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CD/236

L’IMPORTANCE DE LA CREATION DE ZONES EXEMPTES D’ARMES NUCLEAIRES DANS LA LUTTE CONTRE LA PROLIFERATION REAFFIRMEE PAR CERTAINS ETATS MEMBRES

09/04/2001
Communiqué de presse
CD/236


Commission du désarmement

243e séance - après-midi


L’IMPORTANCE DE LA CREATION DE ZONES EXEMPTES D’ARMES NUCLEAIRES DANS LA LUTTE CONTRE LA PROLIFERATION REAFFIRMEE PAR CERTAINS ETATS MEMBRES


La Commission du désarmement a poursuivi, cet après-midi, son débat général sur les deux points à l’ordre du jour de sa session 2001, à savoir les moyens de réaliser le désarmement nucléaire et les mesures de confiance concrètes dans le domaine des armes classiques.


S’exprimant au cours du débat, le représentant de la Mongolie a mis en avant l’expérience de son pays, seul exemple au monde de territoire national érigé en zone exempte d’armes nucléaire (ZEAN), et seule ZEAN d’Asie centrale.  Il a rappelé que la communauté internationale soutient pleinement le statut de zone exempte d’armes nucléaires de la Mongolie dans le respect des termes des résolutions pertinentes adoptées par l’Assemblée générale en 1998 et en 2000 sur la question.  Le représentant a ajouté que les cinq puissances nucléaires ont donné à la Mongolie des assurances positives et négatives de sécurité liées à son statut et a émis l’espoir que l’exemple de la Mongolie soit la contribution pratique de son pays à la promotion du renforcement du régime de non-prolifération.  Le représentant a souligné l’importance des travaux de la Commission du désarmement qui a un rôle essentiel à jouer dans le contrôle des armements et la mise en oeuvre des politiques de désarmement aux niveaux régional et mondial en rappelant que 30 000 ogives nucléaires sont stockées par les pays détenteurs alors que 500 millions d’armes légères circulent dans diverses régions de la planète.


Pour sa part, le représentant de l’Indonésie a insisté pour que les Etats faisant partie de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) reçoivent des assurances négatives de sécurité de la part des Etats nucléaires qui devraient ratifier les protocoles relatifs à la création de ZEAN.  En outre, concernant les questions relatives à la fabrication d’armes nucléaires, le représentant a ajouté que les discussions relatives à un traité d’interdiction de la production de matières fissiles devraient commencer en accordant autant d’importance au désarmement nucléaire qu’à la non-prolifération.  Il a également considéré que l’adhésion et la ratification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) doivent devenir universelles.


S’exprimant sur la question des armes classiques, le représentant de l’Indonésie a regretté le manque d’information et de transparence en matière d’armements classiques qui ont souvent été à l’origine de suspicions entre Etats et la cause de la course aux armements classiques.  Il a estimé que le partage d’informations et de données pourrait contribuer à amoindrir et dissiper l’atmosphère de secret qui règne entre Etats et crée des tensions avant d’ajouter que des efforts visant à améliorer le partage d’informations en matière militaire sont indispensables pour créer la confiance.  A cet égard, le représentant de l’Indonésie a considéré que les nouvelles technologies de l’information peuvent servir à la prévention des crises, à la réduction des risques et au respect des accords de contrôle d’armements.  Il a poursuivi en déclarant que les progrès dans la lutte contre les trafics d’armes dépendront du niveau de coopération entre Etats Membres, coopération qui doit être basée selon lui sur des soucis humanitaires et un sens du bien commun.  Il a souhaité que la Conférence des Nations Unies sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre qui se tiendra en juillet 2001 à New York adopte un ordre du jour pertinent et prospectif ainsi qu’un programme d’action qui mettra en place des normes internationales contraignantes pour tous les Etats Membres.  A ce sujet, le représentant de la Mongolie s’est félicité des progrès réalisés par le Comité préparatoire à la Conférence au cours de sa dernière session et a souhaité que, dans le prolongement de la Conférence de juillet, les Etats Membres fassent preuve de coopération dans la mise en oeuvre des mesures définies dans le programme d’action.


La Commission se réunira demain, mardi 10 avril, à 10 heures.


MOYENS DE RÉALISER LE DÉSARMEMENT NUCLÉAIRE ET MESURES DE CONFIANCE CONCRÈTES DANS LE DOMAINE DES ARMES CLASSIQUES


Déclarations


M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a déclaré que le monde est confronté à la menace d’une spirale d’escalade militaire issue d’inventions technologiques destinées à un usage militaire dans l’espace, et du recul des progrès accomplis dans le domaine du désarmement causé par la mise en oeuvre sélective des traités de limitation des armements qui font planer la menace d’une nouvelle course aux armements.  La situation des armements nucléaires s’est détériorée du fait du blocage des négociations sur cette question ou du manque de consultations sur certains thèmes qui lui sont liés, ce qui laisse le champ ouvert à la possibilité d’une course aux armements nucléaires qui conduirait à une nouvelle instabilité stratégique.  La fenêtre d’opportunité ouverte après la guerre froide pour procéder à des réductions d’arsenaux et renforcer les progrès accomplis s’est réduite, au vu de la continuation de démarches basées sur des approches complètement dépassées.  Le résultat de cette situation est le danger croissant de voir une nouvelle course aux armements basée sur les derniers progrès technologiques.  La mise en oeuvre sur une période déterminée de certains accords pourrait cependant conduire à une élimination des armements nucléaires.  Il s’agirait, entre autres, de procéder à l’élimination des armes nucléaires tactiques de théâtre, qui sont fort déstabilisantes car elles pourraient être utilisées accidentellement sans autorisation de la chaîne de commandement.  Les discussions sur un traité d’interdiction de la production de matières fissiles devraient commencer en insistant autant sur l’importance du désarmement nucléaire qu’à celle de la non-prolifération, et l’adhésion et la ratification au Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) devraient devenir universelles.  L’Indonésie met également l’accent sur la nécessité pour les Etats qui font partie de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN) reçoivent des assurances négatives de sécurité de la part des Etats nucléaires devant ratifier les protocoles relatifs à la création des ZEAN.


Concernant le deuxième point inscrit à l’ordre du jour des travaux de la Commission, l’Indonésie a coparrainé les résolutions de l’Assemblée générale relatives à l’information en matière militaire.  Le manque d’information et de transparence en matière d’armements classiques a souvent été à l’origine de suspicions entre Etats et a souvent été la cause de la course aux armements classiques.  Le partage d’informations et de données pourrait contribuer à amoindrir et dissiper l’atmosphère de secret qui règne entre Etats et crée des tensions.  Des efforts visant à améliorer le partage d’informations en matière militaire sont indispensables pour créer la confiance, et à cet égard, les nouvelles technologies de l’information peuvent servir à la prévention des crises, à la réduction des risques et au respect des accords de contrôle d’armements.  Sur un autre plan, l’augmentation du nombre de conflits intra-étatiques au cours de ces dernières années a attiré l’attention de la communauté internationale sur la question du trafic illicite d’armes légères et de petit calibre.  Comme il a été démontré lors des négociations sur l’interdiction des mines terrestres antipersonnel, les progrès accomplis dans la lutte contre ces trafics dépendront du niveau de coopération des Etats Membres, une coopération qui doit être basée sur des soucis humanitaires et un sens du bien commun.  Notre délégation espère que la conférence internationale qui se tiendra sur la question du trafic illicite des armes légères adoptera un ordre du jour pertinent et prospectif ainsi qu’un programme d’action qui mettra en place des normes internationales contraignantes pour tous les Etats Membres.

M. JARGASAIKHANY ENKHSAIKHAN (Mongolie) a affirmé que la Commission du désarmement des Nations Unies a un rôle majeur à jouer dans la promotion des principes de non-prolifération et de contrôle du désarmement aux niveaux régional et mondial.  Il a ajouté que la communauté internationale est clairement informée du stockage excessif d’armes, rappelant qu’environ 30 000 ogives nucléaires et 500 millions d’armes légères circulent dans le monde.  Le représentant s’est félicité des efforts accomplis par les Présidents des deux Groupes de travail depuis la dernière session et a mis l’accent sur certaines priorités dans la lutte contre la prolifération.  M. Enkhsaikhan a fait observer que le désarmement nucléaire est un préalable au maintien de la paix et de la sécurité internationales et a rappelé que, dans la Déclaration du millénaire adoptée l’an dernier, les dirigeants du monde entier avaient convenu d’éliminer toutes les armes de destruction massive.  A ce titre, il s’est félicité de l’initiative du Secrétaire général de convoquer une conférence internationale sur les moyens à mettre en oeuvre afin d’éliminer les dangers nucléaires.  Il s’est également réjoui de l’initiative prise par les Etats dotés de l’arme nucléaire, au cours de la Conférence d’examen du Traité de non-prolifération en 2000, d’entreprendre une destruction de tout leur arsenal afin de parvenir à terme à leur élimination totale.  Enfin, il a souhaité que les Etats parties au Traité sur l’interdiction complète des essais nucléaires (TICEN) contribuent à accélérer sa mise en oeuvre et qu’un accord soit trouvé sur l’élimination de l’exploitation des matières fissiles à des fins d’armement nucléaire.  Il a ensuite exprimé l’attachement de son pays à l’Accord START II et à la conclusion de l’Accord START III. 


Le représentant a ajouté que les principes régissant l’établissement de zones exemptes d’armes nucléaires (ZEAN), adoptés il y a deux ans, par la Commission du désarmement devraient contribuer à renforcer les ZEAN existantes et à favoriser la création de nouvelles ZEAN.  Il a rappelé que la communauté internationale soutient pleinement le statut de zone exempte d’armes nucléaires de la Mongolie et que l’Assemblée générale a adopté deux résolutions en ce sens en 1998 et en 2000.  Il a indiqué en outre qu’un statut bien défini permettrait à la Mongolie de contribuer aux efforts internationaux de définition de zones exemptes d’armes nucléaires et de dénucléarisation.


Concernant les armes classiques, le représentant s’est inquiété des statistiques alarmantes concernant les conséquences de la prolifération des armes légères et de petit calibre sur les populations civiles.  Il a déclaré que la Mongolie attend beaucoup des travaux de la Conférence sur le commerce illicite des armes légères et de petit calibre de juillet 2001 et s’est félicité des avancées significatives enregistrées au cours des travaux du Comité préparatoire présidé par l’Ambassadeur Carlos dos Santos (Mozambique).  Il a souhaité que la Conférence donne lieu à la définition d’un programme d’action qui énoncerait une série de mesures propres à contribuer à la lutte contre la prolifération des armes légères.  Il s’est félicité de l’entrée en vigueur de la Convention internationale sur les mines terrestres antipersonnel qui constitue également une étape dans les efforts de désarmement et a assuré que la Mongolie rejoindra prochainement les autres Etats parties. 


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