En cours au Siège de l'ONU

CS/2217

LE CONSEIL DE SECURITE CONTINUERA A SUIVRE DE PRES L'APPLICATION DES SANCTIONS CONTRE L'UNITA POUR EN AMELIORER L'EFFICACITE

15/11/2001
Communiqué de presse
CS/2217


Conseil de sécurité

4418e et 4419e séances - après-midi et soir


LE CONSEIL DE SECURITE CONTINUERA A SUIVRE DE PRES L'APPLICATION DES SANCTIONS CONTRE L'UNITA POUR EN AMELIORER L'EFFICACITE


Il appuie l'intention du Gouvernement angolais

d'organiser des élections libres lorsque les conditions seront réunies


En présence du Ministre des relations extérieures de l’Angola,

M. Joao Bernardo de Miranda, le Conseil de sécurité a réaffirmé, ce soir, son appui au Protocole de Lusaka, "seule base viable de règlement politique du conflit angolais".  Dans une déclaration lue au nom des membres du Conseil par

Mme Patricia Durrant, Représentant permanent de la Jamaïque, qui préside les travaux durant ce mois de novembre, le Conseil demande à nouveau aux Etats Membres d’appliquer pleinement le régime des sanctions imposé contre l’UNITA et de coopérer sans réserve avec le Comité et l’Instance de surveillance de ces sanctions.  Il affirme une fois encore son intention de continuer à suivre de près l'application des sanctions afin d'en améliorer l'efficacité tant qu'il ne sera pas convaincu qu'il est satisfait aux conditions fixées dans les résolutions pertinentes.


Le Conseil appuie les efforts du Gouvernement angolais pour appliquer le Protocole de Lusaka.  Il approuve son intention d’organiser des élections libres et régulières lorsque les conditions seront réunies.  Il appuie l’action que mènent la société civile et les Eglises en vue d’améliorer la situation sur le plan humanitaire et de faciliter la réconciliation nationale.  Il demande à la communauté internationale de continuer à apporter l'aide humanitaire nécessaire qui devrait aller aux populations dans le besoin sur tout le territoire angolais.  Le Conseil encourage le Gouvernement à travailler à la réforme économique.  Il se félicite enfin que le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l'Afrique,

M. Ibrahim Gambari, se rende prochainement en Angola pour consulter les représentants du Gouvernement, des partis politiques et de la société civile sur ce que l'ONU pourrait faire à l'appui du processus de paix.


Pour le Ministre des relations extérieures de l’Angola, l'ONU a un rôle à jouer dans l'application des programmes de réintégration sociale.  Il a assuré que sur le plan politique le Gouvernement continuerait ses efforts en faveur du dialogue national mais s’est montré sceptique sur la volonté de réconciliation de l’UNITA qui a toujours décliné dans le passé les offres du Gouvernement.  M. Joao Bernardo de Miranda a d’ailleurs réclamé le durcissement des sanctions contre l’UNITA.  Pour la Troïka des Etats observateurs de la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, qui s'exprimait par la voix du représentant de la Fédération de Russie,


même si des compromis sont possibles, le dialogue doit se fonder sur les principes non négociables du Protocole de Lusaka, c'est-à-dire "un pays, un gouvernement élu et une armée".  Enfin, les délégations présentes ont insisté sur les conditions de vie dramatiques de la population civile après 23 ans de conflit, notamment celles de quelque 4,5 millions de personnes déplacés.  Une situation particulièrement inacceptable dans un pays comme l’Angola, riche à la fois en pétrole et en diamants, a observé la représentante de Singapour, à l’instar de beaucoup d’autres.


    Outre les personnalités déjà citées, ont également pris la parole: le Ministre délégué à la coopération et à la francophonie de la France, ainsi que les représentants de l’Irlande, de la Fédération de Russie, au nom de la Troïka des observateurs du processus de paix en Angola, --outre la Fédération de Russie, les Etats-Unis et le Portugal--, de l’Ukraine, du Royaume-Uni, de Maurice, du Bangladesh, du Mali, de la Colombie, de la Chine, de la Tunisie et de la Jamaïque, tous pays membres du Conseil de sécurité.  Le Conseil a, en outre, entendu les Ministres des affaires étrangères du Malawi et du Cap-Vert et le Vice-Ministre des affaires étrangères de la Namibie ainsi les représentants du Brésil, de la Belgique, au nom de l’Union européenne, du Canada et du Zimbabwe.  Au début de la séance le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique a informé les délégations de l’évolution de la situation en Angola.


LA SITUATION EN ANGOLA


Déclarations


M. IBRAHIM GAMBARI, Secrétaire général adjoint et Conseiller spécial du Secrétaire général pour l'Afrique, a rappelé que les attaques de l’Union pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA) cet été avaient fait plus de 400 morts civils et que le Gouvernement angolais avait récemment lancé un certain nombre d'offensives.  La poursuite des combats, a-t-il expliqué, continue d’avoir des effets catastrophiques sur le tissu social.  Aujourd’hui, un dixième des Angolais dépend de l’aide alimentaire pour survivre ; la guerre a entraîné le déplacement de 4,1 millions d’individus dans le pays et la moitié de la population vit maintenant dans des zones urbaines.


En ce qui concerne la paix, a-t-il poursuivi, le Gouvernement angolais a réaffirmé son attachement à la paix dans le cadre du Protocole de Lusaka, a établi le Fonds pour la paix et la réconciliation et a approuvé un plan en quatre points au début de l’année pour le mettre en œuvre.  Le Président Dos Santos a également annoncé le 4 novembre que son gouvernement était prêt à engager des négociations sur la réinsertion des combattants de l’UNITA.  L’UNITA, pour sa part, a réitéré son interprétation du Protocole de Lusaka qu’elle juge apparemment encore valide mais auquel elle ajoute des propositions nouvelles.  L’Eglise, pour sa part, a constitué un « réseau de la paix » composé de plusieurs personnalités éminentes et créé une Commission pour la paix et la réconciliation nationale pour faciliter les contacts entre les parties.


En annonçant en août qu’il ne se représenterait pas, a ajouté M. Gambari, le Président Dos Santos a prévenu qu’un certain nombre de mesures seraient à adopter avant de pouvoir organiser des élections générales, telles revoir la loi électorale, adopter une nouvelle Constitution et effectuer un recensement.  Le chef de l’Etat angolais a demandé officiellement l’aide des Nations Unies dans ce domaine et pour la réinsertion des combattants, a-t-il expliqué, ajoutant qu’une équipe interinstitutions s’est déjà rendue sur place à cet effet : elle remettra prochainement son rapport au Gouvernement angolais et un programme d’action est en cours de rédaction, a souligné M. Gambari.  Il a enfin évoqué la situation préoccupante dans la zone frontalière avec la Zambie, où les réfugiés angolais continuent d’arriver dans des conditions déplorables. 


Il s’agit, a-t-il conclu, d’identifier des mesures pratiques permettant aux parties de revenir aux points encore non accomplis du Protocole de Lusaka. 

M. Gambari a également annoncé qu’il retournerait sur place, à la demande du Secrétaire général, d’ici à la fin de l’année pour mener des consultations et voir dans quelles conditions l’ONU pourrait contribuer au retour de la paix.


M. JOAO BERNARDO DE MIRANDA, Ministre des relations extérieures de l’Angola, a affirmé que l’atmosphère de tranquillité dans la presque totalité du territoire angolais montre la pertinence d’un agenda pour la paix, fondé sur la conjugaison des initiatives politiques, sociales et militaires, afin de parachever l’application du Protocole de Lusaka.  Sur le plan politique, a-t-il indiqué, le gouvernement a donné la priorité au dialogue national avec les partis politiques, la société civile, la communauté internationale, la troïka d’Etats observateurs du processus de paix, le corps diplomatique et le Représentant du Secrétaire général


de l’ONU.  Sur le plan social, a poursuivi le Ministre, le Fonds pour la paix et la réconciliation nationale a appuyé les citoyens qui ont été récemment réintégrés dans la vie civile.  Dans la mise en œuvre des programmes sociaux de réintégration,  la communauté internationale peut, à travers les Nations Unies, jouer un rôle important. 


Venant aux initiatives militaires, le Ministre a indiqué que le Gouvernement angolais a pris des mesures extraordinaires pour parachever la mise en œuvre du Protocole de Lusaka, en particulier en ce qui concerne le désarmement des forces militaires de l’UNITA et l’extension de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, préservant ainsi le Gouvernement d’unité et de réconciliation nationale et créant, de même, les conditions favorables au rétablissement de l’ordre.  Le Ministre a tenu, une nouvelle fois, à réaffirmer la validité du Protocole de Lusaka avant de souligner que l’histoire a démontré, de la manière la plus claire, que Jonas Savimbi n’a jamais négocié de bonne foi.  En conséquence, a-t-il dit, il est très difficile de compter sur lui pour la réconciliation, étant donné qu’il a toujours décliné les offres du gouvernement, dont celle concernant la Vice-Présidence du pays.


La paix grandissante en Angola, a poursuivi le Ministre, n’aurait jamais été possible sans l’appui de la communauté internationale qui a su faire la distinction entre ceux qui ont toujours opté pour la paix et la démocratie et ceux qui ont choisi la guerre.  Il a rappelé, dans ce cadre, que l’effet le plus visible des sanctions imposées par le Conseil de sécurité a été une réduction sensible de la capacité de Jonas Savimbi de poursuivre la guerre comme le montre le nombre croissant des membres de l’UNITA qui ont été convaincus de déposer les armes et de rejoindre le processus de paix.  Cette situation démontre l’efficacité des sanctions en tant qu’outils et non comme une fin en soi.  Le Ministre a donc demandé le maintien de ces sanctions et même leur durcissement, en particulier dans le domaine des télécommunications conformément à la recommandation de la Communauté de développement de l’Afrique australe et ce, jusqu'à ce que la paix devienne irréversible en Angola.  Il a ensuite dénoncé les pays qui continuent d’autoriser les déplacements des éléments de la branche militaire de l’UNITA en soulignant, en particulier, que, sous le couvert d’ONG, des représentations de l’UNITA à l’étranger continuent de fonctionner.  Il faut, a dit le Ministre, examiner sérieusement la question de l’utilisation des ONG comme moyens de pérenniser les anciens bureaux de l’UNITA à l’étranger. 


Le Ministre a donc lancé un appel à tous les Membres de l’ONU pour qu’ils respectent les résolutions pertinentes du Conseil qui, selon lui, représentent une contribution importante au rétablissement de la paix en Angola.  Il a aussi souhaité que les recommandations du Instance de surveillance des sanctions soit, de manière urgente, examinées par le Conseil.


M. RICHARD RYAN (Irlande) a dénoncé les attaques atroces perpétrées ces derniers mois par l’UNITA pour tenter d’obtenir le pouvoir qui lui a été refusé par le peuple angolais en 1992.  L’Irlande, a-t-il dit, continue de croire que les Accords de paix et le Protocole de Lusaka doivent constituer le fondement même de la paix en Angola.  Si l’UNITA suivait cette voie, elle pourrait participer à un véritable dialogue.  Néanmoins, il a estimé que le gouvernement angolais devrait faire preuve de souplesse et rester à entendre l’UNITA, au cas où celle-ci changeait de position.  Il a également souhaité que les efforts de l’Eglise et de


la société civile soient réellement reconnus et intégrés au processus de négociations. Pour M. Ryan, l’application des sanctions contre l’UNITA contribue de manière significative à mettre fin à la violence: elles réduisent considérablement la capacité de l’UNITA à lutter contre le Gouvernement, a-t-il estimé, et beaucoup de ceux, individus ou pays, qui soutenaient l’UNITA ont décidé de changer d’attitude.  Aussi, le représentant a-t-il appelé l’ONU à ne pas abandonner le régime des sanctions.  Il a également souligné la nécessité de poursuivre et de renforcer la coopération politique, diplomatique et militaire qui a permis le rapprochement entre l'Angola et ses pays voisins.


Déplorant la situation humanitaire, M. Ryan a noté que les progrès escomptés ne se sont pas concrétisés: les taux de mortalité infantile et maternelle indiquent clairement la situation du pays et de son avenir.  Le fait que plus de 25% de la population est déplacé et que l’on compte autant de mines terrestres que d’individus en Angola  soulignent l’ampleur de la tâche qui attend l’ONU et la communauté internationale, a-t-il rappelé.   Pour redresser la situation dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’infrastructure, il est urgent que l’appui de la communauté internationale soit renforcé par une meilleure répartition des recettes publiques issues des ressources naturelles.


En conclusion, le représentant a fait valoir que la participation constante et renforcée des Nations Unies, avec la présence de son Bureau (BUNUA), était importante et a souhaité voir ses ressources augmentées, notamment pour ses travaux sur les droits de l’homme. 


M. ANDREY GRANOVSKY (Fédération de Russie) prenant la parole au nom de la Troïka des Etats observateurs de la mise en œuvre du Protocole de Lusaka, a appuyé la visite de M. Gambari en Angola en espérant que le gouvernement continuera de collaborer avec lui.  Le représentant a ensuite fait part de sa conviction que le conflit en Angola ne peut être résolu par des moyens militaires mais par le dialogue.  Bien que l’aile militaire de l’UNITA continue les actions militaires, a-t-il dit, la vie politique du pays doit se poursuivre.  Les Angolais sont prêts à discuter les uns avec les autres montrant ainsi que la solution ne peut venir que du dialogue.  Dans ce contexte, le représentant a attiré l’attention sur l’apparition d’une société civile active qui doit continuer à être encouragée par le gouvernement.  Or, a-t-il regretté, cette société civile ne se limite qu’aux régions contrôlées par le gouvernement. 


Le représentant a précisé que les discussions et les compromis peuvent se faire sur beaucoup de points mais pas sur tous.  Le dialogue, a-t-il dit, doit se fonder sur les principes non négociables du Protocole de Lusaka, ces principes se résumant à un pays, un gouvernement élu, et une armée.  Les bases fondamentales du Protocole de Lusaka doivent rester inchangés, a insisté le représentant avant d’appeler l’UNITA à désarmer et à devenir un parti politique.  Le dialogue ne pourra commencer que lorsque l’UNITA adhérera de nouveau aux principes fondamentaux du Protocole de Lusaka, a dit le représentant en jugeant important d’assurer que la vie politique du pays se développe.  Aucun groupe ne peut avoir un droit de veto sur le processus en Angola.  La seule voie vers le pouvoir politique passe par le processus démocratique, a conclu le représentant.


M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine) a assuré que son pays continuerait de contribuer aux efforts de paix en Angola et s’est félicité de l’amélioration générale des relations entre Luanda et les Nations Unies.  Il a aussi mentionné la participation croissante de la société civile et de l’Eglise au processus de paix comme très encourageante, ainsi que la promulgation d’une loi d’amnistie et la préparation d’une loi électorale.  L’Ukraine, a-t-il souligné, considère en revanche l’UNITA comme totalement responsable de la dégradation de la situation dans le pays.  Selon le représentant, ses actes contredisent ses déclarations en faveur de la paix, alors même que le Gouvernement a réaffirmé qu’il était prêt à négocier avec le Mouvement de M. Savimbi.  La reprise du dialogue avec l’UNITA, a-t-il souligné, ne doit pas signifier la renégociation du Protocole de Lusaka, qui doit rester à la base de tout futur règlement de paix.


M. Kuchynski a appelé le Conseil de sécurité à renforcer sa politique de sanctions contre l’UNITA, notant que les violations des sanctions restaient une grave source de préoccupation pour sa délégation.  Faisant valoir que les mouvements illicites d’avions servaient à réapprovisionner l’UNITA en armes notamment, il a jugé que la Communauté de développement de l’Afrique australe avait besoin de soutien dans ce domaine: il a annoncé à cet effet que son Gouvernement était prêt à contribuer aux efforts, par exemple en assurant la formation pour renforcer la capacité de la SADC à contrôler le trafic aérien dans la région.  Le rétablissement de la paix, a-t-il prévenu, ne sera toutefois pas possible sans la réhabilitation de l’économie et des infrastructures du pays et la communauté internationale doit faire des efforts en ce sens.


M. CHARLES JOSSELIN, Ministre délégué à la coopération et à la francophonie de la France, considérant que l’UNITA porte la responsabilité principale des échecs en Angola, a indiqué que son pays souhaite renforcer l’efficacité du système des sanctions contre les rebelles afin de les contraindre à respecter leurs obligations et à se conformer aux exigences du Protocole de Lusaka.  Le Ministre a également plaidé pour la création, recommandée par l’Instance de surveillance, d’un mécanisme permanent de surveillance des sanctions ciblées et des trafics de matières premières dans les conflits.  Conscient que le trafic de diamants finance l’essentiel de l’effort de guerre de l’UNITA, le Ministre s’est associé aux mesures visant à en contrôler efficacement le commerce à l’échelle mondiale.  Même si le Gouvernement angolais est parvenu à affaiblir considérablement les forces de l’UNITA, a poursuivi le Ministre, celle-ci a néanmoins conservé des capacités de guérilla dans l’ensemble du pays.  Ce conflit dévastateur n’a que trop duré, a estimé le Ministre en expliquant que c’est la raison pour laquelle son pays encourage les protagonistes à mettre en œuvre le Protocole de Lusaka. 


La politique d’ouverture dont témoigne le Gouvernement angolais constitue, à cet égard, un signe encourageant, a encore dit le Ministre en citant notamment l’annonce d’élections et de réformes institutionnelles.  Il a également salué les gestes d’ouverture du Gouvernement en direction de Jonas Savimbi, l’invitant régulièrement au dialogue et lui demandant de fixer une date pour la cessation des hostilités ou de «renoncer solennellement à la guerre».  Au-delà de ces gestes, a néanmoins estimé le Ministre, il faut concrétiser la politique de réconciliation


nationale.  Il a ainsi appelé le Gouvernement à poursuivre sans relâche ses efforts, en y associant l’ensemble des formations politiques et de tous les acteurs de la société civile.  Il a, dans ce cadre, encouragé le gouvernement à inviter les Eglises à réamorcer le dialogue avec la rébellion afin de convaincre l’UNITA de revenir à la table des négociations sur la base du Protocole de Lusaka.   Le Ministre a également appuyé la mission que M. Gambari se propose de faire en Angola à la fin de l’année pour examiner de quelle façon l’ONU peut contribuer à la recherche d’une paix négociée.  Il a, en outre, adhéré à la proposition de la délégation britannique d’organiser une rencontre du Conseil de sécurité avec les représentants de la société civile.  Le Ministre a terminé sur la question humanitaire en appelant l’UNITA à cesser de menacer la sécurité des convois humanitaires et le Gouvernement angolais a autorisé les organismes humanitaires à engager des discussions avec les forces de l’UNITA afin de négocier un accès aux populations en détresse.


M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a indiqué que le Conseil réaffirmerait dans sa déclaration que le Protocole de Lusaka demeure la seule base de règlement du conflit angolais: le dialogue, a-t-il dit, est la seule voie vers la paix et il doit être aussi large et représentatif que possible.  Il s’est félicité de l’engagement de la société civile dans les efforts de paix et il a souhaité que les représentants de la société civile et de l’Église soient invités devant le Conseil de sécurité.  Pour soutenir les réformes économiques et des efforts pour la bonne gouvernance, le représentant a souhaité que les Nations Unies répondent rapidement aux demandes du Gouvernement angolais sur la création d’un fonds de reconstruction.  Il a demandé que soient rapidement explorées les voies d’y parvenir.


Enfin, le représentant a insisté sur la situation difficile de la population; pour y remédier, il a appelé à la création rapide de couloirs humanitaires et a défendu la liberté d’accès des personnels humanitaires là où le besoin existe.  Il a enfin demandé que le Conseil consacre une nouvelle réunion à l’Angola lorsque M. Gambari sera rentré de sa prochaine mission.


M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a estimé que le moment est venu pour le Conseil de déclarer que Jonas Savimbi est un criminel de guerre conformément aux appels de l’OUA et de la SADC.  Il a rappelé que le Protocole de Lusaka demeure la seule base viable pour régler le conflit en Angola.  Compte tenu de la violence qui continue de faire rage, a-t-il dit, on peut s’imaginer ce qu’aurait été la situation sans l’imposition de sanctions à l’UNITA qui ont eu pour effet de réduire ses capacités de mener une guerre conventionnelle.  Le Conseil, a voulu le représentant, doit maintenir et intensifier la pression sur l’UNITA.  Il faut maintenir ces sanctions voire les durcir, a insisté le représentant avant de souligner que tout relâchement du Conseil serait profitable à l’UNITA.  Appelant les Etats Membres à continuer de respecter les résolutions pertinentes du Conseil, le représentant a jugé inacceptable que certains pays aient refusé de coopérer avec le Instance de surveillance.  Il a, dans ce cadre, rejeté catégoriquement l’opinion selon laquelle les résolutions portant imposition des sanctions ne sont pas compatibles avec certains traités régionaux.


Le représentant a donc demandé aux pays de  prendre des mesures nécessaires pour assurer l’application effective de ces résolutions.  Il a, dans ce contexte, salué le Instance de surveillance pour la mise à jour de la liste des éléments de l’UNITA frappés par les sanctions sur la liberté de mouvement avant de montrer sa préoccupation devant la persistance du réseau financier de l’UNITA.  Il a dit noter que le Comité des sanctions et le Instance de surveillance ont déjà  commencé à identifier ce réseau en appelant la communauté internationale à tarir toute source de financement de l’UNITA.  Démontrant l’engagement des pays de la SADC en faveur de l’application des sanctions, le représentant a plaidé pour qu’une aide en la matière soit apportée à ces pays avant de conclure sur le rôle de la société civile dans le processus de paix en Angola et sur la gravité de la situation humanitaire.


M. SHAMEEM AHSAN (Bangladesh) a noté que les sanctions avaient commencé à porter leurs fruits et que le Instance de surveillance, outil approprié, contribuait à ce succès.  Il a demandé que l’accent soit mis davantage sur les faiblesses en ce qui concerne les diamants et le déplacement des dirigeants de l’UNITA et, soulignant que les rapports de l’Instance de surveillance étaient présentés depuis plus d’un an, s’est demandé ce que le Conseil comptait en faire: l’examen en cours de ces rapports, a-t-il espéré, devrait permettre de dire qu’on peut faire davantage dans ce domaine.  Le représentant a fait remarquer que les dirigeants de l’UNITA avaient continué de se déplacer librement et il a insisté sur le caractère obligatoire que devraient avoir les sanctions décrétées par le Conseil.  Il a appelé à aider la SADC dans ses efforts pour les faire respecter.


La création d’un Fonds pour la paix et la réconciliation nationale et d’un plan pour les personnes déplacées sont des pas dans la bonne direction, a-t-il jugé.  Il a aussi estimé que les consultations avec la société civile et l’Eglise étaient essentielles et ouvraient la voie aux élections.  Mais le processus de paix doit être étayé, a-t-il dit, appelant la communauté internationale à y apporter son soutien et à chercher des mesures novatrices pour sortir le pays de l’ornière.


M. MOCTAR OUANE (Mali) a réaffirmé l’attachement de son pays au Protocole de Lusaka qui demeure la seule base viable pour un règlement politique permettant de ramener une paix durable en Angola.  Dans ce contexte, il s’est félicité de l’engagement du Gouvernement angolais de continuer à travailler pour la paix, réaffirmant ainsi la validité du Protocole de Lusaka.  Il a porté la responsabilité principale de la poursuite de ce conflit sur l’UNITA et sur M. Savimbi qui continuent de narguer la communauté internationale en refusant de s’acquitter des obligations contractées en vertu des Accords de paix, du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  C’est pourquoi, le représentant a exhorté l’UNITA de mettre immédiatement fin à toutes ses actions militaires.  Dans ce contexte, il a estimé que les sanctions édictées à l’encontre de l’UNITA sont appropriées et contribuent positivement à réduire la capacité militaire et nuisible de l’UNITA.  Il a par conséquent souhaité le maintien et le renforcement de ces sanctions qui doivent être imposées par l’entremise d’une pleine coopération avec l’instance de surveillance. 


Le représentant a également encouragé les efforts de l’Union africaine à travers son comité ad hoc chargé du suivi de l’application des sanctions imposées à l’UNITA.  M. Ouane a en outre appelé les Nations Unies et la communauté internationale à poursuivre et à encourager les efforts en cours pour le rétablissement de l’Administration de l’Etat, le respect de l’état de droit, la protection des droits de l’homme et l’amélioration de la situation socioéconomique.  En ce qui concerne le processus de démocratisation entamé par le Gouvernement angolais, le représentant a encouragé la poursuite des consultations en cours entre les Nations Unies et le Gouvernement angolais.  Enfin, se déclarant gravement préoccupé par le situation humanitaire dans le pays, M. Ouane s’est joint à l’appel lancé à toutes les parties pour qu’elles facilitent l’acheminement, sans entrave, de l’aide d’urgence aux populations qui se trouvent dans les zones touchées.


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a dit pouvoir conclure au vu de la situation sociale en Angola, que le pays aura encore besoin d’une aide humanitaire internationale.  A ce propos, il a invité le Gouvernement angolais à prendre note des critiques de certaines organisations humanitaires selon lesquelles il aurait abandonné la tâche en la matière à la communauté internationale.  Le représentant a aussi plaidé pour une plus grande participation de la société civile au processus de paix en attirant, en particulier l’attention sur le rôle des Eglises.  En absence d’un règlement politique en Angola, a conclu le représentant, le Conseil devra continuer de surveiller l’application des sanctions imposées à l’UNITA. Il a, en conséquence, invité les Etats Membres à appuyer ces mesures, en particulier les pays cités dans le rapport du Instance de surveillance.


M. SHEN GUOFANG (Chine) a jugé que le plan en quatre points du Gouvernement angolais allait dans le bon sens, en faveur de la paix.  Les mesures et les actions entreprises par le Gouvernement ont reçu l’appui de la population et de la communauté internationale, a-t-il observé, mais à cause de la poursuite des violences, le Protocole de Lusaka n’est toujours pas appliqué.  En revanche, elles ont entraîné de lourdes pertes humaines et économiques.  Condamnant l’UNITA, le représentant a exigé que le mouvement dépose les armes et qu’il engage des négociations avec le Gouvernement.


Le représentant a exprimé l’appui de son pays à la poursuite des sanctions contre l’UNITA, demandant à ce qu’elles soient surveillées de près.  Il a également invité les Nations Unies et la communauté internationale à apporter leur assistance à l’organisation d’élections et a souhaité entendre M. Gambari, devant le Conseil, au retour de sa prochaine mission en Angola.


M. NOUREDDINE MEJDOUB (Tunisie) a déclaré qu’en dépit de l’affaiblissement et de la réduction de ses capacités militaires, l’UNITA poursuit des activités de guérilla en prenant pour cible la population civile.  Le représentant a condamné avec force de tels agissements qui sont inacceptables d’autant plus que le principal motif de la poursuite, par M. Savimbi, du conflit n’est nullement de servir la cause de la paix et du bien-être de la population angolaise.  Nous nous félicitons, a-t-il poursuivi, de l’intention exprimée par le Gouvernement angolais d’organiser des élections démocratiques et invitons la communauté internationale et, notamment les Nations Unies, à aider l’organisation de ces élections et à faire en sorte qu’elles se déroulent dans les meilleures conditions possibles avec


la participation de toutes les forces vives du pays.  La Tunisie est convaincue que le Gouvernement angolais a rempli sa part de responsabilité et qu’il revient à l’UNITA de répondre positivement à la main tendue du Gouvernement, de renoncer à l’option militaire et de cesser de prendre en otage l’avenir de tout le pays.  Convaincu qu’il ne saurait y avoir de solution militaire au conflit, le représentant a appelé à une application stricte et rigoureuse des sanctions imposées à l’UNITA, seul moyen, à ses yeux, de couper les routes d’approvisionnement de l’UNITA en armement et autre matériel de guerre. 


Le représentant a estimé que les sanctions devraient être maintenues jusqu’à ce que le processus de paix devienne irréversible et a, en conclusion, souligné qu’il accorde une grande importance aux investigations de l’Instance de surveillance des sanctions, notamment en ce qui concerne le trafic des diamants qui constitue le nerf de la guerre en Angola et l’une des principales sources de revenus pour les mouvements rebelles en Afrique en général.


M. OLE PETER KOLBY (Norvège) s’est dit préoccupé par la recrudescence de la violence et de l’activité militaire en Angola ainsi que par la dégradation de la situation humanitaire, l’augmentation du nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays et l’afflux de réfugiés dans les pays voisins.  Il s’est prononcé en faveur d’une poursuite des efforts déployés par le Gouvernement angolais pour que l’aide humanitaire parvienne dans les zones qui ne sont pas accessibles aux Nations Unies.  Il a également insisté sur l’importance d’assurer la sécurité du personnel humanitaire.  Le représentant a estimé que la responsabilité de la non-application du Protocole de Lusaka et du conflit angolais incombait à l’UNITA de Joseph Savimbi et a fortement condamné les attaques de l’UNITA et, tout particulièrement, celles perpétrées contre des civils.  Il a demandé que l’UNITA instaure un cessez-le-feu immédiat et qu’elle engage un dialogue constructif et visionnaire avec le gouvernement.  Il a estimé qu’au regard de la situation préoccupante des droits de l’homme en Angola, le rôle du Bureau des Nations Unies était important pour améliorer la situation. 


Les sanctions constituent, pour le Conseil, un instrument important qui lui permette de maintenir la pression sur Savimbi et l’UNITA, a-t-il considéré, précisant que cette pression est nécessaire.  Tous les Etats Membres doivent contribuer à l’amélioration de la situation en Angola en appliquant strictement les sanctions.  Si l’on en juge par le rapport du Instance de surveillance, il y a encore moyen de faire beaucoup mieux à cet égard.


Mme CHRISTINE LEE (Singapour) a souligné qu’un enfant angolais sur trois n’atteignait pas l’âge de 5 ans et que 45% des familles n’avaient pas un accès facile à l’eau potable, estimant que ce sont des chiffres qui font réfléchir surtout dans un pays qui est riche en diamants et en pétrole.  Elle a donc appelé la communauté internationale mais aussi le Gouvernement angolais à répondre aux besoins de la population.  Rappelant par ailleurs que le conflit est en cours depuis 26 ans, la représentante a estimé qu’il ne pouvait y avoir de solution militaire. 


Le Gouvernement a fait des efforts louables pour promouvoir la paix, a-t-elle dit, les sanctions ont joué un rôle en ce sens, l’Eglise aussi, mais, a-t-elle déploré, l’UNITA a repris ses activités de guérilla.  Tout en appuyant le soutien que le Conseil entend apporter aux efforts du Gouvernement angolais, elle a aussi jugé qu’il fallait que la réconciliation avance entre les deux parties antagonistes : elle a estimé que l’Eglise pourrait aider à l’ouverture de ce dialogue entre les autorités et l’UNITA, de même que M. Gambari, lors de sa prochaine visite sur place.  On ne peut, selon la représentante, éviter d’organiser ces négociations directes dans la recherche de la paix.  Elle a enfin observé que l’ONU avait joué son rôle jusqu’ici et a appelé la communauté internationale à en faire autant pour faire avancer la paix, notamment  en respectant, et en faisant respecter, les sanctions. 


Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque), se déclarant troublée par la situation humanitaire en Angola, a pris note de l’appel lancé en la matière par le Ministre angolais des affaires étrangères.  Elle s’est dite particulièrement préoccupée par les conditions très graves dans lesquelles vivent les enfants en soulignant l’importance de garantir la sûreté du personnel humanitaire et sa liberté de circulation.  La représentante a poursuivi en imputant la responsabilité de la poursuite du conflit à l’UNITA.  Elle a, en conséquence, exigé que cette dernière honore ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.  Le moment est venu, a-t-elle dit, d’accepter la solution politique comme seule porte de sortie du conflit angolais.  Il est important, a-t-elle ajouté, que le Conseil et la communauté internationale maintiennent leur pression sur l’UNITA par le biais des sanctions.  Dans ce contexte, a souligné Mme Durrant, les Etats Membres doivent apporter leur plein concours pour que ces sanctions soient pleinement efficaces. 


Poursuivant, la représentante s’est dite encouragée par l’émergence de la société civile en Angola et par les informations selon lesquelles certains éléments de l’UNITA ont répondu favorablement aux initiatives de l’Eglise.  Elle a cependant mis en garde l’UNITA contre la tentation de rechercher une solution en dehors du cadre du Protocole de Lusaka.  Elle s’est, en la matière, félicitée de l’assistance offerte par le Gouvernement angolais à l’UNITA pour sa transformation en un parti politique en vue des prochaines élections.  La représentante a, en outre, appuyé la réponse du Secrétaire général à la demande d’assistance du Gouvernement angolais.  Elle a souhaité que le plan d’action qui sera préparé à la suite de la prochaine visite de M. Gambari, Conseiller spécial du Secrétaire général pour l'Afrique, dans le pays serve de base aux efforts futurs de paix du Conseil.  Si, a-t-elle conclu, l’UNITA décide de rester en marge du processus politique, il faut prendre toutes les mesures pour l’empêcher de faire dérailler les élections par l’insécurité et ralentir le rythme du règlement politique.


Mme LILIAN E.PATEL, Ministre des affaires étrangères du Malawi, a indiqué que sa délégation était de plus en plus déçue par l’apparente inadéquation des mesures prises par le Conseil de sécurité à l’encontre de l’UNITA et de M. Jonas Savimbi et qu’elle s’inquiétait de la lenteur des progrès vers un règlement décisif de la crise angolaise.  Elle a donc souhaité que de nouveaux efforts soient déployés et qu'un élan soit donné aux mesures en cours pour obliger

M. Savimbi à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité afin de parvenir


à une paix durable.  Il a jugé qu’il était indispensable que le Gouvernement et les rebelles de l'UNITA reprennent le dialogue.  Le Malawi, a-t-elle poursuivi, condamne sans équivoque l’intransigeance et l’attitude barbare de l’UNITA et réaffirme son soutien indéfectible au Protocole de Lusaka signé en 1994, seule possibilité viable de règlement en Angola.


Les attaques incessantes de l’UNITA contre les populations civiles, les trains et les bus de voyageurs, les assassinats de mineurs doivent, a poursuivi la représentante, rappeler à la communauté internationale la brutalité et le manque de patriotisme de l’UNITA.  Ces incidents et leur brutalité prouvent également, selon la Ministre, le manque d’efficacité du régime de sanctions contre l’UNITA.  Elle a souhaité une enquête pour déterminer les failles de ce régime de sanctions dans le but de le renforcer et de l’élargir.  Mme Patel a enfin attiré l’attention du Conseil sur les implications de ce conflit dans la région de l’Afrique australe.  Elle a jugé par ailleurs qu’il était urgent de déclarer que les atrocités commises par l’UNITA étaient un  crime contre l’humanité. 


M. MANUEL INOCENCIO SOUSA, Ministre des affaires étrangères du Cap-Vert, a rappelé qu’en avril 1997, alors que la normalisation de l’administration de l’Etat démarrait à M’banza Congo dans le cadre du Protocole de Lusaka, on pensait finalement que la paix serait définitivement rétablie et que la stabilité politique, la réconciliation nationale et la reconstruction de l’Angola prévaudraient.  Malheureusement, a-t-il poursuivi, cet espoir s’est évanoui car, malgré les efforts persistants de la Mission d’observation des Nations Unies en Angola et du Gouvernement d’unité et de réconciliation nationales, une fois de plus, l’UNITA de Jonas Savimbi a préféré la hache de la guerre à la pipe de la paix.  De plus en plus, l’UNITA lance des attaques terroristes qui font ravage sur la population civile et les infrastructures, dans la tentative de freiner la normalisation de la situation politique en Angola, le Ministre a indiqué que son pays soutient les sanctions appliquées contre l’UNITA et se réjouit qu’elles aient contribué à réduire la capacité militaire de cette organisation.  De même, a-t-il continué, il est louable que l’augmentation de la pression internationale sur l’aile militaire de l’UNITA pour la contraindre à respecter les engagements dans le cadre du Protocole de Lusaka commence à avoir des résultats positifs.  Le Ministre a souhaité que des mesures supplémentaires soient adoptées afin d’empêcher que le mouvement rebelle ne profite du commerce illicite d’armes, des moyens de transport et du trafic des richesses naturelles du pays, et il a en conclusion réaffirmé que le Protocole de Lusaka reste le cadre juridique et politique essentiel pour l’instauration d’une paix durable en Angola.


M. TULIAMENI KALOMOH, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Namibie, a estimé qu’il est clair que Jonas Savimbi continue de défier les appels répétés de la communauté internationale pour qu’il reprenne la mise en œuvre du Protocole de Lusaka.  Au contraire, a souligné le Vice-Ministre, il a choisi de continuer sa guerre brutale contre le peuple angolais.  Devant une telle situation, le Conseil n’a d’autre choix que de maintenir sa pression et de contraindre l’UNITA à retourner au processus de paix, a-t-il dit, avant de faire part de sa préoccupation devant la poursuite des opérations dans de nombreuses régions, malgré l’imposition des sanctions.  Beaucoup de représentants de l’UNITA, a-t-il ainsi indiqué, continuent leurs activités dans un certain nombre de pays,


en particulier en Europe, en Amérique du Nord mais aussi en Afrique.  De plus, a encore dit le Vice-Ministre, les opérations liées aux armes et aux diamants n’ont pas cessé, de même que l’appui aux finances et à la machine de propagande de l’UNITA .  Le Vice-Ministre a donc souhaité le maintien des sanctions, voire leur durcissement, en particulier dans le domaine des télécommunications.  Soulignant les efforts de la Communauté pour le développement des Etats de l’Afrique australe (SADC) pour mettre en œuvre le régime des sanctions, le Vice-Ministre a émis l’espoir que l’Instance de surveillance saisira l’occasion de la prorogation de son mandat pour approfondir son enquête.  Ce n’est que sur la base des informations recueillies que le Conseil de sécurité doit prendre une décision, a souligné M. Kalomoh.


M. LUIZ AUGUSTO DE ARAUJO CASTRO (Brésil) a déclaré que depuis plusieurs années, la paix était restée un but insaisissable en Angola.  Avec la persistance de l’instabilité, a-t-il expliqué, les perspectives de développement et de prospérité n’ont cessé de reculer pour la population angolaise.  Beaucoup d’occasions de briser cette spirale de violence ont été perdues à cause du comportement de l’UNITA, qui est, –le fait est largement reconnu- la première responsable de la poursuite des combats.  Par ailleurs, il est clair qu’un règlement complet et durable de la question humanitaire est directement lié à la fin du conflit.  Et celle-ci repose sur un processus qui doit aboutir au désarmement et à la démobilisation de l’UNITA de Savimbi et à sa transformation en une entité politique prête à faire preuve de tolérance et à soutenir fermement la démocratie et le pluralisme.  Il faut convaincre l’UNITA qu’il n’existe pas d’autre alternative que la paix.  Elle doit mettre fin à son action militaire et commencer à discuter avec le gouvernement des moyens d’appliquer le Protocole de Lusaka.


L’efficacité des sanctions a été prouvée dans la mesure où elles ont privé l’UNITA des ressources et des outils pour mener la guerre.  Nous nous félicitons de la fermeté du Conseil de sécurité qui demande le strict respect du régime de sanctions imposé à l’UNITA.  La communauté internationale doit maintenir la pression pour éviter les brèches dans lesquelles pourraient s’engouffrer les rebelles.  Elle doit aussi pointer du doigt les individus et les pays qui violent les sanctions.  Freiner le commerce illégal d’armes et de diamants et couper l’UNITA de ses sources de financement, notamment, devrait forcer Savimbi à se conformer aux résolutions du Conseil de sécurité.  La perspective d’élections présidentielles offre une occasion unique de prouver un engagement réel en faveur de la stabilité.  Puisqu’il a dans le passé rejeté la démocratie et les résultats électoraux, Savimbi pourrait bien essayer d’influencer le processus par la violence et l’intimidation.  On doit l’en empêcher en donnant un élan à la paix.  Dans ce contexte, les Nations Unies ont un rôle à jouer.  Elles devraient écouter le gouvernement, les partis politiques et les représentants de la société civile, aussi bien que les Etats intéressés, afin que les différentes alternatives pour résoudre le conflit angolais recueillent l’adhésion de tous.


M. STEPHANE DE LOECKER (Belgique), s’exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés,  a estimé que la marche à suivre vers la paix en Angola est clairement indiquée par le Protocole de Lusaka, qui demeure la base du processus de paix dans ce pays.  Des solutions doivent être trouvées dans le cadre d'un dialogue national, sans exclusion aucune, et la porte doit rester ouverte pour l'UNITA, même si pour le moment elle n'est pas prête à saisir cette occasion, a dit M. De Loecker en lançant un appel à M. Savimbi pour qu'il mette en oeuvre des mesures de confiance et s'engage dans un dialogue avec le gouvernement sur l'application du Protocole de Lusaka.  L'Union européenne salue le geste positif du gouvernement d'offrir l'amnistie et d'organiser des élections au courant de l'année prochaine.  Ces élections doivent être libres et régulières, et voir la participation la plus large de la population.  Nous avons également pris note de la décision du Président Dos Santos de ne pas se représenter, a ajouté le représentant.


Les sanctions restent l'instrument le plus à même de conduire l'UNITA à adhérer au Protocole de Lusaka, et l'Union européenne fait appel à tous les pays du monde pour qu'ils les respectent.  Des actions extérieures au processus de sanctions de l'ONU, comme le Processus de Kimberley, qui a pour objectif de bannir les diamants de conflit du commerce mondial, sont un exemple de ce qui peut être fait pour renforcer l'efficacité de ces sanctions, bien que ces dernières ne soient pas une solution en-soi et qu'elles doivent s'inscrire dans un cadre politique plus global.  L'Union européenne soutient l'action de l'ONU en Angola, et estime que son attention doit aller particulièrement vers le respect des droits de l'homme, dont l'Union soutient financièrement l'application.  Nous appelons toutes les parties au conflit à donner un accès sans restrictions aux agences humanitaires, a dit M. De Loecker, et nous leur demandons de mettre fin à la pose de mines terrestres antipersonnel.  La situation en Angola présentant des risques énormes de débordement vers les pays limitrophes, nous engageons les pays de la région au dialogue, à la coopération et au respect mutuel de l'intégrité territoriale, afin d'éviter tout débordement de la violence en dehors des frontières de l'Angola.


M. PAUL HEINBECKER (Canada) a estimé que le dernier rapport de l’Instance de surveillance constitue une mesure de suivi importante du travail des Nations Unies en Angola.  Il s’est félicité du fait que de plus en plus d’Etats Membres apportent à l’Instance l’aide dont elle a besoin.  Ce soutien n’est pas discrétionnaire, a souligné le représentant, car il s’agit d’une obligation pour tout Etat Membre de l’ONU.  Il a, par ailleurs, demandé aux Etats Membres cités dans le rapport de l’Instance de mettre fin à leurs pratiques et de cesser de fouler ainsi du pied l’autorité du Conseil.  A cet égard, il a suggéré à ce dernier d’imposer des sanctions secondaires aux pays en question.  Toujours dans le même ordre d’idées, il a encouragé les Etats qui abritent les comptes bancaires de l’UNITA à coopérer avec l’Instance pour limiter les possibilités de l’UNITA d’acheter les armes qui lui permettent de poursuivre cette guerre civile « tragique ».  L’utilisation par l’UNITA des nouvelles technologies de l’information et de la communication est particulièrement inquiétante, a ajouté le représentant en demandant une limitation de sa capacité en la matière.


En dépit des mesures prises, l’UNITA continue d’intensifier ses attaques, a constaté le représentant qui a estimé que ces atrocités mettent Jonas Savimbi dans la même catégorie des personnes inscrites sur la liste des criminels que le monde doit traduire en justice.  Le terrorisme et la guerre civile constituent la plus grande source de souffrance pour les civils, a insisté le représentant en estimant qu’avec ses ressources pétrolières, le Gouvernement angolais pourrait faire davantage pour fournir à sa population les services requis.  Encouragé néanmoins par les efforts accomplis par le Gouvernement dans l’application des sanctions et, en particulier, dans la mise en œuvre d’un programme de certification de diamants, le représentant l’a invité à trouver une solution au problème des contrebandiers qui opèrent aujourd’hui dans les territoires contrôlés auparavant par l’UNITA.  Il a terminé en renouvelant ses appels en faveur de la mise en œuvre des sanctions par tous les Etats Membres et en appelant le Conseil, à l’instar de ce qu’il a fait pour Ossama ben Laden et la lutte contre le terrorisme, à mettre en place un mécanisme de contrôle de ses résolutions.


M. TICHAONA J. B. JOKONYA (Zimbabwe) a souhaité que le Comité de surveillance des sanctions poursuive sans relâche les éléments qui permettent à l’UNITA de continuer de violer les sanctions.  Citant le rapport de l’Instance de surveillance, il a indiqué que ces violations passaient par les rebelles de la République démocratique du Congo et que la partie de la RDC sous contrôle rebelle restait un point de transit pour les diamants de l’UNITA.  Dans les années 80, a poursuivi le représentant, l’UNITA était installée à la frontière de la Namibie et comptait sur l’Afrique du Sud; aujourd’hui, elle s’est adaptée et s’est rapprochée de la République démocratique du Congo, ce qui explique que le niveau actuel de destruction est encore supérieur à celui de la décennie précédente. 


Le représentant du Zimbabwe a donc dénoncé les acteurs étatiques et non étatiques qui contournent l’embargo contre l’UNITA.  Les nombreuses résolutions du Conseil de sécurité n’ont pas, selon lui, empêché l’UNITA d’avoir un trésor de guerre qui s’accroît, grâce à certains individus et organisations.  Il s’est associé à l’appel de l’Angola pour que soient adoptées de nouvelles mesures restrictives contre l’UNITA, dans le domaine notamment des télécommunications.  La communauté internationale, a-t-il conclu, a pour obligation de punir les partenaires commerciaux de l’UNITA.


Concluant le débat, le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique a remercié les délégations pour la confiance qu’elles ont manifesté à l’égard des efforts du Secrétaire général pour promouvoir la paix et la réconciliation nationale en Angola.   Il s’est réjoui que les quatre piliers de la paix en Angola que l’ONU défend depuis quatre ans soient aujourd’hui avalisés par les membres du Conseil.  Le Conseiller spécial a cité ces quatre piliers qui sont l’absence de solution militaire, la responsabilité principale de Jonas Savimbi dans la poursuite du conflit, l’appui à apporter au Gouvernement pour l’acheminement de l’assistance humanitaire et le renforcement des capacités en matière des droits de l’homme, et le soutien à la société civile.  Le Conseiller spécial s’est ensuite félicité de l’appui apporté par les membres du Conseil à sa future mission sur le terrain.


Projet de déclaration du Président sur l’Angola (S/PRST/2001/36)


Le Conseil de sécurité demeure gravement préoccupé par le conflit qui se poursuit en Angola. Il tient M. Jonas Savimbi et la faction armée de l’União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) pour responsables au premier chef de la non-application du Protocole de Lusaka. Il se déclare très alarmé par les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire et par la crise humanitaire auxquelles celle-ci a conduit.


Le Conseil réaffirme que le Protocole de Lusaka reste la seule base viable de règlement politique du conflit angolais. C’est parce qu’elle ne respecte pas le Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe), les « Accordos de Paz » (S/22609, annexe) et ses résolutions sur la question qu’il maintient ses sanctions contre l’UNITA.


Le Conseil affirme une fois encore son intention de continuer à suivre de près l’application des sanctions afin d’en améliorer l’efficacité tant qu’il ne sera pas convaincu qu’il est satisfait aux conditions fixées dans les résolutions pertinentes. Il se félicite, à cet égard, de ce que le Comité des sanctions examine actuellement les recommandations de l’Instance de surveillance des sanctions prises contre l’UNITA.


Le Conseil demande à nouveau aux États Membres d’appliquer pleinement le régime de sanctions imposé contre l’UNITA. Il note l’utilité du concours apporté par le Comité des sanctions créé par sa résolution 864 (1993) et demande à tous les États Membres de coopérer sans réserve avec lui et avec l’Instance de surveillance des sanctions prises contre l’UNITA.


Le Conseil appuie les efforts que fait le Gouvernement angolais pour appliquer le Protocole de Lusaka, notamment grâce au Fonds pour la paix et la réconciliation nationale. Il approuve son intention d’organiser des élections libres et régulières lorsque les conditions voulues seront réunies. Il encourage les autorités angolaises à poursuivre, en consultation avec tous les partis politiques et avec la pleine et entière participation de la société civile, les efforts qu’elles consentent à l’appui de la paix, de la stabilité et de la réconciliation nationale. Il encourage en outre le Gouvernement angolais à travailler à la réforme économique et à assurer, en en répondant, la gouvernance transparente nécessaire pour créer un climat de paix.


Le Conseil constate avec préoccupation que le conflit qui se poursuit en Angola se traduit par le déplacement d’une population nombreuse à l’intérieur du pays et par une situation humanitaire dramatique. Il salue les efforts que le Gouvernement angolais accomplit en vue d’améliorer la situation humanitaire et de réinstaller la population déplacée et lui demande de les intensifier. Il demande aussi à la communauté internationale de continuer à apporter l’aide humanitaire nécessaire. Il souligne que celle-ci devrait aller aux populations dans le besoin sur tout le territoire angolais.


Le Conseil appuie l’action que mènent la société civile et les églises en vue d’améliorer la situation sur le plan humanitaire et de faciliter la réconciliation nationale.


Le Conseil se félicite que le Conseiller spécial du Secrétaire général pour l’Afrique doive se rendre très prochainement en Angola pour y consulter les représentants du Gouvernement, des partis politiques et de la société civile au sujet de ce que l’Organisation des Nations Unies pourrait faire à l’appui du processus de paix. Il renouvelle en outre son soutien à l’action que l’Office des Nations Unies en Angola mène en vue de trouver une solution au conflit angolais.


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