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Conférence Mme Robinson

DES AVANCÉES SIGNIFICATIVES ONT ÉTÉ ENREGISTRÉES ET IL EST POSSIBLE D’ABOUTIR À UN CONSENSUS AVANT DURBAN, DÉCLARE MARY ROBINSON

10/08/2001
Communiqué de presse
Conférence Mme Robinson


                                                            10 août 2001


DES AVANCÉES SIGNIFICATIVES ONT ÉTÉ ENREGISTRÉES ET IL EST POSSIBLE D’ABOUTIR À UN CONSENSUS AVANT DURBAN, DÉCLARE MARY ROBINSON


Vous lirez ci-dessous la transcription de la téléconférence de presse donnée depuis Genève ce matin par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits l’homme, Mme Mary Robinson :


Mme Robinson : Au dernier jour de cette session du Comité préparatoire, les deux Groupes de travail ont réalisé des avancées significatives sur les projets de documents officiels, notamment sur les points les plus sensibles.  Le Groupe de travail sur la Déclaration a quasiment achevé l’examen du projet de document et a trouvé un langage adéquat notamment concernant la question des peuples autochtones.  Le Groupe de travail sur le Programme d’action a pratiquement achevé l’examen des principaux paragraphes sur lesquels demeuraient quelques problèmes.  Les Présidents des trois groupes informels créés pour se pencher sur les questions les plus sensibles présenteront leurs conclusions au cours de la plénière cet après-midi.  Le sentiment général est qu’il y a eu des progrès significatifs sur les termes et le langages utilisés dans l’identification et la description des victimes du racisme et dans le langage utilisé pour évoquer le passé, qui est une des questions les plus sensibles à l’ordre du jour.  Les terminologies auxquelles nous parviendrons constitueront l’une des grandes avancées de la Conférence de Durban et cette session du Comité traduit un changement dans l’atmosphère et l’esprit qui président aux préparatifs de cette conférence.  De nombreux délégués de différents Groupes régionaux ont reconnu ce changement d’atmosphère qui résulte probablement du fait qu’il y a eu des discussions franches, notamment sur le Moyen-Orient et la question est de savoir maintenant s’il est possible de trouver un consensus sur les termes qui seront retenus dans les textes finaux.  Pour ma part, je considère qu’il est très encourageant de constater la volonté conjointe de toutes les délégations de trouver un consensus afin de parvenir, à Durban, à de réelles avancées dans la lutte contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l’intolérance qui y est associée et je demeure confiante quant à une issue positive.


Question: Pouvez-vous nous dire s’il vous reste suffisamment de temps pour convaincre les Etats-Unis de participer à la Conférence?


Mme Robinson : Ce que je peux vous dire c’est que deux représentants des Etats-Unis sont présents ici et sont très engagés dans les discussions.  Cela a conduit à de grands progrès notamment sur la question relative au passé de même qu’à la manifestation d’une volonté sincère de tenir compte la situation au Moyen-Orient.  Je suis consciente que cette Conférence est également importante pour les Etats-Unis comme cela m’a été confirmé lors de mes deux entretiens avec le Secrétaire d’Etat Colin Powell qui souhaite personnellement se rendre à Durban.


Question : Pouvez-vous être plus précise sur les progrès réalisés dans la terminologie relative au passé car un délégué nous a affirmé que les questions relatives à ces questions étaient toujours entre parenthèses, en particulier celle relative aux réparations?


Mme Robinson : Je ne peux pas être très précise pour la bonne et simple raison que nous ne sommes pas encore parvenus à un consensus final.  Cependant, sur la base des documents de travail échangés qui ont mis en avant les positions des différents pays et groupes régionaux et des discussions sur le document soumis par le groupe africain et sur la réponse apportée par les Etats-Unis ainsi que sur la position de l’Union européenne, le Président du Groupe de travail m’a assuré que des discussions très positives et intenses avaient conduit à une volonté manifeste de parvenir à un texte consensuel.  Je voudrais rappeler que c’est la première fois que la communauté internationale se penche sur cette question du passé colonial et je ne suis pas inquiète du résultat car ce qui importe c’est de tomber d’accord sur le fait que cette question doit être traitée d’une certaine manière.


question : Pouvez-vous être plus précise sur l’autre question sensible car nous entendons des Etats-Unis, d’Israël et de l’Union européenne que la terminologie que vous proposez va toujours trop loin et n’identifie pas clairement le type de conflit et, d’autre part,  nous entendons de la part du Groupe islamique africain qu’il reste attaché au document de travail initial qui va très loin.  Pensez-vous que votre document soit consensuel et soit une base de négociation qui satisfasse les positions des différentes parties?


Mme Robinson : Une fois de plus, il m’est difficile d’être extrêmement précise dans la mesure où les négociations sont en cours et que c’est une question très sensible.  Je peux toutefois être plus claire concernant mon action dans ce domaine et vous dire qu’hier matin, en m’adressant au Bureau, j’ai insisté sur les progrès accomplis grâce à l’esprit positif qui prévaut et j’ai ensuite fait une série de suggestions concernant les terminologies que nous pourrions prendre en considération, ceci conformément à mon rôle de Secrétaire générale de la Conférence et dans le but de créer un environnement propice aux avancées.  Je crois que cela a aidé à prendre conscience de la nécessité de trouver un texte acceptable et la présidence sud-africaine a joué un rôle important et a mobilisé des efforts énormes pour faire avancer ce consensus.  L’Afrique du Sud ne fait pas qu’accueillir cette Conférence, elle est immédiatement concernée par le thème de la Conférence puisqu’elle sort d’une longue période d’apartheid dont la majorité de la population a été victime comme me le faisait remarquer le Ministre des affaires étrangères.  L’Afrique du Sud qui préside cet important Groupe de travail se bat pour faire en sorte que cette conférence mondiale ne butte pas sur des questions certes très importantes mais qui ne pourront être résolues à Durban.  Nous espérons que tous les Etats participeront à la Conférence de Durban et que nous parviendrons à trouver la terminologie appropriée.  Je suis confiante et confortée par les engagements pris ici et par la présence notamment du Vice-ministre israélien des affaires étrangères, d’une délégation importante des Etats-Unis.  Je me félicite également de la contribution du Secrétaire général, Kofi Annan, qui suit ces questions de très près et use de ses bons offices pour trouver des solutions.  Je suis optimiste sur le fait que des avancées seront enregistrées d’ici ce soir et d’ici l’ouverture de la Conférence.  Par ailleurs, le Bureau, réuni ce matin, a prévu que les deux Groupes de travail continueront leurs travaux à Durban sous la forme de sous-commissions et je pense qu’il est très important que tous les Etats se mobilisent. 


question : Vous venez de dire que, concernant les peuples indigènes, des progrès significatifs ont été réalisés.  Pourtant, Rigoberta Menschu, membre du Groupe de personnalités éminentes, s’est plaint du fait que les droits ne sont pas repris dans le texte et que certaines terminologies ne soient pas assez précises?


Mme Robinson : Je regrette qu’elle n’ait pas été en mesure de se joindre à nous à l’occasion de cette session du Comité préparatoire et je suis sensible à ses observations qui ont été également reprises hier par des leaders indigènes présents à New York.  C’est pourquoi j’attire votre attention sur le fait que ces avancées ne sont pas encore reflétées dans le document mais qu’elles sont bien réelles.  Je suis consciente que le style du document n’est pas le meilleur à l’heure actuelle mais c’est une évolution significative de voir que les droits des populations autochtones soient intégrés dans les préoccupations d’une Conférence mondiale de cette importance et je crois que ces avancées constituent une base positive pour bâtir un mécanisme relatif aux questions des populations autochtones. 


question : Comment la Conférence entend tenir compte des souffrances du peuple palestinien.  Que serait l’impact de cette Conférence si les Etats-Unis, faute de consensus, décidaient de ne pas assister à la Conférence?


Mme Robinson : A l’heure actuelle, la question est de savoir si nous trouverons une terminologie appropriée et un document acceptable.  Ce matin, la présidence sud-africaine du Groupe de travail a fait état de la volonté des Etats-Unis de reconsidérer le texte et cela est encourageant et constitue une manifestation de la volonté américaine de parvenir à une solution consensuelle.  Je ne peux qu’être impressionnée par le haut niveau d’engagement des Etats-Unis dans nos travaux qui manifeste une volonté claire d’envoyer une délégation de haut niveau à Durban.  J’espère que si une délégation de haut niveau n’est pas envisageable, les Etats-Unis dépêcheront une délégation aussi constructive que celle qui est présente ici à Genève.


question : Les travaux préparatoires se sont ressentis de l’exacerbation des tensions au Moyen-Orient.  Ne croyez-vous pas qu’afin d’assurer le succès de cette conférence le moment serait venu de lancer un appel fort aux parties en présence à la modération afin qu’elles respectent une certaine forme de trêve, au moins jusqu’à la tenue de la Conférence?


Mme Robinson : J’ai eu le sentiment hier qu’ici, au sein du Comité préparatoire, nous recherchions une terminologie appropriée pendant que sur le terrain, des vies humaines sont perdues et la violence se poursuit.  J’ai lancé hier un appel pour un terme des violences et en faveur de la retenue des deux côtés car la violence appelle la violence et que nous arrivons à un cycle incontrôlé.  Si cela ne peut être fait dans le contexte de la Conférence, cela doit l’être dans celui du respect du droit à la vie et à la dignité et cela des deux côtés.  Il est vrai que les discussions ici ont eu lieu dans un contexte difficile et nous devons garder à l’esprit que dans les deux précédentes conférences, ces questions ont empêché les participants de parvenir à des avancées significatives sur les questions de lutte contre le racisme.  Je suis pour ma part favorable au déploiement d’observateurs internationaux sur le terrain afin de mettre fin à cette violence et aux carnages comme celui qui a eu lieu à Jérusalem hier.


question : Quels sont les points sur lesquels les discussions avec les Etats-Unis achoppent, notamment concernant les réparations invoquées par le Groupe africain?


Mme Robinson : Les principales questions sensibles tiennent à la question de savoir si cette Conférence est le cadre pour que des excuses soient présentées aux victimes de l’esclavage.  La seconde question est de savoir si la reconnaissance implique ou suggère le droit à des compensations financières et enfin si on peut, pourtant, l’établir comme un crime contre l’humanité.  Mais des progrès considérables ont été faits quant aux questions en suspens et dans la perspective de parvenir à un document consensuel sur cette question.


question : L’Ambassadeur d’Algérie aurait déclaré ce matin qu’aucun document officiel émanant du Groupe des Etats arabes n’établit le lien être le sionisme et le racisme et aurait affirmé qu’il s’agissait là d’une fabrication de certains médias et groupes d’intérêts présents aux Etats-Unis.  Pouvez-vous nous éclairer sur cette question?


Mme Robinson : Nous n’étions pas préoccupés uniquement par les documents de travail émanant des Groupes régionaux mais de la teneur même du texte officiel qui, dans certains paragraphes, établissait un parallèle entre le sionisme et le racisme se référant à la terminologie utilisée dans la résolution de l’Assemblée générale de 1975.  Certains éléments de ce projet de texte officiel soumis par le Groupe des 21 auraient pu être de nature à compromettre pas uniquement la participation mais aussi l’esprit de la Conférence de Durban.  Cette question a également été développée dans des forums d’ONG mais un des points positifs de cette session du Comité préparatoire est que les délégations ont considéré que certaines terminologies n’étaient pas appropriées. 


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