SG/SM/7535

L'ACTIVITE DE L'ONU NE PEUT SE SUBSTITUER A LA VOLONTE DES PARTIES AU CONFLIT DE PARVENIR A UN REGLEMENT PACIFIQUE, SOULIGNE M. KOFI ANNAN

7 septembre 2000


Communiqué de Presse
SG/SM/7535


L’ACTIVITE DE L’ONU NE PEUT SE SUBSTITUER A LA VOLONTE DES PARTIES AU CONFLIT DE PARVENIR A UN REGLEMENT PACIFIQUE, SOULIGNE M. KOFI ANNAN

20000907

On trouvera ci-après le texte intégral de l’allocution prononcée aujourd’hui par le Secrétaire général, à l’ouverture de la Réunion au Sommet de Chefs d’Etat et de Gouvernement du Conseil de sécurité :

C'est un honneur pour moi de vous accueillir aux Nations Unies pour cette réunion historique du Conseil de sécurité. Vous êtes venus à New York pour participer au Sommet du millénaire, au cours duquel nous allons nous efforcer de donner un nouvel élan à l'Organisation des Nations Unies pour le siècle qui commence.

Dire que dans le monde entier tous les yeux sont tournés vers vous, c’est à la fois dire trop peu et dire trop. Trop peu, parce que les décisions de ce Sommet du Conseil de sécurité pourraient avoir un retentissement sur l’avenir des générations futures. Trop, parce que de nombreux hommes et femmes de la génération actuelle ont perdu confiance en la capacité des Nations Unies de rétablir la paix.

Cette contradiction reflète ce qui est, à mon sens, une crise de crédibilité à laquelle le Conseil – tout comme l’Organisation elle-même – doit faire face et qui touche à sa responsabilité la plus importante : le maintien de la paix et de la sécurité. Trop de populations vulnérables dans trop de régions du monde hésitent à faire appel aux Nations Unies lorsqu’elles ont besoin d’aide. Les résolutions et les déclarations, quel qu’en soit le nombre, ne peuvent rien changer à cet état de choses, seule l’action le peut : une action rapide, concertée et efficace, menée avec compétence et discipline pour faire cesser les conflits et rétablir la paix. Ce n'est qu'en agissant ainsi que l'Organisation des Nations Unies pourra rétablir sa réputation, celle d'une force crédible au service de la paix et de la justice.

Les engagements que vous allez prendre ne sont nulle part plus urgents et plus nécessaires que sur le continent africain où des millions de personnes subissent quotidiennement les ravages de la guerre. Je suis par conséquent heureux que vos délibérations d'aujourd'hui soient axées sur l’Afrique.

Lorsque cela est possible, nous devons nous montrer déterminés à agir préventivement, avant qu’une crise n’atteigne le point de non-retour.

En cas d’échec, et lorsque le Conseil a recours à des sanctions, il doit faire preuve à la fois de volonté et de sagesse pour faire en sorte que les sanctions soient effectivement appliquées, mais aussi qu'elles atteignent la cible visée sans infliger inutilement des souffrances à des populations innocentes.Lorsque nous sommes priés de déployer une opération de maintien de la paix, nous devons veiller à ce qu’elle ait un mandat clair et réalisable, qu’elle ait les moyens de se défendre et de défendre son mandat, et qu’elle soit autorisée à le faire.

Lorsque toutes les autres tentatives ont échoué et que seule une intervention armée peut sauver des populations du génocide ou de crimes contre l’humanité, le Conseil doit, là aussi, faire preuve de volonté et de sagesse pour affronter le dilemme angoissant que les cas de ce genre posent à la conscience du monde.

Dans tous ces cas cependant, prendre la décision d’agir n’est qu’un premier pas, aussi essentiel soit-il. Il est aussi indispensable d’avoir les moyens d’agir – et de le faire efficacement et de façon décisive. Nous savons tous que trop souvent, lors des opérations de maintien de la paix de ces dix dernières années, le chemin de l’échec était pavé de bonnes intentions et de mandats inadéquats. Nous savons tous que les soldats de la paix ont souvent été chargés de missions complexes alors qu'ils ne disposaient pas des moyens nécessaires - formation, matériel, force bien structurée ou pouvoirs - pour les mener à bien. Nous savons tous que le moment est venu de faire en sorte que l'Organisation soit réellement en mesure d'accomplir sa mission en faveur de la paix.

En mars dernier, j'ai demandé à un groupe de personnes éminentes ayant une longue expérience des missions de maintien et de consolidation de la paix, d'élaborer des recommandations franches et réalistes pour vous aider, ainsi que tous les autres Membres à accomplir cette tâche essentielle. Vous êtes saisis de leur rapport et je me suis déjà engagé à effectuer les changements dont la responsabilité m’incombe. J’espère sincèrement que vous ferez de même.

L’Organisation des Nations Unies et ses soldats de la paix ne peuvent résoudre chaque crise ou conflit, ni intervenir chaque fois qu’une vie humaine est menacée. L’activité des Nations Unies en faveur du maintien de la paix ne peut non plus se substituer à la volonté politique des parties de parvenir à un règlement pacifique. Mais dans les cas où la solution dépend de nous – lorsque seules notre universalité et notre légitimité uniques peuvent aider un peuple blessé et abandonné à retrouver la paix et la dignité – nous devons disposer des moyens nécessaires pour agir de sorte que la vie l’emporte sur la mort. C’est de vous que le monde entier attend une réponse.

Je voudrais terminer en répétant devant ce Conseil ce que j'ai dit hier à tous les Etats Membres : la sécurité du personnel des Nations Unies dans les missions humanitaires et de maintien de la paix nous préoccupe tous au plus au point. L'attaque mortelle lancée hier contre des membres du personnel de l'ONU au Timor occidental souligne à nouveau les dangers auxquels doivent faire face les hommes et les femmes, militaires et civils, qui travaillent sur le terrain au service des Nations Unies, c'est-à-dire dans le cadre de missions décidées par ce Conseil. Permettez-moi d'insister sur la responsabilité qu'a le Conseil de sécurité d'accorder toute son attention à cette question. Ensemble, nous devons veiller à ce que le personnel jouisse de la sécurité nécessaire pour pouvoir s'acquitter de ses tâches.

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