M. GUEHENNO DEFEND LA DEMANDE DU SECRETAIRE GENERAL DE 150 POSTES SUPPLEMENTAIRES POUR LE DEPARTEMENT DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Communiqué de presse AG/PKO/170 |
Comité spécial des opérations
de maintien de la paix
162ème séance - matin
M. GUEHENNO DEFEND LA DEMANDE DU SECRETAIRE GENERAL DE 150 POSTES SUPPLEMENTAIRES POUR LE DEPARTEMENT DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Il en appelle à la confiance du Comité spécial des opérations
de maintien de la paix dont la session de fond 2001 débutait ce matin
Dans son intervention devant le Comité spécial des opérations de maintien de la paix, qui ouvrait ce matin sa session de fond 2001 au Siège des Nations Unies à New York, le Secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix, M. Jean-Marie Guéhenno, a mis en avant le travail accompli pendant les dix années d’existence du Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies (DOMP), souvent, a-il dit, au prix de sacrifices personnels de la part de ses membres. Ils ont déployé plus de personnel et plus d’équipement logistique que beaucoup de grandes entreprises multinationales ou de ministères nationaux de la défense, dans les régions du monde les plus lointaines, sans routes, électricité ou moyens de communication, a-t-il fait observer.
Résumant l’esprit du dernier rapport du Secrétaire général sur cette question par la formule “Nous pouvons faire mieux” et citant l’expression “amateurisme éclairé” également utilisée dans le rapport, M. Guéhenno a indiqué n’avoir aucune hésitation à dire que la façon dont le DOMP était géré, y compris la manière dont il coordonnait ses activités internes, pouvait être considérablement améliorée. Pour cela, a-t-il affirmé, l’élément clé réside dans la création des 150 postes supplémentaires demandés dans le rapport du Secrétaire général, outre les 500 déjà créés. Jugeant légitime que le Comité ne donne pas carte blanche pour le personnel supplémentaire, il ne lui en pas moins demandé d’accorder sa confiance à ceux qui assument la responsabilité du travail et qui, en fin de compte, sont garants de son exécution.
Si le rapport du Secrétaire général et la présentation de M. Guéhenno ont reçu un accueil favorable de l’ensemble des membres du Comité, voire dans le cas de l’Union européenne par exemple un soutien complet, d’autres délégations ont indiqué qu’elles souhaitaient avoir des précisions sur certains points tels que les différentes options envisagées pour la mise en place d’une réserve stratégique ou encore sur l’utilisation faite des moyens déjà accordés. Certaines propositions ont paru venir faire double emploi par rapport aux structures existantes. Il a par exemple été estimé que les fonctions envisagées pour le nouveau Secrétariat à l’information et à l’analyse stratégique sont déjà assurées actuellement, dans une large mesure, par le Département des affaires politiques et
celui de l’information. Le fait de recourir à un cabinet extérieur de consultants pour procéder à l’examen de la gestion des opérations de maintien de la paix a été jugé discutable dans la mesure où le Groupe d’experts chargé de l’étude du rapport Brahimi et le Comité spécial avaient déjà formulé des recommandations jugées suffisantes et que d’autre part, l’Organisation disposait de ses propres structures telles que le Corps commun d’inspection. Nous devons nous garder de la prolifération des rapports et d’études qui reviennent cher au budget de l’Organisation, a déclaré un intervenant.
La question de la participation des pays fournisseurs de troupes a également suscité de nombreux commentaires exprimant de façon générale l’opinion que, si des progrès ont été accomplis pour associer les pays fournisseurs de troupes aux décisions prises, ils n’étaient pas encore suffisants. De nombreuses délégations ont exprimé, à cet égard, leur déception à l’égard de la résolution 1353 adoptée par le Conseil de sécurité dans le cadre de son récent débat sur les opérations de maintien de la paix.
Ont pris la parole au cours du débat les représentants des pays suivants : Nigéria, Jordanie (au nom du Mouvement des pays non alignés), Suède (au nom de l’Union européenne et des pays associés), Canada, Egypte, Chili (au nom du Groupe de Rio), Pakistan, Chine, Malaisie, Australie, Afrique du Sud, Norvège et Algérie.
Le Comité avait auparavant réélu Mr. Arthur Mbanefo (Nigeria), à sa présidence et élu ses quatre Vice-Présidents, MM. Arnoldo Listre (Argentine), Michel Duval (Canada), Motohide Yoshikawa (Japon) et Zbigniew Szlek (Pologne) ainsi que son Rapporteur, M. Hossam Zaki (Egypte).
Le Comité a par ailleurs adopté son ordre du jour qui prévoit notamment qu’à la suite du débat général de deux jours qui a été entamé ce matin, un Groupe de travail à composition non limitée se réunira du 20 au 26 juillet, sous la présidence de M. Duval. Le Comité lui-même tiendra une nouvelle réunion, le
27 juillet prochain, pour examiner les conclusions et recommandations du Groupe de travail.
Le débat général du Comité spécial reprendra, cet après-midi à 15 heures.
Informations de base
Les événements tels que le génocide de 1994 au Rwanda et le massacre des civils à Srebrenica en 1995 ont montré que «l’ONU n’est guère en mesure de relever le défi des opérations de maintien de la paix» qui constitue sa tâche la plus importante et dans une large mesure le critère par rapport auquel elle est jugée par les peuples au service desquels elle se trouve. Moyens insuffisants, mandats irréalistes, planifications chaotiques, forces mal préparées et manque d’engagement en faveur de la paix des parties prenantes sont parmi les problèmes principaux sur lesquels le Comité spécial chargé des opérations de maintien de la paix doit se pencher à l’occasion de sa session de fond 2001, qui se tient du
18 juin au 27 juillet 2001 au Siège des Nations Unies.
Face à cet «impératif du changement», M. Kofi Annan, Secrétaire général des Nations Unies, avait mandaté, en début d’année 2000, un Groupe d’étude sur les opérations de paix, présidé par M. Lakhdar Brahimi, pour évaluer les insuffisances du système actuel et formuler des recommandations. Celles-ci ont été le centre du débat du Sommet du Conseil de sécurité, le 7 septembre 2000. Renforcer les capacités de l’Organisation dans le domaine du maintien de la paix est ainsi devenu l’un des principaux objectifs que les chefs d’Etat et de gouvernement se sont fixés dans la Déclaration du millénaire, adoptée le 8 septembre à l’ONU, pour améliorer la capacité des Nations Unies à répondre efficacement aux impératifs du nouveau siècle, «en lui donnant les moyens et les outils de mieux assurer la prévention des conflits, le règlement pacifique des différends, le maintien de la paix, la consolidation de la paix et la reconstruction après les conflits».
Pour base de discussions, le Comité spécial sera saisi, à sa présente session, du rapport, préparé par le Secrétaire général, sur l’application des recommandations du Comité spécial et de celles du Groupe d’étude (A/55/977). Le Secrétaire général y fait état des faiblesses de la capacité de gestion du Département des opérations de maintien de la paix. Il insiste sur le fait que le succès ou l’échec du maintien de la paix dépend avant tout sur la volonté des parties au conflit elles-mêmes de faire le choix de la paix et non pas celui de la guerre. Ce faisant, il souligne que là où la volonté d’opter pour la paix existe, les Nations Unies devraient avoir la capacité de répondre promptement, professionnellement et efficacement. A cette fin, le Secrétaire général avance qu’il est indispensable de renforcer les fonctions fondamentales du Département de maintien de la paix dans les domaines de la gestion; de sa capacité à traduire les directives législatives en planification stratégique, en tenant compte des leçons tirées et des meilleures pratiques; des efforts qu’il déploie pour élaborer les politiques et capacités nécessaires au fonctionnement efficace des opérations de maintien de la paix; et de sa coordination au niveau interne pour ce qui est de planifier, conduire et appuyer les opérations de maintien de la paix. Il soumet une estimation des implications de la réalisation de l’objectif visant à pleinement déployer les opérations envoyées pour surveiller un cessez-le-feu et pour s’interposer entre les forces après une guerre entre Etats dans un délai allant de 30 à 90 jours suivant le cas. La nécessité d’améliorer fiabilité du système des forces et moyens en attente et de fournir des contingents fiables et autonomes est largement soulignée. A cet égard, il est fait mention des progrès accomplis dans l’élaboration d’une liste de personnels, civils et militaires, sous astreinte.
Le Secrétaire général présente également une stratégie globale visant à répondre aux lacunes du Département en ce qui concerne ses capacités d’appui aux missions sur le terrain. Cette stratégie implique la réorganisation structurelle du Département et le renforcement de ses effectifs à concurrence de 150 postes. Le Secrétaire général fait en outre état de la nécessité d’accroître les ressources du Département afin de lui permettre de disposer du temps et de la flexibilité que requiert la conduite de relations, plus fréquentes et transparentes, avec les Etats Membres et, en particulier, avec les membres du Conseil de sécurité, les contributeurs de ressources financières et de personnel civil et/ou militaire. L’importance que revêt une meilleure coordination entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de la gestion, le Bureau des services de contrôle interne, le Bureau du Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, et du Bureau des affaires juridiques d’une part, et entre le Département et les institutions spécialisées jouant un rôle dans le maintien de la paix d’autre part, est également soulignée. Est aussi évoquée l’importance d’accroître la relation de collaboration qu’entretiennent le Département des opérations de maintien de la paix et le Département de l’information.
Il est souligné que le renforcement du Département des opérations de maintien de la paix et des autres Départements du Secrétariat n’est pas l’unique réponse à apporter au défi consistant à accroître l’efficacité de l’Organisation dans le maintien de la paix et de la sécurité internationales. A cet égard, le Secrétaire général identifie la volonté du Conseil de sécurité à faire tout ce qui est en son pouvoir pour assurer le succès d’une opération et la volonté politique des Etats Membres de faire coïncider les mandats avec les ressources humaines, matérielles, financières et le soutien politique nécessaires comme d’autres facteurs déterminants du succès des opérations dans lesquelles s’engage l’ONU. Une des autres grandes questions que les membres du Comité devront examiner est celle de l’appui financier aux opérations de maintien de la paix. Les ressources budgétaires pour le maintien de la paix de juillet 2001 à juin 2002 devraient enregistrer une hausse de plus de 52% par rapport à la période en cours. Les ressources nécessaires pour les 12 missions qui seront en activité du 1er juillet 2001 au 30 juin 2002 sont estimées à 2,6 milliards de dollars, conformément aux estimations faites par le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires, et hors compte d’appui et base logistique de Brindisi. Il faut
noter que pour cinq missions, représentant 70,4% de ce total, - Liban, Ethiopie/Erythrée, Timor oriental, Sierra Leone et République démocratique du Congo - et les prévisions budgétaires détaillées n’ont pas été encore soumises.
A titre informatif, si l’on prend en compte les dépenses qui découleront du déploiement à plus grande échelle de la Mission en République démocratique du Congo et de l’élargissement récent de la composition militaire de la Mission en Sierra Leone, le montant total du budget de maintien de la paix pourrait se situer entre 3 milliards et 3,5 milliards de dollars.
ORGANISATION DES TRAVAUX DU COMITÉ CONFORMÉMENT À SON MANDAT ÉNONCÉ DANS LA RÉSOLUTION 54/81 DE L’ASSMBLÉE GÉNÉRALE
Débat général
M. JEAN-MARIE GUEHENNO, Secrétaire général adjoint pour les opérations de maintien de la paix, a rappelé que, depuis la création du Département des opérations de maintien de la paix (DOMP), un grand nombre de ses membres ont jour après jour fait des sacrifices personnels en faveur de la paix. Ils ont déployé plus de personnel et plus d’équipement logistique que beaucoup de grandes entreprises multinationales ou de ministères nationaux de la défense, dans les régions du monde les plus lointaines, sans routes, électricité ou moyens de communication.
Toutefois, a ajouté M. Guéhenno, se référant à la remarque du Secrétaire général qui, dans son rapport, souligne que «l’amateurisme éclairé ne peut plus se perpétuer», je n’ai aucune hésitation à dire que la façon dont le DOMP est géré, y compris la manière dont nous coordonnons nos activités internes, peut être considérablement améliorée. Nous avons un engagement moral vis-à-vis des pays dans lesquels nous intervenons comme à l’égard de notre personnel sur le terrain dont la sécurité doit être mieux prise en compte.
L’élément clef est la question du personnel supplémentaire pour le DOMP, a déclaré le Secrétaire général adjoint, rappelant que l’évaluation effectuée par des consultants, chiffrait à 150 le nombre de postes supplémentaires nécessaires en sus des 500 déjà autorisés, afin de réaliser des améliorations substantielles dans les domaines clefs du travail du Département. Que les Etats Membres soulignent l’importance de faire un usage optimal des ressources existantes est non seulement juste mais primordial. Plusieurs domaines ont été identifiés sans augmentation de ressources, a indiqué M. Guéhenno, soulignant que des mesures peuvent, doivent et seront entreprises.
M. Guéhenno a conclu sur ce point en demandant à son auditoire le bénéfice du doute. A un certain stade, aussi complètes que soient nos justifications, nous vous demanderons finalement d’accorder un peu de confiance et de foi au jugement de ceux qui sont responsables d’accomplir le travail et qui sont garants de son exécution.
Sur la question du renforcement de la consultation avec les pays contributeurs de troupes, M. Guéhenno s’est prononcé en faveur de ce renforcement, insistant sur le rôle du nouveau Sous-Secrétaire général dont la création de poste est proposée dans le rapport du Secrétaire général, et qui consiste à accroître la capacité du Département à cet égard.
M. H.E. MBANEFO (Nigéria) a rappelé que la confiance des pays dans lesquels était déployée une opération de maintien de la paix ne pouvait être restaurée que si les Etats Membres aux économies plus développées que celle de son pays s'engageaient à renforcer la santé financière des Nations Unies. De même, les Etats Membres doivent respecter leurs obligations et régler leurs dettes dans leur totalité, sans délai et sans autre condition. Le représentant s’est également réjoui de la coopération entre les Nations Unies et les organisations régionales telles que la Communauté de développement de l'Afrique australe et la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest en matière de formation notamment. De la même manière, il a aussi souligné le rôle important joué par la coopération et la consultation réalisées entre le Conseil de sécurité et les fournisseurs de contingents à tous les niveaux des opérations de maintien de la paix et il a souhaité que ces dernières soient étendues aux domaines du renouvellement et de l'extension des mandats. Enfin, le représentant a indiqué que sa délégation souhaitait discuter plus tard des points relatifs à l'application du rapport Brahimi dans le cadre des questions des mandats et des pratiques.
M. ZEID RA'AD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie), au nom du Mouvement des pays non alignés, a rappelé que l'établissement de toute nouvelle opération de maintien de la paix devait non seulement être fondée sur le consentement des parties mais aussi sur le non recours à la force - sauf en cas de légitime défense-, le principe de l'impartialité, une définition claire des mandats et un financement solide. Il a poursuivi en faisant remarquer que les opérations de maintien de la paix ne pouvaient pas être une substitution à la recherche d'une solution permanente. Le représentant a souhaité obtenir des éclaircissements relatifs à la question des réclamations et du remboursement et a voulu connaître quelle était la politique des Nations Unies dans ce domaine. Il a, dans ce contexte, rappelé que tous les Etats Membres devaient s'acquitter de leurs dettes. Concernant la question des fautes professionnelles réalisées par certains membres des opérations de maintien de la paix, le représentant a renouvelé son souhait de voir représentés des membres des pays des ressortissants en question dans les commissions d'enquête de l'ONU afin que les tribunaux des pays concernés accordent tout leur crédit à ces dernières. Le représentant a également souhaité la révision de la façon dont le Bulletin sur l'observation de la Loi Internationale était publié. En matière de formation des formateurs, M. Al-Hussein a fait remarquer que ces derniers ne devaient pas attendre leur arrivée sur le terrain pour initier leur travail. Il a souligné en outre le fait que les pays développés, contribuant déjà à hauteur de 70% en termes de personnel sur le terrain, ne devaient pas supporter le coût de l'immunisation.
Le représentant a fait observer qu'aucun des trois militaires les plus haut placés sur le terrain ne devait appartenir à un pays qui ne contribue pas notablement à la formation des troupes. Il a insisté sur la nécessité d'augmenter le nombre du personnel civil sous astreinte. Le terme "militaire", dans "doctrine militaire" évoqué par le Secrétariat l'an passé doit être défini, a insisté le représentant. En matière de déploiement rapide, le représentant a indiqué que, en l'attente d'éclaircissements sur différents points, le Mouvement des pays non alignés avait examiné les trois options présentées dans le rapport du Secrétaire général et que sa préférence allait à la troisième, à savoir une réserve stratégique moyenne. Concernant la restructuration du Département des opérations de maintien de la paix, le représentant a demandé des précisions sur la restructuration et la création de nouveaux postes et leurs statuts comme le recommande le Secrétaire général. Enfin, il a émis des doutes quant à la pertinence des alternatives à la création d’un Secrétariat à l’information et à l’analyse stratégique (SIAS) proposées dans le rapport et a aussi demandé des précisions à ce sujet.
M. STIG ELVEMAR (Suède), s’exprimant au nom de l’Union européenne et de la Bulgarie, de la République tchèque, de l’Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovaquie, de la Slovénie, de Chypre, de Malte, de l’Islande et du Liechtenstein, a déclaré que ces pays sont fermement engagés en faveur du renforcement du Département de maintien de la paix afin qu’il puisse non seulement planifier, déployer et gérer efficacement les opérations, mais également disposer d’une force de déploiement rapide en cas de nouveaux besoins. C’est pourquoi, l’Union européenne apporte son soutien à toutes les propositions du Secrétaire général figurant dans le rapport et souhaite qu’elles soient appliquées rapidement. Le représentant a déclaré que des ressources supplémentaires seraient nécessaires pour renforcer les relations entre le Secrétariat, les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité. Les méthodes de travail et la structure du Département devraient également être réformées, les services administratifs et logistiques, et en particulier la Division de la police civile, renforcés. L’Union européenne soutient la création d’une unité de droit criminel et des affaires juridiques, avec la mission, entre autres, d’initier le personnel au droit national avant son déploiement sur le terrain. L’efficacité des activités de maintien de la paix pourrait aussi être améliorée en renforçant la délégation de pouvoirs sur le terrain et en uniformisant les procédures de mise en application et de planification des missions, a ajouté le représentant. L’Union européenne est d’avis que le Secrétariat devrait travailler avec l’objectif de pouvoir déployer les opérations de maintien de la paix dans les 30 jours, délai pouvant aller jusqu’à 90 jours pour les opérations complexes. A cet égard, elle considère avec intérêt les trois options d’une capacité de déploiement rapide et efficace présentées dans le rapport et a demandé au Secrétariat des informations supplémentaires sur ces trois options. En ce qui concerne les liens avec les autres institutions des Nations Unies, le représentant s’est prononcé en faveur du renforcement des liens avec le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, insistant sur le fait que les droits de l’homme devraient être pleinement intégrés dans les processus de planification et de mise en application des opérations de maintien de la paix.
M. Elvemar a, en conclusion, apporté le plein soutien de l’Union européenne aux réformes en cours, et notamment à la proposition du Secrétaire général d’établir une nouvelle unité d’analyse et de politique au niveau du système des Nations Unies, soulignant toutefois que rien ne remplacerait la volonté politique des Etats.
M. MICHEL DUVAL (Canada) a déclaré que, pour que l’ONU demeure pertinente et capable de jouer un rôle central en matière de maintien de la paix et de sécurité internationales, il est nécessaire qu’elle dispose des ressources et d’outils renforcés, tant humains que financiers. Le représentant a félicité le Secrétaire général pour la qualité de son rapport et a déclaré que la publication d’un tel document est un événement exceptionnel. Le Canada a affirmé qu’il est urgent de renforcer la capacité du Département de maintien de la paix, notamment dans ses fonctions de gestion et de planification, et qu’à cette fin, il importe de lui fournir dès maintenant des ressources supplémentaires. Selon le représentant, il importe de mettre l’accent sur le renforcement des capacités du Secrétariat, et l’objectif doit être de s’assurer que le Secrétariat dispose des ressources nécessaires pour effectuer une planification intégrée et pour déployer ses ressources de manière pertinente, rapide et efficace.
Après avoir affirmé que le Secrétariat doit pouvoir collecter, analyser et diffuser des informations, le représentant s’est félicité de ce que, dans les plus récentes recommandations du Secrétaire général, l’unité de politique et d’analyse à l’échelle du système soit plus modeste et plus indépendante. Enfin, le représentant a mis en relief deux des priorités du Canada: la première concerne l’impératif absolu d’assurer la sécurité du personnel; la seconde est relative à la participation des pays contributeurs de troupes aux négociations sur les opérations de maintien de la paix. A cet égard, il a demandé que leur rôle soit pleinement reconnu dans les négociations et qu’ils soient intégrés au processus de prise de décision du Conseil de sécurité.
M. REDA ABDEL RAHMAN BEBARS (Egypte) a exprimé sa confiance totale à l’égard du DOMP et s’est associé à la déclaration faite par le représentant de la Jordanie, au nom des pays non alignés. Il a salué le travail remarquable accompli par le Secrétariat pour évaluer les activités du DOMP et a estimé que le Comité spécial et le Comité consultatif pour les questions administratives et financières devaient apporter leur soutien au Secrétariat pour qu’il puisse s’acquitter efficacement de son rôle. Il a toutefois insisté sur la nécessité pour celui-ci d’axer ses efforts en vue de remédier aux lacunes administratives qui ont été mises en évidence, indiquant que c’est à la lumière des mesures envisagées que sa délégation examinera la demande de personnel supplémentaire. Il a tout particulièrement mis l’accent sur la nécessité d’éliminer les doubles emplois.
Le représentant a exprimé l’appui de son pays à la proposition visant à créer un poste de consultant militaire et d’une unité militaire et a estimé que ce consultant devrait avoir le plus large accès possible au Secrétaire général. Il a demandé des précisions sur les différentes options présentées pour la création d’une unité stratégique. Il a fait sienne la position exprimée dans le rapport selon laquelle aucune des options envisagées ne permettra d’atteindre le déploiement rapide sans la collaboration des Etats présentant les équipements voulus. Sa délégation émet toutefois des réserves sur la résolution adoptée récemment par le Conseil de sécurité qui ne prend pas suffisamment en compte la volonté des pays contributeurs d’être associés aux décisions.
M. GABRIEL VALDES (Chili), s’exprimant au nom du Groupe de Rio, a félicité le Secrétaire général pour la qualité de son rapport. Il a souligné l’importance qu’il y a à disposer d’une force de déploiement rapide, et s’est félicité du renforcement prévu de la participation de personnel civil, rappelant également que la réforme de la gestion des opérations de maintien de la paix exigerait d’augmenter d’un coup les réserves de déploiement stratégique de Brindisi. Le représentant a, par ailleurs, reconnu l’importance de se doter d’une unité d’analyse et de politique qui collectera et diffusera l’information. En ce qui concerne la modification de la structure organique et la création de nouveaux postes, le représentant a soutenu cette idée et a insisté sur l’importance de renforcer non seulement le Département, mais également les liens avec les autres institutions et Départements des Nations Unies. Le représentant a en conclusion demandé au Secrétariat de faire de la sécurité du personnel en mission une priorité et de prendre en compte scrupuleusement le principe de répartition géographique équitable lors du recrutement de nouveau personnel.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a exprimé l’appui de sa délégation à l’ensemble des points soulevés dans la déclaration du représentant de la Jordanie, faite au nom des pays non alignés, tout particulièrement ceux portant sur l’importance de la consultation des pays contributeurs et du paiement des contributions. Il a mis en avant l’importance de la participation active du Pakistan aux opérations de maintien de la paix. Mon pays a pris part à 25 missions dont des opérations complexes et dangereuses comme le Cambodge et la Somalie, a-t-il indiqué. A l’heure où nous parlons, plus de 4 300 militaires pakistanais se trouvent en Sierra Leone. Nous intervenons aujourd’hui non seulement en tant qu’Etat Membre de l’ONU mais en tant que partie prenante et c’est, en cette qualité, que nous abordons le rapport du Secrétaire général.
Le représentant a félicité le DOMP pour avoir effectué l’évaluation demandée par le Comité mais a exprimé des réserves sur certains aspects du compte rendu. Il a indiqué que sa délégation était toujours en faveur d’un département fort et efficace doté de capacités à la hauteur de ses tâches. Il a insisté sur le fait que, depuis son entrée en fonctions, M. Guéhenno a accompli des efforts dignes d’éloges pour donner à ce Département une direction nouvelle et il l’a encouragé à poursuivre dans cette voie, notamment en qui concerne la concertation avec les pays contributeurs de troupes.
En dépit de la sincérité du Secrétariat et l’exercice d’autocritique qu’il a entrepris, certaines de nos réserves persistent, a-t-il déclaré. Nous pensons que tout n’a pas été fait pour éliminer les doubles emplois. Nous aurions souhaité la création d’une unité spéciale de plus grande envergure. Nous attendons de voir comment les 93 postes d’urgence, approuvés l’an dernier, ont été pourvus. L’affectation de ces postes ne manquera pas d’avoir des effets sur notre décision concernant la demande de personnel supplémentaire. Nous avons noté avec inquiétude que les propositions du Comité sur les arrangements d’urgence n’ont pas été pleinement retenues. Autrement dit, avant de faire droit à des demandes supplémentaires, nous examinerons ce qu’il est advenu des moyens supplémentaires accordés l’an passé, a tenu à préciser M. Shamshad.
Son pays, fortement partisan d’un renforcement triangulaire entre les pays contributeurs de troupes, le Secrétariat et le Conseil de sécurité, juge en retrait les objectifs la résolution 1353 du Conseil de sécurité adoptée récemment ne sont pas réalisés.
Le représentant de la Chine a félicité le Secrétaire général pour la qualité de son rapport, qui livre une analyse d’ensemble des mécanismes de maintien de la paix et propose de nombreuses recommandations extrêmement pertinentes. La Chine apporte son soutien à ces recommandations, a expliqué le représentant, car elles permettront d’améliorer l’efficacité du travail et de faire meilleur usage des ressources. Il a ajouté qu’il incombe aux Etats Membres, afin de renforcer les opérations de maintien de la paix, de fournir du personnel compétent, et notamment un liste évolutive de personnel sous astreinte qui puisse être déployé rapidement. Le représentant a déclaré attendre avec intérêt la coopération avec le projet Galaxie concernant le recrutement de nouveau personnel, et a insisté pour que les nouveaux recrutements respectent le principe de répartition géographique équitable. Les réformes institutionnelles doivent être mises en oeuvre, a ajouté le représentant, et notamment celles qui concernent les forces de police civile. Leur participation a augmenté dans les dernières années, a-t-il fait remarquer, et ce processus doit être professionnalisé par des méthodes de formation.
M. ZAINUDDIN YAHYA (Malaisie) a estimé qu’il fallait remédier immédiatement à la faiblesse de la capacité du DOMP, bras opérationnel du Secrétariat des Nations Unies, en termes de gestion. En conséquence, a-t-il fait valoir, il est urgent de procéder aux ajustements de sa structure et à son effectif. Toutefois, ma délégation est d’avis que chaque création de poste doit être justifiée et qu’elle doit s’effectuer sur la base d’une répartition géographique équitable.
Le représentant a également manifesté le soutien de sa délégation à la proposition visant à renforcer la Force de déploiement rapide. Sa délégation considère que l’option 3 proposée par le Secrétaire général était la plus adaptée. Il a conclu en se déclarant convaincu que le maintien de la paix ne réussira qu’avec l’engagement fort et durable de la communauté internationale.
Mme MARIA PERGAMINELIS (Australie), rappelant l’engagement de son pays au Timor oriental, a déclaré qu’il s’agissait du plus grand déploiement de troupes australiennes à l’étranger depuis 25 ans. Elle a déclaré que, dans cette tâche, son pays apprécie la coopération étroite et la coordination avec le Département des opérations de maintien de la paix et qu’il serait pertinent de tirer des leçons de cette expérience pour les futures opérations de maintien de la paix de l’ONU. La représentante a déclaré que son pays appuie les recommandations du rapport Brahimi et le rapport du Secrétaire général sur la mise en oeuvre de ces recommandations. Dans le cadre des discussions sur le rapport qui auront lieu dans les semaines à venir, la représentante a déclaré qu’un certain nombre de thèmes répondraient mieux aux attentes de l’Australie: la modernisation des pratiques de gestion du Département sans laquelle il sera impossible d’attirer et de retenir du personnel de qualité; les changements sur la structure du Département et, notamment, le renforcement du Bureau du conseiller militaire et l’amélioration de la gestion de la police civile; l’établissement d’un Secrétariat à l’information et l’analyse stratégique, que l’Australie appuie, ainsi que le développement des consultations entre le Conseil de sécurité, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes.
Mme JEANETTE NDHLOVU (Afrique du Sud) a salué l’excellent rapport du Secrétaire général et notamment son caractère de franchise. Sa délégation, a-t-elle dit, juge encourageant le fait que l’examen d’ensemble reconnaisse que les défis ne sont pas seulement quantitatifs mais qualitatifs et qu’il réaffirme de nombreux aspects des évaluations du rapport Brahimi tout en les approfondissant. Elle a indiqué que l’Afrique du Sud appuyait bon nombre des propositions du rapport, notamment celles visant à trouver une approche plus proactive de planification stratégique et à améliorer l’efficacité. Elle a toutefois demandé plus de précisions sur les différentes options envisagées pour l’unité de réserve stratégique.
La représentante a fait valoir que, si la résolution 1353 récemment adoptée par le Conseil de sécurité apporte quelque amélioration, elle aurait pu néanmoins s’inspirer davantage des propositions faites par certaines délégations ces dernières semaines. Elle a souscrit à l’opinion du Secrétaire général selon laquelle le succès ou l’échec du maintien de la paix dépend en large partie de la volonté des Etats Membres de fournier les ressources humaines, financières et logistiques nécessaires, ajoutant que les organisations régionales avaient également un rôle important à jouer.
M. KNUT TORAASEN (Norvège) a déclaré qu’on ne saurait considérer les recommandations comme une formule magique, mais qu’il s’agit plutôt d’une façon d’aiguillonner un processus visant à faire des Nations Unies une organisation plus efficace dans la gestion de ses opérations de la paix. La volonté politique est certes nécessaire, a ajouté le représentant, mais ne passons pas notre temps à déplorer son absence; essayons plutôt de la maintenir en nous assurant du succès des opérations entreprises. Le représentant s’est prononcé en faveur de la création d’une petite unité multidisciplinaire de politique et d’analyse afin de soutenir le Comité exécutif pour la paix et la sécurité. Cette unité servirait d’interface avec les autres institutions et départements des Nations Unies.
Le représentant s’est également prononcé en faveur de la création du poste de Directeur de la planification stratégique et de la gestion, avec les fonctions décrites dans le rapport du Secrétaire général. Il a affirmé l’importance de la police civile, insistant sur son rôle dans la construction d’une société civile et dans les processus de réconciliation après les conflits, et s’est félicité du reclassement du poste de Conseiller de la police civile. Il a appuyé la “réserve stratégique moyenne” recommandée par le rapport du Secrétaire général. En ce qui concerne les aspects humanitaires, le représentant a souhaité que les liens entre le Département des opérations de maintien de la paix et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires soient renforcés, afin d’améliorer la protection des civils dans la planification et la mise en place des opérations de maintien de la paix.
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a fait observer que l’évolution des conflits, aujourd’hui intra-étatiques voire interethniques là où auparavant, il s’agissait de conflits entre Etats, requérait une adaptation des missions de maintien de la paix. Il a souligné la nécessité d’inscrire parmi les priorités de l’effort actuel, la question du remboursement des pays fournisseurs de troupes, notamment des pays en développement, dont la participation aux opérations de maintien de la paix représente un fardeau supplémentaire pour des économies déjà fortement éprouvées. Il a mis en garde contre les risques présentés par une tendance de plus en plus prononcée à l’interprétation élastique des mandats.
Le représentant s’est prononcé en faveur d’une revitalisation des structures existantes. A titre d’exemple, a-t-il fait observer, le projet de l’unité chargée de l’information et de l’analyse stratégique mérite d’être examiné davantage et son mandat mieux défini car les fonctions qui sont projetées, sont déjà assurées actuellement, dans une large mesure, par le Département des affaires politiques et celui de l’information. Il a également rappelé les besoins spécifiques de l’Afrique et souligné que la multiplication des conflits exige un engagement particulier et permanent de la communauté internationale et un effort particulier des pays africains.
Ma délégation s’interroge sur l’opportunité du recours à un cabinet d’organisation indépendant pour procéder à l’examen de la gestion des opérations de maintien de la paix, a-t-il déclaré, estimant que des recommandations suffisantes avaient été formulées par le Groupe d’experts chargé de l’étude du rapport Brahimi et le Comité spécial et que, d’autre part, l’Organisation dispose de structures suffisantes telles que le Corps commun d’inspection. Nous devons nous garder de la prolifération des rapports et d’études qui reviennent cher au budget de l’Organisation, a-t-il déclaré.
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