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OBV/173

LA REDUCTION DE MOITIE DU NOMBRE DE PERSONNES VICTIMES DE LA FAIM D'ICI A 2015 NE POURRA ETRE REALISEE DANS LES CONDITIONS ACTUELLES, ESTIME LA FAO

18 octobre 2000


Communiqué de Presse
OBV/173
SAG/87


LA REDUCTION DE MOITIE DU NOMBRE DE PERSONNES VICTIMES DE LA FAIM D’ICI A 2015 NE POURRA ETRE REALISEE DANS LES CONDITIONS ACTUELLES, ESTIME LA FAO

20001018

La Journée mondiale de l’alimentation, dont la célébration a lieu chaque année à la date du 16 octobre, a été observée ce matin aux Nations Unies sous le thème: “Un millénaire libre de la fin”. M. Harri Holkeri, Président de la Cinquante-cinquième session de l’Assemblée générale, a déclaré que le droit à l’alimentation faisait partie des droits fondamentaux de la personne et que la communauté internationale devait veiller en cette période de prospérité internationale inégalée, à mettre fin à l’état de sous-alimentation et de malnutrition qui affecte l’existence de 800 millions de personnes à travers le monde. Les travaux de l’Assemblée, a dit M. Holkeri, veilleront à faire respecter l’application des principes que la communauté internationale accorde à la préservation de la vie et donc à l’accès aux ressources alimentaires.

Mme Louise Fréchette, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a dit que la faim, qui crée des situations de danger pour la sécurité internationale, était un phénomène totalement inacceptable, surtout quand elle est due, non pas à des carences de production, mais à des politiques délibérées qui empêchent l’accès de certains groupes humains, en particulier les femmes, les enfants, et les minorités, aux ressources alimentaires. Les solutions aux phénomènes de la faim et de la malnutrition ne sont donc pas seulement d’ordre quantitatif, a dit Mme Fréchette. Elles tiennent aussi aux politiques sociales et d’éducation que devront mettre en place les gouvernements pour assurer que toutes les populations soient bénéficiaires des efforts déployés aux niveaux national et international. Ces mesures, a rappelé M. Fréchette, sont conformes aux recommandations de la communauté internationale visant à réduire de moitié le nombre de personnes victimes de la faim d’ici à l’an 2015, recommandations énoncées il y a quelques années par le Sommet mondial de l’alimentation.

Le Président du Conseil économique et social, M. Makarim Wibisono, a attribué la situation actuelle à l’échec des gouvernements à réaliser un développement durable centré sur l’être humain supposant l’inclusion des populations concernées et la mise en place de programmes aidant les pauvres à sortir de la pauvreté. Pour lui, les solutions à apporter aux problèmes de la faim dans le monde passent par l’amélioration de la productivité agricole, la hausse des revenus des communautés rurales, un meilleur accès à l’alimentation, et une plus grande participation des pays en développement aux structures commerciales et financières mondiales. Il a plaidé pour une maîtrise par tous des nouvelles technologies dont les biotechnologies et la technologie de l’information et des communications qui, selon lui, peut servir la cause de la lutte contre la faim.

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M. Jacques Diouf, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a estimé que le monde a les moyens d’éliminer la faim et la malnutrition. A preuve, a-t-il dit, les efforts déployés dans ce sens au cours des décennies écoulées ont permis de faire reculer en trente ans le nombre de personnes malnourries de 920 millions à 800 millions aujourd’hui. Le problème que l’on doit résoudre, a-t-il dit, est celui du rythme auquel se produit cette réduction du nombre de populations victimes de la faim, le rythme actuel ne permettant pas d’atteindre l’objectif que la communauté internationale s’est fixé de réduire de moitié le nombre de personnes malnourries d’ici à l’an 2015. Les solutions à adopter, a-il proposé, devraient, entre autres, se baser sur la relance des communautés rurales, le meilleur accès des femmes à la propriété agraire et aux crédits, et le renforcement des conditions de la sécurité alimentaire au niveau international.

- 3 - OBV/173 SAG/87 18 octobre 2000

Célébration de la Journée mondiale de l’alimentation de 2000 sur le thème "Un millénaire libre de la fin"

Déclarations

M. HARRI HOLKERI, Président de la 55ème session de l’Assemblée générale, a déclaré que la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation était l’occasion de manifester une solidarité avec les 800 millions d’êtres humains qui continuent de souffrir de faim dans le monde. Il est inacceptable que la faim continue de détruire la vie de tant d’êtres humains alors que le monde vit dans une période sans précédent de richesse. La lutte contre la faim et la pauvreté est aujourd’hui un des défis principaux de la communauté internationale. Etre exempt de la faim et de la pauvreté sont des droits fondamentaux de l’être humain. La Déclaration du millénaire contient des engagements qui, s’ils sont traduits en actes, peuvent mettre en place un cadre au sein duquel sera engagée une lutte impitoyable contre la faim. Les gouvernements doivent mettre en place des politiques et des plans nationaux visant à épargner leurs populations des effets de la faim. Lors de ma prise de fonction comme Président de l’Assemblée générale, j’ai tenu à clairement souligner que cette session de l’Assemblée générale devait se placer sous le signe des droits de l’homme, et le droit à l’alimentation en est un, fondamental.

Des partenariats existent aujourd’hui avec de nombreux réseaux de la société civile, dont il faut se féliciter, le rôle des ONG étant de plus en plus important et évident en matière de bien-être des populations. Un monde débarrassé de la faim en ce début de millénaire serait le plus grand don que nous puissions faire à nos enfants.

Mme LOUISE FRECHETTE, Vice-Secrétaire générale des Nations Unies, a déclaré que la nourriture et une alimentation régulière sont indispensables à l’être humain. La pénurie alimentaire, a-t-elle poursuivi, est une menace permanente à la sécurité mondiale. En Afrique, un enfant sur trois souffre de la faim. Il faudrait éliminer les causes sous-jacentes de ce phénomène. Mettre fin à la faim et à la malnutrition ne tient pas seulement à l’augmentation de la production alimentaire. Il se pose d’autres problèmes plus graves, de distribution et d’accès à la nourriture même dans des pays connaissant des excédents alimentaires. Des minorités, des communautés entières, des femmes et des enfants, sont volontairement parfois privés de tout accès à la nourriture dans de nombreuses régions du monde et dans des zones en conflit. Nous avons besoin de politiques plus justes. D’ici à 2015, nous devons réduire de moitié le nombre des personnes qui souffrent de la faim. Il est temps que la communauté internationale travaille ensemble, dans un effort commun, pour atteindre cet objectif.

M. MAKARIM WIBISONO, Président du Conseil économique et social, a réaffirmé sa détermination à faire de la promotion du développement social et de l’élimination de la pauvreté, les deux priorités du Conseil à l’aube du nouveau millénaire. Il a souhaité que le thème “libérer le nouveau millénaire de la pauvreté” bénéficie d’un sentiment d’urgence. Il a jugé important de s’attaquer aux causes sous-jacentes de la faim dans le monde, dont l’échec dans le développement, en particulier la réalisation d’un développement durable centré sur l’être humain qui suppose l’inclusion des populations concernées et la mise en place de programmes aidant les pauvres à sortir de la pauvreté.

- 4 - OBV/173 SAG/87 18 octobre 2000

Il a plaidé pour des initiatives ambitieuses en ce qui concerne les questions liées à la productivité agricole, aux revenus des communautés rurales, à l’accès à l’alimentation et à la participation des pays en développement aux structures commerciales et financières mondiales. Il faut, a-t-il dit, exploiter les campagnes et développer les activités agricoles. Il faut garantir des emplois et des débouchés aux femmes et aux jeunes, prévoir des filets de sécurité sociale et renforcer le rôle des femmes dans la société.

Le Sommet mondial de l’alimentation s’est engagé à réduire de moitié le niveau de faim chronique d’ici 2015. A cet égard, le Président du Conseil économique et social a attiré l’attention sur les textes adoptés lors de la dernière session de la Commission du développement durable. Il a estimé qu’en la matière, il est important que les gouvernements, les organisations internationales, la société civile et le secteur privé participent avec la même intensité à la lutte contre la faim. M. Wibisono a souligné que cette Journée se place dans la perspective d’une mondialisation rapide et de ses progrès technologiques dont les biotechnologies. Il a rappelé, à cet égard, les conclusions du Conseil économique et social qui soulignent la nécessité de maîtriser l’énorme potentiel de ces technologies qui, à bien des égards, font naître un espoir sur la possibilité de triompher de la faim dans le monde.

M. JACQUES DIOUF, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré que la communauté internationale devait assurer un accès équitable à une des sources fondamentales de la vie humaine, qui est la nourriture. La force d’une nation se traduit d’abord dans la vigueur de ses populations, a-t-il dit. Le nombre de personnes qui ne bénéficient pas d’une alimentation suffisante, et de ce fait ne peuvent être pleinement productives, est trop élevé et inacceptable dans le monde en ce moment. La malnutrition, du fait de carences en vitamines est encore trop répandue et les risques de faim et de malnutrition continuent à handicapper de nombreux pays. Il ne faudrait cependant pas avoir une vue pessimiste de la faim et de la malnutrition qui ne sont pas des phénomènes inévitables. C’est le manque de volonté politique qui jusqu’à maintenant pose des obstacles à l’éradication de la faim.

Globalement, la population mondiale est mieux alimentée qu’il y a 30 ans, le nombre de personnes sous- alimentées étant passé de 920 millions il y trente ans à environ 800 millions aujourd’hui. La faim et la malnutrition, qui sont les premiers indicateurs de la pauvreté ont donc diminué depuis 30 ans. Ce fait positif montre que le monde a les moyens de réduire ces maux. Cette réduction est évidente, mais se fait-elle assez rapidement pour épargner à de nouvelles générations des souffrances inutiles? Malheureusement non. On pourrait y arriver, mais les chiffres montrent que le rythme actuel ne permettra malheureusement pas de réduire de moitié le nombre de personnes qui ont faim d’ici à 2015. L’élimination de la faim doit être prioritaire dans les politiques de développement. Lors du Sommet mondial de l’alimentation, les gouvernements ont identifié les problèmes qui se posent et qui sont entre autres, les obstacles à la production alimentaire, les conflits et le manque de soutien aux zones rurales. Des engagements ont été pris, qui doivent maintenant être respectés. Les politiques doivent être centrées sur la dévolution de pouvoirs aux populations rurales qui sont celles qui souffrent le plus.

- 5 - OBV/173 SAG/87 18 octobre 2000

L’éducation, les ressources en terres et en eaux, les investissements dans l’agriculture doivent aller en priorité aux ruraux. L’accès des femmes aux ressources doit être accru, elles qui représentent 60% de la force de production agricole. Elles doivent bénéficier davantage de crédits et de l’accès à la terre. Nous assurerons un environnement politique et économique propice fondé sur la pleine égalité des femmes et des hommes en vue d’arriver à une meilleure production et répartition de l’alimentation, ont dit les représentants de la communauté internationale. C’est là l’objectif qui doit être promu. La journée que nous célébrons est un appel à l’action collective et j’en appelle aux gouvernements et à toutes les couches de la société civile pour qu’ils travaillent ensemble en vue d’arriver à l’élimination de la faim. C’est un défi à relever en ce début de millénaire.

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