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SG/SM/7562

GRACE A UN MODELE DE PARTENARIAT ENTRE SECTEURS PUBLIC ET PRIVE, NOUS ENTAMONS LE DERNIER CHAPITRE DE L'AVENTURE POUR L'ELIMINATION DE LA POLIO, DECLARE KOFI ANNAN

27 septembre 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7562


GRACE A UN MODELE DE PARTENARIAT ENTRE SECTEURS PUBLIC ET PRIVE, NOUS ENTAMONS LE DERNIER CHAPITRE DE L'AVENTURE POUR L'ELIMINATION DE LA POLIO, DECLARE KOFI ANNAN

20000927

On trouvera ci-après le texte du discours liminaire du Secrétaire général, M. Kofi Annan, au Sommet mondial des partenaires pour l'élimination de la polio, le 27 septembre:

Nous sommes ici aujourd’hui parce que nous partageons le même rêve : celui d’un monde définitivement débarrassé de la poliomyélite. Nous avons plus de chance que la plupart des idéalistes car nous pouvons faire en sorte et nous ferons en sorte que ce rêve devienne réalité au cours de notre existence. Pour nombre d’entre nous, c’est aussi un rêve qui a commencé de devenir possible durant notre existence. C’est pourquoi l’éradication de la poliomyélite est une des aventures les plus remarquables de l’histoire de l’humanité.

Au départ, des millions d’enfants à travers le monde étaient menacés par cette maladie et leurs parents ne pouvaient que prier pour qu’un miracle se produise. Aujourd’hui, comme vient de nous le dire le docteur Brundtland, nous entamons ce qui doit être, grâce à nos efforts, le dernier chapitre de l’aventure.

Beaucoup de gens ont participé à cette aventure et nombre d’entre eux sont représentés ici aujourd’hui. Gouvernements, organisations ou particuliers, ils ont tous fait de l’éradication de la poliomyélite un modèle de partenariat entre les secteurs public et privé. Nous sommes réunis ici aujourd’hui pour décider de terminer ensemble cette aventure.

Nous devons éviter toute autosatisfaction : chaque enfant sur cette terre doit être vacciné contre la poliomyélite afin que nous puissions libérer le monde à jamais de la menace de cette terrible maladie.

Pour ce faire, nous comptons sur le partenariat que l’UNICEF et l’OMS ont noué avec les Centres pour le contrôle des maladies des États-Unis et Rotary International, qui sont tous représentés ici au plus haut niveau.

Nous comptons également sur d’autres partenaires qui se sont joints à nous et qui ont ouvert la voie à d’autres partenaires potentiels. Je pense en particulier à la Fondation pour les Nations Unies de Ted Turner, que je me réjouis d’accueillir ici aujourd’hui, et à la Fondation Bill et Melinda Gates.

Nous comptons enfin sur les gouvernements des pays donateurs et ceux des pays concernés.

- 2 - SG/SM/7562 27 septembre 2000

Nous espérons que beaucoup de gens, partout dans le monde, suivront l’exemple héroïque des plus de 10 millions de volontaires qui, grâce à une coopération sans précédent dans le cadre et en dehors du système des Nations Unies, ont permis que des progrès extraordinaires soient réalisés.

Ces partenariats entre les secteurs public et privé ont joué un rôle décisif dans la lutte contre la poliomyélite. Mais ils ont aussi montré la voie à suivre pour mettre en place d’autres partenariats, alliances et coalitions pour la défense de causes communes, indispensables pour relever les défis complexes du XXIe siècle, qui vont de la protection de l’environnement à la lutte contre le sida, en passant par la défense des droits de l’homme.

En cette ère de mondialisation, la mobilisation mondiale de ressources et de bonnes volontés à laquelle nous avons assisté devrait faire l’envie de bien des mouvements. Des campagnes nationales de vaccination ont permis de toucher des dizaines de millions d’enfants en l’espace d’une seule journée. En coordonnant leurs Journées nationales de vaccination, les pays africains ont optimisé leurs résultats.

Pour beaucoup d'enfants qui bénéficient de ces campagnes, la vaccination contre la poliomyélite est le premier contact avec la médecine, un premier contact qui est l’expression du droit de tous les enfants – quels qu’ils soient, quelles que soient leurs conditions d’existence, qu’ils vivent dans un pays en paix ou dans un pays en guerre – à avoir accès à des services à caractère vital.

En différents points du monde, les armes se sont tues l’espace d’une journée pour que puissent avoir lieu ces campagnes de vaccination, prouvant par là que même dans les conflits les plus durs, les belligérants peuvent faire une trêve au nom de la vie.

Aussi spectaculaires soient-elles, ces trêves n’offrent pas de garantie absolue. Des volontaires et des agents sanitaires nationaux ont donné leur vie pour que les enfants puissent vivre dans un monde libéré de la poliomyélite. Prenons un instant pour honorer leur mémoire. Mais il ne suffit pas de les honorer dans le silence. Nous devons veiller à ce que leur sacrifice ne soit pas vain, et à ce que ceux qui poursuivent leur oeuvre ne le fassent pas au péril de leur vie.

L’histoire de la lutte contre la poliomyélite est parsemée d’anecdotes si émouvantes qu’on a parfois peine à les croire.

Prenez par exemple l’histoire d’Ali, un jeune Somalien dont le pays a eu plus que sa part de guerres, de famines et d’épidémies. À l’âge de 15 ans, Ali a attrapé la variole. Heureusement, il a survécu et grâce à une autre campagne mondiale de vaccination, la variole a été éradiquée le jour même où Ali a guéri. Ali était en effet le dernier cas autochtone de variole dans le monde.

Aujourd’hui, Ali travaille à l’éradication de la poliomyélite en Somalie. Il sait la chance qu’il a eue de vaincre la variole et c’est sa manière à lui de rendre grâce. Ali s’est promis qu’il chasserait aussi la poliomyélite.

Et il le fera, soyez-en sûrs.

- 3 - SG/SM/7562 27 septembre 2000

Mes amis, l’humanité est sur le point d’éliminer pour toujours une maladie qui était autrefois la principale cause d’infirmité permanente dans le monde. Mais ce bienfait ne touchera tous les hommes et pour toujours que si nous parvenons à vacciner tous les enfants aujourd'hui. La dernière phase de la lutte pour l’éradication de la poliomyélite est une course qui s’est engagée pour trouver le dernier enfant.

Essayons de nous représenter ce dernier enfant. Il ou elle a sans doute moins de 5 ans et vit probablement en Afrique, peut-être dans une région accablée par la faim, la pauvreté ou la guerre. La course que nous avons engagée pour trouver cet enfant est une course contre la montre. Si nous ne saisissons pas notre chance aujourd’hui, le virus reprendra du terrain, et nous aurons perdu une occasion pour toujours, du moins pour bien longtemps.

Encore faudra-t-il, pour saisir cette occasion, disposer d’un plus grand nombre de jours de paix. Cela supposera une mobilisation encore plus grande de fonds et de personnes, des partenariats encore plus étroits et dynamiques, et un engagement gouvernemental et intergouvernemental au plus haut niveau.

Je suis ici aujourd’hui, au nom de l’ensemble des organismes des Nations Unies, pour prendre cet engagement. Nous devons négocier afin que tous les enfants puissent bénéficier des journées nationales de vaccination, en particulier dans les pays prioritaires en proie à des conflits. Nous devons assurer la sécurité des volontaires, dont beaucoup traquent la maladie jour après jour, longtemps après que les banderoles annonçant les campagnes de vaccination ont été retirées. Nous devons faire appel à tous les moyens dont dispose le système des Nations Unies pour clore le dernier chapitre de la lutte pour l’éradication de la poliomyélite.

Nous sommes ici aujourd’hui pour réaliser un rêve. C’est à cette condition que le dernier enfant, et les générations futures, enfin délivrés du fléau de la poliomyélite, pourront écrire leur propre histoire et rêver à leur avenir. Je vous remercie.

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