En cours au Siège de l'ONU

SG/2067

LE SECRETAIRE GENERAL OBSERVE QUE L'APPUI AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EST INADEQUAT

12 septembre 2000


Communiqué de Presse
SG/2067
GA/9761


LE SECRETAIRE GENERAL OBSERVE QUE L'APPUI AUX OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX EST INADEQUAT

20000912

Son rapport à l'Assemblée générale sur l'activité de l'Organisation appelle à une coopération plus élargie afin d'améliorer le sort des laissés-pour-compte

Les évènements de l’année écoulée montrent que la communauté internationale n’est pas encore près d’atteindre l’objectif visant à rehausser l’existence des laissés-pour-compte. C’est ce qu’affirme le Secrétaire général dans son rapport de 51 pages sur l’activité de l’Organisation qui traite de la paix et de la sécurité; des missions humanitaires; de la coopération au développement; de l’ordre juridique international et des droits de l’homme ainsi que de la gestion du changement (A/55/1). Le Secrétaire général illustre ses propos en citant certains conflits armés, nouveaux ou anciens, les catastrophes naturelles, le sida, la baisse de l’aide publique au développement ou encore la prédation des gouvernements ou des factions politiques.

A propos des conflits et de la capacité de l’ONU à les résoudre, le Secrétaire général évoque la parution du rapport du Groupe de haut niveau qui avait été chargé de formuler des recommandations qui pourraient conférer aux opérations de paix davantage d’efficacité. Ces recommandations sont réalistes, affirme M. Kofi Annan qui souligne que le Secrétariat ne dispose pas à l’heure actuelle des moyens nécessaires pour appuyer adéquatement les opérations de maintien de la paix. Il indique par ailleurs que le coût estimatif de toutes les opérations menées en 2000 ne représente que moins de 0,5% des quelque 800 milliards de dollars que les Etats Membres auront affectés cette année à la défense nationale.

Liant la sécurité à l’existence de marchés prospères, le Secrétaire général invoque la situation dans le monde pour expliquer que l’intégration dans l’économie mondiale ne saurait garantir à elle seule un développement rapide. Il plaide pour des mesures supplémentaires sur les plans intérieur et international pour assurer à tous les bienfaits de la mondialisation. Il importe, à cet égard, estime-il, que la gouvernance mondiale, à savoir la gestion solidaire des affaires mondiales, soit plus efficacement assurée. Le Secrétaire général précise que la gouvernance ne passe pas forcément par les institutions, la réglementation ou les mécanismes d’application officiels; elle peut aussi être le fruit du dialogue et de la coopération qui peuvent y concourir ainsi que les accords auxquels elle donne lieu en mettant en jeu des intervenants non étatiques au même titre que les gouvernements. Bon nombre d’associations à caractère non officiel s’étant constituées en vue de résoudre des problèmes communs en matière de coopération, le Secrétaire général estime que par sa vocation à l’universalité, sa légitimité et l’ampleur de ses mandats, l’ONU a un rôle de premier plan à jouer dans le cadre de ces coalitions pour le changement.

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Le Secrétaire général rappelle, dans ce contexte, sa proposition d’instituer un Pacte mondial par lequel les sociétés privées s’engageraient à adhérer aux meilleures pratiques en matière de droits de l’homme, de travail et d’environnement. La première réunion des partenaires du Pacte s’étant déroulée en juillet dernier, M. Kofi Annan explique que le Pacte mondial n’a pas pour objet de se substituer aux accords internationaux ou à l’action des gouvernements mais bien de les compléter. Se félicitant de ce que ses propositions du rapport du Millénaire “Nous les peuples” aient été si favorablement accueillies, le Secrétaire général déclare qu’il s’attend que les Etats tirent parti de l’occasion de l’Assemblée du millénaire pour passer résolument des bonnes intentions aux actes.

Abordant ensuite la question de la paix et la sécurité, le Secrétaire général explique la nature des menaces qui pèsent sur la paix et la sécurité a évolué depuis la fin de la guerre froide, passant de conflits internationaux à des guerres civiles, de la violation des frontières à la violation des droits des individus. Suscités auparavant par des dissensions idéologiques d’un monde bipolaire, les conflits ont aujourd’hui pour causes l’intolérance ethnique ou religieuse, l’ambition politique et la cupidité et sont souvent exacerbés par le trafic d’armes, de pierres précieuses et de drogues. Aujourd’hui, poursuit le Secrétaire général, tous ceux qui, à travers le monde, s’occupent de maintien de la paix, de rétablissement de la paix et de consolidation de la paix pour le compte de l’ONU se sont mis à resserrer encore leur collaboration avec les gouvernements, les autres organismes des Nations Unies, des organisations régionales, des ONG et le secteur privé, de façon à contribuer à poser les fondements nécessaires à la benne gouvernance et au règlement pacifique des différends entre les parties.

Le Secrétaire général indique aussi qu’il est ressorti des deux études sur les évènements au Rwanda et à Srebrenica certains enseignements clairs comme la nécessité pour les Etats Membres d’agir de concert, de déterminer clairement s’il convient de recourir au maintien de la paix ou à la coercition, de doter les missions des ressources adéquates et d’une capacité de dissuasion crédible, et d’améliorer les échanges d’information entre les Etats et le Secrétariat. Dans ce cadre, le Secrétaire général qualifie de point essentiel le respect par les Etats Membres et le Secrétariat de leurs rôles et responsabilités. Poursuivant, le Secrétaire général invoque son Rapport du Millénaire pour revenir notamment sur ce qu’il appelle “le dilemme de l’intervention”. Il remarque que reconnaître que de nombreux Etats ont formulé des réserves légitimes au sujet de l’intervention ne répond pas à la question de savoir si l’intervention humanitaire constitue une atteinte inadmissible à la souveraineté et comment réagir face à des situations comme celles du Rwanda ou de Srebrenica, devant des violations flagrantes, massives et systématiques des droits de l’homme. Parmi d’autres questions, le Secrétaire général évoque aussi la capacité de dissuasion dont doit nécessairement disposer l’ONU comme l’a montré la situation en Sierra Leone. Il renvoie, à cet égard, aux recommandations du groupe d’experts sur les opérations de maintien de la paix qui préconise la mise à la disposition de l’ONU d’un nombre plus élevé de soldats mieux équipés et mieux entraînés; le renforcement des capacités des pays en développement; et le recours plus efficace au système de moyens en attente de l’ONU.

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Dans le chapitre consacré aux missions humanitaires, le Secrétaire général revient notamment sur la question des ressources insuffisantes à laquelle l’ONU est confrontée. Il indique ainsi que pour l’instant, la réponse aux appels globaux interorganisations pour l’an 2000 demeure décevante. Au 30 juin 2000, seuls 34% du montant total des sommes nécessaires avaient été obtenus, soit un pourcentage moins élevé que les contributions annoncées à la même époque l’an dernier, et ce, alors que les appels sont notoirement mieux conçus. Il indique aussi que les appels globaux pour 2000 tenaient compte pour la première fois des besoins de sécurité, 8.5 millions de dollars étant demandés pour des activités liées à la sécurité dans des pays ou des régions. Le détail des besoins de sécurité sera désormais compris dans les appels globaux, indique le Secrétaire général. Il cite parmi les défis qu’il faudra relever au cours de l’année à venir, le sort des personnes déplacées; la tendance croissante à refuser pendant de longues périodes aux organismes à vocation humanitaire la possibilité d’accéder aux zones de conflit; et la protection des réfugiés et des opérations tendant à leur porter secours, celle des zones peuplées de réfugiés, celle des Etats déstabilisés par des mouvements massifs de population, et celle du personnel à vocation humanitaire. Le Secrétaire général indique, à cet égard, que le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR) mettra prochainement en train des consultations mondiales avec des représentants de haut rang des gouvernements et des spécialistes de la protection pour préciser les dispositions relatives à la protection des réfugiés dans les situations que la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés n'en prévoit pas expressément.

Au titre de la coopération au développement, le Secrétaire général fait remarquer que pour les Nations Unies, l’objectif le plus important doit demeurer l’élimination de la pauvreté et pour ce faire le moyen le plus efficace est la promotion d’une croissance durable et équitable qui, à son tour, suppose des marchés ouverts et des institutions stables offrant aux marchés le cadre légal et réglementaire nécessaire à leur expansion. Le Secrétaire général indique d’ailleurs qu’il a demandé au G-8 de s’engager à assurer la stabilité financière, de définir des politiques encourageant la croissance économique durable et favorable aux pauvres, de consacrer des investissements plus importants à la santé, à l’éducation et aux services sociaux, et d’inciter à une plus large ouverture au commerce, un meilleur accès aux marchés et une diffusion plus efficace de la technologie ainsi que des connaissances et de la capacité de les utiliser. Il a également demandé au G-8 de réaffirmer leur volonté d’enrayer le déclin de l’aide et d’atteindre les objectifs arrêtés au niveau mondial, à savoir consacrer 0,7% de leur PNB à l’aide publique au développement, 0,5% du PNB étant alloué aux pays les moins avancés.

Le Secrétaire général exprime aussi sa grave préoccupation devant la pandémie du sida qui se traduit par une crise de développement. Dans les pays les plus touchés, dit-il, elle détruit le tissu économique et social, inversant la tendance à la baisse de la mortalité observée pendant des années et provoquant une augmentation marquée des taux de mortalité chez les jeunes adultes. Selon les estimations, il y avait dans le monde, à la fin de 1999, 34,3 millions d’adultes et d’enfants séropositifs ou malades du sida et l’épidémie aurait fait au total 18,8 millions de victimes. Citant le dernier Rapport sur l’épidémie mondiale du VIH/sida, publié par ONUSIDA en juin 2000, le Secrétaire général indique qu’il y aurait eu 5,4 millions de nouveaux cas d’infection en 1999 et le nombre d’enfants rendus orphelins par le sida aurait atteint 13,2 millions.

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Face à cette situation, le Secrétaire général a lancé un appel au Sommet du Millénaire pour qu’il adhère à l’objectif de réduire de 25% d’ici l’an 2005 les nouveaux cas d’infection parmi les personnes de 15 à 24 ans dans les pays les plus gravement touchés. Il a engagé le Sommet à faire également sien l’objectif visant à assurer à au moins 90% des jeunes l’accès à l’information, à l’éducation et aux services nécessaires pour se protéger du VIH d’ici à 2005 et à au moins 95% d’entre eux d’ici à 2010. Cette partie du rapport s’achève sur la nécessité de combler le fossé numérique et une description des activités de l’ONU en Afrique.

Abordant le chapitre de l’ordre juridique et des droits de l’homme, le Secrétaire général indique que la capacité de l’ONU de maintenir un code des droits de l’homme continue de se renforcer sur les plans international et national et, les stratégies mises au point par le Haut Commissaire aux droits de l’homme en vue de promouvoir la coopération avec des organisations régionales et sous-régionales et avec les institutions financières internationales y sont pour beaucoup. Le Haut Commissaire a resserré ses liens avec le Département des opérations de maintien de la paix, ce qui a permis de renforcer l’efficacité des missions des Nations Unies. Citant des éléments nouveaux, le Secrétaire général annonce la création d’une instance permanente sur les questions autochtones en tant qu’organe subsidiaire du Conseil économique et social et l’adoption par la Commission des droits de l’homme de deux résolutions sur la bonne gestion des affaires publiques et les droits fonciers des femmes. Parmi les défis, le Secrétaire général dit que la traite de femmes et d’enfants est un sujet de grave préoccupation. De même, les droits des migrants, des minorités et des peuples autochtones sont souvent violés, et le racisme et la xénophobie continuent de menacer la dignité, la paix et la sécurité d’un grand nombre de personnes. Terminant ce chapitre sur la nécessité de promouvoir la primauté du droit dans les affaires étrangères, le Secrétaire général indique que les traités étant l’une des deux principales sources de droit international, il a décidé de lancer à l’occasion du Sommet du Millénaire, une campagne pour encourager les Etats Membres à signer les 517 traités dont il est dépositaire.

Terminant sur la nécessité de gérer le changement, le Secrétaire général indique que si l’ONU veut bénéficier d’un vaste soutien à l’échelon mondial, elle doit communiquer efficacement et en temps réel. En 2000, le Département de l’information a pris une série de mesures novatrices et a initié notamment la campagne “Les Nations Unies travaillent pour tous” menée au niveau du système pour expliquer comment l’ONU s’attaque aux principaux problèmes du XXIe siècle. La fréquentation du site Web de l’ONU continue de s’accroître à un rythme extraordinaire : le nombre de connexions dépassent maintenant 400 millions par an. Par ailleurs, le nombre des opérations de maintien de la paix continuant d’augmenter en même temps que leur ampleur, le besoin d’informer le public et de communiquer avec les populations locales s’est accru en conséquence. L’information a tenu une place déterminante au Kosovo et au Timor oriental, et pour ce qui est des nouvelles missions, le Département joue un rôle actif dès le départ. Grâce à la création d’équipes d’information prêtes à être déployées rapidement dans les nouvelles missions, l’ONU est mieux à même de réaliser ses objectifs sur le terrain.

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Le succès des importantes nouveautés qu’a entreprises le Département de l’information dépendra, prévient le Secrétaire général, de la mesure dans laquelle le Secrétariat pourra résoudre les problèmes d’adaptation que pose la révolution numérique. Le but est de mettre en place une infrastructure télématique qui permette à l’Organisation de transmettre du texte, des images et du son presque n’importe où dans le monde. De gros investissements seront nécessaires si l’on veut éviter que l’ONU ne se retrouve marginalisée dans le nouveau monde de l’information. Des investissements sont également nécessaires pour le remplacement de l’infrastructure de communications décrépite du Siège dont une grande partie est vieille de 50 ans.

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