LE CONSEIL SE FELICITE DE LA CREATION DE LA ZONE DE SECURITE TEMPORAIRE ENTRE L'ETHIOPIE ET L'ERYTHREE ET REAFFIRME SON APPUI A LA MINUEE
Communiqué de presse CS/2133 |
Conseil de sécurité
4310e séance – matin/après-midi
LE CONSEIL SE FELICITE DE LA CREATION DE LA ZONE DE SECURITE TEMPORAIRE ENTRE L'ETHIOPIE ET L'ERYTHREE ET REAFFIRME SON APPUI A LA MINUEE
Le Conseil de sécurité s'est réuni ce matin, sous la présidence de M. Jeremy Greenstock (Royaume-Uni), et a examiné la situation entre l'Erythrée et l'Ethiopie et l'état d'avancement du déploiement de la Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE). Le Conseil a entendu M. Jean-Marie Guéhenno, Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix, qui a rendu compte des progrès réalisés par la MINUEE dans la mise en oeuvre de son mandat. Il a indiqué qu’une Zone temporaire de sécurité (ZTS) qui marque la séparation formelle sur le terrain des forces éthiopiennes et érythréennes avait été créée hier. Il a regretté que l'Ethiopie ne lui ait pas, à ce jour, transmis les informations relatives au redéploiement de ses forces.
M. Guéhenno a rappelé que les questions qui demeurent en suspens concernent le retour de 300 000 personnes déplacées par les combats et dont l'Erythrée souhaite le retour avant le début de la saison des pluies, le déminage des champs de mines qui posent un sérieux problème au retour des réfugiés, ainsi que les problèmes posés au déploiement de la MINUEE par les restrictions imposées à sa mobilité par les deux parties. M. Guéhenno a informé les membres du Conseil que la Commission des frontières chargée de démarquer et de délimiter la frontière entre les deux pays avait tenu sa première réunion les 25 et 26 mars à La Haye.
Au cours du débat qui a suivi, les délégations se sont félicitées de la création de la Zone temporaire de sécurité qui constitue “un jalon important du processus de paix entre l'Erythrée et l'Ethiopie”. Elles ont mis l'accent sur la nécessité de rétablir un couloir aérien entre Asmara et Addis Abeba afin de favoriser la mobilité de la MINUEE. Les délégations ont souhaité que les parties continuent de respecter l'Accord de cessez-le-feu d'Alger et de contribuer au succès des travaux de la Commission frontalière dont dépendra la réussite du mandat de la MINUEE.
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19 avril 2001
LA SITUATION ENTRE L’ERYTHREE ET L’ETHIOPIE
Déclarations
M. JEAN-MARIE GUEHENNO (Secrétaire général adjoint chargé des opérations de maintien de la paix) a dit que le Représentant spécial du Secrétaire général en Ethiopie et en Erythrée, M. Legwaila Joseph Legwaila a annoncé la création d’une Zone temporaire de sécurité le 18 avril dernier. La création de cette Zone marque la séparation formelle sur le terrain des forces éthiopiennes et érythréennes. La Mission des Nations Unies en Ethiopie et en Erythrée (MINUEE) s’est félicitée de cet accord et continuera à travailler avec les deux parties pour trouver des réponses aux questions qui existent encore sur la frontière sud de la Zone. La MINUEE regrette cependant que l’Ethiopie ne lui ait pas transmis les informations concernant le redéploiement de ses forces. On se souvient des protestations de la MINUEE à propos du déploiement de forces éthiopiennes dans l’aire dans laquelle devait être créée la Zone temporaire de sécurité.
Lors d’une conférence de presse tenue le 18 avril le Représentant spécial a rappelé aux deux parties que les personnes déplacées par le conflit devaient pouvoir regagner leur foyer en sécurité. La MINUEE a signé avec l’Erythrée un protocole sur le mode d’opération des milices et de sa police à l’intérieur de la Zone temporaire de sécurité. Le défi majeur auquel sont confrontées les parties au conflit et la MINUEE est celui du retour des réfugiés. L’Erythrée, par la voix de son Président, nous a dit qu’elle souhaitait voir ses populations revenir avant le début de la saison des pluies. Elle espère à cet égard voir 300.000 personnes regagner leurs foyers. La MINUEE a cependant fait savoir à l’Erythrée que les champs de mines existants posaient un grave danger au retour des populations. L’approvisionnement en eau et la construction de sites d’accueil doivent recevoir toute l’attention qu’ils méritent avant le retour des personnes déplacées. Le budget de la MINUEE est limité et les difficultés humanitaires liées à la mise en place de la Zone temporaire de sécurité sont énormes. L’ONU demande à cet égard aux Etats Membres de verser des contributions volontaires généreuses à l’Appel lancé en faveur des deux pays.
Des opérations de déminage sont menées en ce moment par les armées des deux pays et reçoivent le soutien d’une ONG internationale. En réponse aux demandes de la MINUE l’Erythrée a récemment fourni les plans de 313 champs de mines et l’Ethiopie, de son côté, nous a fourni un certain nombre d’informations en la matière. Sur le plan opérationnel, le déploiement de la MINUEE est désormais presque achevé. A la date du 17 avril la composante militaire de la Mission s’élevait à 4 360 hommes dont 501 personnels nationaux de soutien et 218 observateurs. La MINUEE fait cependant face à des restrictions concernant sa mobilité, et nous voulons rappeler aux parties en conflit les termes de l’Accord et de la résolution créant la MINUEE qui stipulent que la mission devait avoir toute sa liberté de mouvement. La Commission des frontières a tenu sa première réunion récemment, les 25 et 26 mars à La Haye, et une équipe du Secrétariat de la Commission est en ce moment présente à Asmara pour définir le plan d’action à mettre en oeuvre pour la délimitation des frontières. Lors de la réunion de La Haye, la Commission des frontières a présenté aux deux parties un programme de travail. Nous tenons à rappeler que la création de la Zone temporaire de sécurité ne préjuge pas du statut final des frontières, qui sera défini par la Commission des frontières, créée par l’Accord signé à Alger le 12 décembre.
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19 avril 2001
M. CAMERON R. HUME (Etats-Unis) a félicité le Secrétariat pour les efforts qu'il a déployés dans la conclusion d'un accord entre les parties sur la mise en place d'une zone temporaire de sécurité (ZTS). Il a observé que la MINUEE devient un modèle pour les autres missions de maintien de la paix. Le représentant a souhaité que les deux parties en conflit trouvent, en collaboration avec la MINUEE, des solutions aux questions de démarcation et de délimitation des frontières et de retour des personnes déplacées. Il a recommandé que les parties prennent des mesures adéquates pour garantir la stabilité dans la zone frontalière en privilégiant, par exemple, un retour structuré et organisé des personnes déplacées.
M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) a souhaité que les deux parties se concentrent sur l'étape décisive du processus, à savoir la démarcation et la délimitation des frontières. Il a encouragé les parties à coopérer étroitement avec la MINUEE, notamment en ce qui concerne la poursuite des opérations de déminage.
M. VALERY KUCHINSKY (Ukraine) s'est félicité de la conclusion, hier, d'un accord sur la mise en place d'une zone temporaire de sécurité (ZTS) à la frontière entre l'Ethiopie et l'Erythrée. Il s'est prononcé en faveur du rétablissement d'une administration civile à la frontière et d’un retour des réfugiés déplacés avant le début de la saison des pluies. Le représentant a appelé les deux parties à soutenir les efforts du Représentant spécial et s'est félicité du travail de la Commission de la démarcation et de la délimitation des frontières. Il a demandé à savoir si les obstacles posés par la partie éthiopienne à la désignation par la partie érythréenne d'un interlocuteur qu'elle récusait sont levés et si les parties contribueraient au fonds d'affectation spéciale pour la mise en place de la Commission de démarcation et de délimitation.
M. PASCAL TEIXEIRA da SILVA (France) a souhaité être informé, conformément au paragraphe 6 de la résolution 1344, des avancées concernant les travaux de la Commission de démarcation et de délimitation des frontières. Concernant le fonds d'affectation spécial, il a souhaité des détails sur la contribution des deux parties au financement des travaux de la Commission.
M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) s'est félicité de la création de la zone temporaire de sécurité (ZTS)entre les deux pays qui constitue un jalon important dans le processus de paix. Il s'est dit inquiet du fait que la mise en place d'une liaison aérienne directe entre Asmara et Addis-Abeba pose toujours problème et a demandé aux parties de faire preuve de souplesse pour trouver une solution rapide à ce problème ajoutant que cette liaison faciliterait les rotations de la MINUEE. Le représentant a insisté sur la nécessité pour les deux parties de faciliter le retour des personnes déplacées
M. DAVID COONEY (Irlande) a souhaité que le Conseil rappelle aux parties l'obligation qui est la leur de contribuer financièrement à la Commission de démarcation et de délimitation de la frontière et qu'il fasse pression sur elle pour obtenir une accélération du processus.
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19 avril 2001
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré que le déploiement rapide de la MINUEE est encourageant et a remercié les pays contributeurs pour leur disponibilité. Il a insisté sur la relation étroite à établir entre la MINUEE et la Commission de démarcation et de délimitation et a souhaité que les travaux de cette commission commencent très rapidement. Le représentant a ajouté que
le résultats du traçage de la frontière entre les deux pays est un préalable à la fin du mandat de la MINUEE. Il a lancé un appel aux parties afin qu'elles trouvent des solutions aux questions en suspens, telle que la question des populations déplacées ou encore celle de l'établissement d'une liaison aérienne directe entre Asmara et Addis-Abeba. Il a insisté pour que les questions de déminage, de retour des personnes déplacées, d'accès aux populations civiles par les agences humanitaires, soient rapidement réglées par les parties. Il a estimé que les deux pays et l'ensemble de la communauté internationale doivent concentrer leurs efforts sur les questions de développement économique et de reconstruction, de paix et de bonne gouvernance, afin de rétablir la stabilité dans la région.
Répondant aux questions et autres observations des délégations, M. JEAN-MARIE GUEHENNO a dit que le déminage était une tâche de longue durée dont l’objectif premier est de protéger les civils contre les champs de mines existants et souvent mal répertoriés. Quant aux questions relatives aux arrangements financiers concernant la Commission des frontières, le budget nécessaire à ses premières opérations est de plus de 5 millions de dollars. Le budget logistique, quant à lui, n’a pas encore été arrêté, et nous en aurons une idée quant le bureau d’évaluation, créé à cet effet, aura fait son travail sur le terrain. Concernant la liaison aérienne directe entre Addis-Abeba et Asmara, des divergences existent parce que des vols directs survoleraient obligatoirement des positions défensives éthiopiennes, ce que refuse l’Ethiopie.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a rendu un hommage au personnel de la MINUEE et s'est félicité de la conclusion d'un accord sur la création de la zone temporaire de sécurité (ZTS). Elle a souhaité que les travaux de la Commission de démarcation et de délimitation des frontières débutent et a demandé aux parties de coopérer étroitement avec la MINUEE afin d'achever le processus de retour des personnes déplacées avant le début de la saison des pluies. Elle a souhaité que ce conflit trouve une solution durable grâce aux efforts des parties et de la MINUEE.
M. UMEJ SINGH BHATIA (Singapour) a observé que la création de la Zone temporaire de sécurité constitue une avancée considérable mais il s'est dit préoccupé par les restrictions de mouvement dont fait l'objet la MINUEE par les deux parties et s'est inquiété des incidents dont le personnel a été victime.
M. RUHUL AMIN (Bangladesh) s'est inquiété de l'absence de progrès sur un certain nombre de questions telles que le rétablissement de liaisons aériennes directes entre Asmara et Addis Abeba ainsi que celle concernant l’ouverture des travaux de la Commission frontalière. Il a fait appel à l'OUA afin qu'elle contribue au succès du processus de paix.
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19 avril 2001
M. CHEN XU (Chine) s'est félicité de l'établissement de la Zone temporaire de sécurité (ZTS) et s'est dit sensible aux efforts des deux parties et à leur sincérité ainsi qu'aux efforts de la MINUEE dans la poursuite du processus. Il a demandé aux deux parties de se mobiliser pour faire avancer les questions en suspens telles que le retour des déplacés et le rétablissement de lignes aériennes entre Asmara et Addis-Abeba.
M. ANDREY E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a rendu hommage à la sagesse des parties et à la MINUEE qui ont permis d'aboutir à la création de la zone temporaire de sécurité (ZTS). Il a souhaité que les sanctions contre les deux pays soient levées et que le processus de retour des réfugiés soit accéléré. Il a demandé à la communauté internationale d'accorder toute son importance aux travaux de la Commission frontalière qui favoriseront l'établissement de relations pacifiques entre les deux pays.
M. ANDRES FRANCO (Colombie) a invité les deux parties à maintenir leur attitude positive et constructive et souhaité que les questions relatives au retour des personnes déplacées, à l'établissement de couloirs aériens entre les deux capitales et à la détermination de la frontière trouvent leurs solutions rapidement.
M.ISSAH KONFOUROU (Mali) s'est félicité des avancées de la MINUEE et a mis l'accent sur le lien existant entre les travaux de la Commission frontalière et la fin du mandat de la MINUEE. Il a demandé que des précisions soient fournies sur les incidences financières de la question du tracé des frontières sur le budget de la MINUEE et exigé que les parties en conflit collaborent pleinement pour résoudre les questions encore en suspens.
Sir JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) s'est félicité de la création de la zone temporaire de sécurité (ZTS) qui constitue une étape fondamentale et a salué le travail de la MINUEE. Il s'est réjoui de la signature de l'accord entre la MINUEE et l'Erythrée et a souhaité que des solutions rapides soient trouvées aux problèmes en suspens tels que les réfugiés, les travaux de la commission frontalière et a souhaité que les parties continuent de respecter l'accord de cessez-le-feu d'Alger.
Réponses aux questions et remarques des délégations
M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix a indiqué à la place de M. Guéhenno, que les restrictions à la liberté de la MINUEE sont conséquentes aux actions des parties et que quelques restrictions sont dues à des malentendus provenant d’ordres et de directives donnés par les commandements des deux armées en présence. La MINUEE ne peut donc que rappeler régulièrement aux parties prenantes à l’Accord d’Alger les termes de cet Accord. Il est important que la MINUEE jouisse de sa liberté de mouvement en vue d’assurer les contrôles qu’elle estime nécessaires, et qui lui donnent les moyens de rassurer les deux parties sur la situation des déploiements sur le théâtre d’opération.
Concernant les coûts logistiques de la Commission de délimitation des frontières, comme l’a dit ce matin M. Guéhenno, la MINUEE attend les résultats des estimations actuellement en cours.
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