En cours au Siège de l'ONU

Conférence de presse

LA CONFERENCE DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES D'ISRAEL, M. SHIMON PERES

30/04/2001
Communiqué de presse
Conférence de presse


                                                            30 avril 2001


LA CONFERENCE DE PRESSE DU MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES D'ISRAEL, M. SHIMON PERES


Après s'être entretenu avec le Secrétaire général des Nations Unies,

M. Kofi Annan, le Ministre des affaires étrangères d'Israël, M. Shimon Pérès a tenu ce soir, au siège des Nations Unies à New York, une conférence de presse au cours de laquelle il a indiqué avoir exprimé au Secrétaire général l'appréciation d'Israël pour le discours que M. Annan a prononcé lors de la conférence de la Ligue des Etats arabes à Amman, discours qu'il a qualifié de constructif et pour le rôle que les Nations Unies ont joué pour tenter de ramener le calme au Liban et rétablir son intégrité.  "Dans le même temps, nous avons exprimé nos inquiétudes concernant les récents évènements au Liban où sont stationnés 30 000 soldats de l’armée syrienne, une armée libanaise beaucoup plus faible et le Hezbollah qui agit indépendamment du Gouvernement libanais et reçoit ses ordres de l’Iran, a déclaré M. Pérès.  Nous n'acceptons pas que les Syriens empêchent l'armée libanaise de se redéployer le long de la frontière après le retrait d’Israël, ce qui la laisse ouverte au Hezbollah".


M. Pérès a indiqué qu'il avait informé le Secrétaire général des discussions en cours avec les Palestiniens ainsi que sur sa visite en Egypte et en Jordanie où, a-t-il dit, il avait trouvé un état d'esprit très engagé dans la recherche de la paix.  Alors que les pourparlers avec les Palestiniens se poursuivent, la situation sur le terrain est extrêmement alarmante, a poursuivi le Ministre.  Il y a moins d'une heure de cela, nous avons découvert une bombe à Jérusalem avant qu'elle n'ait explosé, évitant ainsi une tragédie.  Aujourd'hui également des tirs de mortier ont été lancés, mettant en péril la vie de civils en Israël.  La situation est très tendue et nous tentons de mettre fin aux funérailles et à la souffrance.  J'ai dit au Secrétaire général que le Gouvernement israélien avait décidé unilatéralement et inconditionnellement de changer la situation dans les territoires occupés.  Nous ne voulons pas que le peuple palestinien souffre, nous sommes opposés aux sanctions collectives.  Les mesures que nous sommes en train de prendre, consistent à augmenter le nombre des permis de travail délivrés aux Palestiniens.  Jusqu'à présent, seulement 4 000 permis étaient délivrés, ce nombre a été porté hier à 15 000.


Aujourd’hui, 20 000 permis de travail supplémentaires ont été délivrés, ce qui porte à 40 000 le nombre de Palestiniens en Israël et cela en dépit du danger et des menaces.  Nous avons également augmenté le nombre de permis autorisant les commerçants palestiniens à rester en Israël, les faisant passer de 1000 à 5000.  Nous avons décidé de lever aussi un grand nombre de restrictions sur les importations et les exportations en provenance ou à destination des territoires occupés, permettant ainsi la libre circulation des biens sans entrave de notre part.  Le Gouvernement israélien a suggéré aux Palestiniens qu’il approvisionnera en eau Hébron qui souffre d’un très sérieux manque d'eau.  Nous acheminerons l'eau depuis nos sources et construirons le pipeline.  Nous avons offert aux Palestiniens de construire sur leur territoire une centrale électrique qui relèvera de leur juridiction et nous leur achèterons leur électricité.  Nous avons suggéré qu'ils construisent également un centre de dessalement de l'eau et nous leur achèterons l'eau qu'ils produiront.  Nous essaierons dans la mesure de nos possibilités de rendre la vie plus facile dans les territoires occupés car nous reconnaissons qu'elle y est difficile et que cette situation est contraire à notre politique.  Il ne sera rien demandé en retour et aucune condition ne sera imposée pour la mise en oeuvre de ces services.


M. Pérès a en outre indiqué avoir attiré l'attention du Secrétaire général sur la réunion du Mouvement des non-alignés en Afrique du Sud, soulignant que ce Mouvement risquait de se muer en une alliance contre Israël et que si ces pays souhaitaient être non alignés, ils ne devaient pas s'aligner contre Israël et ne devaient pas non plus tenter de l'empêcher d’être entendu d’une manière équitable.  Il a également récusé les tentatives de diaboliser Israël au nom des droits de l'homme.  Le premier des droits de l'homme est de rester en vie, a-t-il déclaré, ajoutant que le terrorisme est une violation des droits de l'homme.


Questions et réponses


Q : M. Peres, qu’en est-il des modifications à apporter à la politique relative aux colonies de peuplement ?


R : Vous savez, nous sommes un Gouvernement de coalition et ce Gouvernement dispose de directives concertées qui sont contraignantes pour tous ses participants.  Une de ces directives est que ce Gouvernement ne construira pas de nouvelles colonies de peuplement et qu’il devra se concentrer sur les besoins actuels des colonies existantes.


Q  : Le Secrétaire général a-t-il adhéré à votre notion de croissance naturelle des colonies de peuplement et au calendrier indéterminé pour les négociations finales?  Quelle était sa propre opinion en tant qu’«homme de paix» dans la mesure où ses positions rendraient la paix très difficile à réaliser? 


R : La politique consistant à ne pas construire ou à ne pas créer de nouvelles colonies de peuplement est conforme à ma propre position.  En ce qui concerne la croissance naturelle et l’expansion des colonies de peuplement, j’ai proposé que la question figure à l’ordre du jour de nos négociations.  Il est très difficile de tracer une distinction claire entre la croissance naturelle et l’expansion.  Nos intentions ne concernent que la croissance naturelle mais nous sommes prêts à ce que la question soit discutée dans le cadre des négociations.  Je ne peux parler au nom du Secrétaire général.  Il lui revient d’exprimer lui-même sa position.


Q : M. le Ministre des affaires étrangères, le Président égyptien, Hosni Moubarak a déclaré aujourd’hui qu’une délégation israélienne conduite par vous-même l’a supplié d’annoncer que les Israéliens et les Palestiniens sont parvenus  à un accord pour mettre fin à la violence.  Il s’est dit surpris que cette grande percée ait été ensuite niée  par vous-même à votre retour en Israël.  Pouvez-vous nous dire exactement ce qui s’est passé et quel est le statut actuel de ces négociations de cessez-le-feu?


R : Ce que le Président Moubarak a annoncé est correct et j’ai vraiment suggéré qu’il s’exprime devant la presse israélienne et qu’il donne un peu d’espoir, ce qu’il a fait.  Le problème vient qu’il parlait en arabe et que la traduction de ses propos a été mal interprétée dans un certain sens.  Les remarques que j’ai faites ne s’adressaient pas au Président mais concernaient la traduction qui était imparfaite.  Mais la presse est parfois pressée et j’espère que j’ai apporté les éclaircissements requis.


Q : Pouvez-vous nous dire alors quel est le statut du cessez-le-feu en ce moment?


R : En fait, le cessez-le-feu n’a pas eu lieu pour le moment.  Vous savez, les groupes de sécurité se rencontrent constamment et nous ne voyons pas l’opportunité d’un cessez-le-feu pour le moment sur le terrain.  C’est vrai, nous avons pu constater un certain apaisement mais les tirs ont repris et on a pu voir des bombessur Jérusalem et deux explosions à Gaza où des gens étaient en train de fabriquer des explosifs.  Mais nous sommes convenus, comme l’a dit le Président Moubarak, d’une ligne politique pour gérer le cessez-le-feu. Ce n’est pas encore un accord mais une sorte d’entente.  C’est le problème, vous savez, parce que pour avoir un accord, il faut s’asseoir avec un morceau de papier et écrire les termes de l’accord et ceci n’a pas encore été réalisé.  Toutefois, nous nous sommes entendus sur le concept général.


Q : Vous êtes aux Etats-Unis, M. Peres, j’aimerais vous poser une question sur le rôle des Etats-Unis dans le processus de paix.  Lorsque vous rencontrerez le Président Bush, comment l’encourageriez vous à s’impliquer à l’avenir? Préféreriez-vous qu’il soit beaucoup plus impliqué ou bien qu’il reste un peu à l’écart?


R : Je crois que l’Administration Bush tout comme le Congrès considère que le terrorisme est un acte anti-américain, ce qui fait d’ailleurs penser à l’attitude américaine par rapport au communisme il y a 15 ou 20 ans.  La raison est que le terrorisme est devenu un danger à l’échelle mondiale.  En conséquence, nous voudrions voir les Etats-Unis jouer un rôle de chef de file sur la manière d’éliminer le terrorisme dans le mond, y compris dans notre région.  En ce qui concerne les négociations, nous préfèrerions commencer par des négociations directes qui sont la technique la plus prometteuse comme on l’a montré par le passé.  Nous souhaiterions que les Etats-Unis nous appuient ou qu’ils nous aident occasionnellement à rapprocher les positions mais nous ne suggérons pas que les Etats-Unis deviennent les négociateurs en chef.


Q : Alors de Bush ou de Clinton, qui a la meilleure approche?  Qu’est-ce qui conduirait à la paix?


R : Je ne commenterai pas la politique américaine.  Je ne peux que présenter notre approche.  Clairement, chaque président a son propre style et il ne nous appartient pas de déterminer quel est le meilleur style.  Mais, nous pensons que la meilleure façon de faire serait que les Etats-Unis contribuent au retour de la tranquillité et de la sécurité et à la cessation des combats, et nous devrions commencer à négocier directement avec les Palestiniens dans le contexte d’un cessez-le-feu. 


Q : Compe tenu du degré de méfiance depuis sept mois, est-il possible de tenir des négociations sans un médiateur comme les Etats-Unis ou autre?  Et regrettez-vous d’avoir accepté de participer au Gouvernement de coalition?


R : Ecoutez, à Oslo, nous avons tenu des négociations sans intermédiaires.  C’était des négociations directes.  Ce n’est que lorsque nous avons terminé que les Etats-Unis sont intervenus.  La même chose s’est passée par la suite.  Quant à ma participation à ce Gouvernement, je n’ai pas de regrets.  Je dois servir mon pays, servir la paix et ceci ne peut être limité par une quelconque appartenance à un parti politique.


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