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CS/2057

LE CONSEIL PRECONISE UNE STRATEGIE COORDONNEE EN SIERRA LEONE REPOSANT SUR L'ONU AVEC LA PARTICIPATION DE LA CEDEAO ET DU GOUVERNEMENT SIERRA LEONAIS

3 novembre 2000


Communiqué de Presse
CS/2057


LE CONSEIL PRECONISE UNE STRATEGIE COORDONNEE EN SIERRA LEONE REPOSANT SUR L'ONU AVEC LA PARTICIPATION DE LA CEDEAO ET DU GOUVERNEMENT SIERRA LEONAIS

20001103

A l’issue de consultations officieuses sur la situation en Sierra Leone, le Président du Conseil de sécurité, M. Peter Van Walsum (Pays-Bas), a lu, cet après- midi, une déclaration présidentielle aux termes de laquelle les membres du Conseil se déclarent préoccupés par la fragilité de la situation en Sierra Leone et l'instabilité qui en résulte dans l'ensemble de la région. Soulignant que seule une approche régionale globale peut permettre de rétablir la sécurité et la stabilité, les Membres du Conseil souscrivent à l’idée de mettre en place un processus durable de coordination stratégique globale reposant sur l’ONU, auquel participeraient les membres du Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), les Etats fournissant des contingents à la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) et le Gouvernement sierra-léonais. Les membres du Conseil soulignent qu’une telle stratégie coordonnée doit être constituée d’éléments politiques et d’éléments militaires et désignent comme composante essentielle la MINUSIL pour assurer la sécurité dans les régions clefs du pays. La stratégie sera faite des éléments suivants : pression militaire crédible; dialogue mené avec les rebelles et aboutissant à leur désarmement, leur démobilisation et leur réinsertion; justice et réconciliation; assistance humanitaire et redressement économique et social du pays.

Aux fins de l'examen de la question, le Conseil était saisi du rapport de sa mission en Sierra Leone et du rapport du Secrétaire général sur la MINUSIL.

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Déclaration du Président du Conseil de sécurité sur la Sierra Leone

Le Conseil de sécurité se déclare préoccupé par la fragilité de la situation en Sierra Leone et l’instabilité qui en résulte dans l’ensemble de la sous-région. Il condamne les attaques qui continuent d’être lancées à travers les frontières de la Guinée, du Libéria et de la Sierra Leone. Il souligne que seule une approche régionale globale peut permettre de rétablir la sécurité et la stabilité. À cet égard, il déclare soutenir les efforts faits par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour remédier à la situation, et il demande aux États Membres d’offrir leur soutien.

Dans ce contexte, le Conseil note avec intérêt les recommandations faites dans son rapport par la mission qu’il a envoyée en Sierra Leone (S/2000/992). En particulier, il souscrit à l’idée de mettre en place un processus durable de coordination stratégique globale au sujet de la Sierra Leone, reposant sur l’ONU, auquel participeraient les membres du Conseil de sécurité, le Secrétariat de l’ONU, la CEDEAO, les États fournissant des contingents à la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL) et le Gouvernement sierra-léonais. Le Conseil note que le Secrétaire général a souscrit à cette proposition dans son rapport du 31 octobre 2000 (S/2000/1055) et il l’engage à prendre sans tarder des dispositions en vue de la création d’un tel processus.

Le Conseil souligne qu’une telle stratégie coordonnée en vue de l’instauration d’une paix durable en Sierra Leone doit être constituée d’éléments politiques et d’éléments militaires. Il appuie sans réserve les efforts faits pour renforcer les institutions d’État et pour faire respecter les principes de la responsabilité démocratique et la primauté du droit. Il note avec satisfaction l’action menée par la CEDEAO pour étudier les possibilités d’un dialogue en vue de l’instauration de la paix, mais souligne qu’une telle démarche doit être fondée sur des conditions acceptables pour le Gouvernement sierra-léonais. À cet égard, il souligne qu’il importe que le Front révolutionnaire uni cède le contrôle des zones productrices de diamants, que la MINUSIL bénéficie d’une entière liberté de circulation lui permettant de se déployer dans l’ensemble du pays, que le désarmement et la démobilisation de toutes les forces non gouvernementales soient stipulés comme il convient, que les organisations humanitaires bénéficient d’un accès total, dans la sécurité, et que le Gouvernement exerce son autorité sur l’ensemble du territoire. Le Conseil demande aussi à tous les groupes armés responsables de violations des droits de l’homme de mettre immédiatement fin à celles-ci.

Le Conseil souligne que le maintien d’une présence militaire crédible de la communauté internationale en Sierra Leone demeure un élément indispensable du processus de paix. Il note, comme le Secrétaire général l’a fait, que la stratégie globale relative à la Sierra Leone a pour composante essentielle que la MINUSIL continue d’assurer la sécurité dans les régions clefs du pays. Il réaffirme que, pour ce faire, la Mission doit être renforcée. Il souligne aussi qu’il importe de poursuivre les mesures prises pour améliorer l’efficacité de la MINUSIL grâce à l’application intégrale des recommandations de l’équipe d’évaluation constituée au mois de mai.

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Il note que les Gouvernements indien et jordanien ont décidé de retirer leurs forces de la MINUSIL et il rend hommage à l’importante contribution de ces deux contingents. Il note aussi avec gratitude que, pour renforcer la capacité de la Mission, le Bangladesh et le Ghana ont promis de fournir des bataillons supplémentaires, l’Ukraine du matériel et du personnel d’appui et la Slovaquie du matériel. Il demande instamment que les mouvements des contingents entrants et sortants se fassent avec la souplesse voulue de façon à maintenir au maximum la capacité de la MINUSIL pendant cette période de transition.

Le Conseil se joint à l’appel que le Secrétaire général a adressé aux États Membres, au paragraphe 55 de son rapport, pour leur demander d’envisager d’urgence de participer à la MINUSIL ou de contribuer d’autres façons au renforcement de celle-ci, et il engage le Secrétaire général à poursuivre ses consultations à cette fin. Il se déclare de nouveau fermement résolu à prendre des mesures pour renforcer la MINUSIL au moment voulu, compte tenu de la mesure dans laquelle les pays fournisseurs de contingents seront prêts à fournir des forces à cette fin.

Rapport de la mission du Conseil de sécurité en Sierra Leone (S/2000/992)

Le rapport porte sur la mission que les membres suivants du Conseil de sécurité ont effectuée en Sierra Leone du 7 au 14 octobre 2000 : Royaume-Uni – en sa qualité de chef de délégation -, Bangladesh, Canada, Chine, France, Jamaïque, Mali, Pays-Bas, Fédération de Russie, Ukraine et Etats-Unis. La mission a quitté New York le 7 octobre et s’est rendue en Guinée, en Sierra Leone, au Mali, au Nigéria et au Libéria où elle a rencontré des personnalités de haut niveau. Selon la Mission, la complexité des problèmes qui se posent en Sierra Leone et dans les pays voisins représente un défi extraordinaire qui requiert des mesures extraordinaires. Depuis l’éclatement de la phase actuelle de la crise, la Sierra Leone est l’objet d’une attention internationale soutenue. Le Conseil de sécurité, d’autres entités du système des Nations Unies, la CEDEAO, les institutions financières internationales, des donateurs individuels et des organisations non gouvernementales internationales sont tous profondément engagés.

Dans ses recommandations, la Mission fixe pour tâche de créer un mécanisme de coordination générale reposant sur l’Organisation des Nations Unies. Il suggère au Représentant spécial du Secrétaire général d’accorder un rang de priorité élevé à la coordination des contacts actifs, en assurant en particulier la liaison, au-delà de la MINUSIL elle-même, avec les Présidents Kabbah (Sierre Léone), Conté (Guinée), Konaré (Mali), Obasanjo (Nigéria) et Taylor (´Libéria). Une stratégie globale exige, selon la Mission, que l’on agisse sur le processus de paix, le Tribunal spécial, les aspects militaires, la dimension régionale, le programme de désarmement, le rôle du gouvernement, l’assistance dans le domaine des droits de l’homme et l’aide humanitaire, et la coordination d’ensemble.

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En ce qui concerne le processus de paix, la Mission recommande qu’il inclut l’instauration rapide d’un cessez-le-feu dans tout le territoire de la Sierra Leone, la conclusion d’arrangements en vue du retrait, la restitution de la totalité des armes et matériels saisis à la MINUSIL et l’ouverture de l’accès, humanitaire et autre, au nord et à l’est du pays- S’agissant des aspects militaires, il convient, estime la Mission, de renforcer la MINUSIL aussi bien en termes d’effectifs et de moyens qu’en ce qui concerne l’efficacité en général en donnant suite aux propositions émanant notamment de certains pays de la CEDEAO de détacher des contingents supplémentaires.

Concernant la dimension régionale, la Mission recommande au Conseil de sécurité et aux gouvernements individuels d’examiner de façon constructive ce qu’ils peuvent faire pour appuyer la décision de la CEDEAO de préparer et de déployer une force d’observation de la CEDEAO aux frontières des trois pays membres de l’Union du fleuve Mano, en coordination avec la MINUSIL. Le Gouvernement guinéen doit en particulier être encouragé à garantir l’accès et à assurer la protection du personnel humanitaire et chargé de l’aide. S’agissant du Programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion, le Conseil de sécurité devrait, disent les membres de la Mission, examiner rapidement s’il est possible d’améliorer dans le programme l’équilibre des responsabilités entre le Gouvernement, la Banque mondiale, la MINUSIL et des institutions bilatérales, à la suite de la publication du rapport de l’équipe d’évaluation parrainée par la Banque mondiale. L’ONU devrait également favoriser le renforcement de la coopération entre la société civile et les ONG pour faire de la réinsertion une réalité.

Pour ce qui du rôle du Gouvernement, la Mission préconise l’octroi de conseils et d’une assistance financière concernant une stratégie de communication et de sensibilisation de l’opinion publique. S’agissant de l’assistance dans le domaine des droits de l’homme et de l’aide humanitaire, la Mission recommande que la MINUSIL et la CEDEAO examinent avec le RUF la possibilité d’accéder dans des conditions de sécurité adéquates aux zones qu’il contrôle pour y procéder à une évaluation des besoins et d’y accéder en sûreté par la suite pour acheminer l’aide humanitaire. Enfin pour la coordination d’ensemble, la Mission estime que le Conseil de sécurité et le Secrétariat, la CEDEAO, les pays fournisseurs de contingents de la MINUSIL et le Gouvernement de Sierra Leone doivent procéder à des consultations dans le cadre d’une structure continue et non par une simple série de réunions se tenant à intervalles réguliers. L’une des premières mesures clefs que la mission recommande est l’envoi immédiat d’assistance internationale pour aider le secrétariat de la CEDEAO à développer ses capacités, notamment par le détachement au siège de la CEDEAO de personnel de liaison de la MINUSIL.

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Septième rapport du Secrétaire général sur la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (S/2000/1055)

Ce rapport, présenté en application de la résolution 1289 (2000), indique les mesures prises par le Secrétariat pour rechercher des Etats Membres disposés à fournir les contingents et le matériel nécessaires à la Mission des Nations Unies en Sierra Leone (MINUSIL). Le Secrétariat s’est, pendant toute cette période, tenu en contact étroit avec les pays susceptibles de fournir des contingents. Le 28 septembre, le Secrétaire général avait présidé une réunion des pays participant à la Brigade d’intervention rapide des forces en attente qui a étudié les moyens dont ces pays pourraient contribuer à la MINUSIL. Une seconde réunion a été organisée le 5 octobre et un certain nombre de pays ont été sollicités. A ce jour, le Secrétariat a reçu des offres de contingents émanant du Bangladesh, du Ghana, de l’Ukraine et de la Slovaquie. Le 10 octobre dernier, le Gouvernement britannique a annoncé que l’assistance militaire offerte au Gouvernement sierra- léonais et à la MINUSIL serait renforcée, notamment par les éléments suivants : activités supplémentaires de formation de l’Armée sierra-léonaise; unité de réaction rapide, du niveau de la brigade au maximum, qui pourrait être déployée à l’appui d’opérations de maintien de la paix des Nations Unies; et services d’officiers d’état-major qui seraient affectés au quartier général de la MINUSIL. Pendant la période considérée, le Gouvernement des Etats-Unis a lancé un programme de formation qui permettra d’assurer la formation de sept bataillons de soldats de la paix, au maximum, de l’Afrique de l’Ouest.

Le 20 septembre 2000, le Gouvernement indien avait informé le Secrétaire général de son intention de retirer ses troupes de la MINUSIL, en proposant que le premier bataillon soit retiré en novembre, et le deuxième en janvier. Il avait l’intention de retirer, au mois de décembre, tous ses autres personnels et biens, y compris les hélicoptères d’assaut et de transport, l’unité d’artillerie et l’unité médicale de niveau III. Pour sa part, le Gouvernement jordanien lui avait fait savoir, le 19 octobre dernier, qu’il avait décidé de se retirer de la MINUSIL par phases successives, processus qui devrait s’achever à la fin de l’année. Les déplacements des divers contingents mettront aussi à l’épreuve la capacité logistique de la Mission et ils devront être soigneusement coordonnés de façon à ne pas risquer de provoquer un dangereux manque de sécurité. A cet égard, le Secrétaire général demande aux pays intéressés de faire preuve de la souplesse voulue lorsqu’ils retirent ou déploient des troupes. Il est possible que la Mission ait besoin de personnels supplémentaires, spécialistes des déplacements et de la logistique, étant donné l’ampleur des déplacements pendant les opérations de relève et de retrait. Le Secrétaire général note que les offres de forces et de matériel qui ont déjà été faites ne suffiront pas à compenser le retrait des importants contingents indien et jordanien.

A l’instar de la mission du Conseil de sécurité, le Secrétaire général reconnaît que la complexité des problèmes qui se posent en Sierra Leone et dans la région représente un défi pour la communauté internationale, qui exige une stratégie globale et bien coordonnée, faite des éléments suivants : pression militaire crédible, dialogue mené avec les rebelles et aboutissant à leur désarmement, leur démobilisation et leur réinsertion, justice et réconciliation, assistance humanitaire et redressement économique et social du pays.

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Cette stratégie a pour composante essentielle que la MINUSIL continue d’assurer la sécurité dans des régions clefs du pays. Pour que cet objectif puisse être atteint sans que les forces de la Mission ne soient exposées à des risques inutiles, il faudrait que les effectifs autorisés de la MINUSIL soient portés à 20 500 hommes, tous grades confondus. Ces ressources supplémentaires lui permettront de renforcer sa structure opérationnelle et de se déployer progressivement en force, conformément au mandat qui lui a été confié dans les résolutions 1270 (1999) et 1289 (2000). A cet égard, le Secrétaire général a pris contact avec un certain nombre de gouvernements de pays dotés d’une capacité militaire importante, y compris des membres du Conseil de sécurité, pour savoir s’ils seraient prêts à offrir les forces et le matériel nécessaires.

Faisant remarquer que les offres d’hommes et de matériel faites par certains gouvernements suffiront à peine pour compenser la perte de moyens importants due au départ des contingents indien et jordanien, le Secrétaire général craint que les effectifs de la MINUSIL ne pourront pas être renforcés de nouveau avant que l’année prochaine ne soit déjà bien entamée. La crédibilité de la présence militaire de la communauté internationale en Sierra Leone – élément clef de ses efforts de paix dans le pays – risque fort d’en souffrir, ce qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour la Sierra Leone et pour les efforts faits par la communauté internationale pour promouvoir la paix et la sécurité dans la région et au-delà. Le Secrétaire général demande donc instamment aux Etats Membres, en particulier à ceux qui possèdent des forces armées importantes et bien équipées, d’envisager d’urgence de participer à la MINUSIL en fournissant des forces et/ou du matériel et en aidant à transporter par avion des unités militaires en Sierra Leone. En attendant, l’exécution du mandat actuel de la Mission, en particulier son déploiement sur place, devra être adaptée en fonction des ressources disponibles. Comme la mission du Conseil de sécurité, le Secrétaire général estime qu’en dernière analyse, aucun progrès durable ne pourra être réalisé en Sierra Leone si des mesures globales ne sont pas prises pour faire cesser l’instabilité que connaît l’Afrique de l’Ouest, en particulier les pays de l’Union du fleuve Mano. Les évènements inquiétants qui se sont produits récemment en Côte d’Ivoire viennent confirmer la nécessité d’une telle approche. Le Secrétaire général a donc établi une équipe interdépartementale, chargée de proposer une stratégie coordonnée et cohérente que l’ONU pourrait appliquer pour s’attaquer aux problèmes multiformes de la sous-région, compte tenu des initiatives déjà prises ou envisagées par les divers intéressés.

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