LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DOIT RESTER ENGAGEE EN AFGHANISTAN, DECLARENT PLUSIEURS DELEGATIONS DEVANT L'ASSEMBLEE GENERALE
Communiqué de presse AG/1270 |
Assemblée générale
89ème séance plénière – matin
LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE DOIT RESTER ENGAGEE EN AFGHANISTAN, DECLARENT PLUSIEURS DELEGATIONS DEVANT L'ASSEMBLEE GENERALE
Le représentant du Pakistan met en garde contre les
risques qu'il y aurait à décevoir une nouvelle fois le peuple afghan
L'examen de la question de la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales par l'Assemblée générale survient, du point de vue de nombreux intervenants ce matin, à un tournant dans l'histoire de ce pays. Ce tournant, a-t-il été dit, fait naître beaucoup d'espoirs tout en appelant la mise en place le plus rapidement possible de mesures d'accompagnement telles que l'envoi d'une force internationale pour aider à répondre aux préoccupations sécuritaires et la mobilisation de moyens suffisants pour permettre la réhabilitation socioéconomique du pays.
Le représentant de l'Afghanistan a indiqué que, sur les 662 millions de dollars nécessaires pour faire face aux besoins de base de la population jusqu'en mars, seulement 35 millions étaient engagés et que par ailleurs, les Etats-Unis avaient appelé à réunir 34 millions pour financer les activités de déminage dans les six prochains mois. Le délégué du Pakistan a mis en garde contre la tentation de se détourner de l'Afghanistan une fois atteint l'objectif militaire et de décevoir ainsi une nouvelle fois le peuple afghan. La communauté internationale doit rester engagée en Afghanistan et dans la région. Un pays ravagé par la guerre doit être reconstruit. Une société dévastée par les conflits doit être soignée. La solution à long terme au problème du terrorisme dans ce pays réside dans la restauration de la paix et de la sécurité dans le pays et dans sa reconstruction, a déclaré le délégué pakistanais, ajoutant que son pays, qui a accueilli trois millions de réfugiés et subi les ravages d'une culture de la drogue et des armes, ce qu'il a appelé «culture de la Kalachnikov», avait également souffert du conflit afghan. Il a appelé à lever le régime de sanctions mis en place par l'ONU et une fois achevée la campagne militaire en cours à mettre à disposition de l'Ambassadeur Brahimi, les fonds affectés aux mécanismes d'application de ces sanctions, pour qu'il les utilise au relèvement du pays.
L'Assemblée était saisie d'un projet de résolution, parrainé par plus de cent délégations et présenté par l'Allemagne, pays hôte des négociations ayant abouti à l'Accord entre les parties afghanes. Pour la première fois, a déclaré le délégué allemand, le projet de résolution concernant l’Afghanistan va au-delà de la seule prise en compte des besoins humanitaires et lie les efforts de reconstruction au règlement politique global qui lui-même requiert la participation de tous les acteurs concernés au sein des institutions de l’ONU mais aussi au sein des organisations humanitaires, de la communauté internationale, des autorités afghanes et de la société civile. Ce projet qui a recueilli un large soutien puisque plus de cent délégations l'ont parrainé, fera l'objet d'une décision de l'Assemblée une fois que la Cinquième Commission en aura examiné les incidences budgétaires.
De nombreuses délégations ont également insisté, au cours du débat de ce matin, sur l'importance de coordonner les efforts d'aide humanitaire et le représentant de l'Ouzbékistan a particulièrement souligné le fait que la présence d'un arsenal militaire en Afghanistan, chiffré à plusieurs millions d'armes à feu, constituait une grave menace à la stabilité régionale et qu'il incombait à l'ONU de veiller à l'élimination de cet armement.
Outre les délégations déjà citées, se sont exprimés les représentants des pays suivants : Belgique au nom de l'Union européenne, Malaisie, République de Corée, Norvège, République islamique d'Iran, Japon, Inde, Etats-Unis, Ukraine, Turquie, Colombie, Bengladesh, Canada et Népal.
L'Assemblée générale se réunira cet après-midi à 15 heures pour reprendre les travaux de sa dixième session extraordinaire d'urgence sur les mesures illégales prises par les autorités israéliennes à Jérusalem-Est occupée ainsi que dans le reste du Territoire palestinien occupé.
ASSISTANCE INTERNATIONALE D’URGENCE POUR LE RÉTABLISSEMENT DE LA PAIX ET DE LA NORMALITÉ EN AFGHANISTAN ET POUR LA RECONSTRUCTION DE CE PAYS DÉVASTÉ PAR LA GUERRE; LA SITUATION EN AFGHANISTAN ET SES CONSÉQUENCES POUR LA PAIX ET LA SÉCURITÉ INTERNATIONALES (Points 20 f) et 43)
Le rapport du Secrétaire général sur la situation en Afghanistan et ses conséquences pour la paix et la sécurité internationales (A/56/681) rend compte de l’évolution de la situation en ce qui concerne l’Afghanistan jusqu’au 15 novembre 2001. Il rappelle que le Représentant personnel du Secrétaire général a cherché à dégager un consensus parmi les divers pays qui s’intéressaient d’une manière ou d’une autre à l’Afghanistan, afin de susciter un changement d’approche qui puisse faciliter la recherche d’une solution au problème afghan. Ces efforts ont porté leurs fruits après le 11 septembre, étant donné que les bases qui avaient été posées ont facilité les efforts de l’Organisation pour dégager un consensus international concernant l’avenir de l’Afghanistan.
Le rapport indique que l’idée sur laquelle le Secrétaire général a insisté toute l’année est celle de la nécessité pour le Conseil de sécurité d’adopter une approche globale à l’égard de l’Afghanistan afin de s’attaquer aux problèmes qui préoccupent la communauté internationale. Une telle approche devrait comporter deux objectifs, à savoir donner aux Afghans la possibilité d’exercer leur droit de décider librement de la forme de leur gouvernement et de faire de l’Afghanistan un pays stable et unifié. Cette approche, doublée de la mise en place d’un plan de redressement et de reconstruction permettrait de s’attaquer aux deux causes profondes du conflit afghan, à savoir l’absence de légitimité des régimes qui se sont succédés depuis les années 70 et la dégradation politique des institutions et de l’infrastructure afghanes.
Le Secrétaire général se félicite également du renouveau d’intérêt pour l’Afghanistan qu’éprouve la communauté internationale après des années d’indifférence, et de la prise de conscience qu’une campagne militaire visant à extirper le terrorisme d’Afghanistan doit d’accompagner d’un processus menant à la formation d’un gouvernement afghan légitime. Le rapport insiste en outre sur la nécessité d’accélérer l’acheminement de l’assistance humanitaire vers la population afghane. Cependant, le Secrétaire général rappelle que la crise afghane ne peut être résolue que de l’intérieur et que la communauté internationale ne saurait imposer un règlement au peuple afghan.
Le rapport du Secrétaire général sur l’assistance internationale d’urgence pour le rétablissement de la paix et de la normalité en Afghanistan et pour la reconstruction de ce pays dévasté par la guerre (A/56/687) porte sur les événements de la période du 1er juillet au 30 juin 2001. Après trois années de sécheresse consécutives et de marasme économique, l’Afghanistan connaît cette année une crise alimentaire encore plus grave que celle de l’année dernière. La situation alimentaire se détériore rapidement et va continuer d’empirer. La persistance de la sécheresse est devenue le principal facteur de dégradation de la situation socioéconomique à moyen terme. Les revenus, l’épargne et l’investissement ruraux ont fortement diminué. Le pouvoir d’achat des Afghans a chuté sous l’effet conjugué de la pénurie d’emplois agricoles et non agricoles, de la crise de l’agriculture commerciale, de la diminution du cheptel et de la dégringolade des prix de l’élevage. De plus, s’il a constitué l’une des grandes avancées de l’année 2001, l’abandon de la culture du pavot a été un coup très rude pour les paysans, ouvriers agricoles et commerçants qui vivaient de cette activité.
Le rapport indique en outre que sous l’effet conjugué de la sécheresse, de la guerre, des violations des droits de l’homme et d’un climat d’hostilité croissant à l’égard des organismes d’aide, la crise humanitaire a encore empiré au cours de la période considérée. Face à l’ampleur et à la gravité de la crise alimentaire en Afghanistan, il faut une riposte internationale concertée si l’on veut éviter la catastrophe.
Projet de résolution (A/56/L.52)
Aux termes de la première partie de la résolution portant sur cette situation, l’Assemblée générale demanderait à tous les groupes afghans de coopérer pleinement avec l’Organisation des Nations Unies et le Représentant spécial du Secrétaire général en vue de promouvoir la paix et un règlement pacifique durable en Afghanistan ; elle demanderait à tous les groupes, en particulier à l’Autorité intérimaire, d’appliquer intégralement les dispositions de l’accord de Bonn. Elle leur demanderait également de promouvoir l’égalité des droits des femmes et des hommes.
L’Assemblée générale demanderait en outre à la communauté internationale de renforcer l’assistance pour soulager les besoins humanitaires urgents de l’Afghanistan et à tous les pays concernés de continuer de fournir assistance et protection aux réfugiés afghans. Elle demanderait à l’Autorité intérimaire de respecter pleinement les obligations internationales en matière de stupéfiants et demanderait à la communauté internationale d’accroître son assistance aux programmes visant à réduire la culture du pavot en Afghanistan.
Aux termes d’une deuxième partie portant sur l’assistance internationale d’urgence, l’Assemblée générale prierait instamment tous les groupes afghans de cesser complètement d’utiliser des mines terrestres et de coopérer pleinement au programme de déminage de l’Organisation des Nations Unies. Elle demanderait à la communauté internationale de veiller à ce que des mesures soient prises pour le déminage, la réduction des effets des catastrophes naturelles et le désarmement, la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants. Elle demanderait instamment à tous les groupes afghans à respecter le droit international humanitaire, de garantir la sûreté, la sécurité et la libre circulation de tous les membres du personnel des Nations Unies.
Déclarations
M. HANNS SCHUMACHER (Allemagne), présentant le projet de résolution L.62, a souligné que l’Afghanistan vivait un «moment historique» avec la mise en place, dans deux jours, de l’Autorité intérimaire. Il s’est félicité du fait que les Afghans se soient débarrassés du régime inhumain et cruel des Taliban, de la destruction du réseau terroriste Al Qaeda dans le pays ainsi que de la tenue de la Conférence de Bonn qui a permis la constitution de l’Autorité intérimaire. Cette nouvelle situation est non seulement bénéfique aux Afghans mais également à toute la région du sud et du centre de l’Asie. Dans ce contexte, l’appui mondial à l’opération Liberté durable est un signe de la solidarité internationale et a constitué la réponse appropriée aux attaques terroristes perpétrées aux États-Unis. Cependant, la réhabilitation socioéconomique de l’Afghanistan nécessitera la mobilisation d’importants efforts durant des années et peut-être même des décennies. On peut d’ailleurs noter que dynamique politique et reconstruction du pays sont étroitement liées. C’est pourquoi l’ONU et la communauté internationales doivent demeurer impliquées dans la reconstruction de l’Afghanistan et, à cet égard, le projet de résolution tient compte des besoins humanitaires urgents et ouvre la voie à la réhabilitation socioéconomique du pays. Elle réaffirme les principes énoncés à Bonn et précise qu’une paix durable ne sera possible que si les dirigeants Afghans les respectent et s’efforcent de les mettre en oeuvre.
M. Schumacher a en outre fait remarquer que pour la première fois le projet de résolution concernant l’Afghanistan va au-delà de la seule prise en compte des besoins humanitaires. Les efforts de reconstruction sont dépendants d’un règlement politique global qui lui-même requiert la participation de tous les acteurs concernés au sein des institutions de l’ONU mais aussi au sein des organisations humanitaires, de la communauté internationale, des autorités afghanes et de la société civile. L’Allemagne, a conclu le représentant, est disposée à joindre la force internationale en Afghanistan et à envoyer des troupes dans ce pays. Toutefois, l’ONU demeure l’autorité fondée à soutenir la reconstruction de la société et de l’économie afghanes.
M. RAVAN A. G. FARHADI (Afghanistan) a évoqué les problèmes auxquels étaient confrontés son pays alors que l'hiver s'annonce très rigoureux et qu'il sort de 23 ans de conflits et d'un régime Taliban qui, a-t-il souligné, n'a rien fait pour combattre les effets de l'extrême sécheresse qui frappe le pays, a laissé se dégrader l'enseignement et le secteur de la santé et fermé les écoles aux filles. Il a attiré l'attention sur le grand nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays qui, de plus, est celui ayant la plus forte concentration de mines terrestres et de munitions non explosées du monde. Il a souligné que leur élimination était nécessaire à la sécurité des habitants, à la reprise de l'agriculture, au retour des réfugiés. Il était prévu de consacrer 30 millions de dollars en douze ans, a-t-il indiqué, mais aujourd'hui, en raison de l'urgence nouvelle que revêt la question, les Etats-Unis ont appelé à réunir 34 millions pour les six prochains mois.
Une résolution sur les droits de l'homme en Afghanistan a été adoptée hier par l'Assemblée, sur la base des recommandations de la Troisième Commission. Il est estimé que 662 millions de dollars sont nécessaires pour faire face aux besoins essentiels de la population jusqu'en mars; or 35 millions ont été engagés jusqu'à ce jour par les pays donateurs. Il a insisté sur le fait que les Nations Unies avaient un rôle crucial à jouer, dans le travail de coordination de cette aide, pour aider l'autorité intérimaire. Ces efforts vont absorber la totalité de son budget, a-t-il précisé, ajoutant que les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, l'Italie, la France et bien d'autres pays s'étaient dit prêts à apporter leur contribution. Il a suggéré que ces Etats s'entendent sur la nomination d'un coordinateur et a formulé l'espoir que la réunion de Tokyo, en janvier 2002, jette les bases pour l'organisation de l'aide humanitaire et des activités de reconstruction et de relèvement.
M. JEAN DE RUYT (Belgique), au nom de l’Union européenne et des pays associés, a déclaré que l’Union européenne soutenait pleinement l’Accord définissant les arrangements provisoires applicables en Afghanistan et appelait tous les groupes afghans à les mettre en oeuvre intégralement. Il a rappelé que le Conseil européen, qui s’est réuni à Laeken les 14 et 15 décembre derniers, avait pris l’engagement de participer aux efforts de la communauté internationale en vue de restaurer la stabilité en Afghanistan sur la base des résultats de la Conférence de Bonn et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. Dans ce cadre, il a encouragé le déploiement d’une force internationale de sécurité qui aurait comme mandat de contribuer à la sécurité des administrations afghanes et internationales installées à Kaboul et dans ses environs. Toutefois, a-t-il souligné, les développements positifs de la situation politique ne doivent pas occulter la situation humanitaire en Afghanistan. L’aide humanitaire reste une priorité absolue. A cet égard, l’Union reste préoccupée par les conditions d’insécurité que connaissent les représentants des agences et des ONG humanitaires en Afghanistan et souligne l’importance de faciliter l’acheminement de l’aide. L’Union européenne et ses Etats membres ont déjà engagé ou sont prêts à engager un montant de 352 millions d’euros pour l’aide humanitaire, dont 103 millions d’euros proviendront de leur budget communautaire.
M. de Ruyt a souligné que dans le cadre du règlement après-conflit une attention particulière devait être accordée à l’établissement des institutions et des mécanismes pour la protection des droits de l’homme ainsi qu’à la situation de la femme en Afghanistan. L’équipe du Représentant spécial de l’Union européenne pour l’Afghanistan, M. Klaus-Peter Klaiber, comportera à cet effet une responsable chargée de veiller à la mis en oeuvre effective des droits de la femme et sera en même temps l’interlocutrice de l’Union européenne pour les femmes afghanes. Il a insisté sur la nécessité d’une forte coopération et coordination internationales pour la réhabilitation et la reconstruction en Afghanistan. A cet égard, a-t-il souligné, l’Afghanistan Support Group joue un rôle important pour combler les écarts entre l’assistance humanitaire, les besoins immédiats et la reconstruction en Afghanistan. C’est avant tout le respect par tous les groupes afghans de leurs engagements politiques qui sera déterminant dans l’effort de reconstruction, a-t-il insisté. L’Union européenne, a-t-il poursuivi, souligne l’importance de lancer dès maintenant un plan de reconstruction économique et institutionnelle de l’Afghanistan. Le processus politique doit être accompagné de l’aide économique.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a déclaré que la communauté internationale doit faciliter le retour à une stabilité durable en Afghanistan. Il a également souhaité que ce pays ne soit pas abandonné une fois les objectifs militaires et sécuritaires de la coalition internationale menée par les États-Unis atteints. La reconstruction du pays nécessite en effet la mobilisation de nombreuses ressources, une attention soutenue de la communauté internationale et, dans ce contexte, la Malaisie se félicite des arrangements issus de la Conférence de Bonn qui reflètent le consensus politique des parties afghanes. Un «plan Marshall» devrait également être envisagé afin d’appuyer la mise en place d’institutions et de garantir la disponibilité de ressources spéciales à long terme pour la reconstruction. Cependant, la reconstruction du pays ne doit pas se limiter à la réhabilitation des infrastructures dévastées ou à la création d’une économie viable. Il s’agit d’établir les fondements socioéconomiques de l’Afghanistan et d’aider la population à rompre avec les attitudes et les habitudes d’un passé caractérisé par la culture des seigneurs de guerre. Alors que l’instauration d’un gouvernement représentatif reste un objectif politique à atteindre, des efforts doivent être déployés pour répondre aux doléances des groupes ethniques qui se sentent économiquement, politiquement et culturellement marginalisés. C’est pourquoi la communauté internationale et l’ONU doivent renforcer l’aide accordée à l’Afghanistan. Enfin, le représentant a réaffirmé l’appui de son pays au déploiement rapide d’une force de maintien de la paix de l’ONU, ajoutant qu’il considèrerait favorablement la possibilité d’y participer. Selon lui, cette force, qui agirait sur la base d’une coopération avec les acteurs politiques sur le terrain, devrait être prête le plus rapidement possible pour prendre la suite de la force multinationale dont le déploiement est demandé d’urgence.
M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a indiqué que son pays était prêt à faire tout ce qui était en son pouvoir, en cette période tumultueuse, pour aider l'Afghanistan. Il a félicité les parties afghanes pour s'être réunies et mis d'accord sur un processus politique détaillé. Il a exprimé l'espoir que le peuple afghan mettrait pleinement en œuvre cet accord en ayant pour objectif ultime la création d'un gouvernement légitime et la réintégration de l'Afghanistan dans la communauté internationale. Après des années de négligence, a-t-il poursuivi, il faut que la communauté internationale et en particulier les pays voisins et les pays intéressés, apportent leur soutien plein et entier à l'Afghanistan et ne cherchent pas, ce faisant, à préserver leurs propres intérêts.
Le représentant a insisté sur la situation critique dans laquelle se trouvaient des millions de réfugiés afghans et de personnes déplacées à l'intérieur du pays. Il a indiqué que la République de Corée était en train de concrétiser sa promesse de contributions à l'assistance humanitaire et économique à l'Afghanistan à hauteur de 12 millions de dollars en nature et en espèces et s'est dit prêt à envisager d'autres moyens pour apporter son aide en consultation avec d'autres acteurs de la scène internationale. Il a formé le vœu que les discussions en cours sur l'assistance à long terme pour le relèvement et la reconstruction de l'Afghanistan déboucheraient sur un plan directeur pragmatique et viable ainsi qu'une bonne répartition des tâches entre les parties impliquées. Il a souligné le rôle important que devaient jouer les femmes en tant que responsables du foyer et moteur du changement et a précisé que sa délégation s'était portée coauteur du projet de résolution présenté.
M. OLE PETER KOLBY (Norvège) a déclaré qu’afin de renforcer le processus politique actuellement en cours en Afghanistan, la communauté internationale doit s’engager à aider le peuple afghan et à faire fonctionner le plus rapidement possible l’administration intérimaire. Des progrès dans le domaine des droits de l’homme doivent également être accomplis, en particulier en ce qui concerne les droits de la femme et des enfants. La légitimité du nouveau gouvernement dépendra en effet de sa capacité à garantir les droits fondamentaux de ses citoyens et à donner la place qui leur revient aux femmes. La Norvège se réjouit d’assumer la présidence de l’Afghanistan Support Group (ASG) en 2002 et s’efforcera de centrer son action sur l’amélioration de la coordination des activités liées aux donateurs et de s’assurer que, dans ce domaine, les droits de l’homme sont aussi respectés. L’attention doit être immédiatement centrée sur les secteurs de l’éducation, de la sécurité alimentaire, de l’action antimines, du rapatriement, de la réintégration des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur des frontières ainsi que sur la sécurité des civils et du personnel humanitaire.
M. Kolby a en outre indiqué qu’il faut éviter de dupliquer les efforts. La coordination des activités entre les différentes agences et institutions est donc indispensable, a-t-il ajouté, soulignant également la nécessité d’une connexion étroite et continue entre l’aide humanitaire et la reconstruction. L’éducation, a poursuivi le représentant, et en particulier celle des filles, est un domaine prioritaire. De même, il est indispensable de reconstruire le pays sur la base des communautés locales qui ont établi des programmes et des projets dans les secteurs de l’éducation, de la santé et de l’eau ainsi que sur la base des capacités et des réseaux des organisations non gouvernementales. Enfin, étant donné l’ampleur du problème des réfugiés et personnes déplacées, il est indispensable de donner une dimension régionale aux activités de reconstruction, a conclu le représentant.
M. MOHAMMAD HASAN FADAIFARD (République islamique d’Iran) a émis l’espoir que le nouvel environnement créé par la mise en place dans deux jours de l’Autorité intérimaire à Kaboul permettra de mettre un terme à la production et au trafic de drogues et à la présence de terroristes et d’extrémistes sur le sol afghan de même que de régler la question des réfugiés, créant ainsi un environnement à même de garantir une stabilité durable en Afghanistan et dans la région. L’Autorité intérimaire, qui devra convoquer une Loya Jirga et organiser des élections libres et régulières, permet d’espérer le retour de l’unité ethnique de l’Afghanistan ainsi que du rétablissement de la paix et de la normalité dans le pays. M. Fadaifard a cependant fait observer que la situation en Afghanistan est encore précaire et loin d’être stable et que les dirigeants Taliban constituent une menace pour le nouveau Gouvernement afghan. Nous estimons, a-t-il dit, qu’on ne doit pas permettre aux Taliban de jouer un rôle déstabilisateur et que toutes les tentatives dans ce sens devraient être contrées dès leur apparition. Il a émis l’espoir que tous les Afghans pourront s’élever au-dessus des différends sectaires et que l’intérêt national de l’Afghanistan et la recherche du bien-être du peuple afghan transcenderont les rivalités. Nous espérons, a-t-il poursuivi, que les groupes afghans continueront à s’abstenir de commettre des actes illégaux de représailles.
Nous estimons que la reconstruction de l’Afghanistan et la revitalisation de ses infrastructures est un passage obligé pour le retour à la paix et à la normalité, a poursuivi le représentant. A cet égard, il est nécessaire d’élaborer le plus tôt possible un cadre pour la reconstruction de l’Afghanistan. Nous estimons que les priorités sont la reconstruction du système éducatif, la participation des Afghans au processus de prise de décisions politiques, le développement de programmes de substitution à la culture du pavot. Nous encourageons vivement, a-t-il insisté, l’intensification du programme «éducation contre nourriture», en particulier pour les filles. Nous encourageons les pays et les villes du monde entier à parrainer l’éducation dans une des villes ou des provinces de l’Afghanistan. Le représentant de l’Iran a par ailleurs souligné la situation de son pays au regard de l’importance de la population réfugiée qu’il accueille, qui s’élève à 2 millions de personnes. Il a par ailleurs souligné l’importance de traduire en justice les responsables du meurtre de diplomates iraniens au Consulat de Mazâr-e-Charif ainsi que les responsables du massacre du groupe ethnique hazari.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a fait observer que l'Afghanistan représentait un de ces cas de l'histoire contemporaine où une nation pauvre et déshéritée, sacrifiée à la cause du monde libre, a été ensuite traitée par la communauté internationale avec la plus grande indifférence. Le temps est venu non des remords et de la rhétorique mais des approches créatives et d'une réflexion nouvelle, a-t-il indiqué. Rien n'est plus important aujourd'hui que la question urgente de la paix et de la stabilité et ses implications sur le monde dans son ensemble. Il nous faut aussi être conscient de la gravité de la situation humanitaire dans ce pays qui appelle une réponse mondiale adaptée en matière d'aide au relèvement et à la reconstruction. Le représentant a exprimé l'espoir que la communauté internationale qui se bat contre le terrorisme aujourd’hui en Afghanistan ne se désintéresserait pas du pays une fois sa campagne militaire a atteint ses objectifs. Elle doit rester engagée en Afghanistan et dans la région, a-t-il déclaré. Un pays ravagé par la guerre doit être reconstruit. Une société dévastée par les conflits doit être soignée. La solution à long terme au problème du terrorisme dans ce pays réside dans la restauration de la paix et de la sécurité dans le pays et dans sa reconstruction.
Le Pakistan a également souffert de la tragédie afghane, a ajouté le représentant. Pendant près de 25 ans, nous avons, avec nos maigres ressources et sans aide significative du monde extérieur, abrité près de trois millions d'Afghans. Le terrorisme rampant et la culture de la drogue et des armes, ce que nous appelons la culture de la Kalachnikov, a déchiré le tissu social et politique. Compte tenu de ce scénario sinistre, on peut dire que nul pays n'a plus souffert du conflit en Afghanistan que le Pakistan. Le représentant s'est félicité de la prise de fonctions dans deux jours de M. Hamid Karzai à la tête de l'Autorité intérimaire et a exprimé le soutien total et la coopération de son pays non seulement à l'Autorité intérimaire mais aux futurs gouvernements afghans. Il a rappelé que le Président du Pakistan avait proposé la création, sous l'égide des Nations Unies, d'un Fonds d'affection spéciale pour l’Afghanistan. Le représentant a insisté sur la nécessité d'accélérer le déploiement d'une force mandatée par les Nations Unies pour assurer la sécurité de Kaboul et d'autres secteurs du pays et de définir un plan de relèvement et de reconstruction du pays. Maintenant que les Taliban ont été éliminés, a-t-il déclaré en conclusion, il faut mettre fin au régime de sanctions qui affecte la population afghane. Une fois achevée la campagne militaire en cours, les ressources mobilisées pour les mécanismes intégrés de sanctions en conformité avec les résolutions pertinentes doivent être mises à la disposition de l'Ambassadeur Brahimi pour qu'il les utilise, si besoin est, pour reconstruire l'Afghanistan.
M. YUKIO SATOH (Japon) a rappelé que l’établissement de l’Autorité intérimaire en Afghanistan est la première étape du long processus de restauration de la paix. La prochaine étape, qui est l’instauration d’un gouvernement légitime afghan, ne sera pas chose aisée à réaliser. Des efforts continus ainsi que des qualités de patience et de tolérance seront requis. La clef du succès de ce processus réside dans la volonté des Afghans eux-mêmes, a-t-il précisé. Cependant, l’aide de la communauté internationale est importante afin de maintenir la sécurité et de favoriser la constitution d’un gouvernement légitime. Le peuple afghan a également besoin du soutien de la communauté humanitaire et, à cet égard, le Japon a déjà dégagé 120 millions de dollars en réponse à l’appel du Secrétaire général des Nations Unies. Le représentant a d’ailleurs souligné, dans ce contexte, la priorité qui doit être accordée à la sécurité du personnel humanitaire. Enfin, il s’est félicité de ce que le Japon accueillera en janvier prochain la réunion ministérielle pour la reconstruction de l’Afghanistan qui permettra à la communauté internationale de fournir à l’Autorité intérimaire et au peuple afghan un projet de reconstruction et de développement.
M. SATYABRATA PAL (Inde) a souligné l’importance que revêt l’assistance de la communauté internationale pour l’Afghanistan. Les meilleures solutions, a-t-il toutefois souligné, sont celles qui seront élaborées par les Afghans eux-mêmes. C’est pourquoi il est nécessaire d’encourager le développement des capacités locales. Il a également souligné l’importance de garantir aux femmes un rôle important dans la reconstruction de l’Afghanistan. Il a engagé la communauté internationale à prendre conscience du fait que le processus de reconstruction de l’Afghanistan sera long et qu’elle devra le soutenir aussi longtemps que nécessaire. Le représentant de l’Inde a insisté sur le fait que la communauté internationale devait, dans ce processus, être guidée par le sens du devoir et non celui de l’intérêt. Elle doit également respecter l’unité, la souveraineté, l’unité territoriale et l’indépendance de l’Afghanistan.
L’Inde, a-t-il indiqué, est disposée à faire ce qu’elle peut pour appuyer ce processus. En plus de l’aide alimentaire, médicale et technique déjà apportée, l’Inde est prête à engager 100 millions de dollars pour la reconstruction des infrastructures et de l’économie ainsi qu’à fournir une assistance technique. Les besoins énormes de l’Afghanistan ne pourront être satisfaits que par le biais d’une forte coordination internationale à même d’éviter la duplication des efforts. L’Inde estime que pour assurer une telle coordination il est nécessaire d’élaborer, sous les auspices des Nations Unies, un mécanisme transparent et intégré chargé d’évaluer et de diffuser des informations sur les besoins des Afghans et l’aide internationale. Le représentant de l’Inde s’est félicité de la revitalisation du Groupe des 21. Il a souligné que l’effort de secours, le redressement à long terme et l’évolution politique de l’Afghanistan dépendait en grande partie de la faculté du pays à en finir avec la culture des armes. Par sa résolution 1383, le Conseil de sécurité a fait confiance aux groupes afghans en leur demandant d’assurer la sécurité du personnel humanitaire. La communauté internationale devra tout faire pour renforcer l’autorité de l’Autorité intérimaire et l’aider à créer une force afghane. Elle devra ne rien faire qui pourrait saper son autorité ou la faire paraître faible aux yeux de ses citoyens. Le représentant de l’Inde a conclu en soulignant que même si les Taliban étaient en déroute, la haine qu’ils ont nourrie, les parrains qui leur ont permis de s’établir de même que leur ambition n’avaient pas disparus. Les Taliban ne doivent pas pouvoir se faufiler à nouveau dans la gestion du pays, sous d’autres masques. Les Taliban, quel que soit leur nouveau nom, sont l’anathème.
Mme NANCY CAIN MARCUS (États-Unis) a rappelé que l’installation de l’Autorité intérimaire est la première étape du processus pour instaurer un gouvernement représentatif, multiethnique et fondé sur l’égalité entre les hommes et les femmes. Ce processus doit conduire à une nouvelle ère de paix et de sécurité dans un pays libéré du terrorisme, de la drogue et qui peut espérer vivre en harmonie avec ses voisins. Dans ce contexte, les États-Unis et la communauté internationale se tiennent prêts à aider le peuple afghan dans ses efforts pour instituer un nouveau gouvernement. En ce qui concerne l’aide humanitaire et la reconstruction sur le long terme, les États-Unis ont d’ailleurs dégagé 320 millions de dollars et travaillent avec les organisations humanitaires, les organisations non gouvernementales et les pays voisins pour répondre aux besoins urgents du peuple afghan. Nous avons en outre participé, en novembre dernier à Washington, au lancement du processus de reconstruction visant à aider les Afghans dans leur transition de l’aide d’urgence vers le développement et la réunion de cette semaine à Bruxelles permettra de préparer la Conférence qui aura lieu au Japon pour la reconstruction du pays, a poursuivi la représentante.
L’aide doit en outre être ciblée sur les populations les plus vulnérables, tels que les enfants et les femmes qui ont particulièrement souffert de l'oppression taliban. Ces dernières doivent être réintégrées comme membres à part entière de la société et du Gouvernement. Enfin, Mme Cain Marcus a déclaré que l’inauguration de l’Autorité intérimaire offre une occasion historique au peuple afghan et que les États-Unis et la communauté internationale doivent faire le nécessaire pour appuyer les transitions vers la paix, la stabilité et le développement en Afghanistan.
M. VALERI KUCHYNSKI (Ukraine) s’est félicité de la conclusion de l’Accord de Bonn et du rôle prépondérant joué par les Nations Unies dans cette initiative. Les Afghans et la communauté internationale doivent saisir l’occasion qui se présente de construire un Etat qui défende les droits et les intérêts du peuple afghan. Le Gouvernement et la communauté internationale doivent s’attaquer aux graves défis humanitaires et sécuritaires en Afghanistan. Reconstruire l’économie, les institutions et les infrastructures, régler la question des réfugiés, protéger les droits de l’homme, établir l’état de droit ainsi que de bonnes relations de voisinage sont parmi les priorités de l’Autorité intérimaire. La communauté internationale doit faire preuve d’un engagement ferme, tant politique que financier, en faveur de la stabilité à long terme de l’Afghanistan. L’aide internationale doit être coordonnée et faire partie intégrante de la stratégie économique et politique de l’Afghanistan. Les Nations Unies doivent jouer un rôle central dans le processus de redressement de l’Afghanistan.
M. UMIT PAMIR (Turquie) a déclaré que la résolution présentée aujourd’hui marque un tournant dans l’histoire de l’Afghanistan. Elle permettra de démontrer notre solidarité envers les Afghans et notre détermination à les aider. Il s’est félicité de la conclusion de l’Accord de Bonn et a souligné la responsabilité qui incombe au peuple afghan dans son ensemble de mettre de côté les intérêts particuliers et de se concentrer sur l’objectif de construire un pays stable où tous les groupes pourront coexister et prospérer dans l’harmonie et la paix. Il a également souligné le rôle de la communauté internationale dans le processus de redressement de l’Afghanistan. La communauté internationale, a-t-il dit, devra respecter l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Afghanistan. Il a insisté sur l’importance de mobiliser les efforts notamment ceux des institutions de l’ONU pour répondre à la situation humanitaire. La Turquie, a-t-il ajouté, est prête à contribuer aux efforts internationaux visant à aider les personnes déplacées et les réfugiés. Elle est prête à contribuer au processus de réconciliation national en Afghanistan et c’est dans cet esprit qu’elle parraine la résolution, a-t-il conclu.
M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a appelé la communauté internationale à poursuivre ses efforts pour la reconstruction de l’Afghanistan et à prendre des décisions efficaces qui permettent de répondre aux besoins humanitaires et de développement. Cependant, la paix durable, la réconciliation, le reconstruction et le développement ne peuvent être réalisés sans prendre en considération les problèmes du passé et mettre un terme à l’impunité face aux crimes et aux violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international. La Colombie estime également que le peuple afghan a la responsabilité première de trouver une solution pacifique et, dans ce contexte, elle se félicite des accords passés à Bonn. Le représentant a formulé l’espoir que l’Autorité intérimaire réponde aux besoins de la population, contribue à la paix et à la stabilité régionale et internationale en éradiquant de son territoire le terrorisme et les activités liées au trafic de drogue.
Le représentant a en outre indiqué que seul un accord politique fondé sur un dialogue aux niveaux national, régional et international et la mise en place d’un gouvernement multiethnique permettront l'instauration d’une paix durable. De même, l’ONU et la communauté internationale ont un rôle crucial à jouer, en particulier dans le domaine humanitaire et de la sécurité alimentaire. Enfin, le représentant a rappelé que les femmes doivent aussi pouvoir participer pleinement à la vie politique, sociale, culturelle et économique du pays.
M. IFTEKHAR AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a fait observer que l’ère des Taliban Al Qaeda avait été la période la plus noire de l’histoire de l’Afghanistan. Il a appelé toutes les parties à mettre de côté les rivalités et à coopérer avec la communauté internationale. Il a félicité le Royaume-Uni, la France et les autres pays ayant pris l’initiative d’établir une force multinationale. Il a estimé qu’une présence de maintien de la paix des Nations Unies pourrait être envisagée pour relayer cette initiative. Il a insisté sur l’importance de la dimension Sud-Sud de la reconstruction de l’Afghanistan et a indiqué que son pays était disposé à partager son expérience d’une société multiethnique. Il a insisté sur l’importance de veiller au retour des réfugiés et à leur participation, ainsi que celle des femmes afghanes, au processus décisionnel et à l’économie.
M. PAUL HEINBECKER (Canada) a estimé que la constitution du gouvernement intérimaire est un premier pas crucial vers un avenir décent en Afghanistan et offre la première occasion pour instaurer une paix durable dans un pays qui n’a connu que la guerre et la misère. Il en a appelé aux États-Unis d’avoir une attitude cohérente et aux institutions du système de l’ONU pour qu’elles coordonnent leurs actions. Il ne fait aucun doute, a poursuivi le représentant, qu’un appui considérable de la communauté internationale est indispensable. Tout gouvernement afghan doit en outre représenter toute la gamme de la population et faire appel au talent de tous, femmes et hommes.
La stabilité du pays est cruciale pour les efforts de lutte contre le terrorisme mais la sécurité continue d’être préoccupante, a ajouté le représentant. C’est pourquoi le déploiement d’une force de stabilisation est important, notamment en ce qui concerne la protection des civils. Le Canada a d’ailleurs fourni une aide substantielle et a été heureux de répondre aux appels de l’ONU dans le domaine humanitaire. Les efforts dans ce domaine doivent se poursuivre et l’attention doit en particulier être portée sur la coordination des activités des structures d’aide. Enfin, le représentant a indiqué que sa délégation attend avec espoir les résultats des consultations qui se tiennent à Bruxelles et ceux qui seront issus de la conférence des donateurs à Tokyo. Il a également fait remarquer que les pays qui depuis de nombreuses années accueillent les réfugiés afghans et en supportent le lourd fardeau doivent pouvoir bénéficier de l’aide de la communauté internationale.
M. MURARI RAJ SHARMA (Népal) a déclaré que la coalition mise en place à la suite des événements du 11 septembre pourrait marquer un tournant dans les relations internationales. Elle a montré combien les pays peuvent retirer de la coopération. L’Afghanistan peut pour la première fois depuis 20 ans aspirer à un avenir pacifique et la communauté internationale peut-elle s’attendre à une réduction de la menace terroriste. Cependant la menace existe toujours. Il est donc nécessaire de promouvoir le développement durable pour détruire le terreau sur lequel se nourrit le terrorisme. Le représentant s’est félicité de la conclusion de l’Accord de Bonn et de l’initiative visant à dépêcher une force internationale en Afghanistan. Soulignant la gravité de la situation humanitaire en Afghanistan, il a insisté sur la nécessité d’oeuvrer à la reconstruction économique du pays.
M. ALISHER VOHIDOV (Ouzbékistan) a estimé que la résolution répondait aux intérêts de l'Afghanistan et qu'elle contribuerait à la mise en place d'un gouvernement représentatif ainsi qu'à la stabilité régionale et aux bonnes relations avec les pays voisins. Il a exprimé l'appui de son Gouvernement à l’Accord de Bonn qu’il considère comme un premier pas dans la direction de la paix et de la mise en place d'un gouvernement durable. Il a exprimé la compassion de son pays pour les souffrances subies par le peuple martyr d'Afghanistan et a attiré l'attention sur le fait que les affrontements avaient eu pour résultat l'éclatement du pays en différentes factions et l'installation de la méfiance. Compte tenu de cette situation, il s'est prononcé en faveur à l'adoption de mesures favorisant la stabilisation du pays notamment de la fourniture d'une aide au peuple afghan. Il a indiqué que son pays avait envoyé quelque 6 000 tonnes de matériel humanitaire. Le représentant a insisté sur la menace que représente pour la stabilité régionale l'arsenal énorme de matériel militaire, chiffré en millions d'armes à feu qui a été accumulé en Afghanistan et qui se trouve toujours entre les mains de groupes ou de civils. Il a fait valoir qu'il incombait aux institutions des Nations Unies et au Conseil de sécurité de veiller à l'élimination de ces armes.
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