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AG/1205

LE RÔLE DE PLUS EN PLUS INFLUENT DU CONSEIL DE SECURITE APPELLE À UN RENFORCEMENT DE SA COLLABORATION AVEC L'ASSEMBLEE GÉNÉRALE ET LES ETATS MEMBRES

15/10/2001
Communiqué de presse
AG/1205


Assemblée générale

25ème séance plénière – matin


LE RÔLE DE PLUS EN PLUS INFLUENT DU CONSEIL DE SECURITE APPELLE À UN RENFORCEMENT DE SA COLLABORATION AVEC L'ASSEMBLEE GÉNÉRALE ET LES ETATS MEMBRES


Le rapport du Conseil de sécurité suscite

de nombreuses observations à l'Assemblée générale


Même si la première des réunions consacrées par l'Assemblée générale à l'examen du rapport du Conseil de sécurité a mis en évidence le rôle de plus en plus actif et influent joué par le Conseil dans le règlement des grands dossiers internationaux, son action n'en a pas moins suscité de nombreuses critiques de la part des délégations qui ont pris la parole ce matin.  Il a été en particulier reproché au Conseil de se saisir de questions qui sont du ressort de l'Assemblée, une démarche encouragée par l'effacement de celle-ci, comme l'a formulé le représentant de l'Algérie, qui a dénoncé les mises en scène médiatiques sans lendemain, organisées par le Conseil et a demandé à l'Assemblée de regagner le terrain perdu à moins que l'Assemblée générale ne veuille renoncer définitivement au statut que la Charte lui reconnaît, celui de premier organe principal de l'Organisation.  D'autres prises de positions comme celle du représentant des Pays-Bas ont appelé à des changements de méthodes et ont estimé que les questions de sécurité ne pouvaient être gérées efficacement par une poignée de puissances, ce qui a été amplement démontré par les événements du 11 septembre.  D'autres ont dénoncé le droit de veto comme un obstacle anachronique et peu démocratique à la prise de décision. 


Le rapport lui-même a été l'occasion de très vives critiques; la plupart des délégués ont déploré le caractère de simples compilations de textes déjà publiés et dépourvues de la moindre analyse.  Certains y ont vu un manque de sérieux, d'autres ont invité le Conseil à s'inspirer du rapport du Secrétaire général "bref et analytique" qui, aux dires du représentant de Singapour, n’a coûté que 46 000 dollars alors que les 571 pages du rapport du Conseil ont entraîné une dépense de 581 000 dollars.


Dans sa présentation du rapport, le Président du Conseil de sécurité, M. Richard Ryan (Irlande) avait mis l'accent sur l'intensité du travail fourni par le Conseil, celui-ci ayant adopté, au cours de la période considérée, 52 résolutions.  Il a annoncé que le Conseil se proposait de réfléchir à une nouvelle formule pour son rapport et a promis à l'Assemblée que ces réflexions devraient se refléter dès sa prochaine édition.


Outre les délégations déjà citées, les représentants des pays suivants se sont également exprimés : Costa Rica, Colombie, République islamique d'Iran, Brésil, Malaisie, Pérou, Afrique du Sud, Cuba, Bulgarie et Japon.


L'Assemblée générale poursuivra son débat sur le rapport du Conseil de sécurité cet après-midi, à 15 heures.


RAPPORT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ


Documentation


Le rapport du Conseil de sécurité (A/56/2) présente les activités du Conseil pendant la période allant du 16 juin 2000 au 15 juin 2001.


Dans sa communication faite en vertu du paragraphe 2 de l'Article 12 de la Charte des Nations Unies (A/56/366), le Secrétaire général porte à la connaissance de l'Assemblée générale les questions relatives au maintien de la paix et de la sécurité internationales dont est saisi le Conseil de sécurité et celles dont il n'est plus saisi.


Déclarations


M. RICHARD RYAN, Président du Conseil de sécurité (Irlande), a mis l'accent sur l'intensité du programme de travail du Conseil de sécurité qui pendant la période considérée, a tenu 173 réunions, a adopté 52 résolutions et 35 déclarations de son Président.  Il a rappelé que le Conseil s'était tout particulièrement attaché au règlement des conflits régionaux et des conflits en général.  Il a cité notamment les travaux du Conseil sur les conflits africains tels que ceux qui affligent la Sierra Leone, la République démocratique du Congo, le Burundi, l'Angola, le Sahara occidental et la Guinée.  Le Conseil a envoyé une Mission interinstitutions en Afrique occidentale et s’est également saisi de la situation au Timor, dans les Balkans, en Iraq ainsi que des questions plus générales de paix et de sécurité telles que la protection des femmes, des enfants et des civils dans les conflits armés.


M. Ryan a également insisté sur l'attention portée par le Conseil aux questions liées à la prévention des conflits et sur les efforts qu'il avait faits pour développer les contacts avec les parties en conflit ainsi qu'avec les pays contributeurs de contingents.  Il a fait observer que le Conseil avait pris des mesures pour améliorer ses procédures en organisant notamment des réunions publiques ouvertes à tous les Etats Membres.  Il a conclu en rappelant que le Conseil de sécurité attachait une grande importance à l'examen de ce rapport par l'Assemblée et le considérait comme un élément important du dialogue entre les deux principaux organes des Nations Unies.  Il a précisé que le Conseil examinerait dans les semaines qui viennent la forme et le fond de ce rapport et que le fruit de leur réflexion se reflèterait dans la prochaine édition de ce rapport en 2002.


M. BERND NIEHAUS (Costa Rica) a déclaré que le Conseil de sécurité a contribué de façon substantielle au fait que le prix Nobel ait été attribué au Secrétaire général et aux Nations Unies.  Il a estimé que le rôle du Conseil était vital pour le futur de l’humanité et qu’à la suite de sa réaction aux crimes du 11 septembre dernier, il avait promulgué pour la première fois une législation pour le reste de la Communauté internationale.  Il a félicité le Conseil de sécurité pour avoir adopté des mesures claires et fortes face aux crimes du 11 septembre.  Cependant il a demandé que le Conseil exerce ses pouvoirs de façon responsable, qu’il consulte de façon efficace et transparente les autres membres de la Communauté internationale.  Ses priorités, a-t-il poursuivi, doivent se conformer au respect des droits fondamentaux et le promouvoir.  Concernant le recours à la force, il a estimé qu’une autorisation préalable du Conseil de sécurité est indispensable, et qu’il faut être prudent dans le recours à la légitime défense.

Il a poursuivi en regrettant que tous les efforts du Conseil de sécurité n’aient pas eu le même succès, et a cité à titre d’exemples les cas de l’Afghanistan, du Moyen-Orient, de la région des Grands Lacs, de l’Afrique de l’Ouest, et de l’Iraq.  Il a estimé que la Communauté internationale ne peut continuer à assister passivement aux génocides, aux massacres et aux guerres car la prévention des conflits armés demande de faire face aux causes structurelles de ces crises. Or, a-t-il poursuivi, certains gouvernements et dirigeants à qui incombent cette tâche, nourrissent des tensions sociales et incitent aux conflits armés.  Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité peut, à cet égard, jouer un rôle clef dans la prévention des conflits.  Il doit utiliser, a-t-il indiqué, toutes ses ressources diplomatiques, juridiques et politiques à cette fin.


M. ALFONSO VALDIVIESO (Colombie) a regretté que la proposition de procéder à un débat au sein du Conseil de sécurité afin de parvenir à l’élaboration d’un rapport utile n’ait pas été suivie d’effet.  L’examen du rapport en séance publique n’est qu’une formalité qui ne reflète pas son importance politique.  Le représentant a exprimé son insatisfaction face à l’absence de sérieux et d’analyse dans le rapport.  Ce dernier, a-t-il poursuivi, ne reflète pas la responsabilité politique des actions du Conseil ni ses omissions face à l'Assemblée générale.  Il s’agit juste d’une énumération de ses activités et un recueil de textes déjà publiés.  Il n’existe par conséquent pas de document analytique riche en informations, de document concis et exhaustif qui renforcerait la relation entre le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale.


M. Valdivieso a reconnu qu’il y avait eu par le passé des tentatives de réformes malgré des résistances politiques.  Cependant, a-t-il souligné, il faut affirmer de façon catégorique que ces rapports n’ont pas de valeur ajoutée et ne contiennent pas d’évaluation adéquate de la façon dont le Conseil s’est acquitté de ses responsabilités.  Le représentant a évoqué la récente résolution 1373 sur le terrorisme et a affirmé qu’elle ne pourrait être suivie d’effet que si elle bénéficie de la coopération de la majorité des Etats Membres de l’ONU.  Par conséquent, les caractéristiques particulières de cette résolution ainsi que la nécessité de formuler un consensus général contre le terrorisme doivent amener la communauté internationale à réfléchir sur l’utilité d’un tel rapport.  Il est indispensable d’établir un système collectif d’information qui montre la confiance des Membres de l’Organisation dans le Conseil de sécurité et le rapport doit être l’élément central pour un appui politique.  En conclusion, le représentant a exprimé l’espoir que, lors de la prochaine Assemblée générale, il sera possible aux Etats Membres de prendre connaissance d’un meilleur rapport qui s’adapte aux nouvelles exigences de la paix et de la sécurité internationales.


M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a exprimé son appréciation pour le rôle de plus en plus actif et influent que le Conseil assume désormais sur la scène internationale dans la prévention et le règlement des conflits.  Il a regretté cependant que le Conseil qui, à chaque occasion, souligne la nécessité de protéger les populations civiles dans les zones de conflit n'ait pu surmonter ses divergences lorsqu'il s'est agi de déployer des observateurs internationaux dans les territoires palestiniens afin de protéger les populations civiles palestiniennes livrées à l'arbitraire et à la brutalité des forces de sécurité israéliennes.


M. Baali a non seulement regretté la concertation "plus qu'insuffisante" entre le Conseil de sécurité et l'Assemblée générale, mais il a déploré aussi la tendance de plus en plus marquée du Conseil à se saisir de questions qui sont du ressort de l'Assemblée générale qui elle-même a tendance à se laisser dessaisir sans résister ni réagir, a-t-il déclaré.  En effet, de plus en plus de débats dits thématiques qui relèvent de la compétence de l'Assemblée, sont organisés par le Conseil à grands renforts de publicité médiatique mais demeurent essentiellement des mises en scène sans lendemain.  De fait, a poursuivi le représentant, encouragé par l'effacement progressif de l'Assemblée générale qui se transforme de plus en plus en simple forum de délibération comme elle l'a encore démontré il y a une semaine quand, après le débat le plus substantiel qu'elle ait eu depuis des années sur une question donnée, n’est pas parvenue à articuler son rejet pourtant unanime du terrorisme dans une résolution de consensus, le Conseil de sécurité, multiplie les incursions dans le champ de compétence de l'Assemblée, voire dans celui des conférences diplomatiques.  M. Baali a plaidé pour que des relations plus équilibrées s’établissent entre les deux organes.  Cela signifie, que le Conseil de sécurité doit faire l'effort de respecter scrupuleusement le mandat que lui confère la Charte et surtout qu'au lieu de se livrer chaque année à une toilette sommaire de son apparence extérieure, l'Assemblée générale s’attache à recouvrer la plénitude de ses prérogatives.  C'est là le défi que nous devons relever ensemble, a-t-il conclu, sauf à vouloir que l'Assemblée générale renonce définitivement au statut que la Charte lui reconnaît, celui de premier organe principale de notre Organisation, et que nous abdiquions définitivement nos droits d'Etats souverains.  Il a appelé le Président de l'Assemblée générale à se saisir de la résolution 51/241 pour faire déboucher le débat en cours sur des mesures concrète.


M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d’Iran) a évoqué la résolution 51/193 de l'Assemblée générale qui exhorte le Conseil de sécurité à fournir des informations sur toutes ses activités et les consultations préalables aux décisions qu’il prend, a constaté que le présent rapport de 571 pages couvrant la période du 16 juin 2000 au 15 juin 2001, n’était toujours qu’une compilation d’activités et de faits.  Soulignant, à titre d’illustration, les 185 consultations plénières totalisant 325 heures de débat, comparées aux 173 réunions formelles, il a relevé toute l’importance des réunions informelles et n’a pu que déplorer l’absence d’un mécanisme d’information qui permette aux non membres de se faire une idée de la façon dont les décisions sont prises au Conseil de sécurité.  Il a estimé que l’objectif de la résolution 51/193, prévoyant un véritable compte rendu substantiel et analytique et des informations sur les consultations plénières, était loin d’être atteint.  Il a néanmoins reconnu les progrès réalisés dans la rédaction de ce rapport tant au point de vue de son contenu que de la méthodologie, et a exprimé l’espoir de voir cette démarche vers plus de transparence se maintenir, de façon à refléter plus fidèlement l’ensemble des travaux du Conseil de sécurité.


Faisant référence à la situation du Moyen-Orient, il a dénoncé la carence du Conseil de sécurité face aux actes inhumains et agressifs commis par le régime israélien, et a regretté que l’usage ou la menace de l’utilisation du droit de veto ait souvent paralysé l’action du Conseil de sécurité en ce domaine.  Le Conseil de sécurité, a-t-il poursuivi, ne s’acquitte pas de sa responsabilité dans la mesure où il n’a pas su faire face à la menace à la paix et à la sécurité,


et à protéger les Palestiniens.  S’agissant de la situation en Afghanistan, il a fait part de l’engagement de la République islamique d’Iran à prêter un appui actif aux efforts des organisations internationales pour garantir la paix et la sécurité en Afghanistan.  Il a dénoncé le régime taliban, l’accueil des terroristes, le trafic de stupéfiants et le massacre de la minorité chiite afghane auxquels se livrait ce régime.  Le représentant s’est également dit préoccupé par les comptes rendus dans les médias qui font état des nombreuses pertes civiles à la suite des raids aériens et a appelé les pays à l’origine de ces bombardements à faire preuve de plus de retenue et de discernement dans leurs actes.


M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) a regretté la participation modeste au débat d’aujourd’hui, qui est, selon lui, le plus important  après celui qui a eu lieu sur le terrorisme.  Nous avons besoin de liens basés sur la confiance entre l’Assemblée générale et le Conseil de sécurité, a-t-il indiqué, et cela devrait être l’objectif clef de ce débat.  En effet le Conseil est l’instance la plus puissante dans le monde entier et il ne fait qu’étendre silencieusement et progressivement les pouvoirs qui lui ont été conférés par la Charte.  Il a en outre fait état de sa perplexité devant le fait que le rapport du Conseil de sécurité ne soit pas considéré par les Etats Membres comme une occasion importante de réfléchir sérieusement et qu’il ait été adopté sans discussions sérieuses par le Conseil.  Le représentant a également déploré que le rapport soit une réimpression de documents déjà disponibles et a suggéré au Conseil de sécurité de produire un rapport qui ressemblerait à celui du Secrétaire général, c’est-à-dire bref et analytique de 45 pages qui n’a coûté que 46 000 dollars alors que les 571 pages du rapport du Conseil ont coûté 581 000 dollars.  Il a regretté que les suggestions exprimées l’année précédente par certaines délégations sur l’amélioration de ce rapport par le Conseil de sécurité n’aient pas été prises en compte.  Nous avons un intérêt particulier à ce que le Conseil soit fort et non faible, a-t-il poursuivi.  Il a encouragé les membres de l’Assemblée générale à exprimer leurs points de vue au Conseil pour la restructuration de ce rapport, car les précédents débats de l’Assemblée générale à cet égard n’ont été jusqu’ici que purement formels.


Le représentant de Singapour a suggéré que le rapport du Conseil de sécurité contienne des descriptions visant à quantifier l’action du Conseil, à produire des analyses sur ses contributions à la paix et ses prescriptions pour son maintien.  Le représentant a rappelé les succès du Conseil mais a aussi fait observer que le Conseil fait des erreurs et peut donc être amélioré.  Il a déploré qu’aucune réponse n’ait été donnée aux remarques faites par Singapour à cet égard.  Le Conseil de sécurité est clairement l’une des institutions les plus conservatrices, a-t-il indiqué.  Tout en conseillant au Conseil de changer en tirant les leçons du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale, il a aussi indiqué que l’Assemblée générale ne devrait pas être surprise si elle était tenue pour responsable de l’échec des tentatives visant à rendre le Conseil responsable devant la Communauté internationale.


M. GELSON FONSECA JR. (Brésil) s’est déclaré très déçu par le rapport du Conseil de sécurité, parce qu’il n’était pas conforme aux efforts de transparence qu’on serait en droit d’attendre à savoir : élaborer des documents sérieux, analytiques et riches en informations, car la qualité des informations est plus importante que la taille du document.  Il a regretté que la plupart des commentaires des Etats Membres ne puisse être fondée que sur des informations obtenues ailleurs que sur la base du rapport et a fait siennes les propositions


faites par les représentants précédents quant aux attentes en matière de transparence et de qualité du rapport.  Il a également suggéré que le Conseil de sécurité puisse établir des rapports spéciaux sur des questions thématiques ou difficiles en organisant des débats ciblés sur ces problèmes plusieurs fois par an, et d’envisager de créer un groupe de travail spécifique sur ces questions.  Il a par ailleurs demandé qu’il soit procédé à une véritable évaluation du rapport du Conseil de sécurité par le Président de l'Assemblée générale.


M. Fonseca a réclamé des dialogues plus ouverts, et s’est félicité des sessions mensuelles de récapitulation, la tenue de séances publiques allant dans le sens de la transparence, pour une meilleure interaction avec tous les Etats Membres, qui doivent pouvoir percevoir la position des membres du Conseil de sécurité, sur les différentes questions, afin de ne pas pénaliser l’action des Nations Unies et ses grands idéaux.  A cet égard, il a cité la récente mise en place du Comité contre le terrorisme comme un exemple de ce qu’il fallait faire.  En conclusion, après avoir souligné les succès rencontrés en Angola en matière de sanctions et au Timor oriental notamment, le représentant du Brésil a renouvelé sa confiance au Conseil de sécurité dont la résolution 1373 illustre parfaitement que le Conseil peut agir avec rapidité et efficacité.


M. AGAM HASMY (Malaisie) a rappelé que les États Membres attendaient un rapport analytique et riche en informations et, tout en se félicitant de sa présentation améliorée, il a regretté la nature descriptive des éléments qui y figurent.  Il a souhaité que le président du Conseil dispose de plus de latitude afin de mener à bien une analyse des problèmes qui se sont posés durant son mandat.  Un débat au sein du Conseil portant sur les propositions et les observations des États Membres devrait avoir lieu à la suite de cette session.  Le maintien de la paix et de la sécurité internationales requiert une approche intégrée et l’élaboration de stratégies cohérentes et globales.  Cependant, le Conseil doit se garder d’empiéter sur des domaines qui ne relèvent pas de sa compétence et il ne doit pas lancer de débat thématique sans raison.  Le représentant a encouragé la convocation de réunions privées afin d’améliorer le processus de décision du Conseil mais ces dernières ne doivent pas remplacer une action efficace et rapide.  Il s’est en outre félicité des missions du Conseil sur le terrain qui doivent se conclure par la tenue de réunions ouvertes pour une meilleure transparence. 


M. Hasmy a estimé qu’une réforme du Conseil était indispensable, notamment en ce qui concerne la pratique anachronique et antidémocratique du droit de veto qui mène le Conseil à des impasses et paralyse son action.  En matière de sanctions imposées par le Conseil, le représentant a rappelé que le Secrétaire général avait lui-même souligné le problème moral qu’elles posaient.  La Malaisie est opposée aux sanctions qui sont une arme brutale qui punissent des innocents.  Les sanctions ne doivent être imposées qu’après une analyse précise de leur impact et elles doivent avoir l’effet désiré sur les populations visées.  Elles doivent en outre être suivies d’évaluations régulières.  Nous espérons que le Conseil élaborera des sanctions plus efficaces, a-t-il déclaré, et que certaines d’entre elles ne seront pas prises en fonction de considérations politiques. 


Il s’est félicité de la levée des sanctions contre le Soudan et a souhaité qu’il en soit de même pour la Libye et l’Iraq.  En ce qui concerne les relations entre les pays contributeurs de troupes et le Conseil de sécurité, le représentant a regretté que les pays contributeurs de troupes ne participent pas à toutes les phases des opérations de maintien de la paix car cela permettrait de faire face aux différentes conceptions relatives aux stratégies militaires.  Enfin, il a félicité le bureau du Groupe de travail d’avoir permis une interaction avec les membres du Conseil et a salué les efforts du Secrétaire général pour passer d’une culture de réaction à une culture de prévention.


M. DIRK JAN VAN DEN BERG (Pays-Bas) a fait observer que la question centrale actuellement était celle de la connexion entre le Conseil de sécurité et les Etats Membres.  Il a estimé que les questions de sécurité ne pouvaient pas être gérées efficacement par une poignée de puissants mais que des coalitions plus larges, en termes de géographie et de capacités, étaient nécessaires pour surmonter les conflits et autres menaces auxquels doit faire face la communauté internationale.  Cette nécessité a été mise en évidence, selon lui, par les événements du 11 septembre et les jours qui ont suivi.  Le Conseil de sécurité a parfaitement compris qu'il était important d'impliquer l'ensemble des Etats Membres au sujet d’une question qui avait des conséquences pour tous.  Il a proposé de se saisir de la dynamique actuelle pour forger des lieux efficaces entre le Conseil et les Etats Membres, un mécanisme qui puisse se mobiliser à n'importe quel moment dans le cadre d'un mandat du Conseil, a-t-il suggéré.


Le représentant a souligné les progrès réalisés en ce qui concerne la transparence des travaux du Conseil, notamment à l'égard des pays contributeurs de troupes et a attribué ces progrès aux efforts incessants du Groupe de travail sur la réforme du Conseil.  Tout en signalant également des progrès "considérables" dans la coordination des institutions du système de l'Organisation des Nations Unies, il a indiqué qu'il n'en allait pas de même pour les organes intergouvernementaux qui, a-t-il dit, ne coopèrent ni ne coordonnent leurs efforts.  Il a regretté que le rapport du Conseil de sécurité, qu'il a qualifié de somme encyclopédique, soit peu à même d'alimenter un débat inspiré.  Il a suggéré au Conseil de sécurité de s’inspirer à l'avenir du rapport annuel du Secrétaire général.


M. OSWALDO DE RIVERO (Pérou) s’est déclaré convaincu qu’une interaction souple et périodique entre le Conseil de sécurité et les Etats Membres de l'Organisation est fondamentale pour faciliter la réalisation de consensus qui permettent de faire face avec efficacité aux questions liées à la paix et à la sécurité internationales, comme ce fut le cas de l’adoption de la résolution 1373 relative au terrorisme.  Par ailleurs, il a appelé l'Assemblée générale à respecter la résolution 51/241 d’août 1997 relative au renforcement du système des Nations Unies et appelant à des consultations officieuses, afin d’examiner le contenu des mesures que l'Assemblée générale devra adopter après les débats.


Se félicitant de la mise en place du Comité contre le terrorisme, il a fait part du souhait de son pays d’y nommer un expert et a exprimé l’espoir que ce Comité, loin de se limiter à un comité d’experts, sera  ouvert aux banques qui sont appelées à lutter contre les mouvements de fonds des terroristes et à l’ensemble des ONG concernées par ce fléau.  Il a évoqué la résolution 1353 pour demander qu’en matière d’opérations de maintien de la paix, les pays fournisseurs de contingents puissent participer à l’élaboration même du mandat et à sa mise en place, dans le souci d’augmenter les possibilités de succès de ces missions.  En conclusion, il a exprimé l’espoir que le Conseil de sécurité adoptera une bonne approche plus transparente afin de pouvoir gérer les conflits avec une plus grande efficacité.


M. DUMISANO S. KUMALO (Afrique du Sud) a constaté la progression constante des tâches du Conseil de sécurité et a recommandé qu’il reconsidère sa décision relative au format de son rapport et essaye de réduire le nombre de documents présentés ultérieurement qui se retrouvent inutilement dans le rapport.  Celui-ci serait plus facile à lire, a estimé le représentant.  Nous avons besoin d’un Conseil de sécurité et d’une Assemblée générale qui œuvrent étroitement ensemble, a-t-il poursuivi.  Certains membre du Conseil de sécurité ont argué du fait que les menaces du VIH/sida et de la rareté de l’eau déclencheront d’autres conflits dans l’avenir, ce qui selon le représentant, appelle les organes des Nations Unies à travailler ensemble.  Il a déploré que le Conseil de sécurité et le Conseil économique et social ne se soient pas encore réunis et a souhaité que des ressources nécessaires soient dégagées pour résoudre les conflits en Afrique et notamment le défi grave que constitue la situation au Burundi.  Concernant le processus Kimberley, le représentant s’est félicité des efforts déployés et a lancé un appel à ce que les comités de sanction harmonisent leurs travaux.  En citant la nouvelle politique africaine, il a souhaité que l’on aborde les problèmes de paix et de sécurité mondiaux en se fondant sur les conditions de vie dans les pays en développement. Le représentant a prié instamment le Conseil de sécurité de répondre de façon urgente à la nécessité de résoudre le conflit du Moyen-Orient, et il a appelé au déploiement de mécanismes d’observateurs internationaux crédibles pour surveiller la mise en œuvre du rapport Mitchell.


Il s’est aussi félicité de la relation solide entre le Conseil, le Secrétariat et les pays contributeurs de troupes dans le conflit de la Sierra Leone.  Il a apprécié les tentatives du Conseil de sécurité de promouvoir la transparence, d’avoir mené des débats publics, et d’avoir amélioré ses relations avec certains membres.  Il a cependant estimé que le Conseil doit examiner l’efficacité de ses actions concernant la résolution des conflits et la mise en place d’une paix durable.  La sécurité ne peut être atteinte par une minorité alors que le plus grand nombre connaît une insécurité tentaculaire, a-t-il indiqué. La sécurité doit être obtenue par la résolution des causes premières des conflits et de l’instabilité.  Pour conclure, le représentant de l’Afrique du Sud a estimé plus important que jamais que soit réformé le Conseil de sécurité en augmentant à la fois le nombre de ses membres permanents et non-permanents dans le sens d’une plus grande représentativité régionale.


M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a indiqué que, plutôt qu’une compilation de documents, sa délégation souhaitait pouvoir disposer d’un document analytique.  Le rapport doit refléter ce qui a été fait et expliquer les raisons pour lesquelles certaines actions n’ont pas été accomplies.  Les opinions différentes des membres du Conseil de sécurité devraient également pouvoir être reflétées.  Il a poursuivi en indiquant que les États Membres avaient le droit légitime et le devoir d’évaluer les actions du Conseil de sécurité.  Il est indispensable d’établir des méthodes de travail transparentes et une interaction réelle entre l'Assemblée générale et le Conseil de sécurité.  Le représentant a en outre regretté la pratique régulière et non exceptionnelle des réunions de consultations en séances privées.  Il a insisté sur le caractère indispensable des réunions de récapitulation mensuelles des travaux du Conseil et a souligné l’importance de permettre la présence d’États qui ne sont pas membres du Conseil ainsi que leur participation active afin de permettre un échange véritable.


M. Parrilla s’est inquiété de la pratique du Conseil qui consiste à discuter de thèmes et à approuver des textes sur des questions qui ne relèvent pas de son mandat.  Le Conseil ne devrait pas assumer des fonctions qui correspondent à celles de l’Assemblée générale et des autres organes de l’ONU.  Une plus grande coordination entre les différents organes sur la base d’une participation équitable est donc indispensable.  Le représentant a ajouté que seule une réforme du Conseil de sécurité pourrait aider à la résolution des problèmes qui se posent à son fonctionnement.  La pratique anachronique et antidémocratique du droit de veto doit disparaître.  Cependant, M. Parrilla s’est félicité de ce que, en dépit d’obstacles, quelques avancées aient été réalisées, au nombre desquelles figurent la réduction du nombre de séances privées, la plus grande interaction entre le Conseil de sécurité et les pays contributeurs de troupes, la page Internet réalisée par les différentes présidences concernant leur travail et les évaluations mensuelles qu’ils préparent ainsi que l’existence d’une séance de travail avec les membres du Conseil de sécurité dans le cadre de la réunion du Groupe de travail de l’Assemblée sur la réforme du Conseil.


M. STÉPHANE TAFROV (Bulgarie) s’est félicité des informations complètes et détaillées contenues dans le rapport, lequel reflète les efforts considérables déployés par le Conseil de sécurité afin de prévenir les conflits armés et régler les différends par des moyens pacifiques.  Il a exprimé sa satisfaction face à la mention particulière faite dans le rapport aux actions du Conseil en Afrique et a souligné les efforts méritoires déployés pour circonscrire les conflits.  M. Tafrov a formulé l’espoir de voir la paix et la stabilité s’enraciner dans les Balkans occidentaux.  Il a indiqué son soutien à la Mission intérimaire des Nations Unies au Kosovo et a rappelé l’importance que sa délégation accorde à une participation active aux élections de novembre prochain.  Il s’est félicité de l’envoi de missions qui, même si elles ne se traduisent pas toujours par des avancées majeures dans le règlement des conflits, sont devenues un instrument irremplaçable pour l’accomplissement efficace des tâches du Conseil. 


En matière de sanctions, M. Tafrov a indiqué que son pays estime qu’il est indispensable de veiller à ce qu’un certain ajustement aboutisse à une méthodologie claire et cohérente en ce qui concerne leur imposition et leur levée.  Cette méthodologie doit tenir compte des populations civiles et des intérêts des pays tiers.  La Bulgarie salue en outre le renforcement de la coopération et de la coordination entre le Secrétariat de l’ONU, le Conseil et les pays fournisseurs de contingents pour les opérations de maintien de la paix. 


M. YUKIO SATOH (Japon) a demandé que les suggestions faites par les autres délégations dans l'optique d'une amélioration du fond et de la forme du rapport de Conseil de sécurité soient prises en sérieuse considération par le Conseil.  Il a fait observer qu'il était devenu de plus en plus évident, au cours des dernières années, que les activités et les décisions du Conseil dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité internationales couvraient un éventail toujours plus large de secteurs.  Il a estimé que ce phénomène montre que le Conseil ne saurait faire face à lui tout seul aux défis auxquels il est confronté mais qu'il avait besoin de la coopération pleine et entière de l'ensemble de la communauté internationale pour mettre en œuvre ses décisions.  Il a demandé que les critères de décision définissant la participation des pays non membres aux travaux du Conseil soient établis en se fondant sur l'Article 31 de la Charte et l’article 37 des règles de procédure du règlement provisoire du Conseil.


Tout en indiquant qu'il développerait son point de vue sur cette question ultérieurement, le représentant a déclaré que les responsabilités croissantes du Conseil de sécurité rendaient d'autant plus urgente une prise de décision sur la question, depuis longtemps en suspens, de la réforme du Conseil de sécurité.


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