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SG/SM/7553

LES PRINCIPES DE LIBERTE, DE SOLIDARITE ET DE RESPONSABILITE PARTAGEE EXIGENT DES NANTIS QU'ILS N'ABANDONNENT PAS LES MOINS FORTUNES DERRIERE EUX, SOULIGNE M. ANNAN

18 septembre 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7553


LES PRINCIPES DE LIBERTE, DE SOLIDARITE ET DE RESPONSABILITE PARTAGEE EXIGENT DES NANTIS QU’ILS N’ABANDONNENT PAS LES MOINS FORTUNES DERRIERE EUX, SOULIGNE M. ANNAN

20000918

Toute stratégie de développement doit viser à prévenir et à enrayer la propagation des conflits internes et du sida et à les faire reculer

On trouvera ci-après le texte intégral de l’allocution que le Secrétaire général, M. Kofi Annan, a prononcée aujourd’hui à l’occasion de la dixième Réunion ministérielle annuelle des pays les moins avancés :

Cette réunion ministérielle est à la fois opportune et cruciale.

Elle se tient au lendemain du Sommet du millénaire, au cours duquel les dirigeants du monde entier ont décidé de prêter attention aux besoins particuliers des pays les moins avancés. Et il nous reste tout juste six mois pour préparer la troisième Conférence des Nations Unies sur les pays les moins avancés, au succès de laquelle les dirigeants ont déclaré qu’ils œuvreraient.

Ce succès n’est pas garanti. Malheureusement, les mesures vigoureuses en faveur des PMA, promises avec grand retentissement lors des deux conférences précédentes, sont restées dans une large mesure lettre morte. À l’ère de la mondialisation, les PMA sont, pour la plupart, plus marginalisés et appauvris que jamais. Ensemble, ils n’ont atteint aucun des objectifs que les grandes conférences mondiales de la dernière décennie avaient fixés pour cette année 2000.

Quoi que l’on dise à Bruxelles au mois de mai prochain, il nous sera donc difficile de convaincre les peuples de nos pays de le prendre au sérieux. Que devons-nous faire pour que cette conférence soit différente des précédentes ?

Tout d’abord, il est clair que nous ne pouvons plus nous permettre de traiter les problèmes des PMA sans tenir compte de leurs liens avec le reste du monde. La mondialisation, en accentuant l’interdépendance et en multipliant les liens entre nations, a rendu le processus de développement beaucoup plus complexe. Bien qu’ils n’aient pas été jusqu’ici en mesure de jouer un rôle important dans la mondialisation et qu’ils se voient donc privés de la plupart des avantages qu’elle procure, un grand nombre de vos concitoyens se sentent menacés par les forces imprévisibles qu’elle a libérées. Ils craignent de perdre encore davantage, ce qui est bien compréhensible. Bon nombre de chefs d’État et de gouvernement se sont fait l’écho de cette crainte au cours du Sommet du millénaire.

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Éliminer les facteurs qui motivent cette crainte doit être la tâche primordiale assignée à la Conférence de Bruxelles. Il est évident qu’il faudra pour cela agir à la fois sur le plan interne et au niveau international. Nous devons forger un partenariat plus authentique entre les PMA et la communauté internationale.

Dans le cadre de ce partenariat, c’est à vous – à vos gouvernements et à vos peuples – qu’incombe la responsabilité première. L’aide extérieure, si importante soit-elle, ne sera jamais suffisante pour assurer le développement d’un pays si l’on ne donne pas à sa population la possibilité de se développer elle-même.

En définitive, c’est la mobilisation des gens ordinaires qui permettra de réduire la pauvreté et les inégalités. La tâche des gouvernements consiste à adopter des politiques et à fournir un cadre institutionnel et juridique, ainsi qu’une infrastructure matérielle pour cette mobilisation.

Les gouvernements doivent donner à tous les secteurs de la société la possibilité de jouer un rôle effectif et librement choisi dans la formulation de ces politiques, et d’en partager équitablement les fruits.

Et ils ne doivent pas perdre de vue que le développement doit permettre non seulement de subvenir aux besoins de la génération actuelle mais aussi d’assurer une existence viable à ses enfants et ses petits-enfants.

Bien entendu, on ne peut pas s’attendre à ce que les PMA fassent tout cela par eux-mêmes. Ils ont besoin d’une aide véritable, et pas simplement de conseils et d’expressions de sympathie, de la part de la communauté internationale.

Il est révoltant que l'aide publique destinée aux PMA continue de s’amenuiser. Il est déplorable également que les efforts déployés par ces pays pour répondre aux besoins de leur population soient entravés par le fardeau écrasant de la dette. Et il est décourageant de constater qu’ils restent tributaires d’un petit nombre de produits d’exportation primaires.

Les valeurs fondamentales de liberté, d’égalité, de solidarité et de responsabilité partagée, dont tous les dirigeants du monde viennent de souligner l’importance capitale dans les relations internationales au XXIe siècle, exigent que les nantis n’abandonnent pas les moins fortunés derrière eux.

Il est donc certainement raisonnable d’insister sur le fait que les pays industrialisés doivent venir à la conférence de Bruxelles en étant prêts à conclure un accord sur l’admission en franchise de droits et hors quota de tous les produits exportés par les PMA, y compris les articles manufacturés, et qu’ils doivent s’engager à amorcer, sans plus tarder, un cycle de négociations commerciales internationales consacré au développement. Est-il nécessaire de répéter qu'en agissant ainsi, ils défendraient en fait leurs propres intérêts puisque les dispositions protectionnistes en vigueur coûtent à leurs citoyens des milliards de dollars chaque année, à la fois en tant que consommateurs et en tant que contribuables?

- 3 - SG/SM/7553 18 septembre 2000

Les PMA ont également besoin d’une aide pour se positionner sur le marché de façon à exploiter au mieux les possibilités que le commerce peut leur offrir. Tel est l’objet du « cadre intégré » sur lequel le PNUD et la CNUCED travaillent avec la Banque mondiale, l’Organisation mondiale du commerce et d’autres organismes. Faire en sorte que ce cadre produise réellement les résultats escomptés est une question qui devra figurer en bonne place à l'ordre du jour des débats de la conférence de Bruxelles.

Il est non seulement raisonnable mais indispensable d’insister sur le fait que les pays riches devront appliquer le programme renforcé d’allégement de la dette en faveur des pays pauvres très endettés avant l’ouverture de la conférence. Ils devraient même aller encore plus loin en convenant d’annuler toutes les dettes publiques – bilatérales et multilatérales – des pays pauvres qui démontrent la volonté de lutter contre la pauvreté de leur population. Et j’espère qu’ils accepteront également une procédure plus équitable d'arbitrage ou de médiation pour régler les litiges entre créanciers et débiteurs souverains.

Mais n’oublions pas le troisième volet du triptyque : les flux financiers. Tout en demandant aux pays industrialisés d’encourager et de promouvoir les flux privés et les investissements étrangers directs à destination des PMA, nous devons également les convaincre de la nécessité de prêter davantage attention aux objectifs fixés pour l’aide publique au développement, auxquels ils ont eux-mêmes souscrit il y a longtemps. À cet égard, la promesse faite par le Premier Ministre irlandais lors du Sommet du millénaire était très encourageante. Si les ministres envoyés à Bruxelles par les pays industrialisés étaient disposés à prendre des engagements analogues, ce serait une excellente chose.

Enfin, la conférence devra tenir compte de deux terribles fléaux qui accablent un grand nombre de PMA, en particulier ceux situés en Afrique subsaharienne, et dont les répercussions se font sentir bien au-delà des frontières nationales. Il s’agit bien évidemment des conflits – en particulier les conflits internes – et des maladies pandémiques, notamment le sida.

La pauvreté extrême aggrave l’impact de ces deux fléaux et, réciproquement, ceux-ci rendent la lutte contre la pauvreté beaucoup plus difficile. C’est le cercle vicieux classique. Chaque stratégie de développement, nationale ou internationale, doit avoir pour objectif prioritaire de prévenir et d’enrayer la propagation de ces deux maux et de les faire reculer. C’est la survie même de nombreuses sociétés africaines qui est en jeu.

La tâche est immense. Mais certains PMA ont réussi à améliorer leurs performances économiques en embrassant la démocratie, en faisant participer les populations à la prise des décisions qui influent sur leur destin, et en améliorant la condition de la femme. Je suis convaincu qu’ils sont tous capables d’obtenir les mêmes résultats, si nous agissons ensemble – gouvernements, organisations régionales, entreprises privées et société civile sous toutes ses formes. Ce sera le but que l’Organisation des Nations Unies poursuivra en préparant la conférence et en aidant les PMA à s’y préparer.

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Je suis impressionné par les travaux préparatoires qui ont été accomplis jusqu’à présent, en particulier à la première session du Comité préparatoire, et qui sont de bon augure pour la conférence de Bruxelles. Je puis vous assurer que le Secrétariat n’épargnera aucun effort pour vous offrir l’assistance dont vous avez besoin.

Je vous remercie de votre attention.

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