CS/2045

LES ETATS MEMBRES DU CONSEIL DE SECURITE APPELLENT AU CALME ET EXHORTENT LES PARTIES PALESTINIENNE ET ISR'LIENNE A POURSUIVRE LES NEGOCIATIONS

3 octobre 2000


Communiqué de Presse
CS/2045


LES ETATS MEMBRES DU CONSEIL DE SECURITE APPELLENT AU CALME ET EXHORTENT LES PARTIES PALESTINIENNE ET ISRAELIENNE A POURSUIVRE LES NEGOCIATIONS

20001003

Le Conseil de sécurité a examiné, cet après-midi, la situation au Moyen- Orient, y compris la question de Palestine, à la suite des derniers événements survenus à Jérusalem. Il a entendu, dans ce cadre, l'Observateur permanent de la Palestine qui a fait état de victimes innocentes dont plusieurs morts et des blessés à la suite de ce qu'il a appelé "une provocation de la part d'Israël", M. Sharon s'étant rendu à Al-Haram Al-Sharif. Il incombe à la communauté internationale - et en particulier, au Conseil de sécurité - de mettre un terme aux mesures prises par Israël et de tenter de sauver le processus de paix au Moyen-Orient et de raviver les efforts visant à aboutir à un règlement pacifique entre les parties, a souligné l'Observateur de la Palestine.

Quant au Représentant d'Israël, il a précisé que les événements tragiques de ces derniers jours ne résultent pas de la visite que M. Ariel Sharon a effectuée sur l'esplanade du Temple, mais trouvent plutôt leur source dans des actes de violence commis dès le 13 septembre par les Palestiniens. La police israélienne a tenté de décourager les émeutiers par des moyens non violents, mais le mouvement a persisté.

Si les événements récents ont constitué un revers pour le processus de paix, ne les laissons pas constituer un revers pour nos efforts visant à restaurer la crédibilité de l’Organisation, a observé pour sa part, le Représentant des Etats- Unis. En ce moment critique, le Conseil doit s’atteler à rétablir le calme et à créer un climat dans lequel les parties peuvent progresser sur la voie d’une paix globale, juste et durable. La France, par son représentant, appelle les dirigeants israéliens et palestiniens à mettre tout en œuvre pour contribuer à un apaisement. Elle demande que toute la lumière soit faite sur la tragédie dans le cadre d'un mécanisme international propre à établir les responsabilités, et souhaite que le Conseil apporte un message de responsabilité. La priorité absolue doit aller à l'arrêt des combats et le cessez-le-feu doit être strictement respecté.

A l’instar d’autres délégations, le représentant de la Malaisie a déclaré qu'une paix juste, durable et totale ne pourra être obtenue que par le retrait d'Israël de tous les territoires occupés depuis 1967 et par l'application pleine et entière de toutes les résolutions internationales.

Les représentants des pays membres du Conseil de sécurité suivants ont pris la parole: Etats-Unis, France, Bangladesh, Pays-Bas, Malaisie, Fédération de Russie, Ukraine, Argentine, Jamaïque, Royaume-Uni, Chine, Canada, Tunisie, Mali et Namibie. Les représentants d’Israël, de l’Egypte et de l’Afrique du Sud, ainsi que l’Observateur de la Palestine sont également intervenus.

La présente réunion a été convoquée à la demande de l'Afrique du Sud, de l'Egypte et de la Malaisie.

Le Conseil de sécurité poursuivra l’examen de cette question, demain 4 octobre, à 15 heures.

LA SITUATION AU MOYEN-ORIENT, Y COMPRIS LA QUESTION DE PALESTINE

Déclarations

M. NASSER AL-KIDWA (Observateur permanent de la Palestine) a déclaré que, le 28 septembre, M. Ariel Sharon, au passé bien connu, a pris une mesure provocante et insultante pour les Arabes et les musulmans en se rendant à Al-Sharif pour renforcer les prétentions illégitimes des Israéliens sur le troisième Lieu saint de l'Islam. Il était accompagné d'un très grand nombre de forces de sécurité et a provoqué des affrontements qui ont fait de nombreux blessés parmi les Palestiniens. Le 29 septembre, et après les prières musulmanes du vendredi, les forces de sécurité israéliennes ont attaqué la foule de musulmans, provoquant ainsi une agression massive contre les Lieux saints, une agression semblable à celle du 8 octobre 1990. La visite de M. Sharon et les actions des forces de sécurité dans les environs du site d’Al-Sharif ont fait des blessés et entraîné des protestations énergiques des Palestiniens, en raison de leur conviction de protéger les Lieux saints contre les agressions israéliennes et de la tension résultant du blocage du processus de paix, «imputable à Israël».

La réaction d'Israël aux protestations des civils palestiniens n'a pas surpris, puisque les forces de sécurité israéliennes ont utilisé d'importants moyens militaires, y compris des missiles antichar et des hélicoptères de combat, a déclaré l’observateur qui a indiqué que des Israéliens ont délibérément tué des civils palestiniens, y compris des enfants. Après ces affrontements, les pertes étaient hier de 42 morts et plus de 1 200 blessés, dont plusieurs dans un état critique. Une telle constatation montre sans aucun doute que les forces de sécurité israéliennes cherchent à infliger les plus lourdes pertes possibles au peuple palestinien. Ces actes constituent une violation grave de la quatrième Convention de Genève de 1949 et certains des responsables israéliens auteurs de ces crimes devraient être traduits en justice. En outre, des Arabes israéliens ont organisé des protestations de solidarité avec les Palestiniens. Qui plus est, les forces de l'ordre israéliennes ont commis des actes de violences à l’endroit de leurs propres compatriotes, faisant parmi eux dix morts. C'est une preuve supplémentaire qu'Israël est responsable de ces actes sanglants de ces derniers jours. Il faut être raciste pour entretenir l’idée que des citoyens palestiniens seraient morts en vain. Seul un crédule pourrait croire aux explications israéliennes.

On ne peut comprendre les actes israéliens, sauf à admettre qu'ils cherchent à contraindre les Palestiniens à faire des concessions dans le cadre du processus de paix, ou encore que des militaires israéliens prennent les choses en main. Mais il faut, pour établir ces faits, une enquête. Quelles que soient les hypothèses, le Conseil de sécurité doit mettre un terme immédiat à cette brutale campagne israélienne et aux violations par la puissance occupante de la quatrième Convention de Genève et d'autres conventions. Si le Conseil réussit à remplir ses obligations, il aura joué un rôle crucial pour la défense du droit international et du droit humanitaire, mais aussi pour créer l'environnement favorable nécessaire pour ressusciter, et peut-être reprendre, par la suite, le processus de paix.

M. YEHUDA LANCRY (Israël) a déclaré qu'il n'aurait jamais été plus heureux que de venir aujourd'hui annoncer aux membres du Conseil de sécurité que le processus de paix s'est achevé avec succès. Malheureusement, les circonstances le forcent plutôt à présenter au Conseil les derniers évènements qui se déroulent à Jérusalem, ainsi qu'en Cisjordanie et à Gaza. Tout d'abord, M. Lancry a exprimé sa plus profonde tristesse à la suite des pertes tragiques en vies humaines qui sont survenues ces derniers jours. Il souhaite exprimer en particulier un sentiment largement ressenti en Israël. Ensemble avec les Palestiniens, Israël est tout aussi endeuillé par la mort choquante du jeune Mohammed Jamal Al-Durra que par ses propres pertes. C'est précisément cette souffrance humaine que le processus de paix au Moyen-Orient vise à atténuer. Les évènements qui ont marqué ces derniers jours constituent les développements les plus récents et les plus graves réalisés dans le contexte de l'escalade de la violence de ces dernières semaines. Bien que certains soient enclins à faire endosser à Israël l'exclusive responsabilité de ces actes de provocation, la réalité est loin d'être simple. Cette escalade de la violence palestinienne remonte à une date antérieure à celle des troubles de l'esplanade du Temple, lorsque le 13 septembre dernier, des pierres et des cocktails Molotov avaient été jetés contre des positions israéliennes à proximité de la Jonction de Netzarim, à Gaza. Ces incidents ont été suivis d'autres encore plus violents, y compris la mort d'un soldat israélien causée par l'explosion sur la route d'une bombe le 27 septembre, ainsi que le meurtre d'un policier israélien par un policier palestinien qui assurait avec lui une patrouille conjointe de la Cisjordanie le 29 septembre 2000.

Les événements de vendredi dernier sur l'esplanade du Mont du Temple ont provoqué l'escalade de la violence. Les pèlerins musulmans, qui avaient l'intention de provoquer des confrontations violentes avec à la fois la police et les civils israéliens à la veille du Nouvel An juif, ont attaqué par des jets de pierres les pèlerins juifs rassemblés devant le Mur des Lamentations. La police israélienne a tenté de décourager les émeutiers par des moyens non violents, mais le mouvement a persisté, essayant de forcer son passage vers le quartier du Temple et en franchissant la porte de Mughrabim pour se rendre devant le Mur des Lamentations. La police israélienne, qui avait été déployée à l'extérieur du périmètre du Mont du Temple, a été contrainte de pénétrer dans la zone pour repousser les assaillants. Les lanceurs de pierre ont continué à agir pendant plus de quatre heures.

Il est regrettable que la vague de violence des Palestiniens n'ait pas pris fin à ce stade, en dépit des tentatives israéliennes de mettre fin aux affrontements et d'engager un dialogue. De toute évidence, nous ne sommes pas confrontés à des manifestants pacifiques, mais plutôt à l'escalade d'une violence coordonnée en Cisjordanie et à Gaza. Dans tous les cas, le personnel de sécurité israélien n'a repris ses tirs que lorsque leur vie était véritablement menacée. A cet égard, M. Lancry a souligné que la responsabilité de cette escalade incombe à l'Autorité palestinienne non seulement parce qu'elle n'a rien fait, mais également parce qu'elle a incité la population à des réactions violentes. En outre, les forces de sécurité de l'Autorité palestinienne et de groupes paramilitaires, tels que le Tanzim du FATAH, ont joué un rôle moteur dans les évènements, notamment en utilisant de véritables munitions contre les Israéliens.

Ce qui trouble davantage Israël est la violation flagrante des accords signés concernant l'utilisation des armes par les policiers palestiniens. Au cours de la seule journée du 2 octobre, un soldat israélien a été tué par un policier palestinien lors d'une embuscade, et un civil israélien a été tué à bout portant alors qu'il quittait sa voiture. La police palestinienne a dirigé ses armes contre les mêmes soldats israéliens qui ont assuré avec eux des patrouilles conjointes quotidiennes. Il est regrettable qu'en ce moment crucial dans le processus de paix au Moyen-Orient, les Palestiniens aient décidé une nouvelle fois de recourir à la violence à des fins politiques. L'expérience a montré à plusieurs reprises que la volonté de l'Autorité palestinienne d'inciter la population à la violence pour obtenir des concessions dans les négociations, ne contribue qu'à se détourner du processus de paix et à affaiblir les parties à parvenir à un règlement permanent. En ce moment décisif des négociations, soutenues par une volonté sans précédent des Israéliens de poursuivre la voie d'un compromis historique, on s'interroge sur le fait de savoir si le Président Arafat est réellement prêt à poursuivre les exigences et les rêves irréalistes ou à s'engager en faveur d'une paix raisonnable. Ou alors, souhaite-t-il maintenir ses positions et continuer à jouer le rôle de dirigeant d'une révolution palestinienne interminable. C'est pourquoi, Israël appelle les dirigeants palestiniens à agir de manière responsable et de faire de leur mieux pour calmer immédiatement la situation et pour encourager un climat propice à faire progresser les négociations. Il appelle en particulier l'Autorité palestinienne à mettre fin à l'utilisation incontrôlée d'armes à feu par la police palestinienne, à désarmer le Tanzim et à éloigner les émeutiers palestiniens des positions israéliennes, conformément aux Accords d'Oslo. Le représentant a réaffirmé qu'Israël demeure engagée en faveur d'un règlement de paix avec ses partenaires palestiniens, même face à une telle violence et appelle le Président Arafat à contribuer à la restauration de la confiance entre les deux peuples et à reprendre les pourparlers de paix dès que possible.

M. RICHARD HOLBROOKE (Etats-Unis) a déclaré que le Gouvernement des Etats- Unis exprime ses sincères regrets et sa douleur face aux événements récents et a présenté ses condoléances aux familles des victimes innocentes, notamment lorsque celles-ci sont des enfants.

Nous devons à tout prix endiguer la violence et encourager les parties à reprendre le processus de paix pour briser le cercle vicieux de la douleur et du deuil, a déclaré l'ambassadeur. Il a rappelé que le Président Clinton et le Secrétaire d'Etat Madeleine Albright sont en consultations permanentes avec les parties, que Mme Albright rencontrera mercredi le Premier Ministre israélien Ehud Barak et le Président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat à Paris, et que le Président égyptien Hosni Moubarak rencontrera lui aussi les parties jeudi au Caire. Toutes ces réunions revêtent la plus grande importance. Le monde est à l'écoute et est plein d'espoir. Dès que les conditions le permettront, les Etats- Unis présideront une réunion entre responsables israéliens et palestiniens de la sécurité pour enquêter sur les événements des derniers jours et éviter qu'ils ne se renouvellent, a affirmé M. Holbrooke.

Pour l’instant, nous avons comme priorité d'arrêter la violence. Le moment n'est pas à la recherche des coupables. Devant le monde entier, dans le cadre d'une telle tragédie, la rhétorique ne contribue guère à la paix. Dans le passé, les positions prises dans certains cas par le Conseil de sécurité et par les Nations Unies ont entamé la crédibilité de l'Organisation. Ne répétons pas les erreurs du passé. Si les événements récents ont constitué un revers pour le processus de paix, ne les laissons pas entraver nos efforts visant à restaurer la crédibilité de l'Organisation, ainsi que son rôle vital et historique dans le processus, où il n'y a pas de place pour la violence. La seule voie est la négociation. En ce moment critique, le Conseil doit s'atteler à rétablir le calme et à créer un climat dans lequel les parties pourront progresser sur la voie d'une paix globale, juste et durable.

M. JEAN-DAVID LEVITTE (France) a exprimé sa très vive émotion devant le lourd bilan des affrontements des derniers jours et a présenté les condoléances de la France aux familles des victimes. Ces événements, a déclaré l'ambassadeur, sont le résultat d'une provocation délibérée accomplie par M. Ariel Sharon, jeudi 28 septembre. La France condamne sans réserve sa visite irresponsable sur le lieu saint de l'Esplanade des Mosquées, entreprise pour des raisons de politique intérieure, au moment le plus sensible des négociations de paix. La France déplore les violences qui ont résulté de cette visite. Au-delà de cette provocation, c'est la responsabilité de ceux qui sont en charge du maintien de l'ordre qui est en cause. M. Levitte a rappelé le propos tenu par le président Jacques Chirac: "on ne lutte pas contre l'émotion d'un peuple avec des blindés".

L'usage disproportionné de la force armée constaté ces derniers jours contrevient manifestement à la quatrième Convention de Genève, a déclaré M. Levitte, qui a souhaité que toute la lumière soit faite sur la tragédie dans le cadre d'un mécanisme international propre à établir les responsabilités.

Le Conseil doit apporter un message de responsabilité. La France appelle solennellement les dirigeants israéliens et palestiniens à tout mettre en oeuvre pour contribuer à un apaisement. Il faut bloquer l'engrenage de la violence. La priorité absolue doit aller à l'arrêt des combats et le cessez-le-feu doit être strictement respecté.

Ces affrontements sont d'autant plus consternants que les deux parties n'ont jamais été aussi proches de la paix, a déclaré le représentant. Les discussions de Camp David permettaient d'espérer un événement attendu depuis plus de 50 ans: la coexistence pacifique, la paix entre Israël et l'Etat de Palestine. La France espère très vivement que la rencontre prévue mercredi à Paris permettra de clore définitivement un épisode tragique et de reprendre le fil d'un dialogue auquel les événements des derniers jours ont rappelé qu'il n'existe pas d'alternative.

La France et l'Union européenne continueront de soutenir résolument les négociations de paix et à apporter, à la demande des parties, toute leur contribution, a déclaré M. Levitte, qui a demandé que chaque partie s'abstienne de toute action pouvant compromettre le succès des négociations. Au nom de l'Union européenne, dont la France assume la présidence, M. Levitte a ensuite répété devant le Conseil les déclarations de l’Union européenne rendues publiques les 1er et 2 octobre.

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a déclaré que son pays s’inquiète de l’escalade de la violence dans les territoires occupés et l’usage abusif de la force par des soldats israéliens contre des civils palestiniens, qui s’est soldé par un nombre important de victimes.

Le cycle de la violence dans la région ne peut prendre fin que grâce à la conclusion d’un accord de paix juste et global basé sur les résolutions pertinentes des Nations Unies et les différents accords internationaux signés par les parties concernant la région. Dans cette optique, le Bangladesh insiste sur la nécessité de voir appliquées immédiatement et dans leur intégralité les résolutions du Conseil de sécurité concernant le retrait d’Israël de tous les territoires arabes, y compris Jérusalem Est et le retour des réfugiés.

Le représentant a prié instamment Israël d’éviter toute activité, dont la construction de nouvelles colonies dans les territoires arabes occupés, qui pourrait altérer leur caractère religieux, politique ou ethnique. Il est malheureux de constater qu’alors que le processus de paix avait atteint un stade crucial, les provocations délibérées d’un dirigeant israélien menacent tout le processus, a ajouté le représentant.

M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a indiqué que devant les événements tragiques survenus, ces derniers jours, à Jérusalem, sa délégation est profondément consternée par le nombre de pertes en vies humaines causées par la violence des tirs lancés par les forces israéliennes et par la provocation résultant de la visite de M. Ariel Sharon sur l'esplanade du Temple. Aujourd'hui, à la veille du Sommet qui se tiendra à Paris entre les deux parties concernées et le Secrétaire d'Etat américain, on note une lueur d'espoir pour la cessation de ces violents affrontements.

M. HASMY AGAM (Malaisie) a exprimé sa surprise face aux troubles en Palestine à la suite de la regrettable visite de M. Ariel Sharon dans le lieu sacré d’Al-Sharif, au mépris de la sensibilité religieuse des Palestiniens et à un moment critique. Cette visite ne peut être considérée que comme une provocation, un acte cynique et irresponsable et effectué à des fins personnelles et politiques, a-t-il jugé. La visite de M. Sharon n'était pas amicale. Il s'est rendu sur place pour affirmer les prétentions israéliennes sur les lieux sacrés. Il est très regrettable que les accusations soient dirigées contre les autorités palestiniennes, plutôt que de blâmer qui de droit. La Malaisie condamne l'usage disproportionné et excessif de la force par les forces de sécurité israéliennes. L'Ambassadeur a demandé aux autorités israéliennes de mettre immédiatement un terme aux actes des forces de sécurité, qui constituent une grave violation de la quatrième Convention de Genève. Les autorités israéliennes doivent juger les responsables de ces actes.

Une paix juste, durable et totale ne pourra être obtenue que par le retrait d'Israël de tous les territoires occupés depuis 1967 et par l'application pleine et entière de toutes les résolutions internationales. La Malaisie reconnaît Al Qods Al-Sharif comme la capitale du peuple palestinien. La Malaisie se félicite de la réunion prévue, mercredi à Paris, et espère qu'elle permettra de mettre fin aux violences et favorisera la reprise des négociations de paix.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation est profondément inquiète face à l'escalade de la violence qui a caractérisé les événements de ces derniers jours à Jérusalem et qui a coûté la vie à de nombreuses personnes innocentes. Ces actes de violence ne visent qu'à affaiblir le processus de paix en cours. Le Ministre russe des affaires étrangères, M. Ivanov, s'est entretenu par téléphone avec les autorités palestiniennes et israéliennes pour les prier de faire tout leur possible afin de mettre fin à cette violence et s'engager dans la voie de la paix. Tout en appuyant le Sommet de Paris qui se tiendra demain, M. Lavrov a estimé qu'il importe avant tout que les parties reprennent les négociations afin de parvenir dès que possible à un règlement définitif.

M. VOlodYmYr YEL'CHENKO (Ukraine) a déclaré que son pays est consterné et préoccupé par l’usage disproportionné de la force, notamment le recours aux armes lourdes, fait par Israël contre des civils palestiniens. Il a instamment prié les parties au conflit de cesser toute provocation unilatérale et demandé à Israël d´appliquer la quatrième Convention de Genève dans les territoires palestiniens. "Il n´y a d’autre issue aux hostilités que la mise en application intégrale du processus de paix initié à Madrid et fondé sur les résolutions 242 (1967) et 338 (1973) du Conseil de sécurité", a-t-il déclaré. Il a également exprimé le souhait que le peuple palestinien puisse exercer son droit à l´autodétermination et constituer un Etat.

M. ARNOLDO M. LISTRE (Argentine) s'est déclaré attristé et consterné par les actes de violence qui ont marqué ces derniers jours la situation à Jérusalem. M. Listre a regretté que les affrontements violents qui ont opposé les Palestiniens aux forces israéliennes aient causé la mort de nombreuses personnes. Il a estimé qu'il fallait à tout prix reprendre le processus de paix, et que les parties réaffirment leur engagement en faveur de la reprise des négociations. L'Argentine reconnaît à Israël des frontières sûres et internationalement reconnues tout comme les droits inaliénables du peuple palestinien. La délégation argentine émet l'espoir que le Sommet de Paris et celui de Sharm-el-Sheikh (Egypte) contribueront de manière substantielle à mettre fin à la violence et à reprendre la voie de la paix.

MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) a rappelé que le Conseil de sécurité s’est toujours efforcé d’encourager les parties à mettre fin à leur conflit, en privilégiant une solution négociée. Aujourd’hui, et malgré les efforts de la communauté internationale pour trouver une issue à cette crise, la situation est devenue si explosive que la Jamaïque se trouve dans l’obligation de déplorer la flambée de violence qui a éclaté à Jérusalem et à Gaza. La Jamaïque condamne la répression dont ont fait l’objet des civils palestiniens qui a causé de nombreuses pertes en vies humaines. La Jamaïque appelle les parties à renoncer à l’usage de la force et à prendre les mesures nécessaires à la restauration de la paix et du dialogue. La représentante a indiqué que ce regain de violence risque de compromettre les pourparlers de paix. Elle apporte son soutien au Représentant spécial du Secrétaire général et à l’initiative du Secrétaire d’Etat américain de réunir demain à Paris le Premier Ministre israélien et le Président de l’Autorité palestinienne.

M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) s'est dit consterné par la violence et a déploré la tragédie. Il est surprenant de voir comment les explosions de violence deviennent incontrôlables dans cette région et on ne saurait donner raison à ceux qui en sont à l'origine. Il est vital que les violences prennent fin et que les pourparlers reprennent. Le Royaume-Uni se félicite de la réunion prévue demain à Paris et de celle qui aura lieu jeudi en Egypte. L'avenir de la région et sa prospérité dépendront de la paix et des échanges entre les peuples de la région et seul un accord de paix leur permettra de réaliser leur potentiel. Les dirigeants de la région doivent manifester la force et la sagesse nécessaires pour surmonter les difficultés immédiates, afin de préparer un avenir meilleur. La première tâche est de mettre fin au cycle de la violence. Le Royaume-Uni appelle au calme et à la retenue.

M. WANG YINGFAN (Chine) a estimé qu'il est opportun de tenir la présente réunion pour débattre d'événements tragiques survenus ces derniers jours à Jérusalem. Il est regrettable que les forces israéliennes aient eu recours aux armes lourdes et à des hélicoptères dans une situation qui a entraîné la mort d'un nombre considérable de personnes innocentes. Le Ministre Sharon a effectué une visite à Al-Haram Al-Charif, qui constitue une provocation. Israël doit respecter les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité.

M. PAUL HEINBECKER (Canada) a déclaré que son pays est très préoccupé par la violence qui a eu lieu ces derniers jours en Israël, en Cisjordanie et à Gaza. Le Canada fait appel aux deux parties pour qu’elles déploient tous les efforts nécessaires pour mettre fin immédiatement aux hostilités et oeuvrer ensemble pour trouver des mesures concrètes visant à empêcher qu'une telle situation se reproduise. Les dirigeants israéliens et palestiniens doivent faire tout leur possible pour s'assurer que les forces de sécurité et les civils fassent preuve de retenue et pour prévenir toute déclaration ou autre activité susceptible de rendre la situation plus explosive. Le Gouvernement canadien déplore la perte en vies humaines, en particulier la mort d'enfants innocents qui a profondément choqué le monde entier. A cet égard, le Canada adresse ses sincères condoléances aux familles des victimes. Les confrontations violentes, en ce moment crucial du processus de paix, ne contribuent qu'à mettre les négociations dans l’impasse et qu’à provoquer davantage de violences. Dans ce contexte, la visite de M. Sharon à Al-Haram Al-Sharif - Mont du Temple - jeudi dernier n'a pas servi la cause de la paix, mais l’a plutôt affecté sensiblement. Il y a eu violence de la part des deux parties mais le recours disproportionné et excessif à la force et le grand nombre de victimes palestiniennes sont particulièrement consternants.

Les autorités israéliennes et palestiniennes ont montré qu'elles étaient en mesure de comprendre les besoins de l'autre partie et la volonté d'œuvrer ensemble pour parvenir à une paix juste et honorable. Au cours de cette dernière décennie, elles ont réalisé ensemble, par la voie de la négociation, ce que de nombreux autres avaient jugé impossible. C'est pourquoi, le Conseil de sécurité doit faire tout son possible pour appuyer leurs efforts en vue de régler leurs divergences. Pour sa part, le Canada appuie les efforts des Etats-Unis et de l'Egypte pour réunir de nouveau les parties. Le Conseil de sécurité s'acquittera pleinement de son rôle si nous réussissons à ramener les parties à la table des négociations, a souligné M. Heinbecker.

M. SAID BEN MUSTAFA (Tunisie) a qualifié de consternant les récents événements dans les Territoires occupés et à Jérusalem, où la situation est explosive et exacerbée par les actions provocatrices menées contre le peuple palestinien, ses Lieux saints et sa religion. C'est une véritable campagne qui a été menée contre le peuple palestinien, a affirmé le représentant. Les forces israéliennes ont fait preuve d'un usage excessif de la force en recourant à des francs-tireurs, aux balles réelles, aux blindés et aux hélicoptères. Cette brutalité a fait tomber de nombreux civils palestiniens, femmes et enfants.

La Tunisie condamne les actes israéliens, contraires aux Conventions de Genève, et qui représentent une véritable menace pour le processus de paix. Sur cette toile fond, le monde entier se tourne vers le Conseil de sécurité et attend de nous des mesures rapides pour que l'on protège les civils palestiniens innocents et qu'on fasse preuve d'un peu de respect envers les centaines de millions de musulmans, notamment en retirant les forces israéliennes armées des Lieux saints, a déclaré le représentant.

Il faut créer les conditions nécessaires au processus de paix et il faut à cette fin demander au Conseil de sécurité une enquête immédiate, a ajouté M. Ben Mustafa. Le sommet israélo-palestinien, qui aura lieu demain à Paris, sous les auspices des Etats-Unis, devrait permettre de faire progresser le processus de paix.

M. MOCTAR OUANE (Mali), en écho à la déclaration faite par la République du Mali le 1er octobre, a renouvelé ses sincères condoléances aux familles des victimes. Le Mali appuie fermement la mise en place d'une commission d'enquête internationale sur les évènements de ces derniers jours. Soulignant la nécessité de poursuivre les négociations de paix, M. Ouane a estimé que le Sommet qui se tiendra demain à Paris, sous l'égide de la Secrétaire d'Etat des Etats-Unis - Mme Albright - vise à endiguer la violence et à encourager les parties à retourner dès que possible à la table des négociations.

M. MARTIN ANDJABA (Namibie) s'est déclaré profondément choqué et condamne fermement la violence impitoyable des forces israéliennes à l'encontre de civils palestiniens, notamment des femmes et des enfants. Sa délégation est particulièrement consternée par le nombre considérable de morts et de blessés causés par le recours à des armes lourdes et à des hélicoptères contre les Palestiniens. De l'avis de sa délégation, les actions menées par les forces de sécurité israéliennes constituent de graves violations de la quatrième Convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en période de conflit, du 12 août 1949, qui s'applique à tous les territoires occupés par Israël depuis 1967. Israël, en tant que puissance occupante, devrait assurer de manière scrupuleuse que toutes les dispositions de cette Convention seront pleinement mises en œuvre. Les évènements de ces derniers jours ont été provoqués de toute évidence par la visite de M. Ariel Sharon qui s’est rendu sur l'esplanade des mosquées d'Al-Haram Al-Sharif. Les évènements qui ont suivi une telle visite ont été graves de conséquences et la visite a été perçue comme une provocation, qui malheureusement, ne peut qu'affecter gravement le fragile processus de négociations en cours. A la lumière de cela, il est essentiel que les parties mettent fin à la violence et fassent preuve de la plus grande retenue, afin de reprendre le processus de paix. C'est pourquoi, la délégation namibienne appelle

les autorités palestiniennes et israéliennes à reprendre les négociations en vue d'un règlement pacifique. A cet égard, M. Andjaba se félicite de la rencontre, demain, de Paris. Il n'y aura de véritable paix que lorsqu'on parviendra à un règlement global, juste et durable de la question de la Palestine, sur la base des résolutions pertinentes des Nations Unies.

M. AHMED ABOUL GHEIT (Egypte)a déclaré que le Gouvernement et le peuple égyptiens sont très en colère, moins en raison des souffrances des Palestiniens après l'acte d'agression d'Israël, mais à cause de l'intransigeance des Israéliens, qui refusent d'admettre leur évidente responsabilité des événements. La situation est explosive dans les territoires palestiniens occupés. Nous sommes en colère en raison de la visite provocatrice et l’attitude immodeste d'une personnalité israélienne sur le lieu sacré de Al-Sharif. Tout le monde sait qu'un homme comme lui, opposant résolu au processus de paix, s’efforce d’inciter à la violence. M. Aboul Gheit s’est interrogé sur la position du Gouvernement israélien qui, a-t-il dit, prétend d’une part travailler pour la paix, mais permet d’autre part une visite aussi provocatrice tout en fournissant à la personne en question une protection aussi importante. Cela nous apparaît comme une tentative désespérée pour faire pression sur la partie palestinienne et ses revendications sur Al-Sharif.

Nous avons tous vu les images tragiques à la télévision, a déclaré le représentant. J'espère que ces scènes choquantes amèneront les Membres du Conseil de sécurité à agir et à prendre des mesures décisives contre les auteurs de ces atrocités. Pour l'Egypte, la paix dans la région est la priorité principale. L'Egypte travaille dans ce sens avec les coauteurs du processus de paix, mais cela ne doit surtout pas amener le Conseil à renoncer à ses obligations en vertu de la Charte. Il appartient au Conseil de prendre toutes les mesures qui s’imposent pour garantir la non-intervention des forces armées israéliennes à Al-Sharif, obtenir que le peuple palestinien ne soit plus harcelé par les forces israéliennes et condamner l'usage de la violence par la puissance occupante dans les territoires palestiniens. Nous demandons aussi au Conseil de rappeler sa position, à savoir qu'il considère les territoires palestiniens, y compris Jérusalem-Est, comme des territoires occupés où s'applique la Convention de Genève. Le Conseil doit condamner la visite provocatrice du dirigeant israélien et travailler pour garantir les droits des civils palestiniens. Les blessés et les familles des tués doivent être indemnisés.

Le Président Moubarak a déjà envoyé les invitations pour un sommet en Egypte, jeudi, entre le Premier Ministre israélien, le Président palestinien et le Secrétaire d'Etat américain, pour mettre fin aux violences et relancer le processus de paix, a déclaré le représentant. Une paix juste et durable est notre objectif commun, mais il faut pour y parvenir que les parties concernées fassent preuve de bonne volonté. Les provocations ne doivent surtout pas être utilisées comme un obstacle au processus de paix.

M. DUMISANI S. KUMALO (Afrique du Sud), a pris la parole au nom du Mouvement des pays non alignés et a qualifié de particulièrement inquiétante l’utilisation de balles réelles contre des civils par les forces de sécurité israéliennes. Jeudi dernier, M. Ariel Sharon, le chef du parti Likoud, a effectué une visite arrogante et provocatrice à Al-Haram Al-sharif dans Jérusalem-Est occupée. Cela s’est produit au mépris total de l’avis de certains membres du Gouvernement israélien et d’autres acteurs internationaux. M. Sharon a servi de catalyseur aux dernières manifestations de violence dans la région, a affirmé le représentant. Selon lui, il est indéniable que de telles actions provocatrices servent à générer la colère et le ressentiment chez les Palestiniens alors que la situation est déjà délicate.

Le Mouvement des pays non alignés prie instamment Israël de mettre fin à ses mesures de punition collective contre les Palestiniens, de restaurer le caractère sacré du site Haram Al-Sharif, et d’en assurer le libre accès aux fidèles musulmans. L’Afrique du Sud espère toujours un aboutissement des négociations entre Israéliens et Palestiniens malgré la violence du moment. Seul un accord rapide sur les questions du Statut final assurera une paix durable dans la région a encore estimé le représentant.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.