TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 5 SEPTEMBRE 2000
Communiqué de Presse
SG/SM/7525
TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE TENUE PAR LE SECRETAIRE GENERAL, M. KOFI ANNAN, AU SIEGE DES NATIONS UNIES, LE 5 SEPTEMBRE 2000
20000905 M. Eckhard (interprétation de langlais) : Le Secrétaire général de lONU.Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Bonjour, Mesdames et Messieurs. Je suis très heureux de vous voir si nombreux ici. Je crois que votre présence montre bien lintérêt mondial porté au Sommet du Millénaire. Cest surtout, et cest plus important, le témoignage des espérances et des attentes de millions dêtres humains dans le monde, des attentes qui ne peuvent être satisfaites que par leurs dirigeants, réunis ici cette semaine.
Cest un moment décisif pour les dirigeants du monde et pour lOrganisation des Nations Unies. Comme instance mondiale unique, et en tant quinstrument indispensable pour le progrès mondial, lOrganisation des Nations Unies doit se montrer à la hauteur de ce moment. Le Sommet offre une chance réelle aux dirigeants du monde de faire de lOrganisation des Nations Unies un serviteur plus efficace des peuples du monde. Je ne fais pas dillusions quun simple sommet pourrait en soi changer le monde, mais je crois que la présente réunion constituera une occasion exceptionnelle permettant aux dirigeants de renouveler notre mission et notre but. Et nous avons fait de notre mieux pour leur fournir un programme daction, une instance de prise de décisions et le moyen dévaluer les progrès accomplis tandis que nous avançons.
Lorsque jai proposé le présent Sommet, en 1997 déjà, mon intention était de rassembler le pouvoir symbolique du Millénaire en le rapprochant des besoins réels et urgents des gens partout dans le monde. Au cours des trois dernières années, les événements mondiaux nont fait que renforcer ma conviction quil est décisif pour les États Membres de se réunir au niveau le plus élevé pour donner une direction au nouveau siècle.
Les conflits en Afrique et ailleurs ont mis en lumière la nécessité de renforcer les opérations de maintien de la paix de lONU en leur permettant de réussir dans des lieux où aucune autre organisation ne peut ni ne veut agir. Le rapport Brahimi contient des idées très fortes en faveur du changement, et jai déjà commencé à appliquer les recommandations qui relèvent de mon autorité. Les peuples du monde se tournent vers leurs dirigeants pour quils en fassent autant.
La pauvreté même à lheure de la mondialisation est une réalité affreuse pour des milliards dêtres humains. Leur permettre de se soustraire à la pauvreté reste notre plus haute priorité au même niveau que la tâche de maintien de la paix, avec des liens inséparables entre ces deux tâches. Nous avons proposé des idées nouvelles pour réduire la pauvreté extrême dici à 2015, et nous réexaminons nos propres stratégies de développement pour mettre laccent sur la croissance et la gouvernance. Les peuples du monde se tournent vers leurs dirigeants pour quils traduisent les engagements du passé en mesures concrètes.
Ce ne sont là que deux défis parmi les très nombreux défis que lOrganisation des Nations Unies devra traiter du fait de sa Charte. Cest aux dirigeants qui se réuniront au Sommet quil appartiendra de déterminer comment nous le ferons et par quels moyens. Ils décideront si nous pourrons répondre aux attentes du monde, et si nous le ferons avec imagination, avec efficacité, avec succès.
Et maintenant, je vais répondre à vos questions.
Question (interprétation de langlais) : Je vous souhaite la bienvenue, Monsieur le Secrétaire général, au nom des correspondants de lAssociation des journalistes accrédités auprès de lONU. Nous vous félicitons et nous vous souhaitons tout le succès pour le Sommet.
Ma première question est la suivante : Compte tenu des efforts des dirigeants des nations et des organes de lOrganisation des Nations Unies, et de votre contribution remarquable pour orienter ces efforts et ainsi ramener lOrganisation des Nations Unies à lépicentre de la politique mondiale, que pensez-vous faire pour rendre ces efforts encore plus transparents?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Je crois que depuis que je suis devenu Secrétaire général, jai essayé douvrir lOrganisation. Je me suis efforcé de créer une transparence à lintérieur de lOrganisation des Nations Unies elle-même pour que les différentes parties du système coopèrent beaucoup plus étroitement ensemble. En outre, jai ouvert la porte à la société civile, aux fondations et aux universités, je les ai encouragées à travailler en étroite collaboration avec nous pour attaquer certaines questions que nous affrontons aujourdhui. À lavenir, je crois quil y aura de plus en plus douverture de la part de lOrganisation des Nations Unies vers le monde extérieur. Évidemment, nous devons continuer à nous ouvrir de plus en plus. Je pense que nous vous fournissons plus dinformations, davantage de dialogue et nous allons continuer dans cette voie.
Question (interprétation de langlais) : Je suis ici en tant que représentant dune organisation à but non lucratif basée à New York. Jécris également pour un journal.
Vous avez tenu une réunion sur les technologies de linformation. Que compte faire lOrganisation des Nations Unies pour combler le fossé numérique entre les riches et les pauvres? Il me semble que cela revient à une question déconomie : seuls les gens qui ont les moyens dacheter des ordinateurs peuvent les utiliser. Comment lOrganisation compte combler la fracture numérique?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Dans le rapport du Millénaire, nous avons formulé des propositions très concrètes. Nous avons aussi établi un corps de Volontaires de lOrganisation des Nations Unies qui enverra des jeunes des pays développés et en développement vers le tiers monde pour tenter de partager leurs connaissances en technologie informatique avec les pays en développement. En outre, nous encourageons les gouvernements, le secteur privé et les organisations non gouvernementales à collaborer avec nous afin de rendre ces connaissances disponibles. Nous encourageons également les gouvernements à promouvoir le transfert des connaissances qui peuvent réellement faire une différence. Non seulement cela peut produire un changement, mais cela est susceptible daider les pays du tiers monde à éviter certains des processus douloureux et des étapes difficiles que les autres pays ont dû traverser.
Question (interprétation de langlais) : Je suis le correspondant de Earth Times. Nous avons un forum mondial qui se poursuit à travers la ville. À travers le monde, il y a tant de forums qui affirment « nous allons rassembler toutes les parties prenantes au débat sur la mondialisation ».
Comment allez-vous pouvoir convaincre les dirigeants du monde quils doivent canaliser des fonds par le biais de lONU? En dautres termes, comment allez-vous démontrer aux dirigeants que lONU continue dêtre une tribune essentielle et un organe capable de mettre en oeuvre le développement?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : En premier lieu, permettez-moi de vous signaler que le fait quils arrivent ici, cette semaine, en si grand nombre montre quils considèrent lONU comme une tribune essentielle et indispensable.
Nous faisons des efforts pour encourager et pour insister auprès des gouvernements afin quils fournissent davantage daide au développement. Nous encourageons également les investissements privés directs. Nous encourageons le renforcement des institutions à léchelon local. Et je voudrais ajouter ici que je ne crois pas que lONU doit être vue comme faisant tout elle-même ni quelle devrait essayer de tout faire elle-même. Les questions vont de lélimination de la pauvreté à la lutte contre le sida en passant par la protection de lenvironnement, et ces questions exigent la participation de tous.
Ni les gouvernements, ni lONU ne peuvent travailler en vase clos. Cest pour cela que nous voulons encourager les organisations internationales, les gouvernements, le secteur privé, les organisations non gouvernementales et les fondations à agir en partenariat afin dexercer une pression collective sur tous ces problèmes. Et je crois que les peuples et les gouvernements commencent à comprendre cela, cest une responsabilité qui incombe à tous. Nous allons jouer un rôle catalyseur. Nous allons faire pression. Nous allons soulever les problèmes. Nous allons utiliser le peu de ressources dont nous disposons, mais tout le monde doit contribuer.
Question (interprétation de langlais) : Au début, vous avez parlé de « mettre fin à un siècle de cruauté et de destruction et dinaugurer un millénaire de paix et despérance ». Que répondez-vous aux cyniques qui disent que depuis les temps bibliques, nous parlons de mettre fin à la cruauté et dinstaurer la paix sans y parvenir, que leur répondez-vous?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Je leur répondrai que nous devons continuer à faire des efforts de plus en plus intenses et que le fait que nous ayons connu les guerres et la cruauté ne veut pas dire que nous ne devons pas continuer à essayer. De même, le fait quil y a toujours eu des pauvres ne signifie pas que nous ne devons pas tenter daméliorer leur sort. Daucuns ont dit que je suis un rêveur mais sans rêve, il ny pas moyen de faire quoi que ce soit.
Je crois que ces grandes questions très graves exigent précisément de chacun dentre nous de contribuer. Cest pour cela que je demande aux dirigeants du monde de faire beaucoup plus que dadopter un plan daction. Je leur dis que jattends deux quils retournent dans leur pays et passent à laction.
Question (interprétation de langlais): Croyez-vous donc que les rêves dans ce cas sont réalistes?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Cest au moins un début. Je ne pense pas quil sagisse dutopies. Ce ne sont pas des rêves utopiques parce que nous avons les moyens. Nous avons les compétences et les capacités. Il faut seulement de la volonté. Dans ce sens là, je suis réaliste, non pas utopique. La volonté est la seule chose qui manque, et je compte sur vous tous pour transmettre ce message.
Question (interprétation de langlais) : La question est en deux parties, je sais que vous ne pourrez pas très bien répondre à la deuxième partie.
La première partie de la question concerne le projet de déclaration du Sommet : De toute évidence, vos initiatives y ont été appuyées. Quand est-ce que cela se traduira en action concrète et combien cela coûtera-t-il?
La deuxième partie de ma question est la suivante : Dans vos consultations avec les gouvernements, a-t-on parlé de votre deuxième mandat et dans laffirmative, dans quel sens?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Je prendrais la première question.
On nous a offert un très large appui et je suis heureux que les recommandations aient pour base le rapport que jai présenté, la plupart des recommandations que jai faites ont été acceptées et on a ajouté des suggestions. Jespère, comme je lai déjà dit, quils reprendront aussi le programme daction qui sera mis aux voix ici le 8 septembre et qui sera traité très sérieusement quand ils rentreront chez eux car ce nest pas la peine de convenir ici de lutter contre la pauvreté quitte à rentrer chez soi ensuite pour dire : cela appartient à lONU. Voilà pourquoi jai dit que chacun doit accepter un programme de lutte contre la pauvreté, un programme dallégement de la pauvreté, un programme daide plus grande à lélimination de la pauvreté, un programme destiné à accélérer lallégement de la dette, pour que les pauvres ne soient pas accablés par le paiement de la dette. Chacun a une responsabilité à honorer et jespère que nous ferons le nécessaire.
Sagissant de votre deuxième question, très franchement, je ne lattendais pas aussi vite à la conférence de presse, mais puisque vous avez posé la question, je commencerai par dire que ce nest pas la question la plus importante dans mon esprit; ce nest pas ma préoccupation première. Mais très franchement, en temps utile, je devrais dire au Conseil et à tous les États Membres si je suis prêt à envisager un deuxième mandat, ce nest pas une décision facile, vous le comprendrez. Cest une décision personnelle difficile dont je devrais parler avec ma femme, ma famille et mes amis. Mais en temps voulu, je ferai connaître mon intention. Merci.
Question : Le rapport Brahimi préconise des mesures extrêmement sévères qui, si vous les appliquez, risquent de déplaire à bon nombre dÉtats Membres. Comment allez-vous faire dans ces conditions?
Le Secrétaire général : M. Brahimi a soumis un rapport compétent et très clair. Jespère que les États Membres vont laccepter. Je vais essayer de les convaincre daccepter les recommandations du rapport Brahimi, et de les mettre en
application. Parce que le moment est venu de décider que si on fait des opérations de maintien de la paix, on les fait efficacement. Autrement on na quà se croiser les bras. Ce qui est sûr, cest quon ne peut pas continuer à travailler comme on le fait en ce moment.
Question (interprétation de langlais) : Six ans après les événements dHaïti, la question persiste; une question qui a coûté trois milliards de dollars aux contribuables américains. Le Président sera ici. Vous allez lui parler. Quallez-vous lui dire?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Je vais parler au Président Préval. Je vais lui parler de la situation en Haïti. Je compte lui faire part de la déception que nous ressentons tous quil ny ait pas plus de progrès en Haïti. Je lui parlerai de la nécessité de trouver des moyens de faire avancer la situation. Je suis aussi déçu que votre question le laisse entendre que nous nayons pas fait plus, que nous ne soyons pas allés plus loin en Haïti. Il y avait beaucoup de promesses et despérances.
(Le Secrétaire général parle en français)
Disons que je suis un peu déçu; on a fait beaucoup defforts. Le peuple haïtien a besoin de la paix, il a beaucoup souffert. Jespère que les leaders haïtiens vont se mettre ensemble et trouver une solution entre eux, avec la communauté internationale, pour apaiser le pays et trouver une solution pacifique pour permettre à la société daller de lavant dans le domaine économique et social.
Question (interprétation de langlais) : On parle tellement de démocratiser la façon dont lOrganisation des Nations Unies prend ses décisions, surtout au niveau du Conseil de sécurité. Est-ce que cela va se passer maintenant?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Je suis certain que les chefs dÉtat réunis ici parleront dune réforme du Conseil de sécurité. Selon certaines indications, il y a des pays qui voudraient aller plus loin. Le Gouvernement britannique a fait une déclaration hier. Le Gouvernement des États- Unis, par le truchement de M. Holbrooke, a également indiqué une certaine souplesse. Je crois que les débats continueront au Sommet mais je ne peux pas être sûr quil y aura un règlement au moment du Sommet. Nous allons peut-être faire des progrès mais nous narriverons pas à un accord durant le Sommet. Il faudra continuer de travailler au cours de lannée prochaine.
Question (interprétation de langlais) : Deux questions difficiles. Dune part, les signes de rapprochement entre lIran et les États-Unis ... [inaudible] qui apparaissent aujourdhui en la présence de Mme Albright et [inaudible] organisation [inaudible]. Je sais que vous tenez beaucoup à jouer un rôle en vue dun rapprochement. Allez-vous assumer un rôle au niveau du Président Clinton et du Président Khatami? Que pensez-vous de ce rapprochement?
En second lieu, vous avez vu M. Barak hier. Pouvez-vous nous dire si vous avez des raisons dêtre optimiste quant à la réunion bilatérale de demain, le règlement de la question de Jérusalem, et avez-vous un rôle particulier à cet égard?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Pour ce qui est du rapprochement entre les États-Unis et lIran, je voudrais voir cela se faire. Jai toujours encouragé le dialogue entre les nations. Je ne crois pas quil faille isoler les nations ni les laisser sisoler. Cela ne résout pas les problèmes que nous cherchons à régler, et je crois quil est bon aussi quaujourdhui nous ayons une conférence sur le dialogue des civilisations, et il a été remarquable de voir le nombre de chefs dÉtat et de différents pays qui participent à ce dialogue. Comme vous lavez dit, le Président Khatami a parlé à Mme Albright qui se trouvait dans le public et il la écoutée. Cest un très bon signal.
Au cours des trois prochains jours, tous les pays, dont les États-Unis et lIran, auront la possibilité de sécouter lun et lautre, quand le Président Clinton prendra la parole ici et quand le Président Khatami parlera. Je crois donc que nous avançons. Je ne dirai pas que nous ayons beaucoup avancé. Mais disons que la glace a été rompue. Il commence à y avoir un mouvement dans le bon sens.
Quant au processus de paix au Moyen-Orient, vous avez raison. Jai rencontré le Premier Ministre Barak et nous avons parlé des progrès concernant la Palestine. Nous avons parlé des négociations qui auront lieu cette semaine même à New York. Nous avons, bien entendu, parlé aussi du retrait dIsraël du Liban et de ses effets sur la situation dans la région et avons reconnu que cela représentait un tournant important dans la région. Pour la première fois une résolution de lONU a été appliquée et semble tenir. La région est en paix, même sil y a des tensions sporadiques à certains endroits.
Je crois que M. Barak sest montré disposé, décidé à oeuvrer pour la paix, et quil espère quil y aura du mouvement quand ils se réuniront tous. Au cours de mes entretiens avec le Président Arafat, jai constaté quil souhaitait lui aussi quil y ait des progrès, mais il nous faut avoir sur la table un ensemble de propositions acceptables pour les deux parties. Je ne crois pas que les parties aient jamais été plus rapprochées quaujourdhui. On considère Camp David comme un échec, mais jestime pour ma part que Camp David a permis de beaucoup avancer et jespère que lon pourra tirer profit de ces progrès et arriver à un accord.
Mais évidemment, il y a également une question de temps. Le temps presse. Je ne crois pas que le temps donné à chacune des parties soit très considérable. On pense au Président Clinton, à son mandat. On pense au calendrier politique israélien. On pense aux questions auxquelles doit faire face le Président Arafat lui-même. Jespère que nous serons en mesure de faire un pas de plus ici à New York cette semaine. Mais ne nous leurrons pas : les questions sont très complexes. Il existe cependant un désir réel et une quête réelle de paix non seulement de la part des deux parties, mais dans le monde arabe et dans le monde en général. Le Président Chirac aussi est très engagé dans cette question. Le Président Moubarak également. Et je continuerai de donner mon appui et tout ce que je pourrai offrir en tant que Secrétaire général de lOrganisation des Nations Unies pour favoriser ce processus.
Question (interprétation de langlais) : Vous venez de dire, il y a quelques minutes, quelles étaient les grandes questions. Le Sommet du Millénaire a des objectifs très ambitieux à atteindre en très peu de temps. Quelles pressions les Nations Unies pourraient-elles exercer pour favoriser la réalisation de ces objectifs? Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Je dirai, tout dabord, que le Sommet a effectivement des objectifs ambitieux. Mais nous ne commençons pas aujourdhui. Nous avons commencé les préparatifs il y a plusieurs mois; les chefs dÉtat ont reçu un rapport il y a six mois pour quils létudient et se préparent en vue du Sommet. Ayant étudié le rapport, ils se sont mis daccord sur un communiqué et un programme daction, qui, je lespère, sera approuvé quand ils seront tous présents.
Je pense que votre question est : comment assurer la mise en oeuvre de nos objectifs? Ce sont peut-être nos objectifs. Allons-nous les surveiller? Allons- nous publier un rapport annuel? Allons-nous montrer qui fait quoi? Qui a accompli du progrès? Qui agit avec sérieux et qui ne le fait pas? Je pense que nous essaierons de le faire. Je pense que leffort qui consiste à montrer les activités de chacun permettra peut-être aussi davancer.
Quil me soit permis de répéter une fois de plus que les problèmes semblent énormes. Mais dans le monde actuel, étant donné la technologie et les ressources disponibles, nous avons les moyens de nous attaquer à ces problèmes. Si nous voulons, nous pourrons en venir à bout.
Question (interprétation de langlais) : Ma question porte sur le sujet de Chypre. Pouvez-vous nous dire qui est responsable de limpasse à Chypre?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Est-ce que vous vous attendez réellement à ce que je vous le dise? Et que je siège à leur côté le 12 septembre.
Daccord, permettez-moi de dire que jespère que lors de notre réunion de la semaine prochaine, nous pourrons aborder des questions fondamentales. Nous aimerions aller au coeur du sujet. Je pense que nous avons dépassé létape où nous réunissons pour parler dentretiens. Je pense que nous devons vraiment cibler le coeur des problèmes. Cest ce que nous avons lintention de faire, et jespère que les dirigeants seront prêts à le faire.
Question (interprétation de langlais) : Vous avez fait allusion au rapport du Gouvernement du Royaume-Uni sur la réforme de lOrganisation des Nations Unies, sur le maintien de la paix et sur le Conseil de sécurité. Puis-je me permettre de vous poser quelques questions à ce sujet. Dabord, et de manière plus spécifique, le Gouvernement du Royaume-Uni propose de créer un collège de formation militaire pour éviter des problèmes et des rivalités qui ont surgi au sein de quelques missions de maintien de la paix des Nations Unies. La Grande-Bretagne a offert daccueillir ce collège militaire de lOrganisation des Nations Unies. Puis-je avoir vos commentaires à ce sujet?
Deuxièmement, de façon générale, sur la réforme du Conseil de sécurité, la Grande-Bretagne propose un élargissement assez radical, aussi bien des membres permanents que de la composition générale du Conseil de sécurité. Un rapport actuel du Gouvernement et du troisième parti dans notre parlement, les démocrates libéraux, considèrent la situation actuelle avec cinq membres permanents seulement comme injuste et déraisonnable. Cela semble un geste énorme de la part dun membre permanent de faire un tel commentaire. Pensez-vous que cela présuppose quil y aura éventuellement une volonté générale de changement radical? Si le Conseil de sécurité voici ma question venait à être élargi, et si cela rendait la prise de décisions plus juste, la rendrait-il plus efficace? Est-ce que lélargissement du Conseil de sécurité risquerait de rendre plus difficiles les décisions à prendre au sujet des questions délicates et complexes et de mener à des décisions moins claires, plus faibles, affaiblissant ainsi lOrganisation?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Je pense quen ce qui concerne le maintien de la paix, jai toujours considéré quil faut des soldats bien entraînés et bien équipés. Lidée de créer un collège de formation pour les soldats est une idée qui mérite tout notre appui. Je pense que loffre du Gouvernement du Royaume-Uni daccueillir ce collège est un pas très positif. Nous préférerions avoir des hommes et des femmes sur le terrain qui ont travaillé ensemble auparavant et qui ont suivi une formation analogue, et qui savent comment utiliser les équipements. Je me réjouis donc de cette décision de créer un collège de formation militaire pour les soldats de la paix en provenance du monde entier.
Je suis également heureux de lannonce britannique sur la réforme du Conseil de sécurité. Votre question reflète le débat qui a lieu depuis longtemps à lOrganisation des Nations Unies. Pendant très longtemps, les membres ont considéré que le Conseil devait rester restreint pour être plus efficace. Dautres considèrent quil faut le mettre à jour pour tenir compte de réalités plus démocratiques et plus représentatives daujourdhui, et quautrement il perdrait sa légitimité. La déclaration britannique reconnaît le fait quil nous faut rendre le Conseil plus démocratique et plus représentatif et je suis persuadé que le Gouvernement britannique partage cet avis sinon il naurait pas fait sa proposition mais il devrait être possible de réformer le Conseil, de lélargir, de le rendre plus démocratique et plus représentatif tout en garantissant son efficacité. Je pense que nous en sommes tout à fait capables.
Je ne suis pas daccord que lélargissement mènera nécessairement à un Conseil de sécurité confus et affaibli. Je crois que si ce problème se pose, il sera insoluble. Je voudrais présenter nos excuses auprès dune demi-douzaine de journalistes qui attendent encore.
Question (interprétation de langlais) : Que se passe-t-il dans ce bâtiment? Quelle est votre vision et quelle est celle de ces hommes et de ces femmes qui se tiennent le long de ce mur? Vous avez eu un Sommet religieux; vous avez eu le Sommet de la paix, maintenant vous avez le Sommet du Millénaire. Vous ne pouvez avoir un autre sommet après celui-ci. Quelle est la stratégie qui sous- tend toutes ces sessions? Que répondez-vous à ceux qui critiquent la mondialisation et à ceux qui disent que lentrée des milieux daffaires à lOrganisation des Nations Unies est pour le moins inappropriée, quelle ouvre la porte à des possibilités troublantes et quelle diminue lOrganisation?
Le Secrétaire général (interprétation de langlais) : Je crois que nous sommes tous daccord sur le fait quil sagit dune année plutôt extraordinaire. Cest lannée du millénaire et une année du jubilé. Lorsque jai suggéré quil y ait un Sommet du Millénaire, jai également proposé de tenir des consultations les plus vastes possibles. En préparation du Sommet, nous avons tenu des consultations régionales en Afrique, en Amérique latine, en Asie et ailleurs. Nous avons eu un forum dorganisations non gouvernementales au mois de mai qui nous a aussi préparés à ce Sommet. Les dirigeants religieux se sont réunis ainsi que les parlementaires, qui devraient dailleurs jouer un rôle plus efficace dans notre Organisation en cette ère de mondialisation. Les parlementaires sont en contact direct avec leurs peuples et nous savons déjà que nous ne pouvons plus agir en termes strictement locaux. Ce qui se passe à léchelon mondial affecte ce qui se passe au niveau local et vice-versa. Les législateurs, les parlementaires, qui sont responsables de la législation dans leur pays, doivent donc être sensibles à toutes ces questions. Je crois quils ont aussi un rôle à jouer en expliquant cette nouvelle ère et la mondialisation. Jai été donc très heureux de pouvoir les recevoir ici et découter leur apport. Les représentants des ONG et les parlementaires auront donc également la possibilité de sadresser au Sommet présentant leurs vues aux dirigeants mondiaux. Tout cela atteint son point culminant cette semaine avec le Sommet du Millénaire. Je le redis : cest une année très spéciale. Nous navons pas lintention de répéter cette expérience chaque année et jespère que cela nous mettra du vent en poupe et que les participants pourront réaffirmer leur foi dans notre Organisation et nous donner lappui dont nous avons besoin. Il est important également quils sachent, ce faisant, ce que les régions ont dit et quelles sont les vues des dirigeants religieux et des parlementaires.
Pour ce qui est de la mondialisation et des milieux daffaires, je pense avoir lu plusieurs rapports au sujet du contrat mondial et de mes tentatives dentrer en contact avec les milieux daffaires. Que cela nous plaise ou non, nous devons accepter que les entreprises et le secteur privé ont un pouvoir énorme dans le monde actuel. Ce sont eux qui créent la richesse, qui disposent de largent, de la technologie et des capacités de gestion pour promouvoir nombre des causes dont nous parlons ici. Ce sont également eux qui gèrent ces entreprises qui, selon nous, pollueraient le monde. Comment assainir la planète et promouvoir de bonnes pratiques si nous ne parlons pas avec les acteurs principaux? Ce sont eux qui emploient les gens, qui paient ou ne paient pas de salaires décents. Ce sont ces sociétés qui, parfois, emploient les enfants. Nous devrions donc tous être favorables à lidée de les réunir et de leur dire « Nemployez pas denfants. Payez un salaire décent » et de leur dire également de respecter les droits de leurs travailleurs.
Permettez-moi dajouter que dans le contrat mondial, nous avons trois partenaires : les entreprises, les syndicats et les organisations non gouvernementales, cest-à-dire la société civile. Cest un processus très transparent. Les sociétés indiquent ce quelles vont faire pour respecter les principales normes internationales du travail et pour respecter lenvironnement et les droits de lhomme. Leurs travailleurs et les syndicats veilleront à ce que cela soit fait et la société civile aussi. Cest un processus tout à fait transparent. Et je pense que plus dentreprises seront sensibilisées sur ces questions, le mieux cela sera pour nous tous. Certaines des sociétés parties au contrat mondial ont une mauvaise réputation. Je pense que cest précisément pour cette raison que nous avons besoin delles. Si elles faisaient ce quelles doivent faire en matière denvironnement, de normes du travail et de droits de lhomme, il ne serait pas nécessaire davoir un contrat mondial. Si nous pensons de façon claire, simple et sincère, nous arrivons à la conclusion que les choses dont nous parlons allégement de la pauvreté, lutte contre le sida, éducation, diffusion de technologies informatiques ne sont pas possibles sans la participation du secteur privé. Nous devons être réalistes à ce sujet.
Je vous remercie et vous souhaite un très bon Sommet du Millénaire.
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