En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7544

LE SECRETAIRE GENERAL INVITE LES ETATS A PRENDRE LES GRANDES DECISIONS NECESSAIRES POUR QUE L'ONU REMPLISSE LE ROLE QUE LES PEUPLES VEULENT LUI VOIR JOUER

12 septembre 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7544


LE SECRETAIRE GENERAL INVITE LES ETATS A PRENDRE LES GRANDES DECISIONS NECESSAIRES POUR QUE L’ONU REMPLISSE LE ROLE QUE LES PEUPLES VEULENT LUI VOIR JOUER

20000912

L’ONU et les peuples auraient beaucoup à jouer si l’Organisation s’ouvrait encore plus

On trouvera ci-après le texte de la déclaration prononcée aujourd’hui par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à l’Assemblée générale:

« Le tumulte se meurt et tombe la clameur, Adieu aux capitaines, adieu à tous les rois »

Une autre année, la date d’aujourd’hui, qui marque le coup d’envoi de votre débat général, serait la plus importante du calendrier de l’ONU. Mais ce jour a été précédé, la semaine dernière, par un événement historique – le Sommet du Millénaire – à l’ombre duquel il fait plutôt figure de retour à la vie ordinaire.

Même s’il en est ainsi, pour moi, c’est le moment de retrousser nos manches et de commencer à concrétiser par notre action les engagements courageux que nos chefs d’État et de gouvernement ont pris solennellement. C’est dans cet esprit que j’ai l’honneur de vous présenter mon rapport annuel sur l’activité de l’Organisation.

Cette année, je n’ai pas cherché à placer ce rapport sous le signe d’un grand thème. J’ai pensé que ce n’était pas ce qu’il vous fallait, ni ce que vous souhaitiez, vu que j’avais déjà exposé, dans mon Rapport du Millénaire, quels étaient à mon avis les grands problèmes auxquels l’humanité, et avec elle cette Organisation, devaient s’attaquer en ce début de siècle.

Il va sans dire que je suis enchanté que nombre des engagements et des objectifs que j’avais proposés dans ce rapport aient été retenus par les chefs d’État et de gouvernement, et figurent dans la Déclaration solennelle à laquelle ceux-ci ont souscrit vendredi dernier.

De toute évidence, on est largement d’accord sur ce qu’il faut faire, plus largement que beaucoup osaient l’imaginer, vu le nombre et la diversité des Membres de l’Organisation. Mais ce qu’il faut absolument, maintenant, c’est que nous nous mettions aussi d’accord sur les moyens d’y parvenir et que nous nous dotions des outils voulus.

En particulier, il faut absolument que l’ONU elle-même soit en mesure de remplir le rôle que les peuples de la terre veulent lui voir jouer. Elle doit être, comme nos chefs d’État et de gouvernement l’ont déclaré, un instrument plus efficace pour mener les activités prioritaires qu’ils ont définies :

- 2 - SG/SM/7544 12 septembre 2000

• La lutte pour le développement; c’est-à-dire aussi la lutte contre la misère, l’ignorance et la maladie, y compris contre le fléau mondial qu’est le VIH/sida;

• La lutte contre l’injustice sous toutes ses formes; des inégalités criantes sur les plans du pouvoir et de la richesse jusqu’aux cas extrêmes de destruction massive ou de génocide en passant par la corruption, la discrimination et l’oppression;

• La lutte contre la violence, le terrorisme et la criminalité, qui prennent de nouveaux visages au fur et à mesure que nous développons de nouvelles techniques et qui, malheureusement, avancent du même pas que la création d’une économie mondiale;

• La lutte contre la dégradation et la destruction de notre terre, lutte qui n’est pas encore autant qu’elle le mérite au premier plan de nos préoccupations, en dépit des éléments qui s’accumulent tous les jours pour nous prouver que nos schémas actuels de production et de consommation ne sont pas viables du point de vue écologique.

Bien sûr, mon propos n’est pas de prétendre que cette Organisation soit capable de gagner tous ces combats à elle toute seule. S’il est une leçon que le XXe siècle nous a apprise, c’est que la formule du pouvoir étendu et centralisé est une formule qui ne marche pas. Ce n’est pas une solution qui fonctionne au niveau national, et tout porte à croire que cela fonctionnerait encore moins au niveau mondial.

Les gouvernements peuvent créer le changement, non pas en agissant seuls mais en collaborant avec d’autres parties, avec les entreprises privées, mais aussi avec la société civile au sens le plus large.

Les gouvernements peuvent définir des normes et des principes, et aussi des plans d’action, après avoir bien écouté ce que pense la société civile. Mais pour mettre tout cela en pratique, il leur faut travailler avec des partenaires bien choisis. Mesdames, Messieurs,

Vos chefs d’État et de gouvernement ont réaffirmé le rôle central qui revient à cette Assemblée en tant que premier des organes délibérants, des organes directeurs et des organes représentatifs de l’ONU, et ils se sont déclarés résolus à lui donner les moyens de remplir ce rôle avec efficacité.

C’est à vous de donner effet à cette détermination, en prenant des décisions qui reflètent la volonté de la grande majorité des États Membres, et en les prenant au moment voulu.

Il est extrêmement souhaitable de fonctionner par consensus, mais cela ne signifie pas nécessairement que chaque sous-alinéa doive faire l’unanimité entre les 189 États Membres. La minorité, qui est souvent une très petite minorité, ne devrait pas, sauf raison valable, refuser de donner son consentement. Quoique l’on pense du veto au Conseil de sécurité, il n’a certainement pas sa place dans cette Assemblée. Nous ne pouvons plus nous permettre de toujours réduire nos décisions au plus petit commun dénominateur – dont une des caractéristiques se trouve être la lenteur.

- 3 - SG/SM/7544 12 septembre 2000

De même, c’est à vous de mener à bien la réforme en profondeur du Conseil de sécurité que vos chefs d’État et de gouvernement ont réclamée, réforme qui rendra le Conseil plus représentatif et qui renforcera sa légitimité, en même temps qu’elle lui donnera une plus grande efficacité.

Dans le même ordre d’idées, permettez-moi d’appeler particulièrement votre attention sur la demande que vous ont faite vos chefs d’État et de gouvernement en souhaitant que vous examiniez « promptement » les recommandations du Groupe d’étude sur les opérations de paix des Nations Unies.

Comme vous le savez, ces recommandations visent précisément à renforcer l’efficacité de l’Organisation dans sa mission principale, le maintien de la paix.

Certaines d’entre elles relèvent de la compétence du Conseil de sécurité, qui a décidé, à son Sommet de la semaine dernière, de les examiner lui aussi « promptement ».

D’autres se situent entièrement dans mon propre domaine de compétence en tant que Secrétaire général, et mes collaborateurs et moi-même avons déjà commencé à nous employer à les appliquer.

Mais la plupart appellent des décisions de cette Assemblée, ne serait-ce que parce qu’elles ont des incidences budgétaires. Je vous présenterai bientôt un plan de mise en oeuvre de ces recommandations, avec l'espoir de voir des changements sensibles dans les 12 mois qui viennent. L’ONU ne doit plus jamais se trouver privée des moyens de protéger ceux qu’on a encouragés à lui faire confiance.

Non seulement en ce qui concerne les opérations de paix, mais pour tout l’éventail de nos activités, c’est à vous, Mesdames et Messieurs, de veiller à ce que l’Organisation reçoive, conformément à un calendrier prévisible, le financement dont elle a besoin pour exécuter ses mandats.

C’est à vous de décider ensemble de « règles et procédures claires » qui nous permettront à nous, au Secrétariat, de faire le meilleur usage de ces ressources, en adoptant les meilleures techniques de gestion et les technologies les mieux adaptées qu’on puisse trouver, et en concentrant nos efforts sur les tâches qui correspondent à vos priorités.

J’ajouterai que c’est à vous de répartir les crédits d’une façon qui corresponde à vos préoccupations du moment, plutôt que de nous condamner à fonctionner avec un budget dont les montants restent gelés.

Plus que toute autre chose, il nous faut utiliser au mieux les ressources humaines de l’Organisation, c’est-à-dire les hommes et les femmes dont le travail consiste à exécuter vos décisions.

Il faut absolument que nous attirions des individus de la plus haute qualité et que nous leur donnions toutes les possibilités d’exercer leurs talents. Et il est encore plus indispensable que nous assurions mieux leur protection lorsque nous les envoyons servir la cause de l’humanité dans des situations dangereuses et des zones de conflit.

- 4 - SG/SM/7544 12 septembre 2000

Je vous présenterai sous peu des propositions concernant des améliorations à apporter dans ces deux domaines, celui de la gestion des ressources humaines et celui de la sécurité du personnel. Je ne doute pas que vous y donnerez suite sans tarder.

Ce sera également à vous de faire en sorte que l’Organisation continue d’être logée dans des locaux dignes d’elle. Aujourd’hui, notre Siège, cet ensemble magnifique dont l’élégante silhouette est connue aux quatre coins du monde, a besoin d’être remis en état et modernisé d’urgence. Nous ne pouvons pas continuer indéfiniment à parer au plus pressé, ce qui serait une solution de plus en plus coûteuse.

C’est pourquoi j’ai proposé un plan directeur dans lequel j’ai examiné plusieurs solutions possibles et envisagé différentes formules de financement. Il en ressort très clairement que de grands travaux de modernisation seront certes fort coûteux, mais que si nous ne changeons rien, les dépenses ne tarderont pas à être beaucoup plus lourdes encore, surtout les dépenses d’énergie. Je vous demande donc instamment de prendre des mesures énergiques qu’il est encore temps.

Enfin, Mesdames et Messieurs, et c’est loin d’être le moins important, c’est à vous qu’il incombe en grande partie de faire en sorte que les parlementaires, le secteur privé, les organisations non gouvernementales et la société civile en général aient davantage d’occasions d’apporter leur contribution aux activités de l’ONU, à la réalisation de ses objectifs et à l’exécution de ses programmes.

Vous me pardonnerez de répéter à ce sujet ce que j’écrivais dans mon Rapport du Millénaire. Les organismes de la société civile ont apporté une contribution importante à la formulation et à la défense de normes mondiales.

Depuis que j’ai présenté mon rapport, nous avons déjà avancé dans la mise en oeuvre de mes propositions concrètes concernant l’établissement de nouveaux partenariats. Nous mettons les nouvelles technologies de l’information à la portée d’un plus grand nombre dans les pays en développement; et nous allons nous servir de ces technologies pour faire en sorte que le savoir médical soit disponible là où on en a le plus besoin et que les secours mettent le moins de temps possible à parvenir aux victimes d’une catastrophe.

Mais nous n’agissons pas seuls. Nous faisons tout cela en association avec des volontaires, des sociétés et des fondations philanthropiques. Et nous pouvons tirer encore beaucoup, beaucoup plus de cette formule, tant en continuant dans la même voie qu’en l’étendant à d’autres catégories de partenaires.

À n’en pas douter, l’ONU et les peuples de la planète auraient beaucoup à gagner si l’Organisation s’ouvrait encore plus – y compris en ce qui concerne les travaux de cette Assemblée – à ce qui constitue une véritable mine d’énergie et de compétences. Mesdames, Messieurs,

Un des rôles de l’Organisation des Nations Unies est d’être le lieu de rencontre où sont décidées et promulguées les normes internationales, le lieu où toutes les voix peuvent se faire entendre, particulièrement celles des pauvres et des vulnérables, dont le point de vue et les intérêts sont trop souvent oubliés ailleurs.

- 5 - SG/SM/7544 12 septembre 2000

L’ONU sert aussi à favoriser la formation d’alliances en faveur du changement à l’échelon mondial.

Et, bien entendu, l’ONU doit continuer de remplir la principale des fonctions que lui ont assignées ses fondateurs : le maintien de la paix.

Quelles sont les caractéristiques d’une organisation capable de tout cela?

Il faut qu’elle soit ouverte.

Il faut qu’elle soit flexible.

Il faut qu’elle soit efficace.

Il faut qu’elle soit représentative de tous les peuples de la terre, et que ceux-ci reconnaissent sa légitimité.

Telles sont les qualités que je me suis efforcé de développer dans cette Organisation depuis que j’en suis le Secrétaire général. Cependant, les grandes décisions sont entre vos mains.

Je vous remercie.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.