APRES LA REUNION DE GABORONE, ESPOIR PARMI LES MEMBRES DU CONSEIL QUI CONSIDERENT NEANMOINS QUE LA PAIX N’EST PAS ENCORE AU POINT DE NON-RETOUR
Communiqué de presse CS/2180 |
Conseil de sécurité
4361e séance – matin
APRES LA REUNION DE GABORONE, ESPOIR PARMI LES MEMBRES DU CONSEIL QUI CONSIDERENT NEANMOINS QUE LA PAIX EN RDC N’EST PAS ENCORE AU POINT DE NON-RETOUR
Les retards dans la démilitarisation de Kisangani, dans le désengagement des troupes et le processus de désarmement et de démobilisation des groupes armés, demeurent des préoccupations
Une lueur d'espoir vient de naître dans le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC). C'est le constat unanime qu'ont posé, ce matin, les membres du Conseil de sécurité à l'occasion d'une réunion d'information sur la situation dans ce pays avec le Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, M. Hédi Annabi. L'optimisme des membres du Conseil vient du succès de la réunion préparatoire du dialogue intercongolais qui à réuni à Gaborone au Botswana, pays du Facilitateur du dialogue, l'ancien Président, Sir Ketumile Masire, les représentants du Gouvernement, de l'opposition armée, de l'opposition non armée et de la société civile de la RDC. A l'issue de cette réunion, qui s'est déroulée du 20 au 24 août 2001, les participants se sont mis outre d'accord sur la date et le lieu de ce dialogue de 45 jours. Commençant le 15 octobre 2001 à Addis-Abeba en Ethiopie, les travaux du dialogue partiront de la déclaration sur le retrait des forces étrangères et du Pacte républicain convenu à Gaborone et prévoyant des mesures telles que la libéralisation de la vie politique, le respect des droits de l’homme, la libération des prisonniers politiques et de guerre, la liberté de circulation des personnes et des biens et la protection des ressources naturelles.
Il appartient désormais au Conseil de saisir cette opportunité pour obtenir enfin le retrait immédiat, inconditionnel, total et définitif des forces d'occupation rwandaises, ougandaises et burundaises et des autres armées étrangères afin de permettre aux Congolais de "laver leur linge sale en famille", a dit le représentant de la RDC, présent, ce matin, à la réunion d'information. Traduisant l'importance accordée à une issue heureuse de ce dialogue porteuse d'un nouvel ordre politique en RDC, le représentant de la Belgique a rappelé la disposition de l'Union européenne de fournir à la RDC une assistance pouvant aller jusqu'à 120 millions d'euros en fonction des progrès accomplis dans le cadre du dialogue et du processus de paix.
Satisfait du cours de cet aspect politique de l'Accord de Lusaka de juillet 1999, les membres du Conseil ont néanmoins modéré leur optimisme au regard de l'évolution de l'aspect militaire. Le processus de paix n'a pas encore atteint le point de non-retour, ont-ils dit. Malgré le maintien du cessez-le-feu depuis le mois de janvier, le retrait total des troupes de la Namibie et de l'Ouganda, qui
maintient néanmoins des troupes dans le Nord et le Nord-Est pour des raisons de sécurité, et l'intention du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de se muer en parti politique, les membres du Conseil ont exprimé leur préoccupation devant
(à suivre – 1a)
le manque de progrès dans la démilitarisation de la ville de Kisangani par le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), appuyé par le Rwanda, le désengagement incomplet de certaines troupes - en violation du plan de Kampala et du sous-plan d'Harare - et les problèmes que rencontrent la Mission des Nations Unies en RDC (MONUC) dont un hélicoptère a essuyé, le 16 août dernier, des tirs dans une région contrôlée par le RCD mais où opèrent aussi des groupes rebelles burundais.
De plus, les attaques de groupes armés non signataires des Accords de Lusaka dont feraient l'objet les forces du RCD et celles de l'Armée patriotique rwandaise ont été l'occasion pour les membres du Conseil de déplorer l'absence de progrès dans la mise en place d'un cadre politique pour un programme de désarmement, de démobilisation, de réinsertion, de rapatriement ou de réinstallation (DDRRR). Ils ont appelé, à ce propos, à un dialogue bilatéral entre les Présidents Kabila de la RDC et Kagame du Rwanda qui, selon eux, peut seul apporter une solution viable à ce problème qualifié d'épineux par l'Union européenne. Les membres du Conseil ont, dans ce cadre, formulé l'espoir que le Secrétaire général de l'ONU, qui doit se rendre à Kinshasa et à Kigali à partir du 1er septembre, pourra inciter les Présidents concernés à aller dans ce sens. Intervenant sur ce sujet, le représentant de la RDC a déclaré : " mon pays a pris pour option d'enlever aux agresseurs toutes les manœuvres de diversion destinées à pérenniser l'occupation du territoire de la RDC" et annoncé, en conséquence, l'intention du Président Kabila d'annoncer des meures de cantonnement dans le cadre des plans de DDRRR. Le Président congolais a d'ailleurs invité le Conseil à visiter des camps où seraient déjà cantonnés quelque 4000 anciens combattants.
La MONUC ayant dans son mandat, qui s'achève le 15 juin 2002, la tâche de contribuer au programme de DDRRR si nécessaire, tâche qualifiée de complexe et de dangereuse par plusieurs délégations ce matin, des appels ont été faits pour qu'au lancement de la phase III - déploiement total des 5337 hommes prévus à ce jour pour la MONUC, le Conseil envisage de modifier la configuration, le mandat et les effectifs de la Mission pour qu'elle puisse apporter un réel soutien à l'exécution d'un plan de DDRRR.
Les violations des droits de l'homme dans les régions contrôlées par le Gouvernement et les mouvements rebelles, les conséquences du conflit avec 2 à 3 millions de morts, la situation humanitaire avec 2 millions de personnes déplacées ainsi que la question de l'exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC ont également fait l'objet de commentaires de la part des délégations.
Au titre des initiatives, le représentant de la France a annoncé l'intention de sa délégation de convoquer, au cours de la Présidence française du Conseil au mois de septembre, une réunion avec le Falicitateur du dialogue intercongolais. Toujours pour le mois de septembre, le représentant de la Belgique a indiqué que le Président en exercice de l'Union européenne, le Ministre belge des affaires étrangères, M. Louis Michel se rendra dans la région des Grands Lacs avec le Haut Représentant de l'Union européenne, M. Javier Solana. Pour sa part, le représentant de l'Irlande, qui prendra la présidence du Conseil au mois d'octobre, a prévu une réunion avec le Comité politique issu des Accords de Lusaka.
Outre les intervenants cités, les représentants des pays membres du Conseil ont pris la parole ainsi que le représentant du Rwanda.
LA SITUATION CONCERNANT LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
M. HEDI ANNABI, Sous-Secrétaire général aux opérations de maintien de la paix, a déclaré que le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général en RDC doit arriver à Kinshasa aujourd’hui avant le Secrétaire général qui doit lui-même se rendre en République démocratique du Congo et au Rwanda à partir du 1er septembre. La situation sur le terrain, a dit M. Annabi, reste positive à maints égards. Le cessez-le-feu tient depuis le mois de janvier et le désengagement des forces tout comme leur redéploiement sont pratiquement achevés. Entre-temps, La réunion préparatoire du dialogue intercongolais a convenu de la date de l’ouverture de ce dialogue. Néanmoins, a reconnu M. Annabi, dans l’Est, le climat d’insécurité s’est aggravé au Nord Kivu et au Sud Kivu où des affrontements entre les forces du RCD et les groupes armés ont lieu quotidiennement. Les violations des droits de l’homme continuent et la situation humanitaire reste difficile, a poursuivi M. Annabi.
Il a indiqué que la réunion préparatoire du dialogue intercongolais tenue à Gaborone du 20 au 24 août a été une remarquable réussite. Les parties ont, en effet, convenu de tenir un dialogue de 45 jours à partir du 15 octobre avec la participation de 70 délégués des signataires de l’Accord de Lusaka ainsi que des représentants de la société civile de toutes les provinces du pays. La réunion de Gaborone, a encore dit M. Annabi, a conduit à un accord sur des questions telles que la libéralisation de la vie politique, le respect des droits de l’homme, la libération des prisonniers politiques et de guerre, la liberté de circulation des personnes et des biens, le rétablissement des liens de communication, la protection de la population contre les arrestations arbitraires, la protection des ressources naturelles et le retrait des troupes étrangères conformément à l’Accord de Lusaka.
L’autre fait important, a-t-il ajouté, est qu’en marge des pourparlers préparatoires, une réunion s’est tenue entre le Président Kabila et les leaders des rebelles, Jean-Pierre Bemba et Adolphe Onusumba, respectivement Présidents du Mouvement de libération du Congo ( MLC) et du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD). Cette rencontre a eu lieu grâce aux efforts de M. Masire, le Facilitateur du dialogue intercongolais. Pour M. Annabi, cette réunion a réellement contribué à donner une tonalité positive à la réunion de Gaborone. A la fin, le Ministre congolais des affaires étrangères a déclaré que la guerre est terminée et ces vues ont été partagées notamment par le Président du MLC qui s’est d’ailleurs engagé à suivre la voie politique. Au cours des dernières semaines, a poursuivi M. Annabi, les deux mouvements rebelles ont continué à procéder à des changements dans leur direction. Ainsi, a précisé M. Annabi, le RCD a expulsé 17 de ces membres fondateurs. D’autre part, le Front de libération du Congo (FLC) semble se désagréger.
Les relations entre la MONUC et les parties congolaises restent, pour leur part, satisfaisantes, dans leur ensemble. La Mission continue de bénéficier d’une bonne coopération du gouvernement. Mais dans l’Est, le personnel de la MONUC fait l’objet de harcèlements de la part du RCD.
Venant aux développements militaires, M. Annabi a indiqué que le redéploiement des forces est achevé et que seule une poignée de sites attendent la vérification. Ainsi, un total de 88 sites sur 96 nouvelles positions de déploiement ont été vérifiés par la MONUC. Les retards dans les autres sites dans la région de l’Equateur sont dus à la demande du MLC de maintenir une présence pour protéger, selon lui, la société civile contre des représailles des forces gouvernementales. La MONUC continue par ailleurs d’insister sur la nécessité de démilitariser Kisangani. Bien que le RCD semble disposer à débattre de la question, aucune progrès concret n’a été enregistré jusqu’ici.
De très nombreuses violations du cessez-le- feu ont été reportées mais les allégations n’ont pu être confirmées, a convenu M. Annabi en expliquant que beaucoup de plaintes du RCD portent sur des attaques de groupes armés non parties à l’Accord de Lusaka. Le RCD, a-t-il indiqué, a souvent refusé d’assurer la sécurité des observateurs chargés des enquêtes rendant ainsi impossible toute vérification des allégations. En revanche, le 16 août, un hélicoptère de la MONUC a été attaqué alors qu’il Se rendait à Kalémie et à ce jour, l’identité des agressions n’est toujours pas connue. La MONUC a demandcé au RCD d’enquêter mais il faut garder à l’esprit, a dit M. Annabi, que c’est une région où des éléments de FDD du Burundi opèrent.
La MONUC continue de surveiller le retrait des forces namibiennes qui doit être achevé d’ici la fin du mois d’août. Les forces armées ougandaises se retirent aussi mais l’0uganda maintient une présence à Buta et à Béni dans le nord-est et dans le nord du pays en attentant un examen de la sécurité. Sur le plan des droits de l’homme, les graves violations continuent des deux côtés. Par exemple, les organisations des droits de l’homme se plaignent que les présumés responsables de l’assassinat du Président Kabila dont le procès a commencé n’ont pu avoir accès à des avocats. Les conditions en matière d’assistance humanitaire ont été aggravées à la suite de l’assassinat de six travailleurs humanitaires en Ituri. L’UNICEF a lancé une campagne de vaccination contre la polio et dans ce cadre, les chefs rebelles ont manifesté leur volonté de faciliter la démobilisation des enfants.
Concluant sur le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDRRR), M. Annabi a indiqué qu’étant donné que les parties n’ont pas fourni les informations nécessaires, les mécanismes nécessaires ne sont pas encore clairs. Le succès de DDRRR dépendra de la volonté des parties de parvenir à un accord sur un cadre politique clair. Pendant sa visite, le Secrétaire général devrait encourager les parties à aller dans ce sens et en particulier, à faire avancer les choses en matière de DDRRR afin qu’il puisse présenter un plan crédible au Conseil de sécurité.
M. YVES DOUTRIAUX (France) a déclaré que la réunion de Gaborone sur le dialogue intercongolais avait été un succès. La France rend hommage au Président Ketumile Masire, facilitateur du dialogue, dont les efforts ont permis aux Congolais d'affirmer leur attachement à l'unité, à l'intégrité territoriale et à l'indépendance de leur pays. La Communauté internationale devrait appuyer ces efforts en rétablissant l'aide à la RDC. Comme l'a dit récemment M. Brian Atwood, ancien Administrateur de l'agence américaine de développement international (USAID), "le Congo mérite qu'on l'aide", a dit le représentant. Il est temps de mettre en oeuvre le plan de retrait des forces étrangères, comme l'ont dit les parties congolaises à Gaborone. Le programme de démobilisation, désarmement, reconstruction, réhabilitation et réinsertion (DDRRR) doit lui aussi être lancé avec l'accord des parties au conflit, a dit M. Doutriaux, et cela sera possible si les dirigeants, notamment de la RDC et du Rwanda maintiennent entre eux des contacts, signe de rétablissement de la confiance. La démilitarisation de la ville de Kisangani est une question importante, et le RCD-Goma a, à cet égard, des responsabilités particulières, ce groupe étant le seul à maintenir des forces armées dans la ville. Nous ne disons pas que le RCD-Goma doit abandonner la ville, mais la démilitariser. Le RCD-Goma pourrait y conserver, en tant que partie congolaise, une présence civile ou administrative. La coopération des parties avec la MONUC est importante, car le Conseil ne saurait tolérer que les personnels internationaux soient soumis à quelque menace ou intimidation que ce soit, comme cela a récemment été le cas quand un hélicoptère de la MONUC a essuyé des tirs dans l'Est du pays. La situation économique et humanitaire demeure sensible, a dit M. Doutriaux, et les parties doivent aider la MONUC à totalement rétablir le lien fluvial sur le fleuve Congo, dont l'importance est indéniable pour l'activité économique. Concernant les violations des droits de l'homme, il ne saurait y avoir d'impunité, et la France soutient les conclusions de M. Roberto Garreton, le Rapporteur de l'ONU sur cette question. Le pillage illégal des ressources de la RDC doit prendre fin et nous attendons le dernier rapport du Groupe d'experts pour connaître l'évolution de la situation sur le terrain sur cette question.
M. WEGGER STROMMEN (Norvège) a estimé que la situation en RDC reste mitigée. La Norvège estime qu'il est important de mette fin aux activités des forces négatives dans l'Est de la RDC, et qu'il faut soutenir le dialogue intercongolais. Il n'y a aucune utilité à parler de DDRRR si des combats armés se poursuivent dans certaines zones du pays, a dit le représentant en souhaitant que des missions de bons offices se rendent auprès des dirigeants de la RDC et du Rwanda pour les rapprocher et aider à établir entre eux des liens de confiance. La Norvège est prête à soutenir le dialogue intercongolais, prévu à Addis-Abeba. Nous ne pouvons tolérer des actions violentes contre la MONUC.
M. SEKOU KASSE (Mali) a félicité le Facilitateur Sir Ketumile Masire et les participants de la réunion de Gaborone, pour la tenue de celle-ci et ses résultats très encourageants, estimant qu’elle a redonné vie aux Accords de paix de Lusaka. Il a noté que Gaborone a aussi permis de prendre des décisions importantes concernant d’autres problèmes qui empêchent de résoudre politiquement le très complexe conflit congolais. Cependant, il a rappelé qu’on est encore loin du point où le processus de paix en République démocratique du Congo (RDC) serait irréversible. C’est pourquoi il a renouvelé sa demande de lancement de la troisième phase du déploiement de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en RDC (MONUC). Il a ajouté qu’en ce qui concerne le désarmement, la démobilisation, le retour, le rapatriement et la réinstallation (DDRRR) des groupes armés, la détermination du Conseil sera cruciale, celui-ci devant démontrer sa crédibilité. Enfin, il a estimé que le Conseil devra continuer à encourager la poursuite d’un dialogue confiant entre les dirigeants de la région.
M. JAGDISH KOONJUL (Maurice) a considéré qu’un pas important a été fait dans le processus de paix, lors de la réunion sur le dialogue intercongolais qui s’est tenue à Gaborone. Il a noté que cela a permis de réunir pour la première fois depuis que la guerre s’est déclarée les représentants du gouvernement, des mouvements rebelles, des partis d’opposition et des groupes de la société civile. Il a félicité le peuple congolais pour cette preuve de sa volonté de paix et de réconciliation, exprimant aussi sa gratitude au Facilitateur. Pendant que le dialogue intercongolais avance, il ne faut pas perdre de vue les autres aspects importants du processus de paix, a-t-il ajouté. La délégation mauricienne souhaite que le Conseil aborde en priorité les sujets suivants: inviter les parties à l’Accord de Lusaka à achever leur plan général de retrait des forces étrangères ainsi que pour le désarmement, la démobilisation, le retour, le rapatriement et la réinstallation des groupes armés (DDRRR); mettre en place sans délai le processus DDRRR sans oublier la question de la reprise de l’économie; renforcer le personnel de la Mission de l’Organisation des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC).
Le représentant a invité les parties à l’Accord de Lusaka à coopérer pleinement dans la mise en application de l’Accord, exprimant sa préoccupation quant à des situations et à des événements récents. Il a cité notamment les tirs dirigés contre un hélicoptère de la MONUC au début du mois, le statu quo de la situation à Kisangani et aussi les activités des groupes armés dans l’Est du pays. M. Koonjul a en outre déploré la quasi-inexistence du dialogue entre les dirigeants de la région. La communauté internationale devrait encourager ces dirigeants à reprendre ce dialogue, ce que le Secrétaire général pourra faire lors de sa prochaine visite dans la région. Enfin, le représentant a renouvelé son appel pour le respect des droits de l’homme et du droit humanitaire sur tout le territoire congolais.
M. CURTIS WARD (Jamaïque) a encouragé toutes les parties à coopérer avec le Facilitateur. Ce dialogue intercongolais n’est pas une tâche aisée, a poursuivi le représentant en appelant, en conséquence, à l’esprit de compromis. Il s’est félicité de l’accord conclu par le Gouvernement pour entamer la réconciliation nationale avant le retrait des troupes étrangères. Certes la réconciliation des parties au conflit est nécessaire mais il faut reconnaître que la société civile doit jouer un rôle clé dans le dialogue, a souligné le représentant en demandant s’il y a eu une réponse positive à l’appel lancé pour que le nombre des femmes à la réunion préparatoire soit augmenté. Poursuivant, il a encouragé tous les groupes armés à coopérer avec la MONUC pour mettre en œuvre les plans de DDRRR et à mettre fin à toute coopération avec les forces négatives.
Le représentant a ensuite félicité la Namibie d’avoir honoré ses engagements de retrait de ses forces. Il a adressé les mêmes propos à l’Ouganda et conclu en manifestant sa préoccupation au sujet des enfants soldats et de la situation humanitaire notamment de l’augmentation des personnes déplacées et du déficit inquiétant entre les besoins et l’aide humanitaires. Il a appelé les groupes armés à coopérer pleinement avec les travailleurs humanitaires pour que ces derniers aient accès aux populations dans le besoin. Le représentant a encore tenu à commenter les violations des droits de l’homme, y compris dans les régions contrôlées par le Gouvernement. Il ne peut y avoir de paix sans justice, a dit le représentant avant de regretter aussi le manque de progrès dans la démilitarisation de Kisangani. Il a aussi appelé le RCD à faire des enquêtes sur les tirs essuyés par les hélicoptères de la MONUC.
M. ANDREY E. GRANOVSKY (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation est satisfaite des progrès accomplis dans le règlement de la situation qui prévaut en RDC. La Russie félicite la Namibie pour le processus de retrait de ses forces qu'elle a entamé. Nous apprécions beaucoup les efforts déployés par toutes les parties congolaises lors de la réunion de Gaborone. Les déclarations des parties congolaises semblent indiquer une volonté de s'éloigner de la guerre pour privilégier le dialogue. La Fédération de Russie est prête à soutenir la poursuite du processus, qui pour nous, devrait commencer par la démilitarisation de la ville de Kisangani. Cette mesure nous permettrait de juger de la bonne volonté des dirigeants du RCD-Goma. Le processus de paix en RDC est basé sur un engagement volontaire des différentes parties, condition de la réussite du soutien que lui apportent l'ONU et la communauté internationale. La résolution à long terme des problèmes de la RDC repose sur l'implantation et l'enracinement de mesures démocratiques, mais nous sommes pour le moment forts inquiets de la situation des droits de l'homme dans la majorité du territoire de la RDC.
M. GERARD CORR (Irlande) s’est déclaré frustré par la lenteur des progrès dans certains domaines. Trois mois après la mission du Conseil sur le terrain, il faut donner une nouvelle dynamique au processus, a-t-il dit avant de souligner les sujets de préoccupation pour son pays. Il a donc regretté l’absence de cadre politique pour le processus de DDRRR qui montre le manque de volonté politique des belligérants. Il a donc encouragé Kinshasa et Kigali à travailler ensemble en la matière et s’est dit encouragé, dans ce cadre, par l’invitation lancée par le Président Kabila à la MONUC pour visiter un camp où des groupes démilitarisés seraient déjà cantonnés. Le représentant s’est également dit choqué par les souffrances du peuple de la RDC et a invité la communauté internationale à répondre aux demandes des populations. Il s’est aussi attardé sur les violations des droits de l’homme en appelant à des efforts dans ce domaine de la part de tous les belligérants. Le représentant a conclu en saluant le succès de la réunion préparatoire du dialogue intercongolais. Il a dit attendre avec intérêt le lancement du vrai dialogue qui doit mener à la mise en place d’un gouvernement viable et démocratique en RDC.
M. SHEN GUOFANG (Chine) a exprimé la satisfaction de sa délégation après la publication du communiqué final de la réunion de Gaborone, qui marque un pas important dans le processus du dialogue visant à résoudre les problèmes de la RDC. Mais, cela n'est qu'un début, a estimé le représentant en souhaitant que les parties congolaises aient d'abord à l'esprit l'intérêt de leur nation et de leur peuple. La Chine est convaincue que le RCD-Goma doit respecter les résolutions de l'ONU et doit au plus vite démilitariser la ville de Kisangani. La Chine demande aussi qu'il soit immédiatement mis fin à l'exploitation illégale des ressources de la RDC qui doivent servir le développement du pays et à l'amélioration de la vie des Congolais. Les parties doivent pleinement coopérer avec la MONUC, le déploiement de cette phase doit être rapidement mené à terme. Nous demandons ensuite que le Conseil commence à préparer la troisième phase de la mission et à envisager les modalités pratiques de son déploiement.
M. RUHUL AMIN (Bangladesh) s’est félicité des travaux de la réunion préparatoire du dialogue intercongolais en relevant l’optimisme affiché par le Ministre congolais des affaires étrangères qui a déclaré que la guerre est terminée. Il a également dit avoir pris note des déclarations faites par le représentant du RCD, en souhaitant que cet esprit soit entendu partout au Congo et dans toute la région des Grands Lacs. Le représentant a également dit avoir relevé les exigences des mouvements rebelles quant au désarmement des forces négatives conformément aux résolutions du Conseil de sécurité et aux dispositions de l’Accord de Lusaka.
Revenant au dialogue, le représentant a jugé essentiel qu’il soit représentatif et inclusif ainsi qu’exempt de toute influence étrangère. Les représentants de la société civile, en particulier des femmes, doivent y participer. Le représentant a engagé le Gouvernement et les autres parties à accorder l’attention requise à cette question. Ce dialogue doit appartenir à la population congolaise, a dit le représentant en se félicitant de l’attribution de 1 million de dollars par le Gouvernement congolais pour le financement du dialogue. Satisfait que toutes les parties aient demandé notamment le retrait immédiat des forces étrangères et la libération des prisonniers politiques, le représentant s’est aussi félicité de la coopération de dirigeants de la région avec le groupe d’experts sur l’exploitation illicite des ressources naturelles. Le représentant a conclu sur la MONUC en appelant le Conseil à envisager des effectifs à la hauteur de la situation.
MME CHRISTINE LEE (Singapour) a déclaré que son pays attachait la plus grande importance à un dialogue intercongolais qui doit être ouvert et inclusif. Malgré le retrait des forces namibiennes, d'autres pays, qui avaient promis de retirer leurs forces continuent à opérer en RDC par groupes rebelles interposés. Ce fait est regrettable. Le Conseil ne saurait accepter que les forces de la MONUC fassent l'objet d'attaques de la part de groupes armés. La RDC vit un drame, 2,5 millions de ses habitants ayant été massacrés au cours de ce conflit. La communauté internationale doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir le processus de paix dans ce pays.
MME RHADIA ACHOURI (Tunisie) a appelé les parties à prendre des mesures concrètes pour réaliser la paix et une véritable réconciliation nationale. Le Conseil, a-t-elle dit, doit encourager les parties à entamer le dialogue dans l’esprit de Gaborone. Elle a salué l’initiative de la délégation française d’organiser au cours de sa présidence une réunion aveC le Facilitateur du dialogue pour identifier les voies et les moyens concrets d’encourager ce dialogue et de faire en sorte que la dynamique de la paix et de la réconciliation soit irréversible. Elle a aussi félicité l’Irlande pour son intention de convoquer une réunion avec le Comité politique issu des Accords de Lusaka, lors de sa présidence. Ces réunions permettront au Conseil et à la communauté internationale d’assumer leurs responsabilités vis à vis du peuple congolais et ceux de la région des Grands Lacs.
La paix ne dépend pas exclusivement du dialogue, a convenu la représentante en se réjouissant, en conséquence, des progrès en matière de désengagement et de redéploiement et en félicitant, dans ce cadre, la Namibie et l’Ouganda. Elle a toutefois rappelé à toutes les parties l’obligation qui leur est faite de respecter l’intégralité des engagements qu’elles ont pris conformément aux documents de Lusaka, de Kampala et de Harare. Kisangani doit être démilitarisé et le RCD doit se conformer aux demandes Conseil sans conditions préalables et sans délai.
Venant au processus de DDRRR, elle s’est dite déçue de voir le peu d’actions concrètes. Elle a formulé l’espoir que la visite du Secrétaire général permettra de lancer l’amorce d’une coopération pour l’élaboration d’un cadre politique pour la mise en œuvre du programme DDRRR. Les défis restent énormes, a dit la représentante en s’attardant sur la situation humanitaire, celle des droits de l’homme, sur l’exploitation illicite des ressources naturelles et sur la complexité des tâches souvent dangereuses que la MONUC doit accomplir.
M. STEWART ELDON (Royaume-Uni) a déclaré qu'il y avait un accord général au sein du Conseil sur les objectifs qui doivent être atteints en RDC. Le Royaume-Uni pense que la réunion de Gaborone a été un succès indéniable, et tient à féliciter à cet égard toutes les parties congolaises, qui ont pu conclure un accord sur la question des prisonniers politiques. Il est évident cependant que malgré l'accord de Gaborone sur la première étape du dialogue à Addis-Abeba, il faudra déployer des moyens substantiels dans cette ville pour permettre aux délégués de s'y rendre dans des conditions idéales. Le Secrétariat de l'ONU pourrait faire les évaluations qui s'imposent. Concernant le DDRRR, nous pensons que le programme pourrait être lancé sans forcément attendre le démarrage de la troisième phase de la MONUC. Nous espérons que le Secrétariat et la MONUC sauront profiter des occasions qui s'offriront et qui pourraient leur permettre de soutenir le programme de DDRRR, dont l'échec pourrait entraîner l'effondrement du processus de paix général. Concernant l'aspect humanitaire, il est important que l'ONU ait des données et des informations précises sur le type d'aide à fournir à la population civile. Nous partageons les inquiétudes de M. Hédi Annabi sur le sort des enfants de la RDC. Comme la souligné Mme Carol Bellamy, Directrice exécutive de l'UNICEF, lors des opérations de vaccination, il faudrait que les normes internationales soient pleinement appliquées aux enfants de la RDC.
M. VALERY KUCHINSKY (Ukraine) a estimé que les perspectives de paix n’ont jamais été aussi positives qu’aujourd’hui. Malheureusement, a-t-il néanmoins reconnu, le processus n’est pas encore à un point de non-retour. L’attitude récalcitrante de certaines parties pour préserver le statu quo illustre les problèmes qui continuent de menacer le processus de paix. Les parties doivent comprendre, a souligné le représentant, que seuls une solution globale du problème et le lancement d’un dialogue constructif aboutiront à un règlement efficace du conflit. Partant, le représentant s’est félicité de l’issue des travaux de la réunion qui s’est tenue à Gaborone. Il est essentiel, a-t-il dit, que tous les acteurs congolais parviennent à un compromis sur les questions qui seront traitées durant le dialogue. Les progrès du dialogue, a souhaité le représentant, doivent s’accompagner de progrès dans la mise en œuvre des dispositions relatives au retrait des forces et du programme de DDRRR.
Quant aux attaques des groupes armés, il a estimé qu’il est essentiel d’appliquer une stratégie consistant en un cessez-le-feu réel sur tout le territoire accompagné d’une implication de toutes les parties dans la mise en œuvre des engagements pris pour mettre en oeuvre l’Accord de Lusaka. Il a appelé à la démilitarisation de la ville de Kisangani. Le Conseil, a-t-il dit, doit s’engager clairement à augmenter les effectifs de la MONUC pour lui permettre d’exécuter les tâches qui lui ont été confiées. Le Conseil doit démontrer sa crédibilité, sa détermination et son engagement, a dit le représentant en demandant à toutes les parties de laisser de côté leurs « vaines » ambitions.
M. CAMERON R. HUME (Etats-Unis) a déclaré que son pays a pris note du changement intervenu à la tête de la mission des Nations Unies en RDC. La réunion de Gaborone a été une étape importante, mais les Etats-Unis continuent de s'inquiéter des activités des forces négatives dans l'Est de la RDC. Ces forces continuent de recevoir des armes, et semblent être soutenues par des agents du Gouvernement de la RDC. Nous attendons toujours que ces forces, et notamment les Interhamwe, déposent les armes. Le voyage du Secrétaire général pose la question de savoir si nous sommes arrivés à un tournant clef dans le règlement de la situation en RDC. Nous attendrons à cet égard le rapport du Secrétaire général. Nous espérons qu'en matière de DDRRR, les efforts de l'ONU seront soutenus par d'autres organisations. Le dialogue entre Kinshasa et Kigali, que le Secrétaire général souhaite promouvoir, est très important. Ces contacts doivent inclure les chefs d'Etat eux-mêmes, et les questions de sécurité doivent pleinement être prises en considération. La démilitarisation de la ville de Kisangani doit se faire, tout en laissant au RCD-Goma la latitude d'administrer la ville, et nous espérons que le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pourra lancer une initiative claire vers le RCD-Goma pour parvenir à atteindre cet objectif. Les Etats-Unis s'inquiètent d'autre part de la mauvaise situation humanitaire et de la situation des droits de l'homme en RDC. Les différentes parties doivent déployer des efforts en ce sens, pour aider la communauté internationale dans l'amélioration du sort des populations.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) s’est, à son tour, félicité des travaux de Gaborone avant de souligner les aspects préoccupants qui subsistent en RDC dont les attaques des forces non signataires de l’Accord de Lusaka, le manque de progrès dans la démilitarisation de Kisangani et la situation humanitaire. A cet égard, il a souligné l’importance de la visite de la Directrice exécutive de l’UNICEF dans la partie est du pays, au cours de ce mois. Cette visite a mis en évidence la nécessité de tenir compte de la situation des mineurs, a dit le représentant avant de souligner aussi l’importance de la visite prochaine du Secrétaire général qui sera accompagné du nouveau représentant spécial et chef de la MONUC. Il a dit espérer que le résultat de cette visite contribuera à maintenir le nouveau cap.
M. ZENON MUKONGO NGAY (République démocratique du Congo) a souhaité que le nouveau Représentant spécial du Secrétaire général pour la RDC milite le plus vite possible pour le renforcement de la MONUC et pour l'application à la lettre des Accords de Lusaka. Le Conseil a l'obligation d'agir, conformément à la Charte des Nations Unies et à ses propres résolutions, pour rétablir le peuple congolais victime d'agression et d'occupation dans ses droits souverains. Il est inacceptable que certaines parties veuillent prolonger les délais qui ont été impartis pour la mise en oeuvre des mesures constituant le processus de paix. Il est inacceptable que le RCD-Goma ne respecte pas l'exigence de démilitarisation de la ville de Kisangani. Il est aussi inacceptable que certaines parties ne respectent pas les mesures de redéploiement défensif des différentes forces, empêchant ainsi le déploiement complet de la deuxième phase de la MONUC. Le peuple congolais, qui tient à l'unité de son territoire et à sa souveraineté, est las de la guerre d'agression qui lui a été imposée.
Depuis l'arrivée au pouvoir du Président Joseph Kabila, le peuple congolais a exprimé son désir de résoudre ses problèmes par le dialogue. Comme l'a annoncé le Ministre des affaires étrangères de la RDC, une volonté manifeste s'est fait jour lors du Sommet de Gaborone, qui démontre le désir des Congolais pour un retour à la paix qui commence par le retrait des forces étrangères d'agression. Il appartient au Conseil de sécurité de soutenir la volonté du peuple congolais, et d'obtenir le retrait immédiat, inconditionnel, total et définitif des forces d'occupation rwandaises, ougandaises et burundaises du territoire de la RDC, ainsi que celles des autres forces étrangères, ceci selon l'ordre établi par la résolution 1304. Il appartient aux Congolais de "laver leur linge sale en famille". Quant aux préoccupations sécuritaires avancées par les pays agresseurs, le Gouvernement de la RDC est prêt à leur enlever les prétextes fallacieux au nom desquels ils prétendent justifier la poursuite de leur occupation et celle des hostilités favorables au pillage et à l'exploitation illicites des ressources naturelles et des autres richesses de la RDC. Le Gouvernement congolais n'a jamais toléré que le territoire de son pays serve de base de lancement d'opérations visant à déstabiliser les pays voisins, envers lesquels nous n'avons aucun agenda caché.
Concernant les droits de l'homme, notre gouvernement est d'accord avec les conclusions de l'envoyé de l'ONU sur cette question, M. Roberto Garreton, quand il déplore que les violations de ces droits se poursuivent dans les territoires sous occupation. Au moment même où se tenait la réunion de Gaborone, les forces rwandaises massacraient des populations civiles congolaises. Les 2 et 3 août, selon les informations des ONG opérant dans la ville d'Uvira, 9 jeunes Congolais ont été froidement exécutés par l'armée du Rwanda. Entre les mois de janvier et de juillet de cette année, 108 personnes ont été ainsi mises à mort dans cette localité par les troupes rwandaises. La plupart de ces gens étaient des jeunes de 20 à 30 ans. Ces faits ont été confirmés par des missionnaires qui déplorent aussi les disparitions forcées qui ont lieu tous les jours dans cette région.
Concernant la situation humanitaire notre gouvernement demande que le Conseil prenne en considération les recommandations des ONG "Oxfam", "Save the Children" et "Christian Aid". Il faudrait faciliter l'ouverture de couloirs humanitaires permettant de nouer des liens commerciaux entre Kinshasa et les provinces de l'Est et du Nord, comme l'a proposé l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Sur le plan économique nous sommes reconnaissants au Conseil pour la démarche qu'il a menée auprès des institutions de Bretton Woods, pour qu'elles soutiennent la quarantaine de petits projets économiques à effet immédiat qui seront lancés dans les zones où opèrent la MONUC et dont le besoin est urgent. La RDC réaffirme son engagement à respecter l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka, ainsi que toutes les résolutions pertinentes du Conseil. Notre gouvernement, a dit le représentant, invite le Conseil à prendre acte de la volonté des représentants de toutes les parties congolaises de voir les forces étrangères se retirer de toute urgence du territoire de la RDC.
M. JEAN DE RUYT (Belgique), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a estimé qu’une lumière apparaît, malgré les déceptions, dans la mise en œuvre des Accords de Lusaka, à savoir le succès de la réunion préparatoire du dialogue intercongolais qui vient de se tenir à Gaborone. Certes, Gaborone ne représente qu’une première étape, a dit le représentant en appelant les parties à maintenir l’élan de Gaborone et à faire preuve de courage politique et de créativité afin que cette opportunité historique de réconciliation nationale soit saisie. La communauté internationale, a souhaité le représentant, doit accompagner le peuple congolais au long de ce parcours. L’Union européenne, a-t-il rappelé, a déjà contribué à la facilitation et est disposée à maintenir son soutien. Le représentant a néanmoins regretté le manque de progrès en ce qui concerne le programme de DDRRR : Il s’est dit convaincu qu’une solution à ce problème « épineux » serait à portée de main si un dialogue bilatéral « sincère et courageux » entre la RDC et le Rwanda se développait. Or, a-t-il souligné, il faut constater que le climat de méfiance règne toujours entre les deux pays.
Le représentant a donc incité le Secrétaire général à faire appel aux Présidents concernés pour qu’ils intensifient le dialogue et recherchent des solutions mutuellement acceptables. Il est primordial, a insisté le représentant que les forces négatives ne reçoivent aucun soutien ni en matériel ni en logistique. Il est tout aussi important pour le règlement de la question que les Présidents Kabila et Buyoya s’entretiennent de la présence des rebelles burundais en RDC. En matière de DDRRR, a poursuivi le représentant, en fonction de l’évolution, la configuration, le mandat et les effectifs de la MONUC devront être adaptés afin que la Mission puisse apporter un soutien décisif à l’exécution d’un plan concret et détaillé en la matière.
L’abandon de l’option militaire permettra l’augmentation de l’aide et de la coopération internationale, a encore dit le représentant en soulignant que l’assistance qui pourrait aller jusqu’à 120 millions d’euros sera mobilisée en fonction des progrès concrets accomplis dans le cadre du processus de paix et du dialogue intercongolais. Le processus, a poursuivi le représentant, n’a pas atteint un point irréversible. Il a cité la non-démilitarisation de la ville de Kisangani, le désengagement incomplet et certains problèmes que rencontre la MONUC. Se félicitant, dans ce cadre, de la visite que va effectuer le Secrétaire général dans la région, le représentant a annoncé l’intention de l’Union européenne d’envoyer, au mois de septembre, le Président en exercice de l’Union, le Ministre des affaires étrangères belge, Louis Michel et le Haut Représentant de l’Union, Javier Solana. Cette visite réaffirmera l’engagement fort de l’Union en faveur du processus de paix ainsi que sa solidarité avec les populations de la région si durement éprouvées, a conclu le représentant.
M. MARTIN ANDJABA (Namibie) a déclaré que son pays était très inquiet de l'état de la situation humanitaire en RDC. Nous demandons à la communauté internationale d'apporter tout le soutien nécessaire aux Congolais, au vu des énormes destructions opérées par les forces d'agression durant la guerre. Le Conseil doit obliger les parties à respecter les termes de l’Accord de Lusaka, et nous ne saurions accepter de voir le RCD-Goma refuser de démilitariser la ville de Kisangani. La Namibie est satisfaite des résultats de la réunion de Gaborone, et espère que les femmes congolaises seront pleinement représentées au dialogue intercongolais, a dit M. Andjaba. La visite du Secrétaire général en RDC apportera nous l'espérons, un nouvel élan au processus de paix, a ajouté le représentant. La Namibie espère aussi que le Conseil prendra rapidement une décision sur le lancement de la troisième phase du déploiement de la MONUC.
M. ANASTASE GASANA (Rwanda) s’est félicité des initiatives du Secrétaire général en faveur de la paix en RDC et dans la région des Grands Lacs. Il a dit la disposition de son pays à soutenir les efforts du Secrétaire général en exprimant sa satisfaction devant la réussite du prédialogue intercongolais à Gaborone. Pour lui, si les premiers bénéficiaires du dialogue à venir sont d’abord les Congolais, il a néanmoins souligné les avantages pour les neuf pays voisins de la RDC qui espèrent beaucoup d’une direction congolaise capable de maîtriser et de contrôler « ce pays immense ». Ainsi, a-t-il dit, les Congolais auront la garantie, tout comme les pays voisins, d’avoir des acteurs gouvernementaux capables d’assumer la tâche qui est la leur, à savoir l’administration du territoire congolais. De cette manière, a souligné le représentant, la RDC ne servira plus de base arrière aux forces négatives. Toujours au rang des bénéficiaires du dialogue intercongolais, le représentant a cité la communauté internationale qui, selon lui, sera soulagée de voir la crise congolaise trouver un dénouement heureux laissant la place aux efforts de développement et de reconstruction de la région des Grands Lacs. Cet heureux tableau, a conclu le représentant, ne doit pas faire oublier l’événement malheureux qui est arrivé aux Rwandais. Rappelant le dialogue interrwandais dont le projet de société a été, peu après, qualifié de « chiffon de papier » par l’ancien Président rwandais, le représentant a formulé l’espoir que cette « mésaventure funeste » n’arrivera jamais « à nos voisins et frères de la RDC ».
Réponses aux questions des délégations
Répondant aux questions et remarques des délégations, M. Hédi Annabi, Sous-Secrétaire général des Nations Unies pour les opérations de maintien de la paix, a dit que la participation des femmes à la réunion de Gaborone n'avait pas été très importante. Nous espérons cependant, a-t-il poursuivi, que les efforts de M. Ketumile Masire visant à faire participer plus de femmes au dialogue d'Addis-Abeba seront couronnés de succès. Quant à la tenue de ce dialogue et à ses modalités d'organisation, nous avons prévu une réunion le 5 septembre avec M. Masire pour discuter avec lui du soutien que le Secrétariat et la MONUC pourraient apporter à sa tenue, notamment en matière logistique. Concernant le programme DDRRR, la MONUC fera tout ce qui est dans ses compétences et ses moyens pour le soutenir. La MONUC a, précisé M. Annabi, a encore des problèmes d'accès à certaines zones du territoire de la RDC, notamment dans l'Est. Nous pensons, a-t-il précisé, que la stratégie doit commencer par la mise en oeuvre de mesures de confiance. Nous avons en effet besoin d'informations que seules les parties peuvent nous fournir, en vue d'opérer une planification efficace qui pourrait assurer le succès du programme. Une entente politique est nécessaire entre les dirigeants des différentes parties, car il est indispensable que les groupes armés soient informés et convaincus de la viabilité des mesures qui seront lancées pour leur réinsertion et leur réhabilitation.
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