L’ENVOI D’OBSERVATEURS INTERNATIONAUX DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS OCCUPES DE NOUVEAU AU CENTRE DES DISCUSSIONS DU CONSEIL DE SECURITE
Communiqué de presse CS/2121 |
Conseil de sécurité
4295e séance –matin et après-midi
L’ENVOI D’OBSERVATEURS INTERNATIONAUX DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS OCCUPES
DE NOUVEAU AU CENTRE DES DISCUSSIONS DU CONSEIL DE SECURITE
A la demande du Groupe islamique et du Groupe des Etats arabes, le Conseil de sécurité a tenu aujourd’hui une réunion pour examiner la situation au Moyen-Orient, y compris la question de Palestine. Les délégations ont commenté la détérioration grave de la situation dans les territoires occupés, théâtre, depuis le 28 septembre 2000, d’une deuxième Intifada. La plupart d’entre-elles ont dénoncé la réponse d’Israël, notamment l’usage excessif de la force par l’armée, le bouclage de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza, le non-paiement des revenus fiscaux, et des actions extrajudiciaires. La réunion tenue aujourd’hui intervient après que le Conseil ait entendu, hier, à huis-clos le Ministre des affaires étrangères du nouveau Gouvernement israélien, M. Shimon Peres, venu, comme plusieurs orateurs l’ont rappelé, renouveler l’engagement de son pays en faveur de la paix et opposer son refus à la reprise des négociations tant que l’Autorité palestinienne n’aura pas mis fin à la violence. Le Conseil avait aussi rencontré hier en privé l’Observateur permanent de la Palestine auprès des Nations Unies,
M. Nasser Al-Kidwa.
Dans le cadre du débat qui s’est déroulé toute la journée, les délégations ont fixé comme priorité l’arrêt de la violence et si, beaucoup d’entre elles ont appelé les Israéliens à faire preuve de retenue et l’Autorité palestinienne à contenir les éléments extrémistes et à coopérer avec Israël sur les questions de sécurité, elles ont néanmoins souligné le rôle que le Conseil peut jouer en la matière. Ainsi, l’idée d’un déploiement d’observateurs internationaux dans les territoires occupés a été, une nouvelle fois, défendue, par l’Observateur de la Palestine et a été appuyée par la France, le Royaume-Uni et la Chine; la Fédération de Russie se montrant disposée à discuter de la question. La France a estimé que l’envoi d’observateurs internationaux pourrait constituer un mécanisme utile pour faciliter les contacts entre les parties et vérifier le respect des engagements souscrits. Le travail de ces observateurs, a expliqué le représentant, serait le prolongement de celui de la Commission sur l’établissement des faits, dite Commission Micthell.
Le succès d’une telle mission dépend de l’appui des parties concernées, ont reconnu ces membres permanents du Conseil de sécurité qui ont invité Israel à repondre favorablement. Le représentant de ce pays a qualifié d’inutile une telle proposition et a mis le Conseil en garde contre toute tentation de s'allier à ce genre d'initiatives en se disant convaincu que les Nations Unies ne peuvent “éteindre des feux allumés par la partie palestinienne elle-même”. L'envoi
(à suivre – 1a)
-1a- CS/2121
15 mars 2001
d'observateurs dans les territoires en pleine Intifida ne ferait qu'aggraver la violence et déstabiliser la región étant donné que des observateurs n'ont jamais eu les moyens de stopper le terrorisme, a affirmé le représentant.
Dans ce contexte, les Etats-Unis ont exprimé leur refus d’appuyer toute décision qui ne recevrait pas l’aval des deux parties. Ils ont dit attendre les résultats de la Commission Mitchell en considérant, par ailleurs, que la visite, la semaine prochaine, à Washington du nouveau Premier Ministre israélien permettra de se faire une idée claire sur la situation. Toute mesure qui serait prise par le Conseil à l’heure actuelle serait contre-productive, ont encore estimé les Etats-Unis. A cet égard, le Royaume-Uni a demandé aux pays traditionnellement amis de l’une ou l’autre partie au conflit d’éviter toute division qui pourrait s’avérer dangereuse pour la poursuite du processus de paix.
Le 18 décembre, un projet de résolution qui aurait décidé un déploiement d’observateurs internationaux dans les territoires occupés avait été rejeté, sept Etats Membres seulement ayant voté en faveur et huit s’étant abstenus, expliquant leur vote par l’importance d’obtenir l’acceptation des deux parties pour le déploiement et par leur volonté de ne pas faire obstacle à la relance du processus de paix.
Outre les quinze membres du Conseil, le représentant d’Israël et l’Observateur de la Palestine, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Emirats arabes unis, au nom du Groupe arabe, Jordanie, Egypte, Yémen, Arabie saoudite, Malaisie, Bahreïn, Algérie, Japon, Jamahiriya arabe libyenne, Qatar, Suède, au nom de l’Union européenne et des pays associés, Soudan, Afrique du Sud, au nom du Mouvement des pays non alignés, et Iraq.
Le Conseil devrait reprendre son débat la semaine prochaine.
LA SITUATION AU MOYEN ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION DE PALESTINE
M. NASSER AL-KIDWA, Observateur de la Palestine, a informé le Conseil des évènements survenus dans les territoires occupés, mentionnant que l’Agence de presse Reuters a rapporté que six enfants ont été brûlés à la suite d’une attaque à la bombe de la police israélienne contre une école. L’Observateur a rappelé que c’est la quatrième fois que le Conseil se réunit pour discuter de la situation dangereuse qui prévaut dans les territoires occupés depuis, le 28 septembre, jour de la visite de M. Sharon sur l’Esplanade des Mosquées, et du lancement de la campagne militaire de l’armée israélienne contre le peuple palestinien. Pour l’Observateur, le rejet, l’année dernière, par le Conseil d’une résolution favorable à l’envoi d’une force d’interposition participait d’une mauvaise politique vis-à-vis d’Israël. Il a souligné que depuis le 28 septembre, l’Autorité palestinienne a adressé 13 messages aux Nations Unies lesquels portent sur le caractère sanglant de la campagne israélienne. Malgré la clarté de ce triste tableau, a-t-il dit, Israël ne cesse de prétendre que tout le problème vient de la violence palestinienne qui, a-t-il souligné, ne constitue qu’une réponse à la politique d’Israël. Il a reconnu que devant la politique israélienne, des Palestiniens se sont livrés à une violence réciproque.
Toutefois cela ne change rien à la nature propre de la situation, a observé M. Al-Kidwa qui a invité le Conseil à se rendre compte des déséquilibres de la situation comme l’indiquent les statistiques sur les pertes palestiniennes et israéliennes. Pourquoi une telle répression? Une partie de l’armée israélienne échapperait-elle à tout contrôle? Y a-t-il des politiciens israéliens qui chercheraient à s’écarter du processus de paix? L’Observateur a évoqué le processus de paix et des allégations selon lesquelles les Palestiniens auraient rejeté les «dernières propositions courageuses et sans précédent» d’Israël. Il a souligné que la norme est de s’en tenir au principe établi de «la terre contre la paix» et que l’ancien gouvernement n’a jamais adopté une solution conforme à ce principe et aux accords en dépit de sa position relativement progressiste.
La partie palestinienne est disposée à négocier et est convaincue que des progrès auraient été possibles s’il n’y avait pas eu la réticence bien connue de l’ancien Premier Ministre israélien, a affirmé l’Observateur qui a regretté qu’aujourd’hui le nouveau Gouvernement israélien refuse de négocier tant que la violence se poursuit comme si il est possible d’isoler la situation sur le terrain de la situation politique et de l’avenir de tout un peuple. Le Gouvernement israélien, a rapporté l’Observateur, refuse de reprendre les négociations là où elles se sont arrêtées. Pour lui, il s’agit là d’une manœuvre consistant à nier les acquis, à faire reculer le processus de paix, voire à éviter toute négociation sur le statut final. Israël veut se dissocier de l’application de la résolution 242 du Conseil et imposer une transition sans fin au peuple palestinien, a dénoncé le représentant.
Commentant la visite de l’actuel Ministre des affaires étrangères d’Israël au Conseil et reconnaissant le crédit de modération et d’homme raisonnable dont il jouit à l’extérieur, le représentant a douté que les mêmes qualités soient attribuables à d’autres dans ce nouveau Gouvernement. M. Shimon Peres a-t-il les moyens d’influencer le nouveau Gouvernement? Ce dernier se sert-il de lui pour masquer une politique d’obstruction? S’est interrogé le représentant en soulignant qu’hier, M. Peres, au nom de M. Ariel Sharon, a rejeté l’idée que les Nations Unies participent à une mission d’observation dans les territoires occupés, voire à l’avenir du processus de paix. L’Observateur a invité le Conseil à prendre les mesures nécessaires pour aider les deux parties à dépasser la tragédie actuelle et à la contrôler en tant que prélude à la reprise du processus de paix. Ce faisant, le Conseil devra accepter l’idée de dépêcher une force d’observation sur le terrain, a conclu l’Observateur.
M. YEHUDA LANCRY (Israël) a observé que M. Shimon Peres, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d'Israël, a déclaré hier au Conseil la vision de coopération et de coexistence, basée sur la coopération économique et non les disputes territoriales, qui devrait exister entre Israël et les Palestiniens. Le nouveau Gouvernement israélien, comme l'a dit M. Peres, attache beaucoup d'importance à la poursuite de la paix. Israël considère que la crise actuelle n'est pas seulement territoriale, mais aussi émotionnelle. Aussi voudrions-nous répéter les appels à la prudence lancés au Conseil par M. Peres, qui lui a demandé de ne pas venir ajouter de nouvelles complications à la situation actuelle. Nous ne sommes pas surpris de la réunion qui se tient aujourd'hui, a dit le représentant. Des articles de presse et des interventions dans les médias nous ont clairement fait comprendre que la partie palestinienne souhaite voir le Conseil de sécurité intervenir sur la situation qui existe sur le terrain. Nous pensons donc que la réunion de ce jour entre dans le cadre d'une stratégie plus vaste. Mais souhaitons-nous la paix par la négociation et le dialogue ou par la violence et la terreur? L'Intifada des Palestiniens depuis environ six ans est totalement incompatible avec des demandes pour une protection internationale. Jamais le Président de l'Autorité palestinienne, Yasser Arafat, qui est le chef des Palestiniens, n'a demandé l'arrêt des violences dont les Palestiniens sont responsables. Il faudrait se demander à qui profite cette violence? Nous pensons que c'est aux Palestiniens, du fait de l'attention internationale sur la question. Malgré les engagements de M. Yasser Arafat de contrôler les actes de terreur et de violence, qui sont contenus dans la lettre qu'il a adressée au Premier Ministre Rabin en septembre 1993, et malgré l'Accord de Charm el-Cheikh au mois d'octobre dernier, M. Arafat n'a toujours pas appelé son peuple au calme. Au contraire au cours des derniers mois, la direction palestinienne a encouragé la confrontation.
L'Accord d'Oslo était basé sur l'engagement fondamental de la direction palestinienne de renoncer à l'usage de la violence et du terrorisme et de résoudre tous les problèmes en suspens par des négociations pacifiques bilatérales.
M. Arafat avait à cette occasion reconnu le droit à l'existence dans la paix et la sécurité de l'Etat d'Israël. L'OLP s'est engagée dans le processus de paix et aux efforts visant la résolution bilatérale et pacifique du conflit. C'est seulement face à cet engagement que le Gouvernement d'Israël a reconnu l'OLP comme le représentant légitime du peuple palestinien et a accepté de négocier officiellement avec elle dans le contexte du processus de paix au Moyen-Orient. Le nouveau Gouvernement d'Israël que dirige M. Ariel Sharon, ne veut rien d'autre que d'aboutir à un accord de paix durable et juste avec les Palestiniens. C'est dans ce but qu'il a, de son plein gré, gelé la politique de construction de colonies de peuplement et décidé de mettre fin aux actes de punitions collectives contre les populations palestiniennes. L'initiative lancée actuellement par les Palestiniens, qui réclament des observateurs internationaux sur la rive occidentale du Jourdain et dans Gaza est tout à fait inutile. M. Arafat a lui-même les moyens de protéger son peuple. Le Conseil ne devrait pas s'allier à ce genre d'initiatives, les Nations Unies ne pouvant venir éteindre des feux allumés par la partie palestinienne elle-même et ne pouvant se permettre, aux yeux de l'opinion mondiale, de venir récompenser la violence et l'agression. Israël considère que l'envoi d'observateurs dans les territoires en pleine Intifada ne ferait qu'aggraver la violence et déstabiliser la région. Des observateurs n'ont jamais eu les moyens d'endiguer le terrorisme. Nous tenons à rappeler au Conseil qu'une délégation internationale, la Commission Mitchell, avec laquelle le Gouvernement d'Israël compte coopérer, arrivera dans la région la semaine prochaine.
M. MOHAMMAD J. SAMHAN (Emirats arabes unis), au nom du Groupe arabe, dénonçant la politique israélienne et son refus de coopérer avec la commission d’enquête sur les dernières agressions contre le peuple palestinien, a rappelé que les dernières résolutions adoptées aux Nations Unies ont toutes exigé d’Israël qu’il mette immédiatement fin à ces pratiques. L’arrivée du nouveau Premier Ministre, a dit craindre le représentant, laisse présager un durcissement de cette politique conformément à l’histoire criminelle pour laquelle ce personnage est connu. N’épargnant pas non plus la réputation de l’actuel Ministre des affaires étrangères, le représentant a dénoncé le dessein délibéré d’Israël d’assassiner le peuple palestinien par des attaques armées mais aussi par une politique de bouclage des territoires. Cette situation ne se serait pas aggravée, a dit le représentant, si le Conseil avait accepté l’envoi d’une force d’observation réclamée par le Groupe arabe. Aujourd’hui, a poursuivi le représentant, ce Groupe veut des mesures urgentes qui reflèteraient la responsabilité du Conseil dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. Il a donc invité le Conseil à exercer une pression sur Israël pour mettre fin à sa politique acharnée contre le peuple palestinien, à adopter un texte portant création d’une force internationale d’observation, à assurer une aide humanitaire et économique urgente au peuple palestinien. Le Groupe arabe, a conclu le représentant, réaffirme son appui au peuple palestinien dans sa quête constante pour un Etat indépendant avec Al Qods comme capitale. Le Groupe réaffirme aussi sa détermination à poursuivre ses efforts sur la voie d’une paix juste et globale fondée sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, sur le principe de la “terre contre la paix”, ainsi que sur les résolutions de l’ONU relatives au retour des réfugiés.
M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a déclaré que la situation qui prévaut dans les territoires palestiniens s'était dégradée à un niveau inacceptable du fait de la violence multiforme exercée par l'Etat israélien contre des populations sans défense. Il n'y a qu'à voir le nombre de victimes de part et d'autre pour constater le déséquilibre flagrant des forces en présence. L'autre politique utilisée par Israël, qui est l'encerclement et le blocus économique contre les populations palestiniennes, est contre toute loi ou morale internationale. Alors qu'on attendait du nouveau Gouvernement israélien qu'il reprenne les pourparlers de paix, on assiste plutôt à la mise en place d'une nouvelle stratégie, de nature militaire, qui consisterait à démembrer encore plus les parcelles de territoire sous contrôle palestinien pour mettre le peuple palestinien totalement à genoux. Il est faux comme tente de le faire croire Israël que les protestations palestiniennes constituent une menace contre l'existence de l'Etat d'Israël. La vérité est que le peuple palestinien vit sous occupation israélienne et que l'occupant lui nie ses droits les plus élémentaires. Cet anachronisme, qui dure depuis plusieurs décennies, est totalement inacceptable aujourd'hui. Comment la communauté internationale peut-elle accepter le refus d'Israël de respecter les résolutions prises par le Conseil de sécurité depuis plusieurs décennies? La Tunisie estime que le processus de paix engagé à Madrid, et dont la partie palestinienne a respecté l'esprit et la lettre, doit rester la base de règlement de la question palestinienne. On ne doit pas demander aux Palestiniens de renoncer aux droits que l'on reconnaît à tous les autres peuples. Nous lançons un appel à Israël pour qu'il revienne à la table des négociations en sachant qu'une seule partie ne peut imposer ses exigences aux autres et au mépris du droit international. Le refus d'observateurs internationaux par le Ministre israélien des affaires étrangères est totalement incompréhensible. Le refus de M. Peres de voir le moindre instrument de surveillance dans les territoires est, quant à lui, assez surprenant. Un appareil photographique serait-il plus dangereux que des fusils et des chars? Seul un processus multilatéral peut donner actuellement une chance à la paix, et nous soutenons la demande en ce sens de la partie palestinienne.
M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie)a estimé que la déclaration faite hier par le Ministre des affaires étrangères d’Israël et, celle faite aujourd’hui, par l'Observateur de la Palestine ont donné la possibilité au Conseil d’entendre des idées sur la manière de sortir le processus de paix de l’impasse. Le représentant a rappelé les efforts déployés par le Président russe et son Ministre des affaires étrangères qui sont en contact permanent avec les dirigeants israéliens, palestiniens et autres gouvernements intéressés ainsi qu’avec le Secrétaire général de l’ONU. Le représentant a observé que la tension persiste en raison des actions de l’armée israélienne et de la politique de blocus du Gouvernement israélien. Le représentant a pris acte des explications données hier par Shimon Peres tout en demeurant convaincu de la nécessité de lever immédiatement le blocus. Il est évident, a-t-il dit, qu’aucun acte terroriste ne peut justifier des mesures aussi dures. Ces mesures apportent d’ailleurs de l’eau au moulin de ceux qui veulent la poursuite de la violence et s’opposent à la reprise des négociations, a souligné le représentant avant d’estimer que la priorité doit être de mettre fin à la violence et d’appeler les parties à faire preuve de retenue. Le représentant a souligné l’importance d’un esprit de compromis, de souplesse et de réalisme. Il a prôné un processus de paix fondé sur les dispositions des Accords de Madrid et des résolutions 242 et 338 du Conseil. Il a plaidé en faveur de contacts directs entre les parties pour écarter les obstacles à la normalisation de la situation. Prenant note de l’échange de messages entre Ariel Sharon et Yasser Arafat qui frappent par leur caractère constructif, le représentant a exprimé l’espoir que ces signaux positifs seront encouragés. Renouvelant son attachement à un règlement de paix aussi rapide que possible, le représentant a indiqué que dans cet esprit que son pays examinera la question de l’envoi d’une présence internationale dans les territoires occupés.
M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a exprimé les très vives émotions et préoccupations de la France devant le drame qui se joue depuis six mois dans les territoires palestiniens et en Israël, et qui a fait plus de 400 morts, en très grande majorité palestiniens, dont plusieurs dizaine d'enfants. La situation est grave, a dit M. Levitte, en estimant que les acquis du processus d'Oslo sont menacés. La France et l'Union européenne ont à plusieurs reprises condamné la violence sous toutes ses formes: l'usage excessif de la force par l'armée israélienne contre les civils palestiniens et les inacceptables exécutions extrajudiciaires, mais aussi les actes de terrorisme qui ont endeuillé le peuple israélien. La France et l'Union européenne ont aussi marqué leur profonde préoccupation devant les mesures prises par Israël: blocus des territoires et refus de reverser à l'Autorité palestinienne les impôts prélevés en son nom, qui sont autant de mesures de rétorsion collectives qui ne peuvent qu'exacerber les tensions et le ressentiment de tout un peuple. Israël se doit de respecter les droits de l'homme et le droit international humanitaire, notamment la quatrième Convention de Genève qui s'applique à tous les territoires palestiniens occupés. L'Union européenne et ses membres, qui sont le premier contributeur d'aide au peuple palestinien, ont consenti à des efforts exceptionnels pour aider la population et l'Autorité palestiniennes. Toute la communauté internationale doit participer à cet élan de solidarité. Les affrontements qui se produisent sont d'autant plus consternants que les deux parties n'avaient jamais paru aussi proches de la paix, aussi bien à Camp David comme à Taba, où des ouvertures israéliennes et palestiniennes permettaient pour la première fois d'entrevoir un
accord sur les points les plus délicats: Jérusalem, les réfugiés, les territoires. La France pense que les négociations de ces derniers mois tracent la voie à suivre, et que les solutions explorées constitueront nécessairement un jour les bases du règlement définitif tant attendu. Ce règlement est basé sur le droit d'Israël à vivre en paix dans des frontières reconnues et sur le droit palestinien à disposer d'un Etat, d'un territoire, d'une capitale. Et il est fondé sur les résolutions 242 et 338, sur le principe de la terre contre la paix et les termes de la Conférence de Madrid. La France appelle également à la reprise de pourparlers sur la base de ces mêmes résolutions, entre Israël et la Syrie et le Liban.
La France appelle solennellement les dirigeants des deux parties à tout mettre en œuvre pour briser l'engrenage de la violence. Des gestes forts sont nécessaires pour restaurer la confiance, et le respect des accords signés depuis Oslo et le gel de la colonisation y contribueraient fortement. Pour relancer les négociations, l'impulsion des Etats-Unis reste essentielle. L'Union européenne, la Russie, l'Egypte, la Jordanie et les Nations Unies peuvent également y contribuer comme ils l'ont montré à Charm el-Cheikh. La France soutient l'action du Secrétaire général sur la question. Le Conseil de sécurité y a cependant son mot à dire. La situation actuelle constitue une menace pour la paix de la région et ressort donc de la compétence du Conseil, qui s'est déjà prononcé dans le passé en adoptant la résolution 1322. Envoyer des observateurs pourrait constituer un mécanisme utile pour faciliter les contacts entre les parties et garantir les résultats obtenus, ceci pour apaiser les tensions, et vérifier le respect des engagements souscrits par les parties. La France a été avec le Royaume-Uni et d'autres pays, à l'origine de cette idée en novembre dernier. Mais ce mécanisme n'aurait de chance de réussite que s'il bénéficie de la coopération des deux parties en présence. Le travail de ces observateurs serait le prolongement de celui effectué par la Commission Mitchell, et c'est dans cet esprit que nous examinerons toute action éventuelle du Conseil que nous souhaiterions voir uni et rassemblé sur la question.
M. WANG YINGFAN (Chine) a estimé que la poursuite du conflit a non seulement aggravé les souffrances du peuple palestinien mais a approfondi la haine et l’hostilité qui ont engendré des conséquences graves pour le processus de paix. Appuyant la proposition d’envoyer une force d’observation sur le terrain, le représentant a affirmé qu’il s’agit là d’un moyen d’atténuer la violence dans l’intérêt des deux parties, à condition que les parties soient favorables à une telle initiative. Le représentant a demandé au Secrétaire général de poursuivre ses efforts afin que les parties fassent preuve de retenue et de souplesse, et qu'elles mettent fin à la violence et qu'elles reprennent les pourparlers de paix. Il s’est félicité de l’engagement renouvelé d’Israël en faveur de la paix et a appelé les deux parties à saisir cette occasion. La Chine a toujours appuyé le processus de paix et demeure convaincue que la paix et la stabilité sont l’aspiration fondamentale de tous les peuples de la région et de la communauté internationale dans son ensemble. La priorité doit être aujourd’hui de faire de sorte que les deux parties mettent fin à la violence et reprennent les négociations de paix. Il a souligné la pertinence des résolutions 242 et 338 du Conseil et du principe de la terre contre la paix comme fondements de la paix.
M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a déclaré que la violence ne peut être arrêtée de l'extérieur et que les conditions qui la déclenchent ne peuvent être résolues par des accusations et des contre-accusations. M. Shimon Peres, le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères d'Israël a clairement dit hier que la paix ne peut être imposée de l'extérieur. Les Etats-Unis estiment que le Conseil ne doit pas compliquer les choses en prenant des mesures qui ne seraient pas soutenues par les deux parties. Le Premier Ministre Ariel Sharon sera bientôt aux Etats-Unis et à New York et nous aurons alors la chance d'avoir une vue plus claire de la situation. Les Etats-Unis sont contre toute décision du Conseil qui ne recevrait pas explicitement à la fois le soutien d'Israël et des Palestiniens. Les Etats-Unis estiment que la route vers la paix ne commence pas dans la salle du Conseil de sécurité mais plutôt dans la région, sur le terrain. Le Conseil ne peut pas s'interposer entre les parties et mettre fin à la violence. Il appartient aux parties elles-mêmes de mettre d'abord fin à la violence. Seule cette démarche donnera des chances à la paix.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a qualifié de situation sombre l’atmosphère qui prévaut aujourd’hui dans les territoires occupés en mettant particulièrement l’accent sur les conséquences du bouclage des territoires. Le Conseil, a estimé le représentant, doit trouver un moyen d’aller de l’avant dans l’unité. Appelant à la fin du blocus économique et des actes extrajudiciaires, le représentant a considéré que ces pratiques ne peuvent que radicaliser la position du peuple palestinien et alimenter la violence. A cet égard, il s’est félicité de l’engagement du Gouvernement israélien de ne pas fonder sa politique sur de telles mesures. Le représentant s’est tourné vers l’Autorité palestinienne pour lui demander de mettre fin à la violence et de coopérer avec Israël sur la question de la sécurité. Les parties ont besoin d’aide, a dit le représentant en mettant l’accent sur le rôle du Conseil en la matière. Pour lui, le Conseil doit examiner les propositions permettant de parvenir aux objectifs de paix. Le représentant s’est dit convaincu qu’une présence d’observateurs dans les territoires occupés ne peut qu’être bénéfique pour autant qu’elle jouisse de l’appui de toutes les parties. La question ne doit pas devenir un élément de division au sein du Conseil, a-t-il insisté en estimant qu’il est de la responsabilité des partisans de l’un ou l’autre camp de n’épargner aucun effort pour éviter les dissensions. Une force d’observateurs est utile et notre but doit être d’encourager les parties à travailler ensemble, à ne pas se polariser sur leurs différends et à reprendre le dialogue. Le Conseil est confronté à un défi et doit œuvrer à optimiser les perspectives de négociations, aider les parties à s’écarter de la violence et leur donner un appui d’ordre pratique sur le terrain, a conclu le représentant.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a mis en avant la nécessité de trouver un équilibre entre les intérêts des parties et de restaurer la confiance si l’on veut parvenir à une paix durable. Pour que le Conseil de sécurité joue un rôle constructif à cet égard, a-t-il fait valoir, il nous faut définir une approche et un programme communs. La Norvège a, à plusieurs reprises, appelé les parties à reprendre les négociations, à renouer le dialogue sur les questions de sécurité et à mettre fin à la violence, a déclaré le représentant. Il importe qu’Israël respecte la sécurité des Palestiniens, même si nous comprenons également ses besoins en la matière. Nous avons insisté auprès du Gouvernement israélien pour qu’il rouvre ses frontières avec la Cisjordanie et Gaza et qu’il transmette à l’Autorité palestinienne la quote-part des impôts qu’il lui doit.
La Norvège est favorable à la mise en place d’une présence d’observateurs internationaux tout en estimant que celle-ci doit recueillir le soutien des deux parties pour jouer un rôle significatif. La Commission d’établissement des faits de Charm el-Cheikh, dont le Ministre des affaires étrangères norvégien fait partie, doit se rendre en Israël et en Palestine la semaine prochaine; elle peut, de notre point de vue, jouer un rôle modérateur dans la conjoncture actuelle et aider à faire progresser le dossier, a-t-il conclu.
M. RICHARD RYAN (Irlande), se faisant l’écho de la déclaration des Ministres des affaires étrangères de l’Union européenne en date du 15 novembre, a mis en cause l’absence de progrès dans les négociations de paix, la frustration liées aux longues années d’occupation ainsi que le problème des colonies de peuplement dans l’escalade de la violence. Il a déclaré avoir été choqué par l’usage de la force contre les Palestiniens, alors que des méthodes plus pacifiques de règlement des conflits étaient encore à la portée des protagonistes au début des affrontements. Soulignant que la crise actuelle a des répercussions dramatiques aux niveaux politique, économique, social et éthique, il a vigoureusement plaidé en faveur d’un retour des parties au conflit à la table des négociations. L’allègement du blocus imposé aux territoires occupés est louable, a ajouté le représentant, mais ce n’est pas suffisant. La perte financière imposée aux autorités palestiniennes doit être compensée, car il ne peut en aucun cas être dans l’intérêt d’Israël d’avoir à faire à un interlocuteur dont la situation financière et institutionnelle est fragilisée, voire détruite.
Il est déjà arrivé dans le passé que le processus de paix soit menacé, a continué le représentant, mais cette fois, la situation est d’une gravité sans précédent, en raison notamment de ses ramifications internationales. C’est pourquoi le Conseil de sécurité, qui est resté en marge des négociations depuis la conférence de Madrid et surtout depuis les Accords d’Oslo, doit à nouveau s’impliquer pleinement et aider activement les parties à régler le conflit. A cet égard, la création d’une mission internationale d’observation pourrait oeuvrer en faveur de la paix, et contribuer à éliminer les résistances psychologiques qui empêchent une reprise du processus de paix, ces mêmes résistances psychologiques dont parlait Shimon Peres hier. Le représentant a demandé à Israël de ne pas stigmatiser une telle initiative ni d’y voir une incitation à la violence. Arguant que des observateurs expérimentés, de l’armée et de la police, pourraient détecter les provocations de violence et en référer de façon neutre aux autorités, M. Ryan a affirmé qu’une telle mission, élaborée de façon à recevoir l’appui le plus large du Conseil de sécurité, pourrait considérablement favoriser le processus de paix.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que son pays a été heureux d'avoir, hier, le point du nouveau Gouvernement d'Israël, représenté par M. Shimon Peres, sur la situation au Moyen-Orient et dans les territoires palestiniens. La Colombie regrette que le processus de paix ait sombré dans la violence. Les réactions disproportionnées d'Israël et de son armée aux jets de pierres d'adolescents palestiniens est regrettable et a entraîné l'escalade actuelle. La délégation colombienne estime que le rôle de l'Autorité palestinienne doit être reconnu et préservé par Israël. La situation actuelle représente une menace sérieuse pour la paix et la sécurité internationale, et il est du devoir et du mandat du Conseil d'examiner cette question. La Colombie espère que les délibérations d'aujourd'hui permettront de convaincre toutes les parties en présence du souhait du Conseil de sécurité d'oeuvrer pour la paix dans la région et dans les territoires palestiniens.
M. ISSOUF O. MAIGA (Mali) a fermement condamné les actes de répression et l’usage excessif et sans discrimination de la force par l’armée israélienne qui ont fait près de 437 victimes, principalement parmi les civils palestiniens. Il a jugé inacceptable le recours fréquent par Israël aux mesures punitives collectives ainsi qu’aux restrictions multiples qui frappent les populations des territoires, faisant remarquer que le bouclage des territoires a transformé la vie quotidienne des Palestiniens en véritable cauchemar et occasionné des pertes économiques considérables. M. Maiga a prié instamment toutes les parties de faire preuve de retenue et de modération, de s’abstenir des actes de provocation et d’œuvrer pour le retour au calme. Il a déclaré qu’Israël, puissance occupante, avait l’obligation de faire respecter les Lieux saints, de garantir la protection des populations civiles palestiniennes et de veiller au respect scrupuleux des normes de droit international humanitaire ainsi que des dispositions pertinentes de la quatrième Convention de Genève. M. Maiga a indiqué que son pays s’associait à la Palestine pour demander au Conseil de sécurité l’établissement rapide d’une mission internationale d’observateurs dans les territoires chargée d’assurer la protection des populations civiles.
M. ANUND PRIYAY NEEWOOR (Maurice) a souligné qu’il semble que le processus de paix est bloqué sans perspectives de reprise des négociations et que la violence se poursuit sans perspectives d’issue. Soulignant que les bouclages des territoires infligent des souffrances considérables au peuple palestinien, le représentant a estimé que le nouveau Gouvernement israélien doit être en mesure de reprendre les négociations. La communauté internationale doit encourager les deux parties dans ce sens et le Conseil de sécurité doit assumer sa responsabilité, a dit M. Neewoor avant de prendre note de l’engagement du nouveau Gouvernement israélien de placer la réalisation de la paix au centre de sa politique, à l’instar de l’Autorité palestinienne. Le représentant a fait comprendre aux parties qu’elles n’ont qu’un destin, la coexistence pacifique. Il n’y a pas d’autres choix et la recherche d’une autre solution serait un exercice futile, a dit le représentant en soulignant le droit des Palestiniens à un Etat indépendant et celui des Israéliens d’exister en tant que nation dotée de frontières sûres. Le reste n’est que détail que les deux parties doivent régler à la table de négociations, a insisté M. Neewoor en jugeant que le meilleur moyen de mettre fin à la violence consiste à déployer une force d’observateurs des Nations Unies dans les territoires occupés. Il a espéré qu’Israël répondra favorablement à cette proposition importante avant d’insister une nouvelle fois sur la reprise des négociations qui, selon lui, doivent reprendre là où elles se sont arrêtées en 1999.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a déclaré que la Charte donne au Conseil la responsabilité première du maintien de la paix et de la sécurité internationales et par conséquent celle de faire respecter le droit international. Singapour, qui est petit Etat, soutient fermement ces prérogatives du Conseil et demande que soient mises en oeuvre toutes ses résolutions concernant le Moyen-Orient et la question palestinienne. Les Membres du Conseil ont clairement exprimé hier au Vice-Premier Ministre israélien Shimon Peres leur inquiétude face à la situation qui prévaut dans les territoires palestiniens et notamment face à l'emploi excessif de la force contre la population civile. Singapour demande que les parties mettent fin à la violence et retournent à la table des négociations. Le Conseil peut les aider à créer la confiance qui permettrait la reprise du dialogue, et nous pensons comme la majorité des membres du Conseil, que l'envoi d'observateurs internationaux jouerait un rôle positif. Singapour pense que le Conseil devrait décider d’envoyer dans les meilleurs délais, sous la supervision du Secrétaire général, cette mission d'observateurs. Une autre solution pourrait être d'envoyer dans les territoires palestiniens une mission du Conseil lui-même. Singapour estime que des actions urgentes doivent être prises face à la dégradation constante de la situation sur le terrain et face aux souffrances des populations.
M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh) a considéré que devant l’aggravation de la situation dans les territoires occupés, le Conseil ne peut plus rester indifférent. L’escalade de la violence doit cesser, a dit le représentant avant d’inviter le Conseil à s’engager davantage et à trouver un moyen de sortir de la crise qui est vue à juste titre comme une crise internationale. Dans ce contexte, le représentant a affirmé que la proposition visant à déployer une force d’observateurs est une bonne base pour les discussions du Conseil. Plaidant pour une levée immédiate du blocus économique, le représentant a appelé à la reprise des négociations et exhorté les deux parties à persévérer dans la voie des accords douloureux qu’elles ont eu le courage de signer. Réaffirmant la validité des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, le représentant a conclu en soulignant le rôle décisif que le Secrétaire général peut jouer pour convaincre les deux parties de revenir à la table des négociations.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a fait part de la déception de sa délégation face à la dégradation de la situation au Moyen-Orient. Elle a regretté que l'accord signé lors du Sommet de Charm el-Cheik n'ait pas été mis en œuvre, que les violences aient fait de nombreuses victimes et elle a déploré la dégradation de l'économie des territoires palestiniens. La Jamaïque est aussi très inquiète de la dégradation de la situation humanitaire dans les territoires occupés et du manque d'accès des travailleurs humanitaires aux populations palestiniennes dans le besoin. Au mois d'octobre dernier, le Conseil avait adopté la résolution 1322 qui appelait à l'arrêt immédiat des violences et demandait aux parties en présence de s'abstenir de toute action de provocation en vue de ramener des conditions favorables à la paix. La résolution condamnait aussi l'usage excessif de la force contre les populations palestiniennes. C'est à la suite de cette résolution que fut constituée la Commission Mitchell qui, nous a dit hier M. Shimon Peres, sera la semaine prochaine en Israël. Nous attendons impatiemment les résultats de cette visite et soutenons aussi les efforts que déploie le Secrétaire en faveur du
processus de paix. La Jamaïque regrette cependant que les termes de la résolution 1322 n'aient pas été respectés, ceux qui devaient les mettre en oeuvre ayant jusqu'ici refusé de le faire. Nous sommes pour l'envoi d'une mission d'observateurs de l'ONU. Une telle mission pourrait servir de mesure de dissuasion contre la violence et d'établissement de la confiance entre Israéliens et Palestiniens.
M. VOLODYMYR YEL'CHENKO (Ukraine) a réaffirmé la condamnation par son pays de l'usage excessif et aveugle de la force contre les civils palestiniens. Les attaques ou les représailles contre la population civile sont juridiquement interdites et inadmissibles. Il faut veiller au plein respect de la quatrième Convention de Genève. Israël doit lever au plus vite le blocus économique qu'il impose aux Palestiniens, lequel a mené l'Autorité palestinienne au bord de l'effondrement économique et n'a fait que multiplier par deux, sinon trois, le nombre des manifestants palestiniens. Il est évident que la poursuite de l’implantation de colonies de peuplement sur le territoire palestinien ne contribue pas non plus à améliorer la situation. Sur cette base, l'Ukraine se sent encouragée par la récente décision du nouveau Gouvernement israélien de lever le blocage économique du territoire palestinien, et par son intention d'y arrêter la colonisation.
L'Ukraine reconnaît tout autant le droit légitime d'Israël à vivre à l'intérieur de frontières sûres internationalement reconnues. Elle rejette tout acte de terrorisme commis avec des objectifs politiques, quel qu'en soit les auteurs. Il faut résolument mettre fin à tous les actes violents et de provocation commis par des extrémistes. L'Ukraine condamne tous les actes de violence commis contre des Israéliens.
Le représentant a affirmé que les parties au conflit n'ont pas d'autre solution que de mettre fin à la violence, immédiatement et sans condition. Elles doivent reprendre les négociations au plus tôt sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, y compris sur le principe de l'échange de la terre contre la paix, et sur la base des principes de la Conférence de Madrid et des Accords d'Oslo. Les accords de Charm el-Cheikh de l'an dernier doivent être pleinement appliqués, et des mesures doivent être prises pour restaurer la confiance. L'Ukraine note avec satisfaction les informations faisant état d'un récent échange de message entre le dirigeant palestinien et le nouveau Premier Ministre d'Israël, échange mené de manière constructive. L'Ukraine voit également de manière favorable que le nouveau Gouvernement israélien recherche un dialogue plus intense avec le Conseil de sécurité, comme cela a été confirmé hier lors de la rencontre avec le Vice-Premier Ministre et ministre des affaires étrangères israélien, M. Shimon Peres.
L'Ukraine continue de penser qu'une présence internationale dans le territoire palestinien pourrait, dans les circonstances actuelles, activement contribuer à une restauration des conditions de sécurité et à la reprise du dialogue. La mission d'observation des Nations Unies proposée par la France et le Royaume-Uni satisfait les intérêts tant des Palestiniens que des Israéliens et mérite un examen sérieux de la part du Conseil. En même temps, cette idée ne peut être mise en pratique sans la coopération d'Israël, qui doit être encouragée à réviser son actuelle position négative. Pour l'Ukraine, le Conseil de sécurité
doit continuer de s'impliquer activement dans la recherche des moyens de mettre fin à la crise actuelle. L'Ukraine encourage le Secrétaire général dans ses efforts. Elle espère également que la Commission d'établissement des faits convenue lors du Sommet de Charm el-Cheikh continuera de jouer un rôle positif en contribuant à réduire la violence.
M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a souligné que la crise actuelle au Moyen-Orient est le résultat de l’occupation israélienne et tous les prétextes d’Israël ne sauraient détourner le Conseil de la réalité de cette occupation. Aucun évènement récent survenu dans la région, a jugé le représentant, n’a pu diminuer la répression militaire d’Israël contre le peuple palestinien. La répression a, en fait, augmenté depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement, a estimé le représentant avant de dénoncer “le siège asphyxiant” infligé par Israël au peuple palestinien. Le fait qu’Israël continue de justifier sa politique par des besoins de sécurité est une insulte à l’intelligence et une humiliation pour le Conseil, a ajouté le représentant. Combien de temps faudra-t-il entendre ces prétextes fallacieux avant qu’Israël ne se retire des territoires conquis en 1967 comme le lui demande la résolution 242 du Conseil, a demandé le représentant avant de souligner que la sécurité ne peut être assurée lorsque l’on tue les enfants de ses voisins et qu’on les affame.
Le représentant a demandé au Conseil d’examiner les recommandations du rapport de la Commission d’enquête de la Commission des droits de l’homme et de les adopter, en mettant un accent particulier sur la recommandation portant d’un déploiement d’une présence internationale dans les territoires occupés. La reprise des négociations, a poursuivi le représentant, exige que le Conseil réaffirme la validité des accords signés et des résolutions pertinentes telles que la 242 et 338. Commentant les propos d’Israël selon lesquels ses efforts de paix n’ont été récompensés que par une “paix froide”, le représentant a tenu à souligner que le territoire regagné par l’Egypte est un territoire égyptien qui avait été occupé par Israël. Personne, a-t-il poursuivi, ne doit douter de la volonté de l’Egypte d’honorer ses engagements en faveur de la paix mais la froideur ou la chaleur de la paix se fonde sur la confiance des peuples et il est naturel que le peuple égyptien se préoccupe de la situation de ses frères arabes quand leur terre est occupée comme c’est le cas pour les frères palestiniens. Ce n’est que quand le peuple palestinien sera libéré de l’occupation étrangère, que l’Egypte pourra envisager de “réchauffer la paix”, a dit le représentant en rappelant à Israël son obligation de respecter le droit des Palestiniens à l’indépendance et à un avenir digne.
S’adressant personnellement au Représentant permanent d’Israël, le représentant a déclaré “Le problème c’est l’occupation. J’ai vu aujourd’hui sur une chaîne de télévision l’armée israélienne tirer sur des centaines de Palestiniens qui essayaient de manifester de manière pacifique à Ramallah. La paix sera réalisée quand vous reconnaîtrez que les Palestiniens ne sont pas des êtres inférieurs et que leur sang est aussi précieux que le sang des Juifs”.
M. ZAID AL-HADIDI(Jordanie) a déclaré que son pays était très préoccupé par l'usage aveugle de la force par l'Etat d'Israël contre les populations palestiniennes. L'agression israélienne doit être arrêtée, et le Conseil doit envoyer une mission d'observateurs internationaux en vue de faire la lumière sur les méthodes abusives d'Israël. Le blocus contre les territoires doit s'arrêter, a dit le représentant qui a estimé que les évènements récents montrent clairement le besoin d'un engagement international ferme dans la résolution de la question palestnienne. La Jordanie et son gouvernement réaffirment leur soutien au peuple palestinien dans sa lutte pour la jouissance de tous ses droits et réaffirment que Al Qods doit être la capitale de la Palestine.
M. ABDALLA SALEH AL-ASHTAL (Yémen) a déclaré que la communauté internationale attend toujours une solution juste à la question des territoires palestiniens occupés par Israël. L'Etat israélien continue de détruire des biens palestiniens et de massacrer impunément d'innocents civils, tout en poursuivant l'implantation de colonies juives sur les terres arabes. Le Conseil de sécurité doit adopter les mesures nécessaires en vue d'amener Israël à respecter les droits inaliénables du peuple palestinien. Le Yémen demande que le Conseil oblige Israël à cesser de massacrer des enfants palestiniens et à mettre fin à la destruction de l'économie palestinienne. Il y va de la survie même de ces populations. Il est nécessaire que soit acceptée la proposition de la majorité des membres du Conseil d'envoyer une mission d'observation et d'établissement des faits dans la région. Les négociations doivent, quant à elles, reprendre sur la base des avancées qui avaient été accomplies avant le déclenchement des violences actuelles.
M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a dénoncé le terrorisme israélien qui, fidèle à sa tradition, continue de travailler à l’assassinat du peuple et des dirigeants palestiniens. Dénonçant aussi le blocus économique qui, selon lui, vise à détruire la Palestine de l’intérieur et à éliminer la société palestinienne, le représentant a estimé que ces mesures ne peuvent qu’ajouter à la tension. L’Intifada, a-t-il prévenu, est un mouvement de résistance à l’occupation étrangère, droit de tous les peuples. Les actes d’Intifada ne sont pas des actes perpétrés par ceux qui ne veulent pas de la paix mais par des personnes qui se soulèvent contre l’humiliation et la victoire de l’extrémisme israélien. L’Intifada est l’expression de l’impatience des Palestiniens devant la stérilité des négociations de paix où les Israéliens se comportent en vainqueurs. Illustrant ses propos, le représentant a considéré que jamais Israël n’a montré la moindre volonté de reconnaître le droit des Palestiniens à un Etat indépendant avec Al Qods comme capitale ni le droit au retour des réfugiés. Il a donc appelé le Conseil à protéger le peuple palestinien contre la répression israélienne et à envoyer une force d’observation dans les territoires occupés. La stabilité de la région est liée à la réalisation d’une paix juste et globale fondée sur les résolutions 242 et 338 et le principe de la “terre contre la paix”, a conclu le représentant en considérant donc que tous les territoires arabes occupés depuis 1967 doivent être restitués.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a rappelé que depuis le 18 décembre 2000, date à laquelle le Conseil de sécurité a achoppé sur un projet de résolution qui aurait créé une force des Nations Unies, composée d’observateurs militaires et de policiers, plus de 100 Palestiniens ont trouvé la mort et plusieurs centaines ont été blessés. Le représentant a déclaré que ces pertes en vies humaines auraient pu être évitées si ce jour-là, le Conseil de sécurité avait pris ses responsabilités et établi cette force. Les membres du Conseil de sécurité qui, le 18 décembre, se sont abstenus ont argué du fait que les protagonistes doivent eux-mêmes trouver les modalités d’un accord et emprunter la voie de la paix, et éventuellement se mettre également d’accord sur l’établissement d’une force. Or, a expliqué M. Agam, en agissant ainsi, on a fait dépendre l’établissement de la force d’observation des incertitudes du processus de paix, alors que cette force aurait pu calmer la situation et aurait certainement évité l’escalade de violence, en même temps qu’elle aurait lancé un message puissant à Israël sur l’usage excessif de la force. M. Agam a dénoncé le blocus imposé aux territoires palestiniens occupés, les restrictions sur la circulation des biens et des personnes, la perte de ressources fiscales et douanières pour les autorités palestiniennes et les punitions collectives. Il a en conclusion appelé le Conseil de sécurité à reconsidérer, maintenant et fermement, la proposition de créer une force d’observateurs. Il n’est plus possible de rester inactif en attendant que les parties au conflit trouvent elles-mêmes une solution, d’autant que cette possibilité s’éloigne maintenant qu’Ariel Sharon, le déclencheur de la crise, est à la tête du Gouvernement israélien, a ajouté le représentant. Faisant valoir qu’il en va de sa crédibilité, M. Agam a demandé au Conseil de ne pas appliquer la règle de deux poids, deux mesures à l’heure de décider de ses interventions, et de contribuer au processus de paix en créant une force d’observation des Nations Unies.
M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a souligné que la question du Moyen-Orient est une question d’occupation et de puissance occupante. Il a rappelé qu’à plusieurs reprises, la communauté internationale a, en vain, donné la possibilité à Israël de renoncer à sa politique de répression. Le Conseil doit maintenant assumer ses responsabilités, exercer les pressions requises sur Israël et le forcer ainsi à abandonner ses pratiques contre les Palestiniens. Ce peuple a besoin d’appui et de protection pour survivre devant un pouvoir qui ne fait aucune différence entre un enfant, un homme, une femme ou une personne âgée. Partant, le représentant a appuyé l’idée de déployer une force d’observateurs dans les territoires occupés.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a déclaré que le Moyen-Orient est de nouveau sous les feux de l'actualité à la suite de la provocation unanimement dénoncée de celui qui commandita les massacres de Sabra et Chatila, qui conduisit la désastreuse campagne du Liban et qui, suprême ironie, préside aujourd'hui aux destinées de son pays. Les dommages occasionnés par la guerre totale que mène Israël contre le peuple palestinien sont considérables: des centaines de morts et des milliers de blessés, une baisse dramatique d’un niveau de vie, puisque près d'un million de Palestiniens, soit un tiers de cette population, ont basculé sous le seuil de pauvreté absolue depuis le mois de septembre dernier. Des centaines d'écoles fermées ne sont plus en mesure de fonctionner, et une sérieuse pénurie de nourriture et de médicaments affecte de nombreuses localités palestiniennes qui sont totalement coupées du monde, les services humanitaires étant incapables de les atteindre, a dit le représentant. Israël s'obstine aussi, malgré les appels répétés de la communauté internationale, dans son refus de reverser à l'Autorité palestinienne les centaines de millions de dollars qu'il lui doit en taxes et recettes d'impôts. Face à cette situation, l'Autorité palestinienne, soutenue par le Mouvement des pays non alignés, demande depuis plusieurs mois déjà au Conseil de prendre des mesures en vue d'assurer la protection des populations palestiniennes et de mettre un terme à la répression dont elles sont l'objet. Il est regrettable que malgré l'extrême souplesse dont ont fait montre, lors des négociations du projet de résolution, les représentants des pays arabes et non alignés, le Conseil ait choisi en décembre dernier de ne pas agir et de laisser la situation se dégrader au risque d'atteindre le point de non-retour.
Il est cependant encore temps pour le Conseil de sécurité de se hisser au niveau de ses responsabilités et d'assumer pleinement son rôle et son mandat à l'égard du peuple palestinien et à l'égard de la légalité internationale. Il doit d'abord veiller, et en toute urgence, à ce que cessent la politique de répression et d'usage systématique de la force contre les manifestants palestiniens. Il doit ensuite décider, dans les meilleurs délais, du déploiement d'observateurs de l'ONU dans les territoires palestiniens et dans Al Qods Al Charif en vue d'assurer la protection des populations civiles. Le Conseil doit également exiger d'Israël qu'il retire ses forces des villes et des localités palestiniennes où elles sont déployées, et il doit enfin mettre Israël, puissance administrante, en demeure de respecter la 4ème Convention de Genève et à assurer la sécurité et la protection des civils palestiniens.
M. YUKIO SATOH (Japon) a demandé aux parties de mettre fin à la violence actuelle et de s’abstenir de toute action qui pourrait compliquer la situation. Il a aussi lancé un appel aux parties pour qu’elles reprennent les négociations. Il s’est, dans ce contexte, dit encouragé par l’intention du Gouvernement israélien de poursuivre les négociations finales avec les Palestiniens et la Syrie sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil et de négocier un traité de paix avec le Liban. Le représentant a mis en garde contre la tentation de lier la cessation de la violation à la reprise des négociations; ce qui ne pourrait que servir les ennemis de la paix et de la coexistence entre Israël et l’Autorité palestinienne. Pour le représentant, la reprise du dialogue est un élément essentiel au rétablissement de la confiance. Il a conclu sur les conditions de vie des Palestiniens pour rappeler, dans ce cadre, la contribution de 12 millions de dollars que son pays a faite depuis le début des hostilités.
M. ISA AYAD BABAA (Libye) a déclaré que la question juive était un problème européen et n'a jamais été une question arabo-musulmane. La création artificielle de l'Etat d'Israël a privé les Palestiniens de leurs terres, les mettant aujourd'hui sous le feu des chars et des avions israéliens. La brutalité des forces israéliennes est telle qu'elle affecte même les représentants de la presse occidentale qui ne peuvent travailler qu'à leurs risques et périls ans la région. Les politiques de répression collective que mènent les forces israéliennes sont des violations flagrantes du droit international et ne peuvent être comparées qu'aux pires pratiques du nazisme. Il y a un processus soigneusement planifié d'annihilation du peuple palestinien par les forces et le gouvernement israéliens. Si les forces sionistes prétendent n'agir que pour se défendre, pourquoi refuseraient-elles la présence d'observateurs neutres internationaux? La Libye et la communauté internationale ont des preuves que la plupart des dirigeants israéliens actuels sont des criminels de guerre. Les mains de l'actuel Premier Ministre d'Israël sont pleines du sang de Palestiniens innocents. Il est inacceptable que la communauté internationale applique continuellement la politique du deux poids deux mesures. Pourquoi l'élection de M. Sharon n'a-t-elle pas provoqué la même levée de boucliers que celle qui a eu lieu lors de la victoire très démocratique d'un parti de droite dans un pays d'Europe? La Libye demande que soient condamnées les pratiques illégales d'Israël dans les territoires occupés.
M. ABDEL ALI AL-KHAL (Qatar) a estimé que c’est l’hésitation du Conseil à prendre des mesures décisives concernant la situation dans les territoires occupés, qui a entraîné une escalade de la violence et la détérioration de la situation économique du peuple palestinien. Il a demandé aux membres du Conseil, qui se sont abstenus au moment du vote sur la résolution présentée en décembre 2000 concernant l’envoi d’observateurs internationaux dans les territoires occupés, de revoir leur position. Israël a montré son vrai visage, a dit le représentant qui a dénoncé le durcissement de la politique israélienne depuis le
11 mars. Ces mesures, a-t-il estimé, viennent compléter ce qui a été fait précédemment, pour isoler les Palestiniens et détruire leur économie. Il a appelé à des pressions contre Israël pour le contraindre à reprendre les négociations là où elles se sont arrêtées et dans le plein respect des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité.
M. PIERRE SCHORI (Suède) a déclaré, au nom de l'Union européenne et des pays associés, qu'il n'y a pas d'autre solution qu'une solution négociée au problème du Moyen-Orient. La crise humanitaire actuelle, dont souffrent les Palestiniens, est inacceptable. Le retour de la paix dans les territoires est indispensable. Le 26 février dernier, l'Union européenne a décidé de verser 60 millions d'Euros à l'Autorité palestinienne. Ces fonds seront déboursés dans le cadre d'un effort concerté international et à condition que l'Autorité palestinienne revoie son budget, pour en faire une base de soutien international et prenne des mesures de lutte contre la corruption et favorables à la transparence. La mauvaise situation économique ayant des impacts sur la stabilité politique, l'Union européenne souligne l'importance du versement immédiat par Israël des revenus fiscaux qu'il doit à l'Autorité palestinienne. Nous soulignons aussi l'importance de la fin du blocus imposé aux territoires palestiniens.
L'Union européenne pense que des négociations franches avaient permis aux deux parties de faire des avancées notables sur le chemin de la recherche de la paix. Nous comptons donc sur la reprise des pourparlers en vue de trouver les voies d'un règlement final de la question palestinienne, et attendons dans le même ordre d'idées, la reprise des négociations entre Israël et la République arabe syrienne et le Liban. L'Union européenne rappelle que pour elle, la base des négociations d’une paix juste au Moyen-Orient doit être l'application des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité, et de ses autres résolutions pertinentes. Nous appelons les parties à réaffirmer leurs engagements et leur respect des principes de base établis par la Conférence de Madrid, le processus d'Oslo et les autres engagements pris dans le respect des résolutions de l'ONU. L'Union européenne rappelle d'autre part sa forte opposition aux exécutions extrajudiciaires perpétrées par Israël qui sont contraires au droit international. Nous appelons aussi l'Autorité palestinienne à mettre fin à la peine de mort et nous avons demandé à cet égard au Président Arafat de déclarer un moratoire de cette peine.
M. ELFATIH MOHAMED AHMED ERWA (Soudan) a accusé Israël de recourir, de manière excessive, à la force militaire contre des manifestations innocentes et désarmées. Il l’a aussi accusé de poursuivre son projet criminel visant à étouffer l’économie palestinienne et à affamer le peuple palestinien. Le représentant a estimé que la responsabilité de cette situation incombe au Conseil qui n’a pas adopté la résolution qui prévoyait des mesures de protection pour le peuple palestinien. Le Conseil, a-t-il dit, a fourni des explications insensées qui n’ont que confirmé sa pratique de «deux poids, deux mesures» et compromettre, si besoin en était, sa crédibilité. Le Conseil, a insisté le représentant, a donné au monde l’impression qu’Israël bénéficie d’une immunité par rapport aux normes en vigueur en matière de paix et de sécurité internationales. Les actes criminels commis par Israël et ses violations des résolutions de l’ONU et des Conventions de Genève, mettent le Conseil devant un défi majeur, a ajouté le représentant en appelant le Conseil à se montrer à la hauteur du défi et à adopter des mesures garantissant la cessation de la violence et de l’emploi d’une force aveugle contre des civils innocents. Le moment est venu pour le Conseil de créer une force de protection pour les Palestiniens faute de quoi il trahirait ses obligations conférées par la Charte des Nations Unies et offrirait à l’agresseur une protection non méritée. La paix au Moyen-Orient ne pourra être obtenue tant qu’Israël s’obstinera dans sa politique, notamment celle consistant à judaïser Jérusalem, a conclu le représentant.
M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré, au nom des pays du Mouvement des pays non alignés, que la résolution de la question de la Palestine est au centre de tout règlement des problèmes du Moyen-Orient. Le respect des droits inaliénables du peuple palestinien à l'autodétermination et à la création d'un Etat indépendant ayant pour capitale Jérusalem-Est est indispensable à la création des conditions d'une paix juste et durable dans la région. Les non-alignés estiment que seules des négociations pacifiques et de bonne foi peuvent assurer la sécurité à long terme de la région. Nous demandons donc aux parties de prendre les mesures nécessaires pour mettre fin aux violences et rétablir la confiance, tout en considérant que la condition de la terre contre la paix doit être respectée dans la conduite de négociations basées sur le strict respect des résolutions du Conseil de sécurité.
M. MOHAMMED ABULHASAN (Koweït) a estimé que la politique israélienne constitue une violation grave des résolutions des Nations Unies, du droit international et des Conventions de Genève. Aussi, a-t-il demandé que soit étudiés les moyens de garantir l’application de ces Conventions dans les territoires occupés, y compris Al Qods Al Charif. Poursuivant, le représentant a mis le Conseil en garde contre les allégations du Gouvernement israélien, puissance occupante, selon lesquelles il prendrait les mesures requises pour atténuer les souffrances des Palestiniens. Les Palestiniens, a souligné le représentant, ont le droit de vivre sans subir l’oppression de la puissance occupante. Il a donc appuyé le déploiement d’une force d’observateurs internationaux qui aurait en plus l’avantage de démasquer la férocité de la répression infligée par Israël au peuple palestinien. Pourquoi tant de suspicions sur le déploiement d’une telle force? a demandé M. Abulhasan au représentant d’Israël. La création de cette force a pour objectif de garantir la protection des civils palestiniens qui elle-même garantira le retour de la stabilité, lui a-t-il expliqué avant de plaider, une nouvelle fois, pour une paix fondée sur le retrait d’Israël de tous les territoires arabes occupés depuis 1967, y compris du Golan syrien, et sur l’achèvement du retrait du Sud-Liban.
M. MOHAMMED AL-DOURI (Iraq) a émis l'espoir que la discussion menée aujourd'hui par le Conseil puisse contribuer à la fin des souffrances endurées par la population palestinienne. Tous les efforts précédemment déployés ont été réduits à néant du fait de l'insistance des Etats-Unis à bloquer toute initiative qui irait à l'encontre des agressions israéliennes contre la population innocente de Palestine. Il est honteux que les massacres de Palestiniens se poursuivent sous l'oeil impassible de la communauté internationale et qu'un terroriste notoire préside aujourd'hui aux destinées de l'entité sioniste au Moyen-Orient. Le responsable des massacres de Sabra et Chatila se retrouve en effet aujourd'hui à la tête de son pays, en en révélant ainsi le vrai visage. L'Iraq a clairement
exprimé son sentiment en ce qui concerne la question du Moyen-Orient : ce n'est pas l'imposition aux Palestiniens de mesures injustes qui résoudra la question de Palestine. Ce sont deux Britanniques, l'un nommé Balfour et l'autre Rothschild, qui ont créé le problème actuel, le premier ayant promis au second une terre sur laquelle aucun d'eux n'avait de droits. Sous des prétextes pseudo-historiques visant à dissimuler le racisme du sionisme, on a imposé aux Palestiniens les souffrances qu'ils subissent aujourd'hui. Tant que ces éléments ne seront pas pris en compte dans la réflexion sur la question de Palestine, on n'e parviendra jamais à une véritable solution juste.
* *** *