En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7549

LE SECRETAIRE GENERAL, S'ADRESSANT AUX MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES DU GROUPE DES 77, DIT QUE L'APPUI DU GROUPE EST INDISPENSABLE A L'ONU

15 septembre 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7549


LE SECRETAIRE GENERAL, S’ADRESSANT AUX MINISTRES DES AFFAIRES ETRANGERES DU GROUPE DES 77, DIT QUE L’APPUI DU GROUPE EST INDISPENSABLE A L’ONU

20000915

On trouvera ci-après le texte des observations faites aujourd'hui par le Secrétaire général Kofi Annan à la vingt-quatrième réunion annuelle des ministres des affaires étrangères du « Groupe des 77 » pays en développement :

Permettez-moi tout d'abord de féliciter à mon tour Kamal Kharrazi et l'Iran pour son élection comme prochain Président du Groupe des 77. Je vous assure que nous collaborerons étroitement avec lui.

C'est pour moi un grand plaisir de vous accueillir une fois de plus au Siège de l'Organisation des Nations Unies. J'espère que vous vous sentez ici chez vous tout comme je me suis senti chez moi au Sommet du Sud à La Havane.

Cette réunion présidée par le Président Obasanjo a été effectivement une source d'inspiration, et un jalon dans l'histoire de votre Groupe. Ce fut pour moi un grand privilège d'y prendre part.

Jamais auparavant un si grand nombre de chefs d'État et de gouvernement du monde en développement ne s'étaient trouvés réunis au même endroit. Cela a donné à la Déclaration et au Programme d'action de La Havane, qu'ils ont adoptés, un écho spécial et historique.

Un fait particulièrement important, selon moi, a été l'appel lancé en faveur d'une coopération Sud-Sud accrue, visant à encourager les flux d'investissements ainsi que les échanges de compétences et de technologies.

Cet appel n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. En juillet déjà, sous les auspices de la CNUCED et avec l'appui financier du Japon, 12 pays représentant toutes les régions en développement se sont réunis pour entamer une série de négociations - les « Négociations de Sapporo » - qui ont produit 22 traités bilatéraux d'investissement.

C'est un signe très encourageant pour l'avenir. Il montre que les pays en développement n'attendent pas passivement d'être aidés par le monde industrialisé, mais qu'ils prennent des mesures actives d'auto-assistance et d'assistance mutuelle.

D'une manière plus générale, la Déclaration de La Havane a permis à vos chefs d'État et de gouvernement d'assister la semaine passée au Sommet du millénaire avec un message clair et unifié.

C'était un message de douleur - la douleur ressentie par de nombreux peuples du monde face à l'injustice du monde dans lequel nous vivons et à la misère injustifiée dans laquelle sont condamnés à vivre tellement d'êtres humains.

Un grand nombre de vos chefs d'État et de gouvernement ont dit qu'ils comprenaient les avantages potentiels de la mondialisation, mais que leur peuple n'en avait pas encore pris conscience.

Les écarts entre les revenus, aussi bien à l'intérieur des pays qu'entre les pays, sont trop grands. L'état de la santé publique dans de nombreux pays est tellement pitoyable que tout observateur en ressent un malaise profond.

Mes amis, je crois que ce cri d'angoisse a été entendu. Je pense que le monde entier l'a entendu comme un appel à l'action, et à la volonté d'agir de la part des hommes et des femmes qui ont le pouvoir de changer les choses.

Le fait qu'un si grand nombre de dirigeants mondiaux se sont réunis à l'Organisation des Nations Unies, et ont décidé de travailler ensemble en tant que Nations Unies, a donné à beaucoup d'entre nous un réel sentiment d'espoir et une confiance renouvelée dans l'Organisation.

La Déclaration adoptée par le Sommet, il y a à peine une semaine, reprend de nombreux points de votre Déclaration de La Havane. Cela n'est pas surprenant puisque votre Groupe de 133 États membres représente une vaste majorité au sein de l'Organisation des Nations Unies.

La Déclaration identifie clairement des priorités pour lutter contre la pauvreté, la maladie, la violence, le crime transnational et la dégradation de l'environnement. Et elle demande un renforcement de l'Organisation des Nations Unies pour en faire un instrument plus efficace dans l'application de ces priorités.

Ces priorités sont vos priorités. Cette Organisation est votre organisation. Il est de votre intérêt, et de l'intérêt de votre peuple, de faire en sorte que le Sommet de la semaine passée ne soit pas considéré comme une nouvelle aube de faux espoirs, mais qu'il marque effectivement le début d'une nouvelle ère.

Il est donc de votre intérêt de faire en sorte qu'au cours de ce nouveau siècle, l'Organisation des Nations Unies devienne effectivement un instrument plus efficace, un instrument qui puisse vraiment changer la vie des gens.

Toutefois, l'Organisation des Nations Unies ne pourra être efficace que si l'Assemblée générale, en tant que principal organe de délibération, de prise de décisions et de représentation, est prête à prendre des décisions rapidement lorsque la volonté de la vaste majorité de ses membres est claire.

Comme je l'ai dit mardi à l'Assemblée, le consensus est très important, mais il ne doit pas être synonyme de paralysie. Lorsqu'il est évident que les objectifs et les principes généraux d'une mesure proposée bénéficient d'un appui général, son progrès ne devrait pas être entravé par de longues discussions sur des points de détail.

Nous avons besoin de décisions claires, prises sans retard injustifiable, afin de renforcer notre capacité de gérer les opérations de maintien de la paix, pour que nous puissions jouer le rôle qu'on attend de nous en aidant les pays déchirés par la guerre à rétablir la paix, en Afrique et ailleurs. C'est uniquement grâce à votre appui que nous pouvons devenir le genre d'organisation efficace et bien gérée qui puisse préparer des réunions importantes comme la réunion cruciale qui se tiendra l'année prochaine sur le financement du développement.

C'est uniquement avec votre appui que nous pouvons devenir des avocats du changement avec un pouvoir réel de persuasion.

C'est uniquement avec votre appui, par exemple, que nous pouvons persuader les pays industrialisés d'ouvrir plus largement les portes de leurs marchés aux produits des pays en développement. Ou d'inverser la tendance à la baisse de l'aide publique au développement. Ou de supprimer les dettes des pays pauvres - multilatérales et bilatérales - et d'accepter un processus plus équitable d'arbitrage ou de médiation des différends entre créanciers et pays souverains endettés.

C'est uniquement si elle est une organisation efficace, ouverte et flexible que l'ONU peut espérer influencer le cours de la mondialisation et aider à mettre les nouvelles techniques à la portée des pays et des populations pauvres.

Pour parvenir à tous ces objectifs, mes amis, l'appui de votre Groupe et de tous ses membres est indispensable.

Je sais que je peux compter sur cet appui, et j'attends avec intérêt de pouvoir collaborer avec vous et vos représentants au cours de cette prochaine année.

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