LES MILICES ET LA SITUATION DES REFUGIES AU TIMOR OCCIDENTAL MENACENT LES OBJECTIFS DE L'ATNUTO AU TIMOR ORIENTAL
Communiqué de Presse
CS/2044
LES MILICES ET LA SITUATION DES REFUGIES AU TIMOR OCCIDENTAL MENACENT LES OBJECTIFS DE L'ATNUTO AU TIMOR ORIENTAL
20000929L'Administrateur transitoire, M. Vieira de Mello, fait le point de l'évolution de la situation au Timor devant le Conseil de sécurité
Dans un exposé sur l'évolution de la situation au Timor oriental, fait cet après-midi devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Timor oriental et Administrateur transitoire - M. Sergio Vieira de Mello - a déclaré qu'au cours de ces trois derniers mois, la situation en matière de sécurité s'est particulièrement détériorée, comme le marque tragiquement le meurtre de trois fonctionnaires du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Atambua le 6 septembre 2000. Faisant observer que la présence de milices armées constitue la cause essentielle de l'instabilité sur l'ensemble de l'île de Timor, M. Vieira de Mello a ajouté que ce n'est que lorsque ce problème sera réglé de façon adéquate que le sort des réfugiés est-timorais s'améliorera et que l'on pourra établir une coopération plus amicale entre le Timor oriental et l'Indonésie. Les autorités indonésiennes doivent reconnaître qu'il leur incombe à elles seules de faire face à la menace des milices.
A cet égard, les délégations ont été nombreuses à condamner avec la plus grande fermeté les agissements des milices au Timor occidental, demandant aux autorités indonésiennes d'arrêter et de traduire en justice les auteurs de l'agression perpétrée contre le personnel humanitaire. Tout en demandant au Gouvernement indonésien de mettre fin à l'action déstabilisatrice des milices en les désarmant et en les démantelant, les délégations ont insisté sur l'urgence du règlement de la question des réfugiés.
L'ATNUTO et le Conseil national pour la réconciliation au Timor oriental (CNRT) poursuivront leurs efforts en faveur d'un dialogue politique et de la réconciliation, a assuré M. Vieira de Mello, qui a néanmoins demandé à l'Indonésie d'aider l'Administration transitoire à établir de toute urgence une distinction claire entre les représentants pro-indépendantistes les plus représentatifs et leurs adversaires. S'exprimant au nom de l'Union européenne et des pays associés, la France considère que les conditions sont aujourd'hui réunies au Timor oriental pour permettre aux Timorais de poursuivre un processus de réconciliation nationale solide et durable. Dans ce contexte, il est indispensable que la communauté internationale s'engage de façon décisive à soutenir le redressement et le développement du Timor oriental. L'Union européenne continuera d'aider le peuple du Timor oriental à un moment crucial de son affirmation en tant que nation.
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Le représentant de l'Indonésie, quant à lui, a mis l'accent sur la nécessité d'une solution globale concernant à la fois l'enquête sur les incidents du 6 septembre, le désarmement des milices, une solution générale pour les réfugiés du Timor oriental et la promotion de la réconciliation des Est-Timorais. Il a estimé que l'on ne reconnaissait pas assez les efforts déployés par son gouvernement, regrettant que la communauté internationale continue d'exhorter son pays à désarmer les milices plutôt que de l'encourager pour l'action qu'elle a déjà entreprise. Il a aussi réaffirmé la volonté de son gouvernement de collaborer et de maintenir ouverts des canaux de communication avec les Nations Unies.
Le Président du Conseil de sécurité, M. Moctar Ouane (Mali), a rendu hommage au Secrétaire général adjoint, M. Bernard Miyet, dont les fonctions de Chef du Département des opérations de maintien de la paix tirent à leur fin, et qui est sollicité, ailleurs, par d'autres tâches. Au nom des membres du Conseil, il a exprimé sa reconnaissance à M. Miyet pour la contribution importante qu'il a faite aux travaux du Secrétariat et pour le dévouement avec lequel il a servi les objectifs de l'ONU, et il lui souhaite plein succès dans ses entreprises futures.
Les membres suivants du Conseil de sécurité ont pris la parole : Etats-Unis, Royaume-Uni, Bangladesh, Argentine, Namibie, Chine, Pays-Bas, Fédération de Russie, Canada, Tunisie, Malaisie, Ukraine, Jamaïque, Mali et France (au nom de l'Union européenne et des pays associés). Sont également intervenus les représentants des pays suivants : Japon, Brésil, Mozambique, Nouvelle-Zélande, Australie, Indonésie et Portugal.
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La situation au Timor oriental
Exposé du Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur transitoire du Timor oriental
M. SERGIO VIEIRA DE MELLO, Représentant spécial du Secrétaire général et Administrateur transitoire du Timor oriental, a fait observer que depuis le 27 juin dernier, la situation en matière de sécurité s'est particulièrement détériorée, marquée le plus tragiquement par le meurtre de trois fonctionnaires du Haut Commissariat pour les réfugiés à Atambua le 6 septembre 2000. La sécurité et les mesures requises pour la restaurer constituent l'essentiel de cet exposé. Ce qui est plus encourageant est que l'on note les nombreux progrès accomplis par la Mission des Nations Unies au Timor oriental (ATNUTO) dans tous les domaines de la reconstruction et dans la mise en place des institutions cruciales à la viabilité du futur pays indépendant que sera le Timor oriental.
En matière de sécurité, M. Vieira de Mello a indiqué qu'il s'est entretenu le 6 septembre dernier, à deux reprises, avec le Ministre coordonnateur pour les affaires politiques, sociales et de sécurité du Gouvernement indonésien, M. SusiloBambang Yudhoyono, et qu'au cours de ces entretiens il a souligné que les milices représentaient une menace grave non seulement pour le Timor oriental mais également pour l'intégrité de l'Indonésie. De l'avis de M. Vieira de Mello, il est essentiel de reconnaître que les causes inhérentes des problèmes de l'ATNUTO et de Djakarta sur l'île de Timor sont les milices. Ce n'est que lorsqu'il sera possible de répondre efficacement à ce problème que la Mission sera en mesure de régler le sort des réfugiés est-timorais et de mettre l'accent sur une coopération plus amicale entre le Timor oriental et l'Indonésie. En toute franchise, toutes les autorités indonésiennes doivent reconnaître et confronter le fait qu'il incombe à eux seuls de faire face à la menace des milices. Les milices ne sont pas un produit de l'administration du Président Wahid et n'agissent pas sur les ordres du Gouvernement de Djakarta. M. Vieira de Mello a indiqué qu'il avait envoyé une petite délégation de l'ATNUTO pour participer à la cérémonie de désarmement qui s'est tenue à Atambua le 24 septembre dernier, et à laquelle participait notamment le Vice-Président indonésien. Avant la cérémonie, les membres de la délégation de la Mission ont été informés de l'arrestation des responsables de l'assassinat du leader des milices Olivio Mendoça. Toutefois, il en va différemment des auteurs de l'assassinat des fonctionnaires des Nations Unies.
Le problème de la situation au Timor oriental n'est pas lié aux réfugiés, mais réside plutôt dans la menace que posent les milices qui opèrent sans impunité à partir du Timor occidental. Le 19 septembre dernier, le Ministre coordonnateur indonésien, M. Yudhoyono, en s'adressant au Conseil de sécurité avait également souligné que la réconciliation était la condition sine qua non d'une paix durable. Tout en adhérant à cette idée, M. Vieira de Mello a noté que l'on a laissé entendre que ni l'ATNUTO ni le CNRT n'ont oeuvré suffisamment pour encourager le dialogue politique entre les pro-intégrationnistes. A cet égard, M. Vieira de Mello a précisé qu'il a déployé sans relâche des efforts visant à engager des discussions avec les responsables du groupe parapluie en faveur de l'intégration.
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Dès le début, le Conseil national consultatif au Timor oriental avait réservé trois sièges aux partis qui ont voté contre l'indépendance, mais seuls deux d'entre eux ont été occupés. L'ATNUTO et le CNRT poursuivront leurs efforts en faveur d'un dialogue politique et de la réconciliation. M. Vieira de Mello avait appelé le Gouvernement indonésien à aider la Mission de manière urgente pour établir une distinction claire entre les représentants pro-indépendantistes potentiels et leurs adversaires.
Concernant les enquêtes sur les violations commises jusqu'en septembre 1999, le Représentant spécial a souhaité que des mesures appropriées soient prises par les autorités indonésiennes non seulement pour en appréhender les auteurs mais également les véritables responsables de la destruction du Timor oriental à la veille de la consultation populaire. Au Timor oriental, on estime qu'il existe entre 80 et 150 milices armées constituées au sein d'une dizaine de groupes. Leur objectif vise à recueillir des informations sur la composante militaire de la Mission pour mieux s'imposer et tenter de gagner la confiance de la population locale des villages qui pourraient voter en faveur de l'intégration.
Déclarations
Mme NANCY SODERBERG (Etats-Unis) a déclaré quil est important que les milices soient désarmées et démantelées, et que soient emprisonnés les dirigeants qui ont participé aux violences. Il ne sagit pas ici de persuader. Cest une question de justice. Les Etats-Unis prennent note des informations fournies concernant les actes du Gouvernement indonésien et expriment leur préoccupation face au fait que des armes déjà rendues soient retombées entre les mains des milices et face à des déclarations de certains membres du Gouvernement indonésien faisant état des liens historiques entre les milices et larmée indonésienne et du fait quaucune sanction n'ait été prise jusqu'à présent. Le plus important est que la violence cesse, qu'elle soit dirigée contre les citoyens indonésiens ou contre la communauté internationale. Il ny aura pas de sécurité au Timor oriental tant que les milices seront présentes sur le terrain. Les Etats-Unis soutiennent les dispositions prises par Mme Ogata : le HCR ne devrait pas retourner au Timor Occidental tant que la sécurité ne sera pas garantie. LIndonésie est responsable de la sécurité des camps, a ajouté la représentante.
Mme Soderberg a émis l'espoir que le Ministre indonésien des affaires étrangères, lors de sa prochaine visite à New York, le 13 octobre, fixera une date pour qu'une mission du Conseil de sécurité se rende dans la région. Elle a ajouté que son pays est favorable aux opérations de « ratissage agressif » de lATNUTO contre les milices. Il faudrait adopter une politique de tolérance zéro à légard de la violence et une tolérance totale sur les échanges de vue, a-t-elle souligné, ajoutant quil est inconcevable que personne nait été arrêtée après la mort de cinq agents du personnel humanitaire.
M. JEREMY GREENSTOCK (Royaume-Uni) a fait sienne la déclaration que la France fera au nom de l'Union européenne. Il est tout à fait clair de déterminer la cause véritable de la situation en matière de sécurité au Timor oriental. Le Gouvernement indonésien a assuré, à plusieurs reprises, qu'il prendrait les mesures nécessaires pour procéder au désarmement des milices. Il est temps que le Conseil de sécurité exprime clairement son appui aux efforts déployés par le Représentant spécial pour le Timor oriental dans ce domaine.
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Il est nécessaire d'oeuvrer étroitement dans le cadre d'un partenariat avec le Gouvernement indonésien. Il est important que les membres du Conseil de sécurité se rendent au Timor oriental, sur l'invitation du Représentant spécial. Le Royaume-Uni fera tout son possible pour contribuer aux efforts de la Mission. D'ici au 12 octobre, on pourra démontrer qu'un progrès réel est en cours sur le terrain. En août dernier, le Congrès du CNRT, à Dili, a insisté sur la vision future de l'organe d'unité nationale, sa relation avec les partis politiques et les questions de politique nationale dans les domaines économique, social et politique. Il a réélu M. Xanana Gusmao à sa présidence. Ce qui a résulté du Congrès a également été source de frictions entre le parti principal, le Fretilin, et l'Union démocratique timoraise d'une part, et la direction du CNRT, d'autre part. Cela a conduit à un chaos politique entre les dirigeants politiques est- timorais.
Depuis la mi-juillet, la Mission dispose d'un nouveau Cabinet comprenant quatre membres timorais et 4 membres de la Mission. Ce Cabinet établit les politiques et supervise leur mise en oeuvre au nom de l'Administration transitoire. Il a appuyé un accord global sur les frontières communes entre l'Indonésie et l'Administration transitoire, signé plus tard par l'Indonésie et a approuvé les négociations entre la Mission et l'Australie sur l'avenir de la raffinerie de pétrole du Timor. Le Cabinet a par ailleurs exprimé son appui en faveur de la création d'une force de défense au Timor oriental. Lorsque l'élaboration de la Constitution sera terminée, l'Assemblée constituante deviendra la nouvelle assemblée nationale du futur Etat indépendant est-timorais. Les conditions préalables sont une campagne d'éducation civique, l'adoption d'une législation sur les partis politiques et la création d'un cadre juridique pour la tenue d'élections.
M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a rappelé quau mois de juin dernier les Nations Unies évoquaient lavenir de lindépendance du Timor oriental, en initiant des consultations pour lélaboration dune constitution, la création des impératifs de sécurité dans les secteurs vitaux. Lidée de réduire progressivement la composante militaire de lATNUTO nous est même venue à lesprit, a poursuivi le représentant. La violence continue et les intimidations des milices armées contre les réfugiés et le personnel humanitaire nous inquiètent tout comme les incidents aux frontières. Ces faits conjugués ont provoqué la suspension du processus de rapatriement. Aujourdhui, nous sommes confrontés à un problème plus large: lincendie du bureau du Haut Commissariat aux réfugiés à Atambua et lassassinat de trois membres du personnel ont changé radicalement la donne au Timor occidental en mettant en péril, comme jamais auparavant, la sécurité des réfugiés et la perspective de leur rapatriement au Timor oriental, a estimé le représentant. Nous évoquons létat desprit violent dun groupe de personnes qui ont dépassé les limites acceptables du comportement humain, a-t-il dit. Nous ne pouvons pas permettre que ceux qui ont perpétré ces actes de violence freinent les progrès faits par lATNUTO au Timor oriental. Le Conseil est résolu à condamner les actes répréhensibles commis à lencontre du personnel de lONU. Ce genre de crimes ne devrait pas rester impuni car, il affaiblit les bases des relations entre les Nations Unies et les Etats Membres. Nous sommes de plus convaincus que le Gouvernement indonésien est conscient de ses responsabilités en la matière, a fait valoir M. Chowdhury.
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Le Haut Commissariat aux réfugiés ne peut reprendre ses activités au Timor occidental tant que la sécurité nest pas garantie de manière crédible. Pour le Bangladesh, le Gouvernement indonésien doit donc poser rapidement et sans hésitation les actes nécessaires pour restaurer la sécurité, assurer lintérim, nourrir, abriter et protéger les réfugiés.
M. ARNOLDO LISTRE (Argentine) a salué le travail de lATNUTO, qui permettra de jeter les bases des élections de lannée prochaine, en vue de lindépendance complète du Timor oriental. Il a toutefois exprimé sa préoccupation devant les actes de violence récents et notamment ceux qui ont visé le personnel des Nations Unies. Il a félicité lATNUTO pour la fermeté dont elle fait preuve dans sa réaction. A lavenir, les Nations Unies doivent continuer de prendre toutes les mesures nécessaires pour se défendre face aux actes des milices. LArgentine condamne fermement les meurtres de membres du HCR et engage les Nations Unies à recourir aux moyens qui s'imposent pour que le personnel humanitaire puisse travailler.
Il est évident que la situation actuelle résulte de deux problèmes étroitement liés : la présence des réfugiés et lactivité des milices. Il faut que toutes les mesures soient prises pour que les réfugiés puissent rentrer chez eux ou se réinstaller librement. Parallèlement, les milices doivent être démantelées et pas seulement désarmées. Nous appuyons tous les efforts faits par lIndonésie pour désarmer les milices en tant que mesure préalable à leur dissolution. Nous souhaitons que ce processus se déroule par la persuasion, faute de quoi lIndonésie sera appelée à l'exécuter par la force. Nous attendons avec intérêt la visite de M. Sihab à New York, pour définir les modalités de la visite dune délégation du Conseil de sécurité dans la région, à la fois pour vérifier les mesures prises et pour appuyer lIndonésie dans son action.
M. GERHARD THERON (Namibie) s'est déclaré satisfait par les progrès accomplis par la Mission des Nations Unies au Timor oriental. La haute priorité qui continue d'être accordée à la réconciliation est encourageante. De même, la création de nouvelles possibilités économiques devraient être encouragées. L'ATNUTO devrait en outre être encouragée pour ses actions fermes contre les incursions des milices du Timor occidental, comme l'a montré l'assassinat récent d'un membre milicien. La recrudescence des activités des milices rend urgente la création d'une force de défense du Timor oriental, et à cet égard, la délégation namibienne se félicite de la décision prise par le Cabinet. Toutefois, M. Theron a émis l'espoir que les mesures actuelles de désarmement adoptées par le Gouvernement indonésien contre les milices au Timor occidental permettront de normaliser la situation à la frontière. Concernant la situation au Timor occidental, la Namibie continue d'être profondément préoccupée par le sort des réfugiés et appelle donc le Gouvernement indonésien à leur assurer l'assistance humanitaire nécessaire en l'absence des institutions des Nations Unies.
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M. SHEN GUOFANG (Chine) a déclaré que la situation au Timor Occidental continue de susciter de vives préoccupations. La Chine a condamné fermement les violences contre le personnel des Nations Unies, dont les auteurs doivent être traduits en justice. Le Gouvernement indonésien a pris des mesures, récupéré des armes et montré quil souhaitait donc prendre en main la situation. Nous demandons au Gouvernement indonésien d'honorer ses engagements d'assurer la sécurité du personnel de lONU et celle des réfugiés dans les camps, afin que l'aide humanitaire puisse à nouveau parvenir aux réfugiés.
La question des milices est épineuse, a estimé M. SHEN. Nous devrions nous abstenir de paraître vouloir saper les efforts du Gouvernement indonésien en évitant de prendre des mesures susceptibles de provoquer une confrontation entre les Nations Unies et le Gouvernement indonésien. Concernant la question des réfugiés, elle est très complexe et doit être abordée de manière complète et intégrée. La Chine soutient pleinement le travail de lATNUTO et de son chef.
M. PETER VAN WALSUM (Pays-Bas) a noté que M. Vieira de Mello a insisté notamment sur la situation sécuritaire au Timor oriental. La France, au nom de l'Union européenne, exprimera plus en détails la position en la matière. Il ne suffit pas de mettre en place des institutions civiles, mais il faudrait également créer une force de défense au Timor oriental pour garantir la stabilité à l'intérieur du territoire. Le Timor oriental doit être en mesure d'assurer sa défense, conformément aux attentes de la société civile. Des programmes d'éducation civique et des droits de l'homme sont indispensables pour favoriser ce processus. Il faudra peut-être quelques années avant que cette force devienne opérationnelle. C'est pourquoi, la communauté internationale doit poursuivre son appui dans ce domaine.
M. ANDREI GRANOUSKY (Fédération de Russie) a déclaré que malheureusement, lexamen au Conseil de sécurité du travail de lATNUTO se fait dans un contexte de dégradation dans la région, à la fois au Timor occidental et au Timor oriental. Nous sommes particulièrement préoccupés par les informations selon lesquelles, lors des événements du 26 septembre, les agresseurs étaient équipés darmes automatiques et duniformes indonésiens. Bien qu'il puisse y avoir plusieurs raisons à cela, cest une raison de plus pour que le Gouvernement indonésien prenne des mesures. Par ailleurs, la majorité des armes rendues par les milices étaient des armes artisanales. Nous aimerions donc avoir des renseignements fiables sur la manière dont se déroule la restitution des armes. En outre, la Russie prend note de ce que, dans son communiqué du 25 septembre, le Gouvernement indonésien a fait mention de la visite prochaine en Indonésie dune délégation du Conseil de sécurité. Nous espérons que le climat sera plus favorable lors du prochain examen de la question du Timor oriental au Conseil de sécurité.
M. PAUL HEINBECKER (Canada) a vivement déploré la situation qui prévaut au Timor occidental, et a accueilli avec intérêt les éclaircissements fournis par M. de Mello. Une année sest écoulée depuis que la communauté internationale sest engagée à mettre un terme aux souffrances que les milices criminelles nont cessé dinfliger aux habitants du Timor oriental, qui nont fait rien dautre que dexercer leur droit à lautodétermination.
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Pourtant, plus de 100 000 des 250 000 personnes qui ont fui la violence ou ont été déplacées de force continuent de vivre dans des camps de réfugiés au Timor Occidental. Tant quelles ne pourront pas retourner volontairement et en toute sécurité au Timor oriental ou ne se seront pas réinstallées ailleurs, on ne pourra pas clore le débat sur cette question. De même, les relations entre le Timor oriental et lIndonésie ne pourront pas se normaliser.
La sécurité des 100 000 à 120 000 réfugiés au Timor occidental, ainsi que celle du personnel international qui leur vient en aide, doit se voir accorder un rang de priorité élevé dans lesprit du Gouvernement indonésien, et doit tout autant nous préoccuper. Il importe que le Gouvernement indonésien travaille en étroite collaboration avec lATNUTO et le HCR, en particulier au stade de la planification de toute initiative de réinstallation, afin que ces réfugiés ne soient pas réinstallés dans une région dangereuse où ils sont exposés à des privations ou à dautres périls.
Compte tenu des événements récents, il convient de rappeler lengagement du Gouvernement indonésien de veiller à la sécurité des réfugiés et du personnel humanitaire, engagement librement contracté et fréquemment réitéré. M. Heinbecker a pris acte de la lettre adressée le 25 septembre par le représentant de lIndonésie au Conseil de sécurité et a déclaré qu'il se félicitait de ce que le Gouvernement indonésien ait reconnu ses responsabilités. Des mesures doivent donc être prises incessamment en vue de mettre un terme à la violence des milices. Il faudra en priorité arrêter les incursions à travers la frontière du Timor oriental. Il ne faudra rien moins que le désarmement complet et le démantèlement des milices, ainsi que larrestation et la poursuite en justice de ceux qui ont violé les droits de lhomme et le droit humanitaire.
M. Heinbecker a constaté que le Gouvernement indonésien et larmée ont commencé une opération en deux phases, visant à désarmer les éléments criminels coupables de violences contre les réfugiés et le personnel humanitaire. En même temps, le fait que des membres du gouvernement indonésien aient laissé entendre que les meurtres récents seraient imputables à des éléments étrangers, ou que des actes dagression étaient en quelque sorte inévitables - allégations non démenties jusquici officiellement - est tout à fait troublant. Cest la raison pour laquelle le Canada insiste pour que soit instauré un contrôle neutre et international de ce processus, afin de sassurer que les milices auront bien été désarmées et dissoutes. LIndonésie a pris des mesures importantes pour enquêter sur les actes de violence qui ont suivi le référendum daoût 1999. Les progrès accomplis alors seront perdus et la réputation de lIndonésie sera ternie, si les crimes commis demeurent impunis. Lambassadeur a également réitéré son appel au gouvernement indonésien afin quil prête son concours à la venue dune délégation du Conseil de sécurité dans la région.
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M. OTHMAN JERANDI (Tunisie) s'est félicité de l'exposé exhaustif et riche fait cet après-midi par M. Sergio Vieira de Mello. La délégation tunisienne se félicite, en particulier, des progrès considérables accomplis au Timor oriental grâce aux efforts inlassables de l'ATNUTO. La situation en matière de sécurité demeure préoccupante et les actes violents commis récemment remettent en question le rôle des autorités indonésiennes. La sécurité au long des frontières devrait être renforcée pour mettre fin aux incursions de milices à partir du Timor occidental. Des efforts intenses sont nécessaires pour garantir la sécurité et la stabilité sur le territoire.
M. HASMY AGAM (Malaisie) a fait observer que, depuis la dernière intervention de M. Sergio Vieira de Mello devant le Conseil de sécurité, la situation au Timor reste marquée par les intimidations et les exactions perpétrées par les milices tant au Timor occidental, avec l'assassinat de trois agents du HCR dans les camps de réfugiés, qu'au Timor oriental. Dans le même temps, la Mission des Nations Unies demeure sur place en prenant des risques considérables. C'est pourquoi il semble urgent de désarmer les milices et de protéger les réfugiés. La Malaisie espère que le Gouvernement indonésien prendra rapidement des mesures afin de désarmer les milices et diligenter une enquête au sujet du meurtre des agents du HCR. En ce qui concerne l'ATNUTO, le représentant de la Malaisie a déclaré qu'il lui semblait prématuré d'envisager la réduction de ses effectifs dans le contexte de tension actuel.
La Malaisie s'est félicitée de la bonne collaboration entre la Mission des Nations Unies et les leaders politiques du Timor oriental dans l'administration du territoire ainsi que de la mise en place récente d'un comité conjoint regroupant des membres de l'ATNUTO et du Gouvernement indonésien et chargé de sécuriser la frontière entre le Timor oriental et le Timor occidental. Le représentant de la Malaise a accueilli favorablement l'annonce de la création par le gouvernement transitoire du Timor oriental d'une force de défense nationale composée de membres des FALANTIL et de 1500 soldats réservistes. Enfin, il a assuré les autres membres du Conseil du soutien de la Malaisie au processus en cours au Timor.
M. VOLODYMYR KROKHMAL (Ukraine) a déclaré que, malheureusement, la situation en matière de sécurité sest fortement dégradée depuis quelques mois au Timor oriental comme au Timor occidental, avec la reprise des activités des milices dans cette dernière région.
Le Conseil a montré quil était décidé à mettre un terme aux violences que nous condamnons tous dans la région. Nous sommes satisfaits de voir que le plan daction adopté par le Gouvernement indonésien repose sur des bases raisonnables, mais ce dernier doit prendre des mesures supplémentaires et adopter une approche plus positive face à lATNUTO. Le désarmement et la dissolution des milices doivent être prioritaires. Nous sommes satisfaits de voir le processus de désarmement en cours. Mais il faut aussi prendre des mesures pour que les auteurs des actes horribles commis soient poursuivis.
Dépêcher une mission du Conseil de sécurité représente la meilleure manière de soutenir le Gouvernement indonésien dans ses bonnes dispositions actuelles, a conclu le représentant.
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MME PATRICIA DURRANT (Jamaïque) s'est indignée de l'assassinat des agents d'une Organisation humanitaire dans l'exercice de leurs fonctions au Timor oriental. Il incombe au Gouvernement indonésien de prendre toutes les mesures nécessaires pour désarmer les milices et traduire en justice les auteurs d'actes de violence. Depuis le retrait des institutions humanitaires du Timor occidental, la situation des réfugiés s'est nettement dégradée. Ce n'est que lorsque le sort des réfugiés sera réglé qu'il sera possible de créer un climat propice à la stabilité. La délégation jamaïcaine ne souhaite pas que l'on retarde les efforts à déployer au Timor oriental. A cet égard, elle se félicite du transfert de connaissances que se propose de faciliter un projet d'assistance conçu par le Programme des Volontaires des Nations Unies.
M. MOCTAR OUANE (Mali) a souligné sa profonde préoccupation face à la détérioration de la sécurité. Le Mali condamne fermement tous les actes de violence et exhorte le gouvernement indonésien à prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier à cette situation. Concernant les réfugiés, la coopération du Gouvernement indonésien avec lATNUTO et le HCR est indispensable, tant dans les camps que lors du processus de rapatriement. La communauté internationale devrait se mobiliser afin d'apporter le soutien nécessaire à la bonne organisation des futures élections.
M. JEAN -DAVID LEVITTE (France), au nom de lUnion européenne et des pays associés, a réaffirmé la solidarité de lUnion européenne avec le peuple de Timor- Est et son appui à lATNUTO en vue de répondre au grand défi que constitue la conduite, dans un délai rapproché du Timor oriental sur la voie de lindépendance et de permettre à ce pays détablir des relations de confiance avec tous ses voisins.
LUnion européenne salue en particulier les efforts dans quatre domaines. Concernant la préservation de lordre public, lATNUTO a effectué un travail dexcellente qualité pour préserver lordre public et lUnion européenne lencourage à poursuivre le dialogue avec les communautés locales et les dirigeants politiques et religieux pour mieux assurer la promotion des valeurs de tolérance. LUnion européenne se félicite en outre des efforts de lATNUTO et de la Banque mondiale pour accélérer les décaissements du Fonds daffectation spéciale. Létablissement dun budget global et consolidé pour lannée 2000-2001 constitue un progrès significatif. LUnion européenne prend aussi note avec satisfaction des programmes de formation de fonctionnaires et encourage lATNUTO à accélérer le programme de formation de la police civile afin dassurer une transition en douceur lors du départ de la force des Nations Unies. LUnion européenne appuie pleinement le processus destiné à développer les pratiques de bonne gouvernance, rapprocher le peuple de la prise de décision et préparer à la démocratie après les élections. A cet égard, M. Levitte a souhaité connaître le premier bilan que M. de Mello tire du fonctionnement du gouvernement de coalition.
Pour la réussite de lATNUTO, le maintien dun environnement de paix et de stabilité à Timor-Est est indispensable. A cet égard, lUnion européenne estime importante lorganisation dune séance spécifique dinformation sur la situation militaire, afin de disposer de renseignements actualisés sur différents points, notamment les besoins militaires de lATNUTO et les tâches effectivement dévolues à sa composante militaire.
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Les conditions sont aujourdhui réunies à Timor-Est pour permettre aux Timorais de poursuivre un processus solide et durable de réconciliation nationale. LUnion européenne continuera daider le peuple de Timor-Est à un moment crucial de son affirmation en tant que nation. M. Levitte a estimé que lexcellente coopération développée entre l'ATNUTO, le PNUD et les différentes agences du système des Nations Unies au Timor facilitera le moment venu le relais entre ladministration transitoire et le Gouvernement timorais, car une opération de maintien de la paix ne peut se substituer à une action de développement de long terme.
M. Levitte a estimé que les questions des milices et des réfugiés à Timor- Ouest sont particulièrement préoccupantes et pourraient remettre en cause tout ce que la communauté internationale accomplit à Timor-Est. L'Union européenne condamne avec la plus grande vigueur les agissements des milices à Timor-Ouest, et en particulier les lâches assassinats de trois membres du HCR. Elle demande instamment aux autorités indonésiennes de mettre en uvre la résolution 1319 (2000), cestà-dire darrêter et juger les auteurs de cette agression, de mettre fin à laction déstabilisatrice des milices et dassurer la sécurité des réfugiés et celle du personnel humanitaire présent à Timor-Ouest, afin quil puisse reprendre rapidement ses activités. LUnion européenne prend note des premières mesures prises en ce sens par le Gouvernement indonésien et souhaite que cette action sinscrive dans la durée et que lon sassure effectivement que les miliciens désarmés ne trouvent pas les moyens de se réarmer. M. Levitte a rappelé lurgence dun règlement de la question des réfugiés de Timor-Ouest : la reprise de laide humanitaire à TimorOuest et de la réinstallation des réfugiés est une condition essentielle dune paix et dune stabilité durables. LUnion européenne reste prête à aider à résoudre ce problème et souhaiterait connaître les dispositions que lIndonésie, lATNUTO et le HCR envisagent de prendre en vue d'un retour des réfugiés à Timor-Est ou de leur réinstallation en Indonésie. Enfin, lUnion européenne invite le Gouvernement indonésien à confirmer son accord à la venue dans la région dune mission du Conseil de sécurité.
M. YUKIO SATOH (Japon) a déclaré que des progrès considérables ont été accomplis par l'ATNUTO, en dépit d'obstacles majeurs comme la violence. La tâche immense de l'Administration transitoire ne doit pas être sapée par les actes abjects commis par les milices. Les responsables de l'assassinat du personnel du Haut Commissariat pour les réfugiés doivent être traduits en justice. Il incombe au Gouvernement indonésien de prendre les mesures nécessaires pour désarmer et démanteler les milices. Pour sa part, la communauté internationale, et en particulier le Conseil de sécurité, doit apporter un appui sans réserve à la réalisation des objectifs fixés au Timor oriental. Le Japon continuera à apporter le soutien voulu à cet effort. M. Satoh a fait remarquer que ce sont les agents des organisations humanitaires qui sont souvent exposés aux risques que posent l'instabilité et l'insécurité au Timor oriental. De toute évidence, le désarmement et le démantèlement des milices constituent des conditions préalables au succès du mandat de l'ATNUTO.
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M. GELSON FONSECA (Brésil) a déclaré que les tragiques évènements survenus au début de ce mois à Atambua - au Timor occidental - nous ont tous profondément choqués. Trois fonctionnaires du Haut Commissariat pour les réfugiés ont été assassinés dans des circonstances qui nous rappellent la "Chronique d'une mort annoncée" de Garcia Marquez. La détérioration de la situation en matière de sécurité dans la région avait été signalée à plusieurs occasions au Conseil de sécurité. D'autres employés humanitaires ont été battus et harcelés pendant l'exercice de leurs fonctions. A la lumière de ces tristes informations, la délégation brésilienne estime que si l'assassinat du responsable milicien a déclenché les violences, cet acte ne peut constituer à lui seul la cause principale des attaques perpétrées contre le personnel humanitaire. La cause inhérente réside dans l'incapacité de désarmer et de démanteler les milices et d'arrêter les extrémistes qui visent à affaiblir l'édification en cours d'un Etat démocratique au Timor oriental.
Le Brésil appuie pleinement et sans réserve la mise en oeuvre de la résolution 1319 (2000) du Conseil de sécurité. A cet égard, la délégation brésilienne exprime sa gratitude à l'Envoyé spécial du Président Wahid qui a assuré le Conseil de sécurité des mesures en cours visant à mettre fin à la violence. Il est essentiel que l'Indonésie continue de faire de son mieux, en étroite coopération avec la communauté internationale, pour désarmer les milices, traduire en justice les responsables des actes de violence et protéger les réfugiés. Un règlement durable du problème des réfugiés - soit environ 120 000 personnes - qui vivent au Timor occidental, exigera non seulement des ressources mais également une ferme volonté politique pour oublier le passé et s'engager dans la voie de la paix et de la prospérité pour tous les Timorais.
M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) sest déclaré préoccupé par le recours incessant à la violence et par les activités déstabilisantes des milices armées qui violent les frontières du Timor oriental, attaquent les agents de lONU et compromettent gravement le rapatriement de plus de 100 000 réfugiés timorais. Lattaque récente du bureau du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Atambua, qui sest traduite par le meurtre de trois agents internationaux et la destruction du bureau illustrent la violence des milices. Il a exhorté le Gouvernement de lIndonésie à prendre les mesures qui simposent pour mettre fin aux agissements de ces milices. Les informations selon lesquelles le Gouvernement de lIndonésie a engagé un processus de désarmement des milices est encourageant, a-t-il déclaré. Il a indiqué que son pays, en tant que pays lusophone et, actuel Président de la communauté des pays lusophones, continuerait à apporter sa modeste contribution à lATNUTO et au processus de transition afin de pouvoir célébrer prochainement lentrée du Timor oriental comme huitième membre de la communauté des nations.
M. MICHAEL POWLES (Nouvelle-Zélande) a annoncé que le Premier Ministre de son pays, actuellement à Dili, rencontrerait sous peu les troupes néo-zélandaises de l'ATNUTO stationnées à Suai, là où certaines dentre elles ont affronté, en début de semaine, des milices agressives et fortement armées à quelques huit kilomètres de la frontière avec le Timor occidental.
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Nous joignons donc notre voix à lappel des membres du Conseil pour que soient mises en uvre, sans délai, toutes les dispositions de la résolution 1319, par le Gouvernement indonésien. Le Timor occidental, a insisté M. Powles, doit être débarrassé des milices dangereuses qui ont démontré au monde le peu de cas qu'elles font de la stabilité au Timor oriental ou occidental. Leur présence et leurs actions empêchent la communauté internationale d'aider le Gouvernement de lIndonésie à apporter une aide si indispensable aux réfugiés du Timor oriental. Les membres des milices et leurs dirigeants suspectés des meurtres récents du personnel civil et militaire des Nations Unies ainsi que de civils innocents doivent être arrêtés immédiatement et traduits en justice, a-t-il déclaré. C'est le souhait du Gouvernement néo-zélandais de fournir une aide plus importante; mais il ne peut le faire que lorsque la paix et la sécurité auront été rétablies au Timor occidental et que le personnel humanitaire pourra y revenir sans craindre pour sa vie. Le représentant a réclamé une fois de plus lenvoi, le plus tôt possible, dune mission du Conseil de sécurité en Indonésie et au Timor oriental pour aider à mettre de l'ordre dans cette grave situation.
MME PENNY WENSLEY (Australie) a fait état de la préoccupation que lui inspire la situation sécuritaire au Timor oriental et occidental. Nous continuons d'accorder la plus grande priorité à l'émergence d'un Timor oriental indépendant qui repose sur des bases stables, sûres et démocratiques et qui entretient de bonnes relations avec l'Indonésie et les pays voisins. La situation au Timor occidental est une source de graves préoccupations en ce qu'elle continue de saper les progrès vers cet objectif. La représentante a plus particulièrement condamné les attaques des milices qui ont causé la mort de trois membres du personnel du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés à Atambua au début du mois de septembre. Nous attendons du Gouvernement indonésien qu'il fasse en sorte que les auteurs de tels crimes soient traduits rapidement en justice. L'Australie appuie sans réserve la résolution 1319 du Conseil de sécurité et attend avec impatience qu'elle soit mise en uvre dans les plus brefs délais.
La représentante a pris note du fait que le Gouvernement indonésien met actuellement en uvre la première phase volontaire de son programme de désarmement des milices au Timor occidental. Dans ce contexte, a-t-elle souligné, il est extrêmement troublant d'apprendre que les milices continuent d'agir en toute impunité pendant la mise en uvre de ce processus, comme par exemple les évènements qui ont suivi la cérémonie de remise des armes à Atambua le 24 septembre. Les incidents récents ayant mis en contact les milices avec l'ATNUTO au Timor oriental exigent que l'on prenne des mesures supplémentaires à savoir la remise volontaire ou forcée par les milices de toutes leurs armes, l'arrestation et le jugement des auteurs présumés du meurtre des membres du personnel du UNHCR, et le démantèlement des milices. La représentante a indiqué qu'il incombait aux autorités indonésiennes de prendre les mesures qui s'imposent pour que l'Indonésie soit fidèle aux engagements qu'elle a pris vis-à-vis du Conseil de sécurité.
La représentante a également fait part des implications qu'avaient les activités des milices au Timor oriental sur la situation en matière de sécurité au Timor occidental, sur les réfugiés du Timor oriental qui se trouvent toujours dans les camps ainsi que sur la sécurité interne de l'Indonésie.
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La représentante a précisé que la communauté internationale était disposée à fournir une aide à l'Indonésie pour qu'elle mette en uvre sa proposition visant à fermer les camps de réfugiés tout en précisant que l'Indonésie était responsable de la situation en matière de sécurité.
M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a observé que, depuis laccord de New York de mai 1999, nous avons été les témoins dune transformation remarquable du Timor Oriental. Le nouveau Gouvernement indonésien a honoré la décision du peuple du Timor Oriental. Toutefois, en dépit des efforts sincères de mon gouvernement, des défis considérables pour toutes les parties concernées se sont présentés. Lindonésie insiste sur la nécessité dune solution globale, concernant à la fois lenquête sur les incidents du 6 septembre, le désarmement des milices, une solution générale pour les réfugiés du Timor Oriental et la promotion de la réconciliation entre les Timorais orientaux.
Le Gouvernement indonésien accorde une priorité à la recherche et à la poursuite des agresseurs du 6 septembre, a affirmé le représentant, qui a précisé que, dans le cadre de lenquête, un suspect a été arrêté. Mais le représentant a affirmé que, en raison des tensions, les policiers sur place avaient, avant le 6 septembre, demandé aux membres du HCR de quitter les lieux. Trois des 13 membres ont décidé de rester et ne pouvaient pas être sauvés.
Concernant le désarmement des milices, le gouvernement indonésien a adopté un calendrier en deux phases. Le 24 septembre 2000, les milices ont volontairement rendu, lors dune cérémonie, 888 armes, quatre grenades et 4000 munitions. Mais le processus de désarmement est en fait en cours depuis décembre 1999 et sétait traduit par la saisie de munitions et de nombreuses armes, dont certaines de fabrication artisanale. Si ces armes navaient pas été saisies, elles auraient pu être utilisées contre la population. Mais ce nétait pas le cas, ce qui a permis de renforcer la sécurité. On ne semble pas non plus reconnaître la signification politique de ce geste, qui signifie que ceux qui ont rendu les armes acceptent de renoncer à la violence armée. Les heurts qui ont suivi la cérémonie du 24 septembre ont été bien contrôlés par la police. En outre, ils confirment ce que le Gouvernement indonésien avait dit, à savoir que le processus de désarmement serait plein dembûches.
Depuis le 25 septembre, a poursuivi le représentant, des opérations sont menées pour reprendre par la force dautres armes qui nont pas été remises volontairement. Plutôt que de continuer à exhorter constamment lIndonésie à désarmer les milices, la communauté internationale devrait lencourager, au contraire, dans son action actuelle, a affirmé le représentant.
Les réfugiés au Timor-Ouest sont un fardeau financier pour lIndonésie, a poursuivi le représentant. Jour après jour, lIndonésie a joué son rôle pour leur fournir son assistance, comme le HCR et autres institutions. Depuis le 27 septembre et jusquau 6 octobre, 918 tonnes de riz seront distribuées, entre autres, pour un montant de 1850 milliards de roupies. LIndonésie ne sécarte donc pas de ses responsabilités envers les réfugiés. Mais cest une responsabilité partagée. Pour soulager les réfugiés, il faut plus que de la rhétorique et des platitudes, il faut aussi des actes concrets et lIndonésie est, comme toujours, prête à collaborer avec les Nations Unies, a affirmé le représentant.
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LATNUTO devrait faire des efforts pour promouvoir la réconciliation et il est regrettable que peu ait été fait jusquà présent: désarmer simplement une des parties ne suffit pas, a affirmé le représentant. Le Gouvernement indonésien a offert sa collaboration à lATNUTO pour contribuer à une véritable réconciliation, qui nexclurait pas les opposants à lindépendance. Le Ministre des affaires étrangères de lIndonésie reviendra à New York le 12 octobre pour faire un exposé sur les progrès faits par le Gouvernement indonésien pour mettre en uvre la résolution 1319 du Conseil. Ceci montre combien le Gouvernement indonésien est sincère et souhaite avoir des canaux dinformation avec les Nations Unies.
Répondant aux observations des délégations, M. VIEIRA DE MELLO a rappelé que l'ATNUTO a établi depuis longtemps des relations bilatérales avec l'Indonésie. Des progrès importants ont été accomplis dans ce cadre, notamment les mesures concernant les frontières communes prises en septembre 1999. Les contacts transfrontières, les liens avec l'ATNUTO, l'exploitation de ressources naturelles - notamment l'eau - devraient contribuer à améliorer les relations tant au Timor oriental qu'au Timor occidental. L'Administrateur transitoire s'est félicité de ce que les délégations aient reconnu que les milices constituent la cause essentielle à l'instabilité au Timor oriental. En écoutant le représentant indonésien, M. Vieira de Mello a regretté que le message concernant les milices n'ait pas été bien reçu. Le Président du CRNT et l'ATNUTO ont établi une longue liste sur les contacts visant à engager un dialogue politique et la réconciliation. Il ne sera pas possible d'établir un parallélisme entre le FALINTIL et les milices, a fait remarquer M. Vieira de Mello. L'avenir du FALINTIL est clair pour tous, ce qui n'est pas le cas pour les milices. Pour ce qui est du maintien de la Force des Nations Unies pour garantir la sécurité au Timor oriental, M. Vieira de Mello a indiqué qu'il a demandé aux Nations Unies de procéder à la réduction progressive des effectifs de la composante militaire. Un centre d'opérations conjoint à été créé à Dili. On compte entre 100 000 et 120 000 réfugiés au Timor occidental. Les estimations faites par l'Indonésie portent sur 130 000 personnes. A cet égard, M. Vieira de Mello a émis l'espoir qu'il sera possible progressivement d'assurer le retour de ces réfugiés au Timor oriental. Le plan d'action global de l'Indonésie est viable et l'ATNUTO l'appuie pleinement. Ce problème aurait été réglé depuis longtemps si les milices armées avaient pu être éloignées. La structure du Cabinet, la nomination d'une autorité de l'appareil judiciaire ainsi que celle des 30 membres du Conseil national devraient constituer des étapes importantes dans la réalisation des objectifs de l'ATNUTO. Par la cohésion et l'harmonie entre ses quatre membres timorais et ses quatre membres internationaux, le Cabinet sera en mesure de fonctionner efficacement. Faisant référence au budget 2000-2001, l'Administrateur a fait remarquer que ce budget ne permettra pas à l'ATNUTO de s'acquitter de ses tâches vitales. Il a rendu hommage à M. Bernard Miyet, qui assiste aujourd'hui à sa dernière réunion sur les opérations de maintien de la paix avant d'assumer de nouvelles fonctions.
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