LE CONSEIL DE SECURITE EST INFORME D’UNE EVOLUTION DE LA SITUATION EN ANGOLA OFFRANT DES POSSIBILITES D’ACTION A L’ONU
Communiqué de presse CS/2236 |
Conseil de sécurité
4444e séance - matin
LE CONSEIL DE SECURITE EST INFORME D’UNE EVOLUTION DE LA SITUATION EN ANGOLA OFFRANT DES POSSIBILITES D’ACTION A L’ONU
Il demeure toutefois alarmé par les informations sur la situation humanitaire
Le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, M. Ibrahim Gambari, présentant ce matin au Conseil de sécurité son rapport de mission en Angola, a estimé qu’il existait actuellement une ouverture qui devrait permettre de faire progresser le processus de paix et que l’ONU devrait l’explorer. Au nombre des éléments positifs, il a cité la demande de coopération accrue avec l’Organisation exprimée par le Gouvernement angolais. Par ailleurs, même si les autorités angolaises sont convaincues que la capacité militaire de l’UNITA a été complètement détruite et que seul un miracle pourrait sauver les rebelles, elles admettent que l’UNITA est capable de mener des campagnes de terreur qui entravent le développement social et économique du pays. Enfin, le Gouvernement a indiqué qu’il ne s’opposerait pas à ce que l’Eglise établisse des contacts avec l’UNITA de Jonas Savimbi par le biais de l’ONU. Ce dernier serait de son côté disposé à reprendre le dialogue, a indiqué M. Gambari, faisant, par ailleurs, état de l’aggravation de la situation humanitaire du pays qui compte 4,1 millions de personnes déplacées sur une population totale de 12 millions.
Réaffirmant que le Protocole de Lusaka demeurait la base du processus de paix, les délégations ont regretté que l’UNITA de Jonas Savimbi continue de refuser à en appliquer les dispositions et ont souligné la pertinence du régime des sanctions. Elles ont toutefois pris note des opportunités qui s’offraient pour sortir de l’impasse actuelle et notamment la politique d’ouverture du Gouvernement angolais. De l’avis de la représentante de la Jamaïque, le fait que le Gouvernement angolais ait accepté que les Nations Unies jouent un rôle actif pour explorer les voies et moyens d’engager un dialogue avec l’UNITA constitue l’aspect positif de la visite de M. Gambari en Angola. Plusieurs délégations ont, à l’instar de Singapour, insisté sur la nécessité d’encourager la société civile à jouer un rôle dynamique, notamment en faisant pression sur les deux parties au conflit pour imposer un cessez-le-feu. Elles ont exprimé leur consternation à l’égard des informations fournies par M. Gambari sur la situation humanitaire et se sont interrogées sur les moyens de renforcer la contribution de la communauté internationale, évoquant la possibilité de tenir une réunion du Conseil sur cette question.
Le Conseil de sécurité a observé une minute de silence à la mémoire du premier Président de la République du Sénégal, Léopold Sedar Senghor.
Outre les délégations déjà citées, ont également pris la parole les représentants des pays suivants: Norvège, Ukraine, Chine, Royaume-Uni, France, Irlande, Colombie, Fédération de Russie, Tunisie, Maurice, Etats-Unis et Mali.
LA SITUATION EN ANGOLA
Déclarations
M. IBRAHIM GAMBARI, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, a rendu compte de sa dernière mission en Angola et des consultations qu’elle lui a permis de mener avec le Gouvernement, les parties politiques, les églises et la société civile sur la meilleure façon pour l’ONU de contribuer à l’accélération du processus de paix et à l’amélioration de la situation humanitaire dans ce pays. Il a souligné que, pour la première fois, le Président Dos Santos l’avait reçu au début de sa visite et non à la fin. Le Conseiller spécial a rappelé que, lors de son dernier rapport au Conseil, il avait indiqué les domaines dans lesquels le Gouvernement de l’Angola était prêt à engager une coopération avec les Nations Unies. Il s’agissait notamment du Fonds pour la paix et la réconciliation, de la mise en place de programmes pilote sur la réinsertion des combattants et la réinstallation des personnes déplacées et l’assistance aux élections. Ce qui n’était pas négociable, a précisé M. Gambari, était toute tentative de régler le conflit en dehors du Protocole ou de le renégocier même si le gouvernement accepte d’envisager quelques ajustements.
Mon évaluation générale de la situation actuelle, a indiqué M. Gambari, est que des progrès ont été accomplis et que les principes fondamentaux qui sous-tendent l’aide de l’ONU - à savoir le refus de la solution militaire, le soutien à la société civile en tant qu’élément important du processus de paix, l’efficacité des sanctions en tant qu’élément de pression sur l’UNITA, la mise en place par le Gouvernement angolais de programmes de réforme économique et politique - semblent avoir été réaffirmés. Il a précisé qu’une équipe technique doit être envoyée au début de l’année prochaine pour assister dans la conception d’un programme pilote de développement intégré dans certaines provinces, l’élaboration d’un programme de rétablissement de la paix et d’un programme d’inscriptions électorales et d’autres programmes d’assistance aux élections. Même si le gouvernement s’engage toujours à tenir des élections rapidement, leur tenue au cours du deuxième semestre 2002 n’est pas réaliste, a indiqué M. Gambari. Les discussions sur les principes fondamentaux semblent bloquées et 60% des Angolais n’ont aucune pièce d’identité.
La situation humanitaire s’est aggravée, a indiqué le Conseiller spécial qui a précisé que l’on compte aujourd’hui 3,4 millions de personnes déplacées, soit 30% de la population totale. et que cela était dû à l’offensive actuelle des Forces armées angolaises (FAA) et à la politique de nettoyage pratiquée par les forces gouvernementales qui déplacent la population de certains secteurs pour priver les rebelles du soutien qu’ils pourraient en obtenir. Il a toutefois décrit les mesures prises par le Gouvernement angolais pour améliorer la situation humanitaire, indiquant notamment qu’il avait prévu des fonds pour aider à la réinstallation en zone urbaine des personnes déplacées ainsi que la fermeture des camps provisoires aux conditions insuffisantes et l’amélioration de l’accès et l’acheminement de vivres dans certaines parties du pays jusqu’alors inaccessibles par la route.
M. Gambari a souligné qu’il y avait pour la première fois une convergence de vues des personnes consultées sur le fait que l’ONU devrait jouer un rôle plus important dans le processus de paix. Le gouvernement a indiqué qu’il ne s’opposerait pas aux démarches de l’Eglise visant à permettre d’établir des contacts entre l’UNITA de Savimbi par le biais de l’ONU, a-t-il indiqué. Même s’il est convaincu que la capacité militaire de l’UNITA a été complètement détruite et que seul un miracle pourrait la sauver, il admet que l’UNITA est capable de mener des campagnes de terreur qui entravent le développement social et économique du pays. Pour leur part, les parlementaires de l’UNITA mettent en garde contre une utilisation du Protocole de Lusaka visant à obtenir la reddition de l’UNITA. Ils ont également insisté sur le fait que, si leur groupe pouvait exprimer la position de l’UNITA, la direction de l’UNITA et M. Savimbi avait le pouvoir de décision finale. Pour parvenir à la paix, il fallait donc renouer le dialogue avec M. Savimbi et, selon certaines sources, celui-ci serait disposé à reprendre ce dialogue. Le Conseiller spécial a conclu qu’il existe actuellement une ouverture permettant de faire progresser le processus et que l’ONU devrait l’explorer.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré qu’il était important de mieux répondre à la situation humanitaire, et en particulier de s’attaquer au problème de l’accès de l’aide humanitaire. A cet égard, il s’est félicité des efforts accomplis par le Gouvernement angolais pour faciliter l’accès de l’aide humanitaire dans les zones placées sous son contrôle, estimant toutefois qu’il doit faire davantage pour améliorer la situation de la population. Il a estimé qu’il était temps d’élargir le champ de compétences du Bureau des Nations Unies en Angola (BUNUA) à la conception de projets pilote pour les soldats démobilisés. Les Nations Unies, a-t-il estimé, devraient tout faire pour aider le Gouvernement angolais à offrir des moyens de subsistance alternatifs aux personnes déplacées et aux anciens combattants. M. Chowdhury a réaffirmé que le conflit en Angola ne pouvait pas être résolu par les armes. Le processus de paix ne pourra progresser que s’il existe un véritable dialogue entre les parties, a-t-il déclaré en faisant observer qu’il était difficile d’envisager un tel dialogue sans un cessez-le-feu. Un dialogue devrait être établi entre les deux parties, sur la base et dans le cadre du Protocole de Lusaka. A cette fin, il conviendrait par conséquent que le Conseil adresse un signal fort aux parties.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s’est félicitée qu’une atmosphère de dialogue faisait surface en Angola. Elle a estimé que l’aspect positif de la visite de M. Ibrahim Gambari, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, est que les Nations Unies ont été invitées à participer plus avant au processus de paix. Elle a réaffirmé qu’il n’y avait pas de solution militaire au conflit et que seul le dialogue pourrait faire avancer le processus de paix. Le Protocole de Lusaka et les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité constituent la seule base viable du processus de paix. L’UNITA doit se monter plus coopérative. La représentante a estimé qu’il faudrait encourager le rôle de la société civile qui pourrait contribuer à de meilleures relations entre les deux parties. Elle a noté que l’appel à un cessez-le-feu immédiat lancé par la société civile était une initiative très utile dans la perspective d’un processus électoral. Elle a toutefois montré sa préoccupation quant à la possibilité de repousser la date des élections. S’agissant des programmes de démobilisation,
Mme Durrant a estimé que les Nations Unies devraient s’impliquer de manière plus active, notamment au titre du budget général. Elle a constaté qu’il n’y avait pas eu de progrès significatifs en ce qui concerne la situation humanitaire en Angola, attirant notamment l’attention sur le nombre accru des personnes déplacées Elle a encouragé le Conseil de sécurité à adresser un signal fort aux parties au conflit.
M. WEGGER CHRISTIAN STROMMEN (Norvège) s’est félicité de l’atmosphère qui semble avoir présidé à la visite de M. Ibrahim Gambari, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique et des excellentes relations de l’ONU avec le Gouvernement angolais ainsi que des signes de progrès qui se sont fait jour. Il a invité les parties concernées à faire le nécessaire pour s’écarter de la guerre et a rappelé que son pays avait toujours mis en avant le rôle essentiel que pouvaient jouer la société civile et les églises dans le processus de paix. Il a exprimé sa préoccupation à l’égard de la situation humanitaire catastrophique en raison de la poursuite des conflits. Il a encouragé le Gouvernement angolais à poursuivre ses efforts pour aider la population et a lancé un appel à l’UNITA pour qu’elle s’abstienne de toute violence. Il a exprimé l’espoir que l’ONU et le reste de la communauté internationale continueraient à aider le Gouvernement à oeuvrer en faveur d’un avenir meilleur pour les Angolais.
M. VALERY KUCHINSKY (Ukraine) a estimé que la décision récente du Gouvernement angolais de demander aux églises d’agir comme intermédiaires entre le Gouvernement et l’UNITA est de bonne augure pour la reprise du dialogue et la revitalisation du processus de paix. Réaffirmant que seul un règlement négocié du conflit représente une alternative viable à une autre décennie de guerrilla, le représentant s’est également déclaré convaincu que toute reprise du dialogue avec l’UNITA doit être fondée sur les principes du Protocole de Lusaka et doit viser sa mise en oeuvre et non sa renégociation. Dans cette perspective, il est important que la communauté internationale et les Nations Unies maintiennent l’UNITA sous pression, par une politique cohérente de sanctions, jusqu’à ce que M. Savimbi fasse preuve de son engagement en faveur du règlement pacifique du conflit et abandonne sa campagne de terreur. La permanence des activités militaires de l’UNITA est inacceptable et dément de manière flagrante les déclarations répétées de M. Savimbi en faveur de la paix. Se félicitant du rôle croissant de la société civile dans la vie politique de l’Angola, gage de la consolidation des institutions démocratiques, M. Kuchinsky a salué le Gouvernement angolais pour sa détermination à promouvoir la démocratisation , l’état de droit et la protection des droits de l’homme. Il a en conclusion demandé à M. Gambari de préciser les prochaines étapes dans le dialogue entre le Gouvernement de l’Angola et l’UNITA, ainsi que le rôle que les Nations Unies pourraient jouer dans ce dialogue.
M. CHEN XU (Chine) a noté avec satisfaction qu’il y avait une fenêtre d’opportunité en Angola. Il s’est félicité des efforts du Gouvernement angolais en faveur de l’application du Protocole de Lusaka. Il a estimé que M. Jonas Savimbi et les factions qu’il dirige doivent être tenues responsables des reculs du processus de paix en Angola. Il a exigé de l’UNITA qu’elle explore les voies et moyens d’un cessez-le-feu et de l’ouverture d’un dialogue avec le Gouvernement angolais. Il a salué la politique du Gouvernement visant à encourager un rôle actif de la société civile. Il a enfin souhaité que les Nations Unies jouent un rôle plus important dans le processus de paix en Angola.
M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a estimé que le Conseil de sécurité avait entendu l’un des rapports les plus significatifs sur la situation en Angola. Il a demandé au Conseiller spécial du Secrétaire général d’expliquer, de son point de vue, la manière dont il serait possible de relancer le processus de paix, soulignant que c’était là l’objet de la réunion du Conseil et que cette question devait rester sa priorité numéro un. Il a demandé également si l’accueil positif reçu par M. Gambari était le fait de l’ensemble des acteurs du processus de paix et comment il envisageait la reprise de contact avec les autres parties et, notamment l’UNITA. Il l’a également interrogé sur les conséquences que pouvait avoir le régime actuel des sanctions sur l’ensemble du processus de paix, rappelant que ces sanctions ne sont pas un outil de représailles mais une incitation à la reprise des négociations. Il a également demandé au Conseiller spécial de préciser la façon dont il envisageait l’association de la société civile au processus. Il s’est dit particulièrement frappé par le rapport sur la situation humanitaire même si les mesures prises par le Gouvernement angolais constituent de bonnes nouvelles et a suggéré que le Conseil tienne une réunion d’information sur cette question.
Mme EMMANUELE D'ACHON (France) a réaffirmé que c’était l’UNITA de Jonas Savimbi qui portait la responsabilité principale de la guerre interminable en Angola pour ne pas avoir mis en oeuvre les dispositions du Protocole de Lusaka, s’être réarmée, et maintenant encore, conduire d’intolérables attaques à travers le pays, y compris contre des populations civiles. C’est pourquoi, a-t-elle fait observer, les sanctions sont nécessaires pour contraindre l’UNITA à se conformer à ses obligations et retrouver le chemin de la paix et doivent être mises en oeuvre. De toute évidence, a-t-elle fait remarquer, il n’y aura pas de solution militaire à la crise angolaise. La représentante de la France s’est félicitée de constater récemment que les chances d’une reprise du dialogue se précisent. Elle a estimé que cela tenait tout d’abord au dynamisme de la société civile et particulièrement des églises. Elle a estimé que la politique d’ouverture dont témoigne le Gouvernement angolais constituait un signe encourageant. Elle a notamment cité les mesures pour l’amnistie et la réinsertion des anciens combattants et l’annonce d’élections et de réformes institutionnelles. Elle a également salué les gestes d’ouverture du Gouvernement de l’Angola en direction de Jonas Savimbi l’invitant au dialogue et lui demandant de fixer une date pour la cessation des hostilités ou “de renoncer solennellement à la guerre”. La représentante a souligné que la communauté internationale devrait apporter un engagement massif et rapide afin d’accompagner l’Angola dans le processus de paix et d’aider à la reconstruction du pays. Mais dans l’immédiat, a-t-elle insité, il est nécessaire qu’une solution soit trouvée pour sécuriser l’acheminement de l’aide humanitaire, que les contacts entre les ONG et les populations soient facilités et que les organismes humanitaires soient en mesure de prendre contact avec toutes les parties pour mener à bien leur mission. Elle a souligné qu’il revenait au gouvernement et à l’UNITA de faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire sur l’ensemble du territoire. C’est pourquoi, la France appelle l’UNITA à cesser de menacer la sécurité des convois humanitaires et le Gouvernement à tout mettre en oeuvre pour assurer la sécurité dans les zones qu’il contrôle.
M. GERARD CORR (Irlande) s’est félicité de l’amélioration des relations entre l’UNITA et le Gouvernement angolais. Il s’est également félicité de ce que le Gouvernement se soit exprimé en faveur d’un rôle plus important de l’ONU en vue d’établir un dialogue avec l’UNITA. Il a réaffirmé que le Protocole de Lusaka était la base du processus de paix. Il a rappelé que le dialogue doit comprendre toutes les parties de la société et qu’une solution militaire au conflit ne peut être envisagée. Il a regretté que la situation humanitaire se dégrade et a encouragé l’ONU à oeuvrer avec les autorités angolaises pour s’attaquer aux conditions dans lesquelles vivent la population. Le Conseil, a-t-il déclaré, doit veiller à l’application des sanctions contre l’UNITA. Il a estimé que la déclaration du Conseil faite le 15 novembre dernier adressait un message clair aux parties pour mettre en oeuvre le Protocole de Lusaka. Le représentant a souligné que le rôle de la société civile doit être encouragée. La situation en Angola doit progresser. Notant quelques progrès, le représentant a estimé que le Gouvernement angolais, l’ONU et le Conseil de sécurité doivent veiller à ce qu’aucune occasion d’aller de l’avant ne soit pas négligée.
M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a regretté qu’au moment où le Conseil s’apprêtait à faire le bilan de l’année qui s’achève, l’Angola ne puisse figurer au nombre des succès remportés par l’ONU même si le rapport de M. Ibrahim Gambari, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, l’oblige à réviser quelque peu son jugement. Il a interrogé le Conseiller spécial sur les facteurs qui avaien permis d’ouvrir un nouveau volet de possibilités et si les voisins de l’Angola avaient joué un rôle à cet égard. Il a souligné la très mauvaise situation humanitaire en Angola, rappelant le chiffre cité par M. Gambari qui estime que le nombre de personnes déplacées représente 33% de la population angolaise. Si M. Gambari confirme ce chiffre, a-t-il fait observer, il s’agit probablement de la proportion la plus élevée dans le monde. Il a indiqué que le taux de malnutrition atteignait 25% dans certains centres de réfugiés et s’est joint aux membres du Conseil qui ont demandé ce qu’il était possible de faire. Il a également appuyé la remarque de Mme Durrant encourageant l’équipe technique à multiplier les rencontres avec la société civile, lors de sa prochaine visite dans le pays. Il a suggéré que des représentants de la société civile participent à une future réunion du Conseil.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a déclaré que l’objectif devait viser à faire progresser le processus de paix dans le cadre du Protocole de Lusaka. Le processus de paix doit dépasser le point mort actuel, en termes politiques et militaires. Il a suggéré que le mandat du Bureau des Nations Unies en Angola puisse être étendu, jugeant toutefois plus prudent d’attendre que les conditions sur le terrain le permettent. A cet égard, il s’est félicité des mesure constructives prises par le Gouvernement de l’Angola. Il a souligné l’importance de faire participer la société civile au processus de paix. Il a estimé que la situation humanitaire et la présence de 4 millions de personnes déplacées en Angola étaient inquiétantes. Le représentant a donc demandé à M. Gambari, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique, de donner son avis sur les moyens permettant au Conseil de faire participer la société civile aux débats sur la situation en Angola. Il a estimé en outre qu’il convenait de renforcer le rôle des Nations Unies dans le processus de paix.
M. ANDREY GRANOVSKY (Fédération de Russie) s’est félicité des contacts fructueux qu’avaient pu nouer le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique avec les autorités et la société angolaises. Il a exprimé sa conviction que ces contacts permettaient de stabiliser les relations entre le Gouvernement angolais et l’ONU et de faire avancer le processus de paix. Il a jugé positives les initiatives constructives du Gouvernement angolais pour établir des relations avec toutes les composantes saines de la société angolaise et a estimé que Jonas Savimbi à l’inverse ne montrait aucune volonté politique de mettre fin au conflit comme l’indique chaque jour, a-t-il fait observer, la campagne de terreur qu’il poursuit. Le représentant a déclaré que, dans le contexte des efforts internationaux pour mettre fin au conflit, la Fédération de Russie, en tant que membre de la Troïka des Etats observateurs du processus de paix en Angola – les deux autres étant les Etats-Unis et le Portugal -, avait l’intention de rechercher un renforcement des sanctions et de son mécanisme de surveillance.
M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a souligné qu’en dépit de l’amélioration progressive de la situation politique et militaire, la Tunisie demeurait préoccupée par la situation humanitaire et par la persistance des activités de guérilla. Il a estimé que l’UNITA de Jonas Savimbi portait l’entière responsabilité de cette situation. Malgré la réduction de ses capacités militaires, a-t-il fait observer, elle continue ses activités de guérilla. Le représentant s’est félicité de la mise en oeuvre par les autorités angolaises d’un programme de paix dans le cadre du Protocole de Lusaka ainsi que des initiatives prises par la société civile dont il a soutenu l’appel au cessez-le-feu. Il a estimé qu’il revenait à l’UNITA d’appliquer le Protocole de Lusaka et a réaffirmé la nécessité d’appliquer strictement les sanctions contre l’UNITA. Sa délégation salue l’importance du travail d’investigation effecté par l’Instance de surveillance ses sanctions contre l’UNITA.
M. KHEMRAJ JINGREE (Maurice) s’est félicité de l’engagement du Gouvernement angolais en faveur du processus de réconciliation nationale et du rôle de la société civilie. Il a réaffirmé que le Protocole de Lusaka était la base du règlement du conflit et a regretté que l’UNITA continuait de ne pas appliquer les dispositions du Protocole. Il a noté qu’il existait une convergence de vues sur le fait que les Nations Unies devaient anticiper davantage la situation pour faire avancer le processus de paix. Tout en réaffirmant que la responsabilité de la situation en Angola incombait à l’UNITA, le représentant a appuyé l’envoi d’une mission technique du Secrétariat pour établir un plan d’action en vue de faciliter le processus de paix.
M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a réaffirmé que le Protocole de Lusaka restait la clef du processus de paix. Il a regretté que l’UNITA n’ait pas la volonté politique de s’engager dans un dialogue politique digne de ce nom. Il est donc impératif de continuer à appliquer les sanctions. La délégation des Etats-Unis souligne qu’il est nécessaire d’oeuvrer pour l’amélioration de la situation humanitaire et le renforcement du Gouvernement angolais. Le représentant a estimé que le renforcement du Bureau des Nations Unies en Angola était bienvenu. A cet égard, il a indiqué que le Fonds des Etats-Unis pour la démobilisation des combattants dans certaines provinces du pays était un exemple à suivre.
M. Cunningham a indiqué qu’il serait bon de prévoir une aide à la vaccination, notamment contre la polio. Il a estimé que le Secrétaire général adjoint pourrait explorer les voies permettant d’aller de l’avant.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a rappelé que le conflit angolais durait depuis
26 ans. Il a réaffirmé que le Protocole de Lusaka demeurait la seule base pour le règlement du conflit. Il a salué les gestes positifs du Gouvernement angolais et l’a encouragé à promouvoir le processus de paix, en coopération avec la société civile et l’ONU. Il a estimé que les sanctions contre l’UNITA étaient appropriées car elles permettent de réduire les capacités militaires de l’UNITA. Il s’est associé à l’appel de la communauté internationale pour soutenir le développement économique et social en Angola. Il a souligné combien les programmes de démobilisation étaient nécessaires pour le règlement du conflit dans ce pays.
Répondant aux observations formulées par les délégations, le Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrque,
M. IBRAHIM GAMBARI, a confirmé que l’on compte effectivement 4,1 millions de personnes déplacées en Angola. Il a toutefois indiqué que, même si dans certaines régions la situation s’était aggravée, les efforts du Gouvernement angolais étaient très positifs puisqu’il avait reconnu sa responsabilité en ce qui concerne la fourniture de l’aide humanitaire à sa population. M. Gambari a indiqué que le fond de l’affaire était le processus de paix et son évolution car s’il s’accélérait, la situation humanitaire s’améliorerait. Il a indiqué que le Gouvernement angolais avait donné un feu vert à l’ONU pour jouer un rôle de médiateur et explorer les voies et moyens d’un dialogue avec l’UNITA. S’agissant du rôle de la société civile dans un tel dialogue, il a souligné qu’il était important que chacun joue son rôle et que l’ONU soit en mesure d’assumer un rôle de facilitateur plutôt que de médiateur.
M. Gambari a par ailleurs informé les membres du Conseil que le Gouvernement angolais avait invité le Secrétaire général à venir en Angola. Cette visite sera toutefois subordonnée aux progrès réalisés sur le terrain. Le Conseiller spécial a estimé que la stratégie en deux temps de l’ONU, qui consiste à réfréner les activités de l’UNITA et à soutenir le Gouvernement de l’Angola, portait ses fruits. Il a indiqué que la société civile mettait la pression sur les deux parties en vue d’un cessez-le-feu, soulignant qu’en parallèle, l’appui des pays voisins était essentiel. S’agissant du sérieux de M. Savimbi en ce qui concerne le dialogue et le cessez—le-feu, il a indiqué qu’il fallait explorer les possibilités qui se présentaient. Le Conseiller spécial a estimé que le moment viendra où il sera opportun de lever l’impossibilité faite aux responsables de l’UNITA de se déplacer dans le cas où ils devaient le faire dans le cadre du processus de paix. Il a estimé que l’on n’avait pas épuisé les possibilités d’appui à la société civile. Il a notamment indiqué que le PNUD pourrait soutenir telle ou telle ONG et que le Secrétaire général et le Conseil de sécurité pourraient envisager de rencontrer des représentants de la société civile et de l’Eglise.
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