En cours au Siège de l'ONU

CS/2050

DES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DEVRAIENT REPOSER SUR LE PRINCIPE DE L'EGALITE ENTRE LES SEXES

24 octobre 2000


Communiqué de Presse
CS/2050


DES DELEGATIONS ESTIMENT QUE LES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX DEVRAIENT REPOSER SUR LE PRINCIPE DE L’EGALITE ENTRE LES SEXES

20001024

Le rôle essentiel des femmes dans la prévention et le règlement des conflits a été évoqué aujourd’hui, pour la première fois, devant le Conseil de sécurité, présidé par le Ministre des affaires étrangères de la Namibie, M. Théo-Ben Gurirab, dont le pays avait lancé l’initiative de l’examen de ce point intitulé «Les femmes et la paix et la sécurité».

La majorité des délégations s’est prononcée en faveur de la parité entre les sexes pour mieux garantir le succès des opérations de maintien de la paix. La plupart des orateurs ont constaté que si les femmes sont les premières victimes des conflits et des agressions qui en résultent, elles ont aussi un rôle actif important à jouer dans les opérations de paix aux niveaux de la prévention, du maintien et de la consolidation de la paix. Certains ont engagé le Conseil de sécurité à promouvoir des stratégies qui renforcent la participation des femmes dans la prévention des conflits aux niveaux national, régional et international, tout en invitant les Nations Unies à donner l’exemple en s’assurant que les femmes soient représentées à tous les niveaux de prise de décisions.

Ouvrant le débat, le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a souligné que, pendant des générations, les femmes ont joué un rôle fondamental pour établir des liens et préserver l'ordre social alors que les sociétés étaient en voie d'effondrement. Dans cet esprit, le Conseil de sécurité avait reconnu, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, que les femmes et les fillettes sont les plus touchées par l'impact négatif des conflits armés et que le maintien et la promotion de la paix et de la sécurité exigent la participation égale des femmes au processus de décisions. C'est pourquoi, le Secrétaire général a appelé les Etats Membres à faire tout leur possible pour garantir la protection de ces femmes et de ces fillettes.

La Sous-Secrétaire générale, Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme a, quant à elle, estimé que l’étude empirique de cinq opérations de paix en Bosnie-Herzégovine, au Cambodge, en El Salvador, en Namibie et en Afrique du Sud, a permis de donner aux sceptiques des informations objectives concernant le rôle des femmes dans les équipes participant aux missions et leur influence sur leurs résultats. Cette étude permet aussi de montrer comment la participation des femmes aux missions, aux mêmes niveaux que les hommes, peut améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix.

Les femmes ont fréquemment un meilleur point de vue sur les causes profondes des conflits. Une présence imposante des femmes dans les missions de paix semble, de plus, diffuser la confiance dans les populations locales et renforcer leur succès. Les femmes sont également des négociatrices actives et se montrent capables de réagir avec autant d’efficacité que les hommes dans des conditions dangereuses ou dans les zones isolées.

La Directrice exécutive d'UNIFEM, rappelant que, depuis 10 ans le Fonds assiste les femmes dans les situations de crise et appuie leur participation dans le processus de paix, a pour sa part préconisé une série de mesures visant à garantir l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans les opérations pluridimensionnelles de maintien de la paix. Elle a notamment insisté sur la nécessité de sensibiliser le personnel de maintien de la paix aux préoccupations des femmes et des enfants dans les situations de conflit, d'établir un code de conduite à l'intention de ce personnel ainsi qu'un mécanisme chargé de faire rapport sur les violences sexuelles dont sont victimes les femmes et les fillettes pendant une opération de maintien de la paix. Pour sa part, le Conseil de sécurité, lorsqu'il apporte son appui à un processus de paix ou à une médiation, devrait prévoir expressément la participation des femmes et répondre aux préoccupations essentielles qu'elles soulèvent.

Au titre de ce point, le Conseil était saisi d’une lettre en date du 12 juillet 2000 adressée par le représentant de la Namibie au Secrétaire général transmettant les textes de la Déclaration de Windhoek et le Plan d’action de Namibie sur l’intégration d’une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans les opérations multidimensionnelles de paix.

Les représentants des pays suivants membres du Conseil ont pris la parole au titre de ce point: Jamaïque, Etats-Unis d’Amérique, Tunisie, Argentine, Chine, Royaume-Uni, Bangladesh, Fédération de Russie, Pays-Bas, Canada, France, Malaisie, Ukraine, Mali.

Les représentants des pays suivants ont également participé au débat: Mozambique, Egypte, République démocratique du Congo, Afrique du Sud, Liechtenstein, Singapour, Pakistan, Japon, Chypre, République de Corée, Inde, Nouvelle-Zélande, Zimbabwe, Indonésie, République-Unie de Tanzanie, Australie, Croatie et Bélarus.

Le Conseil de sécurité devrait achever l’examen de ce point demain, mercredi 25 octobre, à partir de 10 heures 30.

LES FEMMES ET LA PAIX ET LA SECURITE

Déclarations

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général, a estimé que le thème du débat d'aujourd'hui - les femmes, la paix et la sécurité - est fondamental. Conformément à la Charte, l'ONU a été créée pour assurer la protection des générations futures contre la guerre. Elle proclame également l'égalité des droits des hommes et des femmes. Nous devons faire face à ces deux défis, sinon nous ne réussirons pas pleinement dans l'un ou l'autre de ces domaines. L'ère des guerres entre les Etats a été remplacée par celle des conflits ethniques. Les milices se sont multipliées, les petites armes ont proliféré et le droit international a été bafoué. Les civils représentent non seulement la majorité des victimes, ils sont également la cible dans les conflits. Pendant des générations, les femmes ont contribué à l'édification de leurs sociétés et de leurs familles. Elles ont joué un rôle fondamental pour établir des liens, plutôt que des obstacles et pour préserver l'ordre social lorsque les communautés se sont effondrées. Aux Nations Unies, nous savons quelle est la contribution des femmes dans les conflits. L'ONU tend à employer de plus en plus de femmes dans les opérations de maintien de la paix. Le règlement des conflits, l'instauration de la paix et la reconstruction exigent des stratégies créatives. A cet égard, nous savons qu'ils nécessitent des approches souples et créatives. Dans ces domaines, l'expérience a montré à plusieurs occasions que les femmes jouent un rôle important, notamment en Afrique. Les femmes demeurent toutefois sous-représentées au niveau de la prise de décisions, de la prévention des conflits, au règlement des conflits et à la réconciliation postconflit. Le Conseil de sécurité, à l'occasion de la Journée internationale des femmes, a reconnu que les femmes et les filles sont les plus touchées par les conséquences des conflits armés. Il a reconnu également que la paix est étroitement liée à l'égalité entre les hommes et les femmes et que le maintien et la promotion de la paix et de la sécurité exigent la participation égale des femmes au processus de décision. C'est pourquoi, le Secrétaire général demande aux délégations de concrétiser cette déclaration et de faire tout leur possible pour garantir la protection de ces femmes et de ces filles.

MME ANGELA E. V. KING, Sous-Secrétaire générale, Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a déclaré qu’il y a peu de temps seulement que l’expérience des femmes dans les conflits est une question débattue: un débat souvent le plus souvent centré sur leur rôle en tant que victimes. Trois aspects de cette question doivent retenir notre attention en abordant cette discussion, a déclaré Mme King: comment les conflits armés affectent les femmes? Comment les femmes peuvent-elles faire face aux situations de conflit, au processus de paix et à la reconstruction après les conflits? Comment, enfin, envisager un futur dans lequel les femmes seraient les partenaires égaux des hommes en renforçant leur efficacité dans les opérations de paix? Faisant référence à son expérience en tant que chef de mission en Afrique du Sud, la Sous-Secrétaire générale a évoqué le changement de nature des conflits qui apparaissent à l’intérieur des Etats plutôt qu'entre Etats, une constatation également faite par le Secrétaire général. Même les enfants sont désormais impliqués. Les groupes constitués à l’intérieur de chaque société et particulièrement les groupes de femmes, les organisations non gouvernementales, religieuses et d’autres groupes encore ont un rôle important à jouer à toutes les étapes des négociations de paix, dans la planification de l’avenir, dans le processus de reconstruction et en matière de prévention de conflits futurs.

L’étude empirique de cinq opérations de paix, en Bosnie-Herzégovine, au Cambodge, en El Salvador, en Namibie et en Afrique du Sud permet de donner aux sceptiques les informations objectives concernant le rôle des femmes dans les équipes participant aux missions et leur influence sur leurs résultats. Cette étude permet aussi de montrer comment la participation des femmes aux missions, à niveau égal avec les hommes, peut améliorer l’efficacité des opérations de maintien de la paix. Ainsi, lorsque des femmes prennent part pour un tiers au moins aux effectifs des missions, les populations féminines locales sont plus facilement mobilisées pour participer aux commissions de paix. La participation des femmes aux missions permet aussi d’élargir le débat de manière à aborder les questions concernant les femmes et les enfants notamment. Les femmes ont fréquemment un meilleur point de vue sur les causes profondes des conflits. Par ailleurs, elles se confient plus facilement à des femmes participant aux opérations de maintien de la paix quand il s’agit de sujets tels que les viols ou les violences sexuelles. Une présence imposante des femmes dans les missions semble mettre plus en confiance les populations locales et renforcer le succès de ces missions. Les femmes sont également des négociatrices actives et se montrent capables de réagir avec autant d’efficacité que les hommes dans des conditions dangereuses ou dans les zones isolées. Selon la Sous-Secrétaire générale, les femmes peuvent également prendre part aux contingents des pays contributeurs de troupes et de police civile.

Mme King a également insisté sur le fait qu’en étant obligées de fuir pour protéger leurs familles dans des camps de réfugiés ou de personnes déplacées, les femmes prennent aussi part aux opérations de consolidation de la paix. Cependant, à de rares exceptions près, les femmes sont absentes des négociations de paix formelles. Elles y ont pris part au Burundi, au Guatemala et en Afrique du Sud, tandis qu’en Somalie elles ont aidé à ramener les chefs des clans à la table des négociations. Leur participation relève du domaine informel le plus souvent. Les femmes sont pourtant une ressource extrêmement riche au niveau local et attendent que la communauté internationale fasse appel à elles systématiquement. Evoquant la Déclaration de Windhoek, la Sous-Secrétaire générale a encore insisté sur le fait que la planification de toute mission devrait inclure les aspects de parité entre les sexes. Ce devrait également être le cas au cours de processus de transition et de reconstruction. Une attention plus grande devrait aussi être accordée à la nomination de femmes en tant que Représentant spécial ou qu’Envoyé spécial du Secrétaire général, comme le prévoit le rapport Brahimi, de même que la nomination d’une femme au poste de Sous-Secrétaire général au Département des opérations de maintien de la paix devrait être envisagée. Mme King a encore insisté sur le fait que la parité entre les sexes est une question absolument essentielle pour assurer le succès des missions de paix. Il ne peut y avoir de paix sans parité entre les sexes. Il ne peut y avoir de développement sans paix et sans égalité, sans participation des femmes au processus de prise de décisions au sein des Nations Unies et des Etats Membres, a-t-elle conclu.

MME NOELEEN HEYZER, Directrice exécutive du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM), a déclaré que le débat d'aujourd'hui vise à appuyer l'action de tous contre les conséquences les plus tragiques des violences commises à l'encontre des femmes. La protection des femmes et leur participation au processus de paix est au cœur de ce débat. La sécurité humaine et la sécurité nationale représentent les deux composantes de la sécurité mondiale. Si la communauté internationale ne prend pas de mesures concrètes et vigoureuses, les femmes dans les conflits ne pourront bénéficier d'aucune forme de sécurité. Pendant près de 10 ans, UNIFEM a assisté les femmes dans les crises et a appuyé leur participation aux processus de paix. Sans leur pleine participation, le processus de paix lui-même en subit les conséquences. UNIFEM met l'accent sur son partenariat synergique avec les fonds et programmes identiques, y compris le HCR, l'UNICEF, le PNUD, le FNUAP ainsi que les organisations non gouvernementales. Son rôle en faveur des femmes dans les situations de conflit tourne autour de cinq points, à savoir la compréhension de l'impact des conflits armés sur les femmes et les fillettes, l'amélioration de la protection et de l'assistance aux femmes et aux fillettes, l'appui au leadership des femmes dans la restauration de la paix, l'intégration du principe de l'égalité des sexes dans les initiatives intergouvernementales en matière de paix et de sécurité, et le soutien aux droits égaux entre les sexes dans la reconstruction postconflit.

Evoquant son voyage officiel à Jérusalem, il y a quatre mois, la Directrice exécutive a souligné que, loin des négociations formelles, les femmes palestiniennes et israéliennes sont engagées dans un dialogue depuis les années 80 - à une date où ces contacts étaient interdits. En juin dernier, elles étaient déterminées à s'attaquer aux questions les plus complexes. Leur capacité d'examiner presque tous les points, y compris Jérusalem, a été favorisée par le fait qu'elles partageaient les mêmes préoccupations à l'égard des retards imposés dans la mise en œuvre des accords signés. De l'avis d'UNIFEM, cela a exacerbé la méfiance du public à l'égard des autorités des deux parties et contribué à l'escalade de la violence. Il aurait fallu entendre leur appel. C'est pourquoi, Mme Heyzer a appelé les responsables des deux parties à ne pas négliger les contributions des femmes à ce processus et les a priés instamment à s'engager dans des partenariats dans les domaines où elles peuvent agir de manière constructive. UNIFEM suggère notamment d'assurer que la vérification des droits de l'homme, les missions d'observation et de maintien de la paix insistent sur les violations fondées sur le sexe et sur les droits fondamentaux des femmes. Il faudrait assurer la formation du personnel de maintien de la paix pour lui permettre de s'acquitter de ses obligations à l'égard des femmes et des enfants. Un code de conduite à l'intention du personnel des opérations de maintien de la paix ainsi que la mise en place d'un mécanisme chargé de faire rapport sur les violences sexuelles dans le cadre des opérations de maintien de la paix devraient être établis. En outre, il faudrait que la composante de restauration de la paix d'une opération de maintien de la paix tienne compte de l'égalité des sexes, en particulier lors de l'élaboration des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration. Des mesures particulières devraient également être prises en faveur des femmes et des fillettes réfugiées et déplacées. Enfin, il faudrait veiller à ce que tout appui apporté par le Conseil de sécurité à un processus de paix, à toute enquête ou à tout effort de médiation prévoit expressément la participation des femmes et réponde aux préoccupations substantielles qu'elles soulèvent.

MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a fait observer que les recommandations énoncées durant la réunion selon la formule Arria qui s’est tenue hier, méritent l’attention du Conseil. L’une d’entre elles, a-t-elle indiqué, insiste sur la nécessité de s’assurer que les femmes sont suffisamment représentées à tous les niveaux de prises de décisions aussi bien dans les situations précédant les conflits que lors du rétablissement et de la consolidation de paix. Le rôle des femmes dans la prévention des conflits s’est révélé important dans de nombreuses régions du monde. La contribution des femmes en Somalie et au Burundi dans le rétablissement d’un environnement pacifique et sûr souligne, à plusieurs égards, le rôle des femmes en tant que partenaires à part entière dans la recherche de la paix. En Somalie, des femmes ont réussi à mobiliser la société civile sur la recherche du dialogue entre les factions en guerre et ont apporté un soutien inappréciable au processus de paix national. Elle a regretté que, selon les récentes évaluations des opérations de paix des Nations Unies, un certain nombre d’éléments ayant trait à la représentation des sexes dans le maintien de la paix n’ait pas été suffisamment pris en compte. Elle a indiqué que sa délégation jugeait préoccupant le fait que les femmes soient encore sous-représentées dans la prise de décisions en matière de règlement des conflits. C’est dans ce contexte, que nous pensons que le rapport Brahimi, dont nous reconnaissons par ailleurs l’importance, devrait inclure, quand c’est approprié, la participation des femmes à tous les niveaux, a déclaré la représentante.

MME NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a émis l'espoir que l'action du Conseil de sécurité s'efforce de renforcer le rôle de direction que les femmes peuvent et devraient jouer dans la restauration de la paix. Faisant observer que les femmes sont une force de paix sous-exploitée, elle a indiqué qu'il convenait de promouvoir des mécanismes formels pour assurer une présence féminine dans les opérations de maintien de la paix et les efforts de consolidation de la paix, afin de reconstruire les institutions vitales pour une stabilité durable. Elle s'est félicitée de la nomination par le Secrétaire général de femmes à des postes à haut niveau de responsabilité, et a indiqué que le défi est désormais de faire de même dans les autres organisations internationales et régionales, dans les gouvernements nationaux et à tous les niveaux dans la société. Elle a estimé qu'il conviendrait que plus de femmes soient nommées par le Secrétaire général aux postes de Représentant spécial du Secrétaire général, d'Envoyé spécial ou encore d'enquêteurs des droits de l'homme ou de contrôleurs. A cet égard, elle a encouragé les Etats Membres à poser de telles candidatures à l'attention du Secrétaire général et a appuyé l'idée de maintenir une liste de femmes qualifiées dans le cadre des accords des forces et moyens en attente.

La représentante des Etats-Unis a estimé que les Nations Unies doivent s'assurer que les voix des femmes soient entendues partout où l'ONU participe au règlement d'un conflit et dans la consolidation de la paix après un conflit. Autant que cela est possible, les mandats du Conseil de sécurité devraient inclure un conseiller pour l'égalité entre les sexes dans les missions d'établissement des faits et les termes de la réconciliation et de la reconstruction devraient prendre en compte l'expertise des groupes communautaires de femmes. Dans toutes les phases des missions de maintien de la paix et de consolidation de la paix, la présence des femmes devrait être visible, conséquente et, autant que possible, formellement mandatée, a-t-elle déclaré, en faisant observer que les conséquences immédiates des conflits offrent en particulier l'occasion de reconstruire les institutions de sécurité publique avec la participation égale des femmes. Dans ce contexte, elle a déclaré que les Etats doivent s'engager à respecter l'égalité entre les sexes dans les contingents de police civile et de maintien de la paix et à aider les autres Etats à réaliser l'égalité entre les sexes. Elle a ajouté que cela implique que les agents de maintien de la paix - militaire, de police civile ou fonctionnaires, doivent être formés à la question de l'égalité entre les sexes. Ces formations devraient se concentrer sur les codes de conduite, les normes culturelles et de société et sur l'étude de la Convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes. La section de formation du Département des opérations de maintien de la paix devra formuler des modules exportables utilisables dans les programmes régionaux et nationaux et incluant des éléments de sensibilisation à l'égalité entre les sexes. La représentante des Etats-Unis a conclu en déclarant que les efforts pour renforcer le rôle des femmes doivent veiller à ne pas désavantager les femmes. Nous devons nous battre pour l'égalité et non pas pour un traitement spécial, a-t-elle déclaré.

M. SAID BEN MUSTAPHA (Tunisie) a rappelé qu’aujourd’hui encore, les femmes et les petites filles sont des cibles privilégiées qui focalisent toutes les formes de violences discriminatoires. Elles sont parmi les premières victimes des conflits armés, souvent réduites à l’état de boucliers humains. Avec les enfants, elles représentent 80% des réfugiés et des personnes déplacées et subissent les pires actes de violence sexiste, en particulier le viol et autres formes de sévices sexuels. Les femmes constituent aussi la majorité des victimes des mines terrestres antipersonnel. Ces exactions se produisent en violation du droit international applicable aux droits et à la protection des femmes et des petites en tant que personnes civiles, en particulier la Convention de Genève de 1949. C’est pourquoi la Tunisie se joint aux appels lancés aux parties à tous les conflits armés pour qu’elles respectent vigoureusement et pleinement le droit international. Elle estime également qu’il incombe aux Etats de mettre fin à l’impunité et de poursuivre ceux qui se sont rendus coupables de crimes, d’exactions et d’actes de violence sexiste contre les femmes et les petites filles. Le représentant a aussi encouragé l’intégration du souci d’équité entre les sexes dans toutes les opérations multidimensionnelles de paix, ainsi que l’analyse de la parité entre les deux sexes pour favoriser la prise en compte du souci d’équité entre eux lors de la planification de politiques, stratégies et programmes relatifs à la paix et à la sécurité.

“Nous reconnaissons par ailleurs le rôle important que peuvent jouer les femmes dans tous les domaines, y compris celui de la prévention des conflits, du maintien de la paix et de la consolidation de la paix”, a poursuivi M. Ben Mustapha. A cet égard, il a soutenu la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix ainsi qu’aux plans en matière de désarmement, de démobilisation et de réinsertion. Il a de plus souligné l’importance de la sensibilisation des femmes, qui sont les plus exposées aux effets dévastateurs des mines antipersonnel, aux dangers des mines et à l’utilisation intensive des techniques de détection des mines. Dans ce contexte, la Tunisie soutient les efforts de l’UNIFEM visant la promotion de la participation des femmes dans le processus de décision à tous les niveaux en matière de construction de la paix ou de prévention et de résolution des conflits. Selon elle, en effet, l’engagement des femmes en faveur de la paix est crucial pour assurer la pérennité des accords de paix signés par les factions politiques et militaires. En conclusion, le représentant a exprimé l’espoir que le débat d’aujourd’hui contribuera à rompre le silence, dénoncer la violence sous toutes ses formes physique, psychologique ou morale contre la femme, notamment dans les situations de conflits armés.

M. ARNOLDO M. LISTRE (Argentine) a réaffirmé la nécessité impérieuse de respecter pleinement les normes du droit humanitaire international et les droits de l'homme. Les crimes de guerre à l'encontre des femmes et des fillettes, relevant de la compétence de la Cour pénale internationale conformément au Statut de Rome, ne peuvent rester impunis. Sa délégation saisit cette occasion pour appeler les parties aux conflits armés à prendre les mesures nécessaires visant à protéger les femmes et les fillettes contre les violences fondées sur le sexe, en particulier les violences sexuelles. Le Gouvernement argentin appuie la mise en place d'un mécanisme qui sera chargé de prévenir la violence sexuelle, l'exploitation et le trafic des femmes et des fillettes. L'intégration de la perspective fondée sur l'égalité des sexes dans toutes les opérations de maintien de la paix est une exigence que les nouvelles réalités imposent avec davantage de vigueur. De l'avis de la délégation argentine, lorsqu'un conflit affecte particulièrement les femmes, il menace gravement l'avenir des générations futures. C'est pourquoi, elle condamne fermement l'utilisation d'une situation de conflit pour commettre des violations graves des droits fondamentaux des femmes et des fillettes. Le représentant a appuyé toutes les initiatives du Conseil de sécurité visant à tenir compte des préoccupations particulières des femmes et des fillettes. De même, il a soutenu les recommandations que le Secrétaire général formulera en vue d'assurer une formation appropriée au personnel de maintien de la paix. La communauté internationale a une obligation morale de protéger en particulier les femmes et les enfants dans les conflits armés, et de reconnaître le rôle fondamental des femmes à contribuer aux efforts de prévention et de règlement des conflits, ainsi que de consolidation de la paix.

M. SHEN GUOFANG (Chine) a déclaré que les femmes jouent un rôle irremplaçable pour créer les civilisations et encourager le développement social. Selon un proverbe chinois, «Les femmes peuvent soutenir la moitié du ciel». Notre travail dans les missions premières qui nous sont assignées, à savoir le maintien et la consolidation de la paix dans le monde, ne saurait être fructueux ni durable sans les femmes. Elles sont souvent pourtant les premières victimes directes des conflits armés, a constaté le représentant. La Chine condamne tous les actes de violence perpétrés contre les femmes et demande aux parties en conflit de se conformer aux règles de droit international en la matière. Le représentant de la Chine a espéré que la communauté internationale pourra redoubler d’efforts pour que les réfugiés et les personnes déplacées puissent rentrer dans leurs foyers. Par ailleurs, il a engagé les femmes à participer plus activement aux opérations de maintien de la paix et de reconstruction après les conflits. Dans ce contexte, il s’est prononcé en faveur d’un renforcement des relations entre les organisations non gouvernementales et les institutions des Nations Unies. Il a souhaité que les femmes jouent un rôle plus important dans les missions de maintien de la paix pour mieux protéger leurs congénères vivant des situations de guerre. «S’il arrivait un jour qu’une opération de maintien de la paix serait uniquement composée de femmes, nous aurons alors franchi un pas encourageant» a déclaré le représentant. M. Guofang a précisé par ailleurs que si, pour l’instant, les femmes ne participent pas en nombre suffisant à ces opérations, c’est parce que nous n’avons pas assez pris en compte cette question. Il a émis l’espoir que des mesures de suivi seront prises et que l’élan d’aujourd’hui sera maintenu au sein même du système des Nations Unies et dans les Etats Membres.

M. JOHN ANDREW GRAINGER (Royaume-Uni) a noté avec regret que les femmes et les fillettes sont particulièrement touchées par les conflits armés, faisant observer qu’elles continuent d'être exposées à des risques même après les conflits, dans la mesure où les droits de l'homme et les normes du droit humanitaire garantissant leur sécurité sont très rarement appliqués. Une telle situation est plus qu’un symptôme, elle est également une cause de conflit. Parce que la position des femmes est unique dans la société, les menaces engendrées par cette situation continuent de porter atteinte aux perspectives à long terme de la paix et de la sécurité. Tel est le défi auquel est confronté le Conseil de sécurité. Il faudrait intégrer davantage cette question dans les travaux réguliers du Conseil de sécurité, lorsqu'il examine la situation d'un pays donné. La résolution que le Conseil pourrait adopter à l'issue de ce débat permettra de donner un nouvel élan dans cette voie. Pour ce faire, il faudrait aussi insister sur les domaines qui peuvent réellement contribuer à l'amélioration de la situation des femmes et des fillettes et se poser la question de savoir comment on peut s’assurer que leurs droits et leurs préoccupations sont examinés de manière appropriée par le Conseil de sécurité. Il faudrait aussi pouvoir obtenir des informations élaborées pour bien évaluer le problème et mieux explorer les solutions adaptées. C'est particulièrement le cas des programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration. Il faudrait donc encourager le Secrétaire général à intégrer l'analyse sur les questions de l'égalité des sexes dans ses rapports au Conseil de sécurité. A cet égard, le rapport Brahimi recommande qu'un secrétariat soit mis en place pour assurer l'information et l'analyse stratégique visant à améliorer la capacité des Nations Unies dans ce domaine.

Sur la base des recommandations du Secrétaire général, le Conseil de sécurité devrait intégrer dans ses décisions les préoccupations liées à l'égalité des sexes. Les opérations de maintien de la paix devraient œuvrer très étroitement avec les ONG et la société civile dans ces domaines et sur le terrain. C'est pourquoi, il est nécessaire de sensibiliser davantage les populations locales sur l'impact des opérations de maintien de la paix. Dans ce contexte, le Royaume-Uni et le Canada ont financé conjointement des activités en coopération avec le Centre Lester Pearson de formation sur les opérations de maintien de la paix. Enfin, le représentant a souligné que les femmes et les fillettes peuvent jouer un rôle clef en ouvrant la voie à la paix. La pleine représentation des groupes de défense des femmes, à tous les niveaux des négociations de paix, est essentielle pour instaurer une paix et une sécurité durables. A cet égard, le Royaume-Uni met en place un programme d'appui à UNIFEM pour renforcer son rôle de catalyseur en faveur de la participation des femmes dans les processus de paix.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a souligné que le Conseil de sécurité doit tenir compte de trois questions pour améliorer la situation des femmes et des fillettes dans les conflits armés. Dans la mesure où la nature des conflits a changé au cours de la période de l'après-guerre froide, les civils - et en particulier les femmes et les enfants - en sont de plus en plus la cible. Les femmes et les fillettes constituent la majorité des réfugiés et des personnes déplacées. Elles sont notamment exposées à de graves risques et souvent victimes de violences sexuelles. Ayant participé à la mission du Conseil de sécurité au Sierra Leone, la délégation du Bangladesh a vu de près les horreurs infligées par la guerre aux femmes dans ce pays. Le Conseil de sécurité doit exiger de toutes les parties à un conflit armé de se conformer pleinement au droit international en vigueur à l'égard des femmes et des enfants. Pour répondre à leurs besoins, toutes les opérations de maintien de la paix doivent envisager une unité chargée de l'égalité des sexes. Les composantes sur les droits de l'homme des opérations de maintien de la paix devraient intégrer les droits des femmes dans tous les documents et rapports. Le représentant s'est félicité que le Statut de Rome instituant la Cour pénale internationale ait reconnu comme crimes de guerre les violences commises à l'encontre des femmes et des fillettes.

La participation des femmes au processus de paix est essentielle car en apportant leurs expériences à la table des négociations, elles peuvent injecter dans le processus de paix des éléments concrets aux préoccupations de la population civile. Les mécanismes issus d'une telle participation sont plus sensibles aux besoins des civils et peuvent donc produire des effets plus durables. Au niveau du processus de décision et sur le terrain, les femmes doivent être davantage représentées. Pour sa part, le Bangladesh a commencé à envoyer des femmes dans les opérations de maintien de la paix, notamment au Timor oriental. Les Nations Unies doivent, quant à elles, agir de manière urgente pour assurer une formation appropriée à leur personnel de maintien de la paix en les sensibilisant aux problèmes liés à l'égalité des sexes.

M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que les mots «femmes, paix et sécurité» s’unissent de façon harmonieuse, une harmonie définie par la nature elle-même. Ce sont pourtant les mots «femmes et guerre», «femmes et conflits armés» qui représentent la réalité. La participation du Conseil de sécurité au règlement des conflits armés à travers le monde fait que nous devons faire face à des nombreuses situations de crises. Dans ce contexte, le Conseil a pris plusieurs décisions notamment en matière de protection des enfants dans les conflits armés, a déclaré le représentant. Force est de constater que ce sont surtout les femmes qui sont les victimes des conflits et perdent souvent leur mari et leur père. En devenant chef de famille, elles deviennent souvent des victimes démunies de tout. La communauté internationale n’a pourtant pas fait la sourde oreille devant cette question; d’ailleurs la plate-forme de Pékin et la Déclaration de Windhoek prouvent l’intérêt que la communauté internationale lui porte. Selon le représentant russe, la Cour pénale internationale devrait s’assurer que, quels que soient les auteurs de violences contre les femmes, ils soient toujours poursuivis. La Cour doit compléter le système national de poursuite lorsqu’il s’avère inefficace. Il faut mettre fin à l’impunité y compris lorsqu’il s’agit des agressions contre les femmes.

Le représentant russe a encore estimé qu’il est impossible de résoudre tous les problèmes de l’humanité sans la pleine participation des femmes à cette tâche. Il n’y a pas d’autre moyen plus sûr pour protéger les femmes que de renforcer la paix et la sécurité mondiales en passant par un renforcement des valeurs politiques, économiques, sociales et écologiques notamment, a-t-il encore ajouté. Il faut développer une culture de prévention des crises, et cela relève de la responsabilité du Conseil de sécurité, pour assurer une meilleure défense des droits de la femme ainsi que de la paix et de la sécurité internationales.

M. ALPHONS HAMER (Pays-Bas) a indiqué que les Pays-Bas ont beaucoup travaillé au renforcement du rôle des femmes dans les activités de consolidation de la paix. Au Soudan, en Israël et dans les territoires palestiniens, les Pays- Bas ont aidé les organisations de femmes à assumer un rôle plus important en matière de consolidation de la paix. Les Pays-Bas, a-t-il ajouté, ont également apporté leur soutien au travail entrepris par l'UNIFEM dans ce domaine. Il a affirmé qu'un accord de paix auquel la moitié de la population ne prend pas part a peu de chance d'aboutir. C'est pourquoi, les Pays-Bas accueilleront avec satisfaction les efforts conjoints visant à renforcer le rôle des femmes dans les activités de consolidation de la paix et sont prêts à partager avec d'autres les leçons tirées des activités déjà entreprises. Revenant sur la vingt-troisième session extraordinaire de l'Assemblée générale qui a encouragé le système des Nations Unies à impliquer des femmes dans les opérations de maintien et de consolidation de la paix, le représentant a estimé qu'une perspective de parité entre les sexes devrait également être prise en compte dans tous les programmes et toutes les politiques relatives aux conflits armés. Une telle perspective, a-t-il poursuivi, devrait aussi être mise en place au sein des organisations régionales, notamment l'OUA, l'OSCE et l'Autorité intergouvernementale pour le développement. A cet égard, il a informé le Conseil du fait que les Pays-Bas ont décidé de financer un conseiller pour la parité entre les sexes au sein de l'OSCE.

M. Hamer a estimé que l'inclusion de la notion de violence fondée sur le sexe dans le statut de Rome de la Cour pénale internationale a marqué une étape décisive en ce qui concerne la protection de la femme. A cet égard, il a engagé les Etats Membres à prévenir de telles violences et à prendre les mesures nécessaires pour poursuivre les personnes responsables de crimes tels que l'esclavage sexuel, la prostitution, la grossesse ou la stérilisation forcées. Il a mis l'accent sur la vulnérabilité des femmes et des enfants dans les situations d'après conflit, insistant sur le fait que lors de la mise en œuvre de la campagne internationale contre les mines, il convient de porter une attention particulière aux femmes et aux enfants

M. PAUL HEINBECKER (Canada) a souligné que le conflit moderne ne respecte plus la ligne de démarcation entre civils et militaires, mais il ne manque pas d’influer différemment sur les hommes et les femmes et sur les garçons et les filles.

Les résolutions adoptées par le Conseil de sécurité en matière de protection des civils dans les conflits armés illustrent la prise de conscience croissante de la problématique homme/femme dans les domaines de la paix et de la sécurité. Le Canada est conscient de la nécessité d’élaborer des mesures permettant aux femmes et aux hommes de bénéficier des efforts de construction de la paix sur un pied d’égalité. Les femmes ne doivent pas être considérées uniquement comme des victimes mais également comme les actrices à part entière de la prévention des conflits et de la reconstruction de la paix. Par sa résolution 1265, le Conseil de sécurité a demandé au Secrétaire général de s’assurer que les équipes des opérations de maintien de la paix des Nations Unies reçoivent une formation appropriée, y compris les dispositions touchant les sexospécificités. Cette initiative va au-delà des questions importantes de la représentation équitable des femmes dans les opérations de paix ou de la définition d’un code de conduite du personnel international.

Les opérations d’appui à la paix exigent de nouvelles compétences, attitudes et méthodes de travail pour créer le climat dans lequel une telle formation peut prendre racine. Le déploiement de femmes sur le terrain – y compris en tant que membres du personnel de maintien de la paix et de la police civile, représentantes spéciales du Secrétaire général et Envoyées spéciales – concrétisera cette philosophie et ces méthodes de travail novatrices. Les missions devraient également comprendre des experts chargés d’assurer la coordination pour les questions de sexospécificité ou être dotées de services permettant de s’assurer que les perspectives sexospécifiques sont intégrées à leurs activités.

Les considérations sexospécifiques doivent également être au cœur des décisions relatives à la conception et à la distribution de l’aide humanitaire. En effet, les femmes et les filles sont particulièrement touchées par les conflits armés. Le Canada se félicite des initiatives lancées récemment par le Comité permanent interinstitutions visant à intégrer cette problématique dans les programmes d’assistance humanitaire. Le représentant a par ailleurs souligné que la future Cour pénale internationale sera un organe très utile pour connaître des abus dont sont victimes les femmes, dans la mesure où des actes tels que le viol ou l’esclavage sexuel entrent dans le champ de sa compétence. Le représentant a invité le Conseil à poursuivre sa collaboration avec les organisations de la société civile qui œuvrent à la promotion des droits de la femme.

Le Conseil de sécurité devrait continuer de collaborer avec les organisations dont les activités sur le terrain contribuent directement à protéger les femmes, à promouvoir leurs droits fondamentaux et à favoriser leur participation active aux processus de paix.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a regretté, au nom de l'Union européenne et des pays associés, que lorsque l'on traite des conflits, le rôle des femmes apparaisse essentiellement passif. Les femmes ne sont mentionnées que comme les victimes. Il importe donc que les forces de maintien de la paix soient sensibilisées et formées à leurs besoins spécifiques en matière de protection. Les actes de violence sexuelle ne doivent pas rester impunis. A cet égard, nous nous félicitons que la Cour pénale internationale qualifie de crime de guerre et, dans des circonstances précises, de crimes contre l'humanité, les actes de violence sexuelle commis en temps de conflit. Les femmes constituent aussi une grande proportion des populations de réfugiés ou de déplacés. L'Union européenne est préoccupée par le développement de la traite dans les situations de conflit. Elle se réjouit de l'avancement des travaux relatifs à la convention sur la criminalité transnationale organisée et de ses protocoles, notamment celui sur la traite des êtres humains.

Le représentant a par ailleurs fait valoir la contribution des femmes aux processus de réconciliation ce qui montre qu'elles ne sont pas uniquement des victimes des conflits. Elles peuvent jouer un rôle essentiel dans leur résolution et dans la reconstruction. Il importe de créer les conditions qui leur permettront d'être davantage parties prenantes. Au sein des instances des Nations Unies, il faudrait faire appel plus souvent aux femmes pour des postes de représentants ou d'envoyés spéciaux. Il apparaît, a ajouté M. Levitte, que le rapport Brahimi n'intègre pas le rôle des femmes. Pourtant, l'importance accordée aux volets civils des opérations de paix devrait permettre aux femmes d'y participer largement. Nous souhaiterions que cette question soit prise en considération dans l'examen de suivi de ce rapport. Dans leur pays, même, les femmes doivent être encouragées à participer à la réconciliation et la reconstruction. Il conviendrait d'étudier comment mieux associer les organisations de femmes à ces activités, notamment celles touchant à la justice. Il est également essentiel de maintenir les services sociaux de base, en particulier pour les femmes et les enfants, dans les situations postconflit. Les femmes doivent également participer à la reconstruction des institutions démocratiques et de la vie politique.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a fait remarquer que peut-être plus que n’importe quel autre organe des Nations Unies, le Conseil de sécurité est conscient qu’une majorité de conflits actuels éclate à l’intérieur des frontières nationales et que 90% des victimes en sont des civils, pour la plupart des femmes et des enfants. De nombreux rapports, a-t-il rappelé, ont suggéré que les abus basés sur une discrimination entre les sexes ne sont ni des accidents, ni des incidents subalternes dans les conflits armés. Au contraire, ces formes de persécution reflètent les inégalités et les indignités que les femmes doivent subir au quotidien en temps de paix. Les situations de conflits telles qu’au Kosovo, au Rwanda et en Sierra Leone ont d’ailleurs révélé les excès ayant lieu en temps de guerre, en particulier contre les femmes.

Dans les situations de conflit, les femmes jouent un rôle significatif pour le maintien de l’ordre familial et social, a noté M. Agam. Pourtant leur contribution en tant que promoteurs de la paix au sein de la famille et de la communauté passe inaperçu. Les femmes, a ajouté le représentant, sont difficilement considérées comme un élément essentiel des décisions politiques, de la résolution des conflits et des processus de paix. Voix d’accès et de communication entre les factions, elles sont souvent ignorées par les initiatives officielles de médiation. Dans la phase post-conflit, l’accent mis sur l’établissement de systèmes de gouvernance par le biais des partis politiques laisse de côté le rôle et l’opinion de femmes qui, au niveau informel et communautaire, peuvent contribuer énormément à la paix et à la sécurité. A cet égard, le représentant a rappelé les mesures correctives identifiées par le Plan d’action de Windhoek adopté en Namibie et l’Etude sur l’impact des conflits armés sur les enfants, dit rapport Machel. Grâce au Plan d’action de Windhoek, une étude visant à établir dans quelle mesure une perspective sexospécifique peut être intégrée à tous les stades des opérations de maintien de la paix est en cours au Département des opérations de maintien de la paix de l’ONU, a indiqué M. Agam. M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) a souligné la volonté croissante de la communauté internationale de traiter de la question du droit des femmes impliquées dans les conflits armés. Ainsi, les règles relatives aux crimes commis contre les civils, et plus particulièrement contre les femmes se sont développées, a-t-il fait remarquer. Le représentant a également souligné que les différents tribunaux pénaux internationaux ont expressément qualifié le viol de crime contre l’humanité. Les règlements de preuve et de procédure de ces tribunaux illustrent la nécessité de se doter de règles particulières pour connaître des cas de viols et de violences sexuelles. Les persécutions fondées sur le sexe, les différents cas de viol et autres formes de violence sexuelle relèveront de la compétence de la future Cour pénale internationale, a fait remarquer le représentant. Le Conseil de sécurité a également adopté plusieurs résolutions relatives à la protection des civils dans les conflits armés et a souvent exhorté les parties à un conflit à prendre des mesures spéciales de protection des femmes et des fillettes, a-t-il dit.

Le représentant a déploré qu’en dépit de ces multiples efforts les femmes continuent de compter parmi les personnes les plus vulnérables dans le cadre des conflits armés. Les civils représentent l’écrasante majorité des victimes de la guerre, femmes et fillettes étant victimes des attaques les plus brutales. Le représentant a invité le Conseil de sécurité, dans le cadre de son action en faveur de la paix et de la sécurité internationales, à accorder une attention spécifique à la question des nécessités particulières des femmes. Il est important, a-t-il souligné, que la problématique homme/femme soit intégrée aux rapports du Secrétaire général traitant de conflits particuliers. Il est également important, a poursuivi le représentant, que le personnel des opérations de paix des Nations Unies bénéficie de formations appropriées en la matière. Par ailleurs, le Conseil de sécurité est investi d’une responsabilité particulière en ce qui concerne la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix. Ainsi, devrait-il s’assurer de la représentation équitable des femmes dans les missions. La présence de femmes dans les différentes missions de maintien de la paix est en effet susceptible de renforcer la confiance de la population locale, a relevé le représentant. Les femmes sont pourtant sous représentées à l’heure actuelle dans les processus de décision relatifs à la gestion des conflits armés. Leurs initiatives, opinions, trouvent rarement un écho. Dans ce contexte, le représentant a insisté sur le fait que le potentiel des femmes en tant qu’actrices de la diplomatie préventive, du maintien et de la reconstruction de la paix après les conflits devrait être davantage reconnu. On ne devrait pas uniquement les considérer comme des victimes.

M. SEKOU KASSE (Mali) a déclaré que, sans la femme, il était difficile d'assurer la paix et que, déjà dans la société traditionnelle, la résolution des conflits était collective, les sacrifices à faire étaient de l'intérêt de toute la communauté et que la femme y jouait un rôle endogène important. Il a ajouté que dans les conflits communautaires il n'était pas rare que les communautés belligérantes aient recours au mariage pour ramener la paix et que la femme africaine avait toujours contribué à faciliter et à soutenir prioritairement l'interpénétration des tribus dont elle constituait le maillon le plus solide de la chaîne de solidarité, de fraternité, de concorde et de renforcement de l'unité à travers les liens du mariage. Regrettant que l'individualisme prenne le pas sur ces valeurs au point d'engendrer des conflits internes en Afrique, le représentant a ajouté que son pays n'avait pas échappé à ce fléau, notamment à partir de 1990 et du déclenchement de la rébellion touareg dans le Nord du Mali. Il a constaté que les femmes ne décidaient pas de la guerre et ne la faisaient pas mais qu'elles la subissaient atrocement. Il a ajouté que, conscientes de cet état de fait, les femmes maliennes avaient décidé de gérer non seulement les atrocités et leurs conséquences néfastes mais aussi de participer de façon active à la sauvegarde de la paix et de l'unité nationale. Il a cité notamment les appels à la mobilisation pour la paix, la conception et la mise en œuvre d'un plan d'action et de communication sur la paix, l'implication des femmes dans la prévention, la gestion du conflit et dans la consolidation de la paix, les actions humanitaires en direction des victimes civiles et la participation aux négociations et à la conclusion du Pacte national qui est l'accord qui a ramené la paix dans le Nord du Mali.

Le représentant a poursuivi en déclarant que les femmes du Mali demeuraient convaincues qu'afin de garantir l'efficacité des opérations de paix, qui ont aujourd'hui évolué du maintien de la paix au sens traditionnel, à des opérations multidimensionnelles de soutien à la paix, les principes d'équité et d'égalité entre les sexes devaient se retrouver dans toute la mission, à tous les niveaux, garantissant ainsi aux femmes et aux hommes la même place dans tous les aspects d'un processus de paix. Il a apporté son soutien au Plan d'action de Namibie sur l'intégration d'une démarche soucieuse d'équité entre les sexes dans les opérations pluridimensionnelles de maintien de la paix.

M. HIPOLITO ZOZIMO PATRICIO, Vice-Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, a déclaré qu'il incombe aux gouvernements de faire preuve de volonté politique et de détermination pour s'acquitter de leurs engagements en faveur de la protection et de la promotion des droits des femmes. Comme l'avaient souligné les chefs d'Etat et de gouvernement participant au Sommet du millénaire, personne ni aucun pays ne doit être privé des avantages du développement. Il faut garantir aux hommes et aux femmes les mêmes droits et des chances égales. C'est pourquoi, les femmes jouent un rôle pertinent dans la prévention et le règlement des conflits, ainsi que dans le maintien et la restauration de la paix et dans le processus de reconstruction et de développement. A cet égard, la délégation mozambicaine salue le dévouement des Nations Unies en faveur de la participation des femmes à la promotion de la paix et de la sécurité. Elle se félicite en outre de la décision du Gouvernement namibien d'accueillir un Séminaire sur l'intégration de l'approche d'égalité des sexes dans les opérations d'appui multidimensionnel à la paix, organisé par le Département de l'information. Ce séminaire a adopté en mai dernier la Déclaration de Windhoek et le Plan d'action de Namibie, instruments qui déterminent les mesures concrètes devant être prises dans ce domaine. En vue de protéger et de promouvoir les droits des femmes, y compris leur participation au maintien de la paix et de la sécurité, le Gouvernement du Mozambique envisage d'intégrer l'approche d'égalité des sexes dans tous les secteurs d'activités, conformément à la Constitution, à de nombreux instruments internationaux et aux Déclarations de Beijing et de Copenhague.

En étroite coopération avec la société civile, le Mozambique s'est engagé dans un processus de révision de sa législation nationale, visant à intégrer les dispositions principales de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et d'autres instruments juridiques internationaux et régionaux. Pour renforcer les mécanismes institutionnels de promotion des femmes, le gouvernement a créé un ministère pour les questions des femmes et la coordination de l'action sociale. La représentativité des femmes a considérablement augmenté au cours de ces cinq dernières années. On compte actuellement 80 femmes parlementaires sur 250, trois ministres et cinq vice- ministres. Au sein de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC), le Mozambique met en œuvre des programmes visant à renforcer la participation des femmes au processus de coopération économique et d'intégration, en application des Déclarations de Beijing, de Copenhague et du Sommet du millénaire.

M. AHMED ABOULGHEIT (Egypte) a réaffirmé la position très ferme de l’Egypte en ce qui concerne le besoin de protéger les femmes et les enfants dans les conflits armés et, dans un cadre plus large, tous les civils dans les mêmes conditions. Il a souligné d’abord le besoin pour le Conseil de sécurité de traiter de ces questions en respectant l’équilibre avec les autres organes des Nations Unies, et notamment l’Assemblée générale. Le principe essentiel du respect du droit international ne doit pas contrevenir aux dispositions de la Charte, a-t-il estimé. Il a également déclaré que lorsque le Conseil ne peut exercer ses responsabilités en matière de maintien de la paix et de la sécurité internationales, l’ONU doit toujours envisager la possibilité d’avoir recours à l’Assemblée générale selon le principe «unis pour la paix». Le représentant a rappelé la tenue de la session extraordinaire de l’Assemblée sur la protection des femmes. L’Egypte s’est engagée lors de cette session à protéger les droits élémentaires des femmes, notamment le droit à la justice et à participer à tous les aspects de la vie politique, économique et culturelle.

L’Egypte considère comme essentiel le rôle du Conseil de sécurité pour faire respecter la paix et la sécurité internationales. Il a mentionné l’exemple des conflits où les femmes et les enfants sont poussés à fuir, pour devenir des réfugiés ou des personnes déplacées. Selon lui, les manifestations les plus flagrantes de violations des principes d’une société égalitaire se trouvent dans toutes les agressions dont sont victimes les femmes: viols, violences sexuelles, etc. Le représentant a insisté sur le besoin d’adopter rapidement des mesures spécifiques et factuelles visant à une participation égalitaire des femmes à toutes les activités liées au maintien de la paix. Le rôle des femmes est important dans les conflits armés, lorsqu’il y a destruction de l’ordre social, pour rétablir la paix et la stabilité. Elles se sont révélées comme un élément productif pouvant prendre des décisions dans nos sociétés.

Le représentant a cité l’exemple des femmes palestiniennes qui souffrent des manifestations de violence, d’injustice, de despotisme, dans les territoires occupés. Ces femmes sont confrontées à la mort de leurs maris et de leurs enfants tombant sous les balles israéliennes. Pendant que nous parlons de la nécessité de protéger les femmes dans les conflits armés et de les faire participer aux périodes d’après conflits, a ajouté le représentant, nous ne pouvons pas ignorer l’appel des femmes palestiniennes qui vivent dans des conditions particulièrement difficiles. A cet égard, il a considéré que les Israéliens se rendent coupables de violations des droits de l’homme les plus élémentaires. Un fait qui devrait être reconnu par le Conseil de sécurité ce qui renforcerait sa crédibilité. Il ne devrait pas y avoir deux poids, deux mesures en traitant ces questions à l’avenir, a-t-il conclu.

M. ATOKI ILEKA (République démocratique du Congo) a déclaré que les femmes ont le droit de vivre leur vie, sans crainte de la violence et de l’oppression. Les conflits armés, les guerres et l’occupation étrangères constituent de graves obstacles à la promotion de la femme. La reconnaissance de la femme en qualité de partenaire égale dans la prévention de la guerre peut être considérée comme étant un pas très significatif. Cependant, il reste encore du chemin à parcourir vers la pleine reconnaissance du rôle de la femme dans le domaine du maintien et de la construction de la paix. La République démocratique du Congo espère que les organismes des Nations Unies œuvreront pour mieux faire prendre conscience des capacités des femmes, en particulier celles touchées par les conflits armés, ainsi que leur pouvoir de participation visant la promotion d’une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans toutes les activités de consolidation de la paix.

Le représentant a tenu dans ce contexte à rappeler l’agression que subit son pays par la coalition des forces armées du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. Selon lui, ce conflit avec son cortège de violences continue d’engendrer des mouvements massifs de déplacés internes et de réfugiés, dont la grande majorité est constituée de femmes et d’enfants qui sont les premières victimes de cette guerre qualifiée «d’insensée et injuste». Cette guerre anéantit tous les efforts que fournit la République démocratique du Congo en vue de sa reconstruction et son relèvement économique susceptibles notamment d’extirper la femme et la population congolaise tout entière de la situation indescriptible de pauvreté dans laquelle elles se trouvent actuellement. Pire que la situation de pauvreté dans laquelle les femmes congolaises sont plongées à cause de la guerre sont les sévices, les traitements inhumains et dégradants, érigés en principe de guerre, qu’elles subissent des éléments armés des pays agresseurs, a-t-il poursuivi, citant les événements qui se sont produits dans la ville de Mwenga en novembre 1999. Pour M. Atoki, la pratique inhumaine du viol collectif est également à la base de la propagation du virus VIH/sida qui apparaît comme un paradigme préoccupant du développement dans le pays.

Outre le virus du VIH/sida, le représentant a mentionné la résurgence de certaines maladies tel le paludisme et il a souligné que le taux de mortalité maternelle figure parmi les plus élevés de la planète. Selon lui, la guerre a également une incidence néfaste sur l’éducation en empêchant de nombreuses congolaises de poursuivre un cycle normal d’enseignement. L’instruction dans un pays en développement permet pourtant à la femme de protéger sa santé et celle de sa famille, de contrôler ses maternités, de participer aisément à la vie politique, sociale et économique de son pays. Priver ainsi la femme de l’instruction est aussi une forme de violence à son égard, a-t-il encore déclaré. La délégation de la République démocratique du Congo n’ose imaginer que la communauté internationale puisse arriver au 15 décembre 2000 à la conclusion de ne plus rechercher la paix dans le pays parce que des intérêts puissants et divergents n’auront pas voulu y ramener la paix. La communauté internationale abandonnerait ainsi à leur sort des millions de citoyennes et de citoyens. Selon M. Atoki, il s’agirait là de non-assistance à personne en danger.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud) a déclaré que pour l’Afrique du Sud, comme pour l’ensemble des pays de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC) la question des femmes et de la paix et de la sécurité revêt une signification particulière, étant donné le rôle essentiel qu’elles ont joué dans la lutte pour la décolonisation, contre l’apartheid, ou encore contre la répression. Il a estimé que les femmes ayant participé à ces combats, de même que d’autres femmes ailleurs dans le monde, ont prouvé que les femmes ont un rôle à jouer du point de vue social, politique et économique quant il s’agit de parvenir à une paix et à une sécurité durables. Le représentant a estimé qu’il convient de dépasser l’approche limitée qui consiste à se représenter les femmes comme étant uniquement les victimes des conflits. Dans les sociétés en conflit, a-t-il poursuivi, les femmes tiennent un rôle central en assurant aussi bien la survie familiale que communautaire, tandis que dans de nombreux pays en développement où les communautés sont déchirées par divers maux, ce sont aussi les femmes qui nourrissent les familles et permettent que les liens familiaux ne soient pas rompus. En Afrique, a-t-il poursuivi, où des signes de reprise économique et politique apparaissent déjà, il est évident que les femmes ont, doivent et continueront de jouer un rôle central en ce qui concerne la renaissance du continent. C’est pourquoi, les efforts collectifs que nous déployons et qui tendent à s’attaquer aux racines des conflits n’aboutiront que si les femmes s’y voient offrir un rôle égal à celui des hommes.

Le représentant, reprenant le discours prononcé le 13 septembre dernier devant l’Assemblée générale, par la Ministre des affaires étrangères d’Afrique du Sud, Mme Nkosazana Dlamini Zuma, a affirmé que pour remédier aux causes profondes des conflits, il est essentiel d’accorder une attention particulière à l’impact des conflits sur les droits des femmes et des fillettes, ainsi que de promouvoir et de mettre en œuvre des stratégies spécifiques pour les protéger et les aider dans les situations de conflit armé. Dans ce contexte, il a aussi engagé le Conseil sécurité à promouvoir des stratégies qui renforcent la participation des femmes dans la prévention des conflits aux niveaux national, régional et international, tout en invitant les Nations Unies à donner l’exemple en s’assurant que les femmes soient équitablement représentées à tous les niveaux de prise de

décisions. M. Kumalo a enfin insisté sur l’importance de promouvoir et de renforcer la participation des femmes dans les initiatives globales de consolidation de la paix après conflit, y compris dans les domaines touchant les réformes électorale, constitutionnelle, juridique et judiciaire.

MME CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) a estimé que la dimension sexospécifique n'avait jamais été dûment prise en compte dans les processus de maintien de la paix des Nations Unies. Une pleine compréhension des conséquences des conflits armées sur les femmes et les fillettes est nécessaire pour promouvoir et maintenir efficacement la paix et la sécurité internationales. Près de 80% des personnes déplacées ou réfugiées sont des femmes et des enfants. Au cours des conflits armés, les femmes et les fillettes sont menacées de viol, d'exploitation sexuelle, de la traite et d'humiliations sexuelles. La violence sexuelle a des conséquences dévastatrices qui vont des maladies sexuellement transmissibles au VIH/sida. L'aide humanitaire doit donc comprendre des services psychologiques et de santé reproductive. Nous serions en faveur de la création d'un système de rapports sur les violences sexuelles, l'abus, l'exploitation et de la traite des femmes et des fillettes, qui soit complété par des mécanismes de mise en œuvre et de contrôle. Il est également nécessaire d'établir des mécanismes disciplinaires et de contrôle dans toutes les opérations de maintien de la paix. Nous savons tous que des violations contre des femmes et des enfants ont également été commises par le personnel des Nations Unies. Nous sommes extrêmement satisfaits que les Statuts de la Cour pénale internationale accorde la possibilité de protéger et de promouvoir les droits humains des femmes et des fillettes.

La représentante a évoqué le fait que la contribution des femmes à la restauration et à la consolidation de la paix est de plus en plus reconnue. Le Secrétaire général des Nations Unies a lancé un appel en faveur de l'augmentation du nombre de femmes au processus de prise de décision dans le cadre des processus de résolution des conflits et de paix. Cet appel est également contenu dans le Programme d'action de Beijing et la 23ème session spéciale de l'Assemblée générale a encouragé cet objectif ainsi que la nomination de femmes au poste d'envoyé et de représentant spécial. Depuis 1996, les femmes Ambassadeurs aux Nations Unies mettent à jour une liste de candidates femmes et nous avons l'intention de poursuivre nos efforts pour accroître considérablement le rôle des femmes en matière de diplomatie préventive. Nous accueillons favorablement la proposition visant à établir un conseil consultatif au sein du Département des opérations de maintien de la paix. Les questions de sexospécificité doivent être maintenant intégrées à des actions concrètes ainsi qu'a la mise en œuvre des recommandations du rapport Brahimi.

M. KISHORE MAHBUBANI (Singapour) s'est félicité de l'initiative de la Namibie d'inscrire la question du rôle des femmes dans le maintien de la paix et de la sécurité à l'ordre du jour du Conseil de sécurité, considérant que ce débat aurait le mérite d'aborder le rôle des femmes non seulement comme victimes des guerres mais également comme vecteurs de paix. Il a ajouté que les femmes avaient toujours été victimes des conflits, que ce soit de viols, de prostitution forcée, d'esclavage sexuel, les femmes constituant par ailleurs la majorité des populations réfugiées. Cette situation est essentiellement due au fait que, selon le représentant, les combattants d'aujourd'hui sont plus jeunes et manquent d'éducation, citant au passage un document du CICR qui stipulait que "le manque de discipline au sein des belligérants, l'utilisation des populations civiles comme boucliers humains et la confusion de plus en plus croissante entre combattants et non-combattants, donnaient une tournure plus brutale et peu respectueuse des règles de droit aux conflits". Il a souhaité que la communauté internationale réponde avec fermeté aux infractions et suggéré que les recommandations du rapport Brahimi soient examinées. Par ailleurs, il a ajouté que la question de la lutte contre l'impunité devait passer par une application rigoureuse du droit, se prononçant en faveur de la peine de mort comme mesure à la fois préventive et appropriée à ce genre de violations. Il a pris l'exemple du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie et pour le Rwanda, reconnaissant qu'il avait fait du bon travail mais regrettant que ne nombreux coupables ne soient pas encore appréhendés.

Abordant la question de la paix, le représentant a déclaré que la grande évolution de la seconde moitié du vingtième siècle avait été la reconnaissance du rôle que pouvaient jouer les femmes dans la consolidation de la paix. Il a tenu à rappeler le rôle de l'UNIFEM dans les efforts de consolidation de la paix et les initiatives de femmes en faveur de la paix, tant en Afrique du Sud, en Irlande du Nord, au Guatemala qu'au Burundi. Il a poursuivi en déclarant que, pour aboutir à la paix, il fallait obtenir l'engagement des hommes comme celui des femmes et considérer que les questions de paix et de développement étaient étroitement liées.

M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a fait observer que la violence à l'encontre des femmes a pris différentes formes, notamment l'esclavage sexuel, le viol, le viol systématique et les grossesses forcées. Le déplacement forcé aggravé par la perte de biens, la désintégration de la famille et d'autres conséquences tragiques des conflits armés a gravement affecté les populations, en particulier les femmes et les enfants. En violation du droit international, des fillettes sont également kidnappées ou recrutées par les parties au conflit. Pour lutter contre ce phénomène, il est essentiel de mettre en œuvre les recommandations formulées dans différents rapports sur la violence à l'encontre des femmes et des enfants. La Déclaration universelle des droits de l'homme, ainsi que la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes constituent une étape importante en faveur de la protection des droits des femmes contre toutes formes de violence. Malheureusement, les civils sont victimes de souffrances considérables en dépit des instruments juridiques internationaux en vigueur.

Il est regrettable que le viol serve d'arme de guerre tactique pour humilier et affaiblir le moral de l'adversaire. Cette arme pernicieuse vise à terroriser la population ou à contraindre les civils à fuir, comme des évènements récents en ont témoigné en ex-Yougoslavie et dans la région des Grands Lacs en Afrique. Comme l'a dénoncé Amnesty International, le viol est également utilisé comme arme de guerre au Jammu-et-Cachemire. En Afghanistan, la résistance de la communauté internationale à s'engager dans le processus de reconstruction et de réhabilitation d'un pays continue à causer les souffrances de la population civile, en particulier les femmes et les fillettes. Par ailleurs, les sanctions imposées à d'autres pays doivent être réexaminées pour réduire les souffrances de la population civile, et en particulier leur impact sur les femmes et les enfants.

M. KIYOTAKA AKASAKA (Japon) a mis l’accent sur la nécessité de renforcer les efforts déployés pour protéger les femmes et les petites filles prises dans des situations de conflits. A cet égard, il a appelé toutes les parties en conflit et la communauté internationale dans son ensemble à se faire une idée aussi juste que possible de la situation dans ce domaine et à prendre ensemble les mesures nécessaires pour assurer la protection des femmes et des fillettes, de même qu’à prendre en compte le point de vue des femmes victimes dans les processus de rétablissement de la paix. Le représentant a également souligné l’importance du rôle des femmes en ce qui concerne la consolidation de la paix. Rappelant que les femmes constituent un élément essentiel de toutes les communautés, il a estimé qu’il convient de les impliquer si l’on veut parvenir à briser les cycles de la pauvreté et des conflits et à faire aboutir les processus de réhabilitation. Dans le domaine de la lutte contre la pauvreté qui est une des causes des conflits, le Japon accorde depuis longtemps une importance particulière au rôle des femmes, a- t-il poursuivi. Il a participé à la promotion d’une initiative consacrée aux femmes et au développement qui a été lancée lors de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. M. Akasaka a ajouté que le Japon a aussi mis en œuvre de nombreux projets dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’indépendance économique des femmes en Afrique et en Asie, notamment au Cambodge et en Ethiopie. Tous ces programmes ont été sévèrement endommagés à la suite de conflits, a-t-il expliqué, tout en déclarant que son pays a néanmoins l’intention de poursuivre de tels efforts.

Le représentant a mis l’accent sur l’importance d’une approche globale en ce qui concerne la question des femmes et la paix et la sécurité, de même que sur le besoin de coopération entre les organisations internationales, les gouvernements, les ONG et les autres partenaires de la communauté internationale. Il a estimé que le débat d’aujourd’hui doit marquer un tournant et inciter les Etats Membres et l’Organisation à passer d’une étape de sensibilisation et de défense, à une étape consacrée à l’action concrète. Il a estimé que les organisations internationales pertinentes, telles que l’UNIFEM, qui disposent d’une expérience dans le domaine de la parité entre les sexes, devraient renforcer leurs efforts pour étudier les mesures spécifiques permettant de mettre en place une perspective respectueuse de l’égalité entre les sexes dans les domaines de la prévention des conflits, du rétablissement de la paix, du maintien de la paix et de la consolidation de la paix, de même que pour mettre en œuvre des programmes d’aide aux femmes sur le terrain.

M. SOTIRIOS ZACKHEOS (Chypre) a déclaré que les conséquences les plus négatives des conflits armés - à court ou long terme - affectent les groupes les plus vulnérables de civils, en particulier les femmes et les enfants. Au cours des conflits armés, l'impact sur les familles et sur les modes de vie traditionnels peut être dévastateur. Un nombre considérable de femmes sont non seulement victimes de violences sexuelles ou tuées, mais subissent également la perte de parents, d’enfants ou de leur conjoint, et sont souvent contraintes à assumer le rôle de chef de famille. Il est impératif pour la communauté internationale - et une obligation pour le Conseil de sécurité - d'assister et de protéger ces femmes et ces enfants. Le Conseil de sécurité devrait toujours tenir compte de leur situation et de leurs souffrances et réfléchir à des solutions appropriées. La délégation de Chypre émet l'espoir que la présente séance du Conseil donnera lieu à des mesures concrètes sur le rôle des femmes dans le processus de paix et sur les questions humanitaires et la protection des femmes pendant et après les conflits. A cet égard, M. Zackheos a préconisé la création d'un Groupe d'experts indépendants œuvrant en étroite coopération avec le Secrétariat, les institutions compétentes et la société civile.

Soulignant l'importance du problème des réfugiés et des personnes déplacées à l'intérieur des frontières, M. Zackheos a rappelé que l'expérience douloureuse de près d'un tiers de la population chypriote en 1974 a montré au gouvernement et au peuple de Chypre le rôle central des femmes dans les situations post-conflit et d'instauration de la paix. Leur rôle pour faire face à l'impact négatif de la guerre, des déplacements et à la relance de l'économie a été immense en dépit des souffrances subies. C'est pourquoi, le Gouvernement de Chypre estime que les droits des femmes devraient être garantis pendant et après les conflits, et que leur participation aux efforts de rétablissement de la paix doit être soutenue par tous les moyens possibles. Par ailleurs, l'inclusion dans le Statut de Rome de toutes les formes de violence sexuelle à l'encontre des femmes en tant que crime de guerre a été un succès important, ce qui pourrait permettre de mettre fin à l'impunité de ces atrocités.

M. SUN JOUN-YUNG (République de Corée) a déclaré que si le nombre de conflits à l’échelon mondial a diminué depuis la fin de la Guerre froide, les conflits armés au niveau régional, national et local se sont multipliés mettant à l’épreuve les capacités de la communauté internationale à maintenir la paix et la sécurité. Même si les conflits armés affectent tant les hommes que les femmes, la forme que prennent ces conflits à l’heure actuelle rend les femmes et les jeunes filles particulièrement vulnérables à un nombre important de menaces du fait de leur statut dans la société ou de leur sexe, a-t-il estimé. Dans la plupart des cas, le nombre de victimes parmi les combattants est largement dépassé par les morts civiles, dans leur majorité parmi les femmes et les enfants. De plus en plus souvent, les parties au conflit se rendent coupables de violence contre les femmes et utilisent cette violence comme une stratégie de guerre et de terrorisme. Selon le représentant, la crainte de cette violence a provoqué un flot massif de réfugiés et de personnes déplacées, dont une majorité de femmes, d’adolescentes et d’enfants.

Malgré les nombreux efforts qui ont été accomplis, beaucoup reste à faire pour assurer le respect d’une justice sensible à la parité entre les sexes, pour rencontrer les besoins spécifiques des femmes dans les conflits armés et pour accroître la participation des femmes aux opérations de maintien de la paix, de consolidation de la paix et au processus de réconciliation. La République de Corée est d’avis que la paix est indissociable de l’égalité entre les hommes et les femmes et que les femmes devraient jouer un rôle égal à celui des hommes dans le domaine du maintien de la paix et de la sécurité. Dans ce contexte, nous devons assurer la participation des femmes à tous les niveaux de décisions et d’application des décisions, a estimé le représentant de la République de Corée, insistant sur le fait que les Nations Unies doivent prêter une plus grande attention au respect de la parité entre les sexes dans leurs travaux. Une formation dans le domaine des sexospécifités est souhaitable au sein du personnel affecté au maintien de la paix pour assurer un travail efficace, protéger et promouvoir les besoins et les droits de la femme, a-t-il ajouté. Enfin, les femmes se trouvant dans les camps de réfugiés et déplacées devraient être impliquées plus avant dans la définition de la gestion des activités humanitaires. Sans la reconnaissance de l’égalité et de la promotion de la femme, les Nations Unies ne pourrons pas créer le monde décrit dans la Charte, a-t-il conclu.

MME KRISHNA BOSE (Inde) a souhaité que les discussions portent d'une part sur l'impact des conflits sur les femmes et, d'autre part, sur le rôle des femmes dans les conflits et dans leur résolution. Elle a déclaré que les femmes portaient le fardeau des conséquences des conflits sans pour autant jouer un rôle ni dans la guerre, ni dans la paix, cette réalité étant liée aux positions de pouvoir et d'influence des hommes, qui ont une position dominante y compris au sein du Conseil de sécurité. Elle a poursuivi en s'interrogeant sur la notion d'égalité entre les sexes, constatant que les femmes étaient victimes des conflits car la doctrine militaire avait évolué au cours de ce siècle écoulé et ne distinguait plus entre combattants et populations civiles. Elle a ajouté que face à la guerre qui a toujours été considérée comme masculine, l'enrôlement des femmes ne pourrait constituer une réponse adéquate contrairement à ce que suggère le rapport Brahimi qui propose qu'un meilleur équilibre soit assuré entre hommes et femmes dans les missions de maintien de la paix. Elle a jugé qu'il y avait déjà suffisamment de problèmes avec la féminisation de la pauvreté pour ne pas féminiser la violence et préféré que des femmes contribuent à la résolution des conflits en étant nommées représentantes spéciales du Secrétaire général. Elle a en outre regretté que le Conseil ait décidé, pour lutter contre le virus du VIH/sida, de doter les Casques bleus de préservatifs, une telle mesure aggravant davantage la condition des femmes qui sont victimes d'exploitation sexuelle dans les opérations de maintien de la paix.

Elle a considéré que, contrairement à ce qu'affirmaient des juristes féministes, le droit international humanitaire offrait suffisamment de protection aux femmes et que la question se posait de garantir l'applicabilité de ses règles plutôt que de chercher à les renforcer. La représentante a ajouté que les Etats étaient le plus souvent partis aux traités et conventions et qu'en cas de violations de ces règles, le Conseil appliquait des sanctions à l'endroit des gouvernements avant de s'interroger sur les mesures qui pouvaient être prises par le Conseil de sécurité à l'endroit des mouvements armés illégaux qui combattent ces gouvernements et violent les règles fondamentales. Elle a considéré que la communauté internationale devait prendre des mesures afin de réduire l'impact des conflits sur les femmes et de renforcer leur capacité à restaurer et préserver la paix. Elle a conclu en souhaitant que les femmes soient dotées de plus de pouvoir pour lutter contre les causes des conflits, à commencer par le fléau de la marginalisation et de l'inégalité né de la mondialisation.

M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a souligné le lien étroit entre la promotion du droit des femmes et le maintien de la paix et de la sécurité. La Conférence “Beijing + 5” a permis de réaffirmer l’importance de la problématique homme femme dans l’évaluation des situations de conflit, a rappelé le représentant. La Conférence a également permis de reconnaître que les conflits armés génèrent systématiquement des violences contre les femmes, le plus souvent de nature sexuelle. Dans ce contexte, la Nouvelle-Zélande se félicite que certaines formes de violence contre les femmes revêtent la qualification de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité dans le Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale. Poursuivant, le représentant a salué l’action des femmes en faveur de la paix dans la région du Pacifique. Il a ainsi estimé que des groupes de femmes ont joué un rôle déterminant dans le règlement du conflit aux Iles Salomon. Le représentant a insisté sur la nécessité d’adopter une problématique homme femme en matière d’opérations de paix des Nations Unies.

Même s’il devait augmenter, le nombre de femmes qui prennent part aux opérations de maintien de la paix ou aux programmes humanitaires resterait insuffisant, a regretté le représentant. Aussi, a-t-il exhorté le Secrétaire général à promouvoir la parité entre les sexes au sein du Secrétariat et également au Département des opérations de maintien de la paix des Nations Unies. Dans ce contexte, la Nouvelle-Zélande appuie pleinement la mise en œuvre du rapport Brahimi en ce qu’il préconise une répartition des sexes plus équitable dans la nomination des dirigeants de missions de maintien de la paix. Le fait préoccupant qu’aucune femme n’exerce la fonction de Représentant spécial du Secrétaire général devrait encourager le Secrétaire général à mettre rapidement un terme à ce déséquilibre. La Nouvelle-Zélande appuie pleinement la proposition du Secrétaire général visant à développer la formation des personnels des forces armées et civiles des Nations Unies aux questions de sexospécificité. Dans ce contexte, le représentant s’est félicité que les équipes de la Mission de l’Autorité transitoire des Nations Unies au Timor oriental aient pu bénéficier de formations en matière de droits des femmes et que davantage de femmes aient été recrutées dans les forces de police. Le représentant a enfin attiré l’attention du Conseil sur le fait que les femmes et les enfants souffrent de façon disproportionnée de l’imposition de sanctions économiques. La Nouvelle-Zélande appelle de ses vœux l’application de “sanctions intelligentes” ayant un impact humanitaire réduit et des effets néfastes limités sur les femmes et les enfants. Le Conseil de sécurité devrait encourager l’évaluation de l’effet des sanctions, avant, pendant et après leur application.

M. TICHAONA JOSEPH B. JOKONYA (Zimbabwe) a déclaré que l’examen de la question intitulée «les femmes et la paix et la sécurité» reflète la reconnaissance de la vulnérabilité spécifique des femmes placées en situation de conflit et de l’inégalité actuelle existant au niveau de la prise de décision et des structures de pouvoir en la matière. Le fait que les femmes ont tout à perdre et payent un tribut effroyable aux conflits armés leur donne un mandat indiscutable pour jouer un rôle dans tous les domaines de la paix et de la sécurité. Cependant, les femmes se sont vu refuser leur participation aux efforts déployés en la matière. Au niveau tant national qu’international, la dimension de la parité entre les sexes dans le processus de paix n’a pas été abordée de manière adéquate. Chaque nouvelle guerre amène son cortège d’horreurs en ce qui concerne les atteintes à la dignité de la femme. La victimisation des femmes a même été employée comme outil guerrier dans certains cas.

Il existe un besoin flagrant de renforcer la protection des femmes et des jeunes filles placées en situation de conflit, a encore estimé le représentant. Des statistiques récentes montrent que trois quarts des personnes déplacées à l’intérieur des pays et des réfugiés sont des femmes et des enfants. Il est évident que des mesures préventives, qui peuvent potentiellement résoudre les différends avant qu’ils ne dégénèrent en confrontation violente, offrent la meilleure protection à tous les membres de toutes les sociétés. Dans ce contexte, il est crucial que nous reconnaissions le rôle important que peuvent jouer les femmes dans la prévention et la résolution des conflits et dans la consolidation de la paix, a encore insisté le représentant. Les femmes sont la cheville ouvrière des mécanismes d’alerte précoce. Les femmes peuvent également participer au rétablissement et à la préservation de l’ordre social. Elles sont les éducatrices de leur famille et de leur communauté et peuvent donc aussi façonner une culture de paix dans les sociétés déchirées par la guerre. Elles sont enfin plus enclines que les hommes à promouvoir le bien des populations au sens large, a encore déclaré le représentant.

M. MAKMUR WIDODO (Indonésie) a souligné que la violence à l'encontre des femmes devrait constituer une des priorités de tous les ordres du jour concernant la situation des femmes, et être qualifiée de crime. A cet égard, il a indiqué que son pays a adopté une politique "tolérance zéro" sur la violence à l'encontre des femmes et œuvre en étroite coopération avec les groupes nationaux pour la défense des droits des femmes, les services de police et les parlementaires pour faire face à ce grave problème.

En fait, le Ministre d'Etat pour la promotion des femmes a annoncé une proclamation conjointe de l'Etat et de la communauté internationale pour éliminer la violence à l'encontre des femmes. La communauté internationale, les groupes régionaux et nationaux ne devraient plus tolérer que des actes de violence soient commis à l'encontre des femmes. La délégation indonésienne souligne qu'il est important que ces efforts soient soutenus par la communauté internationale. On ne doit plus faire face à la violence à l'encontre des femmes uniquement dans le contexte de victimes de conflits armés, mais également comme participantes à part entière au processus de paix. Bien qu'historiquement, les femmes aient maintenu la structure familiale dans des circonstances difficiles et assumé le plus souvent le rôle de chef de famille, leur participation au processus de paix demeure exceptionnelle. Rappelant qu'un des objectifs de la Conférence de Beijing visait à faire participer de manière plus active les femmes au processus de décision sur le règlement des conflits et à les protéger dans les situations de conflits ou d'occupation étrangère, M. Widodo a estimé qu'il est indispensable de réaliser cet objectif au niveau national ainsi qu'au sein des Nations Unies, en nommant des femmes à des postes de responsabilités et en garantissant une participation égale dans les processus de paix et le règlement des conflits.

Pour sa part, le Conseil de sécurité devrait affirmer qu'il est important d'intégrer la démarche d'équité des sexes dans ses décisions sur le règlement des conflits et veiller à ce que ses résolutions déterminent un mandat clair sur le renforcement de l'égalité des sexes.

M. DAUDI NGELAUTWA MWAKAWAGO (Tanzanie) a rappelé que le rapport de Graça Machel soulignait qu'au cours des conflits armés, les femmes et les fillettes sont constamment menacées de viol, de violence au sein de la famille, d'exploitation, de trafic, d'humiliation et de mutilations sexuels. Elles courent des risques à tous les niveaux, au foyer, dans les combats et dans les camps de réfugiés et de personnes déplacées. Dans certains cas, le viol systématique et la terreur servent d'armes de guerre. Elles gardent de ces atrocités des séquelles qui mettront longtemps à s'effacer. De toute évidence, les femmes sont le pilier de leur famille et de leur communauté. Ce sont également les femmes qui soutiennent les hommes en période de guerre et qui sont en ligne de front des mouvements en faveur de la paix. Dans ce contexte, il est évident que l'on ne peut continuer à les exclure des processus de règlement des conflits. Il est donc impératif d'étendre le rôle des femmes dans ce domaine non seulement pour faire face aux inégalités, mais également pour que nos sociétés profitent de leurs approches à l'égard de la prévention, du règlement des confliTs et de la restauration de la paix.

Etant des victimes directes de la violence et de la discrimination, les femmes ont une meilleure compréhension de la nécessité de faire face à la paix de manière globale. Il est encourageant de noter qu'étant donné la prévalence des conflits - en particulier en Afrique - les femmes ont pris certaines initiatives visant à promouvoir le règlement pacifique des conflits et créer une culture de paix. Dans ce contexte, le rôle des femmes burundaises dans le processus de paix dans leur pays, et la reconnaissance de ce rôle par M. Nelson Mandela, le Facilitateur du processus de paix au Burundi, devrait servir d'exemple et de source d'inspiration à la communauté internationale, a estimé M. Mwakawago.

MME PENNY WENSLEY (Australie) a estimé que le débat thématique du Conseil de sécurité sur “les femmes et la paix et la sécurité” contribue au processus d’ouverture du Conseil, non seulement aux non-membres mais aussi à de nouvelles formes de pensée. Il permettra également d’avancer dans le vaste agenda pour la promotion des femmes et aidera l’ONU à gérer les défis majeurs auxquels elle est confrontée, notamment l’application du rapport du Sommet du millénaire et du rapport Brahimi, l’établissement de la Cour pénale internationale et la réforme de l’Organisation. Comme il a été reconnu que le développement durable nécessite la participation et l’engagement actifs des femmes et des hommes, on en vient rapidement à reconnaître, selon Mme Wensley, que le même lien vital existe pour la résolution des conflits, la réalisation et le maintien de la paix ainsi que les activités après les conflits. L’Australie appuie de nombreuses conclusions et recommandations de la Déclaration de Windhoek et du Plan d’action de Namibie tout comme l’Étude sur l’impact des conflits armés sur les enfants menée par Graca Machel.

Concernant le rétablissement de la paix, le rôle des femmes ne doit pas se limiter à un niveau informel et communautaire ; un rôle actif dans les processus officiels de résolution des conflits et de reconstruction après les conflits doit leur être confié, a déclaré la représentante. Tout comme elle souhaite partager son expérience des programmes mis en place à Bougainville, dans les Iles Salomon et au Timor oriental pour encourager la participation des femmes dans le processus de paix, l’Australie souhaite voir un effort plus délibéré et soutenu, aux niveaux régional et international, pour accroître la participation des femmes dans les opérations de maintien de la paix. Ainsi, davantage de femmes qualifiées devraient être considérées pour être nommées Représentante spéciale ou Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général ainsi qu’aux postes de direction des opérations de paix sur le terrain, a estimé Mme Wensley. De même, plus de femmes devraient généralement travailler au sein du système légal international, notamment au niveau de la Cour pénale internationale dont le Statut prévoit une “représentation équitable des hommes et des femmes parmi les juges”. En outre, les procédures de recrutement et de formation devraient accorder davantage d’attention aux femmes pour qu’elles participent aux interviews des victimes, conseillent des personnes traumatisées et interagissent avec les communautés à la suite des conflits, a suggéré la représentante.

MME JELENA GRCIC POLIC (Croatie) a déclaré que le principe de la parité entre les sexes dans toutes les dimensions et interactions sociales constitue la pierre angulaire de toute société démocratique. Le maintien de la paix et de la sécurité internationales requiert la participation de la totalité de la population mondiale et non pas seulement de la moitié. Cependant, a ajouté la représentante, concentrer notre attention de manière prédominante ou exclusivement sur l’impact que peuvent avoir les conflits sur les femmes et les jeunes filles risquerait de desservir l’approche globale sur les répercussions de ces conflits en général. L’expérience du El Salvador, de la Bosnie-Herzégovine, du Timor oriental et de Sierra Leone nous a appris que les femmes et les jeunes filles sont les principales victimes des viols, mauvais traitements, abus et déplacements forcés. Les femmes et les enfants, qui constituent quatre-vingt pour cent des personnes déplacées et des réfugiés, sont traités de façon différente que les hommes. La moindre des choses que nous puissions faire est d’en appeler au Conseil de sécurité pour qu’il presse les parties au conflit de prendre des mesures particulières destinées à protéger ces catégories de personnes vulnérables, a-t- elle ajouté.

Dans ses prérogatives en matière de définition du mandat des opérations de maintien de la paix, le Conseil de sécurité peut faire beaucoup plus, a estimé la représentante. Il peut par exemple exiger que des mécanismes spéciaux soient mis en place pour informer de toute forme de violence sexuelle et d’exploitation des femmes. Le Conseil devrait aussi exiger que le personnel de toutes les missions, avant son déploiement ou en phase de déploiement, reçoive une formation en matière de sexospécificité. Le Conseil devrait aussi faire respecter les règles de droit international humanitaire s’y rapportant. Nous devons garder à l’esprit que le viol a été reconnu comme un crime de guerre seulement après l’horrible record enregistré en la matière en Bosnie-Herzégovine, a-t-elle encore précisé.

Au cours de la période suivant les conflits et pendant les opérations de consolidation de la paix, il est important de soutenir les femmes, au niveau local en s’efforçant d’améliorer leur situation économique précaire. Le Conseil de sécurité devrait à cet égard mandater des femmes dans tous les mécanismes d’action en faveur de l’instauration de la paix, en envisageant leur participation aux secteurs politique, économique et social, ce qui aurait pour effet d’accroître les perspectives d’une paix durable, a encore estimé la représentante. Il est inutile de préciser que la même rhétorique s’applique également à la prévention, la médiation et la résolution des conflits, a-t-elle encore déclaré, insistant sur le fait qu’aucune femme n’occupe pour l’instant de poste de direction dans le secteur des opérations de paix des Nations Unies ou en tant qu’Envoyé ou Représentant spécial du Secrétaire général.

M. SERGE LING (Bélarus) a noté que la question à l'ordre du jour du Conseil de sécurité est une innovation. Il a souligné la nécessité de renforcer la participation des femmes dans le processus de paix et dans toute décision visant à régler un conflit. L'intégration de certains aspects garantissant la protection des femmes et des fillettes dans les opérations de maintien de la paix est essentielle. Le Bélarus entend apporter son soutien à tout effort dans ce sens. Documentation de base

Déclaration de Windhoek à l’occasion du dixième anniversaire du Groupe d’assistance des Nations Unies pour la période de transition, adoptée à Windhoek, le 31 mai 2000

Dans un monde déchiré par la guerre, des hommes et des femmes aspirent à la paix et s’emploient à résoudre les conflits, à faciliter la réconciliation et à ramener la paix et la stabilité dans leurs communautés et leur pays, par l’intermédiaire de l’ONU et des organisations régionales.

Les opérations de paix des Nations Unies ont évolué du maintien de la paix au sens traditionnel à des opérations multidimensionnelles de soutien à la paix. Jusqu’à présent, les femmes n’ont pas eu la possibilité de participer sur un pied d’égalité à ces efforts, tant au niveau national qu’international, et leur rôle dans les processus de paix n’a pas été convenablement pris en compte.

Afin de garantir l’efficacité des opérations de paix, les principes d’équité et d’égalité entre les sexes doivent se retrouver dans toute la mission, à tous les niveaux, garantissant ainsi aux femmes et aux hommes la même place, en tant que partenaires comme en tant que bénéficiaires, dans tous les aspects d’un processus de paix – maintien de la paix, réconciliation et consolidation de la paix – destiné à créer une situation de stabilité politique dans laquelle les hommes et les femmes ont une place égale dans le développement politique, économique et social de leur pays.

Lors d’un séminaire sur l’intégration d’une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans les opérations multidimensionnelles de paix, organisé à Windhoek par le Groupe des enseignements tirés des missions du Département des opérations de maintien de la paix du Secrétariat de l’ONU et par le Gouvernement namibien du 29 au 31 mai 2000, les participants ont examiné les moyens concrets par lesquels le système des Nations Unies et les États Membres pouvaient favoriser une telle intégration. Le séminaire recommande à cet égard le Plan d’action de Namibie et prie le Secrétaire général de faire en sorte que des mesures appropriées de suivi soient prises, en consultation avec les États Membres, et que les progrès accomplis soient régulièrement évalués.

Plan d’action de la Namibie sur l’intégration d’une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans les opérations pluridimensionnelles de maintien de la paix, également adoptée le 31 mai 2000

Le plan d’action se divise en neuf points. Le premier est consacré aux négociations relatives à l’application d’un cessez-le-feu ou à des accords de paix. Il prévoit que l’égalité de l’accès et de la participation des femmes devraient être garantie dans la zone du conflit à tous les niveaux et à tous les stades du processus de paix. Dans les négociations relatives à un cessez-le-feu ou à des accords de paix, les femmes devraient faire partie intégrante du processus de négociation. Le deuxième point est consacré au mandat. La mission initiale d’évaluation de toute opération de paix devrait inclure un conseiller hors classe sur l’intégration d’une démarche soucieuse d’équité entre les sexes. Les résolutions du Conseil de sécurité créant ou prorogeant des opérations de paix devraient inclure un mandat spécial relatif à l’intégration d’une perspective soucieuse d’équité entre les sexes. Tous les mandats des opérations de paix devraient faire référence aux dispositions de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes, ainsi qu’à d’autres instruments juridiques internationaux pertinents.

Le troisième point est consacré aux postes de direction. Conformément à l’objectif fixé par le Secrétaire général d’avoir 50% de femmes dans les postes de direction et de prise de décisions, des efforts plus déterminés doivent être faits pour sélectionner et nommer des femmes au poste de représentant spécial du Secrétaire général et à des postes de responsabilité sur le terrain dans le cadre des opérations de paix. Les représentants spéciaux du Secrétaire général et le personnel de rang élevé des missions devraient recevoir une formation approfondie aux problèmes de sexospécificités avant d’être envoyés sur le terrain.

Le point quatre fait référence à la planification, aux structures et ressources des missions. Toutes les missions devraient systématiquement être notamment composées d’un groupe chargé des problèmes de parité doté de moyens financiers suffisants et d’un personnel approprié à tous les niveaux en mesure d’avoir un accès direct aux principaux décideurs. Les organes financiers de l’ONU et en particulier le Comité consultatif pour les questions administratives et budgétaires (CCQAB) doivent donner la priorité au financement des activités destinées à assurer la parité entre les sexes.

Le point cinq aborde la question du recrutement. L’ONU doit donner l’exemple et augmenter rapidement le nombre de personnel féminin civil hors classe dans les opérations de paix, dans tous les départements du Siège intéressés, y compris le Département des opérations de maintien de la paix et sur le terrain. Les Etats Membres devraient être incités à augmenter, dans leurs contingents militaires et de police civile, le nombre de femmes disposant des qualifications requises pour servir dans des opérations de maintien de la paix à tous les niveaux, y compris au plus élevé.

Le sixième point est consacré à la formation. Les questions de parité devraient être intégrées à tous les cours de formation régionaux et nationaux et dans les cours relatifs aux opérations de paix, en particulier ceux organisés directement par le Groupe de la formation du Département des opérations de maintien de la paix. La formation obligatoire sur les questions de parité organisée lors de l’arrivée dans les zones de mission devrait inclure les sujets suivants : code de conduite; culture, histoire et normes sociales du pays hôte; Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes; harcèlement sexuel et violences sexuelles.

Aux termes du point sept consacré aux procédures, le Département de maintien de la paix devrait incorporer l’équité entre les sexes à ses directives. Un poste de conseiller principal pour la parité, qui ferait office d’interlocuteur pour les missions sur le terrain, devrait être créé au sein du Département. Le point huit concerne le contrôle, l’évaluation et la responsabilité. Des mécanismes de contrôle et d’évaluation de la réalisation des objectifs des Nations Unies en la matière devraient être mis en place au Siège de l’ONU et dans les missions de maintien de la paix, en consultation avec la Division de la promotion de la femme.

Enfin, selon le neuvième point, il convient d’utiliser tous les moyens possibles pour accroître la sensibilisation du public à l’importance de l’intégration d’une démarche soucieuse d’équité entre les sexes dans les opérations de paix. Les médias devraient à cet égard jour un rôle actif et concret.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.