En cours au Siège de l'ONU

CS/2123

POURSUITE DU DEBAT SUR LA SITUATION DANS LES TERRITOIRES OCCUPES: LES DELEGATIONS DEFENDENT L’ENVOI D’OBSERVATEURS INTERNATIONAUX

19/03/2001
Communiqué de presse
CS/2123


Conseil de sécurité

4295e séance plénière – après-midi


POURSUITE DU DEBAT SUR LA SITUATION DANS LES TERRITOIRES OCCUPES: LES DELEGATIONS DEFENDENT L’ENVOI D’OBSERVATEURS INTERNATIONAUX


Israël réitère son opposition à cette idée


Cet après-midi, le Conseil de sécurité a poursuivi l'examen, entamé le

15 mars dernier, de la situation au Moyen-Orient y compris la question de Palestine, dans le cadre duquel l'idée d'envoyer une force d'observateurs internationaux dans les territoires palestiniens occupés a, une nouvelle fois, été défendue.  Comme jeudi dernier, les délégations ont expliqué leur requête par la détérioration de la situation dans les Territoires occupés, en proie à une deuxième Intifada depuis le 28 septembre 2000.  A leurs yeux, la réponse d'Israël à ce soulèvement justifie amplement des mesures de protection en faveur du peuple palestinien.  Les délégations ont, en effet, dénoncé l'usage excessif de la force par l'armée israélienne et le bouclage des territoires dont les conséquences économiques sont aggravées par les réticences d'Israël à restituer à l'Autorité palestinienne ses revenus douaniers et fiscaux. 


"Le paradoxe est que, d'un côté, on crée un état de fait alimenté par des affrontements et un cycle continu de violence, et de l'autre, on demande à des populations sans arme de mettre fin à cette violence déclenchée par les provocations et les expéditions punitives de l'occupant", a déploré le Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, dans son évaluation de la situation.  Dans ce contexte, la plupart des délégations ont cet après-midi appelé le Conseil de sécurité à contribuer, conformément au mandat conféré par la Charte de l'ONU, à la normalisation de la situation, arguant que l'envoi d'observateurs constituerait le seul moyen d'apaiser les tensions et de sortir ainsi le processus de paix de l'impasse.  L’Observateur de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) a estimé que le Conseil doit assurer aux Palestiniens la protection nécessaire à laquelle ils aspirent. 


En réponse à cette affirmation, le représentant d'Israël a argué que l'envoi d'une force de protection internationale, alors que l'Intifada et le terrorisme sévissent et, de surcroît contre l'avis de l'une des parties -Israël-, équivaudrait à cautionner le choix stratégique palestinien de réaliser des objectifs politiques au moyen du terrorisme.  Au nom de son Gouvernement, le représentant s'est opposé à une telle initiative en mettant le Conseil en garde contre une implication prématurée dans une réalité où "la violence cherche à se doter indûment du couvert de la légitimité internationale".  "Israël veut savoir si l'Autorité palestinienne renonce à la violence?", Oui, a répondu l'Observateur de la Palestine, elle est même convaincue que la force de protection internationale aurait pour résultat de maîtriser la violence et de rétablir le climat d'avant le 28 septembre et par conséquent, de contribuer à la reprise des négociations sur le statut final. 


Dans leurs déclarations, le 15 mars dernier, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité avaient conditionné l'envoi d'une force à l'accord des deux parties concernées.  La demande visant le déploiement d’observateurs internationaux dans les territoires occupés a été présentée pour la première fois, le 22 novembre 2000, par l’Observateur de la Palestine.  Le 18 décembre, un projet de résolution qui aurait porté création d’une force d’observation avait été rejeté, sept Etats Membres ayant voté en faveur et huit s’étant abstenus, expliquant leur vote par l’importance d’obtenir l’acceptation des deux parties pour le déploiement d’une telle force.


Outre les orateurs cités, les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Pakistan, Nouvelle-Zélande, République arabe syrienne, Iran, Cuba, Mauritanie, Maroc, Liban et Indonésie. L’Observateur de la Ligue des Etats arabes s'est également exprimé.


La reprise de l'examen de cette question aura lieu à une date qui doit être déterminée par les membres du Conseil.


LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION DE PALESTINE


Déclarations


M. MASOOD KHALID (Pakistan) a rappelé que les Nations Unies débattent voilà plus d’un demi-siècle de la question de la Palestine qui demeure irrésolue.  Pourtant, la communauté internationale s’est prononcée sans équivoque en faveur de la lutte du peuple palestinien pour le respect de son droit inaliénable à l’autodétermination.  Au fil des ans, les brèves périodes d’espoir ont rapidement été suivies par de longs moments de déception et de pessimisme.  Les espoirs nés à l’automne dernier par exemple ont été cruellement brisés par une nouvelle spirale de violence, qui a coûté la vie à plusieurs centaines de personnes, dont d’innocents enfants palestiniens.  Aujourd’hui, la situation s’est encore détériorée et la communauté internationale doit agir rapidement pour empêcher que les choses n’empirent.  Deux problèmes sont en jeu: le premier, de nature immédiate, est la protection du peuple palestinien qui est soumis à la répression et à l’usage disproportionné de la force.  Sur ce point, le Pakistan engage instamment le Conseil de sécurité à prendre les mesures nécessaires en mettant sur pied une force de protection des Nations Unies qui serait déployée dans les territoires occupés, y compris à Jérusalem.  Le second touche à la question fondamentale de la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.


Le Pakistan a, comme pour d’autres cas similaires, toujours soutenu la cause juste des Palestiniens, a poursuivi M. Khalid.  Il estime que la communauté internationale, et tout particulièrement les parrains du processus de paix, doivent user de leur influence et de leurs bons offices pour amener Israël à respecter pleinement les accords de paix et ses obligations et responsabilités, en tant que puissante occupante, au titre de la Quatrième Convention de Genève du 12 août 1949.  La pleine mise en oeuvre des accords passés est indispensable si l’on veut éviter que la région ne retombe dans le chaos politique.  Le Pakistan demande donc à toutes les parties concernées de cesser les hostilités et de restaurer le calme.  Il demande aussi au Conseil de sécurité de prendre d’urgence des initiatives pour protéger la paix et la sécurité dans cette région.  Aucune paix durable ne pourra être scellée au Moyen-Orient sans le règlement de la question de Palestine conformément aux résolutions 242, 338 et 425 du Conseil.  Le retrait israélien du Territoire palestinien, y compris le démantèlement des colonies illégales de peuplement est indispensable, a insisté le représentant, avant d’en appeler à une action prompte du Conseil.


M. DON MACKAY (Nouvelle-Zélande) a fait part de sa vive préoccupation face à l’escalade de la violence en Israël et dans les territoires occupés.  Il a fermement condamné toutes les actions terroristes.  Soulignant que le fait de s’en prendre à la population civile encourage la peur et la haine, il a demandé à Israël de lever son siège sur les villes palestiniennes des territoires occupés.  Les bombes terroristes, comme les restrictions à la circulation des Palestiniens, frappent de façon aléatoire des innocents.  Il a déclaré que le blocus imposé à la population palestinienne est une mesure disproportionnée par rapport à la menace à laquelle fait face Israël.  De telles mesures ne font que favoriser et encourager les actions des groupes extrémistes, a ajouté le représentant.  M. Mackay a également demandé à Israël de retourner les taxes qui sont dues aux autorités palestiniennes, faisant valoir que la rétention de ces fonds, associée au blocus imposé à Gaza et à la Cisjordanie, avait des conséquences économiques


dévastatrices.  La destruction de l’économie palestinienne ne fait qu’aggraver les souffrances humaines, a affirmé le représentant, avant d’exhorter les dirigeants israéliens et palestiniens à surmonter la méfiance et à collaborer afin de trouver une issue viable au conflit.


M. FAYSSAL MEKDAD (République arabe syrienne) a estimé que les déclarations faites devant le Conseil montrent que la communauté internationale estime qu'il est temps que le Conseil assume les responsabilités qui lui sont conférées par la Charte des Nations Unies.  Ces discussions sont aussi le résultat de la poursuite des violations du droit international et du droit humanitaire international par Israël.  Le représentant a qualifié la situation dans le Territoire palestinien occupé de "massacre terrible" et de "génocide méthodique".  Faut-il attendre que d’autres Palestiniens soient tués, que des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants soient blessés, que tous les foyers soient détruits et que toutes les terres soient confisquées, pour réagir?, s'est interrogé le représentant avant de rappeler que le processus de paix, qui a commencé en 1991, perd de jour en jour son élan. Il est clair, a-t-il dit, que pour tous ceux qui ont un intérêt dans la paix, l'invocation par Israël des questions de sécurité prend de plus en plus l'allure de prétextes fallacieux et d'obstacles à la paix.  Le dernier gouvernement le montre bien, a ajouté le représentant, il parle de paix en se gardant bien de prendre les mesures nécessaires.  Il continue, au contraire, à présenter des solutions bien éloignées de ce qui a été convenu tout en poursuivant sa répression du peuple palestinien. 


La paix à laquelle tous les Arabes aspirent est une paix dans le cadre de laquelle leurs territoires leur seraient rendus conformément à la résolution 242, a dit le représentant en réaffirmant son appui sans réserve à la lutte du peuple palestinien et à ses droits inaliénables dont le droit du retour et à un Etat indépendant avec Al-Qods comme capitale.  La Syrie, qui a ouvert la voie au processus de paix, a-t-il dit, réaffirme son attachement continu à une paix globale et appelle le Conseil à adopter toutes les mesures nécessaires à la mise en oeuvre de ses résolutions pertinentes et à un retrait complet d'Israël des territoires palestiniens, syriens et libanais occupés, et ce, en vue d'une paix juste et globale au Moyen-Orient.  


M. IBRA DEGUENE KA, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a illustré l'ampleur de la crise en rappelant que, lors de son intervention précédente, le 4 octobre, il avait signalé que

63 Palestiniens avaient été tués et plus de 1 500 civils blessés depuis le

28 septembre dernier. Nous en sommes aujourd'hui à plus de 360 civils palestiniens tués et 12 000 blessés.  Il a rappelé que le Comité avait publié sa position au début de ce mois et s'était joint à la communauté internationale pour condamner la pratique de l'exécution extrajudiciaire de responsables palestiniens par les forces de sécurité israéliennes, pratiques qui sont contraires aux normes reconnues du droit international et créent une crise de confiance entre les parties, faisant du même coup reculer l'espoir d'une reprise des négociations

de paix.


M. Ka s'est félicité de la position de principe prise par l'Union européenne. La communauté internationale ne doit pas assister passivement à l'aggravation de la situation.  Il a lancé un appel au nouveau Gouvernement israélien pour qu'il respecte et applique les accords qu'il a déjà acceptés et signés et pour qu'il respecte les principes de la quatrième Convention de Genève ainsi que les résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité et de l'Assemblée générale. 


M. Ka a rappelé que le Comité qu'il préside s'est particulièrement préoccupé de l'effet dévastateur sur l’économie palestinienne de la crise actuelle. Les Palestiniens sont actuellement sous siège, ils sont forcés de lutter pour leur survie quotidienne et ne peuvent plus se consacrer à la planification de leur développement à long terme, a-t-il affirmé.  La situation budgétaire de l'Autorité palestinienne devrait constituer l'une des priorités de la communauté internationale, ainsi que l'assistance au peuple palestinien, afin qu'il puisse faire face à une formidable crise humanitaire. 


M. Ka s'est dit très préoccupé par le gel des négociations de paix israélo-palestiniennes.  Les espoirs nés des progrès réalisés à Camp David, Charm el-Cheikh et Taba ne se sont pas encore concrétisés parce que certaines déclarations attribuées à certains membres du Gouvernement israélien, montrent que la partie israélienne ne semble pas être prête à reprendre les négociations là où elles se sont arrêtées, a-t-il ajouté.  On ne saurait laisser s'évaporer les progrès réalisés depuis la Conférence de Madrid, voici dix ans.  Nous devrions tout faire pour aider les parties à retourner à la table des négociations et achever le long voyage historique entamé avec courage et lucidité en 1991 pour parvenir enfin à une solution globale, juste et durable de la question de Palestine, fondée sur les résolutions 242 et 338.  Il ne faut jamais oublier que le coeur du problème, reste l'occupation illégale par Israël du territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem.


M. MOHAMMAD H. FADAIFARD (Iran) a déclaré que le niveau de tension et de violence avait augmenté dans les territoires palestiniens depuis la venue au pouvoir en Israël d’une faction “plus agressive” dont la politique est d’assiéger et de suffoquer les villes et villages palestiniens de la Cisjordanie et de Gaza.  Le bouclage imposé par Israël est une punition collective infligée à tout un peuple au nom de la sécurité des occupants.  Cette stratégie a dévasté au cours des derniers mois l’économie palestinienne et a provoqué une crise financière des institutions palestiniennes tout en plongeant les familles dans la pauvreté.  L’Iran, a dit le représentant, déplore certaines remarques faites par un Etat Membre récemment et qui reviennent à encourager l’occupant israélien dans sa campagne sanglante contre les civils palestiniens.  Le récent engagement renouvelé d’un membre du Conseil de sécurité, qui a promis de transférer son Ambassade à Al Qods Al Charif occupée, ce qui constitue une violation des résolutions du Conseil, est un soutien biaisé et unilatéral au régime israélien qui menace de faire monter dangereusement les tensions dans la région.


Les Nations Unies, particulièrement ce Conseil, et la communauté internationale ont le devoir d’intervenir pour mettre fin aux agressions des forces israéliennes contre des civils palestiniens.  Le refus en décembre dernier du Conseil de sécurité d’adopter un projet de résolution autorisant la création d’une mission d’observation destinée à protéger les Palestiniens, a entraîné toujours plus de violence sur le terrain.  Depuis lors, plus de 70 personnes ont

perdu la vie dans les territoires palestiniens.  Face à la dégradation de la situation, les pays arabes et non alignés ont lancé un appel pour qu’une force internationale soit stationnée dans les territoires occupés en vue de protéger les civils et mettre fin aux abus des forces israéliennes.


M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a estimé que la question de Palestine est la plus complexe de toutes celles dont le Conseil est saisi.  Récemment encore, a-t-il rappelé, le Conseil a adopté la résolution 1322  qui a condamné l'usage excessif de la force par l'armée israélienne.  L'Assemblée générale, la Commission des droits de l'homme, le Conseil économique et social ont fait de même.  En dépit de tous ces efforts, a regretté le représentant, l'agression d'Israël continue, foulant aux pieds la quatrième Convention de Genève et multipliant les victimes.  Les mesures punitives d'Israël constituent des violations des droits de l'homme qui méritent d'être condamnées, a insisté le représentant en arguant qu'aujourd'hui, les Palestiniens ont besoin de l’assistance de la communauté internationale.  Le 10 novembre dernier, a-t-il encore rappelé, le Président de l'Autorité palestinienne a exposé très clairement les raisons pour lesquelles le déploiement d'observateurs était nécessaire. 


Cette force d'observateurs est nécessaire, a convenu à son tour le représentant en expliquant que la politique et les pratiques israéliennes ne sont pas compatibles avec un processus de paix fondé sur les résolutions 242 et 338.  Il ne pourra y avoir de paix tant que le peuple palestinien ne pourra se doter d'un Etat indépendant avec Jérusalem comme capitale.  Il n'y aura pas de paix durable tant que les provocations israéliennes ne cesseront pas au Sud-Liban, a dit le représentant avant de dénoncer l'hypocrisie et la politique de deux poids deux mesures des Etats-Unis, soutien d'Israël, servies par le "mécanisme anachronique et antidémocratique" qu’est le droit de veto.  Le Conseil doit assumer ses responsabilités, mettre en place une force d'observateurs internationaux et demander le respect de ses résolutions pertinentes, a conclu le représentant.


M. MAHFOUDH OULD DEDDACH (Mauritanie) a déclaré que le Conseil devait trouver les moyens de mettre fin aux violences qui ont cours dans les territoires palestiniens contre des populations civiles.  La Mauritanie demande qu’Israël mette fin au blocus des territoires palestiniens et respecte les termes de la Convention de Genève de 1949 relative à la protection des civils en temps de guerre, qui s’applique à la situation en Palestine.  Le Conseil doit envoyer une mission d’observateurs internationaux pour assurer la protection des populations palestiniennes qui sont victimes des violences de l’armée israélienne.  La Mauritanie est d’avis que seul le respect de l’esprit et des termes établis lors de la Conférence de Madrid pourront mener à une paix équitable dans les territoires occupés.  Il réitère aussi que toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité doivent être appliquées.


M. EL HASSANE ZAHID (Maroc) s'est montré préoccupé par la situation "explosive" qui prévaut dans les territoires palestiniens occupés menaçant davantage la paix et la sécurité de l'ensemble de la région.  Il est temps, a-t-il dit, de penser sérieusement à assurer la protection des populations palestiniennes qui ont tant souffert et d’éviter l'effondrement économique du jeune Etat palestinien.  Il a appelé Israël à respecter les dispositions pertinentes des Conventions de Genève et à mettre fin aux mesures de bouclage qui ne peuvent qu'exacerber la violence et réduire encore plus les chances d'aboutissement du processus de paix déjà fragilisé par la longue crise que connaît la région depuis maintenant trop longtemps. Se tournant vers le Conseil, le représentant lui a demandé de prendre les mesures adéquates pour permettre au peuple palestinien de vivre en paix et dans ses territoires.  C'est la seule condition, a-t-il dit, qui est susceptible d'assurer la sécurité d'Israël lui-même ainsi que la paix et la sécurité dans l'ensemble de la région.  Le peuple palestinien doit  pouvoir exercer son droit d'avoir un Etat indépendant avec Al-Qods comme capitale, a dit le représentant avant d'inviter le Conseil à examiner à nouveau l'envoi d'une force de protection dans les territoires occupés.  Selon le représentant, le Conseil doit aussi conduire à tout prix les autorités israéliennes à reprendre les négociations de paix sur la base des accords de Madrid et d'Oslo.  Le chemin de la paix passe nécessaire par la reprise des négociations, la fin de l'agression et l'évacuation de tous les territoires occupés y compris Al Qods Asharif, a encore dit le représentant.


M. SELIM TADMOURY (Liban) a déclaré que l’usage excessif de la force par Israël devait continuer à être condamné.  Il en est de même des violations de la 4e Convention de Genève et de ses protocoles par Israël.  Le blocus économique exercé par l’Etat d’Israël contre les territoires palestiniens est un crime grave contre les droits de l’homme.  Les Membres du Conseil soutiennent dans leur grande majorité l’envoi d’une force d’observateurs dans les territoires.  Cette force, si elle ne peut résoudre toute la question de l’occupation des terres palestiniennes par Israël, pourrait néanmoins créer les conditions d’une reprise des pourparlers de paix.  Elle protégerait aussi les populations palestiniennes contre les violences des forces israéliennes et sa création honorerait le Conseil qui s’acquitterait ainsi des devoirs que lui confie la Charte. La paix et la sécurité ont leurs exigences, et Israël doit être prêt à les accepter en commençant par accepter les droits légitimes des autres.


M. MOKTHAR LAMANI, Observateur permanent de l’Organisation de la Conférence islamique auprès des Nations Unies, a déclaré que les actes invoqués par Israël pour justifier sa politique de sanctions et de rétorsions collectives visant à affamer le peuple palestinien sont sans fondement.  Les Palestiniens sont le dernier peuple a ne pas avoir droit à son autodétermination, et tous les troubles qui ont secoué le Moyen-Orient depuis un demi-siècle ont pour cause le drame imposé au peuple palestinien par Israël.  La paix et la prospérité de la région seront menacées tant qu’une solution juste et conforme aux résolutions du Conseil de sécurité et de l’ONU ne sera pas trouvée de manière à garantir le droit à une vie saine et paisible à tous les peuples du Moyen-Orient.  La cohabitation harmonieuse dans la région passe par le démantèlement des colonies et la fin de l’occupation, qui sont la condition d’une paix permettant aux Palestiniens d’avoir une véritable souveraineté sur un territoire homogène et reconnu.  Les mesures répressives que prend actuellement Israël ne font au contraire qu’exacerber les frustrations et le sentiment de dépendance accrue des Palestiniens vis à vis de la puissance occupante.


L’OCI appelle la communauté internationale à agir sans délai et de manière efficace pour faire cesser les agissements israéliens à l’encontre du peuple palestinien. Israël ne doit pas essayer de mettre sur le dos des Palestiniens la responsabilité de ses provocations, et du reniement de ses engagements.  La situation actuelle de la région est une menace à la paix de la région et du monde. Le Conseil doit, conformément à la Charte de l’ONU et à ses différentes résolutions, assurer aux Palestiniens la sécurité à laquelle ils aspirent.    


M. ALI A. ABBAS, Ligue des Etats arabes, a estimé que la situation dans les territoires palestiniens occupés a atteint un niveau qui nécessite une réaction urgente de la part du Conseil.  Le Conseil doit d'autant plus réagir qu'Israël a prouvé son manque d'engagement à l’égard du droit international.  Israël, aidé par un membre permanent, n'a de cesse que d'empêcher cette instance de condamner enfin "la guerre de génocide" lancée contre le peuple palestinien.  Israël s'attache à détourner l'attention du Conseil de sa politique colonialiste usant d'une tactique qui vise à semer le doute et à se présenter comme l'occupé et non l'occupant.  Ces pratiques dilatoires sont bien connues de tous, a dit M. Abbas en stigmatisant le mépris avec lequel Israël traite le monde.  Personne ici ne prétend nier les préoccupations sécuritaires d'Israël, a-t-il poursuivi, en appelant les

Etats-Unis, principal appui d'Israël, à renoncer à sa politique de deux poids deux mesures et à assumer leur responsabilité notamment pour la reprise des négociations.  La Ligue des Etats arabes a toujours attaché de l'importance à la réalisation d'une paix juste et durable pour tous les pays de la région, a conclu le représentant en appelant le Conseil à adopter le projet de résolution portant création d'une force d'observateurs internationaux.


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a déclaré que le Conseil ne peut rester dans l’expectative alors que des mesures urgentes doivent être prises en ce moment sur la question du Moyen-Orient.  Le refus du Conseil d’adopter le 18 décembre dernier une résolution visant à envoyer une  mission d’observateurs dans les territoires est à la base de la nouvelle détérioration de la situation et de la mort de dizaines de Palestiniens.  Aucun prétexte ne peut aujourd’hui justifier des atermoiements du Conseil de sécurité, a estimé le représentant.  Des conflits de moindre importance ont été traités dans le passé avec plus d’empressement et de célérité.  L’Indonésie est donc surprise qu’une question qui est à l’ordre du jour du Conseil depuis 50 ans n’ait toujours pas trouvé de solution.  Comment les membres de la communauté internationale peuvent-elles dormir en paix alors que des milliers de Palestiniens sont tués ou blessés? 


L’Indonésie pense que le Conseil n’a d’autre alternative que de prendre rapidement une décision et d’envoyer une mission d’observation de l’ONU dans les territoires occupés pour mettre fin au massacre de civils innocents.  Nous pensons aussi que les discussions et accords de Charm el-Cheik et de Taba doivent continuer à être considérés comme valables.  La solution à la question du Moyen-Orient réside dans le respect du droit des Palestiniens à créer leur propre Etat indépendant.  Les Nations Unies ont une obligation  morale dans la résolution de la question de Palestine et dans la recherche d’une paix juste et équitable.


M. YEHUDA LANCRY (Israël) a dit constater la prise de conscience de plus en plus généralisée au sein des Membres du Conseil quant à la vraie nature de l'Intifada, en l'occurrence la dimension terroriste qu'elle véhicule ainsi que de la nécessité de condamner en termes clairs l'inacceptable pratique meurtrière du terrorisme palestinien.  Cette condamnation est parue, aux yeux du représentant, comme salubre et salutaire pour le retour à la logique de paix comme pour la crédibilité fondamentale du Conseil de sécurité.  Il a souhaité que les tenants permanents de la thèse sur l'usage excessif de la force attribué à Israël puissent aussi dénoncer l'usage du terrorisme palestinien comme une pratique outrancière ment sacrilège, comme une intolérable dérive qui mine les fondements du processus de paix.  Parlant de la mise en oeuvre des accords de paix, le représentant a rappelé qu'au coeur des Accords d'Oslo réside le principe moteur du compromis territorial et que ce principe est mis en application depuis la signature des Accords d'Oslo de sorte que 97% de la population palestinienne et 42% des territoires palestiniens se trouvent sous contrôle palestinien.  Ce principe, a-t-il souligné, n'a jamais été remis en cause par un quelconque gouvernement israélien que ce soit, y compris par le gouvernement d'union nationale qui vient de s'installer.


A l'issue de l'accord final, a poursuivi le représentant,  Israël s'attend à pouvoir survivre et à ce que son territoire, délimité dans des frontières sûres et reconnues au lendemain de l'accord final, ne fasse pas l'objet d'un recouvrement démographique comme le stipule la position palestinienne sur le droit au retour des réfugiés.  Chacun comprend que le droit au retour des réfugiés, tel qu'il est voulu par les Palestiniens, équivaut de fait à la mort programmée d'Israël comme Etat.  Israël s'attend donc à ne pas mourir au nom d'un accord assorti d'une submersion démographique.  Le déni démographique et le déni spirituel et identitaire lié aux lieux saints juifs à Jérusalem sont la cause profonde du refus de Yasser Arafat à signer un accord final avec le gouvernement Barak, a affirmé le représentant.  Pour lui, ces dénis constituent la raison réelle du soulèvement palestinien nourri de violence et de terrorisme.


Israël est résolu dans sa recherche de paix et de sécurité élargie à l'ensemble de la région, a dit le représentant en affirmant le souhait de son pays de reprendre le dialogue et la négociation avec ses partenaires palestiniens.  Il a souligné, à cet égard, le besoin ultime de rompre le cycle de violence et de rebâtir la confiance. C'est aux Palestiniens et aux Israéliens, liés par leurs accords et leur reconnaissance mutuelle, d'en décider le plus tôt possible, en arguant que toute manoeuvre de diversion comme celle qui consiste à faire appel à une force de protection internationale ne peut que porter préjudice au retour à la dynamique bilatérale.  L'envoi d'une telle force, alors que l'Intifada et le terrorisme sévissent et, de surcroît contre l'avis de l'une des parties -Israël-, équivaut à cautionner le choix stratégique palestinien ayant pour but l'acquisition d'objectifs politiques au moyen du terrorisme. Un tel paraphe du Conseil de sécurité viderait les accords d'Oslo de leur substance et de l'un de leurs fondements majeurs.


Israël s'oppose à l'envoi d'une force de protection internationale en ce que la mise en place d'une mission internationale est plus apte à sanctionner un accord de paix, intérimaire comme ce fut le cas à Hébron, ou final comme c'est le cas avec l'Egypte, à en garantir la bonne conduite plutôt qu'à s'injecter de façon prématurée dans une réalité où la violence cherche à se doter, indûment, du couvert de la légitimité internationale.


M. NASSER AL-KIDWA, Observateur de la Palestine auprès des Nations Unies, a exprimé son étonnement quant à la nature de l’intervention israélienne, dont le contenu, selon lui, donne une idée de l’arrogance et de l’intransigeance habituelle d’Israël.  Mais est-ce vraiment une surprise? a-t-il interrogé.  La déclaration officielle que vient d’entendre le Conseil est le point de vue de l’Etat d’Israël.   M. Shimon Peres qui est venu en colombe devant le Conseil la semaine dernière est cependant allée déclarer ce matin à la presse qu’aucune négociation ne reprendrait tant que la partie palestinienne demanderait l’intervention du Conseil de sécurité.  Est-ce à dire qu’Israël nie la valeur des instances multilatérales et du droit international?  Quand l’Ambassadeur d’Israël parle de “terrorisme palestinien” ce n’est qu’un retour au discours et à la dialectique qui avaient cours avant le processus de paix.  De notre côté, nous parlons en utilisant les termes reconnus du droit international.  Nous citons les violations de la quatrième Convention de Genève sur la protection des civils en temps de guerre, et nous avons toujours tenu ce langage même avant le début du processus de paix.


Tous les chiffres donnés par le représentant israélien concernant la démographie palestinienne ont un caractère raciste, digne du langage de l’apartheid qui prétendait enfermer à jamais les populations africaines dans des Bantoustans, a poursuivi l’Observateur.  Il serait faux de dire qu’Israël n’est pas une force d’occupation du simple fait que le peuple palestinien serait sous le “contrôle” et “l’administration” de l’Autorité palestinienne.  Le représentant israélien pense simplement que les Palestiniens sont des êtres irrationnels, étranges, qui envoient leurs enfants se faire tuer par l’armée la plus puissante du Moyen-Orient pour des motifs illogiques.  Tout ce que nous demandons, c’est la protection de nos populations et le droit de tous ceux qui ont été chassés de leurs terres à réclamer leur dû ou à être compensés.  Que la partie israélienne pense que c’est lui demander de se suicider quand on parle du droit au retour montre l’intransigeance de sa position !  M. Yasser Arafat n’a jamais refusé de signer un accord de paix définitif qui serait juste et équitable.  La question est plutôt de savoir si Israël reconnaît les avancées du processus de paix et les engagements qu’il avait pris dans ce cadre.


Pourquoi Israël refuse-t-il aujourd’hui une présence internationale d’observateurs? a interrogé M. Al-Kidwa.  Nous pensons que cette présence d’observateurs aurait un effet positif et dissuaderait de l’usage de toute forme de violence.  La communauté internationale a longtemps hésité face à Israël du fait du soutien que lui apporte un des membres les plus influents de ce Conseil.  C’est pourquoi Israël pourra encore longtemps se permettre de venir menacer tout représentant palestinien ici.  Nous n’acceptons pas, d’autre part, le langage que tiennent certains membres permanents quand ils disent que dans les territoires, les occupants sont les victimes de ceux qu’ils oppriment dans la réalité.  Qu’Israël relâche son blocus des territoires occupés n’a aucun mérite au regard du droit international!  Aucun Etat Membre ne devrait estimer qu’Israël doit être récompensé pour ce genre d’acte.  Aucun Etat n’est au-dessus des droits reconnus à chaque pays par la Charte.  Personne ne peut dicter aux autres un “droit” qui se prétendrait au-dessus du droit international. 


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