LE CONSEIL ENTEND PLUSIEURS AUTRES DELEGATIONS SUR LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA PALESTINE
Communiqué de Presse
CS/2046
LE CONSEIL ENTEND PLUSIEURS AUTRES DELEGATIONS SUR LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA PALESTINE
20001004Il devrait montrer sa détermination à trouver les moyens d'empêcher l'escalade de la violence, et à remettre le processus de paix sur les rails
Le Conseil de sécurité, réuni sous la présidence de M. Martin Andjaba (Namibie) a poursuivi cet après-midi, l'examen de la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne. Il a entendu des délégations qui ont condamné la visite de M. Ariel Sharon sur l'Esplanade des mosquées, quelles ont considérée comme une provocation pour les Palestiniens et pour tous les musulmans. Dautres délégations ont accusé le Gouvernement israélien, qui avait autorisé la visite et fourni des forces de sécurité importantes, d'avoir participé à cette provocation. Israël ne veut qu'une seule paix: celle qui satisfait ses désirs de ne pas se retirer des territoires occupés où elle veut continuer de construire des colonies de peuplement, a notamment affirmé le représentant du Koweït.
L'usage jugé excessif de la force par les forces de sécurité israéliennes a également été largement condamné, comme l'a constaté l'Observateur de la Ligue des Etats arabes, qui a rappelé que son organisation avait été la première à se réunir en urgence pour examiner la question, le 1er octobre. De nombreuses délégations y ont vu dans cet usage de la force une violation de divers textes internationaux, et en premier lieu de la quatrième Convention de Genève de 1949 concernant la protection des populations civiles en période de conflit armé.
A l'instar de plusieurs autres délégations, le Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien a souhaité que la discussion soit l'occasion pour le Conseil de sécurité de montrer sa détermination à trouver les moyens d'empêcher l'escalade de la violence au Moyen-Orient, mais aussi de remettre le processus de paix sur les rails. En ce sens, plusieurs délégations ont demandé au Conseil de mettre fin aux violences et de demander le retrait des forces israéliennes des territoires palestiniens et de Haram al- Charif.
Lors de la séance de cet après-midi, les représentants des pays suivants se sont exprimés: Algérie, Pakistan, Jordanie, Koweït, Qatar, Bahreïn, République arabe syrienne, République islamique d'Iran, Arabie saoudite, Cuba, Yémen, Inde, Iraq, Mauritanie et Turquie. Le président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien et l'Observateur de la Ligue des Etats arabes ont également pris la parole.
Le Conseil de sécurité devrait achever l'examen de la situation au Moyen- Orient, y compris la question palestinienne, demain 5 octobre, à 15 heures.
LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION PALESTINIENNE
Déclarations
M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a rappelé que, depuis plusieurs jours maintenant, les populations d'Al Qods Al Charif et des territoires palestiniens occupés font l'objet d'une répression dont on a rarement vu l'équivalent depuis l'Intifada. Des enfants et des adolescents, munis de leur seule foi en la justesse de leur cause, et n'ayant pour se protéger que les dérisoires moyens de défense que la nature leur offre, font face à un déploiement inouï de force, alliant les chars aux missiles et les hélicoptères à l'armement lourd. Le résultat de cette confrontation à l'évidence disproportionnée - mais peut-on véritablement parler de confrontation? - est que des dizaines d'innocents parmi lesquels des enfants en bas âge ont été froidement abattus par balles réelles alors qu'ils n'avaient à opposer à leurs assassins que leurs poings et leurs pierres et que, même les ambulances portant le fanion de la Croix-Rouge, se sont retrouvées mitraillées. Au cours de ces derniers jours, nous avons tous été témoins de cette barbarie d'une autre époque. Tous nous avons suivi sur nos écrans de télévision, en direct, l'insoutenable spectacle de cet enfant de douze ans impitoyablement abattu malgré les supplications de son père et ses vaines tentatives de le protéger des balles des soldats israéliens. Bien pire, même l'ambulancier qui essayait de se porter à son secours, se trouvera pris sous le feu de l'armée israélienne et finira abattu.
De ce fait, a fait observer M. Baali, si ces images douloureuses que les caméras ont introduites dans chacun de nos foyers et qui nous hantent encore et nous hanteront toujours dans cette salle du Conseil peuvent être utiles à quelque chose, c'est bien pour nous convaincre que, d'une part, il n'est pas acceptable que les enfants soient pris pour cible et que, d'autre part, il est urgent de tout mettre en oeuvre pour que cette boucherie qui doit nous faire honte cesse au plus tôt et que soient impérativement protégées les populations civiles livrées à la brutalité des forces d'occupation israélienne. Nous tous savons qu'à l'origine de cette terrible tragédie se trouve le commanditaire des massacres de Sabra et Chatila et de l'invasion et de l'occupation du Liban. Nous tous savons également que ce qui est voulu à travers la provocation qui a conduit au drame que vivent aujourd'hui les populations des territoires palestiniens occupés est de saborder le processus de paix et de ruiner à jamais les chances d'un règlement juste et définitif de la question palestinienne. Nous savons tous enfin qu'une paix juste, durable et globale ne saurait se réaliser sans le retrait total et définitif des forces israéliennes des territoires occupés depuis 1967 et sans le rétablissement du peuple palestinien dans ses droits nationaux légitimes, y compris son droit à la création de son Etat indépendant avec Al Qods Al Charif comme capitale.
En ces heures difficiles où les populations civiles palestiniennes sont livrées à la brutalité des forces d'occupation, il est important que le Conseil de sécurité se hisse au niveau de ses responsabilités et assume pleinement son rôle et son mandat à l'égard du peuple palestinien et au regard de la légalité internationale. Pour leur part, les forces de sécurité israéliennes doivent également se retirer sans retard de l'esplanade d'Haram al-Charif et permettre aux troisièmes Lieux saints de l'Islam de retrouver leur sérénité et leur tranquillité comme elles doivent se retirer des villes palestiniennes où elles se sont déployées. En tant que puissance occupante, Israël doit être mise en demeure de respecter la Convention de Genève et d'assurer la sécurité et la protection des civils palestiniens.
M. SHAMSHAD AHMAD (Pakistan) a fait siennes la consternation et l'inquiétude exprimées par la communauté internationale face aux attaques des forces de sécurité israéliennes perpétrées contre des civils palestiniens sans défense à proximité d'Haram al-Charif, troisièmes Lieux saints de l'Islam. La cause immédiate de cette violente confrontation réside dans la détermination déplacée de certains éléments israéliens d'affaiblir le processus de paix au Moyen-Orient. Le Conseil de sécurité doit donc envoyer un message afin que de tels actes de provocation et le bain de sang qui en résulte ne se reproduisent pas. La force excessive utilisée par les forces de sécurité israéliennes est injustifiable. De graves violations de la quatrième Convention de Genève du 12 août 1949 ont été commises. A cet égard, M. Ahmad a rappelé l'Article 1er de cette Convention qui souligne que les "Hautes Parties Contractantes s'engagent à respecter et à faire respecter la présente Convention dans toutes les circonstances". Les résolutions du Conseil de sécurité 242 et 338 continuent de servir de base juridique viable et équitable pour une paix globale au Moyen-Orient. Le statut d'Al Qods Al Charif - La Ville Sainte de Jérusalem - demeure central à tout règlement global du conflit israélo-arabe. Aucune paix durable dans la région ne sera possible sans la réalisation des droits légitimes du peuple palestinien, notamment le droit de créer leur Etat indépendant avec Jérusalem pour capitale et leur pleine souveraineté sur Haram al-Charif. Le Pakistan appuie sans réserve la juste lutte du peuple palestinien pour l'exercice de ses droits inaliénables. La poursuite de ce cycle de violence compromet le processus de paix en cours et c'est pourquoi, il est urgent de prendre des mesures concrètes immédiates pour le remettre sur la voie, conformément aux accords conclus en application des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.
M. ZEID RAAD ZEID AL-HUSSEIN (Jordanie) a déclaré que la réunion du Conseil montre combien cet organe est conscient et préoccupé des derniers événements graves survenus dans notre région, qui montrent la nécessité urgente d'établir la paix au Moyen-Orient, et de reconnaître le droit du peuple palestinien à rejeter l'injustice et l'occupation qu'il subit depuis si longtemps. La Jordanie condamne les actes des Israéliens et lance un appel au Gouvernement israélien pour qu'il retire ses forces des territoires et villes qui sont sous autorité palestinienne.
Les récents événements ne sont que la conséquence des provocations d'extrémistes israéliens. Le fait d'approuver cet extrémisme ne peut que le renforcer et étouffer la voix du dialogue, a affirmé le représentant. La Jordanie en appelle au Gouvernement israélien pour qu'il assume ses responsabilités dans cette phase critique du processus de paix dans la région. La Jordanie, son roi et son peuple réaffirment leur solidarité avec le peuple palestinien qui combat pour ses droits légitimes et cherche à créer, sur sa terre, un Etat ayant Al Qods comme capitale.
M. IBRA DEGUENE KA, Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a déclaré que, depuis quelques mois, le Comité suivait de très près les efforts entrepris pour parvenir à un règlement de paix définitif entre les Israéliens et les Palestiniens, et fondait des espoirs de plus en plus grands sur le processus de paix. La partie palestinienne a même, le mois dernier, décidé de différer une déclaration sur l'accession au statut d'Etat, alors qu'elle était pleinement habilitée à le faire. Par cet acte courageux et responsable, la Palestine a donné une autre chance à la paix, a observé M. Deguene Ka. Malheureusement, la partie israélienne n'a pas payé ce geste de retour.
Pendant toute la période des négociations, la colonisation israélienne a été menée sans discontinuer. Ces mesures contreviennent ouvertement au droit international, à la quatrième Convention de Genève et à de nombreuses résolutions et décisions du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale.
La dernière flambée de violence est consécutive à la visite provocatrice de M. Ariel Sharon à l'esplanade des lieux saints de Haram al-Charif et à la façon brutale et disproportionnée avec laquelle les forces de défense et la police israéliennes ont réagi face aux protestations que cette visite a provoquées parmi les Palestiniens, a poursuivi M. Deguene Ka. Le résultat a été tragique. Ces actes inhumains sont en contradiction avec le droit humanitaire et la lettre et l'esprit de la Déclaration de principes sur les arrangements intérimaires d'autonomie et les accords ultérieurs de mise en oeuvre. Ils risquent de mettre en péril l'intégrité des négociations de paix au moment le plus critique et portent un coup dur à l'ensemble du processus de paix.
Ces événements regrettables ont préoccupé toute la communauté internationale. Le Comité s'associe à eux pour demander aux deux parties de s'abstenir de toute nouvelle escalade de la violence et de n'épargner aucun effort pour désamorcer définitivement la tension. Il s'associe également à tous ceux qui demandent au Gouvernement, aux partis politiques et aux forces de sécurité israéliens de ne pas prendre de nouvelles mesures de nature à compromettre le processus de paix. Le Comité demande de faire respecter les Lieux saints, de garantir la protection des populations palestiniennes, de garantir les biens des Palestiniens dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem, et de mettre fin à toutes les activités de nature à contrecarrer les efforts de paix. Il lance un appel aux parties pour qu'elles procèdent rapidement à l'application intégrale des accords déjà conclus en vue de parvenir à un règlement global, juste et durable fondé sur les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Ce n'est qu'en avançant ensemble et rapidement sur la voie du processus de paix que l'on empêchera la situation de se dégrader.
Il n'y a pas d'autre choix possible que les négociations de paix, a répété M. Deguene Ka. Les dirigeants israéliens devraient reconnaître que la paix et la stabilité ne peuvent pas être imposées militairement et unilatéralement, mais que la paix et la sécurité reposent d'abord sur le respect mutuel et le développement d'un partenariat fondé sur l'équité et la confiance réciproque. En convoquant cette réunion les membres du Conseil de sécurité ont bien montré qu'ils sont profondément préoccupés par la dégradation de la situation. Le Comité espère vivement que cette discussion sera l'occasion pour le Conseil de montrer sa détermination à trouver le moyen d'empêcher l'escalade de la violence, mais aussi de remettre le processus de paix sur les rails. Pour le Comité, l'Organisation des Nations Unies devrait continuer d'exercer la responsabilité principale et permanente qui lui incombe en ce qui concerne tous les aspects de la question de Palestine, y compris Jérusalem, jusqu'à son règlement satisfaisant. Les évènements qui nous rassemblent ici montrent une fois de plus que l'ONU doit continuer de s'impliquer dans la question de Palestine et dans toutes les questions concernant la paix et la sécurité au Moyen-Orient.
M. MOHAMMAD A. ABULHASAN (Koweït) a déclaré que, pour le Koweït, les massacres perpétrés à Haram al-Charif et dans les territoires palestiniens occupés, massacres qui se poursuivent, sont une provocation flagrante contre le processus de paix et contre les pays arabes et islamiques. On ne pourra pas oublier la mort de cet enfant de 12 ans et d'autres enfants, victimes d'actes de barbarie, a-t-il affirmé.
La réaction des Nations Unies, qui ont, lors du Sommet du millénaire, réaffirmé leur engagement de protéger les enfants, nous amène à nous interroger sur la crédibilité de ce qui a souvent été déclaré ici, a ajouté le représentant. M. Abulhasan a évoqué la quatrième Convention de Genève de 1949, la résolution 1261 du Conseil de sécurité concernant la protection des civils en période de conflit armé, les résolutions sur l'utilisation des enfants dans les conflits armés, les résultats du Sommet du millénaire ainsi que la session extraordinaire de l'Assemblée générale sur le suivi de la conférence sur les enfants qui aura lieu l'an prochain. Comment pourrons-nous convaincre nos peuples que les Nations Unies ont la capacité d'empêcher les actes des Ariel Sharon de ce monde? a-t-il demandé, déclarant que le Koweït s'en remet au Conseil de sécurité pour répondre à cette question.
Le représentant a dénoncé les actes barbares commis par les forces israéliennes, qui ont utilisé des moyens extrêmes, qualifiés de violation flagrante de la résolution 1261 du Conseil, qui a condamné tout acte contre les enfants dans les conflits armés. Il s'agit aussi de violations de principes du droit international, comme la quatrième Convention de Genève. Il est clair que les peuples islamiques n'abandonneront jamais leurs droits sur les Lieux saints, et notamment Al Qods Al Charif. Nous défendons le droit du peuple palestinien à disposer d'un Etat ayant Al Qods pour capitale. Le Conseil de sécurité doit assumer sa responsabilité et mettre fin aux pratiques répressives d'Israël contre une population innocente, demander à Israël de retirer ses forces d'Haram al- Charif et de tous les territoires palestiniens. De plus, il doit tenir Israël totalement responsable de tous ses actes, a déclaré M. Abulhasan. Le Koweït exprime sa reconnaissance aux Etats-Unis, à la France et à l'Egypte pour leurs efforts tendant à rétablir une situation normale dans la région.
M. NASSIR ABDULAZIZ AL-NASSER (Qatar) a déclaré que la violence populaire qui fait actuellement rage dans les territoires palestiniens occupés ne constitue qu'une expression de l'oppression subie par le peuple palestinien contre la tyrannie qui a dépassé toutes les limites, l'exemple le plus récent étant la visite provocatrice du dirigeant de l'opposition israélienne, M. Ariel Sharon, à Haram al-Charif. Cela a constitué une tentative par Israël de revendiquer sans fondement ses droits sur Al Qods -Jérusalem-, en violation de tous les traités ou résolutions internationaux, en particulier la résolution 242 (1967) du Conseil de sécurité. Il ne s'agissait pas seulement d'une provocation contre les sentiments des Palestiniens, mais également contre les sentiments de millions de Musulmans dans le monde, créant une situation dangereuse. Le monde entier a assisté aux actes de violence des forces de sécurité de la puissance occupante - Israël - perpétrés au moyen d'armes lourdes, y compris des chars blindés et des hélicoptères, contre une population civile sans défense. La scène troublante de la mort en direct d'un adolescent de 12 ans dans les bras de son père constitue l'un des crimes les plus atroces. D'autres scènes indescriptibles et tout aussi consternantes constituent une violation flagrante de la quatrième Convention de Genève concernant la protection des civils en période de conflit armé. A cet égard, la délégation du Qatar adresse ses condoléances les plus profondes aux familles des victimes, priant Dieu-Tout-Puissant de leur accorder une place parmi les martyrs.
Les actes d'agression commis par l'armée israélienne, soutenue par les colons juifs, en violation de toutes les normes internationales, contre une population sans défense, constituent une honte pour toute personne qui défend la position israélienne. Ces actes montrent de plus que le Gouvernement israélien est encore prisonnier d'une faction extrémiste qui défie les résolutions de la légitimité internationale. Pour sa part, la communauté internationale doit agir immédiatement et assumer ses obligations à l'égard du peuple palestinien, dont les terres sont occupées, et dont une partie est dispersée de force dans toutes les régions du monde, subissant le sort de réfugiés permanents. Avec l'ensemble du monde, nous attendons les conclusions du Sommet de Paris auquel participent M. Yasser Arafat, M. Ehud Barak et Mme Albright. Toutefois, la vision qatarienne du processus de paix au Moyen-Orient est fondée sur des principes réalistes. Une paix juste, globale et permanente exige la fin de l'occupation par Israël de tous les territoires occupés, y compris la Sainte Ville d'Al Qods et la création d'un Etat palestinien indépendant avec Al Qods pour capitale. C'est pourquoi, le Qatar appelle le Conseil de sécurité à s'acquitter de son mandat en vertu de la Charte des Nations Unies et à intervenir rapidement en enjoignant à Israël de mettre fin à ses hostilités excessives et agressives et à retirer ses forces, à garantir la liberté totale des services religieux des Palestiniens à Al Qods, à lancer une enquête internationale sur les évènements tragiques de ces derniers jours et à en poursuivre les responsables, à condamner la visite d'Ariel Sharon et à exiger le respect de la quatrième Convention de Genève.M. JASSIM MOHAMMED BUALLAY (Bahreïn) a déclaré avoir placé sa déclaration dans un dossier noir, symbole de deuil pour les enfants martyrs tombés à Jérusalem et dans la bande de Gaza. Le dirigeant du parti extrémiste Likoud, Ariel Sharon, dont les mains sont tachées du sang des martyrs de Sabra et Chatila, est responsable de cet acte de provocation, a affirmé le représentant. Le Gouvernement israélien a déclaré qu'il n'approuvait pas le geste de M. Sharon et que celui-ci avait commis une erreur, mais il a aussi affirmé que les manifestations des Palestiniens étaient prévues et organisées. Le Gouvernement israélien veut-il dire que les Palestiniens avaient prévu de faire mourir des enfants sous les balles israéliennes? Chacun a vu les photographies publiées dans le New York Times, a affirmé le représentant, présentant l'article.
Ces événements tragiques, nous imposent de poser une question sur l'holocauste nazi, a poursuivi le représentant. A la suite de cette épreuve, y a- t-il une génération d'Israéliens qui exerce des représailles sauvages et barbares contre des gens qui ne sont pas responsables d'un crime perpétré par d'autres, a- t-il demandé. Qu'en est-il des résolutions 242 et 338, entre autres, concernant les droits des peuples palestiniens qu'Israël foule au pied? Israël ne veut qu'une seule paix: celle qui satisfait ses désirs de ne pas se retirer des territoires occupés où elle veut continuer de construire des colonies de peuplement. Les actes de provocation proviennent toujours de la partie israélienne, a affirmé le représentant, qui a ajouté: mais la reddition n'appartient pas au vocabulaire des Palestiniens et des Arabes.
M. MIKHAIL WEHBE (République arabe syrienne) s'est déclaré choqué par le nombre considérable de morts, victimes des forces de sécurité israéliennes. Il est apparu au cours de ce débat que la visite de provocation du chef de l'opposition israélienne, M. Ariel Sharon, a été à l'origine du bain de sang à Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza. Ce n'est pas la première fois que de tels actes d'agression sont commis. Rappelons-nous des massacres de Sabra et Chatila et de
l'incendie de la Mosquée d'Al-Aqsa. Les innocents qui priaient à la Mosquée ont eu à peine le temps de quitter le service religieux, lorsquils ont été confrontés aux attaques impitoyables des forces israéliennes. Ces actes d'agression n'ont épargné ni femme, ni enfant. Le monde entier a assisté à la mort en direct sur les écrans de télévision d'un enfant de 12 ans que son père protégeait vainement contre les balles israéliennes. La visite de Sharon et ses conséquences graves nous contraint à nous interroger sur l'intention d'Israël. Au cours de ces deux derniers mois, le Gouvernement israélien a fourni des armes puissantes et sophistiquées aux colons juifs. Au cours des évènements tragiques de ces derniers jours, des vraies balles ont été utilisées par les forces de sécurité israéliennes contre des enfants. Par ces attaques, Israël vise à affaiblir les droits inaliénables des Palestiniens et à imposer sa souveraineté sur Al Qods.
Les évènements semblent confirmer qu'Al Qods est la question centrale de la question de la Palestine. Pour sa part, la République arabe syrienne condamne fermement les actes commis à l'encontre des Palestiniens et, à cet égard, adresse ses plus profondes condoléances aux familles des victimes. M. Wehbe a rappelé que les actes d'agression par Israël ont été commis en violation de la quatrième Convention de Genève de 1949 concernant la protection des civils en période de conflit armé. Si Israël souhaite la paix, elle doit respecter les résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Il est indispensable qu'Israël mette fin à son agression et respecte les instruments internationaux pertinents. Le Conseil de sécurité doit réaffirmer qu'Al Qods constitue une partie intégrante des territoires arabes occupés et reconnaître clairement que la visite de provocation délibérée d'Ariel Sharon était préméditée. En outre, le massacre de ces derniers jours qui a entraîné la mort d'enfants doit être fermement condamné par le Conseil de sécurité.
M. HADI NEJAD HOSSEINIAN (République islamique d'Iran) a fait valoir que la provocation à laquelle s'était livrée, jeudi dernier, une des factions du régime d'occupation, aidée en cela par l'autre faction de ce régime, et les tueries aveugles qui ont suivi, contredisent les prétendues intentions pacifiques des Israéliens et leur soi-disant désir de coexister pacifiquement avec les Musulmans et les Chrétiens de la région. Ce crime récent constitue une nouvelle tentative des sionistes pour désacraliser un lieu saint islamique et "désislamiser" la mosquée Beit Ul-Moqadas. Cela fait suite à deux autres tentatives, 1'une en 1969 qui visait à mettre le feu à la mosquée Al-Aqsa, l'autre en 1996 prévoyait la réalisation de tunnels sous son sol sacré, a-t-il déclaré. Ce régime est la cause principale de la tension et de l'instabilité de la région. Pendant qu'il fait croire qu'il négocie avec les Palestiniens, il se livre à de violentes attaques sur les populations opprimées et sans défense des territoires occupés. La question fondamentale pour la communauté internationale, et particulièrement pour le Conseil de sécurité et les médiateurs au Proche-Orient est de savoir quelle est la quantité de sang palestinien, quel nombre de vies et de sans-abri et quel niveau de souffrance, il nous est possible de justifier avant que les occupants et les agresseurs soient neutralisés et que les Palestiniens puissent effectivement exercer leurs droits fondamentaux à l'autodétermination sur leur propre sol, a interrogé le représentant.
M. Nejad-Hosseinian a indiqué que le Président de la République islamique d'Iran, en sa qualité de Président du huitième Sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), a demandé que les Ministres des affaires étrangères des pays membres de l'OCI se réunissent de toute urgence pour examiner la question. Il ne fait pas de doute, a-t-il déclaré, que l'on attend du Conseil de sécurité une action résolue pour mettre fin aux violations de la quatrième Convention de Genève par la puissance occupante et qu'il initie le processus permettant de traduire les responsables en justice. Le premier pas dans cette direction est la condamnation explicite du recours abusif à la force par les forces armées israéliennes à l'égard de civils sans défense.
A plusieurs reprises dans le passé, a fait valoir le représentant, il a été demandé au Conseil de sécurité d'assumer sa responsabilité première qui est de maintenir la paix et la sécurité internationales en mettant fin aux actions inhumaines et agressives du régime israélien. Malheureusement l'exercice du droit de veto l'a empêché d'exercer sa responsabilité constitutionnelle sur une question aussi cruciale, suscitant ainsi une immense déception dans le monde. Cette inaction du Conseil de sécurité a sans aucun doute encouragé Israël à défier la volonté de la communauté internationale telle que le reflètent, entre autres, les résolutions de l'Assemblée générale, a conclu le représentant.
M. FAWZI BIN ABDUL MAJEED SHOBOKSHI (Arabie saoudite) a rappelé que la communauté internationale a suivi avec douleur et colère les actes de violence commis par les forces de sécurité israéliennes contre la population civile palestinienne à Al Qods, en Cisjordanie et à Gaza, à la suite de la visite de provocation délibérée d'Ariel Sharon à Haram al-Charif. Au lieu d'assumer ses responsabilités en matière de maintien de la paix et au lieu d'empêcher la visite d'Ariel Sharon, le Gouvernement israélien a commencé à attaquer des civils sans défense en recourant à des armes lourdes et à des hélicoptères. L'Arabie saoudite, qui condamne de manière très ferme ces actes, rappelle le caractère fondamental des lieux saints musulmans à Al Qods. Les Arabes ont souligné, à plusieurs reprises, qu'ils optaient pour la paix, sur la base des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité. Al Qods Al Charif constitue une partie intégrante des territoires arabes occupés, a souligné M. Shobokshi, qui a demandé au Conseil de sécurité de s'acquitter de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité. Le représentant a émis l'espoir que les Sommets de Paris et de Charm el-Cheikh contribueront à rétablir le calme et à engager les parties concernées à reprendre la voie des négociations.
M. RAFAEL DAUSA CESPEDES (Cuba) a déclaré que la communauté internationale observe avec colère la répression cruelle qui sévit au Moyen-Orient, avec le consentement du Gouvernement israélien, en utilisant non seulement les forces de police, mais aussi larmée ainsi que des armes lourdes et des hélicoptères de combat contre des civils et des installations palestiniens. Selon le représentant cubain, la communauté internationale espérait une action plus déterminée, plus expéditive et plus efficace du Conseil de sécurité sur la question. Les récents événements ont à nouveau prouvé que le Conseil de sécurité nest pas capable de remplir ses responsabilités en matière de respect de la paix et de la sécurité internationales quand lhégémonie et les intérêts politiques internes dun membre permanent, qui fait usage de ses pouvoirs de manière arbitraire et irresponsable, viennent simmiscer dans le débat.
M. ABDALLA SALEH AL-ASHTAL (Yémen) a déclaré que la visite d'Ariel Sharon sur l'esplanade des mosquées a constitué indéniablement une provocation de l'escalade de la violence de ces derniers jours à Al Qods, en Cisjordanie et à Gaza. Le Gouvernement du Yémen a suivi avec douleur les affrontements sanglants qui ont opposé les forces de sécurité israéliennes à la population civile palestinienne sans défense. Ces actes d'agression et de provocation contre des civils et contre les Lieux saints musulmans doivent être fermement condamnés par le Conseil de sécurité. En outre, le Conseil doit prendre toutes les mesures nécessaires pour qu'Israël mette fin à cette violence.
M. KAMALESH SHARMA (Inde) a déclaré s'associer à la déclaration faite mardi par le Président du Mouvement des non alignés et être profondément préoccupé par les violences survenues à Jérusalem, en Cisjordanie, dans la bande de Gaza et dans d'autres parties d'Israël et des territoires placés sous l'Autorité nationale palestinienne qui ont provoqué des morts, des dégâts matériels et ont miné le processus de paix. Les questions en jeu étant d'une complexité considérable, a estimé M. Sharma, il est essentiel de faire preuve de retenue, d'éviter les provocations et de s'abstenir de tout acte pouvant entraver le processus de paix au Moyen-Orient.
Nous avons constaté avec une préoccupation croissante que l'arrêt des hostilités entre Palestiniens et Israéliens n'a guère duré et nous espérons que l'on redoublera d'efforts pour mettre fin à la violence. Nous restons convaincus de la nécessité du dialogue et de la négociation pacifique pour parvenir à un règlement global, juste et durable de tous les problèmes. Nous soutenons les efforts déployés par la communauté internationale à cet égard. Des progrès considérables ont été accomplis par les Palestiniens et les Israéliens dans le processus de paix. Il ne faut pas laisser les événements récents le retarder. Avec la volonté et la détermination nécessaires, et un engagement à résoudre pacifiquement les différends, aucune difficulté n'est insurmontable, aucun objectif hors de portée. Il faut renoncer à la violence. La diplomatie et le sens de l'Etat doivent triompher. Il n'y a pas d'alternative et pas d'autre voie vers une paix durable.
M. SAEED HASAN (Iraq) a déclaré que la réunion doit permettre de discuter de la répression et de l'agression auxquelles le peuple palestinien est soumis dans les territoires occupés, non seulement depuis 1967, mais aussi depuis 1948. Ces agressions sont une violation flagrante des textes internationaux et, notamment, de la quatrième Convention de Genève de 1949.
La violation par «le terroriste Ariel Sharon» des lieux saints de Haram al- Charif et les actes qui ont suivi montrent le caractère agressif de l'entité sioniste et mettent la communauté internationale devant un véritable défi, a estimé le représentant. La communauté internationale pourra-t-elle, cette fois, venger ceux qui ont souffert? Certains ont exprimé l'espoir que le Conseil prendrait des mesures et engagerait la responsabilité des criminels, a remarqué le représentant. Malheureusement, les faits semblent indiquer qu'ils seront déçus, car l'équilibre des pouvoirs au sein du Conseil ne le permettra pas. La force dominante - les Etats-Unis - apporte tout le soutien nécessaire à cette entité
injuste, en lui fournissant toutes les armes nécessaires, y compris nucléaires, et ce, depuis la création de cette entité il y a 52 ans. Et les Etats-Unis continueront d'agir ainsi tant que le Conseil de sécurité suivra la volonté de ceux qui le contrôlent. Nous ne disons pas cela pour décourager les honorables membres du Conseil de sécurité ou les autres Etats Membres, a déclaré le représentant. La situation actuelle devrait, au contraire, constituer une raison supplémentaire pour examiner le coeur de la question.
Pour le représentant, l'important n'est pas de savoir comment forcer les Palestiniens à accepter des négociations, mais de trouver les solutions appropriées. Le problème a commencé en 1917 par la promesse faite par le Britannique Balfour au Britannique Rotschild, a-t-il estimé. Le problème est un problème d'occupation militaire du territoire palestinien par des aventuriers venus d'Europe et d'ailleurs. Le problème est celui de la tragédie d'un peuple qui souffre d'occupation et contre qui tous les moyens de pression sont employés, celui de quatre millions de personnes chassées de leur terres et qui souhaitent retrouver leur patrie, conformément à leur droit. La Palestine fait partie de la nation arabe, une des plus anciennes sur la terre. Elle a la capacité de se dresser face aux défis et celle de résister aux envahisseurs, a estimé le représentant. Nous attendons de la communauté internationale qu'elle soutienne cette nation dans sa juste lutte.
M. MAHFOUDH OULD DEDDACH (Mauritanie) a condamné les actes de violence qui ont provoqué la mort de nombreux civils innocents, en particulier des enfants à Al Qods, en Cisjordanie et à Gaza. Le recours à des armes lourdes et à des hélicoptères par Israël contre des civils sans défense constitue une violation flagrante de la quatrième Convention de Genève de 1949 concernant la protection des civils en période de conflit armé. Le processus de paix au Moyen-Orient ne sera couronné de succès que lorsque le peuple palestinien pourra exercer ses droits inaliénables et créer un Etat palestinien indépendant avec pour capitale Al Qods.
M. HUSSEIN HASSOUNA (Ligue des Etats arabes) a estimé que les membres du Conseil de sécurité et les représentants des autres Etats membres qui ont pris la parole depuis deux jours sont unanimes pour dire que les violences ont été déclenchées par la provocation de M. Ariel Sharon, malheureusement soutenu par le Gouvernement israélien, qui a violé l'Esplanade de Haram al-Charif, provoquant la colère dans le monde islamique et chrétien. Il s'agit, a estimé M. Hassouna, d'une violation délibérée destinée à obtenir des gains politiques. Il a également constaté un consensus de la communauté internationale pour dire que la situation actuelle est due à l'usage excessif et injustifié de la violence par les forces de sécurité israéliennes.
La Ligue des Etats arabes a été la première organisation internationale à examiner avec sérieux et inquiétude ces faits douloureux, depuis leur déclenchement, dans le cadre d'une séance d'urgence du Conseil de la Ligue, le 1er octobre, a rappelé M. Hassouna. Le Conseil a alors rejeté toutes les responsabilités sur Israël et a appelé la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu'il retire ses forces. La Ligue des Etats arabes a demandé une enquête internationale, et que les responsabilités de ces crimes soient établies par un tribunal international. Alors que l'humanité entre dans un nouveau millénaire et aspire à sécher les larmes versées lors du siècle écoulé,
nous constatons que les forces israéliennes qui haïssent la paix sont résolues à suivre une voie qui va à l'encontre de ce mouvement, a affirmé M. Hassouna, pour qui les Etats arabes, pour leur part, ont fait le choix stratégique de la paix. Il est inacceptable que les violations israéliennes des textes internationaux restent impunies. La Ligue des Etats arabes appelle le Conseil de sécurité à intervenir immédiatement pour qu'il prenne toutes les mesures nécessaires pour obliger Israël à cesser ses provocations injustifiées. Si les Nations Unies sont véritablement désireuses de promouvoir la primauté du droit et la justice internationale, alors la Ligue des Etats arabes pense qu'il est grand temps de forcer Israël à appliquer les textes internationaux et notamment les résolutions obligatoires adoptées par le Conseil de sécurité et les Conventions de Genève de 1949.
M. UMIT PAMIR (Turquie) a déploré les actes de violence commis récemment à Haram al-Charif, dans les environs de Jérusalem, en Cisjordanie et à Gaza, et qui résultent du recours à une force excessive de la part d'Israël, et qui ont fait plus d'une cinquantaine de morts et ont blessé plus de 1 500 personnes. A cet égard, sa délégation adresse aux familles des victimes ses plus profondes condoléances. Avant ces événements tragiques, la tension dans la région s'étant accrue en raison de l'impasse du processus de paix. Cette tension n'aurait pas dû être exacerbée par des actes de provocation. Rien ne peut justifier la perte de vies innocentes, ni la création d'un climat de violence. La délégation turque appelle les deux parties concernées à rétablir le calme en faisant preuve de la plus grande retenue.
M. Pamir a estimé que le retrait des forces de sécurité israéliennes devrait constituer une première étape en faveur de la normalisation de la situation sur le terrain. En outre, une enquête transparente et impartiale - à laquelle participeraient à la fois Israël et l'Autorité palestinienne - devrait être engagée pour déterminer les causes de la récente escalade de la violence. Il est de la plus haute importance que des procédures appropriées soient engagées contre les auteurs de ces actes criminels afin que la conscience des familles des victimes soit en paix. La Turquie continue de suivre l'évolution de la situation dans la région, établissant des contacts étroits avec les parties. Le Gouvernement turc a exprimé sa tristesse et sa préoccupation face à l'escalade de la violence, directement au Président Arafat et au Ministre des affaires étrangères par intérim israélien, M. Ben Ami. En réponse à la demande d'assistance humanitaire faite par l'Autorité palestinienne, la Turquie a décidé de faire une contribution de 500 000 dollars ainsi que des médicaments et des équipements médicaux. Il incombe à nous tous d'atténuer les souffrances des victimes de cette violence insensée. Le représentant a émis l'espoir que ces événements tragiques ne détourneront pas les parties du processus de paix en cours au Moyen-Orient.
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