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OBV/187

JOURNEE MONDIALE CONTRE LE SIDA: LES HOMMES ONT LE POTENTIEL DE CHANGER LE COURS DE LA PANDEMIE

1 décembre 2000


Communiqué de Presse
OBV/187
PI/1311


JOURNEE MONDIALE CONTRE LE SIDA: LES HOMMES ONT LE POTENTIEL DE CHANGER LE COURS DE LA PANDEMIE

20001201

“Dans la lutte contre le Sida, le silence est un ennemi aussi grand que le virus lui-même”, a déclaré, ce matin, Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, alors que l’Organisation observait pour la treizième année consécutive la Journée mondiale contre le sida. Point culminant de la campagne mondiale de lutte contre le sida, menée par le programme ONUSIDA depuis 1996, la Journée avait cette année pour thème « les hommes font la différence ».

Pourquoi s’adresser tout particulièrement aux hommes? Parce qu'un homme a participé à presque chaque transmission du VIH/sida dans le monde, et parce que les hommes ont le pouvoir de se protéger, en même temps que leur partenaire, a expliqué M.Elhadj Sy, Représentant du Bureau de liaison à New York du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA). Il faut donc, ainsi que l’a rappelé Mme Fréchette, les encourager à faire face au problème du VIH/sida sans honte et la tête haute. Pour aller plus loin dans la lutte contre l’expansion de la maladie, il faut aussi, a insisté pour sa part, le Secrétaire général adjoint à l’information et à la communication, M. Kensaku Hogen, qui a ouvert la réunion, modifier notre conception de la masculinité, en travaillant à changer l'idée que les hommes ont de leur sexualité et la manière dont les adolescents sont socialisés pour devenir des hommes. De son côté, le Président de la cinquante- cinquième session de l'Assemblée générale, M. Harri Holkeri, a indiqué que ce 1er décembre marque non seulement la Journée mondiale contre le sida mais aussi le lancement du processus de préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le VIH/sida qui se tiendra en juin 2001.

Après ces déclarations liminaires, un débat animé par M. Riz Khan de CNN International, et rassemblant diverses personnalités dont Mmes Nafis Sadik, la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), Carol Bellamy, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ou encore Wendy Fitzwilliam, Miss Univers 1998 et Ambassadrice de bonne volonté pour ONUSIDA, a eu lieu. La discussion a notamment été illustrée par l’expérience du programme “LoveLife”, dont plusieurs jeunes représentants étaient présents. Lancé il y a un peu plus d’un an en Afrique du Sud, ce programme s’attache à inciter un changement de comportement chez les jeunes dans ce pays qui est le plus touché au monde.

Déclarations

M. KENSAKU HOGEN, Secrétaire général adjoint à l’information et à la communication, a rappelé que la Journée mondiale contre le sida a été lancée le 1er décembre 1988 par l'Organisation mondiale de la santé et que, depuis, l'Assemblée générale a souligné son importance chaque année. Depuis la création en 1996 du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), les activités d’une journée ont été étendues à la Campagne mondiale contre le sida durant toute l’année, la Journée mondiale en étant l’événement central.

Cette année, le thème de la Campagne et celui de la Journée est "sida, les hommes font la différence". Expliquant ce thème, M. Hogen a déclaré que, selon l’ONUSIDA, les hommes peuvent infléchir le cours de l'épidémie en adoptant une attitude et des comportements plus positifs. Le Secrétaire général adjoint a conclu en soulignant qu'en modifiant notre conception de la masculinité, en travaillant à changer l'idée que les hommes ont de leur sexualité et celle dont les adolescents sont socialisés pour devenir des hommes, nous pouvons aller loin dans la lutte contre l'expansion de la maladie.

Président de la cinquante-cinquième session de l'Assemblée générale, M. HARRI HOLKERI (Finlande) a indiqué que cette journée du 1er décembre est celle de la Journée internationale contre le sida mais aussi du lancement du processus de préparation de la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le VIH/sida qui se tiendra en juin 2001. Le Président a estimé que le thème "Les hommes font la différence" qui a été choisi cette année pour la Journée jouera un rôle décisif dans nos efforts pour mettre un frein à l'expansion de cette maladie dévastatrice.

"Nous devons nous adresser tout spécialement aux hommes", a souligné M. Holkeri. Pourquoi? Parce qu'un homme a participé à presque chaque transmission du VIH dans le monde, et parce que les hommes ont le pouvoir de se protéger, en même temps que leur partenaire. En soulignant que "les hommes font la différence", nous rendons également hommage à ceux qui ont d'ores et déjà adopté un comportement responsable et attentionné. Il nous reste à convaincre les hommes qui ressentent l'utilisation d'une protection contre le VIH/sida et les autres maladies sexuellement transmissibles (MST) comme une atteinte à leur virilité. La masculinité est une force positive et nous devons exploiter tout son potentiel pour stopper l'expansion du sida. L'évènement auquel nous participons aujourd'hui contribuera à un changement positif des attitudes et des comportements.

Poursuivant, M. Holkeri a estimé qu'une éducation sur le VIH/sida et les autres maladies sexuellement transmissibles est la meilleure assurance-vie que l'on puisse offrir aux jeunes. Il a également été d'avis que tous les programmes scolaires ou éducatifs devraient transmettre les connaissances indispensables sur la vie humaine. Car, chaque jour, environ 15 000 personnes sont infectées par le VIH. Elles sont en majorité des jeunes et les jeunes femmes et les fillettes sont plus vulnérables que les garçons. Plus de 34 millions de personnes vivent avec le VIH/sida et, rien qu'en 1999, il y a eu 5,4 millions de contaminations. Les jeunes âgés de 15 à 24 ans sont les plus exposés et représentent plus de la moitié des nouvelles contaminations.

Le Président de l'Assemblée générale a ajouté que lors de l'examen après 5 ans du Plan d'action du Caire, les Etats Membres des Nations Unies se sont engagés à réduire leur vulnérabilité à l'infection au VIH en s'assurant qu'en 2010, au moins 95% des jeunes femmes et hommes de ce groupe d'âge auront accès aux méthodes de prévention ainsi qu'à l'information sur cette maladie. Il a ensuite rappelé que lors du Sommet du millénaire, les chefs d'Etat et de gouvernement sont tombés d'accord sur le fait que le VIH/sida est un danger pour le développement et une importante cause de pauvreté, et sur le fait qu'il représente l'un des trois grands problèmes devant être résolus en Afrique, continent aujourd'hui le plus touché par la pandémie. M. Holkeri a ensuite rendu hommage à l'oeuvre accomplie par les nombreuses institutions et organisations, de la famille des Nations Unies ainsi que les autres, nationales, régionales et mondiales, en particulier les nombreux groupes de volontaires qui travaillent pour combattre le VIH/sida.

En conclusion, M. Holkeri s'est adressé aux mères, pères, grands-parents, oncles, frères, soeurs ou amis de personnes jeunes. Il leur a déclaré que les modèles et les attitudes se forgent "à la maison" et que nous devons donc tous servir d'exemple et cultiver un esprit de responsabilité, de tolérance, de non- violence, d'égalité entre les hommes et les femmes. Nous pouvons aider les garçons et les jeunes hommes à comprendre qu'ils détiennent un pouvoir positif et ont un rôle potentiel à jouer en tant que pères, maris, frères, fils et amis.

Pour la Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, Mme LOUISE FRECHETTE, ce sont les jeunes engagés dans la lutte contre le sida qui viennent nous rappeler que nous ne sommes pas totalement impuissants devant cette épidémie. Ils ont notamment conscience que l’enjeu de la lutte est d’adopter une attitude responsable, non seulement pour nous-mêmes, mais pour le futur de nos communautés. Le passage à un nouveau millénaire nous donne l’occasion de réfléchir à l’avenir et de déterminer si nous voulons laisser aux générations futures le fardeau d’une pandémie mondiale ou si nous sommes prêts à agir de manière décisive pour arrêter l’avancée du VIH/sida. Car, dans certaines parties du monde, en effet, l’année écoulée a vu une véritable explosion de l’épidémie. Beaucoup de pays néanmoins nous montrent qu’il est possible de faire échec à l’expansion du VIH/sida, mais ce au prix d’une lutte constamment renouvelée.

Chacun d’entre nous peut faire la différence, a poursuivi Mme Fréchette. Et c’est le rôle des hommes qui, cette année, est particulièrement mis en avant. Les hommes peuvent en effet faire une véritable différence en faisant plus attention et en montrant davantage de considération envers les autres, en prenant moins de risques, et surtout en faisant face au problème du VIH/sida sans honte et la tête haute. Dans la lutte contre le sida, en effet, le silence est un ennemi aussi grand que le virus lui-même, a-t-elle insisté, avant d’ajouter que l’on ne peut pas se permettre de rejeter l’épidémie d’un revers de main en pensant que cela n’arrive qu’aux autres. Mme Fréchette a rappelé qu’il y a trois mois, les dirigeants mondiaux se sont engagés à stopper la progression du VIH/sida d’ici 2015. La session extraordinaire de l’Assemblée générale en juin prochain fournira l’occasion de donner suite à cet engagement. L’on pourra notamment renforcer les partenariats si nécessaires entre les gouvernements, les donateurs, la famille des Nations Unies, la société civile et le secteur privé, et ainsi honorer nos responsabilités envers les générations futures.

M. ELHADJ SY, Représentant du Bureau de liaison du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida (ONUSIDA), a expliqué que le thème de la Journée mondiale contre le sida, “Les hommes font la différence”, a été choisi pour exhorter les hommes à participer activement à la lutte contre cette maladie. Des études ont fait apparaître que 45% des femmes séropositives qui ont été contaminées n’avaient qu’un partenaire sexuel. M. Sy a ajouté que la contamination par le VIH/sida est plus fréquente de l’homme vers la femme. Les hommes contractent le virus par des rapports sexuels avec d’autres hommes, par l’injection de drogues ou à travers d’autres contacts.

M. Sy a ensuite souligné qu’il est grand temps que les hommes prêtent plus d’attention aux comportements et habitudes qui mettent leur santé en danger. Ils doivent aussi prendre soin des membres de leur famille touchés par le VIH/sida, et participer à la prévention et au traitement de la maladie. Les hommes doivent aussi s’entraider ou rechercher de l’aide auprès de réseaux de soutien. Les hommes doivent passer de la violence à l’amour et au respect de soi et d’autrui. M. Sy a également estimé que surmonter l’épidémie exige une mobilisation sociale à grande échelle axée sur la prévention et les soins. Une action politique et un changement des comportements individuels sont aussi indispensables. Les hommes peuvent vraiment susciter des changements dans ces domaines d’action, a conclu M. Sy.

Informations de base

Sur les 5,3 milions de personnes infectées par le VIH/sida durant l’année 2000, 2,5 millions sont des hommes. C’est partant de ce constat et du fait que tant que les hommes ne prendront pas la responsabilité de prévenir la transmission du VIH, l’épidémie continuera sa marche, que l’ONUSIDA a fait des “ hommes font la différence” le thème de sa campagne mondiale de 2000. Cette campagne reconnaît le potentiel de changement constructif que détiennent les hommes pour endiguer la transmission du VIH et s’occuper de leurs proches infectés ou orphelins. Après tout, ce sont des hommes, et notamment de la communauté homosexuelle masculine, que les premières réponses à l’épidémie sont venues il y a 20 ans.

L’épidémie touche les hommes comme les femmes, mais le comportement des hommes – souvent influencé par des croyances culturelles pernicieuses concernant la masculinité – en fait les principales cibles de l’épidémie. Les comportements masculins contribuent également aux infections parmi les femmes, qui ont souvent moins le pouvoir de décider où, quand et comment les rapports sexuels ont lieu. Les hommes se conduisent souvent en effet d’une manière qui met leur propre vie en danger, par exemple en ayant des rapports sexuels non protégés avec des femmes ou des hommes, ou en utilisant du matériel d’injection non stérilisé. Ils ont particulièrement besoin d’être soutenus lorsqu’ils sont dans des situations difficiles loin de leur famille --- par exemple s’ils travaillent loin de leur foyer et s’ils sont à l’armée ou en prison.

Trois buts principaux ont été fixés pour cette campagne: prendre davantage conscience du lien entre le comportement des hommes et le VIH; inciter les adolescents et les hommes à s’engager pleinement dans la prévention de la transmission et la prise en charge des personnes touchées; et promouvoir des programmes répondant à la fois aux besoins des hommes et à ceux des femmes.

En se servant des caractéristiques masculines traditionnelles que sont la force, le courage, le leadership et la protection, la Campagne “les hommes font la différence” s’efforce de susciter une remise en question des concepts néfastes associés à la masculinité, tels que l’imprudence et la violence sexuelle.

Cette treizième Journée mondiale contre le Sida intervient à un véritable tournant dans la manière dont la pandémie est perçue dans le monde et notamment dans la sphère politique et diplomatique. Partout que ce soit lors des derniers Sommets du G8 ou du Groupe des 77, la lutte contre le sida a fait l’objet d’un engagement renouvelé. En janvier dernier, réuni pour la première fois de son histoire sur le thème de la santé, le Conseil de sécurité a discuté du sida comme d’un problème touchant à la sécurité des êtres humains. Et le sida a aussi été au centre des discussions du Sommet du millénaire, en septembre dernier. A cette occasion, les dirigeants de la planète se sont d’ailleurs engagés à arrêter la marche de l’épidémie, d’ici à l’an 2015. Du 25 au 27 juin prochains, la session extraordinaire que tiendra l’Assemblée générale pour étudier le problème du Sida sous tous ses aspects fournira l’occasion de donner suite à cette décision.

Selon un rapport publié il y a quelques jours par l’ONUSIDA, en l’an 2000, ce sont quelque 5,3 millions de personnes dans le monde qui ont été infectées, ce qui porte à 36,1 millions le nombre total de personnes vivant avec le VIH ou le sida. L’Afrique subsaharienne demeure la région du monde la plus touchée par l’épidémie puisque 3,8 millions de personnes ont été infectées par le VIH cette année encore, ce qui porte le total des personnes vivant le VIH ou le Sida dans la région à 25,3 millions. Mais la propagation n’est pas limitée au seul continent africain et on constate même les pays les plus nantis continuent d’enregistrer des dizaines de milliers de personnes nouvelles contaminées chaque année, en raison notamment d’une perte de vitesse des efforts de prévention et d’un phénomène de relâchement des comportements sexuels, appelé “relapse”.

Depuis le début de l’épidémie, 21,8 millions de personnes sont décédées du sida, dont trois millions pour la seule année 2000. Au-delà du coût humain incalculable, le sida s’accompagne d’un coût économique que l’on commence aujourd’hui à estimer. Dans les pays les plus touchés, il paralyse les économies nationales et bouleverse le monde des affaires.

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