En cours au Siège de l'ONU

CS/2117

LE CONSEIL DE SECURITE EXAMINE LES MOYENS D’AMELIORER SON ROLE DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE INTERNATIONALES

07/03/2001
Communiqué de presse
CS/2117


Conseil de sécurité

4288ème séance - matin et après-midi


LE CONSEIL DE SECURITE EXAMINE LES MOYENS D’AMELIORER SON ROLE

DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE INTERNATIONALES


Le Conseil de sécurité s’est réuni aujourd’hui pour examiner les voies et moyens permettant de lui assurer un rôle effectif dans le maintien de la sécurité internationales.  La réunion fait suite à l’engagement pris par les chefs d’Etat et de gouvernement au cours de leur réunion à New York, le 7 septembre dernier et contenu dans la résolution 1318 (2000).


Les membres du Conseil ainsi que les autres délégations qui se sont exprimées ont eu à répondre à des questions concrètes soumises par la Présidence*.  Comment le Conseil a-t-il mis en pratique la nécessité d’accorder une attention particulière à la promotion d’une paix et d’un développement en Afrique?  Quels sont les conflits “oubliés” auxquels le Conseil doit accorder davantage d’attention?  Y a-t-il des problèmes particuliers liés au renforcement du maintien de la paix qui appellent du Conseil des efforts plus énergiques?  Quels domaines spécifiques ont été oubliés dans la gamme des instruments de paix que sont la prévention des conflits, leur règlement et la consolidation de la paix?  Quelle est la contribution du Conseil à l’élaboration de stratégies globales de lutte contre les causes profondes des conflits?  Et quels sont les progrès qu’il a faits dans le renforcement de sa coopération avec les organisations régionales ou sous-régionales?


La création d’un nouveau système de sécurité collective que ces questions sous-tendent a été considérée par tous les intervenants comme une nécessité à une époque où le Conseil est confronté à des conflits de plus en plus complexes.  La volonté politique a été, dans ce cadre, présentée comme élément fondamental de toute amélioration de l’action du Conseil, en particulier et de l’ONU, en général.   Comme l’a souligné le Secrétaire général de l’ONU, les résolutions ne s’appliquent pas d’elles-mêmes et en l’absence d’une volonté politique de tous les Etats Membres de l’ONU pour les traduire en véritables changements sur le terrain, elles restent au mieux le récipient d’un voeu ou d’une aspiration.  Les délégations ont pour la plupart, salué l’évolution positive du Conseil vers des actions plus concrètes comme l’attestent ses décisions concernant le déploiement d’une Mission en Ethiopie et en Erythrée et les efforts visant à contenir la capacité de l’UNITA de poursuivre la guerre en Angola ou celle du Libéria d’alimenter la guerre en Sierra Leone. 


En revanche, l’attentisme du Conseil a été dénoncée en ce qui concerne la situation en République démocratique du Congo (RDC) où selon certains intervenants des progrès auraient pu être effectués plus tôt.  Le déploiement d’une Mission en RDC n’a pas apaisé la déception de certaines délégations qui ont dénoncé la réaction minimaliste du Conseil consistant à déployer une force sans rapport avec la taille du pays et la complexité du conflit, comme l’a souligné notamment le représentant du Bangladesh.  Les réponses du Conseil en ce qui concerne l’Afrique sont encore trop souvent tardives, inefficaces ou inappropriées, a souligné le représentant de l’Algérie.  En réponse à ces critiques, le représentant de la France a pris l'exemple de la Mission en République démocratique du Congo et a expliqué que contrairement au Kosovo, où l'objectif était d'imposer la paix avec les moyens nécessaires pour le faire, il s'agit en RDC d'accompagner la volonté de faire la paix exprimée par les parties elles-mêmes et de surveiller leur désengagement.  Une fois cela bien compris, il ne fait aucun doute que le Conseil a bien donné à la MONUC les moyens d'accompagner et de vérifier la dynamique de paix.


      Le caractère inefficace ou inapproprié de la réaction du Conseil a été également invoqué dans la question des conflits “oubliés”.  Le Pakistan a rappelé que le conflit au Jammu-et-Cachemire est un des conflits les plus anciens toujours à l’ordre du jour du Conseil.  Dans ce cadre, la situation dans les territoires palestiniens occupés a été évoquée par la Namibie qui a plaidé pour le déploiement d’une force de protection des populations civiles  Le règlement des conflits a été reconnu comme une prérogative exclusive du Conseil, la prévention des conflits et la consolidation de la paix par le spectre élargi d’activités qu’elles impliquent ont conduit des délégations à demander une implication effective de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social.  Le représentant du Royaume-Uni a, sur ce point, annoncé que lorsqu'il assumera la présidence du Conseil de sécurité le mois prochain, il organisera une réunion entre les membres du Conseil, le Bureau de l'ECOSOC et les autres acteurs importants du système en matière de gestion des conflits.


Cette initiative a été reconnue comme le meilleur moyen de réussir la mise au point d’une stratégie globale pour lutter contre les causes profondes des conflits.  Si des délégations se sont félicitées du rapprochement entre le Conseil et des organisations telles que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO)ou l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), quelques-unes d’entre elles, à l’instar de l’Algérie, ont souligné que les efforts régionaux ne sauraient dispenser le Conseil de sa responsabilité en matière de paix et de sécurité internationales.  La concertation existe, le problème est de la mettre en oeuvre de manière satisfaisante, a répondu à cet égard le représentant de la France.  Le Conseil doit en effet faire face à plusieurs difficultés.  Le représentant de l’Algérie a attiré l’attention sur la proposition de son pays en coopération avec l’Afrique du Sud et le Nigéria de créer un Partenariat pour le renouveau de l’Afrique partant de la conviction que les Africains doivent jouer un rôle de premier plan dans le redressement de leur continent.


Les questions abordées aujourd’hui et les critiques adressées au Conseil ont été pour les délégations le témoignage de la crise de crédibilité que doit surmonter le Conseil.  Pour ce faire, de nombreuses délégations ont jugé urgent que le Conseil se débarrasse de son image anachronique et anti-démocratique et soit plus représentatif de la géopolitique actuelle.  Qu’il s’agisse de sa composition ou des méthodes de travail, des appels ont été lancés en faveur d’une réforme en profondeur du Conseil, seul moyen pour lui de maintenir son autorité et de rallier l’appui de tous les Etats Membres.  Des appels ont été lancés pour une analyse des recommandations du Rapport Brahimi sur la réforme des opérations de maintien de la paix, comme l’a souhaité la représentante de l’Australie, la résolution des questions relatives à la mise en place d’une capacité de force de déploiement rapide, à la création de mécanismes réguliers de financement, à la gestion post-conflit, aux programmes de consolidation de la paix et à la formation du personnel. 


Outre le Secrétaire général et les quinze membre du Conseil, les représentants des pays suivants ont pris la parole : Canada, Suède (au nom de l'Union européenne et des Etats associés), Japon, Argentine, Algérie, Egypte, Australie, Brésil, Pakistan, Pérou, Croatie, Namibie et Bélarus.


*Ces questions font partie d’une lettre adressée au Secrétaire général par le Représentant de l’Ukraine, paru en document officiel sous la cote S/2001/185.


ASSURER AU CONSEIL DE SECURITE UN ROLE EFFECTIF DANS LE MAINTIEN DE LA PAIX ET DE LA SECURITE INTERNATIONALES, EN PARTICULIER EN AFRIQUE


Déclarations


M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a estimé que le Sommet du Conseil de sécurité a été une occasion unique qui a prouvé, de la manière la plus éloquente, l’engagement des Etats membres du Conseil à faire leur travail plus efficacement.  Rappelant qu’il avait alors prévenu les Etats Membres de la crise de crédibilité que le Conseil traversait, M. Kofi Annan a dit qu’il s’agit aujourd’hui de voir si cette assertion reste valable et si des progrès ont été faits pour surmonter cette crise.  Les résolutions ne peuvent se mettre en œuvre par elles-mêmes a observé M. Annan qui a ajouté qu’en réalité les résolutions ne font pas plus que traduire un vœu ou une aspiration.  Leur impact dépend, en conséquence, des efforts des Etats Membres et du Secrétariat.  Il est vital que les représentants auprès des Nations Unies maintiennent le dialogue avec leur capitale lequel peut stimuler la discussion au sein des capitales sur la manière de traduire les aspirations consacrées dans chaque résolution en changement réel sur le terrain.  Ce dialogue, a souligné M. Kofi Annan, doit commencer avant l’adoption d’une résolution et se poursuivre bien après cette adoption.


Trop souvent, a-t-il regretté, le type de dialogue en cours jusqu’ici n’implique qu’une poignée d’experts.  Seule une implication réelle des Etats Membres au plus haut niveau politique permettra de mobiliser la volonté et les ressources nécessaires à la mise en œuvre des résolutions.  Evoquant la  résolution 1318 adoptée lors du Sommet du Conseil et la résolution 1327 adoptée deux mois plus tard, le Secrétaire général a estimé que ces deux instruments contiennent l’engagement solennel des Etats Membres.  Il a espéré que les représentants présents ici, leurs collègues et les dirigeants politiques dans les pays déploieront tous les efforts nécessaires pour voir ces résolutions traduites en actes concrets.  Vos capitales débattent-elles de la meilleure manière d’honorer les engagements contenus dans ces deux résolutions?  Discutent-elles sérieusement de la manière de mettre en œuvre la résolution 1325 sur les femmes et la paix ou les déclarations adoptées récemment sur le renforcement de la coopération avec les pays contributeurs de troupes et les efforts de consolidation de la paix?  Après avoir posé ces questions  Le Secrétaire général a émis l’espoir que les six prochains mois verront une action vigoureuse pour traduire en actes concrets les engagements pris.


M. MICHEL DUVAL (Canada) s’est félicité que le Conseil ait réagi rapidement au Rapport Brahimi en adoptant sa résolution 1327 (2000), tout en regrettant que, dans le cas particulier de la République démocratique du Congo, le Conseil ne se soit pas acquitté de son obligation d’assurer la protection des civils dans un conflit armé.  Notant  les progrès accomplis concernant la relation tripartite transparence qui doit s’instaurer entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays fournisseurs de contingents, M. Duval a souligné que l’heure est venue de traduire en action les idées exprimées à cet égard.  Il a accueilli avec satisfaction la création d’un groupe de travail du Conseil de sécurité sur le maintien de la paix, tout en précisant que cela ne devrait pas empêcher le Conseil de réagir avec toute la vigueur désirée à ces idées.  Evoquant la proposition présentée par sa délégation au mois de janvier, en faveur d’un “mécanisme de coopération ponctuelle pour chaque opération prescrite par le Conseil de sécurité”, il a fait observer que ce ne sont ni les communications ni les consultations qui étaient en cause, mais bien la coopération et la participation.  Les membres du Conseil de sécurité doivent trouver un moyen pour que les fournisseurs de contingents participent totalement au processus de prises de décisions concernant les opérations mandatées par le Conseil, afin de gagner et de garder leur confiance.  Il s’est dit impatient de connaître les résultats du groupe de travail, notamment les décisions intermédiaires qui sont attendues le mois prochain.


Au sujet de la relation entre le Conseil et les organisations et accords régionaux et sous-régionaux, M. Duval a relevé que si l’on constate des progrès notables du Secrétaire général dans ce domaine au cours des cinq dernières années, il n’en était pas de même pour le Conseil qui est trop souvent absent lors de la négociation des accords de paix.  De l’avis de sa délégation, le Conseil doit trouver un moyen de s’assurer que les parties à tout processus de paix, dans lequel l’action ultérieure de l’ONU peut être un facteur, comprennent bien le point de vue du Conseil sur ce qui est faisable.  De plus, la participation des organisations concernées ne doit pas retarder l’action effective du Conseil, comme cela a souvent été le cas.  Une collaboration effective avec ces organisations ne sera probablement jamais facile, mais la réussite du Conseil pourrait bien déterminer son succès ou son échec, a-t-il conclu.


"L'heure est venue aujourd'hui de se demander si le consensus atteint en septembre dernier lors du Sommet du Conseil s'est traduit en actions concrètes", s'est interrogé d'entrée de jeu M. PIERRE SCHORI (Suède), qui s'exprimait au nom de l'Union européenne, la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie ainsi que de Chypre, Malte et l'Islande.  Si la réponse est positive, les derniers mois ayant vu un certain nombre de progrès dans le renforcement des activités de paix et de sécurité de l'ONU, il reste néanmoins encore beaucoup à faire, a jugé le représentant.  Ainsi, s'agissant d'un conflit déjà à l'ordre du jour il y a six mois et qui y est toujours aujourd’hui à savoir la situation en République démocratique du Congo, le Conseil a récemment répondu avec célérité et flexibilité aux changements intervenus sur le terrain.  Toutefois, pour que le processus ne déraille pas, il faut non seulement que les parties respectent leurs engagements mais aussi que la capacité d'appui des Nations Unies soit renforcée.  Or, sauf à lever les contraintes bien connues qui pèsent sur les opérations de maintien de la paix, l'ONU ne sera pas en mesure de contrôler ni de désamorcer les crises, que ce soit en RDC ou ailleurs.  Le Conseil a également réagi rapidement aux propositions de réformes du Rapport Brahimi.  Toutefois, l'accord sur ces propositions n’est, à ce jour, que partiel.  Aussi l'Union européenne engage-t-elle vivement l'ONU et ses Etats Membres à appliquer le plus rapidement possible l'ensemble des recommandations contenues dans le rapport. 


Si, sans l'engagement véritable des parties à un conflit, l'action de la communauté internationale ne peut être que limitée, il n'en demeure pas moins que le Conseil a également besoin d'adopter une stratégie globale et sur le long terme de prévention des conflits et de consolidation de la paix, a poursuivi M. Schori.  Les mesures prises par le Conseil doivent donc s'attacher aussi à réduire la pauvreté, améliorer la santé, renforcer la démocratie, promouvoir le respect des droits de l'homme et augmenter l'aide humanitaire.  Autant d'éléments qui, de l'avis de l'Union européenne, relèvent directement de la responsabilité du Conseil.  Sur ce point, l'Union attend avec intérêt la parution, en mai prochain, du rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits. 


S'agissant des problèmes particuliers qui frappent l'Afrique, et notamment le trafic illégal et l'accumulation d'armes, le représentant a souhaité que la prochaine Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des petites armes débouche sur des actions promptes et déterminées pour combattre ce fléau.  Il a ajouté que des programmes de désarmement et de démobilisation devraient, chaque fois que cela est possible, être intégrés aux mandats des opérations de maintien de la paix.  La même attitude déterminée devrait  prévaloir à l’égard des violations des régimes de sanctions.  Il est, à cet égard, nécessaire d'examiner rapidement la possibilité d'établir un système mondial de certificats d'origine des diamants bruts.  L'Union européenne appuie également les initiatives du Conseil visant à poser clairement et de façon préalable les objectifs des sanctions et les conditions de leur levée, ainsi que la manière de les compléter par un système de contrôle.  Les tribunaux internationaux constituent un autre instrument essentiel dans la reconstruction après les conflits, a également estimé le représentant, ajoutant qu'il est important que les individus qui ont commis des crimes de guerre, des génocides ou des crimes contre l'humanité soient tenus juridiquement responsables de leurs actes.  C'est pourquoi, l'Union européenne demande à tous les Etats de devenir parties aux Statuts de Rome portant création de la Cour pénale internationale, a-t-il déclaré.  Pour que le Conseil réponde rapidement et de manière appropriée à une crise, il est essentiel qu'il soit correctement informé et pour ce faire, le Secrétariat doit être doté d'une bonne capacité d'information et d'analyse lui permettant de comprendre les causes profondes du conflit en question, a également estimé M. Schori.  Il a ensuite conclu en faisant valoir que si la responsabilité première du maintien de la paix revient effectivement au Conseil de sécurité, il n'en est pas moins indispensable de faire en sorte que les efforts de la communauté internationale soient menés de manière concertée.


M. HIDEAKI KOBAYASHI (Japon) a réaffirmé l’attachement de son pays à la résolution 1318 du Conseil de sécurité dans son ensemble.  Par ce texte, il avait insisté sur la nécessité d’adopter une approche intégrée et globale des conflits.  Une telle approche, a-t-il ajouté, doit prendre en compte non seulement les dimensions politiques et militaires des conflits, mais également économiques et sociales.  Dans cette optique, le Conseil de sécurité doit en particulier s’attacher à faciliter la transition de la phase de prévention des conflits à celle de consolidation de la paix.  Il importe en particulier de s’assurer que l’assistance internationale ne souffre pas de discontinuités qui pourraient réduire à néant les progrès enregistrés lors des étapes précédentes, a souligné le représentant.  M. Kobayashi a par ailleurs souhaité que participent au processus d’établissement de la paix, dès son début, les Etats contributeurs de troupes, les bailleurs de fonds et les institutions telles que la Banque mondiale, le Programme des Nations Unies pour le développement et le Fonds monétaire international. 

M. Kobayashi a en conclusion déclaré que la réforme du Conseil de sécurité reste un objectif prioritaire.  Regrettant que la Déclaration du Sommet du Conseil de sécurité ne mentionne pas cette réforme, il a demandé aux Etats, et notamment eux membres permanents du Conseil, de manifester leur engagement en faveur d’une telle réforme, seule susceptible d’améliorer la légitimité et l’efficacité du Conseil.


M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a jugé positives les décisions prises par le Conseil depuis l’adoption de sa résolution 1318.  Il a néanmoins estimé que l’évaluation entamée aujourd’hui ne peut être complète si elle se fait dans un cadre politique abstrait.  La volonté politique de tous les Etats Membres de prendre une action au moment d’un conflit et le principe de non-indifférence sont des facteurs essentiels de la mise en oeuvre de la résolution 1308 et des décisions subséquentes, a encore estimé le représentant.  Comment traduire concrètement la volonté politique, s’est interrogé le représentant avant de repondre qu’il s’agit surtout de la mise à disposition des ressources nécessaires au financement d’une opération de maintien de la paix, de la fourniture d’une aide logistique ou de la volonté de fournir des contingents.  La volonté politique se traduit aussi, a-t-il poursuivi, par la détermination du Conseil à tenir des consultations substantielles avec les pays fournisseurs de contingents et à rendre plustransparent son processus de prise de décisions sur la création, l’achèvement ou la modification des mandats des opérations de maintien de la paix.


Toutefois, a fait observer le représentant, la volonté politique du Conseil et de la communauté internationale doit être accompagnée par une volonté politique identique des partis au conflit, laquelle se traduirait par le respect des accords de cessez-le-feu, de la liberté de circulation du personnel des Nations Unies et des engagements en matière de désarmement et de démobilisation .  Sur la question de l’intervention humanitaire, le représentant s’est dit en faveur du principe de non-intervention en ce sens qu’il est le fondement des relations entre Etats indépendants.  Il a néanmoins estimé que ce principe doit avoir comme valeur complémentaire le principe de non-indifférence.  Concluant  sur la nécessité pour le Conseil de tirer les enseignements de l’expérience, le représentant a estimé qu’en raison de la diversité des conflits, le Conseil doit compléter les évaluations générales par un examen critique de son travail dans chaque conflit.


M. ABADALLAH  BAALI (Algérie) a commenté la Déclaration contenue dans la résolution 1308 en se réjouissant que le Conseil que l’on a vu, ces dernières années, s’aventurer de plus en plus dans le champ des compétences de l’Assemblée générale et du Conseil économique et social et se saisir de questions dont la relation avec la paix et la sécurité est souvent des plus ténues, ait tenu à réaffirmer que sa responsabilité principale est de maintenir la paix et la sécurité internationales et à souligner qu’il lui appartient de veiller au fonctionnement efficace du système de sécurité collective créé par la Charte.  Le représentant a cependant estimé que ce “rappel salutaire” n’a pas été suivi d’effet puisque les incursions du Conseil dans le domaine réservé d’autres organes de l’ONU se poursuivent.  Il s’est aussi félicité que le Conseil ait cru opportun deréaffirmer son attachement au principe de la souveraineté de tous les Etats qui est d’autant plus cher que certains semblent vouloir le remettre en cause ensoutenant qu’il conviendrait d’abolir toutes les frontières ,“surtout celles du Sud puisque le Nord a choisi de se transformer en forteresse inexpugnable jalouse de sa prospérité, de sa stabilité et de son bien-être”.


Parlant du degré d’implication du Conseil dans  le règlement des conflits africains, M. Baali a expliqué que c’est en partie en raison de la complexité de certaines questions et des hésitations et arrières-pensées de certains membres du Conseil, que cette implication est encore trop tardive, inappropriée ou insuffisamment efficace.  Mais, a-t-il convenu, l’amélioration est perceptible et la volonté politique bien réelle.  Si les dirigeants africains ont fait l’effort d’oeuvrer au règlement des conflits qui secouent le continent, a fait observer

le représentant, le Conseil ne doit pas se considérer comme libéré de ses responsabilités en ce domaine.  Il a plaidé pour un Conseil qui assume pleinement ses responsabilités, qui veille au strict respect de la légalité internationale et à la mise en oeuvre scrupuleuse et loyale des accords de paix et des plans de règlement agréés par les parties à un conflit et en particulier, quand il les a formellement endossés.  Il a plaidé en faveur d’un Conseil qui soit toujours aux côtés de la victime, contre l’agresseur et l’occupant, et qui se montre implacable contre celui qui ne respecte pas ses engagements internationaux et qui opte, par calcul ou en comptant sur l’usure du temps, pour la politique des atermoiements et des tergiversations afin de perpétuer le fait accompli et de se dérober à ses obligations.  Pour ce faire, le représentant a appelé à une réforme globale du Conseil pour lui conférer davantage de légitimité, de représentativité et d’efficacité face aux nouveaux défis.


Avant de conclure, M. Baali a appelé l’attention du Conseil sur l’idée de l’Algérie, de l’Afrique du Sud et du Nigéria, de mettre sur pied un Partenariat pour le Renouveau africain qui participe de la conviction que l’Afrique doit compter sur elle-même pour régler ses problèmes et qu’un partenariat authentique avec les pays développés fondé sur les intérêts mutuels contribuerait au relèvement de l’Afrique.


M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte) a rappelé qu'on a pu voir par le passé le Conseil de sécurité réagir rapidement et de manière décisive à des crises, comme  au Timor oriental ou au Kosovo.  De même, on a pu voir le Conseil faire progressivement preuve de moins d'hésitation pour traiter des crises survenues en Afrique. Ce fut le cas lors de la reprise du Conflit en Sierra Leone en mai 2000, lorsque l'Erythrée et l'Ethiopie ont signé l'accord de paix d'Alger en décembre, ou encore en République démocratique du Congo, alors que le cessez-le-feu menaçait de s'effondrer.  Dans ce contexte, l'Egypte a pu faire preuve d'un certain optimisme face à la volonté affichée du Conseil de traiter des nombreux conflits en Afrique, et a pu espérer que la rapide réponse apportée à la crise en Sierra Leone constituerait désormais la règle et non l'exception dans la manière dont le Conseil agirait en Afrique.  Malheureusement, il faut bien constater que l'écart est encore grand entre les promesses du Conseil concernant l'Afrique et les mesures concrètes prises pour résoudre les conflits sur le continent et pour traiter leurs causes. De fait, la crise à la frontière entre la Guinée, la Sierra Leone et le Libéria menace de se transformer en conflit régional ; la crise continue en Somalie sans avoir à ce jour soulevé au sein du Conseil un intérêt suffisant pour qu’il saisisse l'occasion offerte par la conférence d'Arta, et le problème du Burundi n'a pas reçu l'attention qu'il mérite alors même qu'il constitue un élément fondamental de l'accord général auquel nous aspirons pour la région des Grands Lacs.


Le représentant a également regretté l'approche adoptée par le Conseil de sécurité à l’égard de la crise qui a éclaté au Moyen-Orient le 28 septembre, et ce, d'autant plus que la situation a explosé trois semaines seulement après la tenue du Sommet du Conseil de Sécurité et l'adoption de sa Déclaration. Alors qu'il nous rappelle continuellement la nécessité de respecter les droits de l'homme et les règles de droits ainsi que le devoir de juger ceux qui se rendent coupables de crimes contre l'humanité et de violations du droit humanitaire international, le Conseil a failli à ses responsabilités envers le peuple palestinien sans défense et à son devoir de mettre fin à l'agression flagrante dont il est victime de la part des forces d'occupation israéliennes, a affirmé

M. Aboul Gheit.  Tant que le Conseil ne parviendra pas à résoudre la question de Palestine et ne tiendra pas compte des violations systématiques et graves de la quatrième Convention de Genève par Israël, sa crédibilité continuera de baisser et ses promesses d’accorder la même priorité à toutes les régions du monde resteront vides de sens.


Le représentant a reproché au Conseil de sécurité d'avoir, dans sa résolution 1341 concernant la MONUC, agi en contradiction avec ses intentions  proclamées en matière d'opérations de maintien de la paix, et notamment son engagement d'adopter des mandats crédibles précis et adaptés à la situation sur le terrain.  Au lieu d’être encouragé par les circonstances favorables au processus de paix en République démocratique du Congo, le Conseil a décidé de réduire la composante militaire de l'opération et ses objectifs, tout en entretenant l'espoir que cette décision contribuera à la réalisation de la paix et de la sécurité dans un pays plus vaste que toute l'Europe occidentale sur le territoire duquel combattent les armées de six pays africains, trois groupes rebelles et une myriade de groupes armés.


M. Aboul Gheit a souhaité que le Conseil de sécurité formalise et institutionnalise ses consultations avec les pays contributeurs de troupes, et que ceux-ci soient associés à toutes les étapes de la formulation, de la révision, de l'extension ou de la fin du mandat des missions auxquelles ils contribuent.  Il a regretté que le fossé reste large entre les demandes des pays contributeurs de troupes et la position du Conseil qui semble toujours convaincu que l'objectif du renforcement de telles consultations est, selon les termes de sa résolution 1327, de "favoriser une vision commune de la situation sur le terrain, du mandat de la mission et de son exécution".


Le représentant a rappelé que, dans leur Déclaration, les chefs d'Etat et de gouvernement se sont engagés à renforcer l'efficacité des Nations Unies en traitant des conflits à tous les stades, depuis la prévention jusqu'à la consolidation après les conflits.  De fait, le Conseil semble réaliser de plus en plus que  pour résoudre un conflit, il faut s’attaquer à ses causes profondes et qu’un environnement de pauvreté, de chômage, de stagnation économique et de délitement social n’est pas favorable à la paix.  La coordination de ces activités doit toutefois se faire dans le respect des mandats de chaque organe ou agence.  L'Egypte souhaite que soit relancé le Groupe de travail sur les causes des conflits en Afrique et que le Conseil participe aux travaux de ce groupe important. Enfin, le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité adhère aux dispositions de la Déclaration du Millénaire visant à réduire les effets adverses des sanctions économiques sur les populations innocentes, qu’il adhère également de manière concrète aux dispositions de l'Article 50 de la Charte, relatif aux sanctions, et qu’il les applique sans discrimination ni politisation.


Mme PENNY WENSLEY (Australie) a rappelé que son pays est le sixième plus grand contributeur de personnel aux opérations de maintien de la paix des Nations Unies et qu’il n’a cessé de prouver son engagement continu en la matière.  Se félicitant du Rapport Brahimi sur la réforme des opérations de maintien de la paix, elle a lancé un appel à tous les Etats Membres de l’ONU pour qu’ils résolvent ensemble les problèmes identifiés dans le rapport, en particulier les questions relatives à la mise en place d’une capacité de force de déploiement rapide, à la création de mécanismes réguliers de financement, à la gestion post-conflit, aux programmes de consolidation de la paix et à la formation du

personnel.  Saluant aussi le fait que la résolution 1308 ait souligné la nécessité de traduire en justice les responsables de crimes contre l’humanité, la représentante a estimé que la Cour pénale internationale ne pourra qu’apporter une contribution substantielle au maintien de la paix et de la sécurité internationales.  Attirant l’attention sur la disposition de la résolution relative au trafic des armes légères, Mme Wensley a estimé que la prochaine Conférence des Nations Unies sur ce thème offrira une occasion importante de traiter de cette question par des mesures pratiques et concrètes.  A cet égard, elle a souligné que dans le cadre de l’ANASE, son pays a encouragé l’adoption d’une approche coordonnée, en particulier l’adoption d’une déclaration sur les responsabilités en matière de circulation des armes légères.


M. GELSON FONSECA(Brésil) a considéré que la déclaration adoptée lors du Sommet du Conseil en septembre dernier contient un ensemble complet d'engagements précis et concrets.  Malgré un certain nombre de progrès véritables vers la réalisation de ces engagements, des efforts supplémentaires sont nécessaires.  En théorie, on sait parfaitement ce qu'il convient de faire pour améliorer l'efficacité du Conseil, a fait remarquer ensuite le représentant.  Le Conseil doit, par exemple, avoir une bonne capacité de prévention des conflits, réagir rapidement lorsqu'un conflit éclate ou encore consolider efficacement et de manière durable la paix.  Pourquoi alors dans la pratique ne parvient-on pas à atteindre ces résultats, s'est interrogé le représentant.  Cette incapacité découle-t-elle d'un manque de moyens, d'un manque de volonté politique ou tout simplement d'un manque d'idées ?  Aux yeux du Brésil, la réponse à cette question est en fait une combinaison de tous ces points, ce qui exige encore plus une volonté renouvelée de relever les défis.  Ce volontarisme est d'autant plus indispensable que le fossé s'accroît entre les demandes qui parviennent au Conseil et sa capacité d'y satisfaire.


Dans ce contexte, le Rapport Brahimi sur les opérations de paix des Nations Unies apparaît comme un outil de grande valeur et le représentant a regretté que son examen ait, jusqu'à présent fait l'objet d'une certaine confusion.  Selon lui, en effet, les recommandations du Rapport Brahimi ne visent nullement à donner un certain niveau d'autonomie au Secrétariat pour contourner en quelque sorte l'autorité du Conseil, mais plutôt précisément à accroître sa capacité de servir le Conseil.  Pour cela, les mandats que le Conseil adoptent doivent être clairs et précis.  Pour cela aussi et avant tout, il faut avoir les moyens appropriés de l'application de ces mandats.  A cet égard, le représentant a considéré que les membres du Conseil devraient être les premiers à assurer les moyens financiers et matériels pour les opérations qu'ils décident. 


Un autre instrument fondamental pour l'efficacité véritable du Conseil est la prévention des conflit, a expliqué ensuite M. Fonseca.  Or il s'agit de l'une des tâches les plus complexes et compliquées qui soient.  Dans ce domaine, il n'y a pas de recettes miracles, dans certains cas il faut mener les efforts de manière haute et forte et dans d'autres il faut être plus discret.  Le troisième point essentiel est la consolidation de la paix et la reconstruction après les conflits.  Il s'agit là d'une tâche gigantesque qui va bien au-delà des responsabilités seules du Conseil de sécurité et requiert une bonne coordination.  Malheureusement, là aussi, les résultats du Conseil sont mitigés.  Aucun résultat tangible et durable n'a par exemple été obtenu en Haïti, a regretté le représentant, qui a estimé que ces efforts de consolidation de la paix doivent


entre autres garantir que les mécanismes institutionnels fondamentaux sont en place dans le pays considéré.  C'est dans ce domaine que la participation de l'Assemblée générale et de l'ECOSOC est essentielle, a-t-il insisté.  Pour le Brésil, le dernier point à considérer lorsque l'on se penche sur le rôle et l'efficacité du Conseil est la réforme et la composition même de cet organe.  Or pour l'instant, cette question s'est révélée une grande source de frustration.  Le groupe de travail sur ce point planche depuis plus de 8 ans et n'est toujours pas parvenu à un résultat.  Or, il est indispensable que le Conseil soit plus transparent, plus démocratique, plus représentatif et plus responsable.  C'est pourquoi, le représentant a déploré que la question de la réforme et de la composition du Conseil soit demeurée absente de la déclaration 1318, adoptée en septembre 2000 à l'issue du Sommet des chefs d'Etat.


M. MASOOD KHALID (Pakistan), tout en reconnaissant l'importance du débat qui se tient aujourd'hui, a exprimé ses vives objections aux éléments contenus dans l'appendice du document de travail soumis par la délégation de l'Ukraine.  Ce document contient en effet les points de vue de certains Etats Membres à titre individuel et ne reflète aucunement l'opinion générale.  Ils ne recueillent de consensus ni au sein de l'Assemblée générale, ni même au sein du Conseil de sécurité.  En outre, ils n'apportent aucune contribution constructive aux importantes questions soulevées aujourd'hui et risquent de détourner l'attention des problèmes principaux qu'il faut régler.  Le représentant a ajouté que le Conseil de sécurité n'est pas un "club de débats" et que sa fonction et son attention premières doivent porter essentiellement sur le maintien de la paix et de la sécurité internationales. 


Ainsi que le pose clairement la Charte des Nations Unies, la paix constitue le domaine primordial des responsabilités du Conseil, a poursuivi M. Khalid.  Celles-ci incluent la prévention des conflits, le règlement des différends, ainsi que le rétablissement, le maintien et la construction de la paix.  Ce sont les piliers sur lesquels repose le travail du Conseil et les ignorer revient à affaiblir considérablement sa position et son efficacité.  Ce qui affaiblit également le Conseil, c'est le fait que ses résolutions ne sont pas pleinement appliquées, que l'on s'attaque davantage aux symptômes qu'aux causes profondes des conflits, que la paix et la sécurité internationales sont les otages de certains intérêts nationaux, et que trop souvent on préfère, de manière irréaliste, tenter de régler les différends au niveau bilatéral ou régional.  Autant d'obligations que, aux yeux de la délégation pakistanaise, le Conseil a clairement négligé.  C'est pourquoi, la communauté internationale continue de subir le fardeau de certains "conflits oubliés", qui sont la preuve du travail inachevé du Conseil.  Le conflit du Jammu-et-Cashmire illustre l'un des différends les plus anciens à l'ordre du jour du Conseil qui, pourtant, n'a pas examiné la question depuis le début des années 50, a fait observer le représentant, avant d'ajouter qu'en dépit de deux guerres et de dizaines de milliers de morts, le Conseil a choisi d'ignorer ce conflit au mépris de ses obligations.


Le Pakistan se félicite toutefois des efforts déployés ces dernières années pour augmenter l'interactivité entre le Conseil et les Etats non membres.  Un certain nombre d'initiatives positives ont été prises, notamment pour ce qui est de la coopération avec les Etats contributeurs de troupes.  Cependant, il faut encore accroître l'accessibilité et la transparence du Conseil.  Pour réduire le fossé entre les obligations de cet organe et ses résultats, il ne faut pas tenir


des débats irréalistes mais plutôt mobiliser une réelle volonté politique et parvenir à une véritable action concertée.  Il est inacceptable en effet que dans de nombreux cas, l'absence de volonté politique devienne elle-même un mode de décision et que l'inaction se transforme en seule réponse apportée aux problèmes, a affirmé M. Khalid.  Selon lui, si le Conseil a besoin d'une réforme, c'est avant tout sur cette pratique alarmante qu'elle doit porter.  Il faut pour cela améliorer le caractère participatif de l'Organisation en respectant le principe de l'égalité souveraine des Etats.  IL faut aussi tirer les enseignements des expériences passées et non répéter les erreurs.  C'est le droit de veto qui demeure le principal obstacle à un Conseil de sécurité démocratique, a estimé le représentant, ajoutant que cet outil n'est pas seulement obsolète mais contraire à l'évolution contemporaine, ainsi que le démontre la vague d'applaudissements reçue par le Président du Venezuela, en septembre dernier au Sommet du millénaire, lorsqu'à la tribune de l'Assemblée générale il a appelé à la suppression du droit de veto. 


M. MANUEL PICASSO (Pérou) s’est dit préoccupé par le fait que les nouveaux principes du système de sécurité collective de l’ONU qui comprennent notamment la redéfinition du contenu, de la portée et du mandat des opérations de maintien de la paix et l’élargissement du concept de causes des conflits, aient été le fruit d’un processus de réflexion mené exclusivement par le Conseil.  Le représentant a ainsi émis des doutes sur le droit du Conseil d’examiner des questions qui relèvent de la compétence d’autres organes de l’ONU.  Il a fait remarquer qu’en ce qui concerne de nombreux aspects de la question de la paix et de la sécurité, aucun consensus clair n’a pu être dégagé.  Le consensus est nécessaire en la matière, a souligné M. Picasso, arguant à cet égard, qu’à l’exception de l’Assemblée générale, il n’existe aucun autre organe capable de générer ce consensus.  Il a donc invité le Conseil à réfléchir de manière plus approfondie au rôle que l’Assemblée peut jouer dans le renforcement de son propre rôle, en particulier lorsqu’il s’agit de l’élaboration  de stratégies pour le règlement des causes des conflits, y compris la pauvreté et le sous-développement.  Invoquant les articles 10, 11 et 14 de la Charte de l’ONU, le représentant a précisé que l’Assemblée a toute latitude pour participer réellement à la création du nouveau système de sécurité collective.  Ceci est d’autant plus vrai que de nombreux sujets attendent toujours une définition claire comme c’est le cas pour l’action préventive, et pour les nombreux aspects liés à la consolidation de la paix et aux opérations de maintien de la paix en tant que telles.  Seule une bonne qualité de dialogue et de coopération entre le Conseil et l’Assemblée permettra de trouver les réponses aux questions soulevées dans le document de travail soumis par la présidence.


M. IVAN SIMONOVIC (Croatie) s’est félicité de ce que le Sommet du Conseil de sécurité, au-delà de sa portée en tant qu’événement symbolique, ait contribué à bâtir une vision commune de ce que doit être le rôle du Conseil de sécurité dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde.  Par les débats et les actions qu’il a suscitées, ce Sommet a renforcé la conviction du caractère irremplaçable des Nations Unies dans la maintien de la paix.  Cependant, afin d’agir à temps et de manière appropriée sur les causes des conflits, les actions du Conseil nécessitent une volonté politique, une confiance mutuelle et des compétences administratives, a expliqué le représentant.  Il a également souhaité que l’Afrique bénéficie d’une attention particulière du Conseil de sécurité, du système des Nations Unies dans son ensemble et des organisations régionales,


soulignant que face à l’étendue de la pauvreté et de la propagation des maladies infectieuses, il est plus que jamais nécessaire de faire converger les objectifs de paix et de développement.  Investir dans la paix signifie également investir dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’environnement, des droits de l’homme, ainsi que de la bonne gouvernance, a affirmé M. Simonovic.  Il a demandé que le Conseil de sécurité, en tant que défenseur et garant de la paix, fasse usage de sa visibilité et de son prestige pour inciter les autres institutions des Nations Unies à renforcer leur engagement en faveur du développement.  En conclusion, il a appelé de ses voeux à une coopération plus étroite entre le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social.


M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a expliqué qu’en Afrique, les causes des conflits restent la pauvreté et le sous-développement et appelé le Conseil à renforcer sa coopération avec les organisations régionales et sous-régionales qui, capables d’une meilleure appréhension de la réalité sur le terrain, sont plus susceptibles de trouver des réponses intégrées aux différents aspects des conflits qu’il s’agisse du rétablissement de la paix ou de la sécurité ou encore du développement durable.  Dénonçant, par ailleurs, le manque de volonté politique dont fait parfois preuve le Conseil de sécurité, le représentant a estimé qu’en République démocratique du Congo (RDC), des progrès auraient pu être accomplis plus tôt si le Conseil n’avait pas opté pour une politique attentiste.  S’il s’est félicité de l’adoption de la résolution 1341 sur la RDC, M. Andjaba  a néanmoins regretté le caractère minimaliste de la réaction du Conseil , en dépit des “excellentes conditions de paix”.  Il s’est demandé, dans ce cadre, si le nombre agréé de personnel militaire suffira dans un pays de la taille de la RDC et dans un conflit aux données complexes.  Le représentant s’est en revanche félicité des décisions du Conseil concernant l’Angola avant de se faire l’écho d’une autre critique souvent émise sur l’approche sélective du Conseil à l’égard de certains conflits.  Malheureusement, a admis M. Andjaba, la tragédie des territoires palestiniens occupés plaide dans ce sens.  Il a notamment appelé à la  création d’une force de protection des Nations Unies pour les civils palestiniens.  Soulevant aussi la question du Sahara occidental, le représentant a appelé le Conseil à la vigilance en lui demandant de rejeter toute tentative de compromettre la mise en oeuvre du plan de règlement des Nations Unies.  Le Conseil, a conclu

M. Andjaba, doit être à tout moment prêt à répondre aux défis actuels qui, au premier abord, ne menaceraient pas directement la paix et la sécurité internationales.  Pour ce faire, a-t-il estimé, il est impératif que le Conseil procède à une reforme qui tienne compte de la volonté de la majorité des Etats Membres afin de renforcer son rôle, préserver son autorité et améliorer son efficacité.


M. O. LAPTENOK (Bélarus) a rappelé que sa délégation estime depuis longtemps qu'il faut que le Conseil tienne plus souvent des réunions et sommets de haut niveau afin que les décisions qu'il prend aient bien l'universalité nécessaire à une bonne mise en oeuvre.  En dépit de plusieurs changements positifs intervenus récemment, l'Afrique continue malheureusement de retenir l'attention première du Conseil.  Pour venir en aide à ce continent, c'est l'efficacité de la mobilisation de la volonté politique et des ressources qui doit prévaloir aux décisions du Conseil.  De son côté, le Bélarus, pays membre du Mouvement des non-alignés, dispose d'un potentiel non encore exploité dans le cadre des opérations de maintien de la paix.  Le représentant a précisé qu'une base de participation du personnel militaire de son pays aux opérations est en train d'être créée. 


A la lumière des derniers événements survenus à la frontière entre l’ex-République yougoslave de Macédoine et la République fédérale de Yougoslavie,

M. Laptenok s’est demandé si le Conseil ne reste pas, une nouvelle fois, à l'écart de quelque chose d’important n'est pas superflue..  Il a aussi expliqué que son pays accorde une importance particulière au désarmement, notamment régional et nucléaire; une question que le Conseil devrait évaluer à sa juste valeur.  Le Conseil doit continuer de s'intéresser tout particulièrement aux causes profondes des conflits, à la prévention des violences, à l'établissement de mécanismes assurant l'efficacité des mesures de contrainte et surtout à l'approfondissement de son interaction avec l'Assemblée générale et l'ECOSOC.


La Déclaration du millénaire, le développement du dialogue entre les civilisations, la poursuite de la réforme de l'ONU, la reconnaissance du rôle des forums régionaux en matière de paix et de sécurité, la discussion engagée grâce au Rapport Brahimi sur les nouvelles conceptions des opérations de maintien de la paix, ainsi que la réflexion de fond sur les régimes de sanctions entamée récemment sont autant d'éléments qui, de l'avis du Bélarus, peuvent contribuer au renforcement de l'efficacité du Conseil.  Malheureusement de nombreuses contradictions continuent de compliquer la prise de décision au sein de cet organe.  La question principale reste, à ce titre, de savoir, si le Conseil doit avoir le dernier mot.  L'expérience dans la région des Balkans est sur ce point lourde d'enseignements, a estimé le représentant.  Il a ensuite fait remarquer qu'il y a encore beaucoup de questions non réglées à l'ordre du jour du Conseil, comme par exemple la Palestine.  C'est pourquoi, il convient de se demander comment l'on peut faire en sorte que les décisions du Conseil ne demeurent pas des injonctions sur papier.  Pour cela, le Bélarus pense qu'il faut en appeler à tous les Etats, quelle que soit leur taille.  Il est important que comprendre que tous les pays peuvent apporter une contribution au maintien de la paix, a insisté M. Laptenok, avant de plaider en faveur d'un perfectionnement des méthodes de travail du Conseil et d'un élargissement du nombre de ses membres.  


M. MOCTAR OUANE (Mali) a insisté particulièrement sur deux des six questions soulevées par le document de travail de l'Ukraine, à savoir  la nécessité de renforcer la communication et la coopération entre les Nations Unies - et notamment le Conseil de sécurité -, et les organisations régionales.  M. Ouane s'est, à cet égard, réjoui des réunions récentes du Conseil avec le Comité de médiation de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ainsi qu'avec le Comité politique de l'Accord de Lusaka pour examiner respectivement la situation dans la région ouest-africaine et dans celle des Grands Lacs.  Les résolutions qui ont suivi ces réunions font, de l'avis du Mali, figure de véritable test pour le Conseil.  Il est indispensable que le Conseil soutienne pleinement les efforts régionaux de prévention des conflits, de règlement des conflits et de reconstruction.  Il est essentiel par exemple d'agir rapidement en vue de la mise en oeuvre des accords de paix conclus sous l'égide de l'Organisation de l’unité africaine (OUA) et des organisations sous-régionales, notamment en veillant à fournir l'assistance logistique et financière nécessaire. 


La délégation malienne considère en outre que le Conseil doit continuer d'accorder une importance égale à toutes les situations portant atteinte à la paix et à la sécurité internationales, et ce ,dans toutes les régions du monde.  Il devrait ainsi agir avec la même détermination et la même rapidité dès qu'il s'agit d'une situation qui menace la paix et la sécurité internationales.  La Charte des Nations Unies dans ce domaine ne prévoit pas une catégorisation ni un ordre de priorité, a fait remarquer M. Ouane, avant de conclure que seule une approche globale et cohérente pourra permettre de donner un impact large et durable au rôle du Conseil dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité, en particulier en Afrique, et ce en assurant à tous une vie meilleure dans une plus grande liberté.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a estimé que si, ces dernières années, le Conseil a enregistré certains succès dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales, il reste néanmoins beaucoup plus à faire. Les erreurs continuent.  Alors qu’il a déployé près de 45 000 soldats de la paix au Kosovo, le Conseil n’envisage qu’une mission de 3 000 soldats dans un pays de la taille de la République démocratique du Congo.  Dans de nombreux cas, le Conseil s’est révélé incapable d’agir.  Les exemples du Rwanda et de Srebrenica rendent difficiles la tâche consistant à comprendre l’ambivalence du Conseil dans des situations comme la Guinée ou le Burundi.  La plus grande ironie est qu’après toutes les déclarations présidentielles, le Conseil n’agit toujours pas rapidement lorsque des civils se trouvent dans une situation dangereuse.  Ses actions sont trop souvent prises sur une base individuelle, en raison notamment à l’absence de principes d’intervention.  La crise de crédibilité que traverse le Conseil vient de là, a souligné le représentant en appelant à la renaissance de la volonté commune par laquelle les grandes puissances doivent assurer le rôle de chef de file.  Cette volonté commune existe au Timor oriental et au Kosovo, mais dans d’autres domaines, le Conseil n’a pas agi d’une manière aussi efficace, a regretté M. Mahbubani.  La Charte des Nations Unies, a-t-il dit, donne des pouvoirs et des responsabilités au Conseil.  Il est temps d’élaborer une vision commune, car pour des petits Etats comme Singapour, il faut un Conseil fort et non faible, et le seul moyen de créer un tel Conseil est de tenir des discussions franches et ouvertes.  La force du Conseil dépendra de ses relations avec le reste de la communauté internationale.  Il faut espérer qu’un débat comme celui-ci contribue à réduire le manque de connexion, a conclu le représentant.


M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) s'est, tout d'abord, félicité d'avoir pu entendre ce matin le jugement que les Etats non membres du Conseil portent sur le travail des 15 membres.  Revenant en premier lieu sur l'effectivité des résolutions adoptées par cet organe, et sur laquelle de nombreux participants se sont exprimés, il a estimé que le message des résolutions du Conseil se s'adresse pas seulement à ses 15 membres, mais, par définition, à l'ensemble de la communauté internationale.  Tous les Etats ont en effet le devoir de mettre en oeuvre ces résolutions, a-t-il insisté, en mettant plus particulièrement l'accent sur la responsabilité des parties à un conflit.  M. Levitte s'est ensuite dit convaincu de la volonté des membres du Conseil de coopérer toujours plus avec les organisations régionales et sous-régionales.  Il en a pris pour preuve la réunion tenue hier pour la première fois avec le Secrétaire général de l'OTAN.  La concertation existe, le problème est de la mettre en oeuvre de manière satisfaisante, a-t-il expliqué.  Sur ce point, le Conseil doit faire face à plusieurs difficultés.  La première a trait au fait que les organisations


régionales ou sous-régionales, n'associent pas toujours très tôt le Conseil de sécurité à leurs efforts de paix.  Lorsqu'elles se tournent ensuite vers lui pour lui confier un mandat, on se trouve dans une situation très difficile voire impossible, avec des tâches que le Conseil n'a pas l'intention, la vocation ou les moyens d'assumer, comme par exemple le désarmement des forces Interhamwe.  Il est donc nécessaire d'avoir un dialogue et une coopération très en amont, a souligné M. Levitte.  S'agissant de distinguer ce qui est de la responsabilité du Conseil et ce qui relève des organisations régionales, le représentant a estimé que la résolution adoptée ce matin sur le Libéria montre qu'un consensus est possible, non seulement au sein du Conseil mais aussi de la CEDEAO.


Répondant aux reproches de pusillanimité qui ont pu être faits au Conseil, M. Levitte a déclaré que la question qu'il convient de poser consiste à savoir ce que l'on veut faire exactement.  A l'inverse, poser la question comme vient de le faire le représentant de Singapour et comparer simplement les chiffres d'une opération à l'autre, reviendrait à se demander si le Conseil est prêt à envoyer 500 000 hommes en République démocratique du Congo.  Il faut donc clairement exprimer les buts recherchés par le Conseil.  Ainsi au Kosovo, l'objectif était d'imposer la paix avec les moyens nécessaires pour le faire, alors qu'en RDC, il s'agit d'accompagner la volonté de faire la paix exprimées par les parties elles-mêmes et de surveiller leur désengagement.  Il s'agit aussi de déterminer de manière réaliste le nombre d'hommes que le Conseil est capable de rassembler, a fait remarquer le représentant.  Le mandat que le Conseil a donné à la MONUC n'est donc pas d'imposer la paix, a-t-il répété, ajoutant que le Conseil n'en a pas les moyens, mais de surveiller la mise en oeuvre de l'accord que les parties au conflit ont signé.  Une fois cela bien compris,  alors oui le Conseil a bien donné à la MONUC les moyens d'accompagner et de vérifier cette dynamique de paix.  Lorsque le désengagement aura été réalisé, une deuxième étape pourra prendre place et le mandat de la MONUC être revu.  C'est ce que la mission qui se rendra sur place en mai prochain examinera, a précisé le représentant, avant d'expliquer que dans un cas comme la RDC, les parties en conflit scellent en quelque sorte un pacte avec le Conseil de sécurité.  Lorsque celui-ci est rompu, le Conseil doit se donner les moyens de réagir, comme il l’a fait ce matin concernant le Libéria. 


Ceci a amené M. Levitte à considérer la question des sanctions, pour lesquelles la France a parfois des réserves.  Il a estimé néanmoins que ces derniers mois, on a assisté à des progrès véritables, les sanctions étant de plus en plus ciblées et les critères conditionnant leur levée étant de plus en plus clairs et vérifiables.  M. Levitte s'est aussi réjoui de voir que le Conseil se soucie de plus en plus de l'impact humanitaire des sanctions sur la population.  En outre, les sanctions ont de plus en plus une durée limitée, ce qui n'est pas un signe de faiblesse, mais un progrès forçant le Conseil à faire régulièrement le point sur l'efficacité des régimes de sanctions mis en place.  Enfin, la France se félicite du caractère plus incitatif que punitif que prennent désormais les sanctions, l'objectif étant ainsi d'amener ceux qui sont visés à corriger leur comportement.  C’est dans ce contexte que la France estime que le Conseil a besoin d'un mécanisme de surveillance permanent.  En réponse à l'intervenant précédent, M. Levitte a donc souligné que s'il y a encore beaucoup de chemin à faire, des progrès considérables ont déjà été réalisés.


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a estimé qu’en ce qui concerne l’amélioration de son rôle dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil a pris des mesures importantes qui méritent d’être suivies par des actions concrètes.  Ainsi en ce qui concerne le Rapport Brahimi sur la réforme des opérations de maintien de la paix, la représentant a estimé que la doctrine des opérations de maintien de la paix consacrée dans la résolution 1327 doit maintenant être accompagnée par des changements institutionnels.  Le Conseil doit, à cet égard, établir les modalités et créer les mécanismes appropriés.  S’agissant de la question des stratégies de sortie en matière d’opérations de maintien de la paix, il est important, a dit la représentante, que le Conseil réfléchisse au mieux à la manière d’éviter les erreurs du passé.  Elle a aussi souligné que le débat que le Conseil a tenu avec les pays fournisseurs de contingents a conduit à la création d’un Groupe de travail permanent sur les questions génériques liées aux opérations de maintien de la paix et en particulier, sur les recommandations des pays contributeurs de troupes.


Grâce à ses travaux, le Conseil a réalisé que la consolidation de la paix est un élément indispensable et important de la prévention des conflits, a poursuivi Mme Durrant avant de souligner, que le Conseil s’est impliqué davantage dans la recherche de solutions aux conflits spécifiques, notamment en Afrique.  Terminant sur la question des sanctions, la représentante a déclaré que le Conseil a entrepris une évaluation critique de la question et qu’un certain nombre de domaines qui ont fait l’objet d’un consensus ont déjà été reflétés dans les régimes des sanctions adoptés récemment.  Au cours de cette année, le Conseil et l’Assemblée générale seront saisis du rapport du Secrétaire général sur la prévention des conflits, et ce sera l’occasion d’institutionnaliser les mesures de prévention des conflits propres à assurer un développement économique durable.


M. WANG YINGFAN (Chine) a jugé important que, dans l’évaluation et la poursuite de son travail, le Conseil tienne compte des points de vue de tous les Etats Membres de l’ONU.  Enumérant les décisions du Conseil allant dans le sens de l’amélioration de son action,  le représentant a admis que, dans un certain nombre de domaines comme la situation en Palestine, les efforts du Conseil n’ont pas toujours donné de résultats.  En tant que membre permanent du Conseil, a fait observer le représentant, la Chine a toujours accordé beaucoup d’importance au maintien de la paix et de la sécurité internationales en mettant l’accent sur la priorité à accorder à l’Afrique.  En matière de règlement des conflits, a-t-il dit, il est important que le Conseil discute avec les parties d’une solution acceptable.  Le représentant a poursuivi en indiquant que son pays était disposé à participer davantage aux opérations de maintien de la paix de l’ONU.  A propos des méthodes de travail du Conseil, il a souhaité, en conclusion, que son ordre du jour ne soit pas submergé de questions relevant de la compétence d’autres institutions de l’ONU.


M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a fait remarquer que, sous la pression de toutes les requêtes qui sont formulées auprès de lui, le Conseil de sécurité a progressivement modifié sa façon d'agir.  Un changement que le représentant a souhaité voir s'accélérer.  Répondant à l'une des questions posées dans le document de travail soumis par l'Ukraine, il a estimé qu'il ne fait aucun doute que l'Afrique n'obtient pas encore une attention aussi efficace qu'elle le mérite.  Toutefois, depuis quelques temps, les caractéristiques particulières des conflits africains sont adressées de manière plus directe, comme par exemple pour ce qui concerne la Sierra Leone, la République démocratique du Congo ou l'Angola. 


Mais ce qui est plus important encore, c'est que les pays africains eux-mêmes commencent à prendre des mesures concrètes adaptées aux circonstances particulières qui ont privé ce continent du développement durable.  Un nouveau partenariat est ainsi en train de se créer non seulement entre Africains mais aussi entre l'Afrique et le reste du monde.  L'ONU doit tirer parti de cette évolution, non seulement dans son approche du financement du développement, mais également du maintien de la paix.  Il est tout aussi évident que le Conseil n'accorde pas la même importance à tous les conflits et toutes les situations de crise, a poursuivi M. Greenstock.  Il ne dispose pas pour cela de "baguette magique" et doit, par conséquent, axer les efforts qui exigent son intervention.  En outre, il ne faut pas confondre les décisions de politique générale et celles prises au titre du droit international.  Le maintien de la paix et de la sécurité internationales n'est pas une obligation au regard du droit international, mais simplement la description d'une fonction, qui s'avère être celle du Conseil, a fait valoir le représentant.


Cela étant dit, M. Greenstock a estimé que le Conseil se montre de plus en plus "professionnel" dans son approche de la gestion des conflits.  L'ensemble des opérations de maintien de la paix est à l'examen et il y a beaucoup à faire, à l'échelle de tout le système des Nations Unies, pour mettre en oeuvre dans sa totalité le Rapport Brahimi.  Les Etats Membres doivent, par exemple, être en mesure d’examiner avec efficacité le rapport que le Département des opérations de maintien de la paix présentera en mai prochain.  Il s'agit là d'un des thèmes les plus importants pour le Conseil au cours de cette année 2001, a insisté

M. Greenstock.  Il a précisé que dans le cadre du Rapport Brahimi, c'est la stratégie que l'ONU adopte en matière de prévention des conflits qui doit recueillir le plus l'attention, l'Organisation n'étant, jusqu'à présent, pas parvenue à trouver un moyen efficace de prévention.  Le rapport du Secrétaire général sur la question, à paraître en mai prochain, constituera à cet égard une étape importante, a-t-il estimé.  Le Conseil de sécurité a d'ores et déjà reconnu qu'il est nécessaire d'améliorer la coordination avec tous les autres éléments du système des Nations Unies, sans toutefois avoir pu prendre de mesures concrètes dans ce sens.  Or, il est grand temps de le faire et c'est pourquoi, lorsqu'il assumera la présidence du Conseil le mois prochain, le Royaume-Uni organisera une réunion entre les membres du Conseil, le Bureau de l'ECOSOC et les autres acteurs importants du système des Nations Unies en matière de gestion des conflits.  Le Conseil, s'il n'est pas en mesure de dicter une stratégie internationale de lutte contre les causes profondes des conflits, peut pour le moins collaborer avec les autres acteurs de la communauté internationale, et notamment avec les régions touchées, afin de développer un partenariat efficace visant l'élimination de ces causes profondes.  Il est donc plus que temps d'établir une relation de travail constante et productive entre le Conseil de sécurité et des organisations, comme l’OUA, et pour cela il n’est nul besoin de créer des cadres institutionnels supplémentaires, mais plutôt une attitude positive des deux côtés, a estimé

M. Greenstock.


Faisant écho à la déclaration du Secrétaire général, qui demandait ce matin aux représentants ce que leur capitale faisait concrètement pour améliorer l'efficacité du Conseil, M. Greenstock a indiqué qu'il avait reçu instruction directe de son Premier Ministre d'agir afin que la déclaration 1318 devienne réellement une pierre angulaire.


M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a estimé que la réalisation de progrès dans l’exécution des résolutions 1308 et 1327 est essentielle afin de procéder aux changements supplémentaires dans l’action du Conseil de sécurité.  Il a proposé la poursuite d’une réflexion sur les recommandations avancées lors du débat avec les pays fournisseurs de contingents avant de soulever la question de la coopération entre le Conseil et les organisations régionales.  Il s’agit là, a-t-il dit, de l’une des orientations les plus prometteuses pour les activités concrètes de maintien de la paix.  Le représentant a ensuite relevé les critiques concernant l’approche sélective du Conseil face aux conflits.  Il a tenu à souligner que la KFOR au Kosovo n’est pas une opération des Nations Unies mais le fruit de la coopération des pays de la région qui, certes, agissent en vertu d’un mandat du Conseil, mais sans l’appui financier de l’ONU.  Ceci, a-t-il précisé, n’est pas le cas  des efforts déployés en République démocratique du Congo pour accroître la taille de la MONUC.  Concernant l’absence d’actions du Conseil de sécurité en Afrique, le représentant a rappelé que ce continent continue d’abriter le plus grand nombre de missions décidées par le Conseil.  Il n’a pas pour autant rejeté toute idée d’approche sélective de la part de certains membres du Conseil. Cette approche est évidente en ce qui concerne l’Iraq, a fait observer M. Lavrov. 


L’impasse a été créée par des actions unilatérales prises contre ce pays sans fondement juridique.  Pour le représentant, il faudra examiner le problème de l’Iraq de façon globale et transparente pour que tous les membres des Nations Unies puissent réfléchir aux moyens de surmonter cette impasse grave. Poursuivant, M. Lavrov n’a pas caché son scepticisme quant à la nécessité d’établir des critères ou des principes d’intervention qui permettraient de résoudre tous les problèmes.  Terminant sur l’interaction entre le Conseil de sécurité et les autres organisations du système des Nations Unies, il a reproché au Conseil de débattre de questions examinées par l’Assemblée générale ou le Conseil économique et social.  Cette interaction, a-t-il dit, si elle est indispensable doit toutefois se fonder sur des méthodes de travail concrètes et ne pas conduire à des débats publics au sein du Conseil.  Le représentant a évoqué en outre la question des méthodes de travail du Conseil, en soulignant l’amélioration des relations entre le Conseil et les pays fournisseurs de contingents et les efforts accomplispour améliorer les activités en matière de prévention des conflits et de consolidation de la paix et ce, en coordination avec d’autres instances des Nations Unies afin d’éviter les double-emplois.


Pour M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie), les interventions de ce matin ont clairement montré que des progrès ont été réalisés mais que la demande est encore très forte pour que le Conseil adopte des mesures plus énergiques, notamment en ce qui concerne le commerce illicite des petites armes ou pour faire en sorte que les résolutions soient mieux connues, plus suivies et que leurs effets soient mieux pris en compte.  Or, un bon nombre de ces mesures demande du temps et les membres non permanents  doivent être disposés à assumer leur responsabilité, a prévenu le représentant.  De son côté, le Conseil doit être plus transparent et accepter la participation de tous.  L'un des domaines ignoré par la Déclaration de septembre 2000 est, de son point de vue, la question des sanctions.  Celles-ci, de l'avis de la Colombie, sont une alternative au recours à la force mais elles ne doivent pas être perçues comme un instrument de punition permettant d'arracher des concessions politiques.  Les débats récents sur les aspects humanitaires des sanctions reflètent la profonde préoccupation qui existe dans la communauté internationale et à laquelle le Conseil de sécurité doit répondre, a souligné M. Valdivieso. 


L'autre point important pour la Colombie est la question de la compétence du Conseil en manière de maintien de la paix et de la sécurité internationales.  La Colombie croit fermement en cette attribution particulière du Conseil, a-t-il fait remarquer.  Toutefois, et sans que des critères clairs aient été établis à cette fin, le Conseil continue d'étendre la portée du concept de "menace à la paix et à la sécurité internationales" pour s'arroger une compétence dans un certain nombre de domaines, privant, ce faisant, les pays qui ne sont pas membres du Conseil de la possibilité de participer aux négociations et soustrayant du champ d’intervention de l'Assemblée générale et d'autres institutions du système des questions qui sont pourtant naturellement de leur compétence.  Malheureusement, en voulant agir dans des domaines où il n'a pas nécessairement d'avantage comparatif, le Conseil met en péril sa propre efficacité et sa capacité à obtenir des résultats concrets, a déploré le représentant.


L'attention que porte le Conseil à l’Afrique est bien compréhensible, et ce continent la mérite, a poursuivi ensuite M. Valdivieso.  Toutefois, il a estimé qu'il gagnerait en efficacité s'il développait une coopération plus étroite avec les organisations régionales et sous-régionales du continent.  De plus, la situation particulièrement complexe des conflits africains exige une stratégie intégrant les aspects aussi bien politiques, qu'économiques, sociaux et humanitaires et requiert donc une réponse non seulement du Conseil mais de l'ensemble du système des Nations Unies.  En conclusion, le représentant a rappelé qu'il apparaît clairement que tous les Membres des Nations Unies suivent avec grande attention les actions du Conseil dont ils attendent par ailleurs beaucoup.  Il a estimé qu'une meilleure coopération n'est pas seulement nécessaire entre ceux-ci et le Conseil mais aussi entre les membres mêmes du Conseil.


M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) s’est félicité des progrès enregistrés depuis l’adoption de la résolution 1308, il y a six mois.  Depuis lors, a-t-il notamment indiqué, le Conseil s’est employé à donner des mandats clairs, précis et réalistes aux missions comme le montre celui de la Mission d’observation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC).  Des efforts ont, en outre, été accomplis pour renforcer la coopération du Conseil  avec les pays fournisseurs de contingents comme l’atteste la qualité des relations avec les contributeurs de la Mission des Nations Unies en Sierra Leone.  Pour ce qui est de la question des marchandises de grande valeur soulevée dans la résolution 1308, ce matin encore, le Conseil n’a pas hésité à prendre des mesures contre le Libéria pour l’empêcher de continuer à alimenter le conflit en Sierra Leone.  Sur la question de la traduction en justice des criminels de guerre, le Conseil n’a pas non plus hésité à prendre comme mesure de suivi la création d’un Tribunal pour la Sierra Leone.  S’agissant de la coopération avec les organisations régionales, le Conseil a rencontré les dirigeants de la CEDEAO et de l’OTAN tout en progressant dans l’amélioration de ses méthodes de travail et dans l’introduction de la transparence dans ses activités. 


En ce qui concerne l’avenir, a poursuivi le représentant, les membres du Conseil ont mis au point une carte de route fondée sur le postulat que seules des mesures rapides et consensuelles peuvent conduire au rétablissement de la paix.  Cessons de nous laisser absorber par l’introspection et recherchons les moyens d’améliorer notre action, a dit M. Cunningham en mettant en garde contre une complaisance trop grande dans la théorie politique au détriment de l’action.  Il faut traiter des vrais problèmes, a-t-il dit, en citant notamment l’Iraq et l’Afghanistan .  Il faut susciter une mobilisation en faveur de la suite à donner au Rapport Brahimi, et à cet égard, réfléchir notamment aux moyens de renforcer les capacités de l’ONU en matière de police civile.  Le Conseil, a fait observer M. Cunningham, n’est pas le seul maître de son action. Il a besoin d’instruments forts comme l’appui de la communauté internationale et de la coopération effective des parties au conflit.  Pour leur part, les Etats-Unis ont l’intention de poursuivre avec vigilance sur la voie du Sommet et de transformer les intentions en actes concrets.


M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) s’est félicité de la pertinence du choix du thème du Sommet du Conseil de sécurité, tenu en marge du Sommet du millénaire, et de l’initiative du débat sur le suivi de la mise en oeuvre de la résolution 1318  (2000).  Par les travaux accomplis au cours de ces six derniers mois, le Conseil de sécurité a donné une suite effective à plusieurs de ses engagements.  S’agissant des engagements à court et à moyen terme, des mesures immédiates ont été prises, a-t-il fait remarquer, afin de renforcer la capacité des Nations Unies en matière d’opérations de maintien de la paix, notamment en précisant les mandats de ces opérations et en renforçant la coopération et les consultations avec les pays contributeurs de troupes.


En ce qui concerne le partenariat avec les organisations régionales et sous-régionales, M. Jerandi s’est réjoui des initiatives du Conseil qui s’est concerté étroitement avec ces organisations, notamment la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et s’est réuni avec les signataires de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka au sujet de la situation en République démocratique du Congo.  Il s’est avéré que le concept du maintien de la paix et de la sécurité internationales est évolutif, a noté le représentant, et qu’il faut envisager l’élaboration et la mise en oeuvre d’une stratégie globale, cohérente, intégrée et concertée pour s’attaquer avec efficacité aux causes profondes des conflits, en particulier les causes économiques et sociales.  Même si la responsabilité principale en incombe au Conseil de sécurité, cette entreprise collective ne peut réussir que si tous les acteurs concernés assument chacun sa part de responsabilité, a-t-il rappelé.  Enfin, concernant le souci commun de renforcer l’efficacité et la crédibilité du Conseil, il a souhaité que celui-ci persévère sur la voie de la consécration de la transparence dans ses travaux et procède aux réformes requises en matière de sanctions.


M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a considéré qu’on ne pouvait pas, après seulement quelques mois, faire une évaluation complète des résultats de la mise en oeuvre de la Déclaration du Conseil alors que ses objectifs sont ambitieux et à long terme.  Selon lui, il faut mettre l’accent sur la nécessité d’un suivi efficace et synchronisé avec celui de la Déclaration du millénaire de l’Assemblée générale.  Il a estimé que chacun des six points examinés soulève la question du nécessaire renforcement de la coopération entre les différentes institutions et organisations des Nations Unies.  En effet, seuls les efforts combinés de toutes ces instances feront la différence pour les populations que nous essayons d'aider, a-t-il fait valoir.  La promotion d’une paix et d’un développement durables en Afrique constitue un bon exemple de ce besoin de cohérence.  Le rapport du Secrétaire général sur cette question, daté de 1998, met l’accent sur la nécessité de se concentrer sur les liens qui existent entre la paix, la démocratie, les droits de l’homme et le développement.  Depuis lors, a-t-il noté, le Conseil de sécurité a accordé plus d’attention aux défis de la paix et de la sécurité en Afrique.  Le Conseil économique et social a, de son côté, mis en oeuvre et


coordonné le suivi des initiatives des Nations Unies sur le développement africain et l’Assemblée générale a créé un groupe de travail sur ce sujet.  Le représentant s’est ensuite interrogé notamment sur la capacité des Nations Unies à répondre de façon appropriée aux initiatives régionales développées par les pays africains dans le but d’amener l’Afrique sur la voie du développement durable.


En ce qui concerne l’autorité du Conseil de sécurité, M. Strommen a estimé qu’elle dépendait en grande partie de sa capacité à accorder une importance égale au maintien de la paix et de la sécurité internationales dans toutes les régions du monde.  Or, a-t-il rappelé, un certain nombre de conflits et de crises humanitaires ne sont pas traités de façon appropriée.  Il est important que le Secrétariat voie sa capacité améliorée et ses ressources augmentées, afin de pouvoir agir à un stade précoce dans les situations qui se détériorent, a-t-il remarqué, ce qui permettrait aussi à la communauté internationale d’agir plus tôt.  Par ailleurs, le représentant s’est félicité du suivi rapide donné aux recommandations du groupe d’experts sur les opérations de maintien de la paix, même s'il reste, selon lui, beaucoup à faire notamment en ce qui concerne la capacité du Secrétariat à constituer et mettre en oeuvre ces opérations. 

M. Strommen a considéré que le consensus sur la nécessité d'envisager la consolidation de la paix de façon globale, en intervenant à tous les stades des conflits, est très encourageant.  Il a toutefois rappelé qu’il appartient aux Etats Membres de renforcer ses efforts au niveau de leur politique et de leur participation aux organes des Nations Unies.  Il a également évoqué le consensus récent sur la nécessité de s’attaquer aux raisons profondes des conflits, y compris les causes économiques.  Il a rappelé qu'un des outils dont dispose le Conseil de sécurité est l'adoption de sanctions efficaces, sachant cependant qu’il est souvent difficile de se mettre d’accord sur leur utilité, leur définition et leur application, comme le prouve le cas du Libéria.  Le représentant a enfin posé plusieurs questions, notamment sur les moyens supplémentaires qui devraient être mis à la disposition du Conseil de sécurité.  Pour conclure, il a souhaité que la coopération des Nations Unies avec les organisations régionales et la société civile se poursuive.


M. DAVID COONEY (Irlande) a réaffirmé l’engagement de son pays en faveur de la mise en oeuvre des différentes dispositions de la résolution 1318.  Il importe de s’attaquer aux causes des conflits, notamment dans leurs dimensions économiques et sociales, a fait valoir le représentant, appelant de ses voeux un renforcement de la coopération entre les Nations Unies, l’Union européenne et l’Organisation de la coopération et du développement économique.  Cette coordination est importante, a-t-il ajouté, si l’on veut que les stratégies et politiques de ces institutions soient cohérentes et se renforcent mutuellement.  Il a en outre indiqué que la responsabilité qui incombait au Conseil de sécurité, à savoir le maintien de la paix et de la sécurité, ne se limitait pas aux situations de crise; il s’agit d’une responsabilité volontariste et préventive qui doit être assumée au niveau des Nations Unies dans leur ensemble, afin de résoudre, de manière collective, les problèmes économiques, sociaux, culturels et humanitaires, a-t-il estimé.  La paix et le développement sont liés et interdépendants et cela exige que les actions des différentes institutions des Nations Unies soient cohérentes et se renforcent mutuellement, a fait valoir le représentant, avant d’ajouter que sur les 34 Etats les plus affectés par la pauvreté, 22 sont ou ont été touchés par des conflits. 


Le représentant a par ailleurs souhaité que la gestion des crises ne se fasse pas aux dépens des objectifs de développement à long terme et indiqué qu’il était, dans cette optique, nécessaire de doter les Nations Unies d’attributions claires et d’une organisation transparente.  Enfin, il a conclu en réaffirmant l’importance du rôle du Programme des Nations Unies pour le développement dans la mise en oeuvre sur le terrain de politiques de création de capacités en matière de gouvernance.


M. ANUND NEEWOOR (Maurice) a déploré que la Déclaration du Sommet du Conseil de sécurité demeure plus ou moins lettre morte depuis son adoption, le 7 septembre dernier.  Il a estimé urgent que le Conseil repense sa mission de maintien de la paix et de la sécurité, s’il veut continuer à jouer le rôle que lui a confié la Charte des Nations Unies.  Tout le monde s’accorde pour reconnaître que le maintien de la paix et de la sécurité internationales est aujourd’hui beaucoup plus complexe que ce qui était envisagé à l’origine par la Charte, a-t-il relevé.  M. Neewoor a noté avec regret que les structures et les méthodes n’aient pas été adaptées à la nouvelle situation.  De l’avis de sa délégation, les décisions prises par le Conseil sont souvent incohérentes et manquent de crédibilité.  Le représentant a souhaité que les discussions en cours sur la réforme du Conseil de sécurité, en vue d’un fonctionnement plus efficace, aboutissent rapidement.  En outre, il a proposé qu’un groupe d’experts, composé notamment d’anciens chefs d’Etat, en discute en vue de formuler des recommandations pour faire avancer les travaux sur la question.  M. Neewoor a fait observer que les conflits étaient abordés par le Conseil de sécurité avec des ressources matérielles, financières et humaines inappropriées, citant le cas de la Somalie, de l’Angola et de la Sierra Leone.  Parfois, a-t-il noté, il n’y a même pas d’intervention, comme au Rwanda où il y a eu des milliers de tués, ou alors il faut attendre de longs mois avant le déploiement d’une opération de maintien de la paix, tel que récemment en République démocratique du Congo.  Pourtant, la Déclaration du Sommet a demandé qu’une attention particulière soit accordée au maintien de la paix en Afrique, a-t-il relevé.


En ce qui concerne le Rapport Brahimi, M. Neewoor a rappelé une recommandation importante, qui est déjà mise en oeuvre et qui consiste à organiser régulièrement des consultations entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents, à tous les stades des opérations de maintien de la paix.  Sur la question des sanctions, seul instrument à la disposition du Conseil de sécurité pour faire appliquer ses décisions, il a rappelé que le Conseil n’a pas la possibilité de garantir le respect de ses régimes des sanctions et que les objectifs recherchés ne sont donc pas atteints.  Il y a même des cas où ce sont les populations qui sont touchées, sans efficacité à l’égard des régimes politiques visés.  Le maintien de la paix et de la sécurité internationales, tel qu’il est défini par la Charte, a une connotation plus étendue que les opérations de maintien de la paix elles-mêmes, a-t-il rappelé.  M. Neewoor a émis l’espoir qu’une section spéciale sera créée au sein du Secrétariat pour assurer une meilleure coordination entre le Conseil de sécurité et les organes des Nations Unies dans la consolidation de la paix.  Enfin, le représentant a soutenu la proposition de créer des bureaux régionaux du Conseil et a suggéré la création d’un groupe de travail qui présenterait des recommandations au Conseil pour la mise en oeuvre de la Déclaration du Sommet.


M. RUHUL AMIN (Bangladesh) a rappelé l'appel lancé par le Premier Ministre de son pays, lors du Sommet du 7 septembre, au gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple.  Cet appel s'inscrit, selon lui, clairement dans l'accent qui est mis désormais sur la démocratie, la bonne gouvernance et le respect de l'Etat de droit et des droits de l'homme.  Ce sont en effet ces principes associés à un développement durable qui constituent les fondements de la paix durable.  Dans son rapport de 1998 sur les causes des conflits en Afrique, le Secrétaire général avait considéré lui-même la mauvaise gouvernance comme l'une des principales sources de conflit.  A l'occasion du Sommet du Conseil de sécurité au niveau des chefs d'Etat, le Premier Ministre du Bangladesh avait proposé l'établissement de zones réhabilitation pour les enfants-soldats et M. Amin a demandé aux membres du Conseil et aux Nations Unies en général d'appuyer cette proposition.  Le Bangladesh estime en effet que la paix et la sécurité devraient fondamentalement être définies en termes de sécurité humaine, car ce sont bel et bien les individus qui souffrent des ravages de la guerre. 


Lorsque l'on se demande si le Conseil a honoré les engagements de sa déclaration 1318, il faudrait aussi se demander si le Secrétariat, les autres organes et institutions du système des Nations Unies et les institutions de Bretton Woods ont, eux aussi, rempli leur rôle, a poursuivi le représentant.  Il faudrait surtout, comme l'a souligné le Secrétaire général ce matin, se demander si les Etats Membres, en particulier ceux qui siègent au Conseil, et leur capitale ont cherché à mettre en oeuvre les dispositions de la déclaration, a-t-il insisté.  Certes, il semble bien que le Conseil a respecté son engagement en faveur de l'Afrique, comme peut en témoigner la résolution adoptée ce matin encore sur le Libéria.  Toutefois, il est difficile pour le Conseil de juger de ses résultats de manière objective.  Pour ce qui est des "conflits oubliés", évoqués par plusieurs intervenants, M. Amin a relié cette question à un certain manque de "préparation" du Conseil.  Citant en exemple la situation au Burundi, il a expliqué que le Conseil n'a pas oublié ce pays, dont il examine chaque mois la situation.  Ce qu'il a oublié en revanche, c'est peut-être sa responsabilité d'y déployer une mission de maintien de la paix comme le demandait l'Accord d'Arusha, a fait observer M.Amin, avant de rappeler que le Conseil attend toujours un rapport sur la question demandé au Secrétariat, en septembre 2000. 


L'une des réalisations les plus significatives dans le cadre des engagements de la résolution 1318 a été l'adoption de la résolution sur le suivi du Rapport Brahimi.  Il reste maintenant à mettre pleinement en oeuvre les dispositions acceptées.  Pour cela, il faut que le système des Nations Unies adopte une stratégie complète et intégrée pour s'attaquer aux causes profondes des conflits.  Il faut également que l'ONU développe une capacité réelle de déploiement rapide des opérations de maintien de la paix.  De son côté, le Bangladesh est prêt à accepter les nombreux risques inhérents à la participation active à une opération de maintien de la paix.  Toutefois, il n'est pas disposé à le faire à n'importe quel prix, a prévenu le représentant.  C'est pourquoi, il a de nouveau appelé les Etats Membres à fournir du personnel bien équipé et bien entraîné, tel que le recommande le Rapport Brahimi.  Comptant pourtant parmi les engagements de la résolution 1318, la protection des civils a, elle ,reçu une attention plus limitée, a fait ensuite remarquer M. Amin.  En revanche, des engagements concrets


ont été récemment pris en faveur des consultations renforcées avec les pays contributeurs de troupes, et ce, sous l'impulsion de la présidence de Singapour en janvier dernier.  Aujourd'hui, le Bangladesh propose d'adopter plusieurs mesures supplémentaires.  Le Conseil pourrait ainsi décider d'engager les gouvernements, lorsqu'ils ne l'ont pas encore fait, à mettre en oeuvre la résolution 1318 au plan national.  Il pourrait aussi favoriser l'adoption d'une initiative pour assurer le suivi de la résolution à l'échelle du système des Nations Unies.  La question pourrait par exemple être examinée en détail deux fois par an et ce processus pourrait culminer par une réunion du Conseil au niveau ministériel.  Mais au-delà, le Bangladesh estime qu'il faut faire participer les populations au nom desquelles la Charte des Nations Unies est mise en oeuvre.  Pour cela, des mesures appropriées de participation des citoyens pourraient être envisagées au niveau national.  En conclusion, M. Amin s'est réjoui que le Conseil s'éloigne peu à peu de sa traditionnelle approche "d'extinction du feu par une brigade de pompiers".  Ceci revient en effet à reconnaître qu'il ne peut agir seul en matière de maintien de la paix et de la sécurité.  Cela étant, le Conseil doit continuer d'apporter la contribution la plus efficace possible à ces efforts collectifs.


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