ACTIVITES DU SECRETAIRE GENERAL AU MOYEN-ORIENT 8 AU 18 OCTOBRE 2000
Communiqué de Presse
SG/T/2253
ACTIVITES DU SECRETAIRE GENERAL AU MOYEN-ORIENT 8 AU 18 OCTOBRE 2000
20001019Le dimanche 8 octobre, face à la persistance de la violence au Moyen-Orient, le Secrétaire général de lOrganisation des Nations Unies a décidé de se rendre dans la région. Un communiqué rendu public aussitôt après explique que les enjeux étant extrêmement importants quand ce ne serait quen vies humaines innocentes M. Annan a jugé de son devoir de tout faire pour réduire les tensions et relancer le processus de paix (voir SG/SM/7579).
M. Annan est arrivé lundi à Tel-Aviv, où il sest immédiatement entretenu avec M. Shlomo Ben Ami, Ministre des affaires étrangères par intérim dIsraël, de la réduction des tensions engendrées dans la région par les affrontements incessants entre les autorités israéliennes et les manifestants palestiniens. Lors dune conférence de presse conjointe tenue à lhôtel Dan, le Secrétaire général a déclaré quil était venu pour écouter les dirigeants de la région, travailler avec eux, offrir son aide et envisager les moyens dapporter ensemble une solution à la crise. Laction devait passer de la rue à la table des négociations, il fallait arrêter leffusion de sang et empêcher le conflit de se propager. « Le temps presse, les enjeux sont élevés. Aucun dentre nous nest prêt à payer le prix dun échec », a-t-il déclaré. Il a conclu en exhortant les simples citoyens à renoncer à la violence et à la force et à faire un effort vers la paix (voir SG/SM/7582).
De Tel-Aviv, le Secrétaire général sest rendu en avion à Gaza où il a rencontré M. Yasser Arafat, Président de lAutorité palestinienne. Là encore, les entretiens ont essentiellement porté sur la manière de rétablir le calme avant de semployer à relancer le processus de paix.
À lissue de chacune de ces entrevues, le Secrétaire général sest adressé brièvement aux médias. « Je suis venu voir si je pouvais être utile », a-t-il déclaré. « Notre premier objectif est clair. il faut arrêter leffusion de sang. »
M. Arafat a ensuite donné en lhonneur du Secrétaire général un dîner qui a débuté à minuit.
Le mardi matin, le Secrétaire général sest à nouveau entretenu avec M. Arafat, après des consultations assez étendues entre leurs collaborateurs. Ils ont discuté en termes plus précis des moyens de rétablir le calme.
M. Igor Ivanov, Ministre des affaires étrangères de la Russie, est alors arrivé pour rencontrer M. Arafat. Le Secrétaire général et M. Ivanov ont profité de loccasion pour se concerter pendant une vingtaine de minutes, puis il y a eu un bref entretien à trois.
Le Secrétaire général sest ensuite rendu par la route à Jérusalem, où il a déjeuné avec M. Martin Indyk, Ambassadeur des États-Unis en Israël. Après le déjeuner, il a rencontré M. Ehoud Barak, Premier Ministre dIsraël. Les deux hommes ont étudié comment les deux dirigeants MM. Barak et Arafat pouvaient se rendre maîtres de la situation pour que le processus de paix puisse redémarrer. Le Secrétaire général a souligné que la persistance de linstabilité en Israël et dans les territoires occupés faisait peser une menace sur toute la région.
Après quoi, le Premier Ministre et le Secrétaire général se sont adressés à la presse.
Le Secrétaire général a ensuite rencontré M. Moshe Katsav, Président dIsraël, pour procéder à un tour dhorizon de la situation politique et à lévaluation des perspectives de rétablissement de la paix.
M. Ivanov sest de nouveau entretenu avec le Secrétaire général pour lui rendre compte de ses rendez-vous de la journée et mettre au point une stratégie commune.
Cest avec M. Yossi Beilin, Ministre de la justice dIsraël, que le Secrétaire général a eu sa dernière entrevue de la journée.
Le mercredi 11 octobre, au matin, il sest une nouvelle fois entretenu pendant environ une demi-heure avec M. Ehoud Barak, puis avec M. Igor Ivanov, avant de se rendre en hélicoptère à Gaza pour rencontrer à nouveau M. Yasser Arafat. Lentretien sest poursuivi durant le déjeuner.
LEnvoyé spécial du Secrétaire général au Moyen-Orient, M. Terje Roed-Larsen, avait travaillé une bonne partie de la nuit avec létat-major de M. Arafat pour mettre au point une formule de paix. Il a poursuivi ses travaux avec les Palestiniens après le déjeuner.
À Gaza, le Secrétaire général sest entretenu au téléphone avec, entre autres personnes, M. Jacques Chirac, Président de la France, M. Robin Cook, Ministre des affaires étrangères du Royaume-Uni, et M. Bill Clinton, Président des États-Unis. Il a continué à solliciter ladhésion de la communauté internationale à une formule qui visait à réduire les tensions, mais qui navait toujours pas lagrément des deux parties.
Le Secrétaire général a reporté le voyage quil devait faire à Beyrouth pour poursuivre son action auprès des Israéliens et des Palestiniens. Il est retourné à Jérusalem mercredi soir pour y passer la nuit; il est resté en contact avec les deux parties. Dans la soirée, il a annoncé quune réunion au plus haut niveau du Comité de sécurité tripartite serait convoquée dans les prochains jours (voir SG/SM/7585).
Le jeudi 12 octobre, au matin, le Secrétaire général sest rendu en avion au Liban pour y rencontrer le Président du pays, M. Émile Lahoud, et M. Salim El-Hoss, Premier Ministre, quil a informés de son action dans la région. Les trois hommes ont également débattu de la situation sur la « ligne bleue ». Le Secrétaire général a de nouveau exhorté les Libanais à déployer des effectifs supplémentaires le long de cette ligne pour stabiliser la zone.
À lissue de cette réunion, le Secrétaire général a rencontré M. Kamal Kharrazi, Ministre des affaires étrangères de lIran, qui se trouvait également à Beyrouth. Les deux hommes se sont ensuite brièvement adressés à la presse. Le Secrétaire général a déclaré quil était en relation constante avec les responsables israéliens et palestiniens et quil espérait que la réunion du Comité de sécurité tripartite serait maintenue.
M. Annan a ensuite pris lavion pour Naqoura, siège de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL), où le général Seth Obeng, commandant de la Force, la mis au courant de la situation sur la « ligne bleue ». Cest là que la nouvelle lui est parvenue des violences en Cisjordanie et à Gaza.
Il est retourné à Beyrouth où il a rendu publique une déclaration dans laquelle il qualifiait de consternants les événements de la journée.
Il en appelait à tous, dirigeants et population, pour quils réfléchissent à ce quils faisaient et à lavenir quils souhaitaient à leurs enfants. La violence engendrant la violence, il les a exhortés à la modération.
Il concluait en exprimant sa profonde tristesse devant les souffrances et la perte de tant de victimes dans le chaos régnant et en pressant encore toutes les parties de « respecter la vie, de renoncer à la violence et den revenir à un dialogue sensé » (voir SG/SM/7586).
Il est ensuite retourné à Jérusalem en avion.
Le vendredi 13 octobre, le Secrétaire général a passé la journée à Jérusalem à sentretenir au téléphone avec des représentants des Israéliens et des Palestiniens, notamment MM. Arafat et Barak, ainsi quavec M. Clinton, Mme Madeleine Albright, Secrétaire dÉtat des États-Unis, M. Jacques Chirac, M. Robin Cook, M. Javier Solana, de lUnion européenne, et M. Igor Ivanov.
Il a également rencontré M. Peter Hansen, Commissaire général de lOffice de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche- Orient. Avec lassentiment du Secrétaire général, M. Hansen, en sa qualité de coordonnateur des mesures de sécurité dans la zone, a évacué de la région un certain nombre de fonctionnaires dont les services nétaient pas essentiels ainsi que des familles de fonctionnaires. Toutefois, les programmes de lONU se sont poursuivis normalement dans la zone.
M. Annan a déclaré à la presse que les principaux intéressés étaient prêts à se rencontrer le week-end suivant en Égypte, à linvitation de M. Hosni Mubarak, Président de ce pays.
Il a exhorté les deux parties à faire cesser les hostilités avant la tenue du sommet et durant celui-ci, « comme cela est normal en pareilles circonstances ».
Vendredi, en fin de journée, le Secrétaire général sest rendu à Gaza en hélicoptère et en voiture pour rencontrer M. Arafat. À lissue de lentrevue, il a dit à la presse quil pensait avoir avancé, M. Arafat ayant accepté, dans le principe, de participer à une réunion au sommet à Charm al-Cheikh (Égypte). Le Président de lAutorité palestinienne devait consulter son état-major avant de sengager.
Le Secrétaire général sest ensuite rendu à Tel-Aviv, au domicile de M. Barak, où il est arrivé aux environs de 23 heures. Au cours de cette entrevue, le Premier Ministre a confirmé quil avait lintention de participer au sommet. Le Secrétaire général a ensuite regagné Jérusalem en avion pour se rendre à son hôtel, doù il a appelé les principaux intéressés afin de leur rendre compte des faits nouveaux de la soirée.
Le lendemain matin, peu après 10 heures, M. Arafat a appelé le Secrétaire général pour lui annoncer quil participerait au sommet. Le Secrétaire général a ensuite pris lavion pour Charm al-Cheikh où il est arrivé en milieu de journée. Alors quil quittait son hôtel à Jérusalem, on lui a demandé sil y avait un risque que le sommet échoue. « Lorsque tant de vies humaines sont en jeu, lorsquil y a tant de morts, le risque ne vaut-il pas dêtre pris? Et si nous ne prenons pas le risque de cette conférence, quallons-nous faire? Laisser la situation se dégrader? ».
M. Amre Moussa, Ministre des affaires étrangères dÉgypte, a rencontré le Secrétaire général peu après son arrivée à Charm al-Cheikh. M. Annan a déclaré à la presse que le sommet serait présidé par M. Mubarak et parrainé par M. Clinton, qui décideraient entre eux des détails dorganisation, mais que la réunion ne débuterait sans doute pas avant le lundi 16 octobre. Au cours de la journée, il a donné de nombreux coups de téléphone pour mettre les dirigeants au courant de la situation. Il a ensuite dîné avec M. Moussa.
Le matin du dimanche 15 octobre, M. Annan a rencontré M. Mubarak pour préparer le sommet. Alors quil sortait de son hôtel, des journalistes lui ont demandé si un échec était envisageable. « Je ne pense pas que nous ayons le choix », a-t-il répondu.
Avec le Ministre des affaires étrangères dÉgypte, il sest adressé à la presse à lissue de son entrevue avec le Président. Interrogé sur la menace que les récents incidents faisaient planer sur toute la région, le Secrétaire général a déclaré que la crise ne se limitait pas aux territoires palestiniens et à Israël. Des manifestations avaient eu lieu en dehors de la région. La croissance économique mondiale allait sen ressentir. Les cours du pétrole avaient atteint leur plus haut niveau depuis 10 ans. Tous les pays, riches et pauvres, allaient être touchés.
« Nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réussir », a-t-il conclu.
Laprès- midi, le Secrétaire général a rencontré des représentants palestiniens et américains, a poursuivi ses entretiens téléphoniques et a eu une nouvelle entrevue avec M. Mubarak en début de soirée.
En fin de journée, tout semblait fin prêt pour le sommet qui devait débuter le lendemain matin.
Lundi matin, vers 6 h 30, le Secrétaire général a fait une longue promenade le long de la mer Rouge pour se préparer à une journée de diplomatie intensive.
Il sest rendu à 10 heures sur les lieux du sommet, où il a rencontré M. Barak qui la informé de la position quIsraël entendait adopter à louverture des pourparlers.
Il sest ensuite entretenu avec M. Javier Solana, Haut Représentant de lUnion européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune, qui représentait lUnion européenne au sommet.
Peu après 11 heures, il a rencontré M. Arafat avec lequel il a fait le point.
M. Martin Indyk a alors rendu visite au Secrétaire général, avant que celui-ci ne sentretienne avec S. M. Abdullah II, Roi de Jordanie, qui participait également au sommet.
À midi, les ministres des affaires étrangères ont débattu de lordre du jour du sommet. M. Terje Roed-Larsen, Envoyé spécial, et M. Kieran Prendergast, Secrétaire général adjoint aux affaires politiques, représentaient le Secrétaire général à cette réunion.
Vers 13 heures, le Secrétaire général sest entretenu avec M. Clinton des objectifs du sommet et de lidée dune commission denquête qui étudierait les incidents des semaines précédentes et la suite des événements.
La séance plénière, présidée par MM. Mubarak et Clinton, a débuté à 13 h 20. Cinq autres personnalités étaient présentes : M. Barak, M. Arafat, S. M. Abdullah II, M. Solana et le Secrétaire général. MM. Mubarak et Clinton ont fait des déclarations et la séance a été ajournée.
M. Mubarak a convié ses hôtes à déjeuner, après quoi, les ministres des affaires étrangères se sont à nouveau réunis. Pendant ce temps, les principaux intéressés se concertaient dans le cadre de conversations bilatérales. Le Secrétaire général a regagné son hôtel après le déjeuner en laissant à MM. Terje Roed-Larsen et Kieran Prendergast le soin de participer à la réunion des ministres et de rester en contact avec les parties.
Si lissue du sommet demeurait incertaine, la plupart des délégations étaient animées dune farouche détermination, exprimée par M. Clinton qui, faisant écho aux propos du Secrétaire général, a déclaré : « Nous ne pouvons pas nous permettre déchouer ».
Le mardi matin, M. Clinton a appelé le Secrétaire général et lui a demandé de le rejoindre sur les lieux de la conférence. Vers 9 heures, il la informé des résultats des réunions tenues la nuit précédente jusquau petit matin. Il lui a présenté un ensemble de mesures de sécurité qui avait fait lunanimité, et un projet de mission denquête qui nétait pas encore définitivement arrêté.
De retour dans les bureaux quil partageait au centre de conférence avec les délégations égyptienne et européenne, le Secrétaire général a pu sentretenir avec MM. Moussa et Solana. Cet entretien a fini par se transformer en débat de groupe, auquel sest joint M. Nabil Shaath, Ministre palestinien de la planification. Lhumeur était à loptimisme.
À 10 h 30, M. Mubarak a invité le Secrétaire général à participer à une rencontre avec M. Arafat. Le groupe sest agrandi lorsque M. Mubarak a demandé à S. M. Abdullah II, puis à M. Solana, de se joindre à eux.
À midi, le Secrétaire général sest absenté brièvement pour sentretenir avec M. Clinton, qui venait juste de délibérer avec M. Barak. MM. Clinton et Annan ont ensuite rejoint ensemble la réunion organisée par M. Mubarak.
M. Barak sest joint à eux aux environs de 12 h 20. La réunion sest terminée à 12 h 35. La rumeur a commencé à se répandre quun accord avait été conclu.
Les sept délégations se sont dirigées vers la salle des séances plénières. MM. Mubarak, Clinton, Barak, Arafat et Solana, S. M. Abdullah II et le Secrétaire général ont posé, avant de prendre place, pour une photo de groupe.
M. Mubarak a prononcé une allocution douverture, puis M. Clinton a présenté laccord dans ses grandes lignes et a remercié chacun des participants pour la contribution quil avait apportée au succès de lentreprise. Il a déclaré que « le Secrétaire général sétait employé sans relâche à mettre un terme à la violence et à rendre possible la tenue du sommet ».
Avant de regagner New York via Paris, le Secrétaire général a fait paraître une déclaration dans laquelle il se disait soulagé et reconnaissant aux dirigeants israélien et palestinien davoir évité le pire et de sêtre engagés à nouveau à résoudre leurs différends par des moyens pacifiques.
Il soulignait que lon sétait entendu sur trois points décisifs : la collaboration en matière de sécurité, la relance du processus de paix et la création dune commission denquête chargée détudier les récents événements tragiques et les moyens den prévenir le renouvellement.
Il ajoutait : « La tâche na pas été aisée. Lémotion est grande dun côté comme de lautre. La méfiance est profonde. Il faudra peut-être une génération pour cicatriser les blessures des familles et des communautés concernées. »
Il exhortait toutes les parties « à aller de lavant, même si cela fait mal, pour que les enfants et les jeunes daujourdhui, tout frustrés et en colère quils soient, puissent vivre dans un monde meilleur ». Et il ajoutait : « Nous devons transcender la violence et lamertume, la douleur et les souffrances, nous devons regarder au-delà même des conclusions du sommet daujourdhui, en direction dun avenir dans lequel Israéliens et Palestiniens pourront vivre côte à côte dans une paix juste et durable. »
Le Secrétaire général concluait en appelant les dirigeants des deux parties, lensemble des Israéliens et des Palestiniens, et la communauté internationale tout entière à peser soigneusement leurs mots « parce que les mots peuvent enflammer ou apaiser et que lintérêt de tous est de restaurer le calme et la sécurité, puis un climat aussi propice que possible à la reprise des négociations de paix » (voir SG/SM/7590).
Le Secrétaire général était de retour à New York le mercredi 18 octobre.
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