LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME OUVRE SA SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACREE A LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS OCCUPES
Communiqué de Presse
DH/G/1352
LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME OUVRE SA SESSION EXTRAORDINAIRE CONSACREE A LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME DANS LES TERRITOIRES PALESTINIENS OCCUPES
20001017Genève, le 17 octobre -- La Commission des droits de l'homme des Nations Unies a ouvert ce matin les travaux de sa cinquième session extraordinaire.
Cette session se tient après que 47 des 53 États membres de la Commission aient approuvé, le 10 octobre dernier, la demande en ce sens faite par le représentant permanent de l'Algérie au nom des membres permanents de la Ligue des États arabes.
Dans sa déclaration d'ouverture, le Président de la Commission, M. Shambhu Ram Simkhada a souligné que le fait que plus de 90 % des membres de la Commission aient appuyé la tenue de la session extraordinaire témoigne de la gravité des événements qui se sont déroulés au Moyen-Orient. La session se tient à un moment de tensions exacerbées après les violences. La violence doit prendre fin et tous doivent faire le maximum pour qu'une telle tragédie ne se reproduise plus.
Pour sa part, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Mme Mary Robinson, a estimé que la Commission devrait faire des recommandations aux parties et à ceux qui oeuvrent à la paix en ce qui concerne les éléments relatifs aux droits de l'homme qui peuvent contribuer à une paix juste et durable dans la région. Elle a estimé que la Commission doit insister pour que toutes les parties concernées fassent de la protection des droits de l'homme leur priorité; pour qu'elles respectent scrupuleusement les normes internationales des droits de l'homme et du droit humanitaire; pour que les enfants ne se trouvent pas en première ligne; pour que les parties retournent à la table des négociations.
Le représentant de la Tunisie, au nom du Groupe des pays arabes, a pour sa part dénoncé l'attitude des autorités d'occupation qui poursuivent leur politique de punition collective. Il faut mettre en place une commission d'enquête internationale chargée d'enquêter sur les crimes commis contre les Palestiniens. La raison doit prévaloir et l'emporter sur la logique de la guerre et il faut conjuguer les efforts de toutes les parties concernées pour trouver une solution juste et globale de la cause de la Palestine au Moyen-Orient.
La Palestine et Israël ont fait des déclarations, ainsi que les représentants des pays suivants : Malaisie (au nom de l'Organisation de la Conférence islamique), Indonésie (au nom du Groupe asiatique), Bangladesh, Chine, États-Unis, Algérie, Syrie, Iraq, Suisse, Koweït, Arabie saoudite, Sénégal et Cuba. La Palestine a exercé le droit de réponse.
La cinquième session extraordinaire de la Commission des droits de l'homme se poursuivra cet après-midi à 15 heures.
Déclarations liminaires
Le Président de la Commission, M. SHAMBHU RAM SIMKHADA, a déclaré que le fait que près de 90 % des membres de la Commission ont appuyé la tenue de la session extraordinaire témoigne de la gravité des événements qui se sont déroulés au Moyen-Orient. La violence et les souffrances étaient tels que la Commission ne pouvait rester indifférente.
Le débat qui est sur le point de commencer trouve ses racines dans ce qui a été décrit comme une des plus grandes tragédies et un des problèmes les plus épineux de notre temps. La session se tient à un moment de tensions exacerbées après les violences. La violence doit prendre fin et tous doivent faire le maximum pour qu'une telle tragédie ne se reproduise plus.
Le Secrétaire général de l=ðONU n=ða ménagé aucun effort pour rompre le cycle de la violence, a rappelé le Président, qui a exprimé l'espoir que le débat au sein de la Commission, notamment la réaffirmation des obligations qui incombent à tous les États de respecter les droits de l'homme et la dignité de la personne viendra soutenir valablement les efforts du Secrétaire général.
M. MOHAMED HALLEM BEN SALEM (Tunisie, au nom du Groupe des pays arabes) a déclaré que la communauté internationale et les militants des droits de l'homme suivent avec préoccupation la détérioration de la situation dans les territoires palestiniens occupés, qui constitue une nouvelle escalade barbare dans la politique d'agression délibérée suivie par Israël à l'encontre d'un peuple désarmé. Cette attitude d'Israël ne fait qu'accroître le sentiment de frustration d'un peuple qui s'est trouvé obligé de se plier à la logique de la force, a souligné le représentant tunisien avant d'ajouter qu'Israël a fait fi de toutes les résolutions de l'Assemblée générale et de la Commission des droits de l'homme. L'opinion publique mondiale dénonce avec force la barbarie de la répression ainsi que le meurtre d'enfants innocents. Les violations des droits de l=ðhomme perpétrées par l=ðÉtat d=ðIsraël à l=ðencontre du peuple palestinien affectent tous les Arabes et les souffrances endurées par les Palestiniens ne font qu=ðaccroître l=ðindignation contre Israël et pas seulement dans les pays arabes.
Le Groupe des pays arabes souhaite affirmer à toutes les forces éprises de paix son attachement à l'option de la *ðpaix juste et équitable+ð. Israël doit honorer ses obligations en se retirant de tous les territoires occupés par la force, y compris Le Qods le Sharif, a déclaré M. Ben Salem. Il a par ailleurs dénoncé l'attitude des autorités d'occupation qui poursuivent leur politique de punition collective en bouclant partiellement ou totalement les territoires palestiniens. Il faut donc mettre en place une commission d'enquête internationale chargée d'enquêter sur les crimes commis contre les Palestiniens et de soumettre un rapport à la Commission et à l'Assemblée générale. *ðNous pensons tous que la raison doit prévaloir et l'emporter sur une logique de guerre+ð, a déclaré le représentant tunisien. *ðIl faut donc conjuguer les efforts de toutes les parties concernées pour trouver un règlement juste et global au Moyen-Orient+ð, a-t-il conclu.
MME MARY ROBINSON, Haut-Commissaire aux droits de l'homme, a estimé que les sessions extraordinaires de la Commission des droits de l'homme répondent à la nécessité de contribuer, au plan des droits de l'homme, à la recherche de la paix et de la stabilité et assurer une protection aux victimes innocentes des conflits. Les efforts de paix qui ont été faits récemment sur la question du Moyen-Orient rendent d'autant plus douloureuse l'évolution de la situation sur le terrain ces dernières semaines. Pourquoi tant de personnes doivent-elles mourir et tant de gens, des jeunes en particulier, doivent-ils endurer tant de souffrances, s'est demandé Mme Robinson, qui a souligné que la question interpelle tout particulièrement une Irlandaise. En même temps, l'expérience irlandaise a montré que, même dans la situation la plus désespérée, il est possible d'espérer et de rêver à la paix, mais la paix durable doit s'appuyer sur un cadre assurant la protection des droits de l'homme.
C'est pourquoi la Haut-Commissaire a souhaité que la session extraordinaire de la Commission s'attachera à favoriser l'instauration d'une paix juste et durable en prenant des mesures dans le domaine des droits de l'homme. La Commission devrait faire des recommandations aux parties et à ceux qui oeuvrent à la paix en ce qui concerne les éléments relatifs aux droits de l'homme qui peuvent contribuer à une paix juste et durable. Mme Robinson a estimé important que la Commission examine les voies et moyens d'éviter à l'avenir, grâce à des mesures préventives et d'alerte rapide, une telle exacerbation de la situation sur le terrain. Elle a suggéré la création d'un mécanisme de consultation entre les deux parties et souligné qu'il faut favoriser une culture de droits de l'homme et de tolérance pour assurer un avenir pacifique et stable dans la région. La majorité de la population dans la région le comprennent.
Mme Robinson a ensuite rendu compte de l'évolution de la situation constatée par le bureau du Haut-Commissariat à Gaza, qui montre que la crise qui a mené à la situation actuelle a été déclenchée par la frustration ressentie par la population devant l'impasse dans laquelle semblaient enlisées les négociations à la fin des réunions à Camp David. À partir du 13 septembre, lorsque des positions israéliennes à Gaza ont été attaquées avec des pierres et des engins incendiaires, les incidents se sont faits de plus en plus violents. Le 28, les Palestiniens ont protesté contre ce qu'ils considèrent comme une provocation : la visite d'Ariel Sharon à Haram Al'Sharif. Depuis, plus de cent Palestiniens ont été tués et plusieurs blessés, dont, malheureusement, de nombreux enfants. Des questions se sont posées quant à la proportionnalité de la réaction des Forces israéliennes de défense, a poursuivi Mme Robinson. Pour disperser les foules, les autorités militaires israéliennes ont tiré à balles réelles et à balles d'acier et caoutchouc et ont utilisé les gaz lacrymogènes. Les Palestiniens ont pour leur part utilisé des armes à feu, des engins incendiaires et des pierres. Les Palestiniens affirment en outre que des maisons et des civils ont été l'objet d'attaques aveugles, en particulier la nuit, auxquelles participent des plus en plus souvent des colons.
Selon la Haut-Commissaire, une enquête objective et indépendante sur les événements de ces dernières semaines pourrait aider à résoudre des questions qui font encore l'objet d'un différend, y compris les questions des droits de l'homme. La Commission pourrait être l'organe approprié pour mener une telle enquête, ou fournir une composante chargée des droits de l'homme pour faire partie d'une enquête menée sous les auspices d'un autre organe. En outre, la Haut-Commissaire a estimé que la Commission doit insister pour que toutes les parties concernées
fassent de la protection des droits de l'homme leur priorité et contribuent à ce qu'il n'y ait plus de morts et de blessés; pour qu'elles respectent scrupuleusement les normes internationales des droits de l'homme et du droit humanitaire; pour que les enfants ne se trouvent pas sur la ligne de front; pour que les parties retournent à la table des négociations. En outre, la communauté internationale, les parties concernées et les pays voisins doivent envisager des stratégies de promotion de la tolérance et de l'harmonie entre ces deux peuples de la même famille.
Mme Robinson a souligné que l'intolérance raciale et l'intolérance religieuse, si elle ne sont pas la cause de cette situation, en deviennent malheureusement la conséquence. L'avenir d'Israël et celui de la Palestine dépendront pour une large part de la capacité des deux communautés d'écarter toute pensée de revanche et d'assurer sans discrimination le respect et la promotion des principes des droits de l'homme. Mme Robinson s'est dite vivement troublée par le fait que la violence et l'hostilité se sont étendues au delà de la région, entre communautés juives et musulmanes. Elle a noté avec une vive préoccupation les attaques contre des synagogues et des mosquées dans plusieurs pays et une hostilité croissante entre les deux communautés.
M. GIORGIO GIACOMELLI, Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires Palestiniens occupés depuis 1967, a présenté un rapport de mission qu'il a rédigé après la visite qu'il vient d=ðeffectuer du 11 au 15 octobre dernier dans les territoires (E/CN.4/S-5/3). Au cours de cette visite, a-t-il indiqué, il s'est efforcé d'identifier les causes principales de la violence en recueillant les informations disponibles. Il a toutefois précisé qu'il n'avait pu avoir accès à des sources du côté du Gouvernement israélien.
M. Giacomelli a constaté sur le terrain beaucoup d'hostilité et de colère, d=ðun côté comme de l'autre. En certains endroits, la haine est palpable. Il a déclaré que l'usage excessif de la force et le recours à des armes inappropriées, ainsi que les activités paramilitaires et des colons ne fait que compliquer la situation.
Dans ses conclusions, le Rapporteur spécial recommande notamment que la puissance occupante donne immédiatement à toutes ses forces, civiles ou militaires, des ordres en conformité avec les normes humanitaires internationales et qu=ðelle s=ðassure que ces ordres sont appliqués rigoureusement. Il recommande également qu'un mécanisme permanent soit établi pour s'assurer que ces ordres sont observés et que des peines soient appliquées s'ils ne le sont pas. Afin d'assurer la crédibilité du processus de paix, il recommande qu=ðun mécanisme du type ombudsman soit établi pour recevoir les plaintes et qu'un organisme de surveillance, par sa présence sur le terrain et sa neutralité, favorise la sécurité et l'instauration de la confiance de part et d'autre. Le Rapporteur spécial appuie l'idée de créer un mécanisme chargé d'une enquête rapide et objective sur la situation actuelle.
M. NABIL RAMLAWI, Observateur de la Palestine, a déclaré que depuis le 28 septembre dernier, le jour où Ariel Sharon, accompagné de 3000 policiers israéliens, s'est engouffré dans la mosquée Al Aqsa - provoquant les musulmans palestiniens ainsi que les musulmans du monde entier - un massacre ininterrompu se produit en Palestine qui a déjà coûté la vie de 120 martyrs et fait plus de 4000 blessés dont un tiers sont des enfants. Pour perpétrer ce massacre, les forces d'occupation israéliennes ont utilisé toutes les armes conventionnelles interdites au niveau international, qu'il s'agisse des bombes à fragmentation ou des balles dum-dum, et ont bombardé des édifices civils à Ramallah, Gaza, Naplouse et Hébron à partir d'hélicoptères, de tanks et de navires de guerre.
La Palestine n'a pas d'armée pour se défendre ni ne dispose d'aucune arme pour résister à l'agression des avions et navires israéliens, a déclaré M. Ramlawi. Les scènes où on a pu voir des enfants qui ont été tués, comme Mohamed Al-Durra et Mohamed Abu-Assi - scènes qui ont fait le tour du monde - témoignent que ces enfants ne sont pas des guerriers et ne portent aucune arme même pas une pierre. Ils furent délibérément tués de sang froid par les soldats israéliens pour la raison qu'ils étaient palestiniens. Ne s'agit-il pas là d'un crime contre l'humanité ? Cela ne ressort-il pas du crime de génocide et ne devrait-il pas être puni comme il se doit en pareil cas ? a demandé le représentant de la Palestine. Des preuves suffisantes permettent d'attester que les crimes perpétrés par les Israéliens prennent pour cible les Palestiniens pour la seule raison qu'ils sont Palestiniens.
Outre les meurtres et l'utilisation de la machine de guerre israélienne contre le peuple palestinien et les attaques des sites sacrés des Palestiniens, les autorités d'occupation israéliennes imposent toutes formes de punition collective au peuple palestinien et bouclent militairement toutes les villes et tous les villages, empêchant l'entrée ou la sortie des personnes et des biens, y compris les médicaments, la nourriture, les ambulances. De tels crimes, qui tiennent du nettoyage ethnique, du racisme, du crime de guerre et du crime contre l'humanité, sont des crimes qui doivent entraîner davantage que de simples condamnations: leurs auteurs doivent être jugés conformément aux conventions internationales applicables dans de telles circonstances.
Le Gouvernement d'Israël a tué le processus de paix en agressant militairement le peuple palestinien et en tuant délibérément des civils et des enfants non armés. La Commission des droits de l'homme doit assumer ses responsabilités et prendre des mesures concrètes pour mettre un terme aux crimes et aux violations graves qui se produisent dans les territoires palestiniens occupés et poursuivre leurs auteurs en justice; pour assurer la protection internationale du peuple palestinien contre l'agression israélienne jusqu'à ce que cesse l'occupation israélienne des territoires palestiniens, y compris Jérusalem. *ðL'occupation est en elle-même la source de violations des droits de l'homme et une agression continue contre le peuple palestinien+ð, a encore déclaré l=ðobservateur de la Palestine. Elle est une source de tension et de conflit ainsi qu'une cause de massacres, de haine et d'hostilité, a-t-il poursuivi. Dans un tel contexte, la Palestine refuse toute logique qui voudrait placer sur un pied d'égalité la victime et l'agresseur. Il s'agit en effet d'une logique suspecte utilisée par les tueurs israéliens et par la puissance qui les soutient dans leurs crimes.
M. YAAKOV LEVY (Israël) a déclaré que M. Arafat, en déclenchant dans la région des violences au moindre prétexte, a assumé la responsabilité de plonger toute la région dans une période d'instabilité aux conséquences imprévisibles. Au cours de ces deux semaines de violence, on n'a pas entendu M. Arafat ou ses seconds faire un appel sans équivoque à la fin de la violence. Qui a intérêt à ce que la violence se poursuive, a demandé M. Levy. Il a souligné que les dirigeants palestiniens ont vidé les écoles pour envoyer les élèves dans la rue au premier rang des manifestants. Ils ont permis la diffusion d'appels aux fidèles pour débarrasser la Palestine des Juifs et massacrer les Juifs. En fait, il semble que les autorités palestiniennes ont orchestré les manifestations ainsi que plusieurs événements terriblement violents. C'est donc bien l'Autorité palestinienne qui est à l'origine de la désespérante escalade de la violence parce qu'elle n'a rien fait pour y mettre fin et a incité la population par ses propos incendiaires.
Ainsi, a déclaré M. Levy, les Palestiniens ont violé d'importants éléments des accords signés avec Israël, d'abord à Oslo en 1993 puis dans le cadre de l'Accord intérimaire de septembre 1995 du fait qu'ils n'ont pas systématiquement pris des mesures contre toutes les manifestations de violence et de terreur; qu'ils ne se sont pas efforcés de résoudre les questions en suspens par des négociations bilatérales; qu'ils ne se sont pas acquittés de l'obligation d'arrêter et de poursuivre les terroristes; qu'ils n'ont pas confisqué les armes détenues illégalement; qu'ils n'ont pas protégé les lieux saints. Comment Israël pourrait-il continuer à avoir confiance dans un tel partenaire ? Il existe encore une chance pour la paix, a toutefois déclaré M. Levy, mais l'Autorité palestinienne doit commencer par lancer des appels sans ambrages pour mettre un terme à la violence.
M. HAMIDON ALI (Malaisie, au nom de l'Organisation de la Conférence islamique - OCI) a déclaré que les droits de l'homme du peuple palestinien doivent être protégés ajoutant que *ðla puissance occupante+ð nourrit depuis toujours, du mépris pour les mécanismes de la Commission des droits de l'homme et pour la Commission elle-même. Il faut que la Commission établisse une commission internationale d'enquête afin de déterminer les responsabilités des violations des droits de l'homme perpétrées dans les territoires palestiniens occupés et de proposer des moyens permettant d'éviter que de tels événements se reproduisent. Le représentant de la Malaisie a également proposé que les rapporteurs spéciaux concernés devraient se rendre dans les territoires occupés et présenter un rapport à l'Assemblée générale.
M. NUYROHO WISNUMURTI (Indonésie, au nom du Groupe des pays asiatiques) a déploré la provocation qui a eu lieu à Jérusalem le 28 septembre dernier ainsi que les violences qui ont suivi. Il a dénoncé l'usage excessif de la force contre les Palestiniens. Le Groupe des pays asiatiques est horrifié par la violence qui s'est déchaînée dans la région et exhorte les parties à faire preuve de retenue et à agir pour contrôler la violence afin que les esprits s'apaisent et que les négociateurs puissent reprendre leur travail. Il en appelle à Israël, puissance occupante, pour qu'elle respecte scrupuleusement la Convention de Genève du 12 août 1949 sur la protection des civils en temps de guerre. Le Groupe des pays asiatiques appuiera sans réserve les efforts déployés par les différentes parties pour résoudre la crise. Il faut que les parties respectent les accords conclus jusqu'à présent, ainsi que les dispositions de la résolution 1322 que le Conseil de sécurité a adopté le 7 octobre 2000, a déclaré le représentant indonésien.
Le Groupe asiatique souligne l'importance d'établir un mécanisme chargé de procéder rapidement à une enquête internationale objective sur les événements tragiques de ces derniers jours afin d'empêcher qu'ils ne se répètent.
M. AHMED CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que l'occupation est la Palestine était la cause de tous les problèmes dans la région. La réponse violente d'Israël aux manifestations d'un peuple occupé, a ému l'opinion internationale. L'image de l'enfant tué dans les bras de son père transmise par les caméras de télévision a indigné le monde entier. Il faut que cessent les violations des droits de l'homme. Le délégué a exprimé l'espoir que la réunion de Charm El-Cheikh aboutira à un consensus. Il a estimé toutefois que la paix n'est possible que lorsque les causes des conflits sont appréhendées. Le représentant a déclaré que la Commission se devait d'adopter une résolution qui établisse une commission d'enquête. Il a ajouté que la raison, la foi et l'espoir peuvent prévaloir dans la région et que toutes les religions y ont leur place.
M. LI ENHENG (Chine) a déclaré que la présente Convocation de cette session spéciale de la Commission témoigne d=ðune intense préoccupation que la situation extrêmement tendue résultant de la confrontation sanglante entre la Palestine et Israël, a suscité. La Chine nourrit l'espoir que cette session contribuera à mettre fin aux affrontements violents et à une reprise sans tarder des pourparlers de paix. Le Gouvernement et le peuple chinois ont toujours appuyé le peuple palestinien dans sa lutte pour la restauration de ses droits nationaux légitimes et apporté leur soutien au processus de paix au Moyen-Orient. La Chine exprime sa profonde préoccupation devant l'escalade des conflits entre la Palestine et Israël. Les affrontements violents ne font qu=ðexacerber la haine et ne peuvent contribuer au règlement des différends. La Chine a toujours été en faveur du dialogue. Il faut espérer que les négociations de Charm el-Cheikh seront fructueuses, l'objectif ultime restant la réalisation des droits inaliénables du peuple palestinien.
MME NANCY RUBIN (États-Unis) a rappelé que son pays déploie depuis des décennies des efforts sincères et incessants pour mettre fin aux souffrances et apporter une paix durable dans la région. Le Président des États-Unis, le Secrétaire général des Nations Unies et de nombreuses autres personnalités n'ont pas ménagé aucun effort pour aider les parties à mettre fin à la violence et à la reprise du processus de paix.
Les États-Unis partagent l'espoir de la communauté internationale que les discussions à Charm El-Cheikh contribueront à mettre fin à la violence et à faire revenir les parties à la table des négociations. Les États-Unis se sont opposés à la tenue de cette session extraordinaire parce qu'elle ne contribue pas à cet objectif. La communauté internationale doit concentrer toutes ses énergies et tous ses efforts pour aider les dirigeants à Charm El-Cheikh à prendre les décisions courageuses qui sont nécessaires. Les États-Unis estiment que le projet de résolution actuellement discuté est unilatéral et emploie un langage qui ne peut que compliquer, sinon miner les efforts en cours.
M. MOHAMMED-SALAH DEMBRI (Algérie), a déclaré que si une session spéciale de la Commission des droits de l'homme examine en ce jour la situation tragique et désespérée de la Palestine, dans les territoires occupés par Israël, c'est parce que le monde entier a pris conscience que cette situation est devenue au fil des ans, intolérable; et c'est aussi parce que la répression inouïe et brutale exercée par les forces militaires israéliennes d'occupation sur les populations civiles sans armes et sans défense a mis en évidence une vérité insupportable : un peuple est en danger, le peuple palestinien est désormais en réel danger de mort. Cette image brutale et choquante d'un enfant mitraillé, sous les yeux aux côtés de son père, par des tireurs d'élite, est devenu le reflet symbolique et la représentation emblématique de la tragédie qui frappe le peuple palestinien. Cette tragédie, a ajouté M. Dembri, il faut y mettre un terme.
Devant l'extrême gravité des faits et l'urgence que requiert la situation, l'Algérie lance un cri d'alarme, un appel pressant à la Communauté internationale afin que celle-ci prenne les mesures qui s'imposent pour assurer la protection du peuple palestinien, pour le rétablir dans ses droits imprescriptibles ainsi qu'à son droit d'avoir un État indépendant avec El Qods pour capitale. L'Algérie appelle les membres de la Commission à adopter les dispositions adéquates qui puissent répondre à l'urgence que la situation dans les territoires palestiniens occupés requiert, notamment par la condamnation de la provocation criminelle d'Ariel Sharon; l'institution immédiate d'une commission internationale d'enquête sur la Palestine; l'arrêt des opérations de répression par la force militaire d'occupation; la visite urgente du Haut Commissaire aux droits de l'homme dans les territoires occupés afin de prendre acte des persistances, graves et systématiques violations des droits de l'homme du peuple palestinien par le pouvoir d'occupation israélien; et l'élaboration de rapports par tous les rapporteurs spéciaux, comités et groupes de travail concernés, et leur soumission à la Commission à sa prochaine session.
Ces mesures sont nécessaires, et elles sont urgentes, a déclaré M. Dembri. Sur cette terre meurtrie de Palestine, trop de drames encombrent notre mémoire, trop de douleurs interpellent notre conscience. Sur cette terre meurtrie de Palestine, a ajouté M. Dembri, il est aussi des paroles de la haine que nous croyions révolues et que nous ne devons plus entendre : comme oublier la sanie raciste et la dérive haineuse du rabbin Ovadia Youssef qui a offensé toute la famille abrahamique en tenant sur les Arabes des propos d'une tonalité hitlérienne, des propos qui relèvent de l'esprit de *ðMein Kampf+ð en affirmant : *ðDieu, dans la Bible, a regretté d'avoir créé les Arabes, ce peuple de serpents+ð?
M. Dembri a conclu en déclarant vouloir se tourner vers les grandes consciences juives de notre temps, et notamment Elie Wiessel, Prix Nobel de la Paix : *ðPourquoi ce silence? Pourquoi ce silence devant la mort absurde de deux jeunes enfants palestiniens, tués à l'âge de l'innocence comme leur soeur en souffrance Ann Franck ? Pourquoi ce silence face aux drames du peuple de Palestine, enfermé, massacré et dont la révolte aujourd'hui répercute l'écho de la révolte du ghetto de Varsovie ?+ð.
M. TAHER AL-HUSSAMI (Syrie) a déclaré que les actes commis par les forces d'occupation israéliennes dans les territoires palestiniens occupés constituent des massacres et relèvent du crime contre l'humanité. Ils vont à l'encontre des engagements pris par le Gouvernement israélien en vertu de divers instruments internationaux comme la Quatrième Convention de Genève de 1949 et la Convention relative aux droits de l'enfant. Alors qu'en rejoignant le concert des nations après la seconde Guerre mondiale, Israël s'était engagée à être un État épris de paix, il est rapidement apparu qu'Israël ne souhaitait pas la paix sur la base des textes exprimant la légitimité internationale puisque les différents gouvernements israéliens - travaillistes ou du Likoud - souhaitaient un autre processus de paix simplement pour gagner du temps. Cette politique est la raison de l'échec du processus de paix. La situation ne cesse de se dégrader et risque maintenant de dégénérer en conflit régional. Les actes perpétrés ces dernières semaines constituent des violations graves des droits de l'homme, a insisté le représentant syrien.
Le représentant syrien a déclaré que la Commission se doit de mettre en place un mécanisme qui permettrait de prendre des mesures immédiates pour sauver des vies palestiniennes. Ce mécanisme devrait permettre de lancer une enquête officielle sur les événements qui se sont produits afin d'éviter que le peuple palestinien soit à nouveau exposé à de tels massacres. La paix ne saurait l'emporter dans la région si Israël ne se retire pas de tous les territoires palestiniens occupés afin de se replier sur les limites de 1967. Le but ultime reste la création d'un État palestinien avec Jérusalem pour capitale, a rappelé le représentant.
M. MOHAMMED AL-DOURI (Iraq) a déclaré qu'Israël refuse toujours de se retirer des territoires occupés et de se soumettre aux plus de 100 résolutions des Nations Unies sur la question. Après cinq décennies de lutte, les Palestiniens luttent encore pour récupérer le territoire qui leur a été pris. Ils ont continué de souffrir des crimes et des violations des droits de l'homme les plus odieux commis par les forces sionistes.
Jamais dans l'histoire de l'humanité des enfants qui manifestent pour le respect des droits de leur peuple ne se sont retrouvés ainsi face à des armes lourdes. Des enfants ont été tués délibérément par les soldats sionistes. Les crimes commis contre les civils Palestiniens dépassent l'entendement et constituent un crime de génocide. Il faut mener des enquêtes et les responsables doivent être traduits en justice, a déclaré le représentant iraquien. La communauté internationale se doit de mettre fin à ce génocide et permettre au peuple palestinien de créer un État avec Jérusalem pour capitale. La Commission doit adopter une résolution pour condamner les graves violations des droits de l'homme qui se sont produites récemment.
M. FRANÇOIS NORDMANN (Suisse) a déclaré que les événements graves qui ont motivé la présente session illustrent, si besoin était, les liens étroits entre l'établissement d'une paix juste et durable et le respect des droits de l'homme et du droit humanitaire international. Chacun s'accorde à condamner les provocations, les violences, les haines, d'où qu'elles viennent. On ne saurait instrumentaliser les souffrances des uns ou ignorer celle des autres, a souligné l=ðobservateur. On ne peut cependant ignorer les faits, a-t-il poursuivi. Le bilan même des affrontements qui ont eu lieu en Israël et dans les territoires occupés montre que les forces israéliennes, armée ou police, ont fait un usage
disproportionné de leurs moyens répressifs, comme en attestent les types d'armes utilisés et le bilan des victimes. Parmi ces dernières, le grand nombre d'enfants palestiniens est particulièrement choquant, a déclaré le représentant suisse. Il a également jugé choquantes les attaques contre les personnels et les véhicules sanitaires et a jugé extrêmement préoccupante la montée de la haine entre communautés, qui semble parfois s'exprimer hors de tout contrôle et en toute impunité. Cette haine s'est traduite, de part et d'autre, par des scènes de barbarie, de lynchage et de saccage des lieux de cultes qui sont tout à fait inacceptables. Pour mettre fin à l'engrenage de la violence, il convient maintenant que chacun, sans condition, s'abstienne de toute provocation.
Le représentant suisse a indiqué que son pays est disposé à soutenir les travaux d'une commission d'enquête qui serait créée conformément à la résolution 1322 du Conseil de sécurité et, le cas échéant, à y participer. L'établissement des faits et des responsabilités ne peut qu'aider à prévenir de nouvelles violences à l'avenir. Le retour à la table de négociation, dans des conditions de respect et de confiance mutuels, ainsi que la répudiation de la violence, constituent le seul moyen de trouver, dans le cadre du droit international, une solution durable au conflit qui oppose Israéliens et Palestiniens.
M. ABDULLAH AL-ASKAR (Koweït) a condamné l'agression des forces israéliennes contre des Palestiniens sans défense et a appelé la communauté internationale à assumer ses responsabilités et à s'opposer à ces agressions. Les actes perpétrés contre le peuple palestinien sont des actes graves et qui sont contraires aux Conventions de Genève. Le Koweït appelle la Commission à examiner sérieusement les graves violations des droits de l'homme dans les territoires occupés. La communauté internationale doit intensifier ses efforts pour adopter des mesures nécessaires pour protéger le peuple palestinien. Le Koweït appelle notamment les Israéliens à respecter les résolutions des Nations Unies sur la question. Israël doit en outre se retirer du Golan syrien occupé. Une paix juste et durable ne peut s'établir qu'en rétablissant les Arabes dans leurs droits légitimes.
M. ABDEL WAHAB ATTAR (Arabie saoudite) a déclaré que la convoca