LA DETERIORATION DU CONFLIT CREE PEUT-ETRE LES CONDITIONS POUR UNE REPRISE DU DIALOGUE ENTRE LES DIRIGEANTS DU FLEUVE DE LA MANO, SELON M. FALL
Communiqué de presse CS/2140 |
Conseil de sécurité
4319ème séance – matin
LA DETERIORATION DU CONFLIT CREE PEUT-ETRE LES CONDITIONS POUR UNE REPRISE DU DIALOGUE ENTRE LES DIRIGEANTS DU FLEUVE DE LA MANO, SELON M. FALL
Il insiste auprès du Conseil de sécurité pour que des conférences
internationales sur la Guinée et la Guinée-Bissau soient organisées
"Nous sommes arrivés à la phase critique de la mise en oeuvre des recommandations du rapport de la Mission interinstitutions en Afrique de l'Ouest", a observé M. Ibrahim Fall, Sous-secrétaire général aux affaires politiques et chef de file de la Mission, aux membres du Conseil de sécurité réunis ce matin pour examiner la question de la situation en Guinée et en Sierra Leone à la suite
des attaques récentes aux frontières avec le Libéria et la Sierra Léone. "Paradoxalement, la dégradation de la situation militaire rend peut-être possible la reprise du dialogue entre les chefs d'Etat des pays du fleuve Mano sur des bases plus pérennes".
Le Sous-Secrétaire général est revenu sur les principales recommandations du rapport. Le plus urgent, a-t-il dit, est de dissiper la tension entre les trois Chefs d'Etat des pays appartenant à l'Union du fleuve Mano. Il a lancé un appel pour que les Nations Unies développent de toute urgence, en coopération avec la Commission économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), un plan d'action à l'égard des conflits transfrontaliers dans les Etats du fleuve Mano ainsi que de la situation en Côte d'Ivoire. "Il est important que les pays influents dans la région, en particulier ceux membres du Conseil, joignent leurs forces à celles des membres de la CEDEAO qui ont récemment mis en place un comité de médiation au niveau des Chefs d'Etat, pour tenter d'arrêter les combats et inciter au dialogue les dirigeants de l'Union du fleuve Mano".
Il a lancé un appel pour qu'une Conférence internationale sur la Guinée-Bissau soit organisée de façon à prévenir la reprise de conflits dans un pays confronté à l'instabilité politique et à la crise économique et sociale. Il a également appelé à la tenue d'une Conférence similaire consacrée à la Guinée. "La Guinée mérite d'être aidée en raison de l'énorme responsabilité qu'elle a endossée au nom de la communauté internationale en accueillant des réfugiés qui constituent aujourd'hui 10% de sa population", a-t-il fait valoir, soulignant également la menace qui pèse sur sa stabilité politique. Compte tenu du poids économique de la Côte d'Ivoire dans la région, il a recommandé qu'une aide financière lui soit accordée de façon à éviter des troubles intérieurs.
Le Secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix,
M. Jean-Marie Guéhenno, a informé le Conseil des évolutions récentes dans la région et notamment des résultats des enquêtes de la MINUSIL sur les violations du cessez-le-feu qui se sont récemment produites. Répondant aux questions des délégations, il a estimé que ce n'est que lorsque les mesures de démilitarisation des factions armées et de rétablissement de l'autorité gouvernementale seraient effectivement entrées en vigueur que des élections pourraient être organisées en Sierra Leone.
La Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence du Bureau de la coordination des affaires humanitaires a rendu compte de sa mission dans les pays membres de l’Union du fleuve Mano du 17 au 25 avril dernier, mission dont l’objectif était d’évaluer la situation humanitaire dans la sous-région et les mécanismes de coordination humanitaire entre les trois pays de l’Union du fleuve Mano. La Guinée est en situation de crise humanitaire, a-t-elle souligné, avec de 200 000 à 300 000 personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières, et la détérioration de la situation au Libéria pourrait avoir des répercussions sur la situation en Guinée. Pour ce qui est de la Sierra Leone, elle s’est dite “prudemment optimiste”, avec le risque cependant que la Sierra Leone soit déstabilisée par les flux de réfugiés du Libéria. Au Libéria, le désespoir est croissant, la situation politique et militaire s’est détériorée et pourrait dégénérer en guerre civile. Les combats se poursuivent tout le long de la frontière et on compte de 60 à 80 000 personnes déplacées, dont 15 à 20 000 le sont depuis février dernier. Au nombre des recommandations, elle a souhaité que les échanges d’information stratégique entre les agences des Nations Unies et ses partenaires soient intensifiés. Elle a également souhaité que la présence du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) soit renforcée en Guinée et au Libéria et qu’un coordinateur humanitaire soit nommé en Guinée.
Les représentants ont apporté leur appui aux recommandations contenues dans le rapport de la Mission interinstitutions en Afrique de l’Ouest. Ils ont accueilli favorablement un renforcement du rôle de la CEDEAO. Ainsi, le représentant du Mali, notant l’attachement de la CEDEAO à une solution politique globale, s’est félicité de ce que le rapport de la Mission interinstitutions des Nations Unies en Afrique de l’Ouest insiste sur la nécessité de développer la coordination et la coopération entre les Nations Unies et la CEDEAO. Le représentant a demandé qu’il soit répondu positivement à l’offre de la CEDEAO, faite en mai 2000, de renforcer l’effectif de la MINUSIL de 3000 hommes. L’initiative de la CEDEAO concerne le déploiement d’une force multinationale du Groupe de contrôle de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (ECOMOG) le long des frontières de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone. Le représentant de la Tunisie a soutenu les recommandations de la Mission interinstitutions visant à octroyer une assistance à la CEDEAO pour renforcer ses capacités institutionnelles, logistiques et financières afin d’être en mesure de s’acquitter de ses lourdes responsabilités. La gravité de la situation humanitaire a également retenu l’attention des intervenants, qui ont été nombreux à insister sur la nécessité de trouver une solution à la crise humanitaire de la sous-région. Certains ont apporté leur soutien à la recommandation de la Mission visant à convoquer une conférence internationale pour mobiliser l’appui des donateurs à ces pays et notamment à la Guinée. Plusieurs représentants se sont interrogés sur les conditions de rapatriement des réfugiés. C’est sur la dimension régionale du conflit que les intervenants ont également insisté. Le représentant du Bangladesh a déclaré que les pressions militaires, en particulier contre le RUF, doivent être maintenues tant que la situation ne s’est pas améliorée. Il a également exhorté tous les pays de la région à empêcher que les groupes armés utilisent leur territoire pour préparer des attaques armées visant les territoires d’autres pays.
Outre les représentants mentionnés ci-dessus, ainsi que les hauts fonctionnaires des Nations Unies, les délégations du Royaume-Uni, de l’Irlande, de la Fédération de Russie, de la Colombie, de la France, de la Jamaïque, de Singapour, de la Chine, de l’Ukraine, de Maurice, de la Norvège et des Etats-Unis ont pris la parole au cours du débat.
LA SITUATION EN GUINÉE À LA SUITE DES RÉCENTES ATTAQUES SUR LES FRONTIÈRES DE CE PAYS AVEC LE LIBÉRIA ET LA SIERRE LEONE
Rapport de la Mission interinstitutions en Afrique de l’Ouest intitulé «Pour une approche globale de la recherche de solutions durables aux besoins et problèmes prioritaires devant lesquels se trouve l’Afrique de l’Ouest» (S/2001/434)
La Mission du Conseil de sécurité en Sierra Leone, qui s’était rendue également en Guinée, au Mali, au Nigéria et au Libéria entre le 7 et le 14 octobre 2000, était composée de représentants du Département des affaires politiques, du Département des opérations de maintien de la paix, du Bureau de la coordination des affaires humanitaires, du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, du Haut Commissariat aux droits de l’homme, du Département des affaires de désarmement, du Bureau du Groupe des Nations Unies pour le développement, de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), du PNUD, de l’UNICEF, du Programme alimentaire mondial (PAM) ainsi que du Secrétariat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
La Mission a conclu dans son rapport (S/2000/992) qu’il fallait donner la plus haute priorité à la coordination d’une stratégie globale, comportant des objectifs clairs, qui permette de s’attaquer aux différents aspects de la crise en Sierra Leone ainsi qu’à ses causes profondes. Elle a noté que ce n’est que lorsque toutes les parties prenantes –le Gouvernement et le peuple sierra-léonais, la région et la communauté internationale- agiront de concert dans le cadre d’une approche arrêtée d’un commun accord et intégrée que le potentiel latent du pays et de la région de sortir de la crise actuelle pourra se réaliser. Elle a noté en outre qu’aucun progrès durable ne serait possible en Sierra Leone sans une action globale permettant de s’attaquer à l’instabilité qui sévit actuellement dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, en particulier dans les pays membres de l’Union du fleuve Mano.
Suite à ce rapport, le Secrétaire général a constitué une équipe de travail interinstitutions pour la sous-région de l’Afrique de l’Ouest qui, coordonnée par le Département des affaires politiques, est chargée d’élaborer des recommandations sur ce que pourrait être une action coordonnée et cohérente de l’Organisation des Nations Unies pour s’attaquer aux problèmes multiformes auxquels se heurte la sous-région, et de tenir compte à cette fin des initiatives en cours ou de celles qui sont actuellement envisagées. A ce titre, le rapport précise qu’il faudrait réaménager les différents mécanismes d’élaboration des stratégies et des politiques du système des Nations Unies, en créant un mécanisme de consultations systématiques et régulières entre les organismes des Nations Unies. En plus des gouvernements, les organismes, départements et programmes des Nations Unies dans la région, devraient consulter plus activement la CEDEAO et les organisations sous-régionales au moment d’élaborer des stratégies cohérentes.
L’ONU devrait instaurer des cadres et des arrangements institutionnels qui lui permettent d’intensifier sa collaboration avec la CEDEAO et les autres acteurs principaux dans la sous-région en ce qui concerne la gestion et le règlement des conflits et autres problèmes majeurs, par le biais d’un Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et d’une cellule de mission intégrée. S’agissant des problèmes communs et des domaines prioritaires transfrontaliers, il conviendrait de prendre des mesures pour assurer la complémentarité des plans-cadres pour
l’aide au développement. Le plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement au niveau sous-régional devrait comprendre un plan d’action stratégique pour la consolidation de la paix et le relèvement des pays. Il incomberait au Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest de coordonner la mise en place de ce plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement au niveau sous-régional.
Concernant la paix et la sécurité dans la région de l’Union du fleuve Mano, la Mission recommande que l’Organisation des Nations Unies et le Gouvernement sierra-léonais continuent d’appliquer une démarche à deux niveaux pour le règlement du conflit sierra-léonais tenant compte des conséquences éventuelles sur le processus de paix du plan du Gouvernement sierra-léonais visant à tenir des élections présidentielles et législatives en décembre 2001. Le rapport recommande d’élargir le mandat de la MINUSIL afin d’incorporer les trois pays de l’Union du fleuve Mano, de manière à tenir compte de la corrélation entre l’application de l’Accord de paix de Lomé, la mise en oeuvre des sanctions des Nations Unies à l’égard du Libéria et le contrôle des frontières entre les trois pays.
Le système des Nations Unies et la communauté internationale devraient prendre des mesures afin de renforcer le mécanisme de la CEDEAO pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, le maintien de la paix et la sécurité. Afin d’empêcher que ne se reproduise le conflit en Guinée-Bissau, où la situation politique et la sécurité demeurent précaires, les partenaires internationaux de développement, y compris les institutions de Bretton Woods, devraient assurer d’urgence une aide en matière financière et de renforcement des capacités. L’Organisation des Nations Unies devrait jouer un rôle plus actif pour ce qui est d’améliorer les relations entre la Côte d’Ivoire et ses voisins.
Le Bureau des Nations Unies envisagé pour l’Afrique de l’Ouest, en partenariat avec d’autres organismes des Nations Unies, la CEDEAO et autres partenaires internationaux, devrait accorder à la réconciliation nationale une place importante dans une approche globale visant à résoudre les problèmes de la sous-région. Un accent particulier devrait être placé sur les dimensions politiques de la consolidation de la paix en tant qu’outil de prévention des conflits, y compris dans les pays où il n’existe pas de bureau d’appui pour la consolidation de la paix.
En raison du caractère zonal des conflits dans la sous-région, les programmes de désarmement, de démobilisation et de réinsertion devraient être conçus et appliqués simultanément dans les pays touchés par les conflits et devraient viser toutes les parties concernées.
Le Programme de coordination et d’assistance pour la sécurité et le développement et d’autres mécanismes destinés à endiguer les flux d’armes devraient être mieux intégrés avec la CEDEAO. Les acteurs étatiques et non étatiques qui utilisent des enfants comme combattants doivent immédiatement faire le nécessaire pour démanteler tous les groupes contrôlant des enfants soldats et envisager d’adopter des sanctions à l’encontre des pays qui utilisent des enfants soldats.
Concernant la gouvernance et droits de l’homme, la Mission recommande d’apporter un appui aux États en transition pour les aider à mettre en oeuvre des programmes socioéconomiques propres à éviter le mécontentement social qui risquerait de compromettre le processus démocratique. Il faut également renforcer les systèmes judiciaires pour garantir l’application de la loi et la justice et prévenir les violations des droits de l’homme.
La Mission recommande que des mesures efficaces soient prises pour éviter que les réfugiés ne soient infiltrés par des milices ou des éléments armés lors de leur transfert ou bien recrutés par des milices à l’intérieur des camps. Le Gouvernement de la Sierra Leone devrait veiller à ce que des mesures soient prises pour bien accueillir les réfugiés qui choisissent librement de rentrer, notamment en prévoyant des zones de sécurité à leur intention à l’intérieur du pays, en étroite coopération avec le HCR et la MINUSIL. Le Gouvernement guinéen devrait faire son possible pour garantir un asile sûr aux réfugiés, avec l’aide et l’appui nécessaires de la communauté internationale.
Exposés
M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, a rappelé les conclusions auxquelles était parvenue la Réunion d'Abuja qui réunissait la Commission économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), les Nations Unies, le Gouvernement de Sierra Leone et le RUF, réunion qu'il a qualifiée de développement politique majeur. Il y a été notamment demandé au Gouvernement sierra-léonais, a-t-il rappelé, d'exercer son autorité sur l'ensemble du pays et au RUF de libérer toutes les personnes détenues et tout particulièrement les enfants soldats.
M. Guéhenno a indiqué qu'au cours de réunions ultérieures, les chefs militaires du RUF avaient unanimement endossé les décisions d'Abuja et qu'ils avaient confirmé par la suite leur intention de se retirer de Kambia le 18 mai, de libérer au moins deux cents enfants soldats d'ici au 25 mai et de restituer toutes les armes saisies avant le 30 mai.
Le Secrétaire général adjoint a précisé que la MINUSIL avait poursuivi ses déploiements dans les zones tenues par le RUF, en particulier Lunsar, Makeni et Magburaka entre le 7 et le 23 avril et qu'elle avait poursuivi ses patrouilles dans ces secteurs et notamment dans le district de Kono. Ces patrouilles, a-t-il indiqué, ont été chaleureusement accueillies par la population locale et ont eu un effet positif immédiat sur les activités économiques et pour le retour de personnes déplacées. La MINUSIL examine en ce moment l'installation d'une présence permanente à Kambia et Koidu.
M. Guéhenno a fait le point sur les accrochages rapportés entre le CDF et le RUF près de Tongo et à Talia. Dans le premier cas, les enquêtes de la MINUSIL ont établi que le RUF a repoussé une attaque du CDF. La situation y est maintenant stabilisée, a-t-il précisé. L'enquête sur le second cas de violation du cessez-le-feu est en cours. Il a rappelé que le Secrétaire général avait indiqué, dans son rapport, que la MINUSIL avait pour principal objectif de permettre la restauration de l'autorité du Gouvernement sur l'ensemble de la Sierra Leone. Il a informé le Conseil des actions menées par la MINUSIL à l'intention de ses troupes pour mieux faire connaître sur le terrain les dangers du VIH/sida.
Mme CAROLYN Mc ASKIE, Coordonnatrice adjointe des secours d’urgence de la coordination du Bureau des affaires humanitaires (OCHA) a rendu compte de sa mission dans les pays membres de l’Union du fleuve Mano du 17 au 25 avril dernier, et dont l’objectif était d’évaluer la situation humanitaire dans la sous-région, ainsi que les mécanismes de coordination humanitaire entre les trois pays de l’Union du fleuve Mano, avec une attention particulière à la situation des réfugiés et des personnes déplacées. Plaidant en faveur d’une approche intégrée au niveau sous-régional, car toutes les frontières sont affectées, Mme Mc Askie a indiqué que la Guinée fait face à une crise humanitaire propre, avec de 200 000 à 300 000 personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières et a affirmé que la détérioration de la situation au Libéria pourrait avoir des répercussions sur la situation en Guinée. Mme Mc Askie a indiqué que le HCR, avec l’appui du Gouvernement de la Guinée, a commencé, le 3 mai dernier, des transferts de réfugiés dans leur pays. La tâche est cependant rendue difficile par le RUF qui met en danger la sécurité de ces retours. Pour ce qui est de la Sierra Leone,
Mme Mc Askie s’est dite “prudemment optimiste”, notamment grâce au déploiement de la MINUSIL sur le territoire du pays. La réinstallation des personnes déplacées a commencé, toutefois, la Sierra Leone est à nouveau menacée de déstabilisation en raison du flux de réfugiés du Libéria. Mme Mc Askie s’est félicitée de ce que la communauté humanitaire puisse intervenir au-delà des lignes d’intervention du RUF; elle a demandé que le personnel humanitaire puisse agir librement dans cette région, sans être escorté. La réinsertion des anciens combattants et le renforcement de la société civile et des capacités gouvernementales sont importants. C’est pourquoi il est crucial que la communauté internationale fournisse une aide afin de permettre aux autorités de gouverner et d’étendre l’aide au-delà de l’aide humanitaire. Au Libéria, le désespoir est croissant et la situation politique et militaire s’est détériorée, au risque de voir la situation dégénérer en guerre civile. Les combats se poursuivent tout le long de la frontière; on compte de 60 à 80 000 personnes déplacées, dont 15 à 20 000 le sont depuis février dernier.
Mme Mc Askie a indiqué que si la situation en Sierra Leone est porteuse de quelques espoirs, en revanche la situation des personnes déplacées à l’intérieur de leurs frontières est extrêmement préoccupante, en particulier en Guinée où ces réfugiés entretiennent les conflits frontaliers. Les contacts inter-gouvernementaux se heurtent à de nombreux obstacles, ce qui est de mauvais augure pour le rétablissement de la paix. Dans le même temps, la situation des personnes déplacées est exacerbée par la pauvreté endémique et les faibles capacités gouvernementales, ainsi que par le manque d’engagement de la communauté internationale. Au nombre des recommandations, Mme Mc Askie a souhaité que les Nations Unies considèrent les dynamiques régionales à l’oeuvre et, dans le cadre de cette approche globale, renforcent les échanges d’information stratégique entre les agences des Nations Unies et ses partenaires. Elle a souhaité que la présence de OCHA soit renforcée en Guinée et au Libéria et liée au projet de Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest. Elle a encouragé la communauté internationale et les gouvernements concernés à soutenir l’approche à deux voies concernant les réfugiés de la Sierra Leone en Guinée et a demandé qu’un coordonnateur humanitaire soit nommé en Guinée.
M. IBRAHIM FALL, Sous-Secrétaire général aux affaires politiques, a fait observer que la Mission interinstitutions était arrivée à la phase critique de la mise en oeuvre effective de ses recommandations. Présentant les recommandations concernant l'impact des conflits en Afrique de l'Ouest, il a attiré l'attention sur l'impasse actuelle dans laquelle se trouvent les négociations entre les chefs d'Etat des pays de l’Union du fleuve Mano. Il a indiqué qu'il n'a pas été possible jusqu'à ce jour de faire asseoir les chefs d'Etat de cette région autour de la même table. Il a souligné l’importance de la recommandation de la Mission visant à faire reprendre les discussions à ce niveau, jugeant évident que la dégradation de la situation militaire permet paradoxalement peut-être aujourd'hui de relancer le dialogue sur des bases plus pérennes.
M. Fall a rappelé que, dans le cadre du récent sommet d'Abuja, il avait été envisagé d'organiser des élections en Sierra Leone d'ici à la fin de l'année. La mission est d'avis, a-t-il indiqué, que l'organisation de ces élections est peut-être prématurée dans un pays contrôlé par le RUF et dont la population est composée de réfugiés de l'extérieur alors qu'une bonne partie de Sierra-léonais ont fui. Il a appelé à l’organisation d'une conférence internationale sur la Guinée-Bissau ainsi que d'une conférence internationale destinée à mobiliser le soutien financier en faveur de la Guinée. Il a insisté sur la nécessité d'apporter un soutien international politique, financier et économique à la Côte d'Ivoire, en raison de l'impact des problèmes que ce pays rencontre et qui affectent l’ensemble de la région.
En matière institutionnelle, la Mission propose la création d'un Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest qui permettrait d'avoir une approche globale et intégrée au niveau de la sous-région, a déclaré M. Fall. «J'espère que le Conseil exprimera son appui au Secrétaire général pour la création de ce bureau». La Mission a noté les préoccupations des chefs d'Etat de la CEDEAO concernant l’enchevêtrement des problèmes qui se posent dans la région du fleuve Mano. C'est dans ce contexte qu'il faut considérer la proposition d'élargir le mandat de la MINUSIL à la Guinée et au Libéria. La Mission n'a aucun doute sur le caractère controversé de cette proposition mais a rappelé qu'elle se place dans le contexte d'une approche régionale intégrée.
Le Sous-Secrétaire général s'est dit frappé par les initiatives prises par les mouvements féminins pour promouvoir la reprise du dialogue dans la région du fleuve Mano et a lancé un appel pour qu'un soutien leur soit apporté. Il a fait état des critiques exprimées en Afrique de l'Ouest à l'égard des Nations Unies. L'analyse qui y est faite, a-t-il expliqué, est que les processus de désarmement ou de démilitarisation avortés ont été une des causes des reprises des conflits en Afrique de l'Ouest. Il a demandé que le problème de la réinsertion des combattants, considéré comme l'une des principales raisons de la reprise des conflits, soit pris en compte et que des programmes de réinsertion soient mis en place.
Déclarations
M. MOCTAR OUANE (Mali) a d’abord mentionné la situation des réfugiés, soulignant qu’il est impératif de favoriser les conditions de leur retour dans des zones sécurisées de leur pays d’origine. Dans cette perspective, le représentant a appuyé la recommandation relative au renforcement de la présence du Bureau de la coordination des affaires humanitaires en Guinée et au Libéria en vue de soutenir les efforts visant à faire face aux besoins humanitaires croissants dans la sous-région ouest-africaine. M. Ouane a également rappelé l’attachement de la CEDEAO à une solution politique globale, indiquant que la référence est la résolution 1346 du Conseil de sécurité; les solutions militaires ne suffiront pas à régler les conflits, et il importe de créer un cadre politique et économique viable et d’édifier un Etat de droit, a-t-il fait valoir. Le représentant s’est félicité de ce que le rapport de la Mission interinstitutions des Nations Unies en Afrique de l’Ouest esquisse une approche globale, régionale et intégrée, recommande la création d’un Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et insiste sur la nécessité de développer la coordination et la coopération entre les Nations Unies et la CEDEAO. Le représentant a rappelé que la CEDEAO a recommandé d’élargir le mandat de la MINUSIL et demandé qu’il soit répondu positivement à l’offre de la CEDEAO, faite en mai 2000, de renforcer l’effectif de 3000 hommes. L’appui politique des Nations Unies, en l’occurrence le Conseil de sécurité et la fourniture de matériel et techniques par la communauté internationale sont indispensables à la bonne exécution de l’initiative de la CEDEAO de déployer une force multinationale de l’ECOMOG le long des frontières de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone, a indiqué le représentant, avant de conclure qu’une coopération étroite des Nations Unies avec la CEDEAO était nécessaire à l’application des sanctions édictées par la résolution 1343 à l’encontre du Libéria.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a déclaré que son pays était plus que jamais prêt à apporter son concours pour rétablir la paix dans la région. Il s'est félicité de l'engagement renouvelé du RUF de respecter l'accord du 6 novembre et a estimé que le redéploiement de la MINUSIL devrait permettre d'alléger les tensions. C'est au RUF de prouver qu'il est vraiment engagé dans la recherche de la paix, a-t-il déclaré, nous attendons des preuves de leur volonté réelle. Nous espérons à cet égard qu'il sera bien procédé au désarmement de leurs forces d'ici au 30 mai.
Le Royaume-Uni est toujours très préoccupé par la situation humanitaire en Guinée et estime qu'il faut renforcer l'aide que l'ONU lui apporte par la nomination d'un coordonnateur humanitaire à Conakry. Il est également nécessaire d'avoir des chiffres plus précis sur le nombre des réfugiés. «Nous sommes également favorables à la création d'un Bureau des Nations Unies en Afrique de l'Ouest». Le rapport de la Mission interinstitutions présente très clairement la nécessité d'adopter une approche plus intégrée dans la région et nous appuyons sa recommandation concernant la création d'une équipe spécifique intégrée et considérons que c'est une question d'urgence. Les recommandations du rapport nécessitent un examen approfondi et nous espérons qu'il débouchera sur un effort accru de la part des organismes interinstitutions de l'ONU. Il faut également voir comment le Conseil peut établir des relations plus opérationnelles avec la CEDEAO et nous espérons que l'Union européenne sera particulièrement attentive à cette question. Nous sommes également favorables à la création d'un Bureau de l'ONU mais nous devons veiller à ce qu'il ne porte pas atteinte à la capacité de réaction du commandement militaire.
Le représentant a estimé que l'élargissement du mandat de la MINUSIL n'était pas une bonne idée à ce stade, qu'il fallait d'abord faire un travail intensif de rétablissement des relations entre les Etats impliqués dans la crise. Il a jugé essentiel de s'assurer que l'embargo mis en place à l'égard du Libéria soit bel et bien appliqué.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a déclaré que l’exceptionnelle complexité de la situation, précaire sur les plans sécuritaire, humanitaire, économique, social et politique ne peut plus désormais faire l’objet de réponses fragmentées, sectorielles et ponctuelles. Le représentant a soutenu les recommandations de la Mission interinstitutions visant à octroyer une assistance à la CEDEAO pour renforcer ses capacités institutionnelles, logistiques et financières afin d’être en mesure de s’acquitter de ses lourdes responsabilités. Le représentant a demandé au Conseil de sécurité de prêter une attention particulière à quatre objectifs: appuyer les efforts de médiation de la CEDEAO et encourager les dirigeants des trois pays à s’engager dans un dialogue constructif; réitérer son appel aux Etats concernés pour qu’ils respectent leur intégrité territoriale respective, désamorcent les groupes armés se trouvant sur leur territoire et pour qu’ils instaurent la confiance; suivre de près l’évolution de la situation au Libéria et notamment la crise humanitaire dont souffrent des milliers de réfugiés libériens. A cet égard, le représentant a souligné la nécessité de procéder régulièrement à une évaluation des sanctions, de leurs effets sur la population civile et sur l’économie du pays et de mettre en place un mécanisme de vérification indépendant pour superviser la mise en oeuvre par le Gouvernement libérien des exigences du Conseil. Enfin, M. Mejdoub a insisté sur la nécessité de trouver une solution à la crise humanitaire de la sous-région et a apporté son soutien à la recommandation de la Mission en vue de convoquer une conférence internationale pour mobiliser l’appui des donateurs à ces pays et notamment à la Guinée.
M. RICHARD RYAN (Irlande) a estimé que la nécessité de travailler en étroite coopération et coordination dans le domaine du rétablissement de la paix était désormais clairement établie. Nous devons veiller à ce que les Nations Unies aient des mandats clairs et une organisation bien définie de façon à gérer dans un même temps les crises régionales et les implications à long terme, a-t-il déclaré. Les Nations Unies ont acquis une grande expérience dans le domaine du maintien de la paix et il est temps d'en tirer parti. Il a exprimé le souhait que le Représentant spécial du Secrétaire nommé dans le cadre du Bureau des Nations Unies ait des compétences en matière de développement.
L'Irlande a augmenté de façon notable son financement des fonds et programmes des Nations Unies car nous estimons que leur rôle et notamment celui du Résident Coordonnateur est crucial à la cohérence de l'approche de la communauté internationale, a déclaré le représentant et nous étudions actuellement la possibilité d'augmenter notre programme d'aide. Il s'est félicité de ce que se fassent jour les effets positifs de l'action menée dans deux directions: l'extension de l'autorité politique légitime et la poursuite du dialogue avec le RUF. A propos du rapport de la Mission interinstitutions, il a attiré l'attention du Conseil sur les difficultés pratiques que présentait toute extension du mandat de la MINUSIL.
M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh) a exprimé son inquiétude face à la dégradation de la situation dans la région et a déclaré que les pressions militaires, en particulier contre le RUF, doivent être maintenues. Nous devons être vigilants et veiller à ce que le RUF tienne ses promesses, notamment dans un contexte où différents groupes armés reçoivent un appui, a ajouté le représentant, se félicitant du déploiement de la MINUSIL. Il a exhorté tous les pays de la région à empêcher que les groupes armés utilisent leur territoire pour préparer des attaques armées visant les territoires d’autres pays. Le représentant s’est félicité du rôle joué par la CEDEAO en faveur de la stabilité dans la région et a demandé que la communauté internationale fournisse un appui à cette organisation. Dans le processus de consolidation de la paix, il est crucial que tous les anciens combattants soient réintégrés, et que dans cette tâche les enfants soldats reçoivent une attention particulière, a ajouté le représentant. Apportant son appui à l’approche en deux voies du Haut Commissariat aux réfugiés, le représentant s’est prononcé en faveur de la recommandation concernant la création du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest.
M. GENNADI GATILOV (Fédération de Russie) s'est dit préoccupé par la situation de la région. Il a exprimé son appui aux efforts de la CEDEAO et a fait observer qu'une rencontre des dirigeants de la région du fleuve Mano pourrait être précieuse. Il a suggéré un déploiement de l'ECOMOG après accord des Etats concernés et sur mandat du Conseil de sécurité. Il a souhaité que soit renforcée la coordination accrue de l'ONU avec la CEDEAO.
Soulignant que l'élément le plus déstabilisateur continuait à être le conflit en Sierra Leone, il a fait valoir que les changements positifs qui avaient eu lieu témoignaient de la justesse de la démarche du Conseil et de la pertinence de la solution politique. Il s'est également prononcé en faveur des programmes de réintégration des combattants ainsi que d’une approche globale et intégrée au niveau de la région. Il a exprimé des doutes sur la pertinence de l'élargissement du mandat de la MINUSIL en raison de la diversité des problèmes qui se posent dans les trois Etats concernés. Il a demandé à tous les Etats de se conformer aux exigences de la résolution 1343 et notamment à la disposition demandant qu'ils n'abritent pas de forces armées hostiles aux pays voisins.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que le rapport de la Mission interinstitutions contient des propositions constructives que le Conseil de sécurité devra examiner ainsi que les autres institutions des Nations Unies; il a souhaité revenir sur trois points qui figurent dans le rapport: le rôle de la CEDEAO, le commerce illicite des armes et la réponse à donner à la crise humanitaire. Se félicitant des recommandations visant à renforcer la capacité institutionnelle de la CEDEAO, notamment en matière de la gestion des conflits et de promotion du développement, le représentant a demandé quel était le degré de coopération entre les départements du Secrétariat des Nations Unies et la CEDEAO et comment cette coopération pouvait être renforcée. En ce qui concerne le commerce illicite d’armes et le moratoire des pays de la région sur l’importation des armes légères, il a demandé quelle était la contribution des pays exportateurs à ce moratoire et quelles mesures de contrôle international avaient été mises en place en la matière. Enfin, en ce qui concerne la crise humanitaire, le représentant s’est préoccupé de la double lassitude, celle qui affecte les donateurs et celle qui affecte les pays qui accueillent les réfugiés et conscient de la capacité limitée des communautés locales à accueillir les réfugiés, il a demandé dans quelle mesure une stratégie régionale pourrait contrecarrer cette lassitude.
M. YVES DOUTRIAUX (France) a souligné que, dans la crise qui affecte cette sous-région, les questions politiques, de maintien de la paix et humanitaires sont toutes imbriquées. C'est la raison pour laquelle les recommandations de la Mission vont évidemment dans le bon sens. Nous considérons, comme de bonnes propositions, la création d'un Bureau et d'une agence interinstitutions. Nous sommes également favorables au renforcement de la coopération avec la CEDEAO. Il a informé le Conseil de l'envoi d’une mission de l'Union européenne dans la région qui sera conduite par l'ancien ambassadeur de Suède auprès de l'ONU. Il a indiqué que sa délégation soutenait les propositions de la Mission interinstitutions concernant la Guinée-Bissau et la Côte d'Ivoire et qu'elle notait également les développements positifs indiqués par M. Guéhenno. L'engagement pris par le RUF concernant le retour des réfugiés suscite un grand intérêt. Il a demandé à
M. Guéhenno comment la MINUSIL comptait accompagner le retrait du RUF du district de Kambia de façon à faciliter le retour des réfugiés. Il a estimé qu'une aide internationale devait bénéficier à la Guinée en raison de la situation grave que connaît ce pays. La question du retour des réfugiés se pose. Des informations inquiétantes nous parviennent sur les réfugiés de Guéckedou et de leurs conditions de rapatriement.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a déclaré que le rapport soumis aujourd’hui au Conseil de sécurité met à jour la nécessité d’une approche globale et intégrée au niveau sous-régional pour la prévention et le règlement des conflits. Elle s’est prononcée en faveur d’une réunion entre le Conseil de sécurité et l’ECOSOC centrée sur la situation en Afrique centrale et en faveur de réunions et consultations fréquentes entre la CEDEAO et le Conseil de sécurité. La représentante a insisté sur la nécessité pour le RUF de reconnaître et d’honorer ses engagements et a apporté son appui à la création d’un Bureau politique des Nations Unies en Afrique de l’Ouest, précisant que le Bureau devait être outillé pour répondre à un éventail large de questions. Il est également nécessaire d’établir un dialogue entre les dirigeants de la région, ce dialogue devant refléter une volonté politique sans laquelle aucun accord durable ne pourra être trouvé, a-t-elle ajouté. Elle a déploré la situation humanitaire et déclaré que la prévention des conflits doit non seulement s’appuyer sur la CEDEAO mais également sur la société civile. Elle a insisté sur la réinsertion des anciens combattants, regrettant que ces programmes aient été repoussés faute de financement. Notant en conclusion que la prolifération des armes dans la sous-région est un véritable sujet de préoccupation et qu’il faudrait arrêter l’exportation d’armes légères dans les zones de conflit, la représentante a apporté son soutien à l’approche en deux voies du Haut Commissaire aux réfugiés et au renforcement de la présence de OCHA en Afrique de l’Ouest.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a souhaité que le Conseil travaille en coopération avec la CEDEAO et qu'il tienne compte du rapport de la Mission interinstitutions. Il a attiré l'attention sur les mauvaises nouvelles contenues par ce rapport, au paragraphe 13, notamment où sont soulignés les risques de propagation de l'insécurité en Afrique de l'Ouest. Il a souhaité que le Conseil dispose à l'avenir d'une présentation plus globale des faits au lieu de renseignements fragmentaires. Au regard de la démarche du Conseil visant à améliorer ses méthodes de travail, il a souhaité que soit évaluée la mise en oeuvre des décisions prises dans le passé à propos de la Sierra Leone et que la plus grande attention soit accordée aux critiques exprimées à l'égard de l'ONU
dont a fait état M. Fall. Il a fait observer que des problèmes se faisaient jour sur le long terme dans la région en matière de démographie notamment et qu'il faut maintenir l'équilibre entre l'approche à court terme et à long terme et veiller à ce que les même problèmes ne reviennent pas hanter le Conseil dans quinze ans. Il a souhaité que les exposés utiles entendus par le Conseil ne soient pas perdus.
M. WANG DONGHUA (Chine) a déclaré que la communauté internationale et les Nations Unies avaient accompli un travail remarquable pour la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest. Suite aux recommandations excellentes et viables figurant dans les rapports, le Conseil de sécurité devrait aujourd’hui se concentrer sur la situation sécuritaire le long des frontières entre les trois pays et aider la CEDEAO dans ses efforts afin de sécuriser les frontières, a ajouté le représentant. Il a apporté son soutien à la recommandation visant à établir un Bureau des Nations Unies en Afrique de l’Ouest afin d’assurer la coopération entre les Nations Unies et la CEDEAO et de favoriser le règlement des problèmes à long terme. Le représentant a soutenu la présence des organisations humanitaires sur le terrain et a déclaré qu’il est nécessaire de faciliter leur travail sur le terrain.
M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) a déclaré que le rapport de la Mission de l'ONU en Afrique de l'Ouest constituait un plan d'action constructif pour le système des Nations Unies en vue de développer une approche globale pour trouver des solutions durables aux besoins prioritaires de l'Afrique de l'Ouest et aux défis qu'elle doit relever. Il s'est dit favorable au développement d'une stratégie sous-régionale globale et à un mécanisme de coordination effectif dans la région. A cet égard, il a indiqué que sa délégation soutenait l'idée de créer un Bureau de l'ONU en Afrique de l'Ouest et accueillait favorablement les mesures prises pour intensifier la collaboration des activités de l'ONU avec la CEDEAO.
M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) a fait des remarques sur le rapport de la Mission interinstitutions, le qualifiant de complet et d’approfondi, et exprimant son accord avec les recommandations qui y sont exprimées. Il s’agit maintenant, dans une perspective intégrée et régionale, de mettre en oeuvre les recommandations du rapport, a ajouté le représentant, avant de demander si un plan d’application de ce rapport avait été établi. Il a en conclusion déclaré être déçu que le Tribunal pour la Sierra Leone n’ait pas encore été mis en place et a demandé aux donateurs de faire preuve de générosité afin que ce Tribunal puisse voir le jour.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a apporté le soutien de sa délégation à une approche intégrée et à une collaboration accrue avec la CEDEAO. Il a fait observer qu'en ce qui concernait la situation de crise que connaissait l'Afrique de l'Ouest, tout le soutien financier et matériel promis n'avait pas été fourni. Il a déclaré que la Norvège poursuivrait ses engagements à cet égard. Il a jugé important de continuer la démilitarisation et la lutte contre le trafic d'armes et a indiqué que la Norvège était prête à envisager de fournir un appui supplémentaire dans ce domaine. Les nouveaux développements en Sierra Leone laissant espérer le rapatriement des réfugiés, toute l'attention doit être portée aux conditions dans lesquelles celui-ci s'effectue et sur les capacités du Gouvernement à mettre en place les structures d'accueil nécessaires.
M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a mentionné que le cas catastrophique dont le Conseil est saisi aujourd’hui n’est pas un cas naturel mais plutôt un cas créé par des êtres humains encore présents dans la région. La priorité devait être accordée à l’assistance humanitaire et au respect des droits de l’homme, ainsi qu’au retour des réfugiés dans leur région, a-t-il indiqué. Il a apporté son soutien à la recommandation du rapport établissant la nécessité de coordonner les actions en faveur de la paix dans la région, mais il a regretté que de nombreuses initiatives aient déjà été prises, en vain. Le représentant a appelé de ses voeux un processus politique plus énergique, indiquant que les Etats-unis ne traiteront pas la victime et l’agresseur de la même façon.
Répondant aux questions qui lui ont été posées au cours du débat,
M. Guéhenno a apporté des précisions sur les affrontements récents qui se sont produits récemment en Sierra Leone et a indiqué que la MINUSIL était en train d'examiner ces informations. Sur la pertinence des élections envisagées, il a indiqué qu'il fallait d'abord que des mesures soient prises sur le terrain: liberté de mouvements, remise des armes, mesures d'accompagnement et de réinsertion, rétablissement du Gouvernement, du désarmement effectif du RUF et du CDF. Il a précisé les modalités de la coopération actuelle avec la CEDEAO qui a un représentant à Freetown et un représentant auprès du Département du maintien de la paix à New York et a insisté sur l'importance de cette collaboration ainsi que sur l'importance de la coopération avec les acteurs du conflit sans laquelle il est difficile de mettre en place une politique régionale et des progrès régionaux. En ce qui concerne les mesures pratiques que la MINUSIL pourrait prendre pour accompagner le retour des réfugiés, M. Guéhenno a indiqué qu'elle allait suivre le retrait du RUF, le déploiement du Gouvernement et qu'elle multipliera les patrouilles. Il a ajouté que l'accueil des réfugiés était de la responsabilité du gouvernement, avec l'aide des organisations humanitaires, mais que la Mission suivrait attentivement le processus. En ce qui concerne le programme de démilitarisation et de réinsertion (DDR), il a précisé qu'il continuait mais peu activement et qu'il fallait passer à la vitesse supérieure. La Banque mondiale va certainement réunir une réunion des pays donateurs dans un avenir proche, auquel la MINUSIL participera, a-t-il indiqué.
Mme Mc Askie a déclaré que la nomination du coordonnateur humanitaire et la création d’une unité à Abidjan étaient en cours. En ce qui concerne les relations entre le Secrétariat et la CEDEAO, elle a déclaré qu’une coopération étroite existe, notamment en ce qui concerne l’alerte rapide. Elle a réitéré la nécessité que le retour des réfugiés se fasse sur la base d’un retour volontaire et que les réfugiés soient en sécurité dans le pays d’asile. Elle a indiqué que les fonds collectés pour la région s’élèvent à 25 millions de dollars et qu’il faudra chercher des appuis supplémentaires. Elle a insisté sur la nécessité d’intégrer le règlement du conflit au développement social et politique à long terme.
M. Ibrahim Fall a précisé qu'en ce qui concerne l'élargissement de la MINUSIL au plan géographique, il s'était agi pour la Mission interinstitutions de traiter de façon équitable les préoccupations des dirigeants de la région. Sur l'amélioration du dialogue entre l'ONU et la CEDEAO, il importait d'utiliser au mieux ces deux cadres et d'améliorer le dialogue existant. La mise en place du Bureau sera sans doute essentielle à cet égard, a-t-il estimé. A propos des pays exportateurs d'armes le paragraphe 103 du rapport dit clairement qu'il faut identifier ceux qui se livrent à ce trafic et mettre un terme à leurs activités. Pour lutter contre la lassitude des pays donateurs et des pays qui accueillent des réfugiés, il a indiqué que, dans le second cas, les institutions internationales humanitaires essaient de faire participer les communautés d'accueil. Sur la réflexion menée au sein du Secrétariat, le Groupe de travail interinstitutions travaille sur la mise en oeuvre des décisions prises et le Secrétaire général a déjà nommé un Coordonnateur qui coordonnera tous les efforts.
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