CONSEIL DE SECURITE : LA SECURITE DU PERSONNEL HUMANITAIRE ET L'INSUFFISANCE DES RESSOURCES DU HCR CONSTITUENT DES PREOCCUPATIONS A RESOUDRE
Communiqué de Presse
CS/2058
CONSEIL DE SECURITE : LA SECURITE DU PERSONNEL HUMANITAIRE ET L'INSUFFISANCE DES RESSOURCES DU HCR CONSTITUENT DES PREOCCUPATIONS A RESOUDRE
20001110A l'occasion de son dernier exposé devant le Conseil de sécurité, Mme Sagato Ogata, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés, a rappelé les activités prioritaires du Haut Commissariat au cours de la dernière décennie. Pendant son mandat au HCR, ses efforts ont notamment porté sur la nécessité de répondre d'urgence aux besoins des groupes de personnes les plus vulnérables en tenant compte des préoccupations des Etats. Elle a souligné que l'efficacité de l'action humanitaire repose essentiellement sur des moyens rapides d'intervention et sur l'existence de ressources adéquates. Dès 1992, le HCR a établi des mécanismes pour répondre rapidement aux mouvements massifs et soudains de populations, essentiellement sur la base du concept des ressources d'alerte qui peuvent être mobilisées et envoyées sur le terrain dans les 72 heures. Mme Ogata a fait observer que, dans la mesure où les réfugiés, tout comme le personnel humanitaire, deviennent la cible d'attaques perpétrées par les adversaires au conflit, la sécurité devient dès lors la condition sine qua non du bon fonctionnement des institutions humanitaires intervenant dans les situations de crises. Conséquemment, il serait important d'appuyer le renforcement des capacités des autorités judiciaires et de police.
Les délégations, dans leur ensemble, ont partagé les préoccupations de Mme Ogata sur la nécessité d'assurer la protection des camps de réfugiés mais également du personnel humanitaire, d'assurer une meilleure coordination entre le maintien de la paix, l'action humanitaire, la protection des droits de l'homme et les activités de développement. Le financement des opérations du Haut Commissariat mais également le fardeau que supportent les pays d'accueil, dont la majorité se trouve en Afrique ou dans des pays en développement, la situation des personnes déplacées à l'intérieur de leurs frontières ont également été évoqués.
Les représentants des pays suivants ont pris la parole: Etats-Unis, France, Argentine, Royaume-Uni, Fédération de Russie, Jamaïque, Tunisie, Bangladesh, Chine, Canada, Malaisie, Mali, Ukraine, Namibie et Pays-Bas.
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Exposé de Mme Sadako Ogata, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés
Mme SADAKO OGATA, Haut Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), rappelant qu'elle avait prononcé, il y a huit ans, son premier discours devant le Conseil de sécurité, a noté que les questions liées aux réfugiés sont apparues de plus en plus fréquentes à l'ordre du jour du Conseil. La nature des guerres contemporaines, principalement internes et intracommunautaires, leur intensité et leurs objectifs - en particulier l'expulsion brutale de communautés entières de zones spécifiques - montre que les conflits constituent aujourd'hui inévitablement la cause principale de l'exode massif. Les conflits internes et, en conséquence les flux de réfugiés, sont désormais une menace à la paix et à la sécurité, au-delà des frontières et dans de nombreuses régions. Plus que jamais auparavant, les réfugiés et les guerres sont étroitement liés. En 1992, lorsque le Haut Commissaire pour les réfugiés avait présenté son exposé à la suite de l'éclatement des violences en ex-Yougoslavie, des millions de personnes avaient été déplacées. Il était moins fréquent qu'aujourd'hui qu'une institution humanitaire demande à s'exprimer devant le Conseil de sécurité - et c'est la tragédie du "nettoyage ethnique" qui a placé le HCR au centre du débat politique sur la paix et la sécurité. Au cours de ces dernières années, a fait observer Mme Ogata, les relations entre les sphères politiques et humanitaires ont considérablement progressé. Elle a souligné qu'elle n'avait jamais cessé de lancer des appels en faveur d'un appui politique pour faire face aux crises humanitaires. Pendant son mandat au HCR, elle a axé tous ses efforts sur la nécessité de réduire le fossé entre l'urgence des besoins des groupes de personnes les plus vulnérables et les préoccupations légitimes des Etats. Aujourd'hui, elle s'est interrogée sur ce que les réfugiés attendent du Conseil de sécurité.
La nature de la guerre a changé, mais on peut continuer à présumer que le concept des opérations de paix repose sur des conflits transfrontières. En dépit des discussions sur des approches plus larges, les opérations de maintien de la paix continuent d'être établies à l'égard d'un pays, et ne reflètent ni la nature interne ni la nature régionale des nombreuses guerres d'aujourd'hui. Le HCR déploie son personnel - employés humanitaire sans armes - dans des zones dangereuses et isolées. Ils sont de plus en plus visés par des attaques, comme le rappellent tragiquement les incidents de septembre dernier à Atambua et Macenta, ainsi qu'au Timor oriental. Cette situation préoccupe gravement. Dans de nombreuses régions du monde où le HCR et ses partenaires humanitaires interviennent, les mécanismes visant à faire face aux problèmes de sécurité fonctionnent lentement et ne sont pas appropriés pour répondre efficacement aux nouvelles formes de conflits. Dans d'autres régions, ils sont tout simplement inexistants.
Mme Ogata a insisté sur la nécessité d'engager et de mettre en oeuvre des opérations de paix beaucoup plus rapidement. La question d'une réaction rapide n'a pas encore été réglée de manière satisfaisante par les gouvernements. Les opérations de maintien de la paix seront inévitablement plus lentes que l'action humanitaire. Dans les situations de secours d'urgence aux réfugiés, Mme Ogata a fait observer que les institutions humanitaires et les organisations non gouvernementales seront les seules à agir rapidement. Pour sa part, le HCR agit quelques heures après la notification de la situation.
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Depuis 1992, des systèmes ont été établis pour répondre rapidement à des mouvements massifs et soudains de population, sur la base essentiellement du concept des ressources d'alerte - financières, personnel et matériel - qui peuvent être mobilisées et envoyées sur le terrain dans les 72 heures. L'année dernière, la situation au Kosovo a montré que le HCR devait adapter ses mécanismes d'action rapide à un espace humanitaire plus peuplé. La sécurité est une garantie essentielle au bon fonctionnement des institutions humanitaires intervenant dans les situations de crises humanitaires.
L'appui à la capacité des autorités d'exécution des lois est fondamental et cela implique qu'il faut oeuvrer en étroite coopération pour assurer une intervention efficace et rapide. A cet égard, Mme Ogata a fait référence à l'assistance des institutions judiciaires, à la formation de la police et de l'armée, et au déploiement éventuel d'officiers de liaison servant en tant que coordonnateurs et conseillers. La réponse des gouvernements à la notion d'une échelle d'options pour améliorer la sécurité locale dans les zones de réfugiés a été très positive mais demeure insuffisante. Il est donc urgent de prendre des mesures concrètes et prévisibles pour garantir le déploiement du personnel de sécurité humanitaire. La communauté humanitaire s'était félicitée de l'initiative du Secrétaire général visant une étude approfondie des opérations de maintien de la paix et, appuyant fermement le rapport Brahimi, elle participe activement aux délibérations sur ses recommandations. Ce rapport met l'accent sur l'envoi de missions d'établissement des faits sur le terrain et sur l'importance de déterminer des solutions rapides. Le rapport montre en outre l'affinité qui existe entre l'action humanitaire et les opérations de maintien de la paix, et la nécessité d'améliorer leurs relations et leur appui mutuel.
Le HCR et les autres institutions humanitaires ont mis en oeuvre d'importants programmes dans les zones postconflit, lorsque le maintien de la paix est vital, notamment en Bosnie-Herzégovine, au Kosovo et au Timor oriental.
Concernant la sécurité du personnel humanitaire, Mme Ogata a rappelé que les attaques perpétrées contre ce personnel à la frontière de la Guinée et du Libéria - qui abritent des réfugiés - sont commises à cause de la présence des réfugiés. Au-delà des frontières de la Sierra Leone, la seule présence de la communauté internationale est humanitaire car le mandat de la MINUSIL est limité à la Sierra Leone. La Sierra Leone est elle-même un bon exemple des difficultés rencontrées par une large opération dans une région d'intérêts stratégiques faibles et à hauts risques.
S'agissant de la consolidation de la paix, Mme Ogata a indiqué que le HCR a manifesté un intèrêt particulièrement vif à l'égard de ce processus en raison de sa mission de garantir que les réfugiés regagnent leur foyer et s'installent en toute sécurité et dans la dignité. Mme Ogata a toutefois fait observer qu'il existe un fossé entre les secours d'urgence, les activités humanitaires à court terme et la mise en oeuvre des programmes de développement et de reconstruction à moyen et à long terme. Le Haut Commissaire pour les réfugiés a indiqué qu'elle avait accompli personnellement des efforts pour coordonner une initiative commune avec deux partenaires clefs pour le développement, à savoir la Banque mondiale et le PNUD. Cette initiative lancée en 1999 visait à combler le vide en matière de ressources et entre les responsabilités et les activités.
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Des projets pilotes ont été mis en oeuvre et on examine actuellement cette possibilité pour le Burundi. Pour le HCR, la consolidation de la paix n'est pas une notion abstraite. Le HCR explore de nouvelles solutions, en particulier la promotion de la coexistence des communautés en tant qu'étape prioritaire vers la réconciliation. A cet égard, le HCR a lancé un projet pilote visant à encourager les activités générant des revenus pour les communautés interethniques. Mme Ogata a insisté sur la création d'un partenariat pour la sécurité en faveur des réfugiés. Ces partenariats entre les Etats hôtes, les bailleurs de fonds et les organisations humanitaires peuvent créer un meilleur climat en matière de sécurité au sein duquel la protection des réfugiés et les solutions à apporter peuvent être plus efficaces. Mme Ogata s'est déclarée convaincue que le Conseil de sécurité accordera à son successeur, M. Ruud Lubbers (Pays-Bas) le même appui ferme dont elle a bénéficié au cours de ses dix années de fonction.
Déclarations
M. JAMES B. CUNNINGHAM (Etats-Unis) a déclaré que grâce à son courage, son engagement et sa détermination, Mme Ogata a jeté les bases de laction future du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Le HCR, a-t-il poursuivi, a galvanisé la communauté internationale dans sa réponse aux crises humanitaires de notre époque. Le représentant a souligné que le HCR nest pas une institution isolée. Son action repose sur lengagement de tous les Etats Membres des Nations Unies. En effet, il est de la responsabilité de chacun deux de faire en sorte que le HCR puisse remplir son mandat, protéger les réfugiés et trouver des solutions durables à leurs problèmes. A cette fin, les Etats Membres ont lobligation de financer de façon adéquate le HCR qui doit, pour sa part, hiérarchiser laffectation de ses ressources et maximiser leur exploitation. Par ailleurs, le HCR ne saurait être tenu pour responsable de la défaillance des Etats Membres en matière de financement.
Le représentant a par ailleurs souligné la nécessité daméliorer les conditions de sécurité des réfugiés et des personnels humanitaires. Il est inacceptable, a-t-il souligné, que les travailleurs humanitaires soient pris pour cible par des parties qui tentent dexploiter les questions humanitaires à des fins politiques. Pour les Etats-Unis, il nest donc pas acceptable quil nexiste aucun mécanisme permettant de réduire leur vulnérabilité. Enfin, le représentant a ajouté que les Etats sur le territoire desquels des personnels humanitaires sont pris pour cible doivent traduire en justice les coupables. Le représentant a estimé que les contributions des pays qui accueillent les réfugiés, et qui sont pour une large majorité des pays du tiers-monde, ne sont pas suffisamment reconnues. En effet, les impacts des flux de réfugiés sur leur environnement sont incommensurables. Il est temps de les aider, a-t-il conclu.
M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a exprimé la gratitude de son pays à Mme Ogata, Haut Commissaire pour les réfugiés, pour l'accomplissement de son mandat. La dernière décennie a été marquée par de nombreuses crises humanitaires et le HCR a été mis à dure épreuve. Toutefois, Mme Ogata a su prendre les mesures appropriées pour y faire face. Concernant les liens entre les conflits et les réfugiés, plus que jamais ces deux questions ne peuvent être traitées séparément. Ces évènements ont montré les effets d'une inaction ou d'une action inappropriée de la communauté internationale. Les réfugiés sont souvent utilisés par les belligérants pour exacerber les conflits.
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Ils sont utilisés comme des remparts pour permettre aux belligérants de poursuivre leurs luttes armées, comme on l'a vu avec le FAR. Plusieurs possibilités existent, y compris les solutions intermédiaires comme la mise en place d'une force de police internationale. Evoquant la situation à Timor-Ouest, où les camps de réfugiés sont la cible de milices, M. Levitte a fait remarquer qu'à la lumière de ces situations, le problème des camps de réfugiés se pose. Plus les camps de réfugiés sont situés près de frontières, plus les risques d'affrontement sont possibles. En République démocratique du Congo, en Guinée ou au Congo-Brazzaville, le problème des réfugiés est plus aigu dans la mesure où les camps de réfugiés sont situés à proximité des sites où les ressources naturelles existent. Le retour des réfugiés constitue un des aspects du succès de la réconciliation nationale.
S'agissant de la sécurité du personnel humanitaire, M. Lévitte a regretté que le personnel humanitaire constitue trop souvent la cible d'attaques violentes car l'action humanitaire est trop souvent perçue comme une ingérence.
M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a déclaré que grâce à lénergie et à lentregent de Mme Ogata, grâce à la qualité du travail effectué par les fonctionnaires du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ses réalisations figurent parmi les principaux apports concrets des Nations Unies à lhumanité. Malheureusement, ceux qui apportent lassistance humanitaire sur le terrain sont confrontés à des dangers croissants. LArgentine exprime toutes ses condoléances aux familles des trois fonctionnaires du HCR qui ont été assassinés le 6 septembre dernier. Assurer la protection des équipes des Nations Unies constitue dès lors la priorité, a déclaré le représentant. Il sest dit favorable à lapplication immédiate des propositions faites par le Secrétaire général en matière de sécurité des personnels des Nations Unies. LArgentine estime quil serait opportun de traduire dans les faits la proposition du Secrétaire général visant à mettre en place une structure financière stable au bénéfice de la sécurité du personnel des Nations Unies à partir de lexercice budgétaire 2002- 2003. LArgentine demande à tous les Etats dapporter leur contribution au Fonds fiduciaire pour la sécurité du personnel, créé l'année dernière et qui établi lan passé et qui na malheureusement reçu quun financement modeste.
Pour lArgentine, lautre priorité consiste à perfectionner les instruments juridiques relatifs à la protection du personnel. A cet égard, lentrée en vigueur du Statut de la Cour pénale internationale de Rome sera un pas important. Mais dans lattente de cet événement, il est essentiel que la communauté internationale accorde toute son attention à lévaluation de la Convention de 1994 sur la sécurité du personnel des Nations Unies qui est entrée en vigueur lan passé et compte désormais 45 Etats parties. Nous devons continuer de faire des efforts pour que les pays dans lesquels sont déployés des missions humanitaires ou autres, se conforment pleinement aux dispositions de la Convention. LArgentine espère que le Secrétaire général pourra présenter très bientôt, comme il lui a été demandé par lAssemblée générale, un nouveau rapport sur lamélioration de la protection juridique des personnels des Nations Unies.
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M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a rendu hommage à Mme Ogata pour la manière avec laquelle elle a dirigé le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Mme Ogata, a-t-il souligné, s'est acquittée de son mandat à un moment extrêmement difficile qui a été caractérisé, au cours de la dernière décennie, par d'importants changements. M. Greenstock a rappelé que l'an 2000 marque le cinquantième anniversaire du Haut Commissariat. Ses activités, qui visent à fournir une protection aux réfugiés, sont tout autant pertinentes aujourd'hui qu'il y a cinquante ans. Toutefois, la question des personnes déplacées à l'intérieur de leurs propres frontières est de plus en plus d'actualité. Il a été convenu que le Haut Commissariat ne devrait pas jouer un rôle de chef de file dans l'examen de cette question même si nous attendons de lui qu'il joue un rôle important, a ajouté M. Greenstock. Il s'est félicité du processus de consultations générales auquel participe le HCR et qui vise à revitaliser le régime de protection international et à élaborer des mesures permettant de garantir une protection internationale à tous ceux qui en ont besoin. Nous devons relever les défis contenus dans le rapport Brahimi et ceux qui relèvent d'une meilleure coordination entre le maintien de la paix, les droits de l'homme et les actités humanitaires et de développement des Nations Unies.
M. KAREV (Fédération de Russie) a exprimé la reconnaissance de son pays à Mme Ogata pour le succès avec lequel elle a accompli un mandat complexe. Pendant sa mission, elle a déployé des efforts inlassables et trouvé les moyens appropriés pour faire face aux crises humanitaires qu'a connues le monde au cours de cette dernière décennie. La confiance mutuelle a toujours régné entre la Fédération de Russie et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Coïncidant avec le 50ème anniversaire du HCR, un nouveau Haut Commissaire pour les réfugiés vient d'être désigné avec l'objectif qu'il poursuivra le mandat du HCR qui est de s'acquitter des responsabilités en faveur des réfugiés dans le monde. Le représentant a réaffirmé que son pays continuera à appuyer et à oeuvrer en étroite coopération avec la nouvelle direction du HCR.
Mme PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a souligné limportance de la mission accomplie par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, en raison du nombre croissant et important de personnes auxquelles il vient en aide. Le fait que leur nombre soit passé de 21,5 millions en 1998 à 22,3 millions en 1999 souligne à lui seul la nécessité pour le Conseil de sécurité daccorder une attention accrue à la question. La Jamaïque souhaite rendre hommage à laction accomplie par Mme Ogata à la tête du HCR. Le HCR a toujours été présent sur le front des mouvements de masse quont connu des régions aussi diverses que la Bosnie, le Kosovo, la région des Grands Lacs, la Corne de lAfrique ou encore le Timor oriental. La résolution des crises en Amérique centrale et au Cambodge, où les réfugiés sont rentrés dans leurs foyers par millions attestent des efforts du HCR.
Pour la représentante, les rôles du Conseil de sécurité, chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales, et du HCR sont étroitement liés. Dès lors, il est important que les deux institutions renforcent leur collaboration mutuelle dans le traitement des situations en cours mais également des crises susceptibles dintervenir. Il est nécessaire de renforcer la capacité de réponse du HCR face aux crises, quelle que soit leur nature. Dans ce contexte, la représentante a insisté sur la nécessité de renforcer la capacité du HCR à répondre aux situations durgence.
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Des services durgence ont apparemment été mis en place sous limpulsion de Mme Ogata, a souligné la représentante, et la Jamaïque aimerait en savoir davantage sur leurs modalités de fonctionnement. La Jamaïque souligne la nécessité de renforcer les efforts visant à améliorer la sécurité des personnels humanitaires et associés. Si les Etats sont en premier lieu responsables de la sécurité de ce personnel, il nen demeure pas moins que le Conseil de sécurité à son rôle à jouer dans lémergence dun environnement favorable au déroulement, dans la sécurité, de lassistance humanitaire. Ainsi, une coopération plus étroite devrait sinstaurer entre les équipes responsables du maintien de la paix et le personnel humanitaire. Il convient en outre de renforcer laccès des personnels humanitaires à la population civile, a ajouté la représentante qui a souligné une nouvelle fois la nécessité dintensifier la collaboration entre le Conseil et le HCR.
La Jamaïque fait siens les propos de Mme Ogata selon lesquels laction humanitaire ne résoudra pas à elle seule les problèmes conduisant au déplacement de personnes. Dès lors, a affirmé la représentante, le Conseil est investi dune responsabilité particulière de prévention des conflits, et l'ONU devra s'efforcer de mettre en place un mécanisme permettant de traiter efficacement la question relative à la protection des personnes déplacées.
M. MOHAMED FADHEL AYARI (Tunisie) a rendu hommage à Mme Ogata. Le sort tragique des milliers de réfugiés dans le monde est une source importante de préoccupation pour la Tunisie d'autant que ce phénomène s'accroît entraînant de graves conséquences pour la paix et la sécurité. Le représentant a souscrit aux propositions formulées aujourd'hui par le Haut Commissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme. Il a souligné le caractère crucial du financement des activités du HCR pour qu'il puisse remplir son mandat efficacement. Le représentant a souligné le rôle joué par les pays d'accueil. Il a demandé à la communauté internationale de leur venir en aide, soulignant qu'un grand nombre d'entre eux se trouve en Afrique. La prise en charge du fardeau humanitaire par les pays africains est un défi majeur que doit relever la communauté internationale, a-t-il souligné. Dans ce contexte, nous l'exhortons à apporter son concours à la mise en oeuvre des recommandations du Secrétaire général contenues dans son rapport sur les causes des conflits en Afrique. Le représentant a ajouté que l'aide humanitaire doit cependant strictement se conformer au principe de la souveraineté des Etats.
M. F. A. SHAMIM AHMED (Bangladesh) a exprimé la gratitude de son gouvernement aux efforts inlassables que Mme Ogata a déployés dans le cadre de son mandat de Haut Commissaire pour les réfugiés, au cours de cette dernière décennie. Il a rappelé que son pays a toujours insisté sur la nécessité de répondre rapidement aux situations d'urgence et pour faire face aux besoins des réfugiés. Il a fait remarquer qu'il ne suffit pas de venir en aide aux réfugiés, mais également aux pays hôtes qui accueillent ces réfugiés, en dépit de leurs maigres ressources. Il est essentiel d'adopter une approche intégrée pour trouver une solution durable au problème des réfugiés. La sécurité dans les camps de réfugiés, notamment au Timor oriental, constitue une grave préoccupation et il faut donc y réfléchir sérieusement.
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M. WANG YINGFAN (Chine) a souligné les efforts concrets que Mme Ogata a déployés au cours de la dernière décennie pour tenter de régler le problème des réfugiés. Le représentant, faisant sienne l'analyse faite aujourd'hui par le Haut Commissaire, a souligné la nécessité d'assurer la protection des réfugiés et du personnel humanitaire. Il a fait ressortir le lien qui existe entre le maintien de la paix et la protection des réfugiés. Il a rappelé que le Conseil a adopté récemment un bon nombre de résolutions ainsi qu'une Déclaration présidentielle sur la protection du personnel humanitaire. Il est indispensable que le Conseil, tout en renforçant les opérations de maintien de la paix, étudie les possibilités d'une meilleure coordination entre les organismes pertinents en matière de sécurité. La solution réelle réside au niveau de l'action préventive et le Conseil en est le principal responsable. Le représentant a souligné que l'Afrique est le continent qui souffre le plus des déplacements de population.
M. PAUL HEINBECKER (Canada) a noté qu'il n'existe toujours pas de solution durable au problème des réfugiés, en dépit de quelques résultats positifs. La République démocratique du Congo, l'Angola, la Sierra Leone, l'Afghanistan et le Soudan en sont quelques exemples. Si la responsabilité de ces situations revient en premier lieu aux parties au conflit qui sont à l'origine des déplacements de population, le Conseil de sécurité y a également contribué dans la mesure où il n'est pas toujours impliqué dans les dynamiques politiques des crises avant qu'elles n'atteignent des proportions catastrophiques sur le plan humanitaire. La mise en oeuvre des recommandations du rapport Brahimi pourrait s'avérer utile à cet égard. De même, a ajouté le représentant, le Conseil de sécurité devrait redoubler d'efforts lorsqu'il s'agit de faciliter la transition vers le développement, de promouvoir la reconstruction et la coexistence. Il devrait également être plus sensible aux questions relatives aux droits de l'homme lors de l'élaboration des mandats des opérations de maintien de la paix.
Le représentant a souligné que la protection du personnel humanitaire et des camps de réfugiés était une préoccupation importante de sa délégation. Le représentant a fait valoir l'interaction qui existe entre les opérations humanitaires et militaires. Comme l'a révélé le cas du Kosovo, l'engagement militaire dans les activités humanitaires peut donner l'impression que les organisations humanitaires comme le HCR ne sont pas impartiales. Pourtant, nous avons appris au cours des dernières années, qu'il était important d'aborder les opérations d'appui à la paix de manière globale et intégrée.
M. MOHAMMAD KAMAL YAN YAHAYA (Malaisie) a déclaré que sa délégation a suivi avec intérêt l'analyse que Mme Ogata a faite des problèmes complexes posés par les crises humanitaires dans différentes régions du monde. Il faut accorder une attention particulière à la phase postconflit afin de garantir le retour en toute sécurité des réfugiés. A l'instar des autres délégations, la Malaisie rend un hommage à Mme Ogata pour les efforts inlassables qu'elle a accomplis au cours de son mandat. La délégation malaisienne lui souhaite plein succès dans ses entreprises futures, ainsi qu'a son successeur, M. Ruud Lubbers.
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M. MOCTAR OUANE (Mali), rendant hommage au dévouement de Mme Ogata, a estimé que le Haut Commissariat a eu raison de souligner le lien entre l'aide humanitaire et le maintien de la paix. Il convient de faire face à des situations d'urgence, d'intervenir de manière opportune et unifiée. Nous soulignons la nécessité d'assurer la cohérence entre l'action humanitaire, le maintien de la paix et le développement car l'action humanitaire doit s'inscrire dans une démarche plus vaste visant à trouver des solutions aux conflits. Il faut également renforcer les bases juridiques de l'action humanitaire et faire en sorte que les responsables de crimes à l'égard des agents humanitaires répondent de leurs actes devant la Cour pénale internationale.
M. VOLODYMYR YELCHENKO (Ukraine) a réaffirmé que le problème des réfugiés est complexe et urgent, dun point de vue humanitaire et de celui de la protection quil faudrait assurer. Le HCR ne peut sacquitter de son mandat que si les Etats honorent eux-mêmes leurs engagements. Lappui de la communauté internationale, à la fois financier et politique, est essentiel pour permettre au HCR de répondre de manière rapide et efficace aux causes des déplacements massifs de population et pour leur assurer une protection internationale et contribuer à des solutions durables aux problèmes de réfugiés et à une paix durable. La délégation ukrainienne se déclare convaincue que les Etats pourraient oeuvrer avec le HCR pour adopter et améliorer des approches globales nécessaires pour faire face aux situations graves de réfugiés en créant notamment des liens plus étroits entre les institutions compétentes du système humanitaire, entre lassistance humanitaire et la coopération en faveur développement, et entre les Etats, la société civile et les réfugiés eux-mêmes. Il est également essentiel de créer un climat propice en matière de sécurité dans les camps de réfugiés et les zones voisines, ainsi que pour les activités humanitaires. Il incombe à la communauté internationale, et en particulier au Conseil de sécurité de garantir la protection du personnel humanitaire, a souligné M. Yelchenko. En ce moment même, la troisième Commission de l'Assemblée générale examine des projets de résolution importants relatifs aux questions des réfugiés, des personnes déplacées et de leur retour, ainsi que des activités du Haut Commissariat pour les réfugiés. La délégation ukrainienne salue les efforts inlassables du personnel du HCR et de leurs partenaires pour le courage et le dévouement avec lesquels ils se sont acquittés de leur mandat.
Mme SELMA NDEYAPO ASHIPALA-MUSAVYI (Namibie) a noté que Mme Ogata et son personnel au Haut Commissariat pour les réfugiés ont souvent accompli leurs responsabilités dans des situations difficiles. Au cours de ces derniers mois, des attaques délibérées ont été perpétrées contre le personnel humanitaire. Il est essentiel de préserver un climat de sécurité pour permettre au personnel humanitaire d'accéder à ceux qui sont dans le besoin. A cet égard, les Etats doivent s'acquitter de leurs obligations de protéger le personnel humanitaire. Ceux qui attaquent les employés humanitaires doivent être traduits en justice. La libre circulation d'armes légères et de petit calibre qui alimentent les conflits armés préoccupe profondément la délégation namibienne. C'est pourquoi, il est essentiel que les pays producteurs d'armes fassent preuve de retenue et veillent à ce que les armes qu'ils produisent ne soient pas envoyées dans les zones de conflit. Sans affaiblir la gravité de la situation des réfugiés et des personnes déplacées, la représentante a insisté sur la nécessité d'accorder une attention particulière aux femmes et aux fillettes dans les camps de réfugiés.
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La délégation namibienne a noté que les personnes déplacées à l'intérieur des frontières n'attirent pas l'attention de la communauté internationale, alors que leur situation est tout aussi dramatique. Pour appuyer financièrement les activités des institutions humanitaires, la représentante a appelé la communauté des donateurs à fournir les ressources nécessaires pour permettre au HCR et aux autres institutions humanitaires de venir au secours des civils dans le besoin.
M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a souligné que la solution à la question de la protection du personnel humanitaire ne peut pas passer par le déploiement d'opérations de maintien de la paix. Les Gouvernements ont la responsabilité première de créer les conditions nécessaires à la sécurité du personnel. Le représentant a appelé les gouvernements à contribuer au fonds fiduciaire des Nations Unies pour la sécurité du personnel.
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