LE CONSEIL SOULIGNE DE NOUVEAU L'IMPORTANCE DU DIALOGUE INTERCONGOLAIS ET DEMANDE AUX PARTIES DE SE CONFORMER A L'ACCORD DE LUSAKA
Communiqué de presse CS2204 |
Conseil de sécurité CS/2204
4395e et 4396e séances 24 octobre 2001
LE CONSEIL SOULIGNE DE NOUVEAU L'IMPORTANCE DU DIALOGUE INTERCONGOLAIS ET DEMANDE AUX PARTIES DE SE CONFORMER A L'ACCORD DE LUSAKA
Le Conseil de sécurité, dans une déclaration de son Président à l'issue de son examen de la situation en République démocratique du Congo (RDC), a appuyé le lancement de la phase III du déploiement de la MONUC dans les limites actuellement fixées, et en particulier, son déploiement vers l'est de la République démocratique du Congo. Le Conseil a rappelé l'importance qu'il accorde à l'application de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka et de ses résolutions pertinentes. Il a, en particulier, demandé aux Etats qui ne l'ont pas encore fait de se retirer du territoire de la RDC conformément à l'Accord de Lusaka, et a demandé à toutes les parties de cesser tout appui aux groupes armés et de mettre en oeuvre le processus de désarmement, de démobilisation, de rapatriement, de réinstallation et de réinsertion des groupes mentionnés dans l'annexe de l'Accord de Lusaka, et a souligné l'importance du dialogue intercongolais et demandé aux parties congolaises de conjuguer leurs efforts pour assurer le succès de ce processus. Dans sa déclaration, le Conseil a exigé la démilitarisation de Kisangani, conformément à sa résolution 1304 (2000).
Dans le cadre de l'examen de cette question, le Conseil avait auparavant entendu une présentation de M. Amos Namanga Ngongi, le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général, qui a fait le point des activités de la Mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) après les recommandations faites au Conseil par le Secrétaire général dans son dernier rapport. La phase III de la MONUC, a dit M. Namanga Ngongi, devrait débuter par le déploiement d'une force de 400 hommes devant plus tard s'élever à 2000 hommes dans la ville de Kindu. Cette force devrait être suffisamment robuste pour dissuader toute tentative d'attaque contre la MONUC et devrait aussi avoir les capacités d'opérer dans les deux provinces du Kivu et dans celle du Katanga. La troisième phase de la MONUC a, entre autres, pour objectif de faciliter le retrait total de toutes les forces étrangères du territoire de la RDC et de permettre la mise en oeuvre du programme de désarmement, de démobilisation et de rapatriement des combattants des groupes armés non-signataires de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. La MONUC a, d'autre part indiqué le Représentant spécial du Secrétaire général, a aussi pour mission essentielle de faciliter le démarrage des opérations de reconstruction économique de la RDC. A cet égard, elle participera plus que par le passé, aux efforts visant à réouvrir le trafic sur le fleuve Congo, ce qui permettrait de réduire la détresse économique que connaît le pays et permettre des opérations de lutte contre la faim qui frappe certaines régions tout en renforçant l'affirmation de l'intégrité territoriale de la RDC. Concernant les difficultés que rencontre la Mission, M. Namanga Ngongi a informé le Conseil de mouvements de troupes rwandaises et ougandaises qui se seraient produits au cours des 24 heures dans le Nord Kivu, et qui auraient abouti à la saisie de la localité de Kanyabayongo. Le Rwanda démentant que ses troupes aient saisi la ville, la MONUC y a dépêché une équipe d'observateurs militaires pour enquête.
M. Léonard She Okitundu, Ministre des affaires étrangères et de la Coopération internationale de la RDC a exprimé la préoccupation de son gouvernement face aux "violations massives des droits de l'homme par le
RCD-Goma et les troupes rwandaises" dans l'est du pays. Accusant le Rwanda de
ne pas respecter le plan de retrait conclu à Kampala, le Ministre a rendu cette situation responsable de la reprise des combats dans les localités de Kindu et
de Fizi. Quant à la suspension du Dialogue qui avait commencé à Addis-Abeba,
M. She Okitundu a estimé, en relevant l'absence des groupes Maï Maï, que l'opposition congolaise n'y était pas représentée dans toute sa diversité. Le Gouvernement de la RDC, a-t-il poursuivi, appuie la proposition du lancement de la Phase III de la MONUC, mais insiste pour que les effectifs de la Mission soient revus à la hausse. La RDC cherche tous les moyens qui lui permettraient de mettre fin à la présence de combattants rwandais sur son sol à travers le programme de DDR, afin que le Gouvernement de Kigali n'ait plus aucun prétexte pour maintenir son occupation de l'est du Congo, a dit le Ministre en appelant la communauté internationale à faire pression sur le Rwanda et l'Ouganda pour qu'ils cessent l'exploitation illégale des ressources naturelles et autres richesses de la RDC.
Les délégations suivantes ont pris la parole au cours de la réunion: France, Tunisie, Royaume-Uni, Mali, Maurice, Etats-Unis, Chine, Jamaïque, Colombie, Norvège, Ukraine, Singapour, Fédération de Russie, Bangladesh, Irlande, Belgique (au nom de l'Union européenne), Namibie, Zambie, Mozambique et Zimbabwe.
LA SITUATION CONCERNANT LA REPUBLIQUE DU CONGO
Déclaration du Président du Conseil de sécurité
Le Conseil de sécurité se félicite des recommandations du Secrétaire général sur la prochaine phase du déploiement de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), telles qu’elles figurent dans son rapport du 16 octobre 2001 (S/2001/970).
Le Conseil appuie le lancement de la phase III du déploiement de la MONUC dans les limites actuellement fixées et, en particulier, son déploiement vers l’est de la République démocratique du Congo.
Le Conseil rappelle aux parties au conflit qu’elles sont responsables de la poursuite du processus de paix. Il leur incombe de créer et de maintenir les conditions favorables au lancement de la phase III de la MONUC en respectant pleinement les engagements qu’elles ont pris. Le Conseil prendra ses décisions sur l’avenir de la phase III de la MONUC après s’être assuré que les parties à l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka (S/1999/815) sont résolues à continuer, dans un esprit de partenariat, à déployer les efforts nécessaires pour faire avancer le processus de paix. La prochaine réunion entre le Conseil et les membres du Comité politique créé par l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka donnera l’occasion de discuter de ces questions.
Le Conseil rappelle l’importance qu’il accorde à l’application de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka et de ses résolutions pertinentes. En particulier, il :
– Demande aux États qui ne l’ont pas encore fait de se retirer du territoire de la République démocratique du Congo conformément à l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka et de ses résolutions pertinentes;
– Demande à toutes les parties de cesser tout appui aux groupes armés et de mettre en oeuvre le processus de désarmement, de démobilisation, de rapatriement, de réinstallation et de réinsertion des groupes mentionnés dans l’annexe A (chap. 9.1) de l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka;
– Souligne l’importance du dialogue intercongolais et demande aux parties congolaises de conjuguer leurs efforts pour assurer le succès de ce processus;
– Exige la démilitarisation de Kisangani, conformément à sa résolution 1304 (2000).
Le Conseil se déclare vivement préoccupé par l’aggravation de la situation humanitaire et de la situation en matière de droits de l’homme, en particulier dans l’est de la République démocratique du Congo, et réitère l’appel qu’il a lancé à toutes les parties leur demandant de remédier de toute urgence au problème des violations des droits de l’homme, y compris celles évoquées dans le neuvième rapport du Secrétaire général (S/2001/970), commises dans le territoire tenu par le Gouvernement, le territoire tenu par le Front de libération du Congo et le territoire tenu par le Rassemblement congolais pour la démocratie.
Neuvième rapport du Secrétaire général sur la Mission de l'Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (S/2001/970)
Dans son rapport, le Secrétaire général rend compte de l’évolution de la situation politique et militaire en République démocratique du Congo depuis le 8 juin 2001, date de la parution de son précédent rapport. Il recommande au Conseil de sécurité d’autoriser la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) à amorcer la phase III de son déploiement, dans l’est du pays. Il précise que ce déploiement initial restera dans la limite des effectifs autorisés par la résolution 1291 (2000), à savoir 5 537 militaires, mais qu’une aide concrète et des fonds importants seront requis pour les opérations liées à l’instauration de la paix en République démocratique du Congo. Le Secrétaire général se déclare pleinement conscient des risques, au plan politique et de la sécurité, mais estime que la nécessité de faire avancer le processus de paix et de mettre fin aux combats est d’autant plus pressante que de graves violations des droits de l’homme continuent de se produire et que la situation humanitaire des populations congolaises et de l’ensemble de la région reste extrêmement défavorable.
Le Secrétaire général considère que la situation globale en République démocratique du Congo reste bonne, mais que les combats qui éclatent sans cesse dans l’est du pays, imputables à des groupes armés, sont très préoccupants. Il rappelle que lors de sa visite dans la région en septembre, il a demandé aux Présidents Joseph Kabila, de République démocratique du Congo et Paul Kagame, du Rwanda d’user de leur influence pour y mettre un terme. Il se félicite du retrait des troupes namibiennes conformément à l’Accord de cessez-le-feu de Lusaka, en juillet 2000, encourage l’Ouganda à achever le retrait des siennes et engage vivement le Rwanda et les autres pays concernés, Zimbabwe et Angola, à accélérer leurs préparatifs de retrait. Il note que les parties en cause continuent de garantir une sécurité suffisante au personnel de la MONUC, qui comptait au 15 octobre 2 408 militaires. Il signale à cet égard que la Mission a l’intention d’accroître ses capacités de surveillance en faisant passer de 77 à 91 le nombre de ses observateurs militaires.
Au nombre des dispositions à prendre dans le cadre de la phase III du déploiement, dont la base opérationnelle et logistique sera la ville de Kindu, le Secrétaire général prévoit que la MONUC sera en mesure, à condition de bénéficier de la pleine coopération des parties, d’aider au désarmement et à la démobilisation des groupes armés. Ces activités, note-t-il, reposant sur la bonne volonté des parties, elles ne pourront commencer qu’une fois que celles ci auront créé un climat politique et des conditions de sécurité propices et qu’il aura été établi que les groupes armés sont prêts à procéder à leur désarmement et à leur démobilisation. M. Kofi Annan souligne que le premier objectif de la Mission au cours de cette phase III sera de mettre en place une présence à la fois civile et militaire et de contribuer, comme cela a été le cas dans d’autres zones où la MONUC a déjà été déployée, à rassurer les populations et à favoriser une reprise progressive des activités économiques et sociales dans cette partie du pays. Par ailleurs, cette présence fournira à la MONUC l’accès et les données nécessaires au lancement et à la poursuite du processus de désarmement, de démobilisation, de réinstallation ou de rapatriement et de réinsertion.
Les tâches les plus importantes, observe le Secrétaire général, n’ont pas encore été accomplies. Les parties congolaises doivent montrer qu’elles sont toujours attachées au dialogue et prêtes à coopérer pleinement avec le Médiateur, Sir Ketumile Masire. Parallèlement, ajoute-t-il, le soutien et l’assistance de la communauté internationale resteront indispensables.
Déclarations
M. AMOS NAMANGA NGONGI, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies en République démocratique du Congo, dans sa présentation de l’évolution de la situation en République démocratique du Congo (RDC), a expliqué que la troisième phase de mise en œuvre de l’opération que propose le Secrétaire général concerne le retrait de toutes les forces étrangères de RDC. Une autre question est la poursuite de l’occupation de Kisangani par les forces RCD. Le Secrétaire général a rappelé l’importance de la démilitarisation de Kisangani à cette faction le 3 septembre lors de la visite qu’il y a effectuée. L’objectif du déploiement de la MONUC à Kindu en phase III serait d’établir une base d’opérations avec au départ un effectif de 400 personnes atteignant par la suite quelque 2000 personnes. Les propositions du Secrétaire général restent dans l’ordre de valeur arrêté par le Conseil de sécurité dans sa résolution 1291, qui est de 5537 hommes. Le principal objectif du déploiement de Kindu est de mettre en place une force qui soit assez robuste pour dissuader toute attaque. Ce déploiement devrait permettre aussi aux forces basées à Kindu d’opérer au Kivu et dans le Katanga. Au cours de la Phase III, la MONUC et les parties continueront à travailler en vue de favoriser le retrait des forces étrangères et des autres groupes armés qui n’ont pas signé l’Accord de Lusaka. La MONUC continuera à aider les Congolais à rouvrir le trafic sur le fleuve Congo. C’est sans doute la mesure la plus importante pour contribuer à rétablir la paix dans le pays, et réduire la détresse économique, y compris la faim et renforcer l’intégrité territoriale de la RDC.
Le Dialogue intercongolais avait démarré comme prévu à Addis Abeba, mais en raison des insuffisances budgétaires le nombre de participants au Dialogue a été limité à 80 au lieu des 300 initialement prévus, a indiqué M. Ngongi. Aucun accord n’a pu être trouvé sur des questions comme celles de la participation des milices Maï Maï et d’autres groupes, ainsi que sur celle d’une participation plus importante des femmes. Au vu de l’absence de progrès, la proposition faite par le Facilitateur, M. Ketumile Masire, de répondre à l’offre faite par l’Afrique du Sud, qui s’est proposée d'abriter le Dialogue et de prendre en charge certains coûts, a été acceptée, a-t-il indiqué en outre. Le Dialogue a été suspendu le 21 octobre et la date de sa reprise n’est pas encore fixée, mais nous espérons que cela devrait se faire dans un laps de temps assez court.
Concernant la situation à Kamina qui concerne les 3000 anciens combattants rwandais qui doivent être démobilisés, le Président Kabila s’est étonné qu’après la rencontre qu’il a eue, avec le Secrétaire général le 2 septembre, la question de leur démobilisation et de leur réinsertion n’ait pas encore été réglée. La raison en est simple : la MONUC est en train d'élaborer un questionnaire qui sera
soumis à ces 3000 ex-combattants en vue de déterminer leur véritable identité, et nous sommes d’autre part en train de les compter, a expliqué le Représentant spécial du Secrétaire général. Les questions que la MONUC compte leur poser, visent à donner à ces personnes un statut qui pourrait les insérer dans un secteur du programme de démobilisation, désarmement et réinsertion arrêté sur le plan politique.
Au cours des dernières 24 heures, a dit M. Ngongi, nous avons reçu des informations concernant des mouvements de troupes rwandaises et ougandaises près de la ville de Kanyabayongo dans le Nord Kivu. Le Rwanda nie que ses forces se soient emparées de la localité, qui était occupée par une faction congolaise soutenue par l’Ouganda. En vue de faire la lumière sur ces informations, la MONUC a dépêché une équipe d’observateurs dans la région et en enverra deux autres plus tard. En ce moment, toutes les parties semblent prêtes à coopérer avec la MONUC.
M. LEONARD SHE OKITUNDU, Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la République démocratique du Congo, a jugé que le processus de paix entrait dans une phase cruciale et que toutefois sur le terrain certains manquements au plan de désengagement des troupes étrangères seraient à signaler. Il a souligné l'importance de la démilitarisation de Kisangani qui, a-t-il dit, reste le symbole du martyre de la région entière. Afin de retirer tout prétexte au Rwanda et au RCD, nous répétons notre engagement à ne pas occuper la ville une fois sa démilitarisation achevée. Il a souligné que la situation préoccupante à l’est de la République démocratique du Congo se caractérise par la violation massive des droits de l’homme par le RCD et par les troupes rwandaises. Il a noté que lors de l’application du sous-plan de Harare, le Rwanda avait proposé de se retirer sur 200 km au lieu des 15 prévus par le plan de Kampala mais qu’en fait il avait renforcé sa présence dans le Kivu, ce qui a entraîné la reprise des combats dans les villes de Kindu et de Fizi. Le Gouvernement de la République démocratique du Congo rend donc responsable le Rwanda et le RCD des violations massives des droits de l’homme et des violences sur le personnel de la MONUC.
A propos du dialogue intercongolais, les participants ont manifesté leur volonté de réussir à Addis-Abeba et ont convenu de reprendre prochainement leur dialogue en Afrique du Sud. Mais l’opposition politique n’est pas représentée dans toute sa diversité, a-t-il observé, notant, par exemple, l’absence de représentation du groupe congolais des Maï Maï et d’autres. Il a rappelé que l’un des objectifs du volet interne de l’Accord de Lusaka est l’instauration d’un nouvel ordre politique, issu d’élections libres et transparentes. Il s’avère donc impérieux, pour nous Gouvernement de préparer minutieusement ce dialogue, de façon à ce que les conclusions de ce Forum soient acceptables par tous.
Au plan extérieur, a-t-il poursuivi, la paix ne sera possible que si le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi retirent leurs forces du territoire congolais. Pour lui, le retour des combattants étrangers n’est en rien comparable au renforcement des effectifs observés. Aussi le Gouvernement congolais ne peut qu’appuyer la recommandation du Secrétaire général d’entamer la phase III du déploiement de la MONUC, mais continue d’insister sur la nécessité d’accroître le
personnel militaire de la Mission, au-delà de la limite fixée par la résolution 1291 (2000). La communauté internationale doit encourager l'Ouganda à achever le processus de retrait de ses forces et d’exiger du Rwanda le retrait de ses troupes. De son côté, la République démocratique du Congo s'efforce unilatéralement de trouver une solution au DDRRR de citoyens rwandais dont la présence sur son territoire continue d'être utilisé par le Gouvernement rwandais comme un prétexte fallacieux, voire un alibi pour justifier l'occupation du territoire congolais par ses troupes régulières.
Le Ministre a indiqué que le pillage des ressources naturelles de son pays se poursuivait à un rythme effréné et a engagé le Groupe d’experts à poursuivre ses enquêtes afin de permettre au Conseil de prendre les mesures nécessaires pour y mettre un terme. Il a rappelé la grave situation des droits de l’homme dans l’Est du pays et demandé que la MONUC augmente le nombre de ses experts dans ce domaine. Rappelant que des couloirs humanitaires avaient été définis par la MONUC et la Mission du Conseil de sécurité en mai dernier, il a demandé que d’autres soient mis en place et que soit assurée la libre circulation sur les voies routières et fluviales. Il a estimé à cet égard qu’un déploiement de la MONUC à Kindu, véritable centre du pays, aura des effets bénéfiques sur toute la province du Maniema et des deux Kivu, nord et sud.
M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a rendu hommage au Représentant spécial du Secrétaire général, qui «maîtrise déjà les arcanes du dossier difficile de la République démocratique du Congo (RDC)». Nous sommes impressionnés d’apprendre que la population de la ville de Mbandaka a décuplé depuis l’arrivée de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), ce qui montre l’impact positif de la Mission sur le terrain. La France soutient totalement les recommandations du rapport du Secrétaire général et nous sommes d’avis qu’il faut rapidement lancer la Phase III de la MONUC, qui doit se rapprocher de la région frontalière entre la RDC et ses voisins de l’Est, région où se trouvent les principales questions et les réponses aux problèmes auxquels fait face la RDC, a dit M. Levitte. La MONUC doit aussi établir des contacts avec les groupes armés incontrôlés de l’est du pays sur lesquels nous manquons encore d’information. La France se réjouit du retrait des troupes de certains pays, notamment la Namibie et l’Ouganda. La France souhaite, dans cet ordre d’idées, que les autres pays ayant des forces en RDC fassent de même le plus rapidement possible. Concernant le programme de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réinsertion (DDRRR), la France espère que les informations dont la MONUC a besoin pour sa mise en œuvre lui seront rapidement transmises. Quant à la situation de la ville de Kisangani, le Conseil a clairement dit que cette localité, troisième ville du pays, devait être démilitarisée. Le Secrétaire général a réitéré cette exigence lors de sa tournée en RDC.
La France encourage les parties, au lendemain de la réunion d’Addis-Abeba, à reprendre rapidement les négociations en vue de poursuivre le dialogue intercongolais. Elle demande aussi que chaque partie au conflit use de son influence pour que les combats qui ont lieu dans l’est de la RDC prennent fin. Nous déplorons le départ du Rapporteur spécial pour la RDC, M. Roberto Garretton, qui a accompli un travail énorme sur le plan des droits de l’homme. Pour ce qui
est du redressement économique, les institutions financières internationales ont compris que la reprise de leur aide tenait aux efforts que nous menons en vue de ramener la paix en RDC. L’exploitation illégale des ressources est, pour sa part, nous le savons, un des moteurs du conflit. Nous attendons à ce sujet le rapport final du Groupe d’experts chargé de l’étude de cette question. Concernant les pays voisins, nous constatons que l’instabilité et les tensions perdurent au Burundi et ont un impact sur la RDC. Nous soutenons par conséquent la proposition du Secrétaire général d’impliquer le Burundi dans les efforts de dialogue et de paix en cours.
M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) s'est dit satisfait de constater que le processus de paix en R épublique démocratique du Congo (RDC)èDC avait franchi des pas important s même si le succès de la phase II de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC) ne signifie pas que le processus de paix a atteint le stade de non-retour. A cet effet, a indiqué le représentant, les parties doivent poursuivre la mise en œuvre des engagements qu'elles ont pris aux termes de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. IlLe représentant a appuyé la recommandation du Secrétaire général d'autoriser la MONUC à amorcer la phase III de son déploiement, en notant que le rapport du Secrétaire général était réaliste et tenait compte des défis à surmonter.
RappelantLe représentant a souligné que pour'en vue de mener à bien le processus de dDésarmement, dDémobilisation, rRapatriement, rRéinstallation et rRéinsertion (DDRRR), élément clef de la nouvelle phase, M. Jerandi a jugé importantil fallait que le dialogue se poursuive et s'intensifie entre les dirigeants de la RDC et du Rwanda, ainsi qu'entre la RDC et le Burundi et il a soutenu toute initiative de dialogue constructif entre les dirigeants de la région. Le représentant s’est dit convaincua affirmé que le déploiement de la MONUC dans l'est du pays contribuerait au maintien de l'élan du processus de paix et qu'il favoriserait la reprise des activités économiques et sociales dans la région. Il a rappelé la nécessité deIl a rappelé la nécessité de démilitariser la ville de Kisangani.
M. Jerandi et a appuyé par ailleurs le renforcement de la composante information de la MONUC décrite dans le rapport du Secrétaire général. Le représentant a émis l'espoir qu'après la suspension de la réunion d'Addis-Abeba, les parties congolaises s'engageraient, lors de la reprise de leur réunion, dans un véritable dialogue.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a observé, malgré les progrès, des signes inquiétants alors que s’annonce la phase la plus difficile de la Mission des Nations Unies. Toutes les parties, a-t-il demandé, doivent confirmer leur engagement en faveur du DDRRR, du retrait des forces et du dialogue intercongolais. Nous attendons toujours, a-t-il souligné, la démilitarisation de Kisangani. Le représentant a jugé qu’on n’a pas encore fait assez pour lancer la dynamique de paix. Il s’est dit aussi préoccupé par la situation humanitaire et les violations des droits de l’homme, notamment dans l’Est.
Les Gouvernements de la République démocratique du Congo et du Rwanda, a-t-il fait valoir, ont un rôle clef à jouer pour créer un environnement propice à la paix mais il convient pour cela de cesser toute aide aux groupes armés. A propos du regroupement de combattants rwandais à Kamina, il a souhaité que le programme DDRRR soit assuré sur le terrain avec la pleine coopération du Gouvernement congolais avec la MONUC et a demandé au Représentant spécial de tenir le Conseil
au courant. Le dialogue intercongolais doit reprendre très bientôt, a-t-il souhaité en faisant part de sa déception après l’interruption, en Ethiopie. Gaborone a été un pas positif, il faut en profiter et que les parties s’engagent fermement et publiquement.
En conclusion, le représentant a dit que son pays accepte la recommandation du Secrétaire général sur la phase III car le déploiement à Kindu démontrera la volonté des Nations Unis d’avancer et de venir en aide à la population. Kindu selon lui, peut devenir un tremplin pour régler les problèmes dans l’est de la République démocratique du Congo. Les combattants Maï Maï ne sont pas parties à l’Accord de Lusaka, a-t-il observé, mais ils sont liés à la paix dans l’Est et donc ne peuvent continuer de se comporter de façon violente et en toute impunité.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a dit que le processus de paix en RDC était entré dans une phase délicate. Des avancées significatives ont été faites après le début du Dialogue intercongolais à Addis Abeba, mais elles ont besoin d’être renforcées. Le Mali soutient le lancement de la Phase III de la MONUC, tel que cela est proposé par le Secrétaire général, et même si des risques politiques existent encore à cet égard sur le terrain. Le retrait des forces étrangères du territoire de la RDC est indispensable. Concernant les autres groupes armés, la MONUC aurait besoin de plus d’informations sur la situation des différents groupes et elle devrait trouver les moyens de prendre contact avec eux. La mise en oeuvre du programme de DDRRR est cruciale pour la reconstruction du pays et les institutions de Bretton Woods devraient être impliquées dans les efforts visant la reconstruction de la RDC. Le Mali voudrait d’autre part renouveler son soutien à M. Namanga Ngongi pour le succès des tâches qui lui sont confiées et nous réitérons notre appui à la MONUC.
M. BIJAYEDUTH GOKOOL (Maurice) a noté que, depuis juin 2001, la situation en République démocratique du Congo (RDC) demeure relativement calme. Toutefois, en dépit de certains progrès, la situation dans l’est du pays et dans la ville de Kisangani reste préoccupante face aux violations du cessez-le-feu. Le Conseil de sécurité devrait autoriser l’augmentation des effectifs de la MONUC. Concernant la phase III du déploiement de la Mission, il a souhaité que le déploiement à Kindu ne prenne pas de retard, malgré les conditions de sécurité. A cet égard, le Conseil doit prévenir les parties concernées que tout nouveau déploiement de la MONUC dépendra de leur coopération. Il doit aussi exiger des parties présentes toutes les informations requises pour permettre la mise en œuvre du programme de désarmement, démobilisation, rapatriement, réinstallation et réinsertion (DDRRR).
Le représentant s’est félicité que la République démocratique du Congo et le Rwanda aient établi des mécanismes communs, les jugeant encourageants, estimant toutefois qu’il reste encore beaucoup à faire et que le Conseil doit encourager les deux pays à se rencontrer plus fréquemment. Au plan interne, il a souhaité la reprise rapide du dialogue intercongolais, remerciant l’Afrique du Sud de bien vouloir l’accueillir. De l’avis de sa délégation, un règlement complet du conflit doit tenir compte de l’exploitation illicite des ressources. Au plan humanitaire enfin, le représentant a demandé que la communauté internationale renforce sa présence.
M. JAMES CUNNINGHAM (Etats-Unis) a observé que la présence d’armées rebelles étrangères en République démocratique du Congo est le reflet des conflits en cours dans leur pays d’origine. Mais, même si le Gouvernement congolais n’est pas responsable de ce problème, même si le peuple congolais est la victime, et non le créateur de groupes tels que les ex-FAR (Forces armées rwandaises), les Interhamwe ou les forces du FDD burundais, il n’en revient pas moins aux autorités congolaises de rechercher une solution. Il a rappelé que lors d’entretiens, en janvier, avec les Présidents du Rwanda et de la République démocratique du Congo, MM. Kagame et Kabila, la délégation américaine avait reconnu le droit du gouvernement congolais, en vertu du droit international, de réclamer le retrait de toutes les forces étrangères de son territoire, mais aussi le droit de ses voisins d’exiger que le territoire congolais ne serve pas de base à des attaques menées contre eux. Le Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, attend toujours la mise en œuvre de ces réalités par toutes les parties.
Tout en notant que les lignes de désengagement des forces en présence continuaient de tenir et que les combats étaient circonscrits à de relativement petites régions, des efforts restent à entreprendre pour une paix durable. Ainsi, à propos du regroupement des combattants rwandais à Kamina, il a déploré la façon dont le processus a été mené car l’ONU n’a pas été en mesure de vérifier quelles étaient ces personnes. En outre, il est impossible de savoir quel est leur nombre. Mais, a-t-il ajouté, si on réussit à démobiliser un petit groupe, d’autres suivront. Les Nations Unies doivent pour cela pouvoir parler à chaque individu et vérifier qui ils sont et d’où ils viennent et où ils veulent aller.
Le Conseil a récemment engagé le Gouvernement à cesser tout soutien aux groupes armés, a-t-il rappelé. Mais il a jugé que même si les Maï Maï congolais ne sont pas parties à l’Accord de Lusaka, il faut les associer au dialogue intercongolais. En réclamant ces rencontres, a-t-il dit, nous demandons aux intéressés de transformer l’hostilité en sécurité nationale.
M. WANG YINGFAN (Chine) a lancé un appel à toutes les parties au processus de paix à tenir les engagements qu’elles ont pris. Le raport du Secrétaire général met l’accent sur le démarrage indispensable, dans les meilleurs délais, de la Phase III de la MONUC. La Chine appuie ce déploiement en espérant que la Mission pourra, au cours de cette phase, créer des centres de collecte où les combattants pourront déposer leurs armes. Nous sommes en faveur de la création d’un mécanisme au sein du Secrétariat pour superviser les divers aspects de la mise en œuvre du processus de paix et de désarmement et de reconstruction. Mais l’action de l’ONU seule ne suffit pas, il faut que les parties congolaises soient elles-mêmes conscientes de leurs responsabilités.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a estimé que cette réunion du Conseil, qui vient juste après celles qui ont eu lieu avec les pays fournisseurs de troupes, venait à point nommé pour créer plus de coordination des actions à mener. La Jamaïque exprime son appréciation au Représentant spécial du Secrétaire général et aux membres de la MONUC. Le rapport indique que globalement le cessez-le-feu a tenu en RDC, mais que des flambées de violence ont encore lieu dans l’est du pays. Nous invitons toutes les parties à coopérer avec la MONUC et à cesser toute assistance aux groupes armés incontrôlés qui opèrent encore dans l’Est.
Notre délégation rend hommage à Sir Ketumile Masire pour le démarrage du Dialogue intercongolais, mais après la suspension de cet exercice, nous demandons à toutes les parties prenantes de faire des efforts pour trouver un consensus qui permette une reprise rapide du Dialogue en Afrique du Sud. Il revient aux parties au conflit d’assurer qu’il existe un environnement propice au succès de la Phase III de la MONUC. La Jamaïque est d’autre part d’accord avec les suggestions visant à impliquer les institutions de Bretton Woods pour la reconstruction de la RDC. Sur le plan de la sécurité régionale, nous partageons aussi la proposition du Secrétaire général visant à faire participer le Burundi aux pourparlers et aux mesures actuellement en cours et qui visent à ramener la paix en RDC. Un autre souci important pour notre délégation est celui de la démilitarisation de Kisangani, que nous jugeons indispensable pour ramener la paix au Congo et assurer son intégrité territoriale.
M. ANDRES FRANCO (Colombie) s’est félicité des progrès enregistrés dans le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC). Le cessez-le-feu, le redéploiement des forces sur de nouvelles positions défensives et le retrait des forces étrangères du territoire de la RDC sont des facteurs qui incitent à l’optimisme. La Colombie note toutefois que des difficultés subsistent, en particulier dans l’est du pays et, à l’instar des autres membres de la communauté internationale, demande aux signataires de l’Accord de Lusaka qu’ils fassent tout leur possible pour mettre fin aux affrontements qui risquent de porter préjudice à l’effort de paix auquel l’ONU participe activement. Il convient aussi d’attirer l’attention sur les difficultés rencontrées par le dialogue intercongolais entamé à Addis-Abeba. La décision de reporter la réunion à une date ultérieure retarde d’autant la possibilité d’atteindre les objectifs fondamentaux fixés pour la RDC que sont la réconciliation nationale, la nature du gouvernement de ce pays, les relations avec les pays voisins à l’est et au sud, et les relations entres les différentes communautés à l’intérieur du pays. “Ces retards ne doivent toutefois pas nous décourager”, a affirmé le représentant, car ce qui compte c’est que les parties soient conscientes du fait que le Conseil de sécurité et les pays fournisseurs de contingents consentent des efforts énormes qui doivent être relayés par des progrès substantiels dans le dialogue et par un appui véritable aux efforts accomplis par le Facilitateur. La réussite du dialogue déterminera, en grande partie, la viabilité, à long terme, du processus politique dans ce pays, a ajouté M. Franco.
La Colombie appuie la recommandation du Secrétaire général visant à autoriser la MONUC à entamer la phase III de son déploiement. Les parties à l’Accord de Lusaka doivent le comprendre comme la manifestation de notre intention de continuer de l’avant en dépit des difficultés. Le représentant s’est dit confiant que ce message sera bien compris et que la déclaration présidentielle que le Conseil d’apprête à adopter sur ce point contribuera à dégager la voie en vue de tenir, au mois de novembre prochain, un dialogue constructif de haut niveau entre les parties et le Conseil, y compris peut-être les pays contributeurs de troupes, élément fondamental de l’avenir de la MONUC.
M. PETER OLE KOLBY (Norvège) a déclaré que sa délégation soutenait la proposition du Secrétaire général de faire démarrer la phase III de la MONUC. Sa délégation est d’avis que les efforts de la MONUC en vue de faciliter la mise en œuvre du programme de démobilisation, désarmement, rapatriement, réinstallation et réinsertion devraient être mieux coordonnés. Certains organes et institutions de
l’ONU semblent mieux équipés et plus expérimentés que la seule MONUC pour mener à terme ce genre de programme. Aussi, soutenons-nous la proposition visant la création d’un mécanisme de consultation et de coordination sur cette question à Kinshasa et à New York. La Norvège est également de l’avis du Secrétaire général quand il estime qu’il ne peut y avoir de paix en RDC si les problèmes qui existent
au Burundi ne sont pas aussi réglés. Nous sommes donc prêts à réfléchir à l’idée de la mise en place d'un «programme multi-pays pour la démobilisation et la réintégration des anciens combattants dans la région des Grands Lacs», dont la réflexion est en ce moment menée par la Banque mondiale en consultation avec certaines institutions de l’ONU et des gouvernements de la région. La Norvège soutiendra ce programme dès qu’il sera officiellement présenté. Mon pays tient en outre à rappeler qu’il a déployé cinq observateurs militaires en RDC dans le cadre de la MONUC, a indiqué M. Kolby.
M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) a noté qu’il reste beaucoup à faire en matière de désarmement et pour assurer le retrait des troupes étrangères de la République démocratique du Congo (RDC). Il faut maintenir l’élan grâce à de nouveaux efforts en faveur de la paix, a-t-il insisté, tout en faisant observer que la dynamique en cours ne peut être maintenue et renforcée que si des actions concrètes viennent traduire la volonté politique des parties de parvenir à un règlement. En ce qui concerne le rôle futur de la MONUC, nous soutenons la phase III du déploiement, a-t-il poursuivi en soulignant la nécessité d’adopter une approche progressive qui tienne compte des conditions de sécurité. Nous pensons que la condition préalable à la création d’un environnement propice à l’abandon des armes sera d’abord que les parties continuent de respecter le cessez-le-feu et cessent d’appuyer les groupes armés, a-t-il précisé. Sa délégation estime que la démilitarisation de Kisangani reste un point critique et demande aux parties concernées de tenir les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Lusaka. Le dialogue intercongolais reste indispensable pour parvenir à la paix.
Les parties doivent coopérer pleinement avec la MONUC et lui fournir les informations nécessaires dans le cadre du programme de DDRRR, a rappelé M. . De l’avis de sa délégation, le succès de la démobilisation des anciens combattants, avec la création de centres à cette fin, implique l’engagement des institutions de l’ONU ainsi que celles de Bretton Woods. L’Ukraine est prête, pour sa part, à apporter sa contribution aux opérations de police civile.
Mme CHRISTINE LEE (Singapour) a dit qu’il fallait créer une présence permanente et visible de l’ONU dans les provinces de l’est de la RDC qui sont les plus troublées. Singapour soutient le démarrage de la Phase III de la MONUC et insiste pour que les questions humanitaires et des droits de l’homme ne soient pas laissées de coté par la Mission. La MONUC doit contribuer à faire renaître la confiance dans les zones où elle opère, a recommandé la représentante.
M. ANDREY GRANOVSKY (Fédération de Russie) a estimé que l’objectif de base de la Phase III, le programme de DDRRR, est conforme à la conviction de son pays selon laquelle le problème en République démocratique du Congo ne peut être réglé par la force. Mais, a-t-il prévenu, son succès ou son échec dépendra du fait que les personnes concernées se sentiront ou non protégées en cas de retour dans leur pays natal. Malgré le caractère tragique des événements qui ont précédé leur exode, la paix dépend de la réconciliation et de la démocratisation non seulement en République démocratique du Congo mais dans tous les Etats de la région. Il a
jugé que le respect des dispositions de l’Accord de Lusaka restait indispensable, à savoir que les forces étrangères doivent se retirer de la République démocratique du Congo et il faut mettre fin au soutien apporté aux groupes armés. L’Ukraine, a-t-il dit, demande la démilitarisation urgente de Kisangani et juge préoccupant que les dirigeants du RCD (Rassemblement congolais pour la démocratie) et ceux du Rwanda continuent d’ignorer les appels du Conseil en ce sens. Il a appelé les parties congolaises à poursuivre leur dialogue et à laisser de côté leur désaccord. Aux progrès de ce dialogue, a-t-il ajouté, nous mesurerons la volonté des parties d’avancer sur la voix d’un règlement politique.
M. M. RUHUL AMIN (Bangladesh) a dit que son pays était indigné que des massacres continuent de se produire sur le territoire de la RDC. Le rapport du Secrétaire général parle de massacres, de viols, de recrutements forcés de jeunes gens et de perpétration d’actes de terreur par le RCD-Goma et les milices Maï-Maï. Le Bangladesh demande que des enquêtes internationales soient menées sur ces crimes. Du côté du Gouvernement, on parle aussi de violations des droits civiques et de certains droits de l’homme. Toutes les parties doivent respecter les droits de l’homme, et notre délégation aimerait que le Ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale de la RDC, qui est présent dans cette salle, réponde aux accusations qui sont portées contre son Gouvernement. Le Bangladesh demande que toutes les forces étrangères se retirent de la RDC, comme l’a fait la Namibie et comme l’a partiellement déjà fait l’Ouganda. Nous demandons aussi que les troupes du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) se retirent de la ville de Kisangani. Des critiques ont été élevées à Kinshasa sur une « certaine lenteur coupable de l’ONU » dans le déploiement de la MONUC. Nous aimerions que le Ministre She Okitundu nous donne des explications sur ces accusations. Le Bangladesh a toujours plaidé pour une présence substantielle de l’ONU en RDC, c’est pourquoi nous soutenons le déploiement rapide de la phase III.
M. RICHARD RYAN (Irlande) a remarqué que le succès des Nations Unies et de la MONUC dépendait des parties elles-mêmes. L’ampleur des obstacles à surmonter ne saurait être ignorée, a-t-il dit, mais nous sommes prêts à surmonter ces difficultés à condition que les parties en présence soient elles-mêmes prêtes à coopérer. Nous invitons donc le Zimbabwe à cesser tout appui à tout groupe armé dans l’est et à livrer à la MONUC toutes informations les concernant. Il a également invité le Rwanda à poursuivre sa coopération avec la République démocratique du Congo grâce à l’établissement d’un mécanisme commun de coordination. Il a souhaité la reprise la plus rapide possible du dialogue intercongolais dont le succès, a-t-il estimé, est essentiel à la réussite des efforts de paix. Le représentant a conclu en invitant toutes les forces étrangères à retirer leurs troupes encore présentes en République démocratique du Congo.
M. JEAN DE RUYT (Belgique) a déclaré, au nom de l’Union européenne et des pays qui lui sont associés, que la troisième phase de la MONUC est à la fois cruciale et plus complexe que les deux phases précédentes. L’Union européenne déplore cependant que les Nations Unies ne disposent toujours pas des éléments nécessaires à ce stade et entre autres, des informations qui devraient lui être fournies par les parties quant au nombre, à la composition et à la localisation des groupes armés sur le terrain. Nous insistons auprès des parties pour qu’elles fournissent ces éléments comme elles l’avaient promis il y a plusieurs mois. Nous appuyons la recommandation du Secrétaire général d’amorcer la Phase III du
déploiement de la MONUC en vue de maintenir la dynamique du processus de paix. L’Union européenne tient à souligner à ce stade qu’il est urgent que les Etats signataires, ainsi que les autres parties de l’Accord de Lusaka, fassent preuve de la volonté politique nécessaire, afin de poursuivre le processus de paix. Nous nous félicitons du retrait des troupes namibiennes et d’une bonne partie des troupes ougandaises de RDC, et nous espérons que cet exemple sera suivi par les autres Etats concernés. Nous encourageons l’Ouganda à achever le retrait de ses forces et encourageons vivement le Rwanda et les autres gouvernements à accélérer les préparatifs en vue de retirer leurs troupes conformément à la résolution 1304 du Conseil de sécurité. L’Union européenne attend aussi urgemment la démilitarisation de la ville de Kisangani par le RCD-Goma et nous appelons le Gouvernement rwandais pour qu’il utilise son influence auprès du RCD-Goma afin de parvenir à la démilitarisation de la ville.
Concernant la question du désarmement, de la démobilisation, du rapatriement, de la réinstallation et de la réinsertion des combattants, l’Union européenne pense qu’il est crucial que les Présidents Kabila et Kagamé intensifient leur dialogue et cherchent des solutions mutuellement acceptables. Quant au Dialogue intercongolais, il importe qu’après la suspension d’Addis-Abeba, le Facilitateur, Sir Ketumile Masire, et les parties congolaises, se retrouvent dans les meilleurs délais et fixent une date et un lieu afin de tenir un dialogue de fond sur les paramètres d’une transition inclusive et démocratique. Nous soutenons la tenue de ce dialogue.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a considéré que les éléments positifs contenus dans le rapport du Secrétaire général n’ont été jusqu’à présent accompagnés que par une assistance limitée de l’ONU et de la communauté internationale. Nous nous réjouissons de voir que le Secrétaire général recommande le déploiement de la phase III de la MONUC mais nous regrettons que ce déploiement soit aussi prudent et limité compte tenu de la taille du pays et des exigences de l’opération, a-t-il dit. Même s’il reste des problèmes, il ne faut pas exagérer des incidents réels mais mineurs, a-t-il estimé. A notre avis, ceux qui ont envahi le territoire de la République démocratique du Congo ont toujours le dessein de saper le processus de paix et poursuivent un agenda personnel sous couvert de sécurité nationale. De son côté, a-t-il ajouté, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) continue d’entraver l’action de la MONUC.
Les exigences de la résolution 1304 sont pourtant très claires, et réclament le retrait des forces étrangères du territoire congolais ainsi que la démilitarisation de Kisangani. Mais aucun progrès n’a été enregistré et les parties présentes continuent d’avoir pour objectif net de saboter le processus de paix, a-t-il estimé. Le Rwanda et l’Ouganda sont en train de renforcer leur présence alors qu’ils devraient être en train de se retirer. Le représentant a donc appelé le Conseil à assurer le plein respect de cette résolution, adoptée en vertu du chapitre VII.
Concernant le dialogue intercongolais, il s’est dit déçu que la réunion d’Addis-Abeba n’ait pu eu lieu, surtout par manque de fond et a demandé à la communauté internationale d’aider financièrement à l’organisation de cette réunion. La nouvelle phase qui s’ouvre est pleine de défis, a-t-il conclu, et le programme de DDRRR exigera de la détermination et des plans coordonnés de la communauté internationale. Mais c’est le prix à payer pour le retour de la paix en République démocratique du Congo. La MONUC, a-t-il conclu, peut réussir et a surtout besoin d’un soutien réel notamment politique.
M. MWELWA C. MUSAMBACHIME (Zambie) a exhorté les parties au conflit, dont les troupes stationnent encore en République démocratique du Congo, d’accélérer leur retrait. Il a approuvé la recommandation du Conseil de sécurité autorisant le déploiement de la phase III de la MONUC, précisant que ce redéploiement devrait être effectué le plus rapidement possible afin de maintenir la dynamique du processus de paix et d’éviter de créer un vide. Le représentant a demandé aux parties congolaises de coopérer pleinement avec M. Ketumile Masire, le Médiateur, et a réitéré son appel à la communauté internationale en faveur d’un soutien financier et logistique. Faisant observer que la réunion longtemps attendue d’Addis Abeba n’avait pas donné les résultats escomptés, M. Musambachime a souhaité que les questions de la représentation et du financement soient résolues lors de la prochaine réunion, afin que les parties congolaises puissent se concentrer sur les questions plus essentielles concernant le futur du Congo. Il leur a, en conclusion, demandé de mettre leurs intérêts partisans de côté et de donner les preuves de leur engagement renouvellé en faveur du dialogue.
M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a indiqué que le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC) était en bonne voie, même s'il n'avait pas atteint le point de non-retour menant à une paix durable. Il reste de nombreux défis à surmonter avant de parvenir à la mise en œuvre complète des accords de Lusaka, a regretté le représentant, en expliquant que les combats continuels dans l'est du pays constituaient une menace sérieuse au cessez-le-feu et au processus de paix dans son ensemble.
Il a déclaré qu'il était impératif de régler le problème des groupes armés par des efforts coordonnés de la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) et de toutes les parties impliquées afin de mettre en place le désarmement, la démobilisation, la réinsertion, le rapatriement ou la réinstallation des combattants. A cet effet, il a apporté son soutien au lancement de la phase III du déploiement de la MONUC en RDC à partir de la ville de Kindu, ce qui permettra d'établir la confiance parmi les parties et de faire retrouver un sentiment de sécurité à la population. Le Conseil de sécurité et la communauté internationale dans son ensemble doivent montrer leur sérieux et leur implication dans le processus de paix en soutenant le lancement de la phase III en fournissant des ressources et des forces adéquates.
Soulignant l'importance du dialogue intercongolais, le représentant a déclaré qu'il permettrait aux parties concernées en RDC de régler les questions de réconciliation nationale et d'établir un nouveau système politique à la fois en RDC et dans la région. Même si les discussions d'Addis-Abeba ont été ajournées, a souligné le représentant, les parties doivent continuer à manifester un esprit de compromis et de conciliation comme c'était le cas lors de la réunion préparatoire de Gaborone au Botswana en août. Le représentant a appelé la communauté internationale à fournir au facilitateur Ketumile Masire l'assistance financière et matérielle nécessaire à la poursuite du dialogue intercongolais. Il a jugé que les efforts des leaders de la Communauté de développement de l'Afrique australe, qui travaillent avec le gouvernement de la RDC, à la fois de façon bilatérale et au sein de cette institution régionale, étaient un témoignage clair de leur engagement en faveur de la paix en RDC et dans la région.
M. T.J.B. JOKONYA (Zimbabwe) a regretté que sur les 320 représentants initialement attendus, seuls 70 aient pu prendre part à l’ouverture officielle du Dialogue intercongolais qui a eu lieu à Addis-Abeba. Il faut garder en mémoire que l’Accord de Lusaka a conçu ce Dialogue comme un processus inclusif. On ne peut donc prétendre que 70 personnes soient une juste représentation de la population congolaise et des divers courants qui la traversent. Bien que l’Afrique du Sud se soit proposée pour abriter la suite de ce Dialogue, nous devons rappeler la communauté internationale à ses devoirs. Le Zimbabwe s’élève contre le fait que certains veuillent blâmer Kinshasa pour l’échec du Dialogue en Ethiopie. Alors que la RDC déployait tous les efforts dont elle était capable pour assurer la réussite de ce Dialogue, le Rwanda et ses alliés congolais s’emparaient de la ville de Kanyabayongo, et ceci au mépris de toutes les résolutions de l’ONU, qui appelaient sans cesse au respect de l’intégrité territoriale du Congo. La démilitarisation de la ville de Kisangani mérite que le Conseil lui accorde une attention particulière, et à cet égard, notre délégation exhorte les signataires de l’Accord de Lusaka responsables de la destruction de la ville à s’acquitter de leurs obligations. Le RCD-Goma se moque des Nations Unies, quand il prétend que sa présence à Kisangani vise à assurer la sécurité dans la ville et le respect des droits de l’homme. De même, le MLC, soutenu par l’Ouganda, viole le cessez-le-feu, comme cela a été indiqué par le Ministre des affaires étrangères de la RDC. Le Rwanda et l’Ouganda sont en train de renforcer leur présence dans l’est de la RDC, et pensent induire en erreur la communauté internationale.
Il doit être clair qu’en vertu de la Charte de l’ONU, le Gouvernement de la RDC a tous les droits d’exiger que des forces étrangères qu’il n’a pas invitées quittent son territoire. La RDC a démontré toute sa bonne volonté en désarmant des rebelles rwandais qui se servaient de son territoire pour déstabiliser leur pays d’origine, enlevant ainsi au Rwanda tout prétexte fallacieux de sécurité qu’il utilise pour justifier son agression contre un pays voisin. Le Zimbabwe tient aussi à dénoncer la manipulation de groupes congolais soit-disant rebelles qui ne sont en fait que des marionnettes de l’Ouganda et du Rwanda.
M. LEONARD SHE OKITUNDU , a remercié les membres du Conseil et a insisté sur la démilitarisation de Kisangani qui, pour son gouvernement représentait une question urgente à laquelle il fallait fixer une date. Il a remarqué que son Gouvernement avait pris des mesures énergiques pour améliorer, dans les zones qu’ils contrôlent, la situation des droits de l’homme, même si des problèmes subsistaient, notamment la peine de mort qui est toujours en vigueur bien qu’il n’y ait eu aucune exécution capitale depuis le 1er janvier. Cette situation est bien différente dans les parties occupées de la République démocratique du Congo où sont enregistrées de graves violations des droits de l’homme.
Répondant aux questions sur le dialogue national, il a assuré que toutes ses composantes sont déterminées à le voir aboutir: l’échec d’Addis-Abeba, a-t-il dit, est uniquement dû à des difficultés financières, qui ont empêché le Facilitateur de réunir la plénière. Selon le ministre, la proposition de l’Afrique du Sud d’accueillir prochainement le dialogue doit permettre précisément la réunion de la plénière. Il a réitéré que son Gouvernement a invité le Rwanda à mettre fin à son occupation du territoire congolais et qu’il était disposé à collaborer étroitement avec la MONUC pour le programme de DDRRR.
M. AMOS NAMANGA NGONGI, répondant aux différentes questions soulevées par les membres du Conseil, a souligné que le déploiement de la MONUC permettra de maintenir l’élan en cours. Sur la situation dans le camp de regroupement de Kamina, la prochaine étape, a-t-il dit, sera de s’assurer que l’on peut parachever le processus d’interviews commencé aujourd’hui par la MONUC. Il faudra pour cela travailler avec d’autres organismes des Nations Unies et voir quel appui la Mission devra leur fournir. Des consultations, a-t-il poursuivi, seront nécessaires à propos des modalités de rapatriement de l’immense majorité des combattants qui, nous le souhaitons, voudront rentrer au Rwanda ou rester en République démocratique du Congo ou encore se rendre dans un pays tiers.
Concernant les remarques sur le lent déploiement de la MONUC, il a rappelé que la Mission entendait se déployer pleinement et que son statut et son déploiement n’étaient pas liés au retrait des forces étrangères. Il a assuré que la démilitarisation de Kisangani sera abordée dès son retour avec les dirigeants du RCD.
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