DES DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITÉ D’UNE APPROCHE INTEGREE DES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX, DE LEUR PLANIFICATION A LEUR RETRAIT
Communiqué de presse AG/PKO/172 |
Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
164ème séance – matin
DES DELEGATIONS SOULIGNENT LA NECESSITÉ D’UNE APPROCHE INTEGREE DES MISSIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX, DE LEUR PLANIFICATION A LEUR RETRAIT
Le Comité spécial des opérations de maintien de la paix a clos, ce matin, son débat général sur les réformes à entreprendre afin d’améliorer la gestion des opérations de maintien de la paix de l’Organisation des Nations Unies et d’assurer leur succès. A cet égard, la capacité de déploiement rapide et les stratégies de sortie ont été largement évoquées. Ainsi que l’ont exprimé plusieurs délégations, la stratégie de sortie d’une mission est essentielle à son succès et doit être l’aboutissement d’une concertation entre les pays contributeurs, le Conseil de sécurité et les parties au conflit. Pour le représentant de la Tunisie, “une sortie réussie” doit être le couronnement d’un processus entretenu par tous les acteurs concernés”. Selon le délégué de la Nouvelle-Zélande, les questions du désengagement et de la capacité de déploiement rapide sont intimement liées. En effet, “il y aura toujours des réticences à engager des troupes si la fin de la mission n’est pas connue. Il est donc crucial de ne pas saper les accomplissements d’une mission par le retrait ou par la réduction prématurés de ses effectifs” a-t-il ajouté. La nécessité d’impliquer les pays fournisseurs de contingents dans le processus de décision relatif aux opérations de maintien de la paix a, ce matin encore, été une préoccupation presque unanime des intervenants. Les représentants de la Nouvelle-Zélande et des Philippines ont regretté que les résolutions 1327 et 1353, visant à renforcer ces relations, n’aillent pas assez loin et ne permettent pas une mise en oeuvre intégrale des recommandations du rapport Brahimi à cet égard.
Si la nécessité de réformes structurelles du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP) est largement reconnue, les modalités de ces réformes ne suscitent pas l’unanimité. Au délégué de l’Ukraine déclarant qu’il conviendrait d’“allouer davantage de ressources humaines et financières” au DOMP, le représentant du Japon a répondu qu’étant donné le coût important qu'occasionnerait un renforcement des capacités de déploiement rapide, le Comité spécial doit examiner de manière approfondie les coûts et les avantages d'une telle opération avant de prendre une décision. Ceci est d’autant plus préoccupant que, selon le délégué des Philippines, l’ONU ne dispose pas des moyens financiers lui permettant de mener à bien les opérations de maintien et, le plus souvent, le Conseil de sécurité décide d’une action sans avoir les ressources humaines, matérielles et financières de la mener à terme.
Dans le cadre de cette réforme, la nécessité d’améliorer le traitement de l’information a été réaffirmée à plusieurs reprises. Ainsi, le représentant du Japon considère qu'il est plus pertinent d'améliorer la communication entre les départements et organisations concernés plutôt que de favoriser l'intégration de fonctions d'autres organes dans le Département des opérations de maintien de la paix. En ce qui concerne la création d’un Secrétariat à l’information et à l’analyse stratégique ou d’un groupe plus modeste chargé des politiques et de l’analyse à l’échelle du système, alternative proposée par le Secrétaire général, les avis sont partagés. Le représentant des Etats-Unis a reconnu la nécessité d’un Bureau qui collecte et traite l’information mais il émis des doutes quant à l’idée de rattacher ce Bureau au Comité exécutif pour la paix et la sécurité. Le représentant du Japon ne s’est pas montré favorable à la création d’un troisième poste de Sous-Secrétaire général. Quant au délégué du Népal, il a mis en garde contre l’éventualité d’instituer une nouvelle bureaucratie ou d’élargir celle qui existe déjà, ce qui serait à ses yeux problématique.
Enfin, la question de la sécurité du personnel sur le terrain a également été évoquée. Le représentant de la Nouvelle-Zélande a ainsi fait valoir qu’il importe d’ “en finir avec la culture d’impunité dont on a été témoin lors d’attaques à l’encontre du personnel humanitaire et de maintien de la paix. Les responsables de crimes contre des agents qui servent des organismes internationaux devraient être poursuivis, dans toute la mesure que le droit le permet”.
Les représentants de pays suivants ont pris la parole: Népal, Etats-Unis, Japon, Pologne, Nouvelle-Zélande, Philippines, Jamaïque, Tunisie, Ukraine, Maroc et Colombie.
La prochaine réunion du Comité spécial sera annoncée dans le journal.
ORGANISATION DES TRAVAUX DU COMITÉ CONFORMÉMENT À SON MANDAT ÉNONCÉ DANS LA RÉSOLUTION 54/81 DE L’ASSMBLÉE GÉNÉRALE
Suite du débat général
M. HIRA THAPA (Népal) a souligné que les opérations de maintien de la paix ne doivent pas viser uniquement à compléter les efforts d’établissement de la paix. Ce sont des mesures intérimaires qui ne sauraient se substituer au règlement pacifique. Il a regretté l’absence de progrès en ce qui concerne la tenue de consultations avec les pays fournisseurs de contingents et les autres parties prenantes. Les pays contributeurs devraient être impliqués à tous les stades des opérations de maintien de la paix, de leur conception à leur achèvement.
La question des retards de remboursement des sommes dues aux pays contributeurs, dont la majorité sont des pays pauvres, entravent la possibilité pour ces pays de continuer à contribuer. Il convient que les contributions soient remboursées dans un délai raisonnable. Le Népal estime que les pays fournisseurs de contingents sont équitablement représentés dans le Département des opérations de maintien de la paix. A cet égard, les 93 postes approuvés par l’Assemblée générale, en décembre dernier, doivent être pourvus à titre prioritaire avant que la création d’une série de 150 nouveaux postes soit envisagée. Le poste de Conseiller militaire auprès de Secrétaire général devrait être reclassé. Des clarifications supplémentaires sont nécessaires en ce qui concerne la justification de la création d’un troisième poste de sous-secrétaire général. En ce qui concerne l’analyse de l’information, l’alternative proposée à la création d’un Secrétariat à l’information et à l’analyse stratégique ne doit pas instituer une nouvelle bureaucratie ou élargir une bureaucratie existante qui serait problématique à la fois pour les Etats Membres et le Secrétariat. Il est nécessaire d’impliquer les planificateurs militaires dès le début de la planification d’une mission, y compris dans la phase de rédaction des règles d’engagement. Le Népal appuie l’opinion du Secrétaire général selon laquelle les missions de maintien de la paix nécessitent des ressources et des instruments adaptés à leurs mandats.
M. CAMERON HUME (Etats-Unis) a déclaré qu’en février 2000, dans le cadre des opérations de maintien de la paix, environ 43 000 personnes, militaires et membres de la police civile, étaient en poste; ces personnes, en provenance de 90 pays, sont réparties sur une quinzaine de missions. Les questions relatives au maintien de la paix ne sont étrangères à aucun Etat Membre des Nations Unies, a fait remarquer M. Hume, avant de noter que l’Afrique est de plus en plus au centre des préoccupations du Conseil de sécurité: 40% des réunions sur les opérations de maintien de la paix ont été consacrées l’année dernière à l’Afrique. Par ailleurs, les opérations sont de plus en plus complexes, ont des conséquences régionales et requièrent une approche multidimensionnelle. De plus en plus,
la police civile est un élément essentiel des opérations de paix actuelles et futures, et un outil central de leur succès. Il importe en effet que les populations locales puissent assurer elles-mêmes leur sécurité, et n’abandonnent pas cette tâche entre les mains de forces militaires lourdement armées,
a expliqué le représentant. Apportant son soutien à un renforcement du Département des opérations de maintien de la paix, M. Hume a demandé des compléments d’informations sur les demandes du Secrétariat et une analyse globale et claire sur l’expérience passée des opérations de maintien de la paix.
Il a ajouté qu’afin que le délai de déploiement de 30 à 90 jours ne reste pas lettre morte, les Etats Membres devront participer consciencieusement aux accords sur les forces et moyens en attente et mettre des ressources à la disposition des forces pré-positionnées. Il s’est en conclusion prononcé en faveur de la création d’un bureau chargé de traiter les différentes sources d’information, tout en s’interrogeant sur la pertinence d’attacher ce bureau au Comité exécutif pour la paix et la sécurité (CEPS).
M. YUKIO SATOH (Japon) a souligné la nécessité de renforcer la mobilité du personnel, d'une part entre le Siège et le terrain et d'autre part, entre les différents départements du Secrétariat et les institutions des Nations Unies. De même, il a considéré qu'il est plus pertinent d'améliorer la communication entre les départements et organisations compétentes plutôt que de favoriser l'intégration de fonctions d'autres organes dans le Département des opérations de maintien de la paix. Concernant la question de la création de 150 postes, le représentant a demandé un examen particulier afin de savoir si elle est vraiment nécessaire. Il a en outre déclaré que sa délégation émet des doutes sur la nécessité de créer un poste de troisième sous-secrétaire général. Etant donné le coût important qu'occasionnerait un renforcement des capacités de déploiement rapide, le représentant a souhaité que le Comité spécial examine de manière approfondie les coûts et les avantages d'une telle opération avant de prendre une décision. En matière de sécurité du personnel, M. Satoh a souligné le fait que toutes les équipes doivent recevoir une formation préalable sur le terrain et qu'elles doivent être dotées d’un équipement adéquat. Enfin, le représentant a fait mention de l'importance d'une coopération non seulement entre les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité, mais aussi entre ce dernier et les pays qui contribuent en personnel civil et en ressources financières.
M. JANUZ STANCZYK (Pologne), se ralliant à la position exprimée hier par la Suède au nom de l’Union européenne et des pays associés, a réaffirmé son appui continu aux opérations de maintien de la paix, instrument efficace dont disposent les Nations Unies pour préserver la paix et la sécurité internationales, ainsi qu’aux efforts en cours visant à renforcer l’efficacité de cet instrument. Il s'est réjoui que le rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre des recommandations du Comité spécial et du Groupe d’étude sur les opérations de maintien de la paix de l’ONU reconnaisse l’initiative “Brigade multinationale d’intervention rapide” (SHIRBRIG), précisant que ce projet vise à apporter une assistance aux efforts des Nations Unies dans le domaine du et non à monopoliser l'attention. C’est une initiative de pays qui souhaitent faire davantage. Il a aussi fait mention de la tenue du 13ème réunion du Comité directeur de la SHIRBRIG au cours de laquelle les discussions ont porté, entre autres, sur les questions de la prise de décisions, la coopération avec les Nations Unies et la coordination entre les pays membres de la Brigade, notamment pour le déploiement de leurs troupes en Ethiopie et en Erythrée. Le représentant a ensuite encouragé le renforcement du système des forces et moyens en attente ainsi que la création du Secrétariat à l'information et à l'analyse stratégique (SIAS). Il s'est réjoui de l'importance accordée à la question des consultations entre les pays fournisseurs de contingents et le Conseil de sécurité, lesquelles devraient aboutir à une confiance mutuelle et à la prévention de dissensions entre ceux qui décident et ceux qui mettent en oeuvre les mesures adoptées. Enfin, M. Stanczyk a rappelé que son pays attache une importance particulière à la question de la sécurité du personnel de l'ONU et s'est félicité de la volonté d'améliorer les consultations entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité.
M. TREVOR HUGHES (Nouvelle-Zélande) a émis l’espoir que le Secrétaire général a déjà commencé à mettre en application les changements en matière de gestion recommandés dans son rapport, et notamment, à améliorer la communication entre le Département des opérations de maintien de la paix et les autres départements. Il a également espéré que le Comité spécial résiste à la tentation de s’adonner à la microgestion du processus de réforme. Son rôle est de fournir au Secrétariat et aux organes de l’Assemblée générale une vision claire des priorités politiques collectives. A cet égard, il serait bon de prévoir un processus d’examen régulier, sur une base quinquennale. La Nouvelle-Zélande se félicite des recommandations visant à adopter une approche centrée sur l’expérience et la réalité sur le terrain dans le domaine de la sécurité et la protection du personnel des Nations Unies. Nous devons également oeuvrer ensemble pour en finir avec la culture d’impunité dont nous avons été témoins lors d’attaques à l’encontre du personnel humanitaire et de maintien de la paix. Les responsables de crimes contre des agents qui servent des organismes internationaux devraient être poursuivis, conformément au droit en vigueur. La question des stratégies de sortie est liée à celle des capacités de déploiement améliorées. Il y aura toujours des réticences à engager des troupes si la fin de la mission n’est pas connue. Ces stratégies doivent être souples et reposer sur l’évaluation des objectifs militaires. Il est crucial de ne pas saper les efforts d’une mission en procédant de manière prématurée au retrait ou à la réduction des effectifs d’une mission. Dans ce contexte, il est important d’améliorer les méthodes de travail et le fonctionnement du Conseil de sécurité afin de permettre la participation des pays fournisseurs de contingents à la prise de décisions. A cet égard, la Nouvelle-Zélande regrette la manière avec laquelle le Conseil de sécurité a adopté la résolution 1353 (2001) et espère que, dans son application, le Conseil prendra mieux en compte les propositions des pays contributeurs de troupes.
M. ENRIQUE MANOLO (Philippines) a d’emblée réaffirmé qu’il est impératif de renforcer les consultations entre le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents. Il a regretté que la résolution 1327 (2000), adoptée par le Conseil de sécurité en novembre dernier, et visant à renforcer les consultations entre le Conseil et les pays contributeurs de troupes, n’ait pas été assez loin puisque les consultations privées entre les seuls membres du Conseil restent de mise. A ce sujet, le représentant a salué la pertinence des recommandations du rapport Brahimi, les qualifiant d’innovatrices, mais a déploré que le Conseil ne prenne pas à coeur la nécessité d’impliquer réellement les pays contributeurs de troupes au processus de décision. Ces pays ne devraient pas être traités comme de simples pourvoyeurs de ressources humaines, a-t-il déclaré, mais plutôt associés à la définition des mandats et des besoins en ressources. Le représentant a ensuite déclaré que le bilan du Conseil de sécurité en matière de maintien de la paix n’est pas sans faute, en grande partie parce que les mandats de maintien de la paix sont trop souvent déterminés sans que l’on se donne les moyens de les mettre en application. Au Timor oriental par exemple, on s’attèle à la tâche de construire un pays avec des moyens limités. En fait, l’ONU ne dispose pas des moyens financiers lui permettant de mener les opérations de maintien et, le plus souvent, le Conseil de sécurité décide d’une action et en confie l’application au Secrétariat. Dans ce cas, le Secrétariat devrait peut-être tout simplement dire qu’il ne peut pas accomplir ce qu’on lui demande de faire s’il ne dispose pas des moyens nécessaires.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a souligné la nécessité d’améliorer la coordination des efforts en ce qui concerne la logistique et du déploiement. Il est tout aussi important de faire des efforts dans le cadre de la prévention des conflits qui demeure au coeur du mandat de l’ONU. Sa délégation juge pertinent le principe du déploiement dans un délai de 30 à 90 jours à la suite de l’adoption d’une résolution. Cependant, les trois options proposées dans le rapport à cette fin nécessitent d’être clarifiées. Mme Durrant a déclaré que son pays attache une grande importance à la question de la formation du personnel de maintien de la paix et du personnel des Etats Membres avant le déploiement. La Jamaïque regrette que la reconnaissance de l’importance que revêt l’adoption d’une démarche soucieuse de parité dans les opérations de maintien de la paix n’ait pas été accompagnée par des ressources adéquates pour l’adopter effectivement. Une composante parité entre les sexes devrait être prévue dans les opérations. A cet égard, il serait bon d’inclure quelques spécialistes de la parité entre les sexes à l’Unité de planification stratégique des opérations de maintien de la paix. La Jamaïque souhaite que cette question soit débattue conformément à la résolution 1327 du Conseil de sécurité. Elle a estimé également qu’il convient d’accorder une attention plus soutenue à l’information des populations locales, et ce, pour faire face à la prolifération des médias diffusant des messages de haine. A cet égard, a poursuivi Mme Durrant, la Radio de la MINUSIL au Sierra Leone contribue de manière significative au processus de paix. Il conviendrait que la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) soit dotée d’une capacité similaire. La Jamaïque appuie la recommandation visant une meilleure coordination entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), notamment en ce qui concerne la protection des civils et des activités humanitaires. Elle a estimé également qu’il conviendrait d’inclure une composante droits de l’homme dans les différentes missions et de prévoir la formation du personnel aux questions relatives aux droits de l’homme. Enfin, Mme Durrant a assuré le Comité spécial de l’engagement de sa délégation à oeuvrer, pendant son mandat de membre du Conseil de sécurité, en vue d’améliorer le processus de consultations entre le Conseil et les pays fournisseurs de contingents.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a réaffirmé que le maintien de la paix ne saurait se substituer à la recherche d’une solution définitive aux conflits ou au traitement de leurs causes profondes. Aussi, est-il essentiel pour consolider la paix d’une manière durable, d'adopter une stratégie intégrée visant à remédier aux causes multiformes des conflits et à empêcher que ces conflits ne puissent reprendre. La Tunisie partage la conviction que le renforcement de la capacité de maintien de la paix des Nations Unies nécessite, outre la volonté politique des Etats Membres, une amélioration tant au niveau des structures qu’au niveau de la gestion ainsi que les ressources nécessaires. La question de la fourniture de contingents et de ressources financières demeure évidemment fondamentale dans tout le processus, aussi bien dans la phase de planification que dans celle de la mise en oeuvre rapide d’une opération et son suivi. Il s’agit là d’une responsabilité collective de tous les Etats Membres et, en particulier, de ceux disposant des moyens et des capacités nécessaires. Les pays fournisseurs de contingents jouent un rôle essentiel dans la mise en oeuvre sur le terrain des mandats des opérations de maintien de la paix définis par le Conseil de sécurité. Les expériences du passé appellent au renforcement et à l’amélioration significative de la coopération et des consultations entre le Conseil de sécurité, les fournisseurs de contingents et le Secrétariat dès la phase de planification et durant toute l’évolution des opérations de maintien de la paix. La résolution 1353 relative à cette question est un pas positif dans le renforcement de la coopération entre ces trois partenaires, même si elle ne répond pas à toutes les attentes des contributeurs de troupes. La Tunisie attache par ailleurs une grande importance au renforcement de la coopération entre l’ONU et l’Organisation de l’unité africaine (OUA), notamment en vue de l’amélioration de la capacité institutionnelle de l’OUA et en particulier de son Mécanisme de prévention, de gestion et de règlement des conflits. En conclusion, M. Mejdoub a souligné qu’il importe de réunir les conditions de réussite de toute opération dès les premières phases de planification, en passant par la phase de mise en oeuvre jusqu’à la phase de sortie. De fait, a-t-il poursuivi, une sortie réussie doit être le couronnement d’un processus entretenu par tous les acteurs concernés. Il est toutefois évident que tout effort de paix de la communauté internationale reste tributaire de la volonté politique des parties à un conflit, a-t-il rappelé.
M. VALERIY KUCHINSKY (Ukraine) a indiqué que son pays a dépêché 1 600 personnes pour les composantes civile et militaire de neuf des opérations en cours la plaçant dans les 10 premiers pays fournisseurs de contingents des opérations de maintien de la paix. Il a souscrit à la conclusion principale du rapport selon laquelle un investissement dans l’avenir est nécessaire pour en finir avec “l’amateurisme éclairé” qui a caractérisé le maintien de la paix jusqu’à aujourd’hui. Le Département des opérations de maintien de la paix est le bras opérationnel du Secrétariat pour ce qui est de la conduite, de la direction, de la planification et de la préparation des opérations de maintien de la paix. Il doit être non seulement renforcé et restructuré mais recevoir également davantage de ressources humaines et financières. Il semblerait plus logique de terminer le recrutement des 93 nouveaux postes approuvés par l’Assemblée générale, en décembre dernier, avant de s’embarquer dans la création de nouveaux postes. A cet égard, il convient de respecter le principe de la représentation géographique équitable dans le recrutement, en particulier la représentation équitable des pays contributeurs. L’Ukraine estime que la proposition visant à fusionner le Groupe de l’analyse des politiques et celui des enseignements tirés des missions est constructive.
La délégation ukrainienne se félicite de l’examen mené par le Département des opérations de maintien de la paix en ce qui concerne les procédures visant à améliorer la sécurité du personnel sur le terrain. Elle recommande le renforcement de la coopération entre le Département et le Bureau du Coordonnateur des Nations Unies pour les questions de sécurité. A cet égard, l’Ukraine appuie la recommandation du Secrétaire général visant à améliorer l’échange d’informations entre les pays fournisseurs de contingents et le Secrétariat. S’agissant du renforcement du système des forces et moyens en attente, l’Ukraine a étudié les différentes stratégies proposées par le Secrétaire général et demande quelques clarifications sur les listes de stocks de matériel nécessaires. Elle estime également qu’il faut débattre plus avant de la possibilité de créer une liste de personnel sous astreinte. Elle appuie la proposition visant à séparer la Division de police civile de la Division militaire et de reclasser le poste de Conseiller de police civile. L’Ukraine estime en outre que le Bulletin du Secrétaire général relatif au respect par les forces des Nations Unies des normes du droit international humanitaire publié par le Secrétariat en 1999 sans l’accord des Etats Membres devrait être débattu plus avant par ces derniers. Enfin, a conclu M. Kuchinsky, la coopération étroite au sein du triangle pays contributeurs-Conseil de sécurité-Secrétariat est un facteur décisif du succès de la conduite des opérations de maintien de la paix.
M. MOHAMED BENNOUNA (Maroc) a apporté son soutien au rapport et au pragmatisme dont il fait preuve en évitant de bousculer brutalement et peut-être inutilement les structures et les procédures en place. Mais il faudra sans doute aller plus loin, a-t-il ajouté, afin que les véritables décideurs puissent procéder aux adaptations nécessaires qui leur sont demandées par les contributeurs; il faudra notamment adapter l’action sur le terrain, afin de parer, par exemple, aux questions sanitaires et humanitaires d’urgence, et il faudra éviter d’exposer à de graves dangers les populations civiles et les troupes de maintien de la paix. Le représentant s’est félicité de la pertinence et de l’utilité des consultations qui tendent à associer les pays contributeurs à la mise en oeuvre des décisions, aux côtés des parties et des membres du Conseil de sécurité. Il a souhaité que ces consultations se poursuivent de manière à ce que les contributeurs se sentent directement impliqués dans la conduite du processus. M. Bennouna s’est prononcé en faveur de la proposition du rapport visant à instaurer une collaboration étroite entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Département des affaires politiques, car l’envoi d’une force des Nations Unies doit toujours être lié à la recherche de solutions politiques aux différends ou à la situation sous-jacente.
M. FABIO OCAZIONEZ (Colombie), se ralliant aux déclarations exprimées respectivement par la Jordanie au nom du Mouvement des pays non alignés et par le Chili au nom du Groupe de Rio, a indiqué toutefois que son pays examinera dans les jours qui viennent les différentes propositions de déploiement rapide du Secrétaire général. Il s’est félicité des efforts du Secrétariat visant à améliorer la qualité de ses sessions d’information et appuyé l’initiative du Secrétaire général de soutenir la capacité des pays d’Afrique à conduire les opérations de maintien de la paix. En ce qui concerne la question des consultations entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité, le représentant a fait remarquer que les pays membres du Conseil ne fournissent pas de troupes. Pour cette raison, il importe que le Conseil consolide des mécanismes permanents, opportuns et pertinents qui permettent aux pays contributeurs de participer au processus de prise de décisions et que les pays fournisseurs de contingents mettent à profit ces mécanismes. Chaque mission mise sur pied par le Conseil de sécurité devrait instaurer ses propres mécanismes de coopération et de consultation avec les pays contributeurs de troupes, a conclu le représentant.
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