  Il a lancé un appel pour la mise en place d'un mécanisme de négociation unitaire sous la direction de Mandela ou d'un médiateur qui lui succèderait.  M. Greenstock s'est félicité de l'initiative du Président ougandais, Yoweri Museveni, de convoquer, en juin à Arusha, une rencontre régionale sur le Burundi.


Pour M. OTHMAN JERANDI (Tunisie), l’exposé fait par l’Ambassadeur Lévitte traduit fidèlement aussi bien l’évaluation que les attentes du Conseil en ce qui concerne les perspectives de paix dans la région.  La participation des pays concernés à la présente réunion est d’une importance capitale en ce sens qu’elle constitue un autre apport positif aux discussions déjà menées avec les dirigeants et les parties dans la région.  La visite a été sans aucun doute un succès dans la mesure où elle a permis de réaliser certains objectifs assignés dans différentes résolutions du Conseil.  Une dynamique évolutive a été créée par cette mission qui a permis de clarifier les positions des uns et des autres sur les questions de fond relatives à la mise en application de l’accord de cessez-le-feu de Lusaka.  Cet élan doit être préservé et bénéficier du suivi rigoureux du Conseil, car le processus demeure fragile et requiert que toutes les parties engagées assument entièrement leurs responsabilités.  Certains aspects importants de ce processus doivent être réglés, notamment le retrait définitif des forces étrangères de la RDC et l’établissement de l’administration civile dans les zones qui seront évacuées militairement.


Pour ce qui est du Burundi, la mission du Conseil a transmis des messages très clairs aux différentes parties quant à la nécessité de la poursuite du dialogue et la cessation de toute forme de violence, a également déclaré le représentant.  Les difficultés du processus interne pourraient être aggravées par l’évolution du processus de paix en RDC, et le Conseil doit donc demeurer très vigilant, a–t-il averti.  Dans le même temps, les parties burundaises doivent saisir les occasions de paix qui leur sont offertes dans le cadre des pourparlers d’Arusha.  Les résultats de la mission du Conseil nécessiteront bien entendu une évaluation continue à la lumière de l’évolution de la situation et de la mise en application par les différentes parties des obligations qui leur incombent.  Aussi bien en RDC qu’au Burundi, la mission a eu la conviction que les peuples de la région aspirent à une paix réelle et irréversible et il faut que la communauté internationale les assiste dans leur quête.


M. VALERY KUCHINSKY (Ukraine) a été d'avis que l'Accord de paix de Lusaka est l'élément clef pour ramener la paix et la démocratie en République démocratique du Congo (RDC).  Il a noté que le dialogue intercongolais s'est fortement dynamisé, que le processus de retrait des forces étrangères va de l'avant et que les plans de désarmement, démobilisation, réinstallation, rapatriement et réinsertion (DDRRR) des groupes armés ont été confirmés, de même que le retrait total de toutes les forces étrangères du territoire de la RDC.  Ces développements ne permettent qu'un optimisme très prudent car de nombreux problèmes subsistent. 


En ce qui concerne les délais de l'opération de "DDRRR" et du retrait complet de toutes les forces étrangères, M. Kuchinsky a noté que les pays de la région des Grands Lacs semblent avoir rassemblé la volonté politique nécessaire pour avancer sur cette voie.  Il a estimé que ces pays doivent à présent prendre les mesures concrètes qui s'imposent dans un esprit de compromis, d'étroite coopération et de revitalisation des accords bilatéraux, en particulier entre les présidents Kabila et Kagame.  L'assistance fournie par les Nations Unies devrait être proportionnelle à l'engagement manifesté par les parties. 


M. Kuchinsky a évoqué les aspects économiques liés à la réouverture du fleuve Congo et de l'arrivée imminente de l'unité fluviale de la MONUC qui permettra le rétablissement des liens entre Kinshasa, Mbandaka et Kisangani.  Il a mis l'accent sur l'urgente nécessité de démilitariser la ville de Kisangani, dans laquelle la présence continuelle de forces du RCD constitue une violation de la résolution 1304 (2000) du Conseil de sécurité.  Il faut, sans attendre, mettre un terme au pillage des ressources naturelles de la RDC qui est étroitement lié à la poursuite du conflit. 


M. WANG YINGFAN (Chine) a noté que la situation en RDC et dans la région des Grands Lacs est arrivée à un stade critique et il a salué les efforts de l'Ambassadeur Jean-David Levitte.  Il a ajouté que cette mission a permis aux membres du Conseil de prendre le pouls de la situation dans cette région.  Il a rappelé que la situation en RDC est très complexe et qu’elle implique de nombreux Etats et de nombreux groupes armés.  Le représentant s'est interrogé sur le rôle que peuvent jouer, dans un tel contexte, les Nations Unies et le Conseil de sécurité.  Il a salué les efforts du Représentant spécial du Secrétaire général, M. Kamel Morjane, souhaitant que le Secrétaire général lui trouve un successeur digne de ce nom.  Il a considéré que les pays et parties impliqués dans ce conflit doivent aspirer à la paix et à la réconciliation, ajoutant que toute initiative de paix doit provenir avant tout de la région et des parties en conflit.  Il a estimé que, au vu des entretiens de la Mission sur le terrain, toutes les parties souhaitaient la paix mais que certaines d'entre elles n'avaient pas encore appliqué les Accords de Lusaka à la lettre.  Il a déclaré qu'une possibilité existe dans ce processus de paix, notamment à la suite des accords de désengagement avant d'appeler les parties à s'abstenir de toute initiative allant dans le sens d'une rupture de la paix.


Le représentant a rappelé quatre conditions essentielles pour le processus de paix dans la région des Grands Lacs, à savoir le désengagement et le respect du cessez-le feu, la démilitarisation de la ville de Kisangani, la réouverture à la navigation du fleuve Congo et sa sécurisation et enfin la consolidation du processus de paix au Burundi.


M. SERGEI LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation estimait positifs les résultats obtenus par la mission du Conseil dans les Grands Lacs.  Nous nous associons aux félicitations adressées à ce sujet à M. Levitte, a dit le représentant.  La Fédération de Russie pense que l’attitude du gouvernement congolais vis-à-vis de la MONUC est positive.  Les problèmes viennent désormais de l’opposition armée.  L’impunité des tortionnaires, qui massacrent et briment les populations congolaises, doit prendre fin, a dit M. Lavrov.  Les membres de la mission qui ont rencontré M. Masiré se sont rendus compte de la démarche responsable adoptée par le Président Kabila en ce qui concerne le dialogue national et le jeu politique en RDC.  La communauté internationale doit prendre les mesures qui s’imposent pour répondre aux besoins humanitaires de la RDC.  La Russie a fait savoir qu’elle était disposée à participer à l’opération humanitaire d’envergure qui devrait être menée au bénéfice des populations de la RDC, et nous sommes prêts à contribuer aux tâches que doit mener le Conseil en vue de mettre en application la phase III de la MONUC.  En ce qui concerne l’exploitation illégale des ressources de la RDC, nous sommes disposés à appuyer les mesures qui seront prises sur la foi des informations du Groupe d’experts.  Quant à la question du conflit burundais, notre délégation soutiendra les initiatives du Facilitateur du processus d’Arusha, M. Nelson Mandela.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que la situation dans les Grands Lacs demeure une priorité pour le Conseil de sécurité.  Il a renouvelé le soutien de son pays au processus de paix de Lusaka et a estimé qu'un calendrier doit être défini pour la mise en oeuvre du processus de démilitarisation et de désengagement des forces en présence.  Il a invité les Etats engagés dans ce conflit à accélérer le processus de désengagement et de démobilisation et a fait appel à un effort consolidé des bailleurs de fonds pour appuyer le processus de paix en RDC et dans les Grands Lacs et notamment dans le processus de désarmement et de démobilisation.  Il a insisté afin que les forces négatives "Interahamwe" soient aussi considérées dans ce processus de désarmement et de démobilisation.  M. Kolby s'est félicité de l'intention du Secrétaire général d'augmenter le nombre d'observateurs des droits de l'homme au sein de la MONUC et a souhaité que les responsables des violations massives des droits de l'homme soient poursuivis en justice.  Le représentant a souligné les efforts de Sir Ketumile Masiré et a annoncé que son gouvernement contribuera financièrement au succès des efforts du Facilitateur pour le dialogue intercongolais.  Concernant le Burundi, M. Kolby s'est dit préoccupé et a rendu hommage aux efforts du Président Mandela, souhaitant que le processus de paix soit redynamisé avant d'annoncer que son


gouvernement continuerait d'apporter une assistance humanitaire, notamment pour les réfugiés.  Il a conclu en souhaitant que l'élan acquis avec la signature des Accords de Lusaka et d'Arusha soit maintenu et a souhaité que soit clairement rappelé aux parties signataires que le succès de ce processus de paix leur incombe.


M. SEKOU KASSE (Mali) a associé sa délégation à toutes les recommandations de la mission du Conseil dans les Grands Lacs.  Le Mali estime que les actes que posent les parties signataires de l’Accord de Lusaka doivent demeurer le moteur de la mise en oeuvre des termes de cet accord.  Notre délégation estime aussi qu’il n’existe pas de solution militaire à la situation qui règne au Burundi.  Le Conseil de sécurité devra d’autre part rester vigilant en ce qui concerne le retrait des forces combattantes, et surveiller le respect des engagements pris par les parties sur les plans militaires et politiques.


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie), soulignant que l’on attendait beaucoup de la mission du Conseil de sécurité dans la région des Grands Lacs sur les actions futures des Nations Unies, a reconnu que la construction de la paix en Afrique ne se ferait qu’avec la participation de toutes les parties au conflit.  Il n’y aura pas de solution militaire, et il faudra démobiliser les combattants et mettre les ressources naturelles au service du développement, a-t-il ajouté.  Après s’être déclaré satisfait du rôle que joue la Mission des Nations Unies au Congo et du rétablissement de la navigation fluviale, le représentant a abordé la situation au Burundi et a apporté son soutien aux conclusions de la mission.  Réaffirmant la nécessité d’intensifier le dialogue avec les groupes rebelles non signataires de l’Accord d’Arusha, il a proposé d’établir un mécanisme permanent de négociation dont le siège serait à Bujumbura et a demandé aux Nations Unies et aux bailleurs de fonds d’apporter les fonds nécessaires pour que cette enceinte puisse voir le jour.  Le représentant s’est en conclusion félicité de ce que la problématique de la région des Grands Lacs fasse l’objet d’une approche régionale qui permette de tirer parti des forces de chacune des agences de l’Organisation et des institutions de Bretton Woods.


M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) a approuvé le rapport fait ce matin au Conseil par M. Levitte, chef de la mission.  Il faut saisir l’occasion qui se présente pour faire avancer les engagements pris par les parties à l’Accord de paix de Lusaka a estimé le représentant.  Les parties au conflit en RDC et le Conseil reconnaissent que l’accord de Lusaka est le seul cadre de règlement possible de la guerre qui a déchiré la RDC.  Les parties à cet accord semblent de bonne foi, quand elles parlent du retrait de leur force du territoire congolais.  Mais nous devrons rester vigilants et vérifier les promesses faites à cet égard.   Concernant le dialogue national intercongolais, toutes les parties que nous avons rencontrées au cours de la mission semblent disposées à s’y engager.  Maurice pense cependant que le Conseil doit veiller à mettre fin aux activités des forces négatives sur le territoire de la RDC.  Le Conseil ne doit pas hésiter à renforcer la MONUC au fur et à mesure que le processus de paix avancera.  Concernant le Burundi, notre délégation recommande que le Conseil apporte tout son soutien à

M. Nelson Mandela et au processus auquel il préside.


M. DAVID COONEY (Irlande) a rendu hommage au Représentant spécial du Secrétaire général, M. Kamel Morjane, ainsi qu'à l'Ambassadeur de France et Chef de la Mission, M. Jean-David Levitte.  Le représentant s'est dit surpris par l'ouverture du Président Joseph Kabila et de la bonne atmosphère qui règne au sein du Comité politique de l'Accord de Lusaka.  Il s'est félicité du consensus croissant sur la nécessité de démobiliser et de désarmer les forces négatives présentes en RDC pour consolider le processus de paix.  Il a rappelé que la RDC est divisée aujourd'hui en trois zones, celle du gouvernement, celle du RCD-Goma et celle du FLC de Jean Pierre Bemba et a appelé ces trois composantes à participer au dialogue intercongolais afin de consolider l'intégrité territoriale et de rendre au peuple congolais le contrôle de son pays.  Le représentant s'est déclaré préoccupé par la situation précaire au Burundi et a appelé les parties à lever les obstacles à la paix, renouvelant le soutien de sa délégation au Facilitateur, Nelson Mandela, et souhaitant que soient renforcés les moyens dont dispose le Bureau du Représentant spécial pour le Burundi.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) s'est félicité du leadership de l'Ambassadeur Levitte et a estimé que cette mission était l'une des plus riches de son expérience diplomatique.  Il a estimé que la Mission avait pris conscience de la réalité d'une "fenêtre d'opportunités" mais a estimé que ces créneaux sont fragiles et ne durent jamais longtemps.  Il a suggéré au Conseil de continuer à renforcer le processus de paix et d'aider les parties à aller de l'avant en collaborant davantage avec le Comité politique de l'Accord de Lusaka. 

M. Mahbubani a souhaité que les décisions positives qu'ils prennent, au sein du Comité, soient mises en oeuvre et suscitent des réactions positives de la part du Conseil.  Il a souhaité que le Conseil assure un suivi des recommandations contenues dans le rapport de la Mission. 


Concernant le Burundi, le représentant s'est inquiété de la complexité de la situation et du potentiel de violence dans ce pays.  Il a souhaité que des pressions soient exercées sur les rebelles du FNL afin qu'ils s'associent rapidement au processus de paix en cours à Arusha.  Il a estimé que la Mission est un succès et le représentant a suggéré au Conseil de s'interroger sur les raisons de ce succès.  Il a attribué ce succès au leadership de M. Levitte, à l'unité de vision et de cohésion, au mandat réaliste, aux changements d'attitude observés dans la région depuis janvier 2001, à l'appui politique et logistique de la part des agences des Nations Unies dans les différents pays.


M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a associé sa délégation aux résultats obtenus par la mission du Conseil dans la région des Grands Lacs.  Les Etats-Unis prennent note de l’importance de la situation humanitaire en RDC et dépenseront 70 millions de dollars en vue de venir au secours des populations affectées par les retombées de la guerre.  Les parties en conflit savent que le Conseil les aidera à parvenir à la paix tant qu’elles respecteront les engagements qu’elles ont pris dans le cadre des accords de Lusaka et qu’elles respecteront les résolutions prises par le Conseil sur la situation dans les Grands Lacs.


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