En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/7941

SANS DEVELOPPEMENT, ON NEPOURRA NI PREVENIR LES CONFLITS NI INSTAURER LA PAIX, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

11 septembre 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7941


SANS DEVELOPPEMENT, ON NEPOURRA NI PREVENIR LES CONFLITS NI INSTAURER LA PAIX, DECLARE LE SECRETAIRE GENERAL

20000911

On trouvera ci-après, le texte du discours liminaire prononcé aujourd’hui par le Secrétaire général, M. Kofi Annan, à la réunion ministérielle sur le Programme des Nations Unies pour le développement:

Permettez-moi tout d'abord de remercier Monsieur Kavan pour ses paroles aimables et la contribution inestimable qu'apporte son pays à la tête du Conseil d'administration du PNUD.

Je tiens aussi à vous remercier tous d’assister à la réunion d’aujourd’hui. Cette période de l’année est chargée pour chacun d'entre nous. Votre présence démontre non seulement l’intérêt que vous portez aux questions de développement, mais aussi l’importance que vous attachez au rôle des Nations Unies dans le développement.

Cela est bien. Le développement a toujours été l’une des priorités de l’Organisation. Même si la Charte n’exige pas que nous oeuvrions pour le développement, je pense que nous n’avons pas le choix car, sans développement, nous ne pourrions remplir les autres aspects de notre mission.

Sans développement, en effet, nous ne pouvons ni prévenir les conflits ni instaurer la paix. Sans développement, les peuples ne peuvent jouir de leurs droits fondamentaux de manière effective. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle nous concevons maintenant le développement comme constituant en soi l’un de ces droits. Sans développement, il n’y aura pas non plus de justice dans le monde et il est improbable que les peuples privés de leurs droits pratiquent “la tolérance et vivent en paix l’un avec l’autre”.

Tout cela est généralement admis. Ce qui est peut-être plus controversé, c'est la participation active de l’ONU aux efforts de développement déployés quotidiennement dans les pays, engagement qui est évidemment la raison d’être du PNUD.

D’aucuns pensent peut-être que l’ONU devrait se limiter à définir les normes de développement, ou à encourager et à coordonner des études sur la théorie du développement. Ils pensent peut-être que nous devrions laisser l’aspect pratique aux gouvernements nationaux, au secteur privé et à des organisations plus spécialisées et - oserais-je le dire - mieux financées, comme la Banque mondiale.

Nous commettrions certainement une grave erreur si nous tentions de rivaliser avec un quelconque de ces organismes ou de nous substituer à eux. Mais ce n’est pas l’objectif du PNUD.

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Jusqu’à une date récente, nous avons peut-être trop souvent concentré nos efforts sur le financement et la gestion des projets, et tenté parfois d’accomplir un trop grand nombre de tâches par nous-mêmes. Mais cela a changé. Nous avons maintenant une idée beaucoup plus claire de notre rôle spécifique.

En fait, le PNUD a engagé un processus de réformes radicales, qui n’est pas encore achevé. Les résultats que nous avons obtenus sont encore inégaux. Lors de mes voyages autour du monde, je rencontre des Représentants résidents qui sont brillants, quels que soient les critères retenus, et d’autres qui sont plus faibles. Tous pratiquement, quelles que soient leurs qualités personnelles, sont entravés dans leurs efforts par le manque de ressources, situation regrettable à laquelle, je l’espère, vous déciderez de mettre fin. L’administration solide que Mark Malloch Brown met actuellement en place reflète vos souhaits. Elle requiert et mérite l’appui de tous.

Désormais, les projets que nous entreprendrons nous-mêmes auront de plus en plus un caractère pilote ou incitatif, ce qui signifie qu’ils auront pour objet de tester quelque chose de nouveau ou, en montrant ce qui peut être réalisé grâce à une approche donnée, de convaincre qu'il vaut la peine d'investir dans ce type de projets.

Nous ne dirons pas à un pays que nous pouvons régler ses problèmes ou que nous pouvons lui fournir les ressources nécessaires pour arracher sa population à la misère. Notre objectif est d’aider les pays à trouver par eux-mêmes les moyens de régler leurs problèmes, et à attirer ou à mobiliser les ressources dont ils ont besoin.

Les pays souhaitent-ils recevoir ce type d’aide ou de conseils? Il ne m’appartient sans doute pas de répondre à cette question en présence d’un si grand nombre de ministres de pays en développement. Vous y répondrez vous-mêmes.

Mais je peux vous dire ce que j’ai entendu dans de nombreuses capitales nationales, et ce que nous entendons souvent également dans les centres régionaux et locaux où le PNUD effectue une grande partie de son travail le plus important.

Ce que nous entendons est ceci : « Oui, c’est précisément ce type d’assistance et de conseils que nous attendons du PNUD, et nous souhaitons qu’il intensifie ses efforts dans ce domaine. »

En fait, dans de nombreux pays à revenu intermédiaire, les gouvernements sont prêts à payer pour obtenir ce type d’aide. Au Brésil, par exemple, la majeure partie des fonds dépensés par le PNUD vient des contribuables. Le Gouvernement fédéral de ce pays, de même qu’un nombre croissant de gouvernements nationaux, recourt aux services du PNUD parce qu’ils offrent un bon rapport qualité-prix.

Certains d’entre vous, dans le Nord, penseront sans doute : « Cela est très bien; si le PNUD est si efficace et compétitif, pourquoi ne pas le laisser devenir un consultant privé dans ces pays? ». Mais il ne s’agit pas de cela. Il faut comprendre les raisons pour lesquelles les services du PNUD sont si appréciés.

- 3 - SG/SM/7941 11 septembre 2000

Cela est dû en partie au fait que le PNUD est un réseau universel, présent dans presque tous les pays en développement. Il est de ce fait très bien placé pour dire quelles sont les méthodes qui donnent de bons résultats et quelles sont celles qui sont inefficaces, quels sont les problèmes que risque de susciter l’adoption d’une politique particulière, et comment ces problèmes peuvent être contournés.

Le PNUD peut aider les pays d’Amérique latine à recruter des experts et des consultants d’Asie du Sud-Est et inversement.

A l’ère de la mondialisation, où la situation évolue très rapidement et où des choix doivent être faits à très bref délai, les pays ont, plus que jamais, besoin de ce type d’aide et de conseils. Comme l’a récemment déclaré un journaliste asiatique de renom, la mondialisation ressemble à un train express qui ne s’arrête qu’aux gares où le quai est suffisamment élevé pour que les passagers puissent monter.

Pour les pays, cette plate-forme comprend l’éducation, la technologie - en particulier, aujourd’hui, les technologies de l'information - les infrastructures et la bonne gouvernance, condition nécessaire aux progrès dans tous ces domaines.

Je sais, vous êtes fatigués d’entendre ce mot. Je n’ai pas non plus pour lui une prédilection particulière. Mais ce qu’il représente est d’une très grande importance. La bonne gouvernance comprend la primauté du droit, le bon fonctionnement des institutions publiques, la transparence et la responsabilité dans la gestion des affaires publiques, le respect des droits de l’homme et la participation de tous les citoyens aux décisions qui concernent leurs vies.

Les populations qui accèdent à cette plate-forme auront la possibilité de monter dans le train de la mondialisation en direction d’un avenir meilleur. Celles qui n’y ont pas accès seront laissées en arrière ou risqueront même d’être écrasées par le train qui avance à toute allure.

La construction d’une telle plate-forme est une responsabilité redoutable pour les gouvernements. Un grand nombre d’entre eux estiment qu’ils n’ont pas le choix. En fait, il y a des choix très importants à faire, mais ils doivent être faits en connaissance de cause et se fonder sur une analyse claire; et ils ne peuvent souvent être mis en oeuvre qu’avec une aide extérieure.

Et c'est là qu’intervient le PNUD, avec son expertise et son immense réseau de contacts. Il peut, par exemple, aider les pays à combler le « fossé numérique », et à accéder à la nouvelle économie mondiale en les mettant en contact avec divers partenaires mondiaux, tant publics que privés.

Le PNUD est particulièrement bien placé pour aider les pays car il est au coeur du système des Nations Unies. Comme vous le savez, le Représentant résident du PNUD dans chaque pays est également chargé de coordonner les activités des représentants locaux de l’UNICEF, du Fonds des Nations Unies pour la population, du Programme alimentaire mondial, de l’Organisation mondiale de la santé et du Haut Commissariat aux droits de l’homme.

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De plus en plus souvent, les bureaux de pays de tous ces organismes sont installés dans le même bâtiment - la « Maison des Nations Unies » -, comme ici à New York, ils sont tous représentés au sein du Groupe des Nations Unies pour le développement présidé par Mark. Cet effort visant à renforcer la cohérence des travaux du système des Nations Unies dans le monde entier est au coeur de mon programme de réformes. Je compte sur le PNUD pour jouer un rôle de premier plan et coordonner les activités des différents organismes.

Mais les organismes, fonds et programmes ne sont pas tous représentés dans chaque pays, ce qui rend la présence du PNUD d’autant plus importante.

Dans de nombreux pays, le bureau du PNUD représente le point de contact indispensable pour l’ensemble du système des Nations Unies. C'est très important pour l’ONU - et, je peux le dire, pour moi personnellement. Cela signifie que j’ai un représentant dans presque tous les pays, ce qui est extrêmement utile.

Plus important, ces bureaux sont très appréciés par les pays eux-mêmes. Je me suis rendu récemment dans deux des pays en transition les plus dynamiques d’Europe centrale. Ces pays ne remplissent plus réellement les conditions requises pour bénéficier d’une aide au développement mais tous deux m’ont demandé de ne pas laisser Mark fermer les bureaux du PNUD dans leurs capitales respectives.

Je leur ai répondu que l’idée ne me viendrait pas d’intervenir dans ses décisions sur une telle question, notamment parce que je sais que les ressources sont très limitées. Mais je dois dire que j’espère que le PNUD pourra maintenir sa présence, même dans ces pays, non pas tant pour ce qu’il leur offre que pour ce qu’ils peuvent lui offrir. Leur expérience du passage de l’économie planifiée à l’économie de marché est riche d’enseignements dont d’autres pays peuvent profiter; et le PNUD est un intermédiaire idéal pour transmettre ces connaissances.

Les faits parlent d’eux-mêmes, Mesdames et Messieurs : les populations des pays en développement ont confiance dans le PNUD. Qu’il s’agisse des Mozambicains qui luttent pour reprendre la voie du développement après la catastrophe causée par les crues du début de l’année ou des Libanais qui s’efforcent d’accélérer la reconstruction dans le sud de leur pays, après 22 années d’occupation israélienne, tous demandent au PNUD de les aider à mobiliser l’appui de la communauté mondiale.

À ce sujet, j’ai noté avec satisfaction que le Groupe d’experts sur les opérations de maintien de la paix des Nations Unies, qui a publié un rapport le mois dernier, avait mentionné le PNUD comme disposant d’un potentiel inexploité dans le domaine de la consolidation de la paix après les conflits. Il a indiqué que c’était l’organisme le mieux placé pour montrer la voie dans ce domaine, en coopération avec d’autres organismes des Nations Unies et la Banque mondiale.

En fait, dans les situations d’après conflit, il y a souvent une période de 6 à 18 mois pendant laquelle les pays affectés auraient besoin d’une intervention plus importante que l’assistance humanitaire en attendant la mise en place de programmes de relèvement à grande échelle financés par la Banque mondiale ou l’Union européenne. Les événements qui surviennent pendant cette période déterminent souvent si la paix a des chances de s'installer durablement ou si, au contraire, il faut craindre une reprise des hostilités. Il est donc crucial que nous comblions ce fossé. Et le PNUD est doté de moyens exceptionnels pour cette tâche.

- 5 - SG/SM/7941 11 septembre 2000

Les raisons pour lesquelles les pays sollicitent l’intervention du PNUD sont donc nombreuses. Mais la raison principale est que le PNUD n’a pas pour objectif de promouvoir les intérêts de certains donateurs, ni d'ailleurs des donateurs en général. Son seul parti pris est un parti pris en faveur du développement, le désir de faire en sorte que les populations défavorisées des pays pauvres aient une chance d’échapper à leur pauvreté et de développer pleinement leur potentiel en tant qu’êtres humains. Excellences,

J’espère avoir exposé clairement les raisons pour lesquelles le PNUD occupe une place centrale dans la mission globale des Nations Unies et pourquoi cet organisme est si important pour moi personnellement. Par l’intermédiaire du PNUD, l’ONU est présente dans le monde entier et la communauté mondiale peut voir qu’elle traite les problèmes réels auxquels sont confrontés la grande majorité des peuples.

L’activité du PNUD n’a jamais été aussi importante. Le Programme ne sera jamais mieux organisé pour accomplir sa tâche que lorsque la réforme en cours aura pris pleinement effet. Jamais il n’a eu autant besoin de votre soutien, ni mérité vos avis bienveillants.

J’applaudis l’initiative prise par Mark de vous réunir ici et je vous remercie à nouveau de votre présence. J'espère que vos travaux permettront de récueillir de nombreuses idées créatives et de susciter un engagement renouvelé.

Je vous remercie.

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