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Conférence de presse

CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE DU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ET DES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS

01/05/2001
Communiqué de presse
Conférence de presse


                                          1 mai 2001


CONFERENCE DE PRESSE CONJOINTE DU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL ET DES INSTITUTIONS DE BRETTON WOODS


A la suite de la quatrième Réunion spéciale de haut niveau, tenue ce matin, entre le Conseil économique et social (ECOSOC) et les Institutions de Bretton Woods, le Président de l’ECOSOC, M. Martin Belinga-Eboutou du Cameroun a organisé une conférence de presse avec la participation du Ministre des finances du Canada et Président du Groupe des 20 des institutions de Bretton Woods, M. Paul Martin; du Gouverneur de la Banque centrale du Nigéria et Président du Groupe des 24 des institutions de Bretton Woods, M. Joseph Sanusi; et du Directeur de la Banque des règlements internationaux et Président du Forum sur la stabilité financière,

M. Andrew Crockett.


Dans son introduction, le Président de l’ECOSOC a estimé que la Réunion spéciale de cette année a été particulièrement importante étant donné qu’il s’agit de la première Réunion conjointe depuis le Sommet du Millénaire et qu'une série d’évènements dont les débats dépendent de la coopération entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods aura bientôt lieu.  Parmi ces évènements, il a cité l'ouverture, demain, des travaux du Comité préparatoire de la Conférence sur le financement du développement ainsi que prochainement la Conférence de l’ONU sur les pays les moins avancés, la session extraordinaire de l’Assemblée générale sur la lutte contre le VIH/Sida et la session de fond de l’ECOSOC consacrée à l’Afrique.


Revenant à la Réunion spéciale de ce matin, le Président de l’ECOSOC a expliqué qu’il s’agissait surtout d’explorer la question du financement du développement, dans le cadre de deux tables rondes réunissant les Etats membres de l’ECOSOC, etles représentants des institutions de Bretton Woods.  Les résultats, a estimé le Président de l’ECOSOC, ont été à la mesure des attentes.  Il a expliqué son enthousiasme par le niveau de participation qui traduit l’intérêt suscité par le thème et la méthodologie “fraternelle”.  Le Président de l’ECOSOC a cité les idées forces qui se sont dégagées au cours des tables rondes, à savoir la nécessité d’assurer la croissance durable comme moteur de la lutte contre la pauvreté et celle de maintenir la coopération entre l’ONU et les institutions de Bretton Woods, seul moyen de faire que ces dernières restent fidèles à leur vocation qui est d'assurer le financement de la reconstruction et du développement et de garantir le succès de la Conférence sur le financement du développement.


Parmi les autres idées fortes, le Président de l’ECOSOC a cité la nécessité d’accroître l’aide publique au développement (APD); celle de faciliter l’accès des pays en développement aux marchés des pays développés, garant sûr du financement du développement; celle d’accorder un traitement spécial à la question de la dette et son corollaire le renforcement de l’Initiative PPTE/HIPC par un financement appropriée; et enfin celle de relancer la coopération économique internationale. 


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A cet égard, le Président de l’ECOSOC a estimé que la prochaine Conférence sur les PMA constituera un test de l’engagement des Chefs d’Etat à honorer les engagements pris dans la Déclaration du Millénaire et à relancer la coopération économique internationale.


Le Ministre des finances du Canada et Président du Groupe des 20 a mis l’accent sur le fait que la Réunion de ce matin a été une contribution remarquable pour la prochaine Conférence sur le financement en jugeant important qu’il y ait une pleine coopération entre les institutions de Bretton Woods et l’ONU sur une conférence importante en ce début de nouveau siècle.  Insistant sur la nécessité pour les Ministres du développement et des finances d’y participer pleinement, le Ministre a annoncé la décision de la Banque mondiale de fixer comme priorité l’éducation, en particulier celle des filles, en tant que l'une des mesures pour combler les inégalités entre riches et pauvres.  Le Président du Groupe des 20 a expliqué le “Consensus de Montréal” qui ne doit pas être interprété comme un rejet en bloc du “Consensus de Washington”.  Nous reconnaissons tous, a-t-il dit, la nécessité impérieuse de mettre en place des normes bancaires pour assurer la croissance durable.  Il s’agit d’aller au-delà de ce Consensus et reconnaître qu’il n’y aura croissance durable que s’il existe des systèmes de santé efficaces, des investissements dans le domaine de l’éducation et un environnement viable.  Il faut s’engager sur toutes ces voies comme le préconise le “Consensus de Montréal”.


Le Gouverneur de la Banque centrale du Nigéria et Président du Groupe des 24 a présenté les recommandations adoptées à l’issue des travaux du Groupe qui se sont tenus à Washington, la semaine dernière.  Il a été reconnu que le ralentissement de l'économie dans les pays occidentaux risque d’avoir un impact sévère sur les pays en développement puisqu’il peut entraîner une chute des prix des produits de base des pays en développement, entraver leur processus d’ajustement, et réduire le flux de l'investissement étranger direct (IED). A propos de ce dernier, les recommandations du Groupe des 24 portent sur la réalisation de l’objectif de 0,7% pour l’APD –stagnant aujourd’hui à 0,24% - sur l’accélération nécessaire de l’application de l’Initiative PPTE/HIPC; et sur l’ouverture des marchés du Nord aux produits du Sud ainsi que sur l’élimination des subventions agricoles dans les pays développés et le renforcement des systèmes financiers, des codes et des normes existants.  Le Président du Groupe des 20 a insisté sur ce dernier point en s'attardant à la question du blanchiment d’argent et en disant craindre que l’intégrité du système financier international ne soit pas réelle dans le sens où des dirigeants corrompus de pays en développement peuvent investir des montants considérables dans les banques du Nord sans entrave sans être touchés par les règles en vigueur.  Le Président du Groupe des 20 a conclu en se félicitant du consensus sur la lutte contre le VIH/Sida et en particulier, sur la création d’un Fonds central d’aide à la prévention et au traitement du VIH/Sida.


Le Président du Forum sur la stabilité financière et Directeur de la Banque des règlements internationaux a insisté sur la nécessité de renforcer les systèmes financiers pour éviter les crises financières ; celle de mettre au point des codes à l’intention des marchés financiers ; celle de réexaminer toutes les vulnérabilités des systèmes financiers internationaux notamment à cause de la rapidité de certains flux financiers ; et celle de créer un dialogue entre les responsables de la stabilité des systèmes financiers – les banques centrales, les mécanismes régulateurs et les Ministres des finances – et ceux qui ont d’autres intérêts tels que ceux que représente l’ECOSOC. 


                                    - 3 -                   1 mai 2001


Questions et réponses


Q : M. Le Président de l’ECOSOC, au cours des 30 ou 40 dernières années, les pays en développement n’ont cessé d’émettre des réserves à l’égard de la coopération dont ils sont sensés être les bénéficiaires et qui contribue parfois, à supplanter le pouvoir dans ces pays.  Aujourd’hui, la mondialisation est là et le Secrétaire général a lancé des mises en garde quant à l’incidence de cette mondialisation sur les pays en développement.  Le Secrétaire général a souligné que cette mondialisation, telle qu’elle se vit, ne sera profitable qu’aux pays développés.  Que peut faire l’ECOSOC pour corriger ce déséquilibre?


R : La mondialisation comme tout grand processus profite d’abord à “ceux qui sont préparés”.  Si les pays en développement éprouvent quelques inquiétudes vis-à-vis des inconvénients de la mondialisation, c’est précisément eu égard aux inégalités qui existent déjà.  En conséquence, en l’absence de correctifs à ces inégalités ou d’un sursaut de la communauté internationale pour faire des pays en développement des partenaires de la mondialisation, celle-ci ne pourrait avoir au mieux que des effets incertains sur ces pays.  C’est fort de cela que les Chefs d’Etat ont, dans la Déclaration du Millénaire, invité tous les membres de la communauté internationale à faire en sorte que la mondialisation soit positive pour tous. 


Ceci veut dire que la coopération internationale doit être organisée de façon à privilégier l’équité et la solidarité dont le principe de base veut que les efforts se dirigent d’abord vers ceux qui sont le plus dans le besoin. Sans solidarité, la mondialisation ne profitera certainement pas aux pays en développement.  Ce serait faire preuve de peu de vision que de croire que les trois-quarts de la population peuvent être exclus des bénéfices de la mondialisation alors que le quart restant en profiterait impunément. Par exemple, l’objectif de réduire de moitié la pauvreté d’ici à 2015 suppose la réalisation de sous-objectifs dans les domaines de la santé et de l’éducation.  Ne pas prendre en compte le sous-objectif en matière de santé, pour ne citer que celui-là, est dangereux.  Les maladies étant transfrontalières, il serait illusoire que certains pays croient pouvoir vivre à l’abri de celles-ci.  En effet, la meilleure façon d’assurer sa sécurité sanitaire serait plutôt de donner aux pays où sévissent les pandémies les moyens de lutter contre elles.  Il en va de même pour les autres secteurs, et c’est le sens du message du Secrétaire général qui continue de tirer sur la sonnette d’alarme.  Si les choses restent en l’état, la mondialisation ne pourra profiter à l’ensemble de la communauté internationale.  Elle ne pourrait, dans ce cas, être source de paix.


Q : M. le Ministre des finances, dans ce contexte de ralentissement économique, comment les pays développés vont-ils honorer leurs engagements en ce qui concerne l’allègement de la dette?


R : La situation de l'économie mondiale n’aura aucune incidence sur les engagements des pays développés.  La raison en est que lorsqu’un pays prend ce type d’engagements à long terme, il les prend en sachant que l’activité économique a ses hauts et ses bas et qu’il faut, quoiqu’il arrive, respecter ses engagements.  Deuxièmement, les Ministres des finances gardent leur confiance en ce qui concerne l’avenir des économies à moyen terme, ce qui augure bien de la poursuite de l’aide.


                                    - 4 -                   1 mai 2001


Q : M. le Ministre des finances et M. le Président du Forum sur la stabilité financière, certaines des propositions avancées par la Conférence de l’ONU sur le commerce et le développement (CNUCED) comprennent des idées de réforme assez spectaculaires comme l’imposition d’une taxe sur les transactions financières ou la création d’un panel indépendant pour les sanctions.  Existe-t-il un consensus sur des changements fondamentaux de ce genre ou est-il entendu que l’on ne touchera pas aux structures gouvernementales ?


R : (Président du Forum sur la stabilité financière) Ces idées ont des objectifs louables mais il faut craindre qu’elles aient, dans la pratique, de gros inconvénients.  Par exemple, la taxe sur les transactions financières dite Taxe Tobin semble être une très bonne idée puisqu'en théorie elle ferait baisser les courants internationaux et donc réduire la volatilité des marchés des capitaux.  Cela permettrait en théorie d’obtenir des ressources pour le développement.  Or la pratique montre que les flux financiers sont très divers et que la capacité de la communauté internationale à fermer les échappatoires, créées par les institutions financières, est limitée.  De plus, le pouvoir de réduire la volatilité par l’interdiction de certaines transactions ne peut se justifier ni sur le plan théorique ni sur le plan empirique.  Je crains donc que l’imposition de cette taxe n’ait pour seul résultat que la réorientation des courants internationaux vers des canaux non contrôlés pour l’instant, d’où l’incidence négative.


R : (Ministre des finances du Canada)  C’est vrai que le Canada a voté en faveur de la Taxe Tobin sur la base que cela permettra d’accroître les ressources pour le développement. Mais il faut reconnaître que nous n’avons pas assez de prises sur la situation pour attendre des résultats concrets.  Aujourd’hui des discussions se tiennent sur la possibilité d’agir autrement mais ce ne sont, à ce stade, que des discussions. 


Q : M. le Ministre des finances, pouvez-vous dire quelques mots sur les réactions aux propositions du Secrétaire général relatives à la création d’un Fonds mondial de 7 à 10 milliards par an pour lutter contre le VIH/Sida et les autres grandes maladies infectieuses.  S’agit-il d’un objectif réalisable?


R: Le montant évoqué devra être déterminé par les différents pays individuellement.  Bien sûr la chose est discutée et l’ampleur du problème est reconnu mais je ne suis pas en mesure de dire comment les pays vont réagir.  En revanche, il existe un réel engagement à agir contre le VIH/sida et ses conséquences.  A la Banque mondiale, un Fonds d’affectation spéciale est envisagé et la question fait l’objet de discussions entre la Banque et le FMI.


Q :  M. le Ministre des finances, le Fonds pour la lutte contre le VIH/sida pourrait-il être élargi à la santé, à l’éducation et à l’environnement?


R : C’est un fait, on a reconnu la nécessité pour la communauté internationale d’intervenir et de s’en prendre au fléau du VIH/Sida.  Toutefois, les montants doivent être décidés au niveau des capitales.  Quant au mécanisme, la Banque mondiale en a proposé un mais peut-être faudra-t-il recourir à un mécanisme existant.  Ceci dépendra des discussions qui auront lieu.  Mais l’idée n’est pas de mettre en place une profusion de nouveaux fonds.  L’éducation, par exemple, doit être traitée dans chaque pays séparément.  Les fonds fonctionnent lorsqu’on est confronté à un problème précis mais l’amélioration des normes d’application générales n’exigent pas la création d’un Fonds.  Utilisons les mécanismes existants et faisons en sorte que l’on dispose des finances et des compétences nécessaires.

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