LE COMITE CONSACRE UNE TABLE RONDE AUX PROBLEMES AFFECTANT LES FILLETTES
Communiqué de presse DH/286 |
Comité préparatoire de la session
extraordinaire de l'Assemblée générale
consacrée aux enfants
Deuxième session de fond
4e séance - après-midi
LE COMITE CONSACRE UNE TABLE RONDE AUX PROBLEMES AFFECTANT LES FILLETTES
Introduite par son modérateur, Mme Awa N´Deye Ouedraogo (Burkina Faso), Présidente du Comité des droits de l'enfant, une table ronde sur les enfants de sexe féminin a constitué cet après-midi l'essentiel des débats du Comité préparatoire de la session extraordinaire qui sera consacrée aux enfants en septembre 2001. Le modérateur a insisté, dans son introduction, sur le concept selon lequel les droits dont doivent jouir les petites filles sont les droits de l'homme dans leur intégralité. Or, il est unanimement reconnu que la petite fille ne reçoit pas suffisamment de reconnaissance et de dignité dans la plupart des sociétés et subit une discrimination à plusieurs égards, ont relevé les intervenants qui ont estimé que beaucoup reste donc à faire pour assurer aux petites filles la protection qu'elles méritent.
Les nombreuses discriminations à l'égard des enfants de sexe féminin ont été détaillées, et les membres du panel qui ont pris la parole ont évoqué entre autres les discriminations flagrantes qui existent en matière d'éducation et en ce qui concerne l'âge légal du mariage. Ils ont aussi dénoncé la persistance de pratiques telles que les mutilations génitales, les crimes d'honneur et autres violences contre les petites filles, y compris l'exploitation sexuelle, la destruction des foetus féminins et le meurtre de bébés de sexe féminin à la naissance. En outre, il apparaît que les filles ont moins facilement accès aux soins de santé et sont souvent victimes d'une exploitation intensive. Ces discriminations ne sont pas toujours visibles, a relevé Elisabeth Croll, Professeur d'anthropologie chinoise à l'Université de Londres. Un des défis est donc d'accroître l'information sur la situation et les besoins des fillettes en donnant des données quantifiables pour servir d'outil aux prises de décisions.
Des exposés ont éalement été faits par : Tomris Türmen, pédiatre turque qui est actuellement Directrice de la Division de la famille et de la santé communautaire à l’Organisation mondiale de la santé (OMS); Salehudin Ahmed, Directeur adjoint de l’organisation Comité pour l’avancement rural du Bangladesh; Kasama Varavarn, Directrice du Département d’éducation à Bangkok, en Thailande; Briskellia Alvarez, Présidente de l’Assemblée nationale constituante pour les enfants et les adolescents du Venezuela.
Les programmes de l'UNICEF qui visent à trouver des solutions pour un plein épanouissement des filles ont été évoqués. Les intervenants ont relevé que la plupart des programmes menés le sont en étroite collaboration avec les ONG et que des initiatives visant à une meilleure communication sur les droits des filles ont été lancées dans les pays d'Asie et d'Afrique, sous le regard du Comité des droits de l'enfant.
A la suite de la table ronde, le Comité a été informé des travaux de conférences qui se sont réunies récemment et des préparatifs de conférences qui se tiendront prochainement sur des questions ayant des répercussions sur la situation des enfants. Dans ce cadre, le Directeur du Bureau des relations avec les organismes des Nations Unies et des relations extérieures à l'UNICEF a évoqué du "plan de route" préparé actuellement sur la mise en oeuvre de la Déclaration du Sommet du millénaire, ainsi que des 20 documents cadre pour l'assistance au développement des Nations Unies qui ont été achevés à la fin de l'année 2000, 38 documents étant encore en cours d'élaboration.
Le Comité poursuivra ses travaux demain, mercredi 31 janvier, à 10 heures.
Table ronde sur l'épanouissement et la participation des adolescents (suite)
Les membres du panel ont répondu aux commentaires que certaines délégations et ONG avaient faits ce matin à la suite de la présentation des exposés. En ce qui concerne la capacité sociale des enfants, il a été rappelé qu'elle doit être développée et être axée sur la vie quotidienne. Chaque pays doit mettre au point son système de participation des adolescents. La question de la participation à la vie sociale est aussi liée à la famille qui doit initier l'enfant à cette participation. Il a été souligné que le document final doit tenir compte du rôle de la famille, base fondamentale nécessaire au développement de l'enfant. A ce sujet, on a aussi fait remarquer que si la famille joue un rôle clé, le monde a toutefois changé. Il y a des familles qui ont à leur tête des jeunes et d'autres qui n'ont pas toujours deux parents. C'est pourquoi il faut aider les jeunes qui sont au centre de ce type d'environnement. On a aussi parlé de la réintégration familiale qui nécessite des alternatives, comme la famille de substitution et une formation adaptée à ces jeunes.
La protection a aussi été soulevée, comme le travail qui doit être fait avec les jeunes pour s'assurer que leur consommation d'alcool reste modérée. Il a été affirmé que les jeunes doivent faire des expériences, mais avec une protection maximale. En outre, il a été précisé que la protection des enfants exige que certains droits soient accompagnés de conditions relatives à l'âge. En Allemagne par exemple, on ne peut pas boire en public avant 16 ans, on peut choisir sa religion à l'âge de 14 ans et se marier à 16 ans.
Table ronde sur les enfants de sexe féminin
MME AWA N´DEYE OUEDRAOGO, du Burkina Faso, Présidente du Comité des droits de l'enfant, a introduit la table ronde sur les enfants de sexe féminin en insistant sur les droits dont doivent jouir les petites filles et qui sont les droits de l'homme dans leur intégralité. Compte tenu des discriminations dont souffrent les filles, le Conseil d'administration de l'UNICEF mène, dans le cadre de ses programmes de pays, des programmes et des politiques visant à trouver des solutions aux situations qui posent un frein au plein épanouissement des filles. La plupart des programmes sont menés en étroite collaboration avec les ONG. Des initiatives visant à une meilleure communication sur les droits des filles ont été lancées dans les pays d'Asie et d'Afrique. Le Comité des droits de l'enfant attache une attention particulière à la situation des droits des petites filles, et le caractère indissociable de la Convention sur les droits de l'enfant et de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes a été clairement reconnu. Les filles sont un groupe vulnérable, elles sont victimes de nombreuses discriminations par rapport aux garçons sur de nombreux aspects de la vie. La discrimination envers les filles est flagrante en matière d'éducation, et concernant le mariage, il est frappant que l'on observe des différences dans les âges légaux reconnus aux filles et aux garçons pour cet engagement. Concernant les pratiques traditionnelles et coutumières, on relève la persistance de phénomènes comme les mutilations génitales, les crimes d'honneur et autres violences sexuelles contre les petites filles. Elles sont plus nombreuses à être victimes d'exploitation et de trafic sexuel. L'infanticide de bébés de sexe féminin continue d'être répandu, et le Comité a fait des recommandations sur ces situations déplorables. Dans la plupart des pays, on constate une inadéquation flagrante des textes législatifs par rapport à la gravité des situations de facto qui gâchent la vie des femmes et des filles. La coopération avec les ONG reste insuffisante face aux besoins en aide, en information et en assistance. Nous espérons que les discussions de cette session permettront d'esquisser des solutions aux nombreux problèmes que rencontrent les filles, qui sont la cheville ouvrière de l'évolution harmonieuse de la famille et de la société et devraient de ce fait recevoir l'éducation dont elles ont besoin.
MME ELISABETH CROLL, professeur d'anthropologie chinoise à l'école d'études orientales et africaines de l'Université de Londres, a présenté son étude sur les filles qui restent une des catégories sociales les moins avantagées. Elles ont moins souvent accès aux services de santé et ont souvent un emploi intensif. Il est aussi plus probable qu'elles subissent des sévices sexuels que les garçons. Le professeur Croll a aussi relevé que les filles des populations minoritaires sont les plus désavantagées en ce qui concerne la santé, la protection et l'éducation. Souvent, elles sont plus nombreuses que les petits garçons à être infectées par le VIH/sida.
Mme Croll a insisté sur l'invisibilité de la discrimination contre les fillettes, les données sur les enfants ventilées par sexe n'étant pas encore connues. Au niveau de la langue déjà, on parle de la prostitution des enfants, alors qu'il s'agit plus souvent des filles que des garçons. En ce qui concerne l'égalité des sexes au niveau des enfants, elle a remarqué qu'on est parfois gêné de marquer une différence avec les fillettes. Par ailleurs, les allocations sociales ne sont pas réparties de la même façon entre les filles et les garçons. Les filles courent aussi le risque d'être vendues à des fins d'exploitation sexuelle. Mme Croll a encore dénoncé les sources familiales de discrimination et regretté que les politiques relatives aux enfants ne traitent que très rarement des problèmes d'égalité des sexes. Selon elle, deux grands défis sont à relever immédiatement : accroître l'information sur la situation et les besoins des fillettes dans le monde, avec des données quantifiables pour servir d'outil aux prises de décisions, et définir des approches innovantes pour traiter de l'inégalité dont souffrent les filles. Enfin, l'expérience des pays en développement démontre que si des stratégies concertées entre les ONG et les gouvernements ne sont pas prises, les filles risquent de ne pas voir leur condition améliorée, elles qui sont les dernières personnes à profiter du développement.
MME TOMRIS TÜRMEN, de la Turquie, Directrice de la division de la famille et de la santé communautaire à l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à Genève, a déclaré que la petite fille ne recevait pas suffisamment de reconnaissance et de dignité dans la plupart des sociétés. Beaucoup reste à faire pour assurer aux petites filles la protection dont elles ont besoin et leurs droits humains. La plupart des gouvernements se sont engagés à réduire les inégalités entre les sexes qui commencent souvent, comme on le constate dans de nombreux pays, bien avant la naissance. Ce fait est observable dans de nombreuses sociétés d'Asie du Sud et du Centre. Cette discrimination en arrive à créer des déséquilibres dans la répartition par sexes de la population, du fait de la destruction des fœtus féminins et même du meurtre de bébés filles à la naissance. Dans certains pays on vaccine plus les garçons que les filles et ces dernières reçoivent moins d'attention de leurs parents que leurs frères. Deux millions de filles sont victimes chaque année de mutilations génitales, et les mariages précoces affectent la croissance et l'état de santé de petites adolescentes qui n'ont pas atteint leur plein développement physique. La jeunesse des filles obligées d'avoir des relations sexuelles les rend plus vulnérables que les garçons au VIH/sida. L'analphabétisme touche plus le sexe féminin, alors que l'éducation pourrait
permettre aux filles de faire les choix qui leur conviennent. Le silence qui règne sur les inégalités et les discriminations dont souffrent les petites filles doit être rompu. L'équité entre les sexes doit devenir une réalité. Les gouvernements doivent mettre en place des mécanismes protégeant les filles, y compris sur le plan législatif.
M. SALEHUDDIN AHMED, Comité pour l'avancement rural du Bangladesh, a rappelé que son pays est considéré comme le pays le plus pauvre du monde, mais que c'est seulement d'un point de vue économique car il est riche au niveau des ressources humaines. Nous devons donc donner à ces ressources la chance de s'épanouir, a-t-il souhaité. Il a relevé que le statut des femmes est encore très faible. En matière de développement, le Bangladesh a réalisé des miracles, a-t-il dit, et les femmes y ont apporté une grande contribution. En 1984, un programme de recherche et d'observation a été lancé, pour évaluer l'éducation des enfants dont les femmes se plaignaient. Il en est résulté que, soit les parents devaient être hautement alphabétisés pour aider leurs enfants, soit ils devaient avoir les moyens financiers pour une éducation de meilleure qualité. Or, aucune de ces options n'était possible, a indiqué M. Ahmed.
Il a poursuivi en expliquant que l'ONG qu'il représente avait donc créé un système éducatif, parallèle au système étatique, mais sans pour autant faire concurrence à celui-ci. La formation est animée par les femmes et elles sont supervisées pour assurer la réussite du programme. L'alphabétisation des filles est favorisée et de nouvelles activités se sont développées autour du système, comme des bibliothèques ou un réseau d'organisation des adolescents. La consultation locale est très importante, a-t-il insisté, ainsi que la bonne formation des enseignants.
MME KASAMAVARAVARN, Directrice générale du Département général d'éducation de Bangkok en Thaïlande, a dit qu'en matière d'accès scolaire, la Thaïlande a vu une forte augmentation de son taux de scolarisation ces dernières années. Nous avons constaté que des milliers d'enfants handicapés ne quittaient jamais le foyer familial et qu'il fallait aller à leur recherche et à leur rencontre, a dit
Mme Voravara. L'abandon scolaire est un phénomène qui touche toutes les sociétés à divers degrés. Loin d'être dû à la seule pauvreté, nous avons constaté que cet abandon survenait beaucoup plus dans les régions où se produisent des migrations familiales, les petites filles abandonnant souvent leur scolarisation pour se consacrer à des tâches ménagères quand des familles migrent d'une ville à l'autre. Beaucoup d'enfants disent qu'ils se sentent abandonnés, personne ne prêtant l'oreille à leurs problèmes, tels qu'ils les vivent eux-mêmes. Dans notre pays, nous devons travailler de plus près avec les ONG, et nous devons mener des actions spécifiques en faveur des petites filles handicapées. Les filles en général reçoivent moins d'attention familiale que les garçons et ont rarement droit à une seconde chance en cas d'échec scolaire. On observe cependant qu'une nouvelle génération d'enfants se manifeste aujourd'hui et sait exprimer ses besoins et ses points de vue. Il sera difficile de les ignorer.
MME BRISKELLIA ALVAREZ, Présidente de l'Assemblée nationale constituante pour les enfants et les adolescents du Venezuela, a relevé le problème grave de discrimination dont les filles souffrent, et a évoqué l'augmentation de la pauvreté, la dette extérieure et l'instabilité politique qui ont empêché les pays de mettre en place une véritable politique d'égalité entre les sexes. Or, la pauvreté ne cesse pas soudainement, a-t-elle noté. C'est donc une génération entière qui est touchée, c'est-à-dire les enfants des femmes qui souffrent actuellement de la pauvreté. A son avis, il faut analyser la situation en vue de savoir si les adolescentes ont vraiment la possibilité d'être éduquées sur les problèmes liés à la sexualité. La violence a aussi des répercussions graves qu'il faudrait prévenir par un changement de culture. Il faut assurer l'égalité entre les filles et les garçons, tout en tenant compte des spécificités de chacun.
Mme Alvarez a conclu que le principal facteur du développement, c'est l'éducation qui en ouvre les portes. Elle a parlé d'un groupe de jeunes, auquel elle participe, qui travaille pour que l'enfant soit un sujet de droit. Elle a enfin appelé à voir les hommes et les femmes comme des personnes nécessaires les unes aux autres, appartenant à un même ensemble.
Prenant la parole après les exposés des différents membres du panel, la représentante de la Finlande a fait part de sa satisfaction après les présentations des deux tables rondes de la journée. Le rôle et la participation des enfants et des adolescents et des petites filles sont cruciaux si l'on veut trouver des solutions créatives aux questions des droits humains des enfants, a estimé la représentante. Ne faudrait-il pas donner aux jeunes un droit à la parole en ce qui concerne par exemple la justice juvénile? La Finlande, qui a mené des recherches au niveau national sur cette question espère qu'elle sera abordée dans le document final mis au point par le Comité préparatoire. Intervenant à sa suite, la représentante du Maroc a indiqué qu'un congrès annuel des droits de l'enfant avait été créé dans son pays et que depuis deux ans, un Parlement des enfants et des Conseils municipaux juvéniles ont aussi vu le jour au Maroc. L'institution familiale doit recevoir tout l'appui nécessaire pour demeurer le creuset de l'épanouissement des adolescents, a dit la représentante. La petite fille doit être perçue et traitée comme un enfant ayant les mêmes besoins qu'un enfant de l'autre sexe, mais il ne faudrait pas créer de différences artificielles entre les enfants qui créeraient des scissions et malentendus sur le concept même de droit de l'enfant, car il n'y qu'une "Convention des droits de l'enfant". Revenant sur le thème de la table ronde de ce matin consacrée à la participation des adolescents, la représentante de Cuba a rappelé la politique de son pays en matière de développement de l'adolescence. Elle a cependant émis des critiques contre les médias qui véhiculent des concepts et des clichés réducteurs sur l'adolescence et sur un modèle fictif d'adolescence-type. Il serait utile que le document final réserve une place particulière aux discriminations dont sont victimes les petites filles, a suggéré la représentante dont les inquiétudes à ce sujet ont été reprises par la délégation de l'Ukraine qui a évoqué les violences et la criminalité dont sont victimes les femmes et les filles. La prostitution, les trafics d'êtres humains, l'usage des drogues et de l'alcool affectent de plus en plus la vie des filles a estimé la représentante. Elle a souhaité que des structures de soutien et de formation puissent être mises à la disposition des femmes et des filles qui en ont le plus besoin.
A sa suite, la représentante du Ghana a rappelé que les fillettes d'aujourd'hui sont les femmes et les mères de demain. Il faut donc leur donner toutes les chances nécessaires pour qu'elles ne soient pas victimes des mêmes formes de discrimination qui ont affecté leurs mères et grands-mères. En vue de sensibiliser le monde sur cette question, pourquoi ne pas proclamer une décennie internationale de la fillette, a proposé la représentante. Venant d'une région où le problème de l'excision se pose tous les jours, la représentante du Burkina Faso a voulu savoir quelles mesures efficaces pouvaient être mises en œuvre au niveau international pour y faire face. A son tour, la représentante du Venezuela a déploré la manière dont les petites filles sont perçues et traitées. Seule l'éducation leur permettra de conquérir les droits et les chances qui sont les leurs dans la vie, a-t-elle estimé.
Le Vice-Président chargé du développement humain à la Banque mondiale, a pris la parole pour souligner l'importance de la mise en place de politiques sexospécifiques. Il est prouvé, a-t-il dit, que l'éducation des filles a un impact immense sur le développement. La Banque mondiale considère qu'il faut aussi se pencher sur les besoins et priorités en matière de santé publique pour donner plus de chances aux enfants. Après lui, le représentant de la Chine a reconnu l'impact des discriminations dont sont victimes les petites filles. Le gouvernement chinois, a-t-il dit, a engagé des actions d'envergure pour changer les mentalités des familles et les convaincre de ne pas faire de discrimination à l'égard des filles et d'accepter tous les enfants sur un même pied d'égalité.
Une représentante de l'UNICEF a parlé au nom du groupe de travail sur les filles. Un réseau international existe depuis 1995 sur la question, a-t-elle expliqué. Le sujet de la sélection du sexe du fœtus est à dénoncer, ainsi que les pratiques traditionnelles que subissent les fillettes. Elle a précisé que le groupe de travail cherche en particulier à ce que le document final réitère les engagements pris en faveur des filles et mette l'accent sur des stratégies concrètes pour les réaliser. La représentante personnelle du Premier Ministre du Canada, a voulu mettre l'accent sur les différences de violence que risquent les filles. Même au Canada, à son avis, la situation peut être améliorée. Il faut préparer l'avenir des jeunes, a-t-elle conclu. La représentante de la Suède a parlé de l'infanticide. Celles qui survivent connaissent la discrimination malheureusement. Elle a évoqué les mutilations génitales, la violence au sein de la famille et l'épidémie du VIH/sida. Les femmes contaminées risquent d'être isolées socialement et ne souhaitent donc pas toujours subir un test. Pour la représentante, un système juridique rigoureux doit être promu, pour que les filles victimes soient aidées et respectées. La représentante du Bénin a centré son intervention sur la pauvreté. Tous les pays ne bénéficient pas de l'aide d'ONG performantes, a-t-elle regretté. A son avis, le règlement du problème de la femme doit être une priorité pour tous, aux niveaux international et national, si l'on veut éviter de recenser les problèmes tous les cinq ans.
Répondant aux questions et remarques des délégations, MME AWA N'DEYE OUEDRAOGO a dit que la femme et la fille avaient trop longtemps été victimes de discriminations. S'il ne faut certes pas discriminer contre le petit garçon, il faut cependant consacrer des efforts spécifiques en faveur des filles, a-t-elle estimé. Quant à la question de l'excision, certains pays ont pris des mesures juridiques et administratives pour enrayer cette pratique. L'exploitation sexuelle des filles s'est accrue avec les changements sociaux, politiques et économiques que le monde a vus au cours de la dernière décennie. Mais il faut sensibiliser les gouvernements et les populations aux dangers de ces pratiques. Le Comité sur les droits de l'enfant a recommandé aux Etats parties de fixer un âge sexuel légal pour les adolescents. Le soutien et l'aide de la presse et des médias pourraient jouer un rôle important de sensibilisation à cet égard. Mais il faudrait veiller à protéger les victimes mineures et souvent non consentantes de cette exploitation sexuelle.
Informations sur les conférences et les manifestations connexes
Prenant la parole, MME PATRICIA DURRANT, Jamaïque, Présidente du Comité préparatoire, a donné la parole au Directeur de l'UNICEF, qui a fait au Comité un bref résumé du mécanisme de suivi des grandes conférences internationales organisées par les Nations Unies au cours des années 90. Ce suivi se traduira au cours des années à venir par la mise en œuvre des termes de la Déclaration du millénaire, a dit la représentante.
Après elle, MME MARJORIE TAYLOR, Envoyée spéciale pour l'enfance et Représentante spéciale du Premier Ministre de la Jamaïque, a fait part au Comité des initiatives prises au niveau de la région des Caraïbes avant la tenue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les enfants. Le document d'évaluation élaboré lors de la rencontre qui s'est tenue à Kingston servira de base à la contribution des pays des Caraïbes à la session extraordinaire, a dit la représentante.
Après elle, M. CARLOS DOS SANTOS, Mozambique, a fait part des mesures retenues par le Comité préparatoire de la Conférence sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre. Ces armes, dont le rôle néfaste dans le déclenchement et le déroulement des conflits n'est plus à démontrer, doivent être régulées. L'Afrique est le continent le plus touché par le trafic et l'usage de ces armes, a dit le représentant. Mais des initiatives, comme le moratoire pour les pays d'Afrique de l'Ouest, signé à Bamako, montrent l'intérêt que les gouvernements attachent à la résolution de la question. Aux niveaux régional et sous-régional, les préparatifs de cette Conférence ont permis de dégager un projet de programme d'action qui sera examiné lors de la conférence. Ce programme d'action tient compte des préoccupations des Etats vis-à-vis des impacts des petites armes sur la vie des enfants et sur les conditions humanitaires des régions affectées. La Déclaration du millénaire a reconnu que la question des petites armes va plus loin que les simples problèmes de sécurité.
M. KIYOTAKA AKASAKA, Japon, a abordé la question de l'exploitation sexuelle des enfants. Le premier congrès mondial sur la question a été convoqué, il y a quatre ans à Stockholm, a-t-il rappelé, et 120 gouvernements y ont été représentés. Le Japon est heureux d'annoncer que le deuxième congrès mondial sur cette question aura lieu à Yokohama au Japon du 17 au 20 décembre 2001 au niveau ministériel. L'exploitation sexuelle des enfants doit être éradiquée partout dans le monde. Des consultations régionales sont prévues avant la tenue du congrès, a indiqué le représentant. Toutes questions et suggestions devront être envoyées au Gouvernement du Japon dont la Mission auprès des Nations Unies sera à la disposition des Etats et institutions intéressés à participer au congrès.
Le représentant du Danemark, M. BOJER a décrit les travaux préparatoires de la conférence sur le financement du développement. Pour décrire le processus du financement du développement, selon lui, il faut utiliser l'adjectif "holistique", car le financement est l'élément central pour atteindre les objectifs visés. S'agissant du lieu de la conférence, il serait préférable que ce soit une capitale d'un pays en développement, mais aucun pays ne s'est encore proposé. Il a noté qu'il y aura une participation de nombreux intéressés, dont des ONG, et que l'ONU sera le forum idéal pour cette conférence, car elle joue un rôle important dans l'élaboration des règles bénéficiant à nos citoyens.
La représentante personnelle du Premier Ministre du Canada, Ms LANDON PEARSON a abordé le thème des enfants affectés par la guerre et a parlé de la Conférence de Winnipeg (Canada) qui s'est tenue en septembre dernier, réunissant plus de 800 personnes. Les 132 Etats représentés à cette conférence se sont engagés à faire en sorte que les enfants ne soient plus pris pour cibles. Ils se sont engagés à fournir un accès sans entrave à l'aide humanitaire destinée aux enfants touchés par la guerre. La représentante a invité les Etats à signer et ratifier les deux protocoles facultatifs à la Convention relative aux droits de l'enfant, ainsi que le statut de Rome de la Cour pénale internationale. Elle a rappelé l'impact dévastateur sur les enfants de la prolifération des armes légères. En outre, elle a attiré l'attention sur les plans d'action d'Accra et de Kingston sur les enfants touchés par la guerre en Afrique de l'Ouest, qui ont conduit à Winnipeg. Enfin, compte tenu des progrès accomplis à Winnipeg, Accra et Kingston, elle a émis l'espoir que la session extraordinaire permettra de changer la vie des enfants qui encourent les risques les plus grands.
Le représentant du Ghana,M. EFFAH-APENTENG a lui aussi présenté les travaux de la Conférence d'Accra, estimant qu'elle a permis de donner des informations indispensables sur la question des enfants touchés par la guerre. Il a aussi été mis l'accent sur la nécessité de préparer des programmes de rééducation des enfants qui vivent de telles situations. Il faut aussi élaborer des normes et ratifier celles qui existent déjà.
Le Chef de cabinet du Président de l'Assemblée générale, M. SAREVA a estimé que la Déclaration du millénaire revêt une importance particulière à l'égard des enfants. L'Assemblée générale a réussi à créer un mécanisme de suivi du Sommet du millénaire, sur le principe que les gouvernements portent la responsabilité principale des actions. Il faut utiliser les structures existantes autant que possible. En ce qui concerne le bureau du Président, des réunions mensuelles avec les coordinateurs sont organisées, afin de veiller à ce que les initiatives se complètent et ne se contredisent pas. Il a enfin souhaité qu'il y ait un partenariat renforcé entre les gouvernements, les ONG et la société civile.
MME ANGELA KING, Sous-Secrétaire générale et conseillère pour la parité entre les sexes, a rappelé l'importance de la déclaration de Pékin + 5, dans les passages qui concernent les filles. Pour l'éducation, elle a constaté que certains progrès ont pu être faits au niveau du primaire, mais estimé qu'il faudrait atteindre plus d'égalité pour l'année 2005. En outre, les jeunes filles doivent avoir un meilleur accès aux technologies de l'information. S'agissant des actions pour arrêter la pandémie de VIH/sida, il y a encore des efforts à faire, ainsi qu'en matière de violence. Elle a cité comme exemples les mutilations génitales et les mariages forcés. En matière d'emploi, il subsiste une discrimination à l'égard des femmes qu'il faut combattre.
Le Secrétaire exécutif de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés (PMA), M. JOHN CADDY, qui se tiendra au mois de mai à Bruxelles, a rappelé l'objet de cette rencontre. Cette conférence débattra des différents programmes d'action élaborés par chaque PMA pour renforcer la lutte contre la pauvreté. Sur les 6 objectifs à atteindre, dont débattra la Conférence, 5 touchent à la vie des enfants et aux mesures visant à en améliorer les conditions à travers des initiatives économiques génératrices de meilleurs revenus pour les familles et les populations et des mesures en faveur de la santé et de l'éducation.
Après cette déclaration, le représentant de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), M. NEIBGEN s'est félicité que les objectifs des droits de l'enfance aient été intégrés dans la stratégie nutritionnelle mondiale de la FAO. Nous pensons que l'avant-projet de document , final de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les enfants, devrait insister sur les droits de nutrition des enfants, a dit le représentant. Il faut relever le fait que les familles doivent exister en tant qu'unité sociale fiable pouvant assurer la sécurité alimentaire des enfants. Tout en reconnaissant que la nutrition et la sécurité alimentaire ne sont pas tous les droits dont doivent jouir les enfants, la FAO pense cependant que leur satisfaction doit faire partie des programmes de lutte contre la pauvreté en faveur des enfants.
Après la FAO, le représentant d'ONUSIDA, M. LINDBLAD a dit que plus d'un million d'enfants souffrent aujourd'hui du VIH/sida et que plus de 10 millions d'entre eux sont aujourd'hui orphelins à cause de cette pandémie. La session extraordinaire de l'Assemblée sur le VIH/sida, prévue cette année à New York, accordera beaucoup d'importance à la participation de la société civile, des ONG et du secteur privé. La prévention de la pandémie par l'éducation est primordiale, la moitié des infections touchant des jeunes de moins de 24 ans.
Le représentant de la Haut commissaire aux droits de l'homme, M. DAVID a parlé des réunions préparatoires de la Conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la xénophobie et l'intolérance qui y est associée. Cette conférence aura pour but d'identifier les particularités de la xénophobie et de la discrimination dans chaque région. Les problèmes relatifs aux enfants devront être examinés avec une attention particulière. Le Comité des droits de l'enfant participera évidemment aux réunions préparatoires et à la conférence elle-même, a-t-il expliqué. Sur les cinq séminaires régionaux d'experts, un se tiendra à Bangkok et traitera du trafic de migrants et d'êtres humains, particulièrement des femmes et des enfants.
En ce qui concerne la Convention relative aux droits de l'enfant, sa mise en œuvre est particulièrement importante, a-t-il relevé. Selon le représentant, le premier des principes généraux de la Convention est d'assurer l'exercice des droits des enfants sans discrimination. La situation des enfants dans les conflits armés est aussi une des questions principales qui seront traitées lors de la session extraordinaire consacrée aux enfants. La session extraordinaire et la Conférence mondiale offriront l'occasion d'apporter des réponses pour la prévention des conflits armés et pour la protection des enfants. Un autre objectif commun est la protection du droit à l'éducation, celle-ci pouvant permettre notamment de prévenir le racisme.
Le représentant du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), M. NIZAMUDDIN a indiqué que le Fonds est guidé par les objectifs définis par la Conférence internationale sur la population et le développement et l'examen quinquennal d'évaluation CIPD + 5. Il a souligné les liens étroits entre les thèmes du Sommet mondial pour les enfants et ceux de la CIPD. On essaie d'atteindre les objectifs et, par exemple, on a mis l'accent sur les petites familles qui sont le résultat d'un choix délibéré, du fait de l'éducation reçue, a-t-il précisé. A côté des défis identifiés dans le passé et qui persistent, il y en a de nouveaux, comme le VIH/sida. La promotion de l'égalité et l'éducation des jeunes filles sont d'autres sujets sur lesquels nous devons travailler. Le représentant a rappelé l'accord pris lors de CIPD + 5 sur le droit d'information. En concluant, il a soutenu les objectifs et a déclaré que le FNUAP veillerait à ce qu'ils soient respectés.
M. JOHN LANGMORE, Département des affaires économiques et sociales, a parlé du Sommet Copenhague+5 et a dressé un bref tableau de la situation sociale du monde à l'heure actuelle. Des possibilités d'amélioration de l'emploi, de l'intégration sociale et de l'égalité des sexes existent en ce début de troisième millénaire comme l'a constaté le sommet tenu à Genève, a-t-il dit. Le Sommet Copenhague+5 a fait des propositions allant dans le sens d'un examen des possibilités de mobilisation de ressources nouvelles pour le développement humain et les investissements sociaux. Le Sommet a aussi débattu de la lutte contre le travail et l'exploitation des enfants, et des mesures à prendre contre la prostitution des filles et pour protéger l'enfance du VIH/sida. La rencontre de Genève a créé un cadre favorable à la tenue de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur les enfants dont débat ce Comité préparatoire, a dit le représentant.
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